En juin 2010, l'Observatoire régional de santé (ORS) de la région Rhone-Alpes et l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ont rendu un rapport sur une étude sanitaire descriptive sur les cancers autour du site de Tricastin. La zone d'étude choisie s'étend sur la part de chacun des quatre départements - Ardèche, Drôme, Vaucluse, Gard - susceptible d'entrer dans le « périmètre d'intervention » prévu en cas d'accident nucléaire. A cette première zone de 22 communes ont été ajoutées 15 autres communes, en raison... non pas d'une éventuelle proximité des installations nucléaires de Tricastin mais... du code postal de ces communes! Ne cherchez pas le lien avec la radioactivité, il n'y en a pas ! Ce serait même l'inverse : plus on agrandit le périmètre observé, moins les « détails » peuvent apparaître. L'ensemble de l'étude est construit pour ne pas voir les « détails »... [lire la suite]
France 3, 16/6/2010:
La filiale d'Areva est poursuivie pour pollution et pour avoir tardé à alerter les autorités de contrôle
Jeudi 17 juin, le procès de la Socatri, filiale du groupe Areva, se tiendra devant le tribunal correctionnel de Carpentras, dans le Vaucluse. Une dizaine de parties civiles, associations de défense de l'environnement et particuliers, seront présentes au procès. Ces suites judiciaires interviennent près de deux ans après une fuite radioactive.
L'affaire remonte à la nuit du 07 au 08 juillet 2008 : à Bollène, sur le site du Tricastin, une fuite d'effluents radioactifs s'est produite à l'intérieur de la Socatri, l'usine de traitement. La Gaffière et l'Auzon, des rivières voisines, ont été contaminées. L'incident a été classé niveau 1 par l'Autorité de Sureté Nucléaire. Mais ce rejet accidentel d'uranium a provoqué la colère des riverains et de nombreuses associations de défense de l'environnement.
La Socatri n'est pas uniquement poursuivie pour des faits de pollution. La filiale d'Areva devra également répondre d'infraction à la loi sur la transparence et la sûreté nucléaire. La Socatri a tardé donner l'alerte : il s'est écoulé plusieurs heures entre la découverte de la fuite, le déclenchement du plan d'urgence et l'information des autorités compétentes.
Le Midi Libre, 11/8/2009:
Bernard Moya avait 52 ans à peine lorsque la mort l'a emporté le 10 septembre 2008. Ce Cuxanais a succombé à un cancer des poumons. Quelques mois plus tôt, en avril, la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) avait reconnu officiellement qu'il souffrait d'une maladie professionnelle.
Depuis 1976, Bernard Moya était ouvrier à la Comurhex, l'usine de traitement de minerai d'uranium installée sur le site de Malvési à Narbonne. Pendant 32 ans, il a été en contact avec la radioactivité et divers produits chimiques potentiellement dangereux. Notamment l'acide fluorhydrique, l'acide nitrique, la soude... C'est ce risque technologique majeur lié aux produits chimiques qui vaut d'ailleurs à la filiale d'Areva d'être classée "Seveso 2".
Mais, dans le cas de Bernard Moya, ce sont les radiations qui sont visées par la CPAM, comme ayant causé le cancer. A travers ce qu'on appelle le "tableau numéro 6" qui désigne les rayons ionisants. « Ce type de reconnaissance désigne la radioactivité et non les produits chimiques. A ma connaissance, c'est une première pour la Comurhex (1) », explique son fils Aurélien
Et de poursuivre : « Les employés de la Comurhex sont obligatoirement dotés d'un appareil de mesure de la radioactivité. Celle-ci semble une cause importante de nombreuses maladies, entraînant parfois le décès, même si c'est souvent le risque chimique qui est mis en cause. Mais c'est la loi du silence ! ».
En d'autres termes, le risque radioactif serait volontairement minimisé : « Cette entreprise présente des risques liés au nucléaire. Cependant on ne pouvait jusqu'alors l'attaquer sur ce terrain car seule l'activité chimie lui était reconnue à risque ».
Aurélien et sa mère Jacqueline sont tristes et amers. Bien évidemment, parce qu'ils sont affectés par une perte douloureuse et prématurée. « Jusqu'au bout, mon père a lutté avec un courage exemplaire qui se voit rarement, confie Aurélien. Malgré l'envie de baisser les bras, les deux dernières semaines, les métastases ayant gagné la tête » .
Mais la mère et le fils sont également
choqués par l'attitude de la direction de la Comurhex.
