La commission pour la sûreté nucléaire japonaise (NSC), un organisme gouvernemental, a autorisé le redémarrage de l'installation de retraitement de Tokai-Mura, au nord-est de Tokyo, fermée depuis mars 1997, après le plus grave accident de l'industrie nucléaire du pays. Même si après un an d'étude, la NSC a conclu "qu'il n'y a plus de problème de mesures de sécurité dans le centre", la compagnie exploitante, le Japan Nuclear Cycle Development Institute (JNC), doit cependant encore recevoir le feu vert des autorités locales avant de pouvoir reprendre les opérations sur le site. Une tâche qui pourrait s'avérer difficile, d'une part parce que le gouvernement de la préfecture d'lbaraki n'a pas encore terminé sa propre inspection, d'autre part parce que la décision de la NSC a été critiquée dès hier mardi par les voisins de l'installation ainsi que par les associations anti-nucléaires.
Le 11 mars 1997, une explosion et un incendie s'étaient produits dans l'atelier des bitumes, entraînant des fuites radioactives auxquelles 37 employés avaient été exposés (cf Enerpresse N°6787, N°6803). En outre, l'accident, classé au niveau trois sur l'échelle internationale Ines, était survenu après celui, en 1995, sur le surgénérateur de démonstration de Monju, qui avait souligné les graves fautes de gestion (notamment des dissimulations de rapports d'événements et des procédures défaillantes) par l'ancêtre du JNC, Power Nuclear Corporation (PNC). L'usine de Tokai a été construite en 1988 et, pour l'heure, dans l'attente du démarrage de Rokkasho-Mura, le seul site de retraitement nippon où le plutonium et l'uranium sont extraits des combustibles nucléaires usés.
Les dix grandes compagnies d'électricité nippones font retraiter et recycler leurs combustibles nucléaires usés à La Hague, dans le Cotentin, au titre d'un accord signé en 1977 et 1978 avec Cogema, et par l'homologue britannique du groupe français, British Nuclear Fuels (BNFL) dans son usine de Sellafield, en Combrie. Les exploitants des installations de retraitement doivent ensuite rapatrier au Japon les déchets d'une part et le MOX, d'autre part. Le dernier transport est arrivé dans l'archipel à la mi-avril. Le Japon compte actuellement 52 réacteurs en activité, qui fournissent près d'un tiers de l'électricité nationale. A terme, le programme nucléaire nippon prévoit que ce chiffre atteigne plus de 40%.
Gazette du Nucléaire n°175/176, juin 1999.