20Minutes, 14/3/2007:
Les députés britanniques ont
voté mercredi en faveur du remplacement du dispositif de
dissuasion nucléaire du Royaume-Uni, mais le gouvernement
travailliste a rencontré une forte opposition dans ses
rangs. Au total 409 députés ont voté en faveur
du projet du gouvernement britannique, contre 161 qui ont voté
contre, soit une majorité de 248 voix.
Quelques minutes auparavant, les députés avaient
repoussé un amendement visant à reporter l'examen
du projet de modernisation du système Trident à
une date ultérieure.
Tony Blair avait annoncé début décembre la
modernisation de la force de frappe nucléaire britannique,
incluant une réduction de 20% de l'arsenal et la construction
de nouveaux sous-marins équipés de missiles balistiques
nucléaires Trident.
Le nombre d'ogives nucléaires passerait ainsi de 200 aujourd'hui
à 160 d'ici à 2020 et de nouveaux sous-marins seraient
construits pour transporter les Trident. Le coût de cette
modernisation est estimé entre 15 et 20 milliards de livres
(entre 22,3 et 29,7 milliards d'euros) sur trente ans.
L'internaute,13/3/07:
Mardi 13 mars
2007, 15h27
Quatre membres de Greenpeace sont montés mardi au sommet
d'une grue devant le parlement de Westminster à Londres
pour protester contre le projet du Premier ministre Tony Blair
de remplacer le système de dissuasion nucléaire
Trident.
Les militants écologistes ont déployé une
banderole sur laquelle était écrit "Tony aime
les WMD" (armes de destruction massive), clin d'oeil à
l'argument avancé pour l'intervention militaire en Irak.
Leur initiative intervient alors que les députés
doivent voter mercredi sur le projet gouvernemental.
Tony Blair a annoncé début décembre la modernisation
de la force de frappe nucléaire britannique, incluant une
réduction de 20% de l'arsenal et la construction de nouveaux
sous-marins équipés de missiles balistiques nucléaires
Trident.
Le coût de cette modernisation est estimé entre 15
et 20 milliards de livres (entre 22,3 et 29,7 milliards d'euros)
sur trente ans.
Elle provoque de vifs remous parmi les députés,
parmi lesquels plus d'une centaine, dont 62 travaillistes, ont
apporté mardi leur soutien à un amendement repoussant
à une date ultérieure l'examen de ce projet.
Elle a également provoqué une seconde démission
au sein du gouvernement. Jim Devine a décidé mercredi
de quitter ses fonctions de sous-secrétaire d'Etat au ministère
de la Santé.
Lundi, Nigel Griffiths, député écossais et
secrétaire d'Etat chargé des Relations avec la Chambre
des Communes, avait déjà démissionné
pour pouvoir voter contre le projet de M. Blair.
Plusieurs milliers de personnes ont participé fin février
à une manifestation dans le centre de Londres contre le
projet Trident.
Le parti travailliste compte 354 députés sur les
645 de la Chambre des Communes, ce qui lui donne une majorité
de seulement 67 voix. Mais le projet bénéficie du
soutien des conservateurs.
Euronews, 12/3/2007:
Il part le coeur gros mais la conscience tranquille... Le député travailliste Nigel Griffiths quitte ses fonctions gouvernementales - en tant que vice-président de la Chambre des Communes, il assurait la liaison entre le gouvernement et les parlementaires. Il veut ainsi signifier de manière spectaculaire son opposition au projet de Tony Blair de remplacer les sous-marins nucléaires Trident. "Je dirai à mes collègues de la Chambre des Communes comment j'ai lutté avec ma conscience, a-t-il annoncé. J'ai vu des collègues batailler avec leur conscience et y perdre leurs principes. J'étais déterminé à ce que cela ne m'arrive pas"...
