Tricastin: 1 des 157 assemblages combustibles est resté accroché au système de maintien...
Association Sous-traitance - santé
dans le nucléaire et la chimieCommuniqué 14 novembre 2009
TRICASTIN : ATTENTION DANGER
Une intervention est prévue à Tricastin pendant le week-end pour tenter de remettre en place l'élément combustible toujours en suspension.
Des salariés prestataires ENDEL-GDF-SUEZ doivent réaliser cette intervention dans des conditions de danger grave et imminent (risque élevé de contamination interne)
EDF joue à la roulette russe :"Il faut croiser les doigts pour que l'assemblage ne tombe pas", a dit un agent de la centrale, craignant pour la sécurité du personnel.
Nous en appelons au CHSCT EDF de la centrale de Tricastin pour qu'il déclanche le droit d'alerte et prenne les mesures qui s'imposent pour empêcher la mise en danger des salariés d'ENDEL-GDF-Suez.Contact :
Philippe Billard
17/11/2009 - Le décrochage de l'assemblage de combustible suspendu depuis plus de dix jours, au-dessus de la cuve d'un réacteur de la centrale nucléaire de Tricastin (Drôme), va débuter cette semaine, a dit mardi EDF EDF.PA .
L'incident survenu le 5 novembre, lors d'un déchargement de combustible, a entraîné la fermeture du bâtiment du réacteur numéro deux lorsqu'une barre contenant de l'uranium est restée suspendue au système de maintien.
Ce type d'incident, qui a pourtant peu de chance de se produire, est le troisième en 14 mois après celui de la centrale de Gravelines en août et celui de Tricastin sur la même unité de production en septembre 2008. "L'outil (spécialement adapté au décrochage de l'assemblage) va maintenant être acheminé sur le site de Tricastin", peut-on lire dans une note publiée par EDF sur son site internet.
Un agent de la centrale a dit à Reuters
que la sécurisation de l'assemblage pour éviter
sa chute serait effectuée mercredi et que le décrochage
aurait lieu le lendemain. "Les opérations de maintenance
pourront reprendre normalement à partir de vendredi",
a dit cet agent.
JDD.fr, 6/11/2009:
Un incident a provoqué jeudi soir l'arrêt complet des opérations de maintenance à la centrale nucléaire du Tricastin. La cause de l'événement n'est pas connue.
La centrale du Tricastin (Drôme) refait
parler d'elle. Jeudi soir, un incident, de niveau 1 sur l'échelle
[médiatique] internationale
des événements nucléaires (Ines), est survenu
sur le réacteur n°2 entraînant l'arrêt
des opérations de maintenance en cours. "Les intervenants
ont constaté, dans le cadre de leur procédure de
surveillance, qu'un des 157 assemblages combustibles était
resté accroché au système de maintien",
précise EDF dans un communiqué. Le bâtiment
réacteur a été fermé de manière
préventive et une surveillance continue a été
mise en place. En septembre dernier, un incident similaire sur
le même réacteur avait mis plus de deux mois à
être résolu.
Une situation "périlleuse"
Craignant pour la sécurité du personnel, un agent de la centrale a déclaré qu'il "[fallait] croiser les doigts pour que l'assemblage ne tombe pas. S'il tombe et que la gaine du combustible se perce, il y aura une bulle qui va se former et on estime que les gens sur place peuvent absorber la dose annuelle (radioactive) autorisée en trois minutes". Face à ce constat inquiétant, les associations anti-nucléaires dénoncent une situation "périlleuse".
Dans un communiqué où sont évoqués les deux incidents du Tricastin et celui survenu à la centrale de Gravelines (Nord) en août, le réseau Sortir du Nucléaire juge "stupéfiant de constater que cette situation aussi rarissime que dangereuse vient de se produire à trois reprises en quelques mois" et ajoute que cela "illustre la rapide dégradation du parc nucléaire français". A l'heure actuelle, un tiers des réacteurs de l'Hexagone (18 sur 58) sont à l'arrêt pour des raisons diverses.
Sur place, au Tricastin, les équipes
d'experts de la centrale travaillent avec celles d'ingénierie
d'EDF et d'Areva afin de stabiliser la position d'assemblage,
de procéder au décrochage et au transfert de la
barre d'uranium qui menace de se décrocher. A la mi-journée,
le directeur de la centrale, Laurent Delabroy, a indiqué
sur France Info que la cause de l'incident restait pour le moment
inconnue.
Les inquiétudes de l'EPR
Ce nouvel incident intervient alors que la
sureté des nouveaux EPR a été mise en cause
ces derniers jours. Dans une déclaration commune, les autorités
de sûreté nucléaire française (ASN),
britannique (HSE) et finlandaise (STUK) avaient émis des
doutes lundi sur le système de sécurité de
l'EPR, le réacteur de quatrième génération,
et demandé à Areva "d'améliorer [sa]
conception initiale".
La construction du réacteur n'est pas pour autant remise
en question et aucun retard ne devrait être envisagé
à partir du moment où certaines garanties sont apportées.
"La technique de l'EPR n'est pas en cause" a déclaré
le Premier ministre, François Fillon, dans une interview
au Monde de vendredi, ajoutant que les "problèmes
posés par l'Autorité de sureté (ASN) vont
être résolus et que les réacteurs français
vont figurer parmi les meilleurs et les plus sûrs du monde".
6/11/2009 - Les opérations de maintenance ont été suspendues sur le réacteur n°2 de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) à la suite d'un incident intervenu lors du déchargement d'une partie des barres d'uranium, a annoncé EDF vendredi dans un communiqué.
"Un des 157 assemblages combustible" (barres d'uranium) est "resté accroché" à l'intérieur de la piscine du réacteur nucléaire "lors des opérations de déchargement du combustible", a indiqué EDF. "Dès la détection de cet écart, les opérations de maintenance ont été suspendues pour permettre la résolution de ce problème technique. Le bâtiment réacteur a été fermé de façon préventive et une surveillance continue mise en place", ajoute le groupe.
"La direction de la centrale propose de classer l'événement au niveau 1 de l'échelle [médiatique] INES" (International Nuclear Event Scale, ndlr), qui compte huit niveaux de gravités notés de 0 à 7, est-il précisé. Un porte-parole de la centrale a indiqué qu'il était "trop tôt" pour dire si l'incident allait retarder les opérations de maintenance.
Un incident similaire intervenu le 8 septembre 2008 sur le même réacteur avait retardé les opérations de maintenance de plusieurs mois. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait à la suite de cet incident demandé à EDF d'"engager des actions particulières dans la surveillance des opérations de rechargement de combustibles des réacteurs nucléaires".
EDF souligne dans son communiqué que son "retour d'expérience" à la suite de ce premier incident lui a "permis d'identifier rapidement l'anomalie". "Les équipes d'experts de la centrale travaillent avec les équipes nationales d'ingénierie d'EDF et (du groupe nucléaire) Areva pour stabiliser la position de l'assemblage et procéder à son décrochage et à son transfert", est-il ajouté dans le communiqué.
Un autre accident était intervenu en mai dans le réacteur n°1 de la centrale du Tricastin : deux pièces métalliques de deux tonnes chacune, utilisées pour des tests de fonctionnement sur le pont de manutention, étaient tombées d'une hauteur d'environ 15 mètres.La centrale nucléaire du Tricastin, implantée sur la commune de Saint-Paul-Trois-Châteaux, est équipée de quatre réacteurs à eau sous pression de 900 mégawatts (MW).
Le réacteur n°2 était arrêté depuis le samedi 31 octobre pour rechargement du combustible nucléaire et opérations de maintenance.Sur les 58 réacteurs nucléaires français, 15 sont actuellement à l'arrêt, a indiqué vendredi le PDG d'EDF Pierre Gadonneix.
"Les réacteurs nucléaires français, vieillissant, sont de plus dans un état extrêmement dégradé du fait du fonctionnement +en suivi de charge+ imposé par la prédominance du nucléaire dans le production française d'électricité", a réagi le réseau Sortir du nucléaire dans un communiqué.
La Voix du Nord, 1/9/2009:
L'opération de décrochage de la barre de combustible restée en suspension est prévue dans les jours qui viennent.
INCIDENT NUCLÉAIRE
Le 9 août, lors d'une opération de maintenance au coeur du réacteur n°1 de la centrale, une barre de combustible a été arrachée de son socle. Depuis, elle est en suspension dans la piscine de refroidissement. Un outil spécifique a été fabriqué puis testé afin de décrocher cette barre. L'opération est programmée dans les jours qui viennent.
Les essais grandeur nature réalisés
au Centre d'expérimentation et de validation des techniques
d'intervention des chaudières nucléaires (CETIC)
ont permis de tester avec succès à la fois l'outil
fabriqué spécifiquement, les conditions de sûreté
et de sécurité requises, mais également les
gestes professionnels des intervenants. L'outil censé décrocher
la barre restée en suspension au coeur de l'unité
de production n°1 a été transféré
à la centrale de Gravelines pour sa mise en place dans
le réacteur.
Intervention imminente
L'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), qui a assisté à la phase d'essai, a donné son feu vert pour la mise en oeuvre de l'intervention. « Cependant, la préparation de l'intervention dans le bâtiment réacteur de l'unité de production n°1 s'effectue pas à pas, sans brûler les étapes, afin que l'ensemble des opérations se déroule dans des conditions de sécurité optimales », précise la direction du site nucléaire de Gravelines. Elle ajoute : « L'intervention est programmée dans les prochains jours ».
Depuis l'incident survenu le 9 août,
la barre de combustible n'a pas bougé. « Les balises
de surveillance de l'atmosphère du bâtiment réacteur
n'ont pas détecté de radioactivité »,
concluent les services d'EDF.
1/9/2009 - Le réseau Sortir du nucléaire a exigé mardi que soit annoncée la date des opérations de récupération d'une barre de combustible décrochée de sa structure le 9 août à la centrale de Gravelines (Nord), pour permettre aux riverains qui le souhaiteraient de s'éloigner de la centrale.
Le réseau demande que soient rendus publics "le jour et l'heure de la tentative d'EDF de récupérer cette barre de combustible (...) afin que les riverains, en particulier ceux des agglomérations de Dunkerque et de Calais, puissent décider s'ils veulent rester ou non à proximité de la centrale". "On ne demande pas l'évacuation, on demande la transparence et l'information", a précisé Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau.
