Les Nouvelles de Moscou n°26, du 23 au 29 juin 1989:
L'article "Les séquelles" de Vladimir Kolinko fit l'effet d'une bombe dans l'opinion publique. La réponse des scientifiques officiels ne se fit pas attendre. Au menu : réfutations spécieuses et chiffres alibis...
L'article des
« Nouvelles de Moscou » présente, sur des exemples
sensationnels et frappants, un éclairage de la situation
radioactive extrêmement complexe qui existerait dans le
kolkhoze Petrovski du district de Naroditchi, région de
Jitomir, situation, qui, selon l'information du journaliste, a
eu de graves suites médicales et vétérinaires.
Nous comprenons l'angoisse des habitants des régions éprouvées
et l'inquiétude de l'auteur pour leur destin. Cependant,
l'article riche en matériaux recueillis au cours d'un voyage
à travers le district, de récits des témoins
avant tout, abonde en erreurs et en défigurations qui conduisent
finalement à des conclusions erronées dans leur
principe.
Seule la dose admissible pour la population est un critère
d'estimation du danger de la situation radiologique concrète.
La dose cumulée d'irradiation pour la majorité des
gens qui travaillent au kolkhoze Petrovski est considérablement
inférieure à la limite annuelle tolérée
(2,5 rems) établie par le ministère de la Santé
publique de l'URSS et au moins cinquante fois inférieure
à celle qui peut provoquer des troubles dans l'organisme.
Il n'y a aucune raison objective de craindre pour la santé
des gens. Les petites doses ne provoquent pas de lésions
mais peuvent provoquer de brèves réactions fonc
tionnelles instables dans les cellules et les organes comme, par exemple, à la vue de la nourriture, lors de l'apparition brutale de la lumière, d'un bruit strident, etc. Nul besoin de prouver que de telles réactions n'exercent aucune influence sur la santé. Elles sont naturelles.
L'auteur est inquiet de l'aggravation des maladies
chroniques parmi la population, notamment pendant la période
post opératoire. La terminologie médicale, ici,
n'est pas strictement observée. On peut seulement parler
d'une plus grande fréquence des maladies chroniques, ce
qui s'explique par la précision nouvelle des diagnostics
et la vaste auscultation de la population après l'accident
ainsi que par un certain vieillissement de la population de la
région, suite au départ d'une partie des jeunes.
La croissance de deux fois le nombre annuel moyen de cancers de
la lèvre et de la cavité buccale se trouve dans
les limites normales. En raison du délai, encore trop court,
écoulé depuis l'accident, ces types de cancers n'ont
pas eu le temps matériel de se manifester.
Il est dit dans l'article que dans le district de Naroditchi on
proposait aux femmes d'éviter toute grossesse. Les instances
officielles de la Santé publique n'ont jamais donné
à personne de telles recommandations.
En ce qui concerne l'influence de l'accident sur la santé
de la population dans les régions polluées par les
précipitations, il faut sans doute mettre en cause non
pas la radioactivité mais le stress. Les faux bruits, les
publications alarmistes, comme celle dont nous discutons, agissent
négativement sur le système nerveux, ce qui peut
provoquer des maladies, de nature cardio vasculaire en particulier.
L'auteur atteint un sommet d'influence émotionnelle sur
le lecteur à l'endroit de l'article où il est question
de la recrudescence des cas de monstruosités à la
naissance pour les veaux et les porcelets. Mais il se trompe et
induit les lecteurs en erreur. Dans les élevages commerciaux,
il n'est pas d'usage d'enregistrer spécialement et de décrire
les cas de monstruosité à la naissance du bétail.
Dans les revues de recensement vétérinaire, ils
sont enregistrés dans la rubrique des pertes (mort nés)
dont le nombre, pour la moyenne du pays, se monte à 5,5
% dans le bétail bovin, 12 % pour les porcs et 5 % chez
les moutons.
Lors de la mise au point des détails, il a été
établi qu'il n'existait aucune statistique, ni dans l'exploitation
décrite dans l'article ni au service vétérinaire
du district, sur les soixante-quatre cas de monstruosité
mentionnés en 1986 1987. Les spécialistes de l'Institut
national de recherches pour la radiologie agricole ont établi
qu'en 1988 le kolkhoze Petrovski avait enregistré douze
cas (3,4 %) d'apparition de veaux mort nés. Les défauts
du développement intra utérins observés pour
le jeune bétail ne suscitent aucun étonnement particulier
parmi les spécialistes.
La critique des principaux points de l'article de Vladimir Kolinko
confirme que pour rendre compte objectivement de la situation
radioactive sur les territoires contaminés il est inadmissible
de se guider seulement sur des échos, car ceux ci possèdent
non seulement la faculté de reproduire les sons mais aussi
celle de les déformer. C'est seulement sur la base d'un
examen rigoureusement professionnel des phénomènes
que l'on peut prétendre les refléter de manière
réaliste.
Constantin Gordeev,
Angélika Baranova,
AIexeï Kovallov.