Sud-Ouest, 5/6/2008:
L'Autorité de sûreté nucléaire pointe un manque de « rigueur d'exploitation ». EDF devra notamment améliorer son dispositif anti-incendie à la centrale du Blayais
La centrale du Blayais a reçu l'an dernier vingt visites des inspecteurs de l'Autorité de sûreté nucléaire. Le bulletin 2007 que vient de publier l'ASN est « globalement satisfaisant ». Le verdict a de quoi rassurer EDF qui avait connu en 1999 une alerte majeure avec l'inondation de la centrale suite à la grande tempête de décembre [lire: Le Blayais: Très près de l'accident majeur]. « Le site possède une organisation robuste pour faire face aux situations d'urgence », note le rapport qui précise qu'elle « a été mise en application lors de l'exercice national de crise de novembre 2007 ».
Maintenance « globalement satisfaisante ». Un exercice qui a notamment permis de tester la diffusion de messages à la radio et à la télévision depuis le PC de crise dans des délais jugés satisfaisants. S'agissant de la conduite des quatre réacteurs de 900 MW à eau sous pression, l'ASN juge que « l'état des installations, leur maintenance et leur exploitation sont globalement satisfaisants ». Autre satisfecit : le site du Blayais « a progressé dans le domaine de la radioprotection ». Mais tout n'est pas parfait. L'an dernier, il a fallu remplacer les thermographes, ces balises qui permettent de calculer la température des effluents issus des circuits de refroidissement : ils étaient envasés et mal placés. Et cette année l'inspecteur en charge du site, Eric Bednarski (1), a mis EDF en demeure d'apporter de sérieux correctifs à son dispositif anti-incendie où des « écarts » et des « lacunes » ont été relevés.
Eric Bednarski estime que l'analyse de ce risque, un des plus graves que puisse courir une centrale nucléaire, est « perfectible ». Dans le langage feutré en usage chez les gens du nucléaire, la critique est sévère. Les inspecteurs n'ont notamment pas apprécié de découvrir que le hall de circulation de la salle des machines des réacteurs 1 et 2 voyait passer régulièrement des véhicules à moteur, et même un camion-citerne.
Une autre critique porte sur l'exploitation des réacteurs : l'ASN estime que les équipes d'EDF manquent parfois « de rigueur » dans « la préparation des interventions ». Cela rejoint un constat plus global porté par l'ASN sur « la culture de sûreté » : comme d'autres centrales françaises, celle du Blayais pèche parfois dans ce domaine capital et la question devient cruciale depuis qu'EDF a fait passer de 30 à 40 ans la durée de vie de ses centrales [lire à propos de la prolongation à 40 ans de la durée de vie des centrales: Centrales: Quand EDF prend ses désirs pour des réalités...].
Générateurs vieillis. Celle de Blaye a été mise en service en mai 1986 et son démantèlement n'interviendra donc pas avant 2026, mais les visites décennales ont permis de constater que le vieillissement de parties vitales est déjà perceptible. « On constate ici et là des dégradations importantes et accélérées sur les générateurs de vapeur », souligne Julien Collet, chef de la division de Bordeaux de l'ASN. Les interventions sur les tubulures n'étant plus suffisantes, le remplacement de générateurs de vapeur est prévu, et ce sera le cas dès 2009 pour la tranche 1 de la centrale du Blayais. Enfin le rehaussement de la digue qui protège la centrale, si elle parait suffisante pour éviter une nouvelle inondation type 1999, n'offre malgré tout pas toutes les garanties: sur ces terrains marécageux, des signes d'affaissement ont été détectés.