Une injonction à laquelle EDF a refusé de répondre. "Les opérations auront lieu cette semaine", a simplement indiqué une porte-parole de la centrale de Gravelines. "Nous avons fait ce qu'il fallait en terme d'information à la population", a-t-elle ajouté. L'incident, "sans conséquences pour l'environnement et la sûreté", selon EDF, s'est produit dans la nuit du 8 au 9 août lors des opérations de déchargement du combustible du réacteur numéro 1 de la centrale.
Un assemblage combustible est resté accroché aux structures internes supérieures au cours de ces manuvres alors interrompues, avant l'évacuation du bâtiment réacteur et son isolement, conformément aux règles d'exploitation du réacteur, selon l'ASN. Celle-ci a annoncé mardi dans un communiqué avoir donné son accord pour "la réalisation des opérations de sécurisation, de déblocage et de transfert de l'élément combustible".
"Il s'agit d'installer un système qui se resserre autour de la barre pour la bloquer et la récupérer. C'est du bricolage", a estimé Stéphane Lhomme. Située en bord de mer entre Calais et Dunkerque, la centrale de Gravelines, qui emploie 1.600 personnes, possède 6 réacteurs qui ont produit 37,6 Térawattheures en 2008. Elle peut alimenter en électricité toute la région Nord/Pas-de-Calais.
Le Monde, 19/8/2009:
Une barre de combustible est bloquée depuis le 9 août au-dessus du coeur du réacteur. Ce type d'incident est déjà survenu dans d'autres centrales
Depuis le 9 août, une barre de combustible nucléaire est en suspens au-dessus du coeur du réacteur n° 1 de la centrale de Gravelines (Nord). Son exploitant, EDF, met actuellement au point un dispositif permettant de retirer sans dommage cet assemblage. Sorti aux trois quarts de son emplacement normal lors de la préparation d'opérations de déchargement du combustible, il joue les épées de Damoclès.
"Dans l'hypothèse d'une chute de cet assemblage, les calculs réalisés par les experts d'EDF montrent que les conséquences radiologiques à l'extérieur du site seraient très inférieures aux valeurs réglementaires (...) pour la population, et qu'elles ne nécessiteraient donc pas d'actions de protection vis-à-vis des salariés de la centrale, de la population et de l'environnement", assure EDF. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a provisoirement classé l'incident au niveau 1 de l'échelle des événements nucléaires, graduée de 0 à 7.
EDF avait été confrontée à un problème similaire en 1999, à la centrale de Nogent-sur-Seine (Aube). Puis en septembre 2008, au Tricastin (Vaucluse), où deux éléments combustibles n'avaient été "sécurisés" qu'après un mois et demi d'études et d'essais.
Maquette
La même méthode devrait être utilisée à Gravelines pour soutenir, puis désolidariser, l'assemblage resté accroché, sous 9 mètres d'eau, aux "éléments internes supérieurs" qui coiffent les 157 barres de combustibles lorsque le réacteur est en fonctionnement. L'outil de secours sera d'abord testé en grandeur nature sur une maquette au Centre d'expérimentation sur chaudières nucléaires de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). Au Tricastin, une erreur de mesure de quelques centimètres avait contraint EDF à revoir sa copie, avant de mener à bien cette opération délicate.
Comment expliquer ces incidents ? Au Tricastin, certains assemblages ne respectaient pas un alignement qui permet à leur extrémité d'être centrée. La faute "à une bille de roulement tombée d'un pont de manutention au fond de la cuve du réacteur", comme l'indique Guillaume Wack, directeur des centrales nucléaires à l'ASN ? Ou "peut-être en raison d'une dilatation", ainsi qu'on l'avance à EDF, ce qui serait plus inquiétant pour le reste du parc ?
Aucune de ces deux explications, contradictoires, ne semble valable à Gravelines : les enregistrements vidéo montrent que les assemblages étaient bien alignés lors du chargement. "Nous avons à Gravelines les mêmes conséquences qu'au Tricastin, mais pas les mêmes causes", note M. Wack. La panne du réacteur, qui devait redémarrer courant septembre (selon l'ASN) ou octobre (dixit EDF), risque en tout cas de coûter cher à l'électricien.
La Voix du Nord, 11/8/2009:
C'est lors d'une opération de maintenance de ce type, soit l'extraction d'une barre d'uranium, que l'incident est survenu.
Un incident technique qualifié par la direction de la centrale de Gravelines d'« exceptionnel » et de « délicat », est survenu lors du déchargement du combustible situé au coeur du réacteur n°1, en arrêt pour une opération de maintenance. La population n'encourt aucun danger au niveau radiologique, mais la centrale risque d'être confrontée à un problème technique long, périlleux et particulièrement complexe.
L'incident est survenu vers 4 h, dimanche. Alors que la société Areva manipulait une barre de combustible, dans une opération destinée à soulever et retirer une partie de l'assemblage, c'est tout le bloc d'uranium qui s'est décroché, au coeur du réacteur en arrêt de maintenance depuis le 2 août.
Depuis, cette barre d'uranium de plusieurs
centaines de kilos est suspendue dans la piscine avec le risque
qu'elle se décroche et retombe sur les 156 barres similaires
fixées au fond de la cuve du réacteur. Ce serait
le pire des scénarios pour la centrale et les installations
au sein du réacteur n°1.
Un précédent à Tricastin
Le directeur adjoint du centre national de production d'électricité de Gravelines se veut néanmoins rassurant : « Notre priorité, c'est la sûreté et l'environnement. Or, il n'y a aucun risque pour la population. Dans l'hypothèse d'une chute de cet assemblage, les calculs réalisés par les experts d'EDF montrent que les conséquences radiologiques à l'extérieur du site seraient très inférieures aux valeurs réglementaires de 1 mSv par an et par habitant pour la population et l'environnement et qu'elles ne nécessiteraient donc pas d'actions de protection vis-à-vis des salariés de la centrale ».
Pour intervenir et réparer « cet aléa technique très rare et délicat », précise la direction, les experts de la centrale ainsi que des experts nationaux sont mobilisés en permanence. Ils s'appuieront sur l'exemple de la centrale nucléaire de Tricastin, dans la Drôme, qui a un connu un problème similaire en septembre 2008.
Sur le temps que prendra l'opération de décrochage des deux parties de la barre d'uranium et son stockage, le directeur-adjoint estime qu'il est trop tôt pour donner une estimation. « Actuellement, notre priorité est de maintenir l'élément combustible suspendu et de le sécuriser. À titre préventif, le bâtiment réacteur a été fermé et une surveillance continue est mise en place. Il ne s'agit pas d'aller vite, mais de prendre un maximum de précautions ». L'incident a été classé au niveau 1 sur l'échelle de classement des événements nucléaires qui compte sept niveaux.
Rappelons que lors de l'opération de
déchargement de combustible du réacteur 2 de Tricastin,
le soulèvement des équipements internes supérieurs
de la cuve qui comprend la plaque supérieure de coeur en
acier pesant 65 tonnes, a entraîné 2 assemblages
de combustible qui y sont restés accrochés, à
quelques mètres au-dessus des 155 autres assemblages toujours
dans la cuve.
EDF a déclaré l'incident niveau 1 de l'échelle
INES.
Depuis le 8 septembre le réacteur ne présente pas
de risque de criticité car les 157 assemblages et leurs
crayons absorbants sont sous eau borée, et l'évacuation
de l'énergie résiduelle du coeur est assurée
par le circuit de refroidissement à l'arrêt RRA.
C'est donc rassurant. Mais le problème n'est pas aussi
simple qu'il y paraît au premier abord. L'incident ne
pourra être considéré comme terminé
qu'après le dégagement des deux assemblages sans
chute et sans détérioration, leur transfert dans
la piscine d'entreposage du bâtiment combustible et que
quand les 155 autres assemblages auront été transférés
eux aussi dans leur alvéole de la piscine. Il est nécessaire
de maintenir le refroidissement du coeur pendant toute la durée
de ces opérations.
Depuis un mois, les communiqués ASN
se contredisent parfois et EDF veut tellement rassurer qu'elle
en vient à contredire l'ASN.
Au travers des communiqués de l'ASN on peut noter une progression
dans l'exposé de la gravité de l'incident.
-Le premier, du 8 septembre, était quasiment anodin et
sans information concrète, avec, en plus, une erreur en
citant un incident analogue qui s'est produit sur le réacteur
1 de Nogent-sur-Seine le 19 août 1998 et
a été daté « 1999 ».
-Celui du 2 octobre avec un dessin schématisant la situation
dans le bâtiment réacteur était plus instructif.
Après avoir indiqué : « Dans la situation
actuelle, une éventuelle chute des deux assemblages pourrait
avoir deux conséquences : un risque de criticité,
à savoir le déclenchement d'une réaction
en chaîne incontrôlée, et un risque de relâchement
à l'intérieur et à l'extérieur de
la centrale de produits de fission gazeux » l'ASN ajoute
aussitôt : « L'ASN considère qu'il n'y a
pas de risque de criticité. Les barres de contrôle
de la réaction en chaîne sont en effet complètement
insérées dans le coeur du réacteur et l'eau
de refroidissement contient une forte concentration en bore, absorbant
de neutron, qui étouffe la réaction en chaîne
».
Donc pas de risque de criticité mais risque de relâchement
de produits radioactifs y compris à l'extérieur
de la centrale.
Il n'a pas été indiqué dans les différents
communiqués officiels ASN et EDF, que le réacteur
2 de Tricastin est « moxé
». Pour ces réacteurs le combustible renferme 70%
d'oxyde d'uranium enrichi standard (de 3,1 à 4,2 % d'uranium
235) appelé UOX -« uranium oxide »-
et 30% d'un mélange d'oxyde d'uranium appauvri et d'oxyde
de plutonium -« mixed oxides »- (renfermant
entre 5 et 7% de plutonium par assemblage). Un assemblage MOX
usé, en fin de cycle, contient beaucoup plus de radioactivité
qu'un assemblage à oxyde d'uranium enrichi habituel avec
4 à 5 fois plus de plutonium et davantage d'actinides mineurs
(américium, curium et neptunium). A taux de combustion
égal les émissions neutroniques du MOX usé
sont 10 fois plus importantes que celles du combustible standard
usé UOX [1]. Le débit de dose dans le bâtiment
réacteur n'a pas été donné.
-La lettre adressée à EDF par le délégué
territorial de l'autorité de sûreté nucléaire
(ASN) après l'inspection du 17 septembre a été
rendue publique dernièrement sur le site internet ASN.
