La Voix du Nord, 1/9/2009:
L'opération de décrochage de la barre de combustible restée en suspension est prévue dans les jours qui viennent.
INCIDENT NUCLÉAIRE
Le 9 août, lors d'une opération de maintenance au coeur du réacteur n°1 de la centrale, une barre de combustible a été arrachée de son socle. Depuis, elle est en suspension dans la piscine de refroidissement. Un outil spécifique a été fabriqué puis testé afin de décrocher cette barre. L'opération est programmée dans les jours qui viennent.
Les essais grandeur nature réalisés
au Centre d'expérimentation et de validation des techniques
d'intervention des chaudières nucléaires (CETIC)
ont permis de tester avec succès à la fois l'outil
fabriqué spécifiquement, les conditions de sûreté
et de sécurité requises, mais également les
gestes professionnels des intervenants. L'outil censé décrocher
la barre restée en suspension au coeur de l'unité
de production n°1 a été transféré
à la centrale de Gravelines pour sa mise en place dans
le réacteur.
Intervention imminente
L'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), qui a assisté à la phase d'essai, a donné son feu vert pour la mise en oeuvre de l'intervention. « Cependant, la préparation de l'intervention dans le bâtiment réacteur de l'unité de production n°1 s'effectue pas à pas, sans brûler les étapes, afin que l'ensemble des opérations se déroule dans des conditions de sécurité optimales », précise la direction du site nucléaire de Gravelines. Elle ajoute : « L'intervention est programmée dans les prochains jours ».
Depuis l'incident survenu le 9 août,
la barre de combustible n'a pas bougé. « Les balises
de surveillance de l'atmosphère du bâtiment réacteur
n'ont pas détecté de radioactivité »,
concluent les services d'EDF.
1/9/2009 - Le réseau Sortir du nucléaire a exigé mardi que soit annoncée la date des opérations de récupération d'une barre de combustible décrochée de sa structure le 9 août à la centrale de Gravelines (Nord), pour permettre aux riverains qui le souhaiteraient de s'éloigner de la centrale.
Le réseau demande que soient rendus publics "le jour et l'heure de la tentative d'EDF de récupérer cette barre de combustible (...) afin que les riverains, en particulier ceux des agglomérations de Dunkerque et de Calais, puissent décider s'ils veulent rester ou non à proximité de la centrale". "On ne demande pas l'évacuation, on demande la transparence et l'information", a précisé Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau.
Une injonction à laquelle EDF a refusé de répondre. "Les opérations auront lieu cette semaine", a simplement indiqué une porte-parole de la centrale de Gravelines. "Nous avons fait ce qu'il fallait en terme d'information à la population", a-t-elle ajouté. L'incident, "sans conséquences pour l'environnement et la sûreté", selon EDF, s'est produit dans la nuit du 8 au 9 août lors des opérations de déchargement du combustible du réacteur numéro 1 de la centrale.
Un assemblage combustible est resté accroché aux structures internes supérieures au cours de ces manuvres alors interrompues, avant l'évacuation du bâtiment réacteur et son isolement, conformément aux règles d'exploitation du réacteur, selon l'ASN. Celle-ci a annoncé mardi dans un communiqué avoir donné son accord pour "la réalisation des opérations de sécurisation, de déblocage et de transfert de l'élément combustible".
"Il s'agit d'installer un système qui se resserre autour de la barre pour la bloquer et la récupérer. C'est du bricolage", a estimé Stéphane Lhomme. Située en bord de mer entre Calais et Dunkerque, la centrale de Gravelines, qui emploie 1.600 personnes, possède 6 réacteurs qui ont produit 37,6 Térawattheures en 2008. Elle peut alimenter en électricité toute la région Nord/Pas-de-Calais.
Le Monde, 19/8/2009:
Une barre de combustible est bloquée depuis le 9 août au-dessus du coeur du réacteur. Ce type d'incident est déjà survenu dans d'autres centrales
Depuis le 9 août, une barre de combustible nucléaire est en suspens au-dessus du coeur du réacteur n° 1 de la centrale de Gravelines (Nord). Son exploitant, EDF, met actuellement au point un dispositif permettant de retirer sans dommage cet assemblage. Sorti aux trois quarts de son emplacement normal lors de la préparation d'opérations de déchargement du combustible, il joue les épées de Damoclès.
"Dans l'hypothèse d'une chute de cet assemblage, les calculs réalisés par les experts d'EDF montrent que les conséquences radiologiques à l'extérieur du site seraient très inférieures aux valeurs réglementaires (...) pour la population, et qu'elles ne nécessiteraient donc pas d'actions de protection vis-à-vis des salariés de la centrale, de la population et de l'environnement", assure EDF. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a provisoirement classé l'incident au niveau 1 de l'échelle des événements nucléaires, graduée de 0 à 7.