Métro, 3/6/2008:
Les efforts pour améliorer la rigueur d'exploitation n'ont pas encore porté leurs fruit "La sécurité des installations nucléaires est globalement satisfaisante, mais les efforts d'EDF pour améliorer la rigueur d'exploitation n'ont pas encore porté leurs fruits", assène Julien Collet, chef de la division Bordeaux à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Dans la ligne de mire, la centrale du Blayais, au nord de la Gironde. En 2007, l'ASN y a constaté que "la qualité de la préparation des interventions, notamment l'exhaustivité des analyses de risque, laissait parfois à désirer". Cela étant, elle note qu'EDF s'est montré réactif lors de l'exercice national de crise nucléaire en novembre dernier et a réalisé des progrès dans la radioprotection. De son côté, l'association antinucléaire Tchernoblaye dénonce de graves dysfonctionnements au niveau du dispositif de détection incendie de deux réacteurs.
Lire:
- Le Blayais: Très près de l'accident majeur
- Le Blayais: Comment
une situation peut dégénérer en accident
majeur
- Roulette russe
au Blayais dans nuit
du 18è anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl
Sud-Ouest, 25/4/2008:
Ecoutez l'interview de Stéphane Lhomme
en cliquant ci-dessous
http://www.sudouest.com/250408/une.asp?Article=diversa250408lhomme.xml
« La double détection des groupes
électrogènes LHP et LHQ des réacteurs 1 et
2 ne fonctionn[e] en alarme incendie que lorsque les détecteurs
de fumée et de flamme [sont] en alarme simultanément.
[...]Les inspecteurs ont constaté que la présence
de véhicules à moteur dans le hall de circulation
de la salle des machines des réacteurs 1 et 2 était
d'usage courant. [...] Un camion citerne contenant de l'huile
effectuait un dépotage dans la partie de la salle des machines
du réacteur 1 sans mesures de préventions particulières.
»
Ces quelques lignes alarmantes sont extraites de la lettre de
suite adressée au directeur du CNPE (Centre Nucléaire
de Production d'Electricité) du Blayais par l'Autorité
de Sûreté Nucléaire (ASN) à la suite
d'une inspection inopinée les 2 et 3 avril derniers.
Il n'en fallait pas plus à Stéphane Lhomme et à l'association Tchernoblaye (qu'il préside) pour tirer une nouvelle fois la sonnette d'alarme et demander aux pouvoirs publics la sortie du nucléaire. A l'occasion de la commémoration de la catastrophe de Tchernobyl vendredi 25 avril à Bordeaux (à 17 heures, place de la comédie), Stéphane Lhomme reprend à son compte les arguments de l'ASN et s'inquiète des « dysfonctionnements importants » dans un des bâtiments de la centrale.
Bâtiments hermétiques
Son de cloche très différent auprès de Luc
Himpens, directeur délégué technique du CNPE
du Blayais. Les remarques présentes dans la lettre de suite
ne concernent que les parties industrielles ou administratives
du complexe, mais en aucun cas la partie nucléaire. «
Les groupes électrogènes des réacteurs 1
et 2 sont situés dans des bâtiments attenants au
bâtiment réacteur. Mais ces deux bâtiments
sont tout à fait hermétiques », indique M.
Himpens.
Même explication concernant le « camion citerne contenant
de l'huile » et effectuant « un dépotage [...]
sans préventions particulières » : «
Il n'y a pas de stationnement de ces véhicules dans la
salle des machines, juste quelques passages. Et de toute façon,
la salle des machines ne se trouve pas dans le bâtiment
réacteur, la partie nucléaire de la centrale »,
ajoute le directeur délégué technique. Quant
aux alarmes incendie défaillantes des bâtiments administratifs,
les réparations sont d'ores et déjà en cours.
Comprendre : tout va bien puisqu'aucune remarque n'est faite sur
la partie nucléaire du complexe.
Pourtant, tout n'est pas rose : l'ASN demande la mise en place
de onze actions correctives (« des améliorations
» pour M. Himpens) sous deux mois, dont certaines déjà
demandées par le passé et qui n'ont été
réalisées que partiellement. L'ASN devrait réaliser
une vingtaine de contrôle cette année à la
centrale du Blayais. Ce ne sera pas inutile.
www.libebordeaux.fr, 24/4/2008:
NUCLEAIRE - «Présence de
divers câbles électriques baignant dans un caniveau
technique rempli d'eau».
