L'express, 28/3/2009:
Le président français a conclu ce vendredi sa mini-tournée africaine par une mini-escale au Niger... Pays d'une importance stratégique pour son uranium. Le récit de notre envoyé spécial.
Le hic, avec les visites-éclair, c'est que l'orage finit toujours par gronder. Ce vendredi, à l'instant même où le président français s'engouffre dans le salon de l'Hôtel Gaweye de Niamey, les Sarkologues frémissent. Car le locataire de L'Elysée, qui déteste tant la chaleur, présente tous les symptômes de la surchauffe. Visage figé, sourire factice, maxillaires saillantes. D'ailleurs, l'affaire semblait d'emblée mal engagée. Le ring de la "table ronde" sur l'Initiative pour la transparence des industries extractives est on ne peut plus carré. Quand on vous dit que concilier pactole minier et refus de l'opacité relève de la quadrature du cercle...
Tandis que s'étire le propos liminaire du chef du gouvernement nigérien, Seyni Oumarou, Sarko trompe l'ennui à sa façon. La tête ailleurs -mais où, diable?-, crispé, il réduit en charpie un bout de papier, balaye les confettis d'un revers de la main, croise et décroise les doigts. Et fusille du regard les retardataires, quand il ne feint pas de les ignorer.
Dans l'ordre d'apparition en scène, Anne Lauvergeon, patronne du géant nucléaire Areva, venue fêter ici la signature, le 5 janvier dernier, d'un accord crucial, Rama Yade, puis Brice Hortefeux, arrivé quant à lui hors-délai. Un gage chacun.
D'un geste excédé, l'hôte du Niger invite les cerbères du service d'ordre à refouler la meute des reporters occupés à mitrailler la scène. Puis interrompt sèchement l'envolée lyrique de son vis-à-vis. "Excusez-moi, Monsieur le Premier ministre. Ah non, ils ne comprennent rien. Laissez les journalistes! Mais les photographes, franchement... Ca n'amène rien! C'est peut-être pas obligatoire de nous faire tant de photos, toujours les mêmes. Pardon. Je vous écoute."
Suit la séquence gouaille. S'agit-il de détendre l'atmosphère ainsi lestée?
"-Entre Paris et Niamey, des malentendus, y'en avait, hein!, lance le chef de l'Etat à l'infortuné Oumarou. Je m'trompe?
-Non, Monsieur le Président." Ouf.
"C'est toujours comme ça sur la fin des voyages, confie un familier du barnum élyséen. Il sent l'écurie." La loi des séries: un ventilateur, amené à la hâte et dont le ronflement affole la cohorte des conseillers, vient de chuter lourdement. Au moins, cet impromptu arrache-t-il à Nicolas Sarkozy un rictus amusé.
Vient le moment où le chef de l'Etat convoque ses punching-balls habituels. Haro sur les "projets pharaoniques que seuls les technocrates de chez moi peuvent imaginer". Reste que cette fois, Nicolas Ier épargnera les diplomates, autres souffre-douleurs favoris.
Quatre heures chrono, ce n'est pas une visite, mais une escale technique
A l'instant de conclure, bref retour sur l'éviction des photo-reporters. "Bon, ils ont sans doute loupé un cliché historique, ironise Sarkozy, mais au moins, on a respiré un peu mieux."
Autant dire que sur les rives du fleuve Niger, mastodonte assoupi, on se souviendra longtemps du bref passage de l'homme pressé. "Vu d'ici, quatre heures chrono, ce n'est pas une visite, mais une escale technique, grince Maman Abou, directeur général de la Nouvelle imprimerie du Niger et analyste avisé. Pour la plupart de mes concitoyens, votre Sarko est venu faire le plein de son avion sur la route du retour."
Pour autant, s'il est un Nigérien ravi de cette venue, c'est bien le président Mamadou Tandja. "Pour lui, c'est tout bénéfice, avance l'éditeur de presse. Son intransigeance paye. Après avoir accusé Paris de tous les maux, il met la France au pas et Areva à genoux, dictant grosso modo ses conditions. Cerise sur le gâteau, Sarkozy vient chez lui. Ce qui ne l'empêche pas de distribuer les permis de recherches miniers à ses amis chinois. A eux le deuxième pont de Niamey ou la future raffinerie de Zinder (centre-sud)".
Et l'uranium du Niger?
Quant au fameux site uranifère d'Imouraren, conquis de haute lutte par le géant nucléaire tricolore, son exploitation à l'horizon 2012 ne sera pas de tout repos. D'autant que le régime Tandja peine à réduire la rébellion touarègue du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ).
"Sans issue politique, que Niamey récuse, difficile d'isoler les bandits des authentiques militants. Et impossible d'assurer la sécurité de l'extraction. Il suffit de trente types armés et motivés pour mettre le bazar. Et croyez-moi: malgré les scissions et les dissidences, le pouvoir n'est pas prêt d'anéantir le noyau dur des insurgés."
A l'heure où, sur les berges du Niger, les ombres s'allongent, on sacrifie à l'ultime rituel des raids présidentiels : la conférence de presse finale. Quatre questions, pas une de plus, tel est le tarif. Deux pour la presse locale, deux pour les médias français. Sans doute Sarkozy aperçoit-il au loin les lueurs de "l'écurie". Il excelle dans cet exercice, quitte à donner du "Mamadou" à son voisin de tribune, formule un rien familière.
On apprendra au passage que ledit Mamadou -Tandja- ne bricolera "jamais" la Constitution du Niger pour briguer un troisième mandat. Mais que, au fond, si le peuple et l'Assemblée nationale l'implorent de prolonger le bail de trois ans, histoire d'achever les chantiers engagés...
On apprendra aussi, de la bouche de Sarko cette fois, que la France tient à "reprendre toute sa place en Afrique, mais sur de nouvelles bases". Acceptons-en l'augure, dès lors que la tiédeur du soir qui tombe invite ici à la mansuétude.
On apprendra enfin que Paris prétend instaurer avec Niamey un "partenariat stratégique de long terme". Hélas, à l'heure de prendre congé, les deux présidents cèdent aux attraits frelatés du jargon des "winners". Ce sera, jurent-ils, du gagnant-gagnant. Ce qui hélas, dans le désordre du monde, s'apparente au gaga-gnangnan.
Le Figaro, 27/3/2009:
Le chef de l'État a achevé hier sa tournée africaine par une étape à Niamey,où il était notamment accompagné par Anne Lauvergeon, PDG d'Areva.
La route de l'uranium est ouverte. Le 5 janvier dernier, Areva obtenait du Niger le droit d'exploiter la mine géante d'Imouraren, non loin d'Arlit. Un accord négocié durant des mois qui a rendu possible la courte étape de quatre heures que Nicolas Sarkozy a effectuée hier dans ce pays sahélien, l'un des plus pauvres de la planète, mais aussi le deuxième producteur d'uranium au monde derrière le Canada.
Dans l'entourage du chef de l'État, on ne cachait pas que cette « visite découle du contrat » signé de haute lutte avec Niamey par le numéro un mondial du nucléaire, au nez et à la barbe de la Chine. À partir de 2012, grâce à un investissement initial de 1,2 milliard d'euros, Imouraren devrait permettre d'extraire 5 000 tonnes d'uranium pendant 35 ans. Une manne indispensable pour les centrales nucléaires françaises dont la moitié des approvisionnements en uranium viendront alors du Niger (contre un tiers aujourd'hui).
On comprend mieux, dès lors, que Nicolas Sarkozy, devenu très conscient des enjeux économiques de l'Afrique, ait tenu à saluer le «partenariat stratégique» avec le Niger en rencontrant hier son président, Mamadou Tandja. Anne Lauvergeon, PDG d'Areva, également présente à Niamey, s'est félicitée d'une semaine faste pour le numéro mondial du nucléaire : celui-ci a signé jeudi un accord de prospection avec la République démocratique du Congo (RDC) couvrant l'ensemble du pays. L'événement a coïncidé avec le passage de Nicolas Sarkozy à Kinshasa.