Comparée aux communiqués précédents
elle est enfin beaucoup plus "informative" et pointe
les manquements à la sûreté. On y relève
un ensemble d'anomalies de fonctionnement et les « demandes
d'actions correctives » à EDF pour y remédier,
une demande concernant le circuit de refroidissement à
l'arrêt (RRA) et une demande sur les modalités de
l'intervention technique.
J'ai regroupé les anomalies, avec quelques remarques. Les
extraits de textes officiels sont en italique.
LA LETTRE D'INSPECTION ASN RÉVÈLE
UN ENSEMBLE D'ANOMALIES INADMISSIBLES
- La levée des structures
internes supérieures.
Assez bizarrement il n'y a pas de procédure correspondant
à l'incident du 8 septembre où l'opération
de levée des équipements internes supérieurs
a conduit à un événement de manutention du
combustible.
La lettre du 17 septembre indique: « je vous demande
de considérer désormais au niveau de votre organisation
que l'opération de levée des internes constitue
une phase de manutention du combustible et de lui appliquer les
dispositions organisationnelles qui en découlent »
Ainsi il n'y a pas eu de retour d'expérience suite
à l'incident de Nogent de 1998 avec établissement
d'une procédure qui en tienne compte !
Or la note ASN du 2 octobre indiquait "La possibilité
de détérioration, lors de la manutention des assemblages
combustibles y compris leur chute éventuelle, des gaines
de protection des "crayons" de combustible constituant
les assemblages fait partie des événements que l'ASN
demande de prendre en compte et d'anticiper lors de l'autorisation
d'exploitation d'un réacteur".
On ne sait pas sous quel angle la photo a été prise mais on voit bien les pions verticaux correspondant à des assemblages qui sont restés dans la cuve comme il le fallait alors que les tubes guide de l'assemplage suspendu sont légèrement inclinés par rapport à la verticale
Qu'en est-il donc en réalité
?
Effectivement, dans l'édition publique des textes du rapport
de sûreté qui décrit les conditions de fonctionnement
d'un réacteur [2], les classant en 4 catégories
(et non pas 7 comme dans l'échelle de communication INES),
si la catégorie I concerne des incidents courants
en fonctionnement normal, la catégorie II les conditions
de fonctionnement transitoire résultant d'une erreur de
l'opérateur, d'une défaillance du système
de commande etc. ne nécessitant pas l'arrêt pour
remise en état ou bien s'il y a eu arrêt d'urgence
et que le redémarrage peut intervenir dès que l'action
corrective a été effectuée etc., on voit
que le fonctionnement avec un assemblage mal positionné
figure, lui, dans la catégorie III relative à
des conditions de fonctionnement exceptionnelles dans lesquelles
peut se trouver une tranche dans des conditions accidentelles
très peu fréquentes ne devant pas se présenter
plus d'une fois dans la vie de la chaudière nucléaire.
Les conditions de la catégorie IV « (...)
sont celles dont la probabilité d'apparition ne les
rend pratiquement pas concevables. Les conséquences de
ces conditions sont telles que l'intégrité et le
fonctionnement de la chaudière nucléaire sont affectées
à un point tel que la sécurité et la santé
du public sont impliquées sans que toutefois, les critères
de sûreté établis par les autorités
légales soient transgressées ». L'accident
de manutention de combustible figure en catégorie IV.
Mais il a été conçu comme survenant dans
le bâtiment combustible !
Le problème lié aux équipements internes
supérieurs (EIS) de cuve n'a pas été anticipé.
Ils ont pour fonction de bien positionner les assemblages combustibles,
de les maintenir dans le sens axial et aussi latéralement
grâce aux pions de centrage fixés sur la plaque supérieure
de coeur. Il n'a pas été conçu que les assemblages
pourraient s'accrocher à la plaque supérieure de
coeur . Qu'il s'agisse d'une détérioration des pions
de centrage suite à des fausses manuvres ou due à
des déformations des structures métalliques de maintien
des assemblages par action des neutrons sur les alliages, ou de
tout autre phénomène à inventorier, c'est
une erreur de conception dont il s'agit. Et en plus l'incident
de Nogent n'a pas modifié l'approche d'EDF vis-à-vis
de ce nouveau problème, il n'y a pas eu de retour d'expérience
introduisant une procédure adéquate !
- A quoi est donc dû cet accrochage ?
Les pions de centrage
Ce sont ces pions de centrage qui étaient détériorés
dans l'incident de Nogent en 1998. Les inspecteurs de l'ASN ont
noté dans leur lettre que les équipements internes
supérieurs du réacteur 2 de Tricastin n'étaient
contrôlés que tous les10 ans. Ils demandent
d'augmenter la fréquence des contrôles « notamment
en vue de détecter d'éventuelles déformations
des pions de centrage ». Qu'en est-il sur les autres
réacteurs du parc nucléaire ?
Le jeu inter-assemblages
Les demandes d'actions correctives demandées par l'ASN
suite à l'inspection montrent que déjà au
cycle précédent le chargement 2007 du combustible
était anormal à cause du jeu inter-assemblages qui
dépassait 10 mm contrairement à la règle
d'un jeu inférieur à 10 mm établie après
l'incident de Nogent de 1998. Il est demandé à EDF
de pouvoir mesurer ce critère de jeu « de manière
précise avec des outils appropriés » [!]
Les outils de mesure ne sont pas « appropriés »
actuellement ? Est-ce un défaut générique
?
Il n'est pas rappelé qu'il y a eu, lors de ce démarrage
en 2007 un problème de "défaut de maîtrise
de la divergence" ; peut-il être lié à
ce mauvais positionnement de l'assemblage ? Ce qui est clair c'est
que l'assemblage en question étant mal positionné
relevait d'un fonctionnement de catégorie III considéré
dans les textes du rapport de sûreté comme événement
accidentel.
D'autre part rappelons que sous irradiation neutronique, les gaz
de fission produits, les défauts créés dans
les matériaux provoquent des déformations, des gonflements
qui affectent le combustible, les gaines et les structures de
soutien de l'assemblage combustible ce qui peut gêner leur
alignement rigoureux.
- Le problème du pont polaire qui sert au levage.
Il soutient actuellement l'équipement des internes
supérieurs dont la plaque supérieure de coeur de
65 tonnes et les deux assemblages qui y sont accrochés
soit en tout environ 66,5 tonnes.
On apprend que «le fin de course bas
» n'a pas été testé, les essais de
survitesse n'ont pas été réalisés
Dans toutes les entreprises industrielles les ponts de manutention
sont soigneusement testés. Pas à EDF ?
- Le « tampon matériel » peut rester ouvert.
Sous couvert d'une « condition limite » qui n'est
pas indiquée, le tampon matériel a la possibilité
d'être ouvert. « Dans ce cas de figure autorisé
par les STE [spécifications techniques d'exploitation]
le confinement est totalement reporté sur une seule barrière,
la gaine du combustible ».
Le tampon matériel ouvert c'est l'enceinte de confinement
du bâtiment réacteur qui ne joue plus son rôle.
Les gaines, unique barrière de confinement ? (Alors
que certaines peuvent fuir comme dernièrement à
Civaux et comme l'a montré l'affaire Cézus). Si les deux assemblages
du haut tombaient sur ceux du dessous, soit plus de 1500 kg, adieu
cette « barrière » en zircaloy (alliage de
zirconium) de seulement 0,57 mm d'épaisseur.
Adieu les 3 barrières de la défense en profondeur,
c'est à l'extérieur du bâtiment réacteur
que la radioactivité se répandrait. Pour un incident
de niveau 1 c'est pas mal...
La note ASN du 2 octobre 2008 avait beau dire "l'enceinte
de confinement et le système de ventilation sont conçus
pour faire face à des événements de ce type.
L'ASN vérifie par ses contrôles réguliers
ces dispositions " la lettre d'inspection contredit ces
paroles rassurantes (Question : le système de ventilation
ventile l'air où ?)
La note d'EDF du 7 octobre est encore plus rassurante. Elle indique
que « dans l'hypothèse d'une chute des deux assemblages,
l'examen réalisé par l'Institut de Protection et
de Sûreté Nucléaire (IRSN) à la demande
de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN)
montre que les conséquences radiologiques à l'extérieur
du site seraient très inférieures aux valeurs et
ne nécessiteraient pas d'actions de protection vis-à-vis
des agents de la centrale, de la population et de l'environnement
».
C'est vraiment très optimiste, si seule les gaines de combustible
servent de barrière en cas de tampon matériel ouvert.
- En cas d'incendie
Dans la configuration actuelle les modalités pour engager
les équipes d'intervention voire des secours extérieurs
ne sont pas définies.
- Maintenance
Etant donné la durée de l'incident, l'ASN demande
à EDF de revoir les délais pour la réalisation
de certains essais périodiques prévus avant l'incident.
EDF doit fournir à l'ASN un dossier de modification temporaire
des règles.
Dans l'ensemble cela représente beaucoup
de règles violées et d'"insuffisances"
notoires. Signalons une toute récente note ASN du 24 sept.
2008 titrée : "Réglage des chaînes neutroniques
non conformes aux règles générales d'exploitation".
Le respect des procédures
et des règles d'exploitations, la qualité des contrôles,
ne semblent pas faire partie du quotidien d'EDF.
Et c'est avec ce type de "culture de la sûreté"
qu'on fait fonctionner nos réacteurs
!
LE CIRCUIT RRA (REFROIDISSEMENT DU RÉACTEUR
A L'ARRÊT)
Ce circuit ne fonctionne pas en permanence.
Il est en service lors du chargement et du déchargement
de combustible, lors de transitoires et de situations incidentelles.
Il est désormais connu que l'utilisation prolongée
du RRA entraîne la fatigue thermique de l'acier des tuyauteries
dans les zones de mélange eau chaude/eau froide et peut
provoquer des fissurations. Le défaut de faïençage
thermique a d'abord été mis en évidence avec
fissuration et fuite d'eau d'une tuyauterie dans les parties coudées
du réacteur 1 de Civaux qui n'avait alors fonctionné
que 5 mois et à 50% de sa puissance. Le faïençage
thermique a ensuite été trouvé dans des parties
droites, partout où il y a un mélange, sans fuite
préalable mais avec détérioration de l'acier
(donc susceptible de fissurer et de se rompre ultérieurement):
les zones de mélange eau chaude /eau froide suffisent à
induire le phénomène. Il y a aussi des piquages
sensibles à la fatigue vibratoire (liée à
la circulation de l'eau).