EDF avait été confrontée à un problème similaire en 1999, à la centrale de Nogent-sur-Seine (Aube). Puis en septembre 2008, au Tricastin (Vaucluse), où deux éléments combustibles n'avaient été "sécurisés" qu'après un mois et demi d'études et d'essais.
Maquette
La même méthode devrait être utilisée à Gravelines pour soutenir, puis désolidariser, l'assemblage resté accroché, sous 9 mètres d'eau, aux "éléments internes supérieurs" qui coiffent les 157 barres de combustibles lorsque le réacteur est en fonctionnement. L'outil de secours sera d'abord testé en grandeur nature sur une maquette au Centre d'expérimentation sur chaudières nucléaires de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). Au Tricastin, une erreur de mesure de quelques centimètres avait contraint EDF à revoir sa copie, avant de mener à bien cette opération délicate.
Comment expliquer ces incidents ? Au Tricastin, certains assemblages ne respectaient pas un alignement qui permet à leur extrémité d'être centrée. La faute "à une bille de roulement tombée d'un pont de manutention au fond de la cuve du réacteur", comme l'indique Guillaume Wack, directeur des centrales nucléaires à l'ASN ? Ou "peut-être en raison d'une dilatation", ainsi qu'on l'avance à EDF, ce qui serait plus inquiétant pour le reste du parc ?
Aucune de ces deux explications, contradictoires, ne semble valable à Gravelines : les enregistrements vidéo montrent que les assemblages étaient bien alignés lors du chargement. "Nous avons à Gravelines les mêmes conséquences qu'au Tricastin, mais pas les mêmes causes", note M. Wack. La panne du réacteur, qui devait redémarrer courant septembre (selon l'ASN) ou octobre (dixit EDF), risque en tout cas de coûter cher à l'électricien.
La Voix du Nord, 11/8/2009:
C'est lors d'une opération de maintenance de ce type, soit l'extraction d'une barre d'uranium, que l'incident est survenu.
Un incident technique qualifié par la direction de la centrale de Gravelines d'« exceptionnel » et de « délicat », est survenu lors du déchargement du combustible situé au coeur du réacteur n°1, en arrêt pour une opération de maintenance. La population n'encourt aucun danger au niveau radiologique, mais la centrale risque d'être confrontée à un problème technique long, périlleux et particulièrement complexe.
L'incident est survenu vers 4 h, dimanche. Alors que la société Areva manipulait une barre de combustible, dans une opération destinée à soulever et retirer une partie de l'assemblage, c'est tout le bloc d'uranium qui s'est décroché, au coeur du réacteur en arrêt de maintenance depuis le 2 août.
Depuis, cette barre d'uranium de plusieurs
centaines de kilos est suspendue dans la piscine avec le risque
qu'elle se décroche et retombe sur les 156 barres similaires
fixées au fond de la cuve du réacteur. Ce serait
le pire des scénarios pour la centrale et les installations
au sein du réacteur n°1.
Un précédent à Tricastin
Le directeur adjoint du centre national de production d'électricité de Gravelines se veut néanmoins rassurant : « Notre priorité, c'est la sûreté et l'environnement. Or, il n'y a aucun risque pour la population. Dans l'hypothèse d'une chute de cet assemblage, les calculs réalisés par les experts d'EDF montrent que les conséquences radiologiques à l'extérieur du site seraient très inférieures aux valeurs réglementaires de 1 mSv par an et par habitant pour la population et l'environnement et qu'elles ne nécessiteraient donc pas d'actions de protection vis-à-vis des salariés de la centrale ».
Pour intervenir et réparer « cet aléa technique très rare et délicat », précise la direction, les experts de la centrale ainsi que des experts nationaux sont mobilisés en permanence. Ils s'appuieront sur l'exemple de la centrale nucléaire de Tricastin, dans la Drôme, qui a un connu un problème similaire en septembre 2008.
Sur le temps que prendra l'opération de décrochage des deux parties de la barre d'uranium et son stockage, le directeur-adjoint estime qu'il est trop tôt pour donner une estimation. « Actuellement, notre priorité est de maintenir l'élément combustible suspendu et de le sécuriser. À titre préventif, le bâtiment réacteur a été fermé et une surveillance continue est mise en place. Il ne s'agit pas d'aller vite, mais de prendre un maximum de précautions ». L'incident a été classé au niveau 1 sur l'échelle de classement des événements nucléaires qui compte sept niveaux.