Menaces d'al-Qaida
Areva, qui est présente depuis quarante ans au Niger, «peut contribuer à régler les grands problèmes du pays, son enclavement et son manque d'électricité (qui provient à 80 % du Nigeria voisin, NDLR)», relève-t-on dans la délégation de Nicolas Sarkozy. Les deux pays travaillent à un «plan d'ensemble», projetant la construction de routes minières et d'un chemin de fer pour évacuer le minerai vers le port de Cotonou, au Bénin.
L'extraction de l'uranium s'effectue toutefois dans un contexte sécuritaire particulièrement tendu. La guérilla touareg, qui a repris les armes en 2007, réclame une répartition plus juste des revenus du secteur minier. Elle opère dans la région de production d'Areva qui a été la cible de plusieurs attaques. Cible judiciaire également, le groupe français est régulièrement poursuivi en justice par des associations touareg et des ONG qui l'accusent d'atteintes à l'environnement et aux conditions de vie des populations locales.
Les Occidentaux redoutent également une jonction entre la rébellion touareg et les islamistes d'al-Qaida au Maghreb, très actifs dans la région. Ces liens ne sont jusqu'à présent pas avérés, hormis via des trafics. C'est ainsi un groupuscule touareg entré en dissidence avec le pouvoir central qui aurait «revendu» aux islamistes algériens l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, le Canadien Robert Fowler, disparu à 50 kilomètres de Niamey en décembre dernier.
Réfutant le procès en «prédation» du pays, Areva souligne qu'il va dépenser 30 millions d'euros entre 2009 et 2013 au bénéfice des Nigériens dans des secteurs comme la santé, l'éducation et l'accès à l'eau. Afin d'appuyer ces initiatives, Anne Lauvergeon a participé hier avec Nicolas Sarkozy à une réunion de la section nigérienne de l'Initiative pour la transparence des industries extractives (Itie), un forum visant à rendre plus transparente l'utilisation des revenus liés aux ressources naturelles. «Les pays africains ont des matières, nous allons les payer au juste prix», a déclaré Nicolas Sarkozy, ajoutant que «l'exploitation se retourne toujours contre celui qui a exploité».
26/3/2009 - Les organisations nigériennes ont appelé jeudi Areva à prendre des dispositions pour préserver l'environnement et la santé des riverains des mines d'uranium que la société française exploite depuis 40 ans dans le nord du Niger. "Des dispositions ne sont toujours pas prises par rapport à la préservation de l'environnement, ce qui nuit gravement à la santé des populations et des travailleurs des mines", a dénoncé dans un communiqué le Réseau des organisations pour la transparence et l'analyse budgétaire (ROTAB). "Les populations des zones minières sont préoccupées par le phénomène de radiation et de la pollution des nappes d'eau", poursuit le réseau à la veille d'une visite du président français Nicolas Sarkozy à Niamey. Au Niger, troisième producteur mondial d'uranium, Areva exploite deux gisements, l'un à ciel ouvert à Arlit et l'autre souterrain à Akokan, près d'Arlit. Ils ont produit plus de 100.000 tonnes d'uranium depuis le début de leur mise en valeur. Une vive polémique oppose depuis des années Areva à plusieurs ONG, nigériennes et françaises, qui accusent le groupe de "négligences" en matière de protection sanitaire et environnementale. Le ROTAB "exige" des études "complémentaires indépendantes" sur la radioactivité du sol et des eaux des zones concernées, "d'autant qu'Areva continue à nier les préjudices sur la santé et l'environnement", selon le communiqué. Le réseau demande aussi la construction d'un Centre national de prise en charge médico-sociale à Agadez (nord). Mardi, la députée européenne des Verts Hélène Flautre a estimé que "l'exploitation est une catastrophe sanitaire, environnementale et pour les droits des peuples". "Areva pollue l'eau, contamine les terres des Touaregs, laisse des dépôts d'extraction dangereux sans confinement, et le suivi sanitaire de ses salariés est très insuffisant", a-t-elle accusé. Areva a signé en janvier un contrat pour l'exploitation de la mine d'uranium géante d'Imouraren, dans le nord du pays.
Le JDD, 26/3/2009:
Depuis neuf mois, le réseau Sortir du nucléaire dénonce, en France, les dégâts causés par la mise en exploitation du gisement d'Imouraren au Niger, dans la région d'Arlit. Yves Dufour, porte-parole de la mine d'Areva, a répondu, pour le JDD.fr, aux militants anti-nucléaire, estimant que les populations locales bénéficient des investissement du géant français de l'énergie.
Stéphane Lhomme du réseau
Sortir du nucléaire a affirmé mardi, lors d'une
conférence de presse en présence de plusieurs personnalités
politiques, que la mise en exploitation du gisement d'Imouraren
avait entraîné l'expropriation des populations locales
au bénéfice d'Areva...
Avant de contrer cet argument, il faut replacer la mine dans son
contexte géographique. Le site se trouve en plein centre
d'un désert 'plat', sans aucun relief. Cette immense superficie
n'est pas habitée. Et le droit foncier n'étant pas
abouti au Niger - même si l'Etat est en train de mener une
réflexion de fond sur le sujet -, peu de personne possède
un terrain dans les deux tiers nord du pays. Si les populations
locales, majoritairement nomades, n'ont quasiment pas de biens
fonciers, elles défendent en revanche des zones de pâturages,
qui se situent au niveau des oueds [des cours d'eau très
irréguliers qui sont alimentés par de rares et fortes
précipitations]. Un sujet sur lequel nous avons beaucoup
travaillé. Nous avons organisé plusieurs journées
d'audience publique et nous avons réussi à délimiter
une surface d'exploitation qui ne risque pas de gêner les
éleveurs.
Mais une mine demandant beaucoup d'eau,
le site d'Areva ne risque-t-il pas de fragiliser les pâturages
en pompant leur source d'approvisionnement ?
L'eau sera de toute évidence le principal enjeu écologique
du XXIe siècle. Et les géologues d'Areva travaillent
depuis plus de 40 ans pour minimiser l'impact de l'industrie sur
l'environnement. Mais affirmer que nous allons assécher
la région d'Arlit n'a pas de sens. Les nappes phréatiques
de ce bassin sédimentaire sont alimentées par les
oueds. Techniquement, les eaux qui s'écoulent de la surface
se retrouvent dans des aquifères [couches souterraines
suffisamment poreuses pour emmagasiner des liquides]. Lorsqu'on
creusera le gisement d'Imouraren, nous toucherons cinq aquifères
seulement, la région en comportant des centaines [donc une grosse pollution des réseves
d'eau potable !!!]. Par ailleurs,
nous utiliserons, pendant les 35 ans prévus par le contrat
d'exploitation du gisement d'Imouraren, près de trois millions
de mètres cubes d'eau. Pour information, nos spécialistes
ont estimé que l'intégralité du bassin comptait
près de huit milliards de mètres cubes d'eau...
Certes, nos détracteurs ont raison sur un point: les nappes
phréatiques que nous exploitons sont dites fossiles, c'est-à-dire
qu'elle vont mettre 200 ans à se recharger. Mais c'est
pour ça que nous poussons les autorités nigériennes
et la communauté internationale à lancer un plan
pour la gestion régionale de l'eau sur le long terme.
Au-delà de la critique écologique,
le réseau Sortir du nucléaire accuse votre entreprise
de faire le jeu des autorités nigériennes en isolant
politiquement les Touaregs...
Nous avons travaillé avec les populations nomades, qui
ne sont pas forcément des Touaregs d'ailleurs, bien avant
le début de la 'rébellion' qui s'oppose à
Niamey. Le conflit n'est pas bon tant pour l'économie locale
que pour l'exploitation des richesses. Ainsi, Areva a investi
d'importantes sommes sur place pour que les nomades ou semi-sédentaires
tirent eux aussi bénéfices des exploitations minières.