Dans les réacteurs 900 MW non moxés l'état
d'arrêt à froid qui permet l'ouverture de la cuve
est atteint lorsque l'eau du RRA est à 60°C et dépressurisé
à la pression atmosphérique. Il y a beaucoup plus
d'énergie résiduelle à évacuer dans
un moxé et les conditions de fonctionnement du RRA n'ont
pas été données.
Les tuyauteries de ce circuit RRA ont-elles été
contrôlées dernièrement et avec quelle
fiabilité?
La demande formulée par les inspecteurs « je vous
demande de m'indiquer (...) si le
fonctionnement prolongé du circuit de refroidissement à
l'arrêt (RRA) dans les conditions actuelles peut avoir
un impact sur son intégrité (...) » recouvre
donc un problème important.
EDF doit fournir un dossier technique à
l'ASN 7 jours ouvrés avant l'intervention comprenant une
analyse de risque lié à l'intervention. Une réunion
technique doit avoir lieu présentant les grandes options
retenues.
EDF a indiqué le 7 octobre dernier
« La préparation de l'intervention technique sur
les deux assemblages combustibles doit s'effectuer pas à
pas, sans brûler les étapes, afin de réaliser
ces opérations dans des conditions de sécurité
optimum ».
En somme EDF doit se hâter tout en allant lentement pour
maîtriser cet incident aux potentialités graves.
Le 7 octobre les assemblages étaient
toujours accrochés à la plaque d'acier des équipements
internes supérieurs. Cet « événement
» était inédit concernant un réacteur
moxé.
Il y a 20 réacteurs 900 MW moxés plus pointus
à piloter que les autres réacteurs... Nogent
a montré que les 38 non moxés étaient aussi
candidats à ce type de situation. La prochaine fois ce
sera peut-être 3 assemblages en l'air ?
Insistons sur le fait qu'il s'agit d'un « événement
» apparu sur un réacteur en état d'arrêt
à froid. Ce qui apparaît clairement c'est l'impossibilité
pour les citoyens de faire une évaluation de la situation
créée, qui ne peuvent qu'espérer qu'elle
soit faite correctement par les « experts », les techniciens
et les travailleurs qui réussiront l'intervention adéquate.
N'en déplaise aux physiciens théoriciens éloignés
des réalités concrètes, aux économistes
qui ne s'intéressent qu'à l'économie en niant
les conséquences sanitaires et sociales des désastres
à venir, aux politiciens de tous bords qui ne songent qu'à
leur élection, à ceux qui rêvent (avec raison)
à une société plus vivable mais ne voient
pas ce qui risque de se passer à court terme : toute la
complexité de cette technologie nucléaire fait peser
en permanence une épée de Damoclès sur nos
têtes. A-t-on le droit de continuer à l'imposer à
nos enfants ?
B. Belbéoch, 10 octobre 2008
[1] « Les transports de plutonium en
France » Wise-Paris, février 2003
[2] « Centrales nucléaires du palier 900 MW. Textes
du Rapport de sûreté communs à toutes les
tranches du palier, édition publique (1982) »
Communiqué CRIIRAD, 15 mai 2009:
L'accident est survenu avant-hier, mercredi 13 mai, vers 15h30, dans le bâtiment réacteur de la tranche n°1 de la centrale EDF Tricastin, alors que le réacteur est à l'arrêt dans le cadre de la 3ème visite décennale.
Deux « gueuses » des pièces
métalliques de 2 tonnes chacune utilisées pour des
tests de fonctionnement sur le pont de manutention sont
tombées d'une hauteur d'environ 15 mètres.
D'après les informations transmises
à la CRIIRAD, un échafaudage situé au-dessous
a été écrasé. Une dizaine d'intervenants
étaient occupés au montage de cette structure mais,
par chance, aucun d'eux n'était présent au moment
de l'accident.
On ignore, à ce jour, l'importance des
dégâts matériels et leur incidence sur l'arrêt
de tranche initialement prévu pour une durée de
79 jours.
Le Premier ministre doit se rendre lundi prochain 18 mai sur le
site du Tricastin pour visiter notamment la future usine d'enrichissement Georges Besse
II. Compte tenu du nombre de dysfonctionnements (1) survenus
depuis un an sur le site, il est indispensable que les conditions
de travail, de sécurité et de radioprotection soient
inscrites à l'ordre du jour de cette visite.
(1) En particulier, le 7 juillet 2008, sur l'installation SOCATRI,
la fuite d'effluents
uranifères et, le 8 septembre 2008, sur le site EDF,
les barres combustibles coincées lors des opérations
de déchargement du réacteur n°2.
Contacts :
- CRIIRAD : 04 75 41 82 50
E-mail : communication@criirad.org
EDF a Confirmé l'événement
survenu le 13 mai à la centrale Tricastin. Ils ont publié
une brève sur leur site le 14 mai (CF ci-dessous).
COMMUNIQUE EDF :
14/05/2009:
Chute de charges lors d'un essai d'un pont de manutention sur l'unité n°1 Jeudi 14 mai 2009 - Depuis le 2 mai, l'unité de production n°1 de la centrale EDF de Tricastin est en arrêt programmé pour effectuer sa visite des dix ans, appelée « visite décennale ».
A cette occasion, de nombreuses opérations de maintenance sont effectuées sur l'ensemble de l'installation, et une partie du combustible est remplacée.
Le déchargement du combustible, de la cuve du réacteur, a été achevé lundi 11 mai. Le combustible est actuellement stocké dans la piscine du « bâtiment combustible ».
Mercredi 13 mai, vers 15 h 30, dans le cadre des interventions programmées durant cet arrêt, un test du pont de manutention situé dans le bâtiment réacteur a été réalisé. Ce test avait pour objet de vérifier le bon fonctionnement de l'appareil à la suite d'une intervention de maintenance.
Pour réaliser l'essai, les intervenants ont accroché deux charges de deux tonnes chacune au chariot du pont. Lors de la manuvre de manutention, les charges ont glissé du chariot sur un plancher métallique, puis ont chuté dans le local où est entreposé, pour maintenance, le couvercle de la cuve du réacteur. L'une des charges est tombée sur l'outil qui permet de manutentionner ce couvercle, l'autre a chuté sur des chemins de câbles.
Il n'y a pas eu de blessé.
Par mesure de précaution, dès la survenue de l'événement, les chantiers ont été suspendus et les intervenants, près d'une trentaine, ont quitté le bâtiment réacteur.
Des contrôles ont été réalisés immédiatement pour déterminer la cause de la chute des charges, et identifier et analyser les éventuelles dégradations. Quelques câbles et une gaine de ventilation ont subi des dommages, qui sont sans conséquence pour la sûreté du bâtiment réacteur. Les réparations seront effectuées durant l'arrêt.
Ces contrôles ont également permis de montrer que toutes les conditions étaient réunies pour que les intervenants puissent travailler à nouveau en toute sécurité. Ces chantiers ont donc repris mercredi dans la soirée, peu avant 22 h 00.
L'Autorité de sûreté nucléaire a été informée de cet événement qui ne relève pas d'une déclaration d'un événement significatif pour la sûreté.
Le Dauphiné Libéré, 22/11/2008:
Après les incidents à répétition de ces derniers mois à la centrale du Tricastin, jamais la vocation de la Cigeet (commission d'information sur les grands équipements énergétiques du Tricastin) n'a été autant justifiée. Et hier, la réunion, tenue sous la présidence de Didier Guillaume a fait une fois de plus "salle comble". "Des microdoses de contamination" Au trop copieux ordre du jour, étaient inscrites les explications concernant les deux incidents survenus le 23 juillet sur l'unité n°4 puis le 8 septembre sur l'unité n°2. L'exploitant, Areva, est donc revenu sur la contamination de 117 membres du personnel. « Une contamination non pas à des faibles doses mais à des micro doses », dira Olivier Arnaud, le directeur. Des enseignements ont pu en être tirés qui ont abouti à l'augmentation du nombre de balises et la diminution du seuil d'alerte. Contrairement à l'incident de la Socatri, l'information a été rapidement donnée aussi bien à l'ASN qu'à la Cigeet ou aux maires. L'incident du 8 septembre a concerné le déchargement du combustible alors que la centrale était en phase de début d'arrêt de tranche. Deux assemblages combustibles sont venus avec le couvercle du réacteur et ont été soulevés aux trois quarts. Un problème qui provient d'un léger "jeu" dans les assemblages ayant entraîné un désaxage, et qui est connu puisqu'il s'est déjà produit à plusieurs reprises aux USA et une fois à la centrale de Nogent. Ce qui vaudra à Areva les reproches du gendarme ASN « qui regrette que les enseignements de Nogent n'aient pas été tirés » et qui dira avec force que « l'objectif de contamination en interne doit être le niveau zéro »...
Étude sur la contamination des puits
privés
Vingt-trois forages privés, situés dans le triangle
canal Donzère-Gaffière et Lauzon présentent
des teneurs en uranium inexpliqués (10 à15 microgramme
par litre) rendant impropre l'usage de l'eau pour l'alimentation.
Lors de la Cigeet du 4 juillet dernier, la spécialiste
de l'IRSN avait parlé à ce propos de "pollution
naturelle" (Ndlr : l'uranium est présent dans la nature
mais à des taux bien moindres). Hier, Jean-Christophe Gariel,
le directeur adjoint de l'IRSN Lyon, a franchi un pas en reconnaissant
la pollution mais sans la qualifier de "naturelle. «
À l'heure actuelle, personne n'est en mesure d'expliquer
une telle teneur qui peut être liée ou pas aux activités
du site. Le but de l'étude, c'est de comprendre d'où
vient ce marquage, l'incident de la Socatri n'ayant pas eu d'incidence
sur un transfert dans la nappe. » Création d'un groupe
de travail. Et il a proposé la création d'un groupe
de travail en appui de l'étude sur les origines de cette
contamination. Les défenseurs de l'environnement, de leur
côté, se sont étonnés qu'il ait fallu
attendre l'incident de la Socatri pour déclencher une telle
étude : « On a laissé les gens consommer pendant
des années l'eau contaminée de leur puits »...
À noter que la surveillance des puits se poursuit avec
des prélèvements mensuels.