«Armoires regroupant des alarmes incendie présentant
des dysfonctionnements importants». Ou «véhicules
à moteur circulant dans la salle des machines des réacteurs».
L'association Tchernoblaye tire la sonnette d'alarme. Elle s'inquiète
de «graves problèmes» relevés
à la centrale nucléaire du Blayais par l'Autorité
de sûreté nucléaire (ASN), lors d'une visite
inopinée début avril.
Dans un courrier adressé au directeur de la centrale, l'autorité
de contrôle juge en effet que «ces pratiques ne
sont pas acceptables». L'ASN pointe notamment les manquements
du dispositif de détection incendie : «les groupes
électrogènes des réacteurs 1 et 2 ne génèrent
pas d'alarme incendie mais une simple alarme technique en salle
de commande». L'association Tchernoblaye souligne pour
sa part la récurrence du disfonctionnement : «ce
grave problème avait été découvert
en 2003 mais, malgré la demande de l'Autorité de
sûreté nucléaire (ASN), il n'avait été
rectifié que sur les réacteurs 3 et 4».
La direction a cependant répondu n'avoir «aucun
doute» sur son système de protection incendie.
Tout en affirmant étudier «la façon d'intégrer
les améliorations».
Pour l'association, à quelques jours des 22 ans de la catastrophe
de Tchernobyl, la vigilance reste toujours essentielle. Elle appelle
à un rassemblement vendredi à 17 heures, à
Bordeaux, devant le Grand Théâtre. Et tient ainsi
à réaffirmer que «l'industrie nucléaire
fait courir à l'ensemble de la population des risques extrêmes».
20 Minutes, 28/4/06:
Six ans après l'accident au centre nucléaire de production
d'électricité (CNPE) du Blayais, la question de
la sûreté demeure. Dans la nuit du 27 au 28 décembre
1999, après la tempête, une inondation a paralysé
l'ensemble du système de refroidissement d'un des quatre
réacteurs du CNPE. Seul
le maintien de deux pompes a évité la fusion du
coeur du réacteur. L'incident fut
classé en catégorie 2 (sur une échelle de
5) par EDF.
Alors que l'on commémore le vingtième anniversaire
de la catastrophe de Tchernobyl, le directeur de la centrale du
Blayais se veut rassurant : « Le risque d'une nouvelle inondation
est faible. Nous avons surélevé la digue et étanché
tous les accès possibles à partir du sol. »
Le CNPE a aussi signé une convention avec Météo
France pour anticiper l'évolution des conditions climatiques.
Une visite de l'Inspection nucléaire en mars a confirmé
ces progrès.
Toutefois, selon l'ex-ingénieur du Commissariat à
l'énergie atomique, Bella Belbeoch, le risque d'inondation persiste à marée haute. L'association
Tchernoblaye a déjà montré que la nouvelle
digue de protection construite en 2000 basculait lentement vers
l'avant, menaçant de s'effondrer.
Les antinucléaires contestent aussi la fiabilité des circuits de refroidissement
: « Une rupture de canalisation risque de boucher le filtre
chargé de récupérer l'eau du circuit primaire
pour refroidir le réacteur », souligne Stéphane
Lhomme, membre du réseau Sortir du nucléaire et
auteur d'un livre sur les questions de sécurité*.
Un risque admis en décembre 2003 par EDF, qui a aussi identifié
en décembre 2005 le danger de défaillance des pompes
qui réinjectent l'eau du circuit primaire dans la cuve
pour refroidir l'ensemble.
Dernière inquiétude, l'Autorité de sûreté
nucléaire a reconnu le 13 septembre 2001 que le CNPE n'était
pas conçu pour résister sans dommage à l'impact
d'avions gros porteurs.