Avant tout, le site d'Imouraren a permis de créer près
de 1400 emplois, du simple minier au chimiste. 90% de ces postes,
y compris ceux à responsabilité, sont occupés
par des Nigériens. Il faut ajouter à ce chiffre
la masse d'emplois supplémentaires des entreprises sous-traitantes,
soit plus de 5000 personnes concernées. En plus de créer
de l'embauche, Areva a aussi développé la formation.
Nous soutenons toujours l'Ecole des mines de l'Aïr, qui permet
aux Nigériens de suivre une formation supérieure
de qualité. Nous avons également conclu des partenariats
avec des associations touarègues qui, sur place, proposent
des "écoles nomades". Mais cet accès à
l'Education pour les populations locales reste limité car,
au-delà du secondaire, il faut placer son enfant en ville.
Une différence culturelle que ne peut pas accepter une
partie des Touaregs. Et Areva ne peut pas éduquer tout
le Niger...
Beaucoup critiquent l'investissement de
Nicolas Sarkozy, qui lors de son voyage officiel en Afrique, va
faire un détour par Niamey pour soutenir, selon vos détracteurs,
le contrat d'Areva au Niger. La venue du président était-elle
essentielle à la mise en exploitation du gisement d'Imouraren
?
Areva est partenaire économique de l'Etat nigérien
depuis quarante ans. Donc non, la visite du président de
la République n'influe en rien sur ces affaires. Il faut
savoir que la convention minière autorisant la mise en
exploitation a été signée en janvier dernier,
et que deux conseils d'administration du site d'Imouraren ont
eu lieu depuis début mars. En revanche, c'est à
cause de la présence d'une grande entreprise française
qui investit beaucoup dans son pays que Mamadou Tandja [le président
nigérien] a émis le désir de rencontrer Nicolas
Sarkozy en compagnie d'Anne Lauvergeon [P-DG d'Areva]. L'entrevue
entre les deux chefs d'Etat sera donc une rencontre d'amitié,
dans le cadre de relations diplomatiques. Rien de plus.
Enerpresse, 25/3/2009:
Ce mardi, c'était la fête au nucléaire. Le matin même, le ministre de la Défense présentait un avant-projet de loi d'indemnisation des victimes des essais français.Au même moment, le Réseau Sortir du nucléaire (RSN) réussissait un coup d'éclat : obtenir une position commune du Parti de gauche (PG), des Verts, du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et du très «droitier» Cap 21.
A la tribune, Corinne Lepage, Jean-Luc Mélenchon, Hélène Flautre et Olivier Besancenot ont dénoncé de concert la signature (intervenue le 5 janvier dernier) de la convention minière entre Areva et l'Etat du Niger, portant sur l'ouverture en 2013 de la mine d'uranium d'Imouraren. «Ce contrat pose trois problèmes majeurs, a tonné l'ancienne ministre de l'Environnement. Celui de l'appropriation des terres dans les pays du Sud, celui des impacts sanitaire et environnemental du nucléaire et celui du bilan économique de cette industrie.»
Pour Jean-Luc Mélenchon, le fait qu'Areva accroisse sa production d'uranium au Niger «démonte le mythe de l'indépendance énergétique nationale ». Direct, comme à son habitude, Olivier Besancenot n'a pas manqué de dénoncer «une politique coloniale qui pille les richesses au mépris de l'environnement.» La représentante des Verts dénonçant un accord «fait sur le dos des populations touaregs». Pour Areva cette attaque synchronisée rate sa cible.
L'entreprise rappelle que le site choisi est totalement désertique, à l'exception d'un village, situé à une vingtaine de kilomètres. Un village qui connaîtra un certain développement dès que la «base vie» d'Imouraren sera opérationnelle. Certes, reconnaît-on dans le groupe nucléaire, l'alimentation en eau peut poser problème. «On puisera pendant 30 ou 40 ans 8 millions de m3 d'eau par an dans une nappe fossile qui en contient 8 milliards de m3», confirme Yves Dufour en charge de la communication de la division minière. Le suivi de l'impact sanitaire ? Areva n'a rien contre. Le consortium ouvre, au Gabon, dans les jours à venir son premier observatoire de la santé autour de ses mines. Celui du Niger devrait être opérationnel d'ici à la fin de l'année. En attendant ceux du Canada, du Kazakhstan et de Namibie.
Le JDD, 25/3/2009:
Vendredi, Nicolas Sarkozy sera au Niger pour défendre le contrat qui lie Areva, le géant du nucléaire français, et Niamey pour la création de la plus grand mine d'uranium au monde. Pour le réseau "Sortir du nucléaire" et plusieurs politiques comme Olivier Besancenot ou Corinne Lepage, il s'agit d'un déshonneur pour la France qui se rend complice du "matage" des Touaregs du nord du Niger.
Ils ont presque tous répondu présents à l'appel du réseau "Sortir du nucléaire". Même Olivier Besancenot, qui tenait le piquet de grève à la Poste, a pu grimper sur une moto et rejoindre la conférence de presse sur la politique nucléaire de Nicolas Sarkozy en Afrique. S'ils viennent d'horizons politiques différents, les participants - Corinne Lepage (Cap21), Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche), Olivier Besancenot (NPA), Cécile Duflot et Hélène Flautre (Verts) - partagent une même conviction: la France prend un retard considérable en termes d'énergie et sa forte position actuelle sur le marché du nucléaire n'a aucun avenir.
Mais cette fois, l'actualité leur permet de dénoncer les dégâts causés à l'étranger par Areva, la multinationale française qui implante à force de contrats spectaculaires ses centrales et technologies dans le monde entier. Le cas du Niger reste toutefois particulier. L'entreprise veut créer dans le nord du pays la plus grande mine mondiale d'uranium, l'énergie fossile à la base du nucléaire. La mine d'Arlit devrait ainsi propulser Areva en leader planétaire de l'enrichissement d'uranium.
Un projet qui "doit" réussir pour Nicolas Sarkozy, prêt à défendre en toute occasion les bienfaits de cette énergie. Pour cette raison, il fera étape vendredi à Niamey, capitale du Niger, pour superviser la signature d'un accord sur le site d'Arlit entre les autorités locales et Anne Lauvergeon, la patronne d'Areva. Une pratique présidentielle qui rappelle les grandes heures de la Françafrique, dans les années 80-90, quand l'Elysée usait de ses réseaux pour le bien-être des entreprises françaises sur le continent africain.
Les richesses minières, nerf de la guerre
Dans un souci de pédagogie, Stéphane Lhomme, qui a médiatisé le réseau "Sortir du nucléaire", a détaillé à la presse les conditions d'implantation d'Areva au Niger, un des pays les plus pauvres du monde. Pour mieux les comprendre, un peu de géopolitique s'impose. Le Niger peut grossièrement être divisé en deux zones: le Sud du pays, plus urbanisé, se concentre sur les rives du fleuve Niger et autour de la capitale Niamey ; le Nord du pays correspond à de vastes territoires peuplés de populations nomades ou semi-sédentaires. L'Etat nigérien mène une guerre qui s'est intensifiée ces dernières années contre les Touaregs considérés comme rebelles.
C'est alors que débarque Areva, fleuron industriel de la France, l'ancienne puissance coloniale du Niger. Très rapidement, le spécialiste de l'énergie jette son dévolu sur la zone d'Arlit, où des chercheurs ont détecté une certaine quantité - sous-estimée à l'époque - d'uranium. Après une décennie de tractations, un accord est enfin conclu. Le contrat, signé définitivement vendredi, permet à Areva d'exploiter les vastes terrains à condition de reverser "seulement" 33% des revenus du site à l'Etat du Niger. En parallèle, Paris s'est engagé à aider Niamey à "mater" la "rébellion" touarègue...