Tumulus: pas d'évacuation avant 2011
D'ici 2013 aura disparu du site du Tricastin la fameuse butte
de déchets radioactifs héritée des années
70 et de l'activité militaire conduite sur le site. Olivier
Arnaud, le directeur d'Areva, l'a officiellement annoncé
hier, insistant sur « l'émoi suscité auprès
du grand public » par ce dossier... L'Autorité de
sûreté militaire a demandé à l'exploitant,
c'est à dire Areva, d'évacuer les 673 tonnes de
barrières de fluor vers un centre agréé Andra.
Et pour balayer toute inquiétude, il devrait réclamer
la levée du "secret défense" autour d'une
étude réalisée dans les années 70
sur cette butte. Toutefois, le début ne pourra intervenir
avant 2011 et durera 2 ans. D'ici là, la butte sera dotée
d'une couverture, dont les travaux (qui dureront 12 mois) débuteront
au prochain semestre. La butte devra d'abord être reprofilée,
le cahier des charges établi. Michèle Rivasi s'étonne
d'une telle lenteur : « Pourquoi constuire une couverture
et ne pas évacuer les déchets tout de suite ? »
interroge t-elle. « Ce n'est pas si simple », lui
répond on. « Il y a des procédures à
suivre ». Quant à la Criirad, elle continue à
penser que la butte est sans doute en partie responsable de la
contamination de la nappe sud, et elle revendique des mesures
supplémentaires sur tous les points de pollution de l'ensemble
du site. Même si les 4 piézomètres installés
en bordure n'ont pas révélé de contamination
supérieure aux normes OMS.
Étude sur les cancers
Comme nous l'indiquions précédemment, la Cigeet
a validé hier l'appel d'offres pour le cabinet d'études
en charge de l'étude épidémiologique sur
les cancers dans la zone du Tricastin. Le marché sera lancé
fin janvier. Rappelons qu'il ne s'agit que de la première
phase de l'étude, celle qui recensera la morbidité
(les accumulations de maladies) sur une zone d'environ 10 km autour
de la centrale. La phase 2, pas encore actée, pourrait
s'intéresser aux parcours "résidentiel et professionnel"
des malades. Et si Didier Guillaume s'est félicité
de cette initiative, saluée par Jean-Louis Borloo, le débat
subsiste autour de son périmètre géographique.
« Dix kilomètres, c'est totalement insuffisant. Ca
ne vaut même pas la peine de la faire » souligne la
Criirad, qui réclame la présence d'une experte indépendante,
de crainte de voir l'étude vidée de son intérêt.
Usine Nouvelle, 24/11/2008:
Tricastin : des mauvaises mesures pour un sauvetage
Vaucluse matin, 29/10/2008:
Il aura fallu plus d'un mois et demi pour décrocher
les deux "tubes" d'uranium de 600 kilos chacun suspendus
au "couvercle" de la cuve du réacteur nº
2 de la centrale nucléaire EDF-Tricastin depuis le 8 septembre.
Une première tentative avait eu lieu début octobre
mais l'outil de sécurisation n'avait pas les bonnes proportions.
L'opération s'est déroulée en deux temps
: le 22 octobre d'abord, avec la sécurisation des assemblages
combustible « afin de garantir leur maintien (lors de l'intervention
décisive) et supprimer ainsi le risque de chute».
Ce lundi ensuite, avec la mise en oeuvre d'un outil spécifique,
testé au préalable sur une maquette grandeur nature
au centre d'expérimentation et de validation des techniques
d'intervention des chaudières nucléaires (CETIC)
à Chalon-sur-Saône, et ayant reçu l'aval de
l'autorité de sûreté nucléaire et de
l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire.
Les deux assemblages ont été désolidarisés
avec succès des structures internes supérieures
de la cuve puis transportés vers la piscine du bâtiment
dit "combustible", lieu habituel d'entreposage des assemblages
de combustible usés.
Le Monde, 25/10/2008 :
SOULAGEMENT à EDF : les deux assemblages de combustible nucléaire suspendus depuis un mois et demi au-dessus du coeur du réacteur n° 2 de la centrale du Tricastin (Vaucluse) ont été " sécurisés ". Ils ne risquent plus de tomber et d'occasionner des fuites radioactives dans l'enceinte du site, voire au-delà.
" Je n'ai jamais été trop inquiet ", assure Alain Peckre, le directeur de la centrale : en cas de chute des barres, les conséquences radiologiques à l'extérieur du site auraient été " extrêmement faibles et très inférieures aux valeurs nécessitant des actions de protection de la population et de l'environnement ", avait évalué l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). En revanche, une telle chute aurait interdit l'exploitation du réacteur pour longtemps.
L'électricien vivait sous cette menace depuis le 8 septembre. Ce jour-là,deux des 157 assemblages étaient restés fixés à la structure qui les coiffe lorsqu'elle avait été retirée pour des opérations de renouvellement du combustible. Une première solution technique avait été proposée, le 30 septembre, à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) par EDF, après des tests conduits sur une maquette " grandeur nature " au Centre d'expérimentation sur chaudières nucléaires de Chalon-sur-Saône. Mais une fois transporté au Tricastin, l'outil s'était révélé inadapté. " A deux centimètres près, les cotes n'étaient pas correctes ", admet M. Peckre.
" AVERTISSEMENTS "
EDF a donc dû revoir sa copie. Entamée le 22 octobre, l'opération, réalisée sous neuf mètres d'eau borée, est toujours en cours. Reste à détacher les assemblages de la structure supérieure, à l'aide de vérins hydrauliques. Et à comprendre l'origine de l'anomalie. Si celle-ci devait être corrigée sur l'ensemble du parc, les conséquences pourraient être lourdes pour EDF. Au Tricastin, le retard dans la reprise de la production électrique a déjà coûté " plusieurs millions d'euros ", reconnaît EDF.
L'association Sortir du nucléaire a appelé à manifester au Tricastin, samedi 25 octobre. Elle estime que les fuites survenues durant l'été sur le site, puis l'accrochage énigmatique des assemblages de combustibles sont " des avertissements ". " Une véritable catastrophe, comparable à celle de Tchernobyl, peut se produire à chaque instant ", affirme l'association.
23/10/2008 - EDF a présenté une "nouvelle solution technique" pour récupérer les deux assemblages restés suspendus à la centrale nucléaire de Tricastin (Drôme) lors d'une opération de déchargement de combustible, a annoncé mercredi l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui l'a approuvée. "L'ASN a analysé la nouvelle solution technique proposée par EDF le 14 octobre" et a considéré que le dossier est "satisfaisant", a indiqué l'Autorité dans un communiqué. L'ASN avait déjà approuvé un procédé présenté le 30 septembre par l'opérateur, mais il "n'a pas été mis en oeuvre par EDF", note l'ASN dans son texte. EDF, selon l'ASN, "s'est notamment engagée à assurer la sécurisation des assemblages contre le risque de chute en préalable à tout contact entre le matériel utilisé lors de l'intervention et les assemblages" et l'Autorité estime cette mesure "satisfaisante". Lors d'une opération de déchargement de combustible dans l'unité de production n°2 de la centrale exploitée par EDF à Saint-Paul-Trois-Château (Drôme) le 2 septembre, deux des 157 assemblages de combustible d'uranium étaient restés suspendus, accrochés aux équipements internes supérieurs de la cuve, désengagés au deux-tiers du coeur. L'incident est toujours classé provisoirement au niveau 1 de l'échelle INES (International Nuclear Event Scale).
Le Dauphiné, 22/10/2008:
Hier dans un communiqué, le réseau "Sortir du nucléaire " a annoncé qu'il avait déposé un référé contre EDF et l'ASN auprès du tribunal administratif de Grenoble. Il souhaite qu'«EDF suspend les travaux d'intervention (sur le réacteur n°2 de la centrale) le samedi 25 octobre». En effet, une marche est prévue à cette date, à 14 h 30, par le collectif anti-nucléaire 84, allant de la centrale du Tricastin à Bollène. Par ailleurs, le référé exige «qu'il soit enjoint à EDF et à l'ASN de communiquer au public la date d'intervention sur le réacteur afin de prendre les dispositions nécessaires pour se prémunir du risque d'accident (...)». EDF répond qu'une communication devrait avoir lieu vendredi ou en début de semaine prochaine «sur la fin de l'incident et sa résolution technique». Elle confirme que «l'appareillage est arrivé sur Tricastin». L'intervention devrait donc avoir lieu d'ici la fin de semaine.
Le Dauphiné libéré, 10/10/2008:
Les deux "tubes" d'uranium suspendus dans la cuve du réacteur n°2 de la centrale depuis maintenant plus d'un mois vont le rester encore deux semaines. Suite à un défaut de conception d'un élément du processus d'intervention, il doit être recréé et à nouveau testé.
Réacteur n°3 : une vanne défaillante
Un défaut sur une vanne dans l'unité de production
n°3 a rendu indisponible l'une des pompes du réacteur.
Aucune conséquence pour l'installation ni pour l'environnement
dit EDF. L'évènement a été classé
niveau 1 par l'ASN.
Réacteur n°4 : l'ASN sanctionne
Le réacteur n°4 de la centrale du Tricastin a fait
l'objet d'une opération de maintenance le 6 septembre.
À cette occasion, une vanne de purge chargée d'apporter
de l'eau dans le circuit de refroidissement a été
ouverte « de manière non conforme ». Un événement
qui n'a eu « aucun impact sur la sûreté des
installations ». EDF a été sanctionné
vendredi dernier par l'Autorité de sûreté
nucléaire (ASN) en raison du délai « de quelques
heures » qu'il a fallu à l'électricien pour
détecter cet écart. L'évènement a
été classé niveau 1 sur l'échelle
Ines.
Le Dauphiné Libéré, 8/10/2008:
Le Réseau "Sortir du nucléaire" «exigeait» hier de connaître la date à laquelle EDF procéderait à l'intervention sur les deux "tubes" d'uranium suspendus - depuis un mois - dans le réacteur n°2 de la centrale. L'opération devait démarrer lundi. Devait, car dimanche, elle a été annulée et repoussée. «Pour ne prendre aucun risque» dit l'exploitant qui a découvert lors de l'installation du système que la "poutre" devant maintenir les deux "tubes" n'avait pas les bonnes dimensions. De nouveaux tests et contrôles seront effectués quand un élément à la bonne taille aura été créé.