*L'Insécurité nucléaire, bientôt un
Tchernobyl en France ? (Ed. Yves Michel).
Stéphane Moréale
26/8/04 - Les antinucléaires de l'association Tchernoblaye ont dénoncé l'organisation "défaillante" de la centrale du Blayais (Gironde), en cas d'accident nucléaire (lire: Roulette russe au Blayais), selon un communiqué de Tchernoblaye transmis jeudi à l'AFP.
Les antinucléaires ont basé leur critique sur un courrier de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) dressant le bilan d'une inspection menée le 30 juin sur le réacteur n°2 de la centrale, et selon laquelle, "les inspecteurs ont relevé un écart notable concernant le manque de rigueur dans la procédure d'établissement des instructions de sûreté".
Ce courrier de l'ASN, daté du 16 août, demande par ailleurs à la direction de la centrale de se "conformer strictement" à une directive interne d'EDF exigeant de tester, à blanc, les consignes de sûreté avant le redémarrage du réacteur n°3. Cette tranche doit être arrêtée en septembre à l'occasion d'une visite décennale.
La direction avait fait part aux inspecteurs de leur projet de "réaliser la validation à blanc des consignes après les opérations de démarrage du réacteur, "au motif que la charge de travail correspondante est trop lourde pour être demandée aux équipes de conduite avant le redémarrage".
Un projet qui fait dire à Tchernoblaye que "l'entreprise EDF privilégie la rentabilité par rapport aux mesures de sécurité".
Interrogé, la direction de la centrale reconnaît que "l'ASN a pointé une organisation pas complètement formalisée sur l'élaboration des consignes en cas d'accident".
"Mais cela ne remet nullement en cause la qualité des consignes et notre capacité à gérer une hypothétique situation accidentelle", a assuré le directeur délégué à la production, Valère Lagel, ajoutant que "notre souci majeur, c'est la sûreté".
Dans un communiqué, le président de la Commission locale d'information nucléaire (CLIN) du Blayais a réaffirmé jeudi "sa vigilance au respect le plus strict des procédures de sûreté".
La tempête
du 27 décembre 1999 et les inondations à la centrale
du BLAYAIS : la sécurité absolue ne peut pas exister.
Où l'on perçoit comment une situation peut dégénérer
en accident majeur.-------->
Ce qui s'est
passé à la centrale du Blayais, sur l'estuaire
de la Gironde, montre que l'accident grave est possible et qu'il
faut sortir du nucléaire sans attendre, avec les moyens
énergétiques dont on dispose... ------->
Aux Antinucléaires
Le site TchernoBlaye
Communiqué de
presse du GSIEN 26 avril 2000
Monsieur le Directeur de la Centrale Nucléaire du Blayais
Dans une
lettre datée du 15 mars 2000 Jérôme GOELLNER,
Adjoint au Directeur de la Sûreté des Installations
Nucléaires, adresse une série de demandes au Directeur
de la Division Production Nucléaire ELECTRICITE DE FRANCE
afin que soit pris en compte le risque d'inondation sur les centrales
nucléaires en exploitation.------->Prise
en compte du risque d'inondation sur les centrales nucléaires
en exploitation
------> Début d'incendie maitrisé à
la centrale du Blayais
------> Tchernoblaye écrit
au Premier Ministre pour obtenir la transparence
Le président de Tchernoblaye est convoqué
par le parquet pour avoir "spotté" un convoi,
la justice annonce la destruction de son compteur Geiger, un avertissement
pour Tchernoblaye.
PARIS (03/11/03) -
L'association antinucléaire TchernoBlaye a annoncé lundi avoir
déposé devant le procureur de la République
de Bordeaux une plainte pénale contre EDF, qu'elle accuse
d'avoir exploité illégalement pendant près
de six mois la centrale nucléaire du Blayais (Gironde).
Le P-DG d'EDF, François Roussely, risque deux ans de prison
pour "exploitation d'une installation classée sans
les autorisations nécessaires", précise Tchernoblaye
dans un communiqué.