Les Droits de l'Homme "bafoués" par la France
Seulement, depuis une déclaration de l'ONU datée de septembre 2007, la communauté internationale a reconnu aux peuples nomades du Sahara - Touaregs compris - le droit d'occuper les territoires du Nord du Niger. Les Nations unies ont également institué le droit à la propriété pour ces populations. En tant qu'éminent membre des Nations unies, la France a signé cette déclaration. "Et elle la bafoue totalement", affirme Hélène Flautre, tête de liste des Verts aux Européennes. Selon cette spécialiste des Droits de l'Homme, Areva est en partie responsable du conflit entre Niamey et les touaregs car "l'entreprise française a fait exproprier des terres qui appartenaient aux tribus nomades".
Niamey a en effet expulsé des villages entiers manu militari pour satisfaire aux besoins de l'entreprise française. Une plainte a d'ailleurs été déposée par une association touarègue et une ONG allemande contre la société Areva. Hasard du calendrier, la première audience dans cette affaire se déroule jeudi à la cour de Paris. "Quand on y pense, c'est une approche stupide des Occidentaux, car les personnes expulsées se tournent en partie vers l'Europe", observe Corinne Lepage, faisant allusion au problème de l'immigration illégale.
Le président nigérien en exercice, Mamadou Tandja, encourage ces expropriations illégales dans un but assez simple: il a promis la paix à son peuple en vue des prochaines élections présidentielles qui ont lieu... à la fin de l'année 2009. L'argent promis par Areva devrait de toute façon lui permettre d'écraser médiatiquement les partis d'opposition. Le Niger reste un pays où l'indice de la liberté de la presse reste exécrable.
Une pollution durable
"En plus de faire expulser des populations pauvres de leurs territoires, Areva pollue et assèche tout un pays", s'insurge encore Hélène Flautre. Sur le plan écologique, l'exploitation d'une mine d'uranium demande beaucoup d'eau. Sur le site d'Arlit, Areva compte exploiter les nappes phréatiques fossiles, asséchant par conséquent les réserves en eau de la région. L'entreprise ne s'est jamais justifiée sur le sujet. De surcroît, un fort risque de contamination radioactive persiste. Dans un rapport, l'ONG Médecins sans frontières a plusieurs fois dénoncé les sites africains d'Areva, où les ouvriers - en majorité des locaux - sont embauchés sans rien connaître des risques liés au nucléaire.
"Un scandale de trop" pour Stéphane Lhomme qui ne compte pas abandonner sa croisade contre le géant industriel de l'énergie. Pour lui, la présence de Nicolas Sarkozy pour superviser le contrat d'Areva au Niger ne fait que prolonger la Françafrique, tout en décrédibilisant un peu plus "notre pays qui se dit être la patrie des Droits de l'Homme".
Rappel:
Le nucléaire, l'uranium et l' "indépendance énergétique" française
Sur le site internet de COGEMA [1] on trouve les précisions suivantes: "Le groupe COGEMA est l'un des leaders mondiaux pour la production d'uranium naturel, il en produit de l'ordre de 7 000 tonnes par an soit environ 20% de la production mondiale. (...) En France plus de 70 000 tonnes d'uranium ont été exploitées depuis 1946. Les principaux gisements se situaient dans le Limousin, le Forez, la Vendée et l'Hérault (...). Dès le début des années soixante, les équipes de prospection du groupe COGEMA ont engagé des recherches hors de France (...). Les succès les plus remarquables ont été rencontrés au Gabon (près de 27 000 tonnes d'uranium découvertes et exploitées de 1960 à 1999) et surtout au Niger (près de 80 000 tonnes d'uranium produites depuis l'origine) (...)".
L'année 1988 correspond à la production maximale des mines d'uranium en France mais à partir de cette date les fermetures de sièges miniers vont se succéder (a). Pourtant, huit ans plus tard, dans la publication CEA "Memento sur l'énergie 1996" il est indiqué au chapitre "Réserves énergétiques françaises" que le taux d'indépendance de la France vis-à-vis de l'uranium est de 100% alors que les mines françaises sont en fin de vie. Dans les publications ultérieures ce chapitre a disparu.
Notons que cette façon de voir l'indépendance de la France est parfaitement logique dans le système économique actuel. La production d'une entreprise n'appartient pas au pays où l'entreprise est implantée mais à son propriétaire. Si les mines d'uranium en Afrique ou ailleurs sont la propriété de COGEMA alors l'uranium produit est français. L'économie moderne nous a permis de récupérer des territoires coloniaux que nous avions perdus. Une façon moderne de gérer la colonisation ! Ainsi, notre soit disant "indépendance énergétique" qui serait due à l'uranium vient, en réalité, d'Afrique depuis bien des années déjà, mais aussi du Canada, d'Australie, et COGEMA développe désormais des activités minières en Asie centrale dans des républiques de l'ex-URSS (Kazakhstan et Mongolie).
La réalité Cogéma et ses mythes
Une plainte avec constitution de partie civile pour pollution, mise en danger de la vie d'autrui, abandon et dépôt de déchets concernant tous les sites miniers du Limousin a été déposée contre Cogéma en mars 1999 par l'association Sources et Rivières du Limousin, trois ans après que plusieurs associations aient dénoncé la radioactivité des eaux du Lac de St Pardoux [2]. La COGEMA, en tant que personne morale, a été effectivement mise en examen le 30 août 2002 pour "pollution, abandon et dépôt de déchets".
Comment est-ce possible ? Les habitants du Limousin et de tous les sites miniers ne doivent-ils pas être rassurés et heureux des activités menées par COGEMA - la prospection, l'activité minière et la réhabilitation après la fermeture des installations - si l'on en croit le panégyrique publicitaire de COGEMA qu'on peut trouver sur internet ? Citons quelques passages. Les activités minières Cogéma ce n'est pas seulement "Découvrir et produire" mais aussi: "Favoriser le développement durable (...) En fin d'exploitation, COGEMA réaménage les sites miniers pour les rendre au milieu naturel et maintient une surveillance sur les sites une fois réaménagés. Sans attendre la phase de réaménagement, COGEMA entreprend à chaque stade des opérations, des actions de précaution et de prévention, afin de minimiser les impacts et les risques environnementaux". "La sécurité et la santé des travailleurs, COGEMA a été pionnière dans la profession pour la protection des mineurs contre les radiations ionisantes (...)". "Les relations avec les populations locales, COGEMA est à leur écoute et contribue à la vie économique et sociale de façon adaptée à chaque situation : - Assistance médicale dans les pays ne disposant pas de système de santé publique (exemple de l'hôpital d'Arlit au Niger) (...) " Cette auto-complaisance a de quoi faire grincer les dents. Nous allons la confronter à deux réalités, celle du Limousin et celle d'Arlit au Niger.
Cogéma et les mines d'uranium en Limousin
Ne manquez pas de voir le film de Thierry Lamireau "Uranium en Limousin" en Realvideo 21Kb [3] qui raconte une autre histoire, moins triomphaliste et plus triste, de sites saccagés, d'opposants, de travailleurs malades. L'histoire racontée par un médecin, de son patient qui a ses mouchoirs toujours jaunes comme est jaune la couleur du "yellowcake" issu des traitements chimiques du minerai d'uranium (b), qui va mourir et être autopsié et dont les résultats ne seront jamais communiqués.
Les oppositions à COGEMA ont été nombreuses en Limousin comme en témoigne la dizaine d'associations [4] créées au cours des ans dans toute la région. Michèle Granier (CLADE) nous fait un bref résumé: "En Limousin, la Division Minière de la Crouzille exploite l'uranium depuis 1949. Au début des années 1970 la contestation naît dans la population et une plainte en justice est déposée lorsque les déchets et matériaux provenant du démantèlement de l'usine du Bouchet [5] en région parisienne sont déversés dans une mine à ciel ouvert, Le Brugeaud, où sont stockées les boues de concentration du minerai. (Il a été question de 40 - 50 curies de radium 226 provenant du Bouchet). Il y a eu une grande variété de luttes ponctuelles, par exemple contre les permis d'exploitation dans les secteurs miniers.