Le Dauphiné Libéré, 5/10/2008:
Le 8 septembre dernier, deux assemblages combustibles
sont restés accrochés aux structures internes supérieures
de la cuve du réacteur de l'unité nº 2 du site
EDF-Tricastin. Depuis cette date, ingénieurs et techniciens
travaillent pour résoudre le problème. Selon la
direction, les assemblages sont positionnés dans la piscine
réacteur, remplie en eau borée, et aucun déplacement
de ces assemblages n'a été constaté par les
caméras de surveillance. « Un outil spécifique
a été construit par des équipes d'experts
afin de soutenir, dans des conditions de sécurité
optimales, les assemblages combustibles qui seront décrochés
des structures internes supérieures et les transporter
vers leur lieu d'entreposage, la piscine du bâtiment combustible
». Le matériel réceptionné. Compte-tenu
du succès des essais réalisés "grandeur
nature" en début de semaine au Centre d'expérimentation
et de validation des techniques d'intervention des chaudières
nucléaires de Chalon-sur-Saône, le matériel
a été réceptionné par EDF. Ces essais
ont permis de qualifier à la fois, l'outil fabriqué
spécifiquement, les conditions de sûreté et
de sécurité requises, mais également les
gestes professionnels des intervenants. Le dossier technique de
la solution retenue par la centrale et l'analyse de risques liés
à l'intervention, ont été transmis à
l'Autorité de sûreté nucléaire et sont
en cours d'expertise par l'Institut de radioprotection et de sûreté
nucléaire, ajoute la direction d'EDF. Après accord
de l'ASN, l'intervention pourrait par conséquent être
réalisée dans les prochains jours.
Le Dauphiné libéré, 2/10/2008:
Suite à une inspection inopinée
effectuée par ses soins le 17 septembre, et motivée
par l'incident du 8 septembre, l'Autorité de sûreté
nucléaire met en cause la centrale EDF-Tricastin dans une
lettre rendue publique lundi. Deux barres d'uranium sont en effet
toujours suspendues au couvercle de la cuve du réacteur
n°2 de la centrale EDF-Tricastin. Un problème que l'électricien
devrait résoudre dans les jours à venir. Le gendarme
nucléaire fait état notamment d'un dysfonctionnement
lors des opérations de renouvellement du combustible. Et
déplore « la non prise en compte d'une des actions
correctives » mises en oeuvre lors d'un « événement
similaire survenu à la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine
en 1998 où un seul assemblage était cette fois resté
accroché ». L'ASN demande à EDF de mettre
en place une organisation qui garantisse le « respect des
prescriptions réglementaires sur les matériels de
levage ».
ASN, 2 octobre 2008:
L'ASN évalue avant de pouvoir donner son autorisation la
solution technique proposée par EDF pour récupérer
les deux assemblages combustibles
Médiapart, 25/9/2008:
Depuis le 8 septembre, à la centrale nucléairedu Tricastin (Drôme), le souffle des ingénieurs EDF est suspendu à deux assemblages d'uranium irradié, restés accrochés au couvercle de la cuve du réacteur lors d'une banale opération de renouvellement. Chaque année, les équipes d'EDF déchargent ainsi complètement le combustible du réacteur pour faire des travaux et renouveler environ un quart du coeur.
Lors de cette opération, deux des 157 assemblages de combustible sont «restés suspendus », «désengagés aux deux tiers du coeur », selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Un incident rare, qui ne connaît que cinq précédents au niveau mondial dont un en France sur l'un des réacteurs de Nogent-sur-Seine en 1998.
«Dans le pire des cas, si une barre d'uranium tombe, des gazs radioactifs peuvent se relâcher dans l'eau de la cuve, voire dans l'atmosphère du réacteur, explique-t-on à l'Autorité de sûreté nucléaire qui a classé au niveau un l'incident sur l'échelle d'Ines qui compte sept niveaux. Et dans la pire hypothèse, si des gazs radioactifs filtrent à l'extérieur, ce sera une très petite quantité. » Enchaînement vérifié dans les trois cas avérés aux Etats-Unis, où les assemblages auraient chuté dans l'eau au fond de la cuve sans être détériorés.
Pour éviter ce scénario tout de même pas très réjouissant, «deux entreprises d'ingénierie, AREVA et Westinghouse, travaillent sur un projet pour tenter de solidariser les deux barres de combustible avec les éléments du couvercle et les évacuer », explique Virgine Neumayer, secrétaire CGT au Tricastin. Schéma de la cuve d'un réacteur réalisé par l'IRSN.
Ce projet pourrait prendre la forme d'«un bras téléguidé qui saisirait les assemblages et éviterait ainsi toute intervention humaine d'une dosimétrie insupportable », selon une association qui a assisté mardi à la réunion du haut comité pour l'information et la transparence sur la sécurité nucléaire (HCTISN), au cours de laquelle l'exploitant EDF a évoqué l'incident.
Une solution encore en cours de validation «sur maquette » et qui «pourrait être mise en oeuvre d'ici une à deux semaines », donc sans doute à partir du 6 octobre. En attendant les deux assemblages, sous surveillance vidéo, semblent se tenir tranquilles ; la cocotte a été refermée, et l'accès au bâtiment où se trouve le réacteur limité «par mesure de prévention ».
Auteur dimanche d'un communiqué très alarmiste questionnant une possible évacuation des populations aussitôt démentie par le préfet, le réseau Sortir du nucléaire met en cause l'âge de la centrale construite à partir de 1973, «la troisième plus vieille en France ». «Peut-être n'est-ce que le début de ce genre de surprises à une époque où les réacteurs commencent à devenir obsolètes », suggère son porte-parole Stéphane Lhomme.
Une explication qui ne convainc pas Virgine Neumayer, de la CGT, puisque la centrale de Nogent-sur-Seine,où avait eu lieu le même incident, a quant à elle été mise en service «récemment », en 1988. Mais elle pointe des arrêts de tranche de plus en plus courts «pour rentabiliser ». «L'outil est mis à mal par une politique de réduction des coûts qui ne permet plus d'assurer les conditions de sécurité , précise-t-elle. On arrive à l'effet contraire à celui souhaité : une série d'événements, cet été, qui a allongé la durée des arrêts de tranche. » [Lire: Les résultats du nouveau management dans le nucléaire (information de la section syndicale FO)]
Rejets d'uranium de la Socatri le 7 juillet, poussières radioactives le 23 juillet dans la centrale nucléaire, dépassement de la limite annuelle de rejet de carbone 14 de la Socatri et enfin ce dernier incident lors du renouvellement du coeur du réacteur n'ont pas pour autant refroidi les élus locaux qui supportent toujours la candidature du site pour l'emplacement du deuxième EPR (réacteur [dit] de nouvelle génération) promis début juillet par Nicolas Sarkozy.
«L'anomalie du 8 septembre ne remet pas du tout en cause l'EPR , martèle Guy Soulavie, adjoint au maire de Lapalud. Pour nous l'usine est sûre. Ce n'est pas une usine à yaourt, bien sûr mais elle respecte les règles de sécurité. Et l'EPR permettrait de stabiliser l'emploi dans la région. »
L'impact économique du premier EPR en France, situé à Flamanville (Manche), est estimé à dix millions d'euros par an, avec trois cents emplois sur soixante ans et l'embauche de 2500 ouvriers pour la construction qui devrait se terminer en 2012. Course au couteau pour l'EPR Même son de cloche à Saint-Paul-Trois-Châteaux sur le territoire duquel se trouve la centrale EDF. «C'est un problème technique, comme il en arrive dans n'importe quelle usine, qui ne nous concerne pas », remarque son maire, Jean-Michel Catelinois.
Elue maire de Bollène en mars 2008, Marie-Claude Bompard, ancienne FN passée villiériste, est la seule à détonner dans ce paysage pro-nucléaire. Elle a obtenu, début août, la nomination d'un expert indépendant pour évaluer les incidences sur l'environnement et la santé publique des rejets d'uranium du 7 juillet et la Ville s'est portée partie civile contre la Socatri au nom de la loi sur la responsabilité environnementale (LRE) adoptée le 22 juillet 2008. Reste à savoir si cette série de mésaventures sur le site du Tricastin jouera un rôle dans le choix par l'Etat de l'emplacement de l'EPR d'ici la fin de l'année.
Trois autres sites sont également évoqués : Penly (Seine-Maritime), Flamanville (Manche) où un premier EPR est déjà en construction et Marcoule (Gard). Pour l'heure, au moment où EDF lorgne sur les marchés extérieur en rachetant mercredi l'exploitant britannique British Energy, c'est surtout l'image internationale de la société et d'Areva, qui a été, selon Roland Desborde de la Criirad, sérieusement ébranlée. Il n'avait jamais vu autant de télés étrangères débarquer à la Criirad que cet été et s'en amuserait presque : «Ne pas être capable de contrôler des cuves qui fuient et des tuyaux percés, ça écorne une image .»
Le Parisien, 24/9/2008:
PLUS de deux semaines après un incident
sérieux à la centrale nucléaire du Tricastin
(Drôme), aucune solution n'a été trouvée
par EDF. Deux « barres d'assemblages », contenant
du combustible nucléaire, sont toujours suspendues au-dessus
de la cuve, dans le réacteur. « La situation est
toujours anormale. EDF réfléchit à la meilleure
solution pour intervenir », explique-t-on à l'Autorité
de sûreté nucléaire. Dans un communiqué,
le réseau Sortir du nucléaire s'interroge : «
L'évacuation des communes proches est-elle envisagée,
comme le laissent à penser certaines informations ? »
Les différentes autorités nient la préparation
d'un plan d'évacuation des populations.
22/9/2008 - Le
choix de la stratégie pour résoudre l'incident survenu
le 8 septembre à la centrale nucléaire de Tricastin
(Drôme) pourrait prendre encore "une à deux
semaines", mais "la sûreté des installations
et des personnes" est "totalement garantie", a
déclaré lundi une porte-parole d'EDF. "Les
deux assemblages de combustible d'uranium sont toujours sous eau,
accrochés au couvercle de la cuve et ils sont surveillés
en salle de commande par des caméras", a ajouté
EDF, précisant que "le bâtiment réacteur
(était) toujours fermé par mesure de prévention
et les accès limités". "La situation est
stable dans le réacteur, rien ne bouge et on a limité
les accès au bâtiment réacteur et interrompu
toutes les opérations", a-t-on souligné. Dimanche,
le Réseau "Sortir du nucléaire", revendiquant
830 associations, avait "exigé" dans un communiqué
la "vérité sur la gravité de l'événement
en cours". Le Réseau, redoutant la présence
de plutonium, démentie par EDF, s'interrogeait en outre
sur l'opportunité d'une évacuation des communes
proches. "La décision d'évacuation revient
aux pouvoirs public, mais très clairement aucun élément
nouveau sur la centrale de Tricastin n'est de nature à
conduire le préfet à exiger l'évacuation
des populations", a assuré lundi EDF. Le 9 septembre,
l'IRSN précisait dans un communiqué que "dans
l'hypothèse de la chute des deux assemblages (de combustible)
entraînant leur rupture complète" (...) les
conséquences radiologiques à l'extérieur
du site seraient extrêmement faibles et très inférieures
aux valeurs nécessitant des actions de protection de la
population et de l'environnement".
