SOFIA, 6 sept - Les autorités bulgares ont pour la première fois reconnu une "dégradation de la sécurité" dans l'unique centrale nucléaire du pays, qui fut un enjeu majeur dans les négociations avec l'Union européenne.
Après avoir toujours certifié le "bon état technique" de la centrale nucléaire de Kozlodouï (nord-ouest), elles ont reconnu mercredi "une "tendance inquiétante à la dégradation de la sécurité" de cette centrale, et cité plusieurs exemples dont celui d'un important incident récent.
Gueorgui Kastchiev, président du Comité d'exploitation de l'énergie atomique, l'organe gouvernemental de contrôle du nucléaire, a fait mercredi une révélation surprenante sur un incident survenu "récemment" ayant entraîné une hausse de la radioactivité de "70 à 80 fois supérieure à la naturelle".
Dans un entretien au journal du parti au pouvoir, Démocratzia, il a expliqué que la radioactivité avait été "repérée à quelques dizaines de mètres hors de la salle du réacteur dans un bâtiment administratif" de la centrale alors que "des membres de l'équipe au travail - une ou deux personnes, ont été irradiées".
Un incident "similaire" a eu lieu il y a deux ans entraînant "une très forte hausse du taux de radioactivité sur la surface de toute la centrale" et imposant même l'interruption d'une réunion du gouvernement pour "établir" l'origine de la radioactivité, a annoncé également M. Kastchiev.
"Il est très regrettable que le nombre des événements importants en matière de sécurité ait augmenté" ces derniers mois, a ajouté M. Kastchiev, répertoriant 50 incidents, notamment des "arrêts d'équipement", depuis le début de l'année.
L'expert a également déploré "qu'on n'accorde pas suffisamment d'attention à l'exploitation" de la centrale. Il a reconnu "une dissimulation de l'information".
La direction de la centrale de Kozlodoui, surprise par ces affirmations, n'avait pas encore officiellement réagi mercredi en milieu d'après-midi.
La sécurité de cette centrale, l'objet d'intenses négociations entre la Bulgarie et l'Union européenne, avait failli poser un problème avant l'invitation de l'UE à Sofia, en décembre dernier, pour l'ouverture de négociations d'adhésions.
Bruxelles exigeait que Sofia s'engage à fermer rapidement quatre tranches de 440 MW, de conception obsolète.
La centrale de Kozlodoui qui fournit environ 40% de l'énergie du pays, dispose aussi de deux tranches plus récentes, à 1000 MW chacune, dont la modernisation est soutenue par l'Union européenne.
Selon un accord signé fin novembre, la Bulgarie s'est engagée à fermer avant 2003 les réacteurs 1 et 2 qui fonctionnent depuis 1974-76. Le délai de fermeture des tranches 3 et 4, en exploitation depuis 1979-81, n'est pas encore fixé, mais la Commission européenne qui finance cette opération de 200 millions d'euros, demande leur fermeture avant 2006.
M. Kastchiev, à l'origine des révélations de mercredi, avait lui-même déclaré en juin à la presse que Sofia "prouverait que les tranches 3 et 4 peuvent fonctionner jusqu'à la fin de leur délai d'exploitation en 2010-2011", compte tenu de leur "niveau de sécurité acceptable".
Le Conseil mondial des employés du nucléaire (WONUC) s'était de son côté déclaré le mois dernier contre l'arrêt des quatre premières tranches de Kozlodouï, jugeant que "cette exigence ne repose pas sur une base technique sérieuse".
La centrale atomique de Kozlodouï "n'est pas un monstre dangereux comme certains la présentent", avait déclaré l'année dernière le Premier ministre bulgare Ivan Kostov.