Dans les années 90 les opposants ont obtenu une pré-étude sur l'état radiologique des sites d'exploitation du Limousin, payée par les Conseils général et régional, effectuée par la CRIIRAD, association indépendante (Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité), et la société ALGADE choisie par la COGEMA. Les deux séries de mesures ont été concordantes mais pas l'interprétation des résultats ! Les conclusions de la DRIRE (Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement) ont été celles d'ALGADE qui dédouanent la COGEMA, en bref: l'exploitation minière n'a eu aucun impact sanitaire en Limousin. L'inertie des élus et de la population aidant, les recommandations formulées par la CRIIRAD ont été enterrées. Mais cela n'empêche pas les problèmes de refaire surface très périodiquement: réservoirs d'eau potable de la ville de Limoges contaminés par les eaux d'exhaure des anciennes mines d'uranium "abandonnées ou délaissées". Lac touristique de Saint-Pardoux faisant de la "rétention" de radioactivité dans les sédiments ; maison à taux de radon record, vendue à des particuliers par COGEMA, que Kouchner - le ministre de la santé - fait évacuer, le tout avec procès à la clé (annulation de la vente au motif que COGEMA étant "expert en la matière" a réalisé une vente en connaissance du vice caché) ; plainte déposée par Sources et Rivières du Limousin pour empoisonnement des eaux du Limousin aboutissant en 2002 à la mise en examen de COGEMA (à suivre). Plainte le 2 octobre 2002 contre l'Etat français, Ministère de l'environnement chargé des installations classées, déposée par l'ADEPAL [5] auprès de la Commission des communautés européennes au sujet de l'autorisation préfectorale accordée à COGEMA de stockage de 199 900 tonnes d'oxyde d'uranium appauvri à Bessines, dans des hangars de surface (c). (Avec la réponse récente de la CCE l'Etat a gagnéA suivre). D'autres actions ont eu lieu au cours des ans, on ne peut les citer toutes (d).
Hors Limousin
Concernant la Division minière du Forez, l'étude mandatée par le collectif des Bois Noirs, la Mairie de Saint Priest la Prugne et les élus locaux sera rendue début 2003. (A noter que la fermeture du site date de 20 ans et que c'est l'état du site et les préoccupations de santé des populations qui obligent les élus à se pencher sur le problème (mesures de la contamination du site par la CRIIRAD et SUBATECH choisi par COGEMA).
Par ailleurs la Division minière de Vendée a,
elle aussi, demandé à la CRIIRAD de faire une étude
qui a obligé l'industriel à reprendre certains sites.
Quant à la Division de Lodève (Hérault) elle
sert de vitrine de "réaménagement modèle"
mais il faut noter que jusqu'à présent la contestation
ne s'est pas fait entendre. Il se pourrait que s'engage le même
processus que sur tous les sites visités par COGEMA".
Le scandale d'Arlit.
COGEMA soit-disant: "pionnière
pour la protection des mineurs d'uranium" !
Pour illustrer les "bonnes oeuvres" de la COGEMA en
Afrique, le site minier d'Arlit au Niger est exemplaire et nous
donnons ci-après la traduction par Anne-Marie Chenet (Stop
Nogent) d'un article de Roger Moody publié par Wise-Amsterdam
le 22 avril 1982 [6] :
"Scandale de l'uranium au Niger" "Des gamins de quinze et seize ans se font irradier dans les mines sous contrôle français au Niger. Il n'y a quasiment aucune protection contre l'inhalation de gaz radon. La main d'oeuvre, presque exclusivement des nomades Touaregs, reste totalement ignorante des effets de l'exploitation minière. La détection des radiations et les contrôles sanitaires sont inexistants."
Ce ne sont là que quelques uns des faits rapportés par un réalisateur de télévision britannique qui, avec une équipe de caméramans de l'émission Panorama (UK) ont été les premiers étrangers à visiter Arlit dans la partie nord du Niger. [Le réalisateur] Christopher Olgiati est un jeune homme grand et mince, parlant avec aisance. Il n'exprime pas de griefs particuliers contre le gouvernement militaire du Président Kountché: de fait il le défend contre l'accusation qui s'est répandue selon laquelle le gouvernement aurait permis aux Lybiens de détourner le minerai d'uranium. (Olgiati pense que c'est peut-être une désinformation qu'a fait courir la CIA).
Pour ce que j'en sais Chris Olgiati peut très bien être un défenseur de l'énergie nucléaire. Mais ce qui l'a choqué lors de sa visite durant dix jours de cette région uranifère, une des plus importantes de la planète, ce sont les conditions de vie de la main d'oeuvre locale. Et le contraste avec celles des Français qui occupent les postes de direction.
"Arlit est absolument au milieu de nulle part" m'a-t-il dit dans une interview en exclusivité. " C'est une oasis artificielle construite selon le modèle colonial. Elle a sa propre ville-dortoir avec supermarchés, courses de chevaux, produits de luxe importés de la métropole. Un incroyable choc culturel si l'on compare avec les travailleurs nomades". Selon Olgiati c'est la main d'oeuvre nomade qui vient vers la compagnie plutôt que l'inverse. Souvent les nomades ne restent pas plus d'une semaine, prennent leur paie et s'en vont. Certains ne restent qu'une journée. "C'était la grande récrimination française" dit Olgiati, "les ouvriers ne font juste que passer".
"Il va de soi que les Français n'informent pas les indigènes qu'ils travaillent dans les mines les plus dangereuses du monde, ils n'entendent jamais parler de mesures dosimétriques des rayonnements et un suivi sanitaire quel qu'il soit est impensable".
"Un sympathique directeur d'Arlit nous a concédé que les nomades travaillaient dans l'ignorance absolue de ce qui pouvait leur arriver dans vingt ou trente ans". Il y a de grandes mines souterraines à Arlit que l'équipe de la télévision a visitées: "une journée sous terre était plus qu'assez" a commenté Olgiati. "Le renouvellement d'air semblait correct mais le bruit du forage était insupportable. Je n'ai vu personne porter de masque. Les mineurs remontent des galeries en fin de journée recouverts de poussière radioactive de la tête aux pieds". Arlit n'est pas la seule mine d'uranium du Niger mais elle a été la première et elle reste la deuxième en importance. La production commerciale a démarré en 1971 - la production a été de 1900 tonnes en 1980. La teneur moyenne en uranium est actuellement de 0,25% mais en 1978 elle atteignait les 3%. Si l'on se réfère au terrible taux de mortalité parmi les mineurs des mines de Kerr McGee dans les années 50-60 (et leurs conditions de travail étaient probablement meilleures qu'ici) cela signifie que les Français ont signé l'arrêt de mort de milliers de Nigériens dans les années à venir.
Seulement le tiers du consortium SOMAIR d'Arlit appartient au gouvernement nigérien. La COGEMA (filiale du CEA, Commissariat à l'énergie atomique) en détient 27% tandis que la société IMETAL en détient aujourd'hui 19% à travers la compagnie française MOKTA. L'autre géant français de l'uranium MINATOME détient 8% des actions. Des parts moindres sont détenues par Urangesellschaft (6,5%) ouest-allemande et la société italienne AGIP (6,5%) (e). Mais la direction est solidement tenue par les Français. "J'ai eu l'impression d'être en première ligne" dit Olgiati. "Arlit est très important pour les Français. Ils ont une station émettrice très puissante qui communique directement avec la France et ils ont littéralement haï qu'il y ait une équipe de télévision ici". L'uranium du Niger est non seulement indispensable au programme électronucléaire massif de la France mais aussi à sa production d'armement (...). L'uranium est transporté vers le monde extérieur par camions vers le Bénin et aussi vers la Lybie par Agadez à 250 km au sud-est d'Arlit où l'avion prend la relève. Chaque convoi est gardé sévèrement mais des accidents et des déversements de "yellowcake" sont chose courante. "Il y a toutes sortes d'histoires qui circulent au sujet de déversements d'uranium hors des camions et qui contaminent les réserves d'eau" dit Olgiati.