Le Dauphiné libéré, 22/9/2008:
Alarmiste et dénuée de tout fondement. Voilà en substance la teneur des réponses apportées hier par l'autorité préfectorale et la direction d'EDF-Tricastin à l'hypothèse formulée le matin même par le réseau Sortir du nucléaire.
« L'évacuation des communes proches du Tricastin est-elle envisagée par les autorités ? » C'est par cette question "coup de poing" que débute un long communiqué de presse émanant de cette fédération de 830 associations, connue pour ses prises de position radicales et le combat militant qu'elle mène sans relâche contre l'industrie du nucléaire. Depuis quelques mois, surfant sur les incidents à répétition qui ont émaillé l'été pourri du site de Tricastin, elle ne manque pas une occasion pour enfoncer le clou.
« Un risque majeur existe ». Cette fois, c'est l'incident survenu le 8 septembre dernier lors d'une opération de renouvellement du combustible de l'unité 2 de la centrale EDF qui focalise l'attention des anti-nucléaires. Le Réseau « exige la vérité sur la gravité de l'événement en cours et des réponses à des questions fondamentales », car pour lui, un risque majeur existe : « les deux assemblages pesant chacun environ 800 kg, menacent à chaque instant de tomber.
Ils pourraient alors se briser, et les différents morceaux, se glissant entre les autres assemblages, pourraient éventuellement déclencher une réaction nucléaire incontrôlée... » D'où la question qui fait froid dans le dos : « ne faut-il pas immédiatement évacuer les communes proches, voire les départements concernés, de façon préventive et non suite à une éventuelle aggravation de la situation ? »
Surprise totale. À EDF-Tricastin, le cadre d'astreinte de la direction, bien que « non-habilité à communiquer », affiche une totale sérénité : « Ce que je peux dire, c'est que la sûreté du réacteur est complètement garantie. La direction avait annoncé que la préparation à l'intervention nécessiterait plusieurs jours. Nos équipes y travaillent. Et il n'y a aucune évolution de la situation qui aurait nécessité une nouvelle communication sur le sujet. »
Du côté de la préfecture de Vaucluse, la surprise est totale : « lorsque se produit un incident sur une installation nucléaire, l'exploitant est tenu d'en référer immédiatement à l'Agence de sûreté nucléaire et aux préfectures concernées, relativise Jean-Charles Géray, sous-préfet de l'arrondissement d'Apt et de permanence hier. Or, aucune information ne nous est parvenue qui ferait état d'une quelconque aggravation de la situation. Et je confirme qu'à notre niveau, il n'a jamais été envisagé d'évacuer les populations. Les sources "autorisées" devraient vérifier leurs informations... »
REPÈRES - L'INCIDENT NE REPRÉSENTE
« AUCUN DANGER »
Le 8 septembre dernier, lors de travaux de maintenance sur le
réacteur 2 de la centrale EDF Tricastin, deux tubes contenant
"de l'uranium et du gaz d'iode" de 600 kg chacun se
sont accidentellement accrochés au couvercle de la cuve.
Le directeur de la centrale, Alain Peckre, précisait alors
: « la manipulation a été aussitôt arrêtée
et les douze intervenants sont sortis... Il n'y a aucun danger
sanitaire ni environnemental... Selon nos spécialistes,
si ça tombe, il n'y aura pas de conséquence extérieure
car le bâtiment est bien fermé...
On suspecte que les têtes de ces éléments
combustibles se sont déformées. On va créer
un outillage pour consolider les deux éléments au
"couvercle" auquel ils sont accrochés pour les
déplacer. C'est la méthode utilisée sur un
cas similaire à la centrale de Nogent-sur-Seine, il y a
quelques années, mais eux n'avaient qu'un seul "tube"
à traiter. »
Libération, 10 septembre 2008:
[Commentaires entre crochets d'Infonucléaire]
La réaction en chaîne estivale des incidents nucléaires se poursuit. Lundi soir, lors d'une opération de maintenance banale à la centrale EDF du Tricastin (Drôme), là où, cet été, 74 kilos d'uranium avaient été rejetés dans la nature (lire ci-dessous), une sérieuse anomalie est survenue.
Explication. Comme dans un foyer faiblissant,
il faut remettre de nouvelles bûches dans un réacteur
nucléaire, en l'occurrence des barres de combustibles semblables
à de longues poutres métalliques. Tous les douze
ou dix-huit mois, les ingénieurs EDF déchargent
et rechargent un tiers de ces assemblages lors d'une routinière
mais délicate intervention. La cuve du réacteur
ressemble à une gélule. Il faut d'abord en soulever
l'énorme bouchon, constitué de ce que l'on appelle
les équipements internes supérieurs, pour procéder
au retrait des assemblages vieillissants. C'est lors de cette
opération qu'est survenu l'incident inhabituel : le gros
bouchon a emmené avec lui deux assemblages de combustible
irradié.
Mécano. «Cet incident est tout à
fait anormal, mais exceptionnel», précise Martial
Jorel, de la direction de la sûreté des réacteurs
à l'Institut de radioprotection et de sûreté
nucléaire (IRSN). Et pour cause, la seule anomalie du même
acabit s'est produite il y a un peu plus de dix ans, le 19 août 1998,
sur l'un des réacteurs de Nogent-sur-Seine
(Aube).
[Non l'incident survenu sur le réacteur 2 de Tricastin n'est pas analogue à celui survenu le 19 août 1998 à Nogent-sur-Seine. Dans le cas de Tricastin il s'agit de combustible moxé à 30%. C'est à dire que 30% du combustible n'est pas uniquement de l'oxyde d'uranium UO2 à U enrichi, mais renferme pour 30% d'un mixte d'oxyde de plutonium PuO2 et d'oxyde d'uranium appauvri UO2. Ne pas dire qu'il y a du plutonium est de la désinformation.]
Et voilà nos ingénieurs du Tricastin plongés dans des retours d'expérience vieux de dix ans. Dans l'enceinte du réacteur, «toute manoeuvre a été stoppée pour mieux analyser la situation», signale EDF. Comprendre : on retient son souffle pour que les deux barres de combustible ne se détachent pas du socle de manière aussi inopinée qu'elles s'y sont accroché. Ce serait le pire des scénarios évoqués lundi soir par les ingénieurs d'EDF et les experts de l'IRSN. «Si l'une ou les deux barres de combustible se rompaient sur les assemblages, avance Martial Jorel, cela aurait des conséquences radiologiques négligeables.» Mais industriellement monumentales. La radioactivité serait peut-être confinée dans le réacteur, mais quel beau cas d'école qu'une cuve pleine de débris. Leur présence compliquerait considérablement la tâche d'EDF. «Ils pourraient endommager d'autres assemblages, qu'il faudrait ensuite retirer», explique Martial Jorel.
[- Quelle est donc la composition
des 2 assemblages accrochés aux structures internes du
coeur ?
- Sont-ils partiellement (ou complètement) sortis du coeur
et de combien de mètres ?]
«L'accident de manutention de combustible est un accident grave. C'est logique car les éléments combustibles sont des déchets de haute activité, dont la dose létale à un mètre est atteinte en moins d'une minute. Si on les casse, c'est vraiment le merdier dans le bâtiment réacteur», précise Mycle Schneider, auteur d'un rapport sur la sûreté nucléaire, en 2007, pour le compte des députés Verts européens. L'objectif des experts : conserver ces deux assemblages suspendus et évacuer le tout sans casse. Pour cela, il va falloir jouer au mécanicien de secours et construire un outil spécial, comme en 1998. EDF ne donne pas d'indication sur la cause de l'incident, même si le vieillissement du combustible peut être en cause. «Lorsque les assemblages passent quatre années dans une cuve de réacteur, poursuit Mycle Schneider, il peut arriver qu'ils ne soient plus tout à fait rectilignes.» Et qu'ils s'accrochent.
[Des photos ont sûrement
été prises. A Nogent on voyait clairement l'inclinaison
des assemblages par rapport à l'axe vertical. Les assemblages
sont-ils restés dans l'axe, ce qui pourrait conforter l'hypothèse
de Mycle Schneider d'une déformation des assemblages, sont-ils
légèrement inclinés ce qui pourrait être
dû à la détérioration des pions de
centrage comme à Nogent (mais même dans ce cas le
gonflement des gaines peut jouer).]
Visites.
Plus largement, le vieillissement du matériel et la compétence
des hommes vont devenir des questions majeures de l'industrie
atomique. A partir de 2009, on entame la longue série des
troisièmes visites décennales qui concernent les
34 réacteurs français les plus anciens, dont
Fessenheim (Haut-Rhin) et le Tricastin. Durant ces visites, se
posera la question de l'allongement de leur durée de vie.
Une question déjà posée par l'Inspecteur
général de la sûreté nucléaire
qui, dans son rapport 2007, constatait «une montée
des problématiques d'obsolescence des matériels
ou des composants, souvent découvertes tardivement, alors
que les délais de traitement sont en général
longs.»
LAURE NOUALHAT
[L'incident survenu au démarrage de Dampierre, un 900 MW moxé, le 2 avril 2001 lors du rechargement a montré qu'il fallait que la position de chaque assemblage doit être bien définie "de manière à homogénéiser la distribution de puissance du coeur du réacteur". Au cours du chargement on s'est aperçu au bout du 135ème assemblage que 113 d'entre eux avaient été décalés d'une place. Les calculs de configuration ont montré que, pour d'autres configurations plus pénalisantes elles pourraient provoquer un début de réaction nucléaire dans la cuve du réacteur (voir les commentaires sur cet incident grave). Là non plus il n'a pas été question de plutonium dans les communiqués et c'est pourtant bien le Pu qui a justifié tous ces calculs.
Question: le déchargement
doit certainement aussi se faire d'une façon très
programmée. Qu'en est-il de la stabilité neutronique
du coeur actuellement ?