L'arrêté autorisant les rejets non radioactifs de
cette centrale, c'est-à-dire l'eau servant à refroidir
le réacteur, a été renouvelé le 26
septembre 2003 alors qu'il avait expiré le 31 mars, a expliqué
à Reuters le président de Tchernoblaye, Stéphane
Lhomme.
"EDF a bafoué les lois en exploitant illégalement
la centrale nucléaire (entre le 1er avril et le 26 septembre
2003). C'est une grave erreur", a-t-il dit.
L'association, qui est membre du Réseau "Sortir du
nucléaire", prévoit en outre une procédure
de référé en suspension devant le Conseil
d'Etat pour faire suspendre la nouvelle autorisation interministérielle
obtenue le 26 septembre par EDF pour l'exploitation de cette centrale.
Elle affirme que celle-ci est "incomplète" dans
la mesure où elle ne tient pas compte des risques sur la
faune.
Située en bordure de l'estuaire de la Gironde, la centrale
du Blayais produit 26,8 térawatts/heure, soit 5,5% de la
production nationale d'énergie nucléaire.
BORDEAUX (13 octobre 2003) - L'association TchernoBlaye va déposer plainte fin octobre contre le président d'EDF François Roussely pour "exploitation d'une installation classée sans les autorisations nécessaires", a annoncé lundi son président, Stéphane Lhomme.
La centrale nucléaire du Blayais (Gironde) a en effet fonctionné du 1er avril au 25 septembre 2003 sans les autorisations nécessaires pour pomper et rejeter de l'eau dans la Gironde, selon lui.
Ce recours de l'association fait suite aux aveux d'EDF qui avait reconnu le 15 août dernier, en pleine canicule, avoir enfreint la législation destinée à protéger l'environnement, en laissant des centrales nucléaires rejeter dans les fleuves et rivières de l'eau trop chaude, avant ensuite d'obtenir une dérogation.
La centrale nucléaire de Saint-Alban (Isère) a ainsi rejeté de l'eau de refroidissement plus chaude qu'autorisé dans le Rhône pendant quatre à cinq heures les 14 et 21 juillet et la centrale de Golfech (Tarn-et-Garonne) en a fait de même dans la Garonne.
Concernant la centrale du Blayais, les autorisations publiées le 26 septembre au Journal Officiel sont incomplètes, a ajouté M. Lhomme selon qui "il manque les études d'impact sur le plancton et les crevettes blanches". Tchernoblaye envisage donc de lancer une procédure devant le Conseil d'Etat pour casser ces arrêtés incomplets.
L'association avait assigné EDF en référé devant le tribunal de grande instance de Bordeaux car la centrale du Blayais fonctionnait sans autorisation. Prévu initialement le 1er septembre, le procès avait été repoussé à plusieurs reprises. Après la publication des autorisations le 26 septembre, la procédure a été jugée ce lundi nulle et non avenue. Tchernoblaye a donc annoncé son intention de lancer une procédure au pénal.
Libération 17/05/03
EDF fait peu de cas de ses obligations
Une centrale nucléaire hors-la-loi,
ça fait un peu désordre. Surtout quand l'illégalité
résulte d'une «broutille» administrative. L'histoire
concerne le centre nucléaire de production d'électricité
du Blayais, basé à Saint-Ciers-sur-Gironde. Pour
fonctionner, une centrale doit bénéficier d'autorisations
administratives, notamment celles de pomper de l'eau et de rejeter
des effluents radioactifs et non radioactifs, liquides et gazeux.