Cependant, le plus grand danger est la mine elle-même. Ici, des gens parmi les plus pauvres de la planète travaillent dans un environnement parmi les plus mortels qui soient pour fournir l'énergie aux norias de trains mus à l'électricité des nations les plus riches et alimenter leurs bombes en combustible. Ils sont maintenus dans l'ignorance totale des conséquences de leur travail et lorsqu'ils mourront leur corps ne sera même pas soumis à la formalité d'un examen post-mortem [autopsie]. Il serait difficile de trouver un exemple plus frappant de néo-colonialisme rampant.
Remarque : Ce scandale des conditions de travail des mineurs d'uranium africains n'a jamais fait partie des préoccupations syndicales en France. Ni d'ailleurs des ONG comme Médecins du Monde que nous avons essayé de sensibiliser à ce problème, mais sans succès [7].
Ceci n'est pas étonnant puisque même en France les syndicats des mineurs d'uranium ne se sont guère intéressés à l'excès de mortalité par cancers chez les mineurs d'uranium en particulier par cancers du poumon. Bien plus, ils ont contribué à masquer le problème comme en témoigne le fait que la réunion sur le thème des déchets miniers et de la surmortalité par cancer chez les mineurs d'uranium [8] n'a pu se tenir à Bessines le 16 décembre 1993 que sous la protection des gendarmes pour empêcher l'intervention violente des dirigeants syndicaux (CGT) qui voulaient casser le matériel de projection de Thierry Lamireau.
Bella Belbéoch,
lettre d'information du Comité Stop Nogent-sur-Seine n°95.
Références:
[1] COGEMA: compagnie générale des matières nucléaires, dont la présidente est Anne Lauvergeon (ancienne sherpa de François Mitterrand). Dans le cadre de la réorganisation de la filière nucléaire, création le 3 septembre 2001 par CEA-Industrie, Framatome et COGEMA, du groupe AREVA dont le directoire est présidé par Anne Lauvergeon. Dans AREVA: un pôle nucléaire avec COGEMA et Framatome ANP - Framatome Advanced Nuclear Power Inc.- (66% Framatome et 34% Siemens) et un pôle "technologie de l'information et de la communication" avec FCI (Framatome connections international) et ST Microelectronics. [Framatome ANP est très présent aux USA, entre autres pour assurer la maintenance des réacteurs]
[2] La Montagne, 7 sept. 2002 "La Cogéma mise en examen"
[3] Thierry Lamireau, 6, rue de l'Annonciade, Clos de la Sauge 74150 Rumilly. Uranium en Limousin, film/vidéo de 36 mn, 1ère version 1993, Copyright Thierry Lamireau 1995. Plusieurs fois primé: mai 1994 2ème prix au Festival audiovisuel des cultures minorisées d'Europe. Septembre 1994 "Meilleure uvre vidéo" 5èmes rencontres de l'image-nature et environnement, Martigues. Novembre 1994 1er prix catégorie "amateur", Rencontres documentaires traces de vie Vicle Comte/Clermont-Ferrand. Mars 1995, Prix du ministère de l'environnement au festival eurorégional du film d'environnement de Roubaix. Projeté dans plusieurs festivals dont le festival du film scientifique de Palaiseau (Novembre 1995) et le festival "territoires en images" (Institut de géographie, Paris, Mars 2002).
[4] Amis de la terre Limousin et Marche, APMA association de la protection des monts d'Ambazac, ALV les amis du Limousin vert, APPSP association pour la protection du pays de Saint-Pardoux, AICIN association intercommunale d'information sur le nucléaire, ADEMAU association de défense des monts d'Auriat, CRIIRAD Marche-Limousin, CLAN collectif limousin pour une alternative au nucléaire, CLADE coordination limousine anti-déchets radioactifs, ADEPAL association de défense du pays arédien en Limousin. Il en manque peut-être !
[5] En région parisienne, à l'usine du Bouchet (CEA) les murs de certains laboratoires étaient devenus jaunes-orangés, comme les poudres d'uranates traités... N'étant pas d'une santé florissante les travailleurs du Bouchet ont eu du mal à se recaser pour raisons médicales dans les centres CEA après la fermeture de l'usine en 1971 et certains devaient être licenciés ce qui est apparu comme le début d'une campagne plus générale de licenciements prévus par l'administration du CEA qui a entraîné une riposte du personnel ("Non à la politique du citron pressé, non aux licenciements"), les syndicats ont appelé à la grève le 5 mai 1971, largement suivie à Saclay.
Il n'y a pas eu d'étude épidémiologique sérieuse des travailleurs du Bouchet. Obtenir la reconnaissance en maladie professionnelle de ceux morts par cancer est un véritable parcours du combattant. En 1990 la décontamination du site n'était toujours pas terminée et suscita de multiples protestations d'habitants du voisinage (Ballancourt, Itteville, Vert-le-Petit) en particulier des Amis de la Terre. Le Parisien des 28-29 avril 1990 titrait "Essonne : 20 000 tonnes de déchets nucléaires dorment près de Paris".
[6] WISE-Amsterdam, Number 134.967, 22.4.82 (WISE, World Information Service on Energy). Nous remercions Wise-Amsterdam pour nous avoir retrouvé ce document de 1982. (En 1982 Roger Moody habitait Londres. Militant très actif il a, entre autres, fondé un groupe de recherche et d'action en faveur des minorités indigènes coloniales, il collaborait à Wise-Amsterdam, et devait se rendre en Australie visiter une mine appartenant à COGEMA).Wise publie désormais un bulletin Nuclear Monitor conjointement avec Nuclear Information and Resource Service (NIRS, Washington- USA). Contact: WISE Amsterdam, PO Box 59636, 1040 LC Amsterdam, http://www.antenna.nl/wise
[7] Lors de cette rencontre le 12 mai 1987 avec plusieurs membres de Médecins du Monde (le président était à l'époque Bernard Kouchner) nous avons expliqué les problèmes liés aux mines d'uranium, l'importance des mesures de radioprotection (évidemment ces mesures ont un coût qui se répercute sur le prix de l'uranium), signalé ce témoignage paru dans le bulletin de WISE sur l'emploi d'adolescents Touareg. Nous leur avons suggéré de faire une enquête sur les conditions de travail à Arlit. Cela ne devait pas poser de problèmes car des médecins de MdM sont présents en Afrique. Aucun écho, si ce n'est qu'au cours de la discussion il est apparu qu'une des femmes présentes était descendue dans une mine souterraine d'Arlit (il y a aussi à Arlit des mines à ciel ouvert). Elle ne s'était pas inquiétée des conditions de travail mais a pali quand on a expliqué l'importance du radon etdes poussières d'uranium sur l'incidence des cancers du poumon.
[8] Roger Belbéoch, "Les risques de cancer chez les mineurs d'uranium français" La Gazette Nucléaire 129/130, décembre 1993, p.10-15. Colloque Uranium et santé, Limoges novembre 1993.
Notes:
a) Dossier: l'uranium, par Pierre-Christian GUIOLLARD http://www.minerapole.com/f_/fi_01_1.html. Jouac, la toute dernière mine d'uranium française non loin de Limoges, a fermé le 31 mai 2001. D'après la publication CEA Informations utiles, Edition 2001, la répartition de la production d'uranium en 1999 par les compagnies du groupe COGEMA (5528 tonnes) était la suivante: Afrique 58% ; Canada 32% ; Jouac 8% ; divers (USA) 2%.
b) Le "yellowcake" est un concentré issu du traitement chimique du minerai. C'est un diuranate de couleur jaune. A Bessines ces traitements étaient effectués à l'usine SIMO (société industrielle des minerais de l'ouest). C'est sous forme de "yellowcake" que l'uranium est ensuite envoyé aux différentes usines de conversion.
c) La présence d'un tel tonnage d'oxyde d'uranium appauvri sous forme de poudre n'a guère mobilisé les antinucléaires hors Limousin. Et pourtant si un avion s'écrasait sur les hangars ou si un incendie se déclarait (acte malveillant, amorçage de réaction chimique transformant UO2 résiduel en U3O8 etc.) ce serait pire que la dispersion des oxydes formés par l'impact des obus utilisés dans la guerre du Golfe et au Kosovo car, dans les hangars, c'est déjà de l'oxyde d'uranium sous forme de poudre qui se disperserait.
d) Action collective symbolique réussie à Auriat: deux forages destinés à l'étude de l'enfouissement en couche géologique profonde de déchets radioactifs sont définitivement bouchés. Il ne s'agissait pas de la Cogéma mais de forages de l'Institut de Protection et de la Sûreté Nucléaire (IPSN).