Qu'en serait-il de la stabilité neutronique du coeur si
les deux assemblages se rompaient avec des morceaux dans la cuve
et risque de détérioration des autres assemblages
?
Cela pourrait être plus grave que le seul relâchement des produits de fission et d'activation dans le circuit primaire...]
L'Usine Nouvelle, 9/9/2008:
Lors des opérations de renouvellement
du combustible, deux assemblages sont restés suspendus
au sein du réacteur n°2 de la centrale nucléaire
EDF de Tricastin. Cet incident n'a pour l'instant entraîné
aucun rejet radioactif dans l'environnement.
Comment a-t-il pu se produire ? «
On a dû forcer quelque chose au dernier cycle »,
analyse Martial Jorel, responsable de la direction de la sûreté
des réacteurs de l'IRSN au sujet de l'incident (voir
encadré). Au moment d'être enlevés, deux assemblages
sont en tout cas restés coincés au coeur du réacteur.
Une situation analogue s'était déjà produite
il y a 10 ans, en 1998, à Nogent. EDF avait développé
un outillage spécial pour récupérer l'assemblage.
« Cet incident est vraiment lié au type de réacteur
utilisé actuellement par EDF : ce sont des grosses machines,
on les ouvre une fois par an et on change tout » explique
Martial Jorel.
Risque sanitaire. Pour l'instant, rien ne s'est vraiment passé : le risque encouru est celui de la chute d'un ou des deux assemblages sur le coeur s'ils venaient à se décrocher. La rupture des combustibles irradiés entraînerait le relâchement de produits de fission dans l'eau de la piscine du bâtiment réacteur, puis dans l'atmosphère de l'enceinte de confinement. Une fraction de la radioactivité pourrait ensuite être rejetée dans l'environnement. « Mais cela se passe dans l'eau, le bâtiment est très confiné », temporise Martial Jorel.
A la demande de l'Autorité de Sûreté nucléaire, prévenue dans la matinée du 8 septembre, l'IRSN a mené des calculs, « plutôt de l'ordre de grandeur que de la décimale », pour mesurer le risque en cas de chute des deux assemblages entraînant leur rupture complète. « Les conséquences radiologiques à l'extérieur du site seraient extrêmement faibles et très inférieures aux valeurs nécessitant des actions de protection de la population et de l'environnement » conclut Martial Jorel. EDF a proposé à l'Autorité de sûreté nucléaire de classer l'incident au niveau 1 sur l'échelle INES.
Opération récup'. Reste qu'en sus de la problématique sanitaire, il y a une problématique économique : « le combustible est très coûteux », rappelle Martial Jorel. Les combustibles restent quatre cycles de 12 à 18 mois dans le réacteur et sont déplacés à chaque cycle dans le coeur, de façon à épuiser au maximum leurs capacités. Sur les deux assemblages combustibles restés suspendus, l'un en serait à son quatrième cycle et serait donc destiné « à partir aux déchets », tandis que l'autre n'aurait épuisé que son premier cycle. EDF fera tout pour le récupérer sans dommage, même si l'opération s'annonce plus difficile qu'à Nogent, puisque deux assemblages sont concernés au lieu d'un seul.
Le classement au niveau 1 sur l'échelle INES, alors que 3 mois auparavant, jour pour jour, le rejet d'environ 74 kg d'uranium à même la terre au sein de la Socatri le 8 juillet était classé dans la même catégorie, pose en tout cas question. Certes, le « précédent Tricastin » a lancé un mouvement de transparence, avec déclaration immédiate de tous les incidents de la filière nucléaire. Surtout les moins graves. Mais de deux choses l'une : soit EDF en fait trop, soit l'incident Socatri a été sérieusement sous-classé.
A.L.
Décharge de combustible au coeur
du réacteur
Pour décharger le combustible,
un préalable : extraire de la cuve la structure constituant
les « équipements internes supérieurs »
(en vert sur le schéma) placés au dessus des assemblages
du combustible (en grisé sur le schéma). Au fil
de la manoeuvre, le réacteur est arrêté,
le circuit de refroidissement dépressurisé, le couvercle
de cuve déboulonné, et la piscine du réacteur
remplie d'eau « pour refroidir et constituer un écran
biologique qui limite la dose contaminant les opérateurs
en cas de rejet », explique Martial Jorel.
Le 8 septembre 2008, lors du début des opérations
de levée des équipements internes supérieurs, une
caméra montre que tous les assemblages n'ont pas été
extraits : parmi les 157 à décharger, deux assemblages
combustibles, désengagés au deux tiers du coeur,
restent suspendus. L'exploitant interrompt alors la
manuvre, puis évacue et isole le bâtiment réacteur.
Actuellement, les deux assemblages sont sous eau dans la cuve.
Schéma d'une cuve de réacteur
Le Point, 9/9/2008:
Un incident a eu lieu lundi à 10 h 30 pendant un arrêt de tranche à la centrale nucléaire exploitée par EDF au Tricastin, située sur la commune de Saint-Paul-Trois-Châteaux dans la Drôme, a fait savoir l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
"Ce matin, lors des opérations de déchargement du combustible prévues dans le cadre de l'arrêt de l'unité de production nº 2, une position anormale de deux assemblages combustibles a été détectée, empêchant la poursuite de la manoeuvre", a reconnu EDF. L'ASN a expliqué dans son communiqué que le coeur du réacteur nucléaire était composé de 157 assemblages combustibles comportant chacun 264 crayons qui contiennent le combustible nucléaire. "Les réacteurs doivent être arrêtés périodiquement et déchargés pour procéder au renouvellement du combustible. Lors de cette opération, le couvercle de la cuve du réacteur et les structures internes supérieures de maintien sont retirés pour pouvoir accéder aux assemblages combustibles et pouvoir les remplacer."
Dans la centrale de Tricastin, lors de cette opération, "deux assemblages combustibles sont restés accrochés aux structures internes supérieures au cours des opérations d'enlèvement", obligeant l'exploitant à interrompre ces opérations "conformément aux règles d'exploitation du réacteur". Les deux assemblages restés coincés sont actuellement "sous eau dans la cuve".
L'incident pourrait entraîner une légère fuite de radioactivité dans l'environnement, aux conséquences "extrêmement faibles", a souligné mardi l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). "Dans l'hypothèse de la chute des deux assemblages entraînant leur rupture complète, l'examen réalisé par l'IRSN à la demande de l'ASN montre que les conséquences radiologiques à l'extérieur du site seraient extrêmement faibles et très inférieures aux valeurs nécessitant des actions de protection de la population et de l'environnement", affirme l'IRSN avant de détailler : "Le risque encouru est la chute d'un ou des deux assemblages sur le coeur s'ils venaient à se décrocher." Cela entraînerait le "relâchement de produits de fission dans l'eau de la piscine du bâtiment réacteur, puis dans l'atmosphère de l'enceinte de confinement et une fraction de la radioactivité pourrait être rejetée dans l'environnement".
EDF propose de classer l'incident au niveau 1 sur 7
En 1999, un incident analogue s'était produit à la centrale de Nogent-sur-Seine et "l'exploitant avait mis en place un dispositif de sécurisation pour empêcher la chute de l'assemblage et avait réussi à récupérer l'assemblage sans l'endommager", rappelle l'IRSN. "À Tricastin, on est en phase d'investigations et les experts sont sur place pour élaborer la meilleure stratégie pour sortir les assemblages combustibles", a précisé mardi matin la direction d'EDF jointe par téléphone à Paris. "On ne sait pas encore quelle stratégie va être adoptée et le bâtiment réacteur a été fermé par précaution", a précisé la porte-parole d'EDF, ajoutant : "On ne sait pas combien de temps ça va prendre. À Nogent, le chantier avait duré 20 jours."
Selon le fournisseur d'électricité, "cet événement n'a aucune incidence sur l'environnement et la sûreté des installations". L'entreprise a donc proposé au gendarme du nucléaire de le classer au niveau 1 sur une échelle qui va de 0 à 7. L'ASN doit encore approuver ou non cette proposition.
Le site du Tricastin, qui comporte plusieurs installations, a connu cet été une série d'incidents. Dans la nuit du 7 au 8 juillet, 74 kilos d'uranium ont été rejetés dans l'environnement à la suite du débordement d'une cuve à l'usine Socatri (Areva) à Bollène (Vaucluse). Le 23 juillet, une centaine de travailleurs ont subi une légère contamination par de la poussière radioactive lors d'une opération de maintenance sur le réacteur nº 4 de la centrale EDF du Tricastin, à proximité de l'entreprise Socatri.
Lire aussi : Tricastin : un nouvel incident à la Socatri
8/9/2008 - Un incident de niveau 1 (sur sept) s'est produit lundi matin à la centrale nucléaire No2 du site de Tricastin (Drôme) lors d'une opération d'assemblage de combustibles, a-t-on appris auprès de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). L'anomalie est survenue alors que la centrale n°2, dépendant d'Electricité de France, se trouvait en "arrêt de tranche" pour décharger le réacteur en combustible, a précisé Evangelia Petit, chargée du service de presse à l'ASN.
Du personnel était donc présent au moment de l'incident, mais l'ASN ignorait dans l'immédiat si des employés avaient pu être exposés. "Je n'ai pas cette information", a déclaré la porte-parole. "On est en train de regarder ce qui s'est passé". Des inspecteurs ont été envoyés sur place pour déterminer les circonstances et les causes de cette anomalie. L'incident s'est produit vers 10h30 et EDF a prévenu l'ASN vers midi, a dit Mme Petit.
Dans un communiqué, l'ASN explique que "le coeur du réacteur nucléaire est composé de 157 assemblages combustibles comportant chacun 264 crayons qui contiennent le combustible nucléaire. Les réacteurs doivent être arrêtés périodiquement et déchargés pour procéder au renouvellement du combustible". Lors de cette opération, "le couvercle de la cuve du réacteur et les structures internes supérieures de maintien sont retirés pour pouvoir accéder aux assemblages combustibles et pouvoir les remplacer".
Or, "deux assemblages combustibles sont restés accrochés aux structures internes supérieures (...) L'exploitant a interrompu ces opérations et fait procéder à l'évacuation du bâtiment réacteur et à son isolement", tandis que les deux assemblages "sont sous eau dans la cuve". Cet "incident (...) n'a pas eu de conséquences pour le personnel de la centrale et n'a pas entraîné de rejets dans l'environnement", a assuré l'ASN qui note qu'un événement de même nature s'était produit à la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine en 1999.