C'est mercredi que doit avoir lieu le vote
sur ce dossier sensible du renouvellement de l'arsenal nucléaire
britannique. Un projet d'environ 30 milliards d'euros. Or, la
fronde a gagné près des deux-tiers des députés
travaillistes, qui considèrent que cet argent serait bien
mieux investi ailleurs. Ainsi, le Premier ministre Blair devra
compter sur le soutien - d'ores et déjà acquis -
des conservateurs pour faire adopter son plan. Un dossier épineux
de plus à quelques mois de son départ du pouvoir...
Le Monde, 5/12/06:
D'ici son départ du pouvoir dans six
mois, l'une des dernières batailles que Tony Blair devra
livrer devant les Communes sera nucléaire. Le premier ministre
britannique devra convaincre une partie des siens du bien-fondé
du plan de modernisation de l'arsenal nucléaire qu'il a
présenté aux députés dans un Livre
blanc lundi 4 décembre.
Le premier ministre a annoncé une réduction de 20
% du nombre d'ogives nucléaires, réduit à
160 d'ici à 2020. Les ogives arment le système de
missiles balistiques Trident qui équipent les sous-marins à propulsion nucléaire
du Royaume-Uni. Ce système arrivera en fin de vie autour
de 2025.
La flotte à propulsion nucléaire britannique comprend
quatre submersibles de type Vanguard d'une durée de vie
de vingt-cinq ans. Le premier devrait être retiré
du service en 2017, bien qu'il puisse rester en activité
pendant cinq années supplémentaires.
M. Blair a indiqué que le pays étudiera la possibilité
de réduire d'une unité cette flotte, basée
à l'ouest de l'Ecosse.
LA DROITE APPROUVE
Les députés seront appelés
d'ici à mars à approuver le renouvellement du programme
Trident.
En revanche, la construction de nouveaux missiles et l'éventuelle
réduction du nombre des futurs sous-marins ne feront l'objet
d'un vote que dans le prochain Parlement, après les élections
prévues pour 2009. Dessiner et construire un nouveau type
de sous-marin prend environ dix-sept ans.
M. Blair a réaffirmé la légitimité
du programme de dissuasion en rappelant au passage que la Grande-Bretagne
est la puissance nucléaire qui a le plus petit stock d'ogives
et la seule à avoir opté pour un dispositif unique,
des ogives à bord de sous-marins. Il a exclu d'abandonner
ce système.
Malgré la fin de la guerre froide, pendant laquelle ce
système a été conçu, on ne peut totalement
exclure, a souligné M. Blair, "l'émergence
d'une menace nucléaire majeure contre nos intérêts".
Il a cité nommément l'Iran et la Corée du
Nord et évoqué "un lien possible entre plusieurs
Etats et le terrorisme international". M. Blair n'a rien
à craindre de la droite. Le chef du Parti conservateur,
David Cameron, a approuvé aussi bien "la substance
que le calendrier" du projet gouvernemental.
Le premier ministre se heurtera surtout à la gauche du
Parti travailliste traversée depuis longtemps par un fort
courant anti-nucléaire.
Une quarantaine de députés du Labour ont déjà
fait connaître leur opposition au plan Blair. Ils invoquent
le coût du programme : entre 23 milliards et 30 milliards
d'euros sur trente ans. Le premier ministre répond que
cela représente seulement 4 % du budget de la défense
et 0,1 % du produit national brut.
D'autres élus font remarquer que le renouvellement de l'arsenal
nucléaire se fera aux dépens des moyens conventionnels
de défense et de la lutte contre le terrorisme. Les militants
anti-nucléaires reprochent au gouvernement de ne pas respecter
le traité de non-prolifération.
M. Blair rétorque que la capacité explosive des
armes nucléaires britanniques a été réduite
de 70 % depuis la fin de la guerre froide. Enfin, les adversaires
du nucléaire soulignent que le programme britannique est
étroitement dépendant de celui des Etats-Unis.
M. Blair s'est efforcé, lundi, de souligner la "totale
indépendance" de la force de dissuasion britannique.
C'est sur ce chapitre qu'il a le moins convaincu.
Jean-Pierre Langellier