Résidus radioactifs de COMINAK à l'air libre (plus de 10 millions de tonnes), source CRIIRAD, décembre 2003.
e) D'après Wise-Amsterdam (mise à jour 2 août 2002) deux groupes SOMAIR et COMINAK se partagent l'exploitation de l'uranium au Niger dans les sites respectifs d'Arlit et Akouta et COGEMA est majoritaire: SOMAIR: 56,86% COGEMA, 6,54% Urangeselschaft Allemagne, 36,6% ONAREM Niger. COMINAK: 34% COGEMA, 31% ONAREM Niger, 25% OURD Japon, 10% ENUSA Espagne http://www.antenna.nl/wise/uranium/uoafr.html
A lire :
- Le dossier de la Criirad, "Niger
: mines d'uranium"
- Le Limousin radioactif
- Radon, un gaz mortel qui vient du sol
Action :
- "Sortir du nucléaire" décline
l'offre d'Areva et lance une souscription pour une inspection
indépendante.
Libération, 25/3/2009:
Ecologie - Besancenot, Duflot, Lepage et Mélenchon dénoncent l'exploitation nucléaire.
Main dans la main pour tirer à boulets
rouges sur la visite de Nicolas Sarkozy vendredi au Niger, où
il va, selon Olivier Besancenot, «jouer les gros VRP du
nucléaire». Mais adversaires résolus aux élections
européennes de juin, où chacun partira sous ses
propres couleurs. Hier, Olivier Besancenot (NPA), Jean-Luc Mélenchon
(Parti de gauche), Cécile Duflot (Verts) et Corinne Lepage
(Modem) ont fait estrade commune avec le réseau Sortir
du nucléaire pour lancer la polémique sur les dessous
du voyage présidentiel. Officiellement, le Président
doit participer, en compagnie d'Anne Lauvergeon, patronne d'Areva,
à une réunion de la section locale de l'Initiative
pour la transparence des industries extractives. Le groupe nucléaire
français vient de signer un juteux contrat avec l'Etat
nigérien pour exploiter la mine d'uranium géante
d'Imouraren. Objectif affiché de l'Elysée : «Casser
l'image d'une France prédatrice.» Une imposture pour
Stéphane Lhomme, porte-parole de Sortir du nucléaire
: «Areva est en train d'assécher des nappes phréatiques
fossiles, contaminer les sols de ses poussières radioactives.»
«Le président du Niger comme Areva ont intérêt
à mater la rébellion du peuple touareg», a
ajouté l'eurodéputée verte Hélène
Flautre. «Du colonialisme !» a lancé Besancenot.
Plutôt du «néo-impérialisme»,
a corrigé Mélenchon rappelant que «la responsabilité
de l'Etat nigérien est totale». Une précision
pour éviter tout soupçon de «paternalisme».
Enerpresse, 25/3/2009:
Ce mardi, c'était la fête au nucléaire. Le matin même, le ministre de la Défense présentait un avant-projet de loi d'indemnisation des victimes des essais français. Au même moment, le Réseau Sortir du nucléaire (RSN) réussissait un coup d'éclat : obtenir une position commune du Parti de gauche (PG), des Verts, du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et du très «droitier» Cap 21.
A la tribune, Corinne Lepage, Jean-Luc Mélenchon, Hélène Flautre et Olivier Besancenot ont dénoncé de concert la signature (intervenue le 5 janvier dernier) de la convention minière entre Areva et l'Etat du Niger, portant sur l'ouverture en 2013 de la mine d'uranium d'Imouraren. «Ce contrat pose trois problèmes majeurs, a tonné l'ancienne ministre de l'Environnement. Celui de l'appropriation des terres dans les pays du Sud, celui des impacts sanitaire et environnemental du nucléaire et celui du bilan économique de cette industrie.»
Pour Jean-Luc Mélenchon, le fait qu'Areva accroisse sa production d'uranium au Niger «démonte le mythe de l'indépendance énergétique nationale ». Direct, comme à son habitude, Olivier Besancenot n'a pas manqué de dénoncer «une politique coloniale qui pille les richesses au mépris de l'environnement.» La représentante des Verts dénonçant un accord «fait sur le dos des populations touaregs». Pour Areva cette attaque synchronisée rate sa cible.
L'entreprise rappelle que le site choisi est
totalement désertique, à l'exception d'un village,
situé à une vingtaine de kilomètres. Un village
qui connaîtra un certain développement dès
que la «base vie» d'Imouraren sera opérationnelle.
Certes, reconnaît-on dans le groupe nucléaire, l'alimentation
en eau peut poser problème. «On puisera pendant 30
ou 40 ans 8 millions de m3 d'eau par an dans une nappe fossile
qui en contient 8 milliards de m3», confirme Yves Dufour
en charge de la communication de la division minière. Le
suivi de l'impact sanitaire ? Areva n'a rien contre. Le consortium
ouvre, au Gabon, dans les jours à venir son premier observatoire
de la santé autour de ses mines. Celui du Niger devrait
être opérationnel d'ici à la fin de l'année.
En attendant ceux du Canada, du Kazakhstan et de Namibie.
24/3/2009 - Plusieurs partis de gauche ont dénoncé mardi les conditions "catastrophiques" de l'exploitation de l'uranium au Niger par le groupe nucléaire français Areva, à quelques jours de la visite du président Nicolas Sarkozy à Niamey vendredi.
"L'exploitation est une catastrophe sanitaire, environnementale et pour les droits des peuples (...) Areva pollue l'eau, contamine les terres des Touaregs, laisse des dépôts d'extraction dangereux sans confinement, et le suivi sanitaire de ses salariés est très insuffisant", a accusé la députée européenne des Verts Hélène Flautre.
"En outre, le Niger reste, malgré quarante ans d'exploitation de l'uranium, l'un des pays les plus pauvres du monde", a poursuivi Mme Flautre lors d'une conférence de presse organisée par le réseau Sortir du nucléaire. Le chef du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Olivier Besancenot, a pour sa part critiqué "une politique coloniale qui pille les richesses" du Niger. "L'Etat français doit réparation aux peuples autochtones, à l'environnement et au pays", a ajouté M. Besancenot.
Le fondateur du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon s'est pour sa part inquiété des "conséquences politiques et militaires" de l'exploitation de l'uranium "en terme de sécurisation des zones minières", et la présidente du parti écologiste Cap21 Corinne Lepage a dénoncé "la spéculation" qui "chasse les Touaregs de leurs terres".
Présent au Niger depuis plus de quarante ans, Areva a signé en janvier un contrat pour l'exploitation de la mine d'uranium géante d'Imouraren, dans le nord du pays. Dans un rapport publié en 2005, plusieurs ONG ont mis en cause les "négligences" du groupe nucléaire au Niger en matière de protection sanitaire et environnementale. M. Sarkozy doit se rendre vendredi en visite officielle au Niger.
Algerie-Monde.com, 6/10/2008:
D'apres Le Quotidien d'Oran - 6 octobre 2008 -
Des gisements d'uranium sont exploités
à moins d'une centaine de kilomètres de la frontière
algéro-nigérienne par deux compagnies françaises
(proritétés d'Areva, NdRSN) dans la région
d'Arlit au Niger. L'émanation des poussières radioactives
et du gaz radon-222, poussés par les vents du Sud, traversent
les frontières et se dispersent plus particulièrement
sur une grande superficie du Sud algérien, détruisant
pour toujours le système écologique.