Sur le site du Blayais, lesdites autorisations sont arrivées
à échéance le 31 mars. En théorie,
EDF n'a donc plus le droit de pomper les 500 millions de litres
d'eau nécessaires pour le refroidissement de ses quatre
réacteurs (dont deux fonctionnent en ce moment, les deux
autres étant en révision), ni de rejeter l'équivalent
en effluents dans l'estuaire de la Gironde. En pratique, l'entreprise
publique s'en fiche bien. Elle reconnaît fonctionner sans
avoir le droit de le faire mais assure respecter les normes fixées
par les autorisations obtenues en 1989. «C'est scandaleux,
explique Me Reulet, avocat de l'association Tchernoblaye, qui
a assigné EDF en justice. EDF agit comme un automobiliste
privé de permis de conduire qui promettrait de respecter
le code de la route.»
Comment EDF a-t-elle pu négliger ces autorisations ? Leur cheminement administratif est long et l'entreprise aurait omis de lancer la procédure à temps. C'est la Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement (Drire) de l'Aquitaine qui monte le dossier de la centrale mais c'est un arrêté interministériel (industrie, écologie et santé) qui délivre les fameux imprimatur.
L'association Tchernoblaye guettait l'expiration des autorisations délivrées par la préfecture en 1989. Dès le 1er avril, elle assigne l'entreprise en justice. «Nous demandions au juge de constater une voie de faits et de stopper l'activité de la centrale», explique Stéphane Lhomme, président de l'association. Un voeu symbolique qu'EDF a évité grâce à un ergotage juridique : l'association s'est fait débouter lundi au motif que ses statuts ne prévoient pas la possibilité d'engager des poursuites judiciaires. Le jugement rendu indique même que les statuts de Tchernoblaye «n'indiquent pas que celle-ci a pour objet spécifique de veiller aux conditions réglementaires applicables aux installations nucléaires». Comble de l'ironie, Tchernoblaye est condamnée à payer 610 euros d'amende.
«Pour nous, il y a un vrai problème de démocratie. EDF nous dit : "Même sans autorisation, je fonctionne." Ça veut dire quoi ? Nul n'est censé ignorer la loi, y compris le lobby nucléaire», s'énerve Stéphane Lhomme. Le dossier, désormais en cours d'instruction dans les ministères, se débloquera à la fin de l'année 2003. D'ici là, Tchernoblaye aura modifié ses statuts et repartira à l'assaut. A moins qu'EDF ne prépare un nouveau tour de passe-passe juridique pour se défiler. En attendant, la centrale nucléaire du Blayais continuera à fonctionner, en toute illégalité.
Par Laure NOUALHAT
BORDEAUX, 12 mai 03 - L'association Tchernoblaye qui voulait assigner EDF en justice en l'accusant de ne pas être en règle pour les prélèvements et rejets en eau opérés par la centrale nucléaire du Blayais (Gironde), a été déboutée lundi et condamnée à payer 610 euros pour les frais de justice par le tribunal correctionnel de Bordeaux.
Les militants anti-nucléaire dénoncent le fait que les arrêtés préfectoraux qui régissent les rejets dans l'atmosphère et les prises d'eau dans la Garonne pour le refroidissement des réacteurs sont arrivés à échéance le 31 mars sans que de nouveaux arrêtés aient été publiés.
Dans son jugement, le tribunal a estimé que l'association n'était pas habilitée à mener une action judiciaire.
"Le fond n'a pas été jugé, EDF est toujours dans l'illégalité", a estimé Stéphane Lhomme, porte-parole de Tchernoblaye.
Joint par l'AFP, le président délégué de la Commission locale d'information (CLI, organe indépendant de surveillance), Jacques Maugein, a confirmé que les arrêtés incriminés n'avaient toujours pas été publiés et que, du fait de ce retard "anormal", la centrale fonctionnait sans les autorisations nécessaires.
Depuis le début de l'année, la CLI a fait plusieurs demandes pour que soient prises "toutes les mesures transitoires nécessaires au bon fonctionnement de la centrale sur le plan de la sûreté et de la protection de l'environnement". Pour l'instant, la CLI n'a obtenu aucun calendrier de publication des nouvelles réglementations qui dépendent des ministères de l'Industrie, de la Santé et de l'Environnement, a poursuivi M. Maugein.
