Sur cette photo de novembre 2000, des véhicules contaminés par la radioactivité sont immobilisés à proximité de la centrale nucléaire de Tchernobyl.
Quelque 1 350 hélicoptères militaires soviétiques, bus, bulldozers, camions-citernes, transporteurs, camions de pompiers et ambulances ont été utilisés lors de la lutte contre la catastrophe nucléaire.
"Dans les fourrières parsemant le périmètre interdit, les capots rouillés de centaines d'engins ayant servi aux opérations de décontamination laissent apparaître des carcasses vides. Des voleurs
ont emporté et recyclé tout ce qu'il y avait à vendre..."

 

Le Soir, 7 février 2005:

Tchernobyl est à vendre

Des parties en métal de la centrale nucléaire de Tchernobyl, dans le nord de l'Ukraine, vont être découpées, puis vendues au poids pour financer le renforcement du sarcophage qui menace de s'effondrer.
 

Selon Olexandre Smychliaïev, le directeur de la compagnie publique "Tchernobylskaïa" qui gère l'ancienne centrale, cette décision a été prise pour pallier l'insuffisance des moyens alloués à la centrale.
Tout le matériel qui sera exporté de la zone contaminée des 30 km a les autorisations où sont mentionnées les données de contrôle de dosimétrie (niveau de radiations), a déclaré M. Smychliaïev, cité par l'agence Itar-Tass, qui affirme que les pièces métalliques sont propres.
Le matériel, qui commencera à être vendu en mars, provient des secteurs les plus éloignés du réacteur, le coeur de la zone de contamination. Le directeur a par ailleurs souligné qu'aucun matériau du sarcophage de béton qui entoure le réacteur ne serait vendu. La Russie pourrait être le plus gros acheteur en raison des centrales de type Tchernobyl qu'elle continue d'exploiter.
L'argent gagné doit servir à renforcer le sarcophage qui menace de s'effondrer. La communauté internationale a rassemblé plus de 720 millions d'euros pour la construction d'une chape d'acier de 20.000 tonnes devant recouvrir l'actuel sarcophage construit à la va-vite après l'accident. Celle-ci doit être achevée vers 2008.
Théâtre en avril 1986 de la pire catastrophe de l'histoire du nucléaire civil, Tchernobyl a été définitivement fermée en décembre 2000 en échange d'une importante aide financière internationale dont une partie seulement a été versée.


Des responsables de Tchernobyl accusés de trafic de déchets radioactifs

KIEV, 17 jan 03 - Le Parquet général d'Ukraine a accusé vendredi "la direction" de la centrale nucléaire de Tchernobyl (nord) d'avoir vendu illégalement plus de 300 tonnes de déchets radioactifs.
Au moins "315 tonnes de tubes métalliques en cuivre, nickel et fer ont été sorties illégalement" de la zone d'exclusion autour de la centrale, pour ensuite être revendues, selon un communiqué du Parquet général qui appelle le gouvernement à prendre "des mesures urgentes" pour mettre fin à ce trafic.
Le Parquet général s'est refusé à préciser le nombre et l'identité des hauts responsables mis en cause dans cette affaire.
Au début du mois, le Parquet avait déjà affirmé que des responsables de Tchernobyl étaient poursuivis en justice pour le détournement de 29,9 millions de hryvnias (5,6 millions de dollars).
La centrale de Tchernobyl, dont le quatrième réacteur avait explosé en avril 1986, contaminant une grande partie de l'Europe, a été fermée en décembre 2000.
Cependant, plusieurs milliers de personnes travaillent encore sur le site contaminé pour assurer le démantèlement de la centrale et l'entretien de la chape de béton recouvrant le réacteur accidenté.


Tchernobyl: magouilles et trafics en tout genre

KIEV, 15 déc 2000 Trafics de métaux ou de bois, vols de meubles ou vente illégale de champignons radioactifs: la zone interdite et contaminée autour de la centrale de Tchernobyl est devenue un inépuisable filon pour les braconniers et les intrus de tout poil.
Dès le lendemain de l'explosion nucléaire le 26 avril 1986, des centaines de villages furent évacués dans un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale, puis systématiquement pillés. Des tonnes de meubles, de vêtements et d'appareils ménagers radioactifs finirent sur les marchés d'Ukraine ou du Bélarus.
Dans cette "zone" entourée de barbelés, toute vie est aujourd'hui officiellement bannie.
"C'était facile et sans risque !" témoigne Léonid, un veil homme originaire de la région. "On avait tout laissé sur place: les tapis, la vaisselle, les rideaux, les draps. Même les prises électriques ont été arrachées".
Des ferrailleurs en quête de métaux s'activent toujours à désosser les restes des cinquième et sixième blocs de Tchernobyl, laissés en plan après la catastrophe.
Dans les fourrières parsemant le périmètre interdit, les capots rouillés de centaines d'engins ayant servi aux opérations de décontamination laissent apparaître des trous béants. Leurs moteurs ont depuis longtemps disparu.
Près d'un millier de policiers sont chargés de garder la zone d'une superficie totale de 300.000 hectares à cheval entre l'Ukraine et le Bélarus. Mais les moyens manquent et la corruption est rampante.
Résultat: des champignons sauvages radioactifs sont régulièrement trafiqués vers les pays d'Europe occidentale pour finir dans l'assiette du consommateur peu méfiant.
Des centaines d'arbres contaminés sont abattus et vendus comme bois de chauffage ou de construction. Et des chasses aux gros gibiers sont même organisées illégalement par des responsables bélarusses.
Depuis le départ des populations, l'écosystème s'est beaucoup développé dans la zone. Malgré les radiations, les animaux abondent, la diversité des plantes est impressionnante et près de 180.000 hectares de forêts couvrent la région.
Une richesse naturelle que le gouvernement ukrainien s'est d'ailleurs aussi mis en tête d'exploiter pour alléger le fardeau financier de la catastrophe estimé, selon Kiev, à quelque 120 milliards de dollars.
Des programmes d'exploitation forestière et agricole sont donc déjà en place dans la "zone interdite" et se développent avec l'appui des autorités. Du bois, des poissons et des animaux d'élevage sont légalement vendus ou troqués à l'extérieur.
La production de bois a bondi de 400 mètres cubes en 1998 à 11.000 mètres cubes pour les six premiers mois de cette année, et l'opération a rapporté 25.000 dollars.
"Tout est fait dans le respect des règles sanitaires", rassure un responsable de la zone, Iouri Matukhno.
Les retombées nucléaires ont contaminé les sols de manière très irrégulière -en "tâches de léopard". Ici les arbres sont pollués. Mais tout à côté, les taux ne dépassent pas la norme et leur bois est sain.
Depuis deux ans, des alevins radioactifs de carpes sont aussi fournis à une entreprise commerciale en dehors de la zone et troqués contre des filets et du matériel de pêche.
Ces petits poissons proviennent du lac de refroidissement de la centrale, dont la vase est fortement polluée en césium radioactif.
Une fois "exportés", les alevins sont élevés dans des bassins "propres". Au bout de deux mois, les jeunes carpes sont commercialisées, leur organisme ayant éliminé la radioactivité, expliquent ces experts.
Plusieurs dizaines de veaux élevés dans des fermes expérimentales près de Tchernobyl ont aussi été vendus. Après moins de dix semaines sur des pâturage non pollués, les bêtes deviennent saines, affirme-t-on.
"Nous aimerions étendre nos activités, mais les fonds manquent pour l'instant", conclut M. Matukhno.