Cette émanation toxique tue les hommes, la flore et la
faune, sur une échelle plus grande que les restes des essais
nucléaires français au Sahara. L'uranium du Niger
est indispensable au programme électronucléaire
massif de la France, mais aussi pour la fabrication d'armes nucléaires,
qui sont prohibées pour certains et permises pour d'autres.
L'uranium du Niger, une fois traité sur site, représente 96,5% du volume de minerai extrait, le 'yellowcake' (concentré de minerai jaunâtre), une part est transportée vers le Libye par Agadez, le reste est acheminé au Bénin jusqu'au port de Cotonou. Ce qui est inquiétant, c'est l'existence de la mine elle-même, car elle restera pour l'éternité une grande source d'émanation de la radioactivité, tuant à petit feu les populations d'Afrique.
Libéré en grande quantité par l'activité minière et les déchets radioactifs, le gaz radon-222, élément radioactif, qui peut parcourir des milliers de kilomètres en quelques jours sans jamais s'éloigner de la surface du sol, à cause de sa densité et la pesanteur. Le radon émane aussi en grande quantité des montagnes de résidus radioactifs, qui jonchent auprès des mines et aussi par les cheminées d'aération de la mine.
A Arlit, une montagne de 15 m de haut sur une superficie de 85 hectares de surface et d'un volume de 12,5 millions de tonnes de résidus radioactifs est soumise au gré des vents qui transportent ses poussières sur des milliers de kilomètres. Sur le site de la mine d'Arlit, des mesures faites clandestinement par des ONG européennes donnent une teneur moyenne de 49 000 Bg/kg pour le thorium 230, 57 000 Bg/kg pour le radium 226 et 54 000 Bg/kg pour le plomb 210, soit une radioactivité totale supérieure à 500 000 Bg/kg, si l'on ajoute la contribution des 14 descendants de l'uranium. Laissés à l'air libre, la poussière de résidus radioactifs et le gaz radon-222 sont emportés par les vents dominants, soufflant du sud vers le nord, jusqu'en profondeur du territoire algérien.
A Tamanrasset comme à Adrar des morts suspectes dues à l'irradiation radioactive ont été enregistrées, la plupart des habitants du Sud algérien portent un cancer des poumons, les enfants dès leur jeune âge souffrent des difficultés respiratoires, les services sanitaires ont relevé sur la population des signes de stress et de perte de mémoire, d'autres sont apparues: les cancers de la peau, les cancers de gorge, les déformations physiques, la chute de cheveux à un âge prématuré, etc.
Des mesures hasardeuses qui ont été faites dans différents sites du sud du pays se sont avérées alarmantes et quelques fois elles dépassent largement le seuil de radioactivité admis pour l'homme et la nature. Les désastres dans l'environnement L'émanation des nuages toxiques et radioactifs de la mine d'Arlit, sur les régions touristiques classées patrimoine national, mérite plus qu'une attention particulière de la part des autorités algériennes entre autres le ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire qui fait la sourde oreille aux alarmes sur les calamités qui rongent notre pays.
L'AIEA a le plein pouvoir des Nations unies pour contrôler l'exploitation anarchique des mines et sa destination, mais aussi de s'inquiéter des conséquences environnementales dramatiques qui s'abattent sur les pays d'Afrique limitrophes aux sites miniers d'uranium. Le radon-222 obtenu par la décomposition de l'uranium U-238 est extrêmement nocif pour la faune, la flore et le monde animal.
Dans le Hoggar, les arbres, les petites et les grandes herbes ont disparu, le sol nu est devenu stérile pour longtemps: l'irradiation radioactive est pour une grande part dans le changement climatique de notre planète. Cette agression de la nature par l'homme riche a des répercussions négatives sur la vie économique de la contrée, les habitants de l'extrême sud survivant que de l'élevage chamelier et caprin et du tourisme, ces deux activités sont complètement effacées à cause de la disparition de la nature causée par les émissions de la radioactivité de la mine d'Arlit au Niger.
Des conséquences dramatiques sur le site de la mine Pour ce qui est sur le site, le traitement du minerai exige l'usage de produits chimiques toxiques: ammoniaque, acide chlorhydrique, kérosène et eau oxygénée. Ces substances sont systématiquement déversées dans l'environnement qui engendre des réactions chimiques donnant des résultats épouvantables de toxicité. Le plus grand risque pour l'environnement est dû aux résidus miniers laissés par le broyage et le traitement du minerai d'uranium.
Ces résidus conservent 85% de la radioactivité du minerai d'origine sous forme de produits de désintégration qui se régénèrent sans cesse. Pour extraire le minerai, il faut décaper de grandes surfaces aux alentours de la mine qui vont rester stériles pendant toute la vie de la terre à cause du dégagement en surface du radon. Les tas de résidus miniers contiennent également des matières chimiques toxiques: acides, arsenic, nitrates et métaux lourds, où pendant la saison des pluies l'eau chargée s'infiltre dans la nappe phréatique et la pollue.
Lorsqu'il se désintègre, l'uranium émet de l'énergie et se transforme en substances diverses qui se désintègrent à leur tour, tout en produisant de l'énergie radioactive. Ces matières émettent des radiations de faible intensité capables de pénétrer les cellules et de modifier les molécules nécessaires à un fonctionnement normal du corps. Les effets nocifs des radiations atomiques: cancer, leucémie, problèmes de reproduction, troubles génétiques et troubles de la vision sont les maladies les plus propagées par la radioactivité.
Ambiguïté sur les chiffres communiqués par l'AIEA. Les mines du Niger sont exploitées par deux compagnies françaises : La SOMAIR (Société des Mines de l'Aïr, créée en 1968) qui exploite l'uranium par carrière à ciel ouvert dans des gisements à une teneur de 3 à 3,5 kg par tonne. Sa production actuelle est de 1.400 tonnes par an, elle en a extrait plus de 51.000 tonnes. La COMINAK (Compagnie Minière d'Akouta, créée en 1974) qui exploite d'autres gisements à une teneur de 4,5 à 5 kg d'uranium par tonne par travaux de galeries, elle produit 2.300 tonnes par an, elle a extrait plus de 68.000 tonnes. D'autres mines découvertes ne sont pas encore exploitées. Ces deux compagnies sont des filiales du groupe français AREVA-COGEMA, qui détient 63,4% du capital de la SOMAIR et 34 de celui de la COMINAK, le reste est partagé entre l'ONAREM (Etat du Niger), OURD (Japon) et ENUSA (Espagne).
Ces compagnies françaises produisent plus de 3700 tonnes d'uranium par an, soit 11% de la production mondiale. L'extraction de l'uranium du sol nigérien assure 70% des rentrées en devises du pays, alors que la population ne bénéficie presque de rien de cette drôle d'aubaine, juste de quoi acheter leur linceul. La présence française est contestée par toute la population autochtone pour son comportement néo-colonialiste et raciste dans les camps de la mort. Les compagnies françaises d'extraction de l'uranium au Niger sont très influentes sur le gouvernement nigérien, sur la vie politique du pays.
Cependant, la population du Niger compte parmi les gens les plus pauvres de la planète qui travaillent dans un environnement parmi les plus mortels qui soient pour fournir de l'énergie aux nations les plus riches et alimentent leurs bombes par le combustible nucléaire qui sera utilisé contre eux. La France exploite aussi plus de 7 mines sur son territoire, produisant 1400 tonnes d'uranium/an, au total elle produit 5100 tonnes d'uranium avec la mine d'Arlit.
Selon l'AIEA, la France possède 59 réacteurs
nucléaires en service pour produire de l'électricité.
Ces réacteurs répartis sur 19 centrales nucléaires
produisent 80% de l'énergie électrique française,
évaluée à 63 gigawatts (1 milliards de watts).
Les Etats-Unis possèdent 104 réacteurs en service
développant une puissance totale de 99 GW, le reste du
monde produit 208 GW.