En l'absence de nouvelles autorisations, la
centrale fonctionne en respectant les mêmes normes que celles
des précédents arrêtés, selon la direction
de la centrale.
02/04/03 - La société EDF a été assignée mercredi à comparaître en référé devant le tribunal de grande instance de Bordeaux par l'association "Tchernoblaye", qui l'accuse de ne pas être en règle pour certains prélèvements et rejets de la centrale nucléaire du Blayais (Gironde), a-t-on appris auprès de "Tchernoblaye".
La direction de la centrale avait récemment reconnu que les arrêtés préfectoraux qui régissent les rejets dans l'atmosphère et les prises d'eau dans la Garonne pour le refroidissement des réacteurs arriveraient à échéance le 31 mars sans que de nouveaux arrêtés aient été publiés.
Pour ce défaut de conformité, Tchernoblaye demande "qu'EDF suspende ses activités de pompage et de rejet des fluants et qu'elle verse une astreinte d'un euro par litre d'eau prélevé et un euro par litre d'eau rejeté tant que la centrale fonctionnera sans autorisation", a déclaré Stéphane Lhomme, président de l'association membre du réseau "Sortir du nucléaire".
La centrale a respecté les échéances fixées pour renouveler ses arrêtés mais "le dossier met plus de temps que prévu en raison d'une consultation élargie au plan national pour améliorer la maîtrise et les critères d'autorisation des rejets", selon la Direction régionale de l'industrie (DRIRE) de Bordeaux.
"La procédure devrait aboutir à la fin de l'année 2003 mais en attendant, cette situation transitoire ne présente pas d'enjeux sanitaires", selon la même source.
En l'absence de nouvelles autorisations, la
centrale fonctionne "en respectant les mêmes normes"
que celles des précédents arrêtés,
selon la direction de la centrale nucléaire.
PARIS, 5 fév 03 - La centrale nucléaire du Blayais, située sur la Gironde, devra être mise à l'arrêt si les nappes de fioul du Prestige pénétraient dans l'estuaire, a indiqué mercredi l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
"Nous avons pris la décision d'imposer à l'exploitant de mettre les réacteurs à l'arrêt en cas de menace susceptible d'atteindre le site en moins de six heures", a précisé devant la presse Thomas Maurin, responsable des réacteurs de puissance (ndlr, produisant de l'électricité) au sein du "gendarme du nucléaire".
Située à 50 km de l'embouchure, la centrale puise son eau de refroidissement dans la Gironde. Une pollution par hydrocarbures pourrait, si elle atteint la station de pompage, affecter ces moyens de refroidissement et poser de graves problèmes de sûreté.
Les dirigeants de la centrale avaient indiqué début janvier que le site avait été mis en pré-alerte et qu'une éventuelle marée noire n'aurait "aucune conséquence car les installations sont déjà prévues pour filtrer l'eau". En cas de pollution massive cependant, les réacteurs de la centrale seraient mis à l'arrêt.
Le "gendarme du nucléaire" a estimé ces dispositions insuffisantes et réclamé "des conditions d'arrêt plus restrictives". Selon l'Autorité de sûreté, le délai de six heures est nettement suffisant, les experts estimant qu'il faudrait une trentaine d'heures pour que la pollution parcourre les 50 km depuis l'embouchure.
De leur côté, les opposants du réseau "Sortir du nucléaire" ont estimé dans un communiqué que les dirigeants de la centrale avaient fait preuve de "légèreté". "La sûreté est de nouveau sacrifiée aux objectifs de rentabilité", selon le réseau d'associations, qui estime "suffisantes" les mesures préconisées par l'ASN.
Selon le "gendarme du nucléaire", des "dispositifs de vigilance" ont également été mis en place pour deux centrales situées sur la partie nord des côtes de la Manche, Penly (Seine-Maritime) et Gravelines (Nord). Les deux sites pourraient être atteints en cas de pollution massive provenant du Tricolor, le navire échoué le 14 décembre dans le détroit du Pas de Calais.
