Communiqué de presse du 31 mai 2004
Association humanitaire " Les Enfants de Tchernobyl "
Une délégation de responsables de l'association humanitaire alsacienne " Les Enfants de Tchernobyl " vient de rentrer d'une mission de 2 semaines dans les régions de l'Ukraine et du Bélarus fortement contaminées par les retombées radioactives de Tchernobyl.
Les 9 participants avaient une triple mission : humanitaire, scientifique et sociologique et un objectif précis : évaluer la situation sur le terrain plus de 18 années après l'explosion du réacteur ukrainien le 26 avril 1986.
André Paris, scientifique, auteur de l'ouvrage de référence " Contaminations radioactives : atlas France et Europe " accompagnait l'équipe alsacienne muni d'un spectromètre gamma très performant pour évaluer la contamination en césium 137 de la couche superficielle des sols.
Au Bélarus, des responsables de l'Institut de radioprotection indépendant " Belrad ", dirigé par le professeur Nesterenko, encadraient la délégation.
Les mesures des sols réalisées par les bénévoles français mettent en évidence un indiscutable et important risque sanitaire pour les populations ukrainiennes et bélarusses qui continuent de vivre sur ces territoires contaminés par les retombées radioactives, en particulier le césium 137 et le strontium 90 qui restent très présents.
Les autorités internationales estiment, qu'en 2004, deux millions de personnes habitent toujours sur des territoires contaminés par Tchernobyl dans ces deux républiques de l'ex-URSS. Parmi eux, 500 000 enfants sont exposés de manière chronique à de faibles doses de rayonnements toxiques. L'essentiel de la contamination se fait par les aliments. Qu'elle provienne du jardin, du marché ou d'une nature généreuse, la nourriture (légumes, lait, champignons, baies, gibier et poissons) est contaminée par le césium 137 qui s'est déposé en surface dans les jardins, les bois et dans les pâturages.
La délégation a séjourné durant 4 journées à Tchetchersk et dans ses proches environs. Tchetchersk est une petite ville du Bélarus située à environ 160 km au nord-est de Tchernobyl. Depuis 1986, le sol regorge de césium radioactif mais les habitants n'ont pas été évacués et 2 500 enfants sont contraints d'y vivre. L'une des mesures réalisées au centre du parc de jeux de la cité indiquait plus d'un million de becquerels de césium 137 par m2, soit plus de deux fois la valeur définissant la " zone interdite de Tchernobyl ". Dans un bois, à quelques kilomètres, où les villageois cueillent baies et champignons, le spectromètre gamma indiquait plus de 11 millions de Bq/m2 de césium 137.
Les quelques 600 membres et sympathisants des
" Enfants de Tchernobyl " viennent en aide aux écoliers
de cette localité sous la forme d'un financement (budget
17 861.60 euros) de cures de Vitapect,
un produit à base de pectine de pomme additionné
de vitamines et d'oligo-éléments qui permet d'accélérer
l'élimination du césium 137.
La délégation a observé la campagne de mesures
de la radioactivité interne des organismes de ces écoliers
organisée par Belrad : les enfants défilent sur
un fauteuil moelleux derrière lequel est rattaché
un spectromètre relié à un ordinateur. En
3 minutes la charge radioactive de chacun est mesurée.
" A partir de 20 Bq/kg on doit protéger les enfants, des chercheurs ont démontré qu'entre 20 et 50 Bq/kg on observait déjà des problèmes de santé " expliquait le professeur Nesterenko. Malheureusement, de nombreux enfants dépassent ces valeurs, la petite Viktoria possédant le triste record de la semaine avec 1940 Bq/kg de césium radioactif dans son corps.
La délégation alsacienne s'est rendue dans une " zone interdite " non répertoriée sur les cartes publiques où 38 villages furent évacués il y a quelques années, à 150 km de Tchernobyl. Non loin de là, c'est une vision surréaliste qui attendait les humanitaires français : à l'extérieur des zones interdites, 18 ans après l'explosion de la centrale nucléaire, des chars soviétiques T34 (modifiés pour la circonstance) munis de pinces, broient les datchas trop radioactives pour avoir le droit de rester debout avant que d'impressionnants bulldozers ne poussent les restes des maisons dans des trous creusés pour l'occasion. 1986 : Tchernobyl explose, 2004 : on continue d'enterrer des villages !
Après avoir réitéré le témoignage de leur plus vive sympathie et de leur soutien actif à son épouse Galina, les responsables des " Enfants de Tchernobyl " se sont rendus symboliquement devant la prison où croupit depuis 3 ans le professeur Youri Bandajevsky [il a été libéré en août 2005]. Le crime de ce médecin anato-pathologiste : avoir découvert un lien entre les retombées radioactives de Tchernobyl et les maladies des enfants qui vivent dans les zones contaminées.
Les témoignages , les mesures scientifiques et les documents rapportés de leur mission par les responsables de l'association " Les Enfants de Tchernobyl " prouvent que, 18 années après l'explosion du réacteur N°4 de Tchernobyl, une mobilisation réelle, sincère et efficace de la communauté internationale s'avère urgente et indispensable pour protéger et aider les victimes de Tchernobyl. Ce n'est pas un choix, mais une nécessité !
Pour sa part, comme les années précédentes, l'association française, dont le siège se situe à Illzach (Haut-Rhin), accueillera cet été 189 Ukrainiens (179 enfants et 10 accompagnatrices) originaires des zones contaminées pour des séjours dans des familles d'accueil bénévoles en juillet et en août.
L'association lance un appel aux dons pour financer ses nombreux projets, en particulier le financement de cures de pectine et la participation à la construction des nouveaux locaux de l'institut de radioprotection indépendant Belrad :
Association humanitaire "
Les Enfants de Tchernobyl "
Siège : 37B, rue de Modenheim
68110 ILLZACH France
Tel/Fax : 03 89 40 26 33
www.lesenfantsdetchernobyl.fr
E-mail : lesenfantsdetchernobyl@gmail.com