Le Soir, 7 février 2005:
Des parties en métal de la centrale
nucléaire de Tchernobyl, dans le nord de l'Ukraine, vont
être découpées, puis vendues au poids pour
financer le renforcement du sarcophage qui menace de s'effondrer.
Selon Olexandre Smychliaïev, le directeur de la compagnie
publique "Tchernobylskaïa" qui gère l'ancienne
centrale, cette décision a été prise pour
pallier l'insuffisance des moyens alloués à la centrale.
Tout le matériel qui sera exporté de la zone
contaminée des 30 km a les autorisations où sont
mentionnées les données de contrôle de dosimétrie
(niveau de radiations), a déclaré M. Smychliaïev,
cité par l'agence Itar-Tass, qui affirme que les pièces
métalliques sont propres.
Le matériel, qui commencera à être vendu en
mars, provient des secteurs les plus éloignés du
réacteur, le coeur de la zone de contamination. Le directeur
a par ailleurs souligné qu'aucun matériau du sarcophage
de béton qui entoure le réacteur ne serait vendu.
La Russie pourrait être le plus gros acheteur en raison
des centrales de type Tchernobyl qu'elle continue d'exploiter.
L'argent gagné doit servir à renforcer le sarcophage
qui menace de s'effondrer. La communauté internationale
a rassemblé plus de 720 millions d'euros pour la construction
d'une chape d'acier de 20.000 tonnes devant recouvrir l'actuel
sarcophage construit à la va-vite après l'accident.
Celle-ci doit être achevée vers 2008.
Théâtre en avril 1986 de la pire catastrophe de l'histoire
du nucléaire civil, Tchernobyl a été définitivement fermée
en décembre 2000 en échange d'une importante
aide financière internationale dont une partie seulement
a été versée.
KIEV, 17 jan 03 -
Le Parquet général d'Ukraine a accusé vendredi
"la direction" de la centrale nucléaire de Tchernobyl
(nord) d'avoir vendu illégalement plus de 300 tonnes de
déchets radioactifs.
Au moins "315 tonnes de tubes métalliques en cuivre,
nickel et fer ont été sorties illégalement"
de la zone d'exclusion autour de la centrale, pour ensuite être
revendues, selon un communiqué du Parquet général
qui appelle le gouvernement à prendre "des mesures
urgentes" pour mettre fin à ce trafic.
Le Parquet général s'est refusé à
préciser le nombre et l'identité des hauts responsables
mis en cause dans cette affaire.
Au début du mois, le Parquet avait déjà affirmé
que des responsables de Tchernobyl étaient poursuivis en
justice pour le détournement de 29,9 millions de hryvnias
(5,6 millions de dollars).
La centrale de Tchernobyl, dont le quatrième réacteur
avait explosé en avril 1986, contaminant une grande partie
de l'Europe, a été fermée en décembre
2000.
Cependant, plusieurs milliers de personnes travaillent encore
sur le site contaminé pour assurer le démantèlement
de la centrale et l'entretien de la chape de béton recouvrant
le réacteur accidenté.
KIEV, 15 déc 2000 Trafics de métaux ou de bois, vols de
meubles ou vente illégale de champignons radioactifs: la
zone interdite et contaminée autour de la centrale de Tchernobyl
est devenue un inépuisable filon pour les braconniers et
les intrus de tout poil.
Dès le lendemain de l'explosion nucléaire le 26
avril 1986, des centaines de villages furent évacués
dans un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale, puis
systématiquement pillés. Des tonnes de meubles,
de vêtements et d'appareils ménagers radioactifs
finirent sur les marchés d'Ukraine ou du Bélarus.
Dans cette "zone" entourée de barbelés,
toute vie est aujourd'hui officiellement bannie.
"C'était facile et sans risque !" témoigne
Léonid, un veil homme originaire de la région. "On
avait tout laissé sur place: les tapis, la vaisselle, les
rideaux, les draps. Même les prises électriques ont
été arrachées".
Des ferrailleurs en quête de métaux s'activent toujours
à désosser les restes des cinquième et sixième
blocs de Tchernobyl, laissés en plan après la catastrophe.
Dans
les fourrières parsemant le périmètre interdit,
les capots rouillés de centaines d'engins ayant servi aux
opérations de décontamination laissent apparaître
des trous béants. Leurs moteurs ont depuis longtemps disparu.
Près d'un millier de policiers sont chargés de garder
la zone d'une superficie totale de 300.000 hectares à cheval
entre l'Ukraine et le Bélarus. Mais les moyens manquent
et la corruption est rampante.
Résultat: des champignons sauvages radioactifs sont régulièrement
trafiqués vers les pays d'Europe occidentale pour finir
dans l'assiette du consommateur peu méfiant.
Des centaines d'arbres contaminés sont abattus et vendus
comme bois de chauffage ou de construction. Et des chasses aux
gros gibiers sont même organisées illégalement
par des responsables bélarusses.
Depuis le départ des populations, l'écosystème
s'est beaucoup développé dans la zone. Malgré
les radiations, les animaux abondent, la diversité des
plantes est impressionnante et près de 180.000 hectares
de forêts couvrent la région.
Une richesse naturelle que le gouvernement ukrainien s'est d'ailleurs
aussi mis en tête d'exploiter pour alléger le fardeau
financier de la catastrophe estimé, selon Kiev, à
quelque 120 milliards de dollars.
Des programmes d'exploitation forestière et agricole sont
donc déjà en place dans la "zone interdite"
et se développent avec l'appui des autorités. Du
bois, des poissons et des animaux d'élevage sont légalement
vendus ou troqués à l'extérieur.
La production de bois a bondi de 400 mètres cubes en 1998
à 11.000 mètres cubes pour les six premiers mois
de cette année, et l'opération a rapporté
25.000 dollars.
"Tout est fait dans le respect des règles sanitaires",
rassure un responsable de la zone, Iouri Matukhno.
Les retombées nucléaires ont contaminé les
sols de manière très irrégulière -en
"tâches de léopard". Ici les arbres sont
pollués. Mais tout à côté, les taux
ne dépassent pas la norme et leur bois est sain.
Depuis deux ans, des alevins radioactifs de carpes sont aussi
fournis à une entreprise commerciale en dehors de la zone
et troqués contre des filets et du matériel de pêche.
Ces petits poissons proviennent du lac de refroidissement de la
centrale, dont la vase est fortement polluée en césium
radioactif.
Une fois "exportés", les alevins sont élevés
dans des bassins "propres". Au bout de deux mois, les
jeunes carpes sont commercialisées, leur organisme ayant
éliminé la radioactivité, expliquent ces
experts.
Plusieurs dizaines de veaux élevés dans des fermes
expérimentales près de Tchernobyl ont aussi été
vendus. Après moins de dix semaines sur des pâturage
non pollués, les bêtes deviennent saines, affirme-t-on.
"Nous aimerions étendre nos activités, mais
les fonds manquent pour l'instant", conclut M. Matukhno.