Sud Ouest 06/11/02
CENTRALE DE BLAYE
L'autorité de sûreté nucléaire se
déclare choquée par les méthodes de ses opposants
" le Blayais... aucune crainte à avoir..."
ETAULIERS (18 octobre 2002) - Un rapport de la Criirad souligne l'insuffisance des contrôles effectués par la centrale nucléaire du Blayais, en Gironde, pour mesurer l'exposition des populations aux rejets radioactifs.
La Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité) estime dans ce rapport que les "résultats sont très discutables et que les modélisations utilisées par EDF méritent d'être affinées car elles comportent de nombreuses lacunes".
Ce rapport a été rendu public vendredi à Etauliers, petite commune proche de la centrale, lors de l'assemblée générale de la commission locale d'information (CLI), et présentée par son auteur Bruno Chareyron, ingénieur de la Criirad.
L'étude a été financée par le Conseil général de la Gironde à la demande du collectif "Sortir du nucléaire", après la tempête de décembre 1999 au cours de laquelle la centrale a été inondée.
Selon le document, les mesures effectuées avant rejets des éléments radioactifs présents dans l'eau et l'air ne sont pas "suffisamment pointues pour permettre d'identifier et quantifier tous les radionucléides présents".
La Criirad trouve notamment surprenant l'absence de toute mesure du carbone 14, un élément radioactif à la durée de vie de 5.730 ans et qui va, une fois rejeté dans l'environnement, "intégrer le cycle du carbone et se retrouver au coeur de nos cellules".
La commission dit avoir tenté "de reconstituer une liste de tous les radionucléides susceptibles de se trouver dans le coeur du réacteur du fait des réactions de fission et d'activation" mais constate qu'EDF "ne semble pas disposer de toutes les informations nécessaires à la réalisation d'un inventaire exhaustif", alors que "les centrales nucléaires sont exploitées depuis plusieurs décennies".
"L'INDUSTRIE LA PLUS CONTRÔLÉE"
Si la Criirad reconnaît que la centrale du Blayais a comme d'autres sites du parc nucléaire "réalisé des efforts conséquents depuis plus de dix ans en matière de réduction des rejets", elle souligne que la révision prochaine des autorisations de rejet doit être l'occasion d'une "amélioration réglementaire".
Le rapport souligne également que les rejets de tritium, l'un des trois principaux radionucléides avec le carbone 14 et les gaz rares, restent stables et que les rejets concernant les gaz, les halogènes gazeux et aérosols et les liquides hors tritium sont restés inférieurs à 3% des autorisations sur l'ensemble de la période 1994-2000, et qu'un tel décalage "ne constitue pas une incitation forte à la réduction des rejets".
Michel Maschi, directeur de la centrale nucléaire, a répondu que "les niveaux de rejets sont très faibles", dans "les limites réglementaires", et a rappelé que "le nucléaire est l'industrie la plus contrôlée".
Il a cependant reconnu que ce rapport "pointe des éléments intéressants et identifie des pistes".
EDF souligne toutefois dans un communiqué que depuis 18 ans, les contrôles effectués montrent que "l'écosystème terrestre n'est pas touché par les rejets de la centrale".
La Criirad évoque également "la sortie de matières contaminées via la circulation des personnes et des matériels" où des "efforts importants" ont été faits par EDF, et "le transport des matières radioactives".
"Etant donné que ces matériaux (déchets irradiants ou combustibles usés) transitent par le domaine public" et que "les rayonnements gamma et de neutrons" traversent "en partie les blindages", le rapport estime qu'EDF doit procéder à une "estimation de l'exposition externe" et "apporter la preuve que tout est fait pour éviter que des personnes du public stationnent à proximité de ce type de véhicule ou de wagon" d'autant que les doses fixées par les règlements "sont trop élevées".