Association LES ENFANTS DE TCHERNOBYL
84, route d'Aspach
68800 Vieux-Thann
Tel / Fax : 03 89 40 26 33
Courriel: les.enfants.de.tchernobyl@wanadoo.fr
Site internet: www.lesenfantsdetchernobyl.fr
Communiqué de presse avril 2007
Parmi elles figurent en tête les enfants qui habitent dans les regions d'Ukraine, de Russie et du Bélarus touchées par les retombées radioactives du printemps 1986: la contamination des sols et des organismes y reste élevée, la misère matérielle et psychologique également.
Une délégation de responsables
français et ukrainiens de l'association humanitaire alsacienne
« LES ENFANTS DE TCHERNOBYL » est rentrée
l'automne dernier d'une mission dans les régions du sud-ouest
de la Russie fortement contaminées par les retombées
radioactives de Tchernobyl.
Les 11 participants de la « MISSION SOLANGE FERNEX »
(intitulée ainsi en hommage à leur amie disparue
quelques jours avant leur départ) avaient un double objectif
humanitaire et scientifique : évaluer la situation sur
le terrain plus de 20 années après l'explosion du
réacteur ukrainien le 26 avril 1986.
André Paris, scientifique, auteur de l'ouvrage de référence
« Contaminations radioactives France et Europe »
accompagnait l'équipe alsaco-ukrainienne muni d'un spectromètre
gamma très performant pour évaluer la contamination
en césium 137 de la couche superficielle des sols. Deux
journalistes français (Jean-Claude Kiefer et Jean-Charles
Chatard) ont suivi la délégation durant ce premier
séjour en Russie des « Enfants de Tchernobyl ».
Si l'association française a sillonné le sud de
l'Oblast de Briansk, elle s'est essentiellement attardée
à Novozybkov, une ville où vivent 47 000 habitants.
A la demande des autorités municipales de cette ville,
l'équipe française s'est chargée de faire
durant 4 jours des mesures de radioactivité des sols dans
une cinquantaine d'endroits : en ville, dans les potagers, au
parc municipal, près des usines, dans les espaces verts
des écoles, au théâtre, au stade, aux abords
de l'église municipale, dans les bois proches,
Et les mesures sont sans appel. Partout, les chiffres s'affolent
sur le compteur. Rares sont les zones décontaminées.
La moyenne, avec des pics à 140 curies là où
se déversent les gouttières, donne environ 15 curies
au kilomètre carré à près de 200 km
de la centrale de Tchernobyl !
Les habitants consomment les légumes du potager, on donne
le lait des vaches aux enfants, on cueille les baies et les champignons
dans une forêt qui accuse des contaminations en césium
de l'ordre de 25 à 30 curies par kilomètre carré.
Pourquoi ce laxisme et cette négligence ? Parce que pour
les autorités russes, qui cherchent à supprimer
les avantages fiscaux et sociaux liés aux zones contaminées
par la radioactivité, « Tchernobyl, c'est fini ».
Certes l'administration mesure encore la radioactivité,
mais elle ne la communique plus sous prétexte que « tout
est normal ». Comme si la Russie ne voulait plus savoir
: « après tout, Tchernobyl est maintenant en
Ukraine » Un raisonnement, 20 ans après l'explosion
nucléaire, aussi stupide que celui des autorités
françaises en 1986 : « le danger est
arrêté aux frontières » !
Cette attitude coupable conduit à la disparition des mesures
et des comportements de radioprotection et engendrent de fait
des situations sanitaires dramatiques pour les populations de
Novozybkov. Alors que la radioactivité des sols baisse
naturellement lentement, la charge corporelle en composés
radioactifs de l'organisme des habitants augmente. L'essentiel
de la contamination se fait par les aliments. Qu'elle provienne
du jardin, du marché ou d'une nature généreuse,
la nourriture (légumes, lait, champignons, baies, gibier
et poissons) est contaminée par le césium 137 radioactif
qui s'est déposé en surface dans les jardins, les
bois et sur les pâturages.
A l'hôpital de Novozybkov, les pathologies et maladies sont
multiples. Outre les cancers de la thyroïde (16 rien qu'en
2005), on enregistre des taux élevés de tumeurs
au cerveau, des cancers osseux... Mais d'autres maladies se déclarent
aussi, alors qu'elles sont inhabituelles ailleurs chez des tout-petits,
comme l'ostéoporose et la cataracte. Autre inquiétude,
les malformations congénitales (organes sexuels, système
nerveux) : statistiquement, 238 nouveau-nés sur 1000 présentent
des anomalies à Novozybkov. Par ailleurs, les jeunes couples
ont de moins en moins d'enfants : dans la région, les naissances
sont ainsi inférieures de 25% aux décès.
Ivan Nesterov, le Maire de Novozybkov, ne décolère
pas: « Non, Tchernobyl n'est pas fini. Tchernobyl
ne fait que commencer en propageant encore plus de mal, 20 ans
après. Chez nous, c'est le génocide nucléaire,
un génocide rampant ».
Il se bat pour que ses administrés puissent conserver les
« privilèges » liés à
la radioactivité, comme l'exonération des impôts
fonciers, des retraites augmentées, de meilleures bourses
pour les étudiants et la priorité d'accès
dans les universités de Moscou, l'anticipation de l'âge
de la retraite, un séjour annuel en sanatorium, les soins
et les médicaments gratuits et une myriade de petites « aides ».
L'Etat russe veut déclasser Novozybkov au motif que la
situation radiologique serait à nouveau « normale »
et ainsi supprimer ces avantages. La ville de Novozybkov se lance
dans un procès contre les autorités centrales de
Moscou, les mesures de radioactivité « indépendantes »
réalisées par « Les Enfants de Tchernobyl »
seront utilisées dans ce procès.
Les mesures des sols réalisées par les bénévoles
français sous les regards des autorités locales
et des journalistes français mettent en évidence
un indiscutable et important risque sanitaire encouru par les
populations russes qui continuent de vivre sur des territoires
contaminés par les retombées radioactives, en particulier
le césium 137 qui reste très présent.
Les témoignages, les mesures scientifiques et les documents
rapportés de leur mission par les responsables de l'association
« Les Enfants de Tchernobyl » prouvent que,
plus de 20 années après l'explosion du réacteur
N°4 de Tchernobyl, une mobilisation réelle, sincère
et efficace de la communauté internationale s'avère
urgente et indispensable pour protéger et aider les victimes
de Tchernobyl. Ce n'est pas un choix, mais une nécessité
!
Pour sa part, l'association « Les Enfants de Tchernobyl » dont le siège se situe à Vieux-Thann (Haut-Rhin) apporte depuis début 2007 une aide aux populations russes de Novozybkov (aide financière pour la réhabilitation de la polyclinique pour enfants et projet d'accueil d'enfants en France en août 2007) tout en poursuivant son soutien aux « Enfants de Tchernobyl » qui vivent au nord de l'Ukraine et au Bélarus, les deux autres principales républiques victimes de cette catastrophe qui se poursuit.