Ils dénoncent « la mauvaise volonté »
de l'entreprise pour les renseigner sur les démarches nécessaires.
Et l'absence d'« humanité » lorsque le fils
se verra refuser un emploi par la direction de l'usine, alors
qu'il estime y avoir droit en quelque sorte. Des affirmations
qui sont contestées.
(1) En fait, non. En mars 2008, la cour d'appel de Montpellier reconnaissait que la leucémie qui, en 2001, a terrassé François Gambart, le gardien de l'usine, a bien été causée par une exposition à la radioactivité. Un deuxième cas, celui de Michel Leclerc, n'est pas encore tranché.
La Comurhex-Areva va contester la décision de la CPAM-Aude
Le service juridique d'Areva, dont la Comurhex est une filiale, entend contester la décision de la CPAM d'attribuer à la radioactivité l'origine du cancer qui a tué Bernard Moya.
« Il faut apporter la preuve que la maladie est liée à l'uranium et non à d'autres facteurs », indique Gregory Degenne. Par ailleurs, le responsable de la communication de la Comurhex et Stéphan Jolivet, "production manager", insistent sur « le suivi régulier dont bénéficient tous les salariés de l'usine de traitement du minerai d'uranium. Chacun est doté d'appareils qui mesurent les radiations. Les résultats sont analysés en continu par la Médecine du travail ».
Les deux cadres annoncent qu'une enquête
épidémiologie est en cours : « Elle concerne
tous les salariés
depuis 1976, actifs ou retraités. Les résultats
qui seront rendus publics, permettront de savoir quel est réellement
l'impact de l'activité de l'usine sur la santé des
salariés. Ça aura le mérite de la clarté
et de positionner les choses de manière scientifique ».
Gregory Degenne réfute les critiques émises par Aurélien Moya et sa mère selon lesquelles la Comurhex aurait fait preuve de mauvaise volonté et pas suffisamment d'humanité : « Nous avons fourni en temps et en heure, les documents demandés. Quant à la demande d'embauche d'Aurélien Moya, nous n'y avons pas répondu. Car son profil droit gestion vitivinicole ne correspondait pas à notre activité. Et puis, le ton de ses lettres était assez déplaisant ».
La Provence, 12/7/2009:
Le 8 juillet 2008, la Socatri reconnaissait le rejet accidentel d'effluents uranifères
"Nous subissons sans vraiment en avoir le choix, inquiets sans trop vouloir y penser... Vous savez nous sommes tout petits par rapport aux géants de l'enrichissement d'uranium." Christelle Chevalier habite à quelques dizaines de mètres à vol d'oiseau, de la centrale nucléaire du Tricastin. Là, où voilà un an presque jour pour jour, un incident sur l'usine Socatriprovoquait le rejet accidentel de 75kg d'uranium dans les nappes phréatiques et les rivières environnantes.
À l'époque, l'usage de l'eau de forage avait été interdit par la préfecture. La pêche avait été proscrite, les plans d'eaux fermés au public. Pendant de nombreuses semaines, les riverains de Tricastin regrettaient d'être dans l'expectative. "Sans explications, sans aucune information sur les dangers et les risques d'une contamination radioactive", raconte Christelle.
Depuis cette date, chaque mois, Christelle et son mari Christophe accueillent des techniciens de la Socatri, qui viennent faire des prélèvements dans leur puits. "Ce qui est très surprenant, c'est que ces résultats jouent au yoyo. Quelques jours après la fuite, nous étions à 12,7µ/l. Cet hiver, nous sommes descendus à 8µ/l, et puis bizarrement, il y a quatre mois, le taux est remonté à 12µ/l. Quand on demande pourquoi il y a de telles variations, ils nous répondent qu'ils ne savent pas expliquer ce qui provoque ces fluctuations". La limite admise par l'Organisation mondiale de la Santé est de 15µ/l.
"Je ne suis pas vraiment inquiète"
Si ici les analyses sont mensuelles, chez sa voisine, Josiane Mayan, il en est tout autrement. Tandis que les nièces de la famille jouent dans la piscine, Josiane entretient son jardin. "Juste après la catastrophe [non pas une "catastrophe", juste un incident], un ou deux prélèvements ont été effectués. Nous n'avons rien su des résultats et plus personne n'est revenu, se souvient Josiane. Cependant je ne suis pas vraiment inquiète. Si vraiment il existait un danger pour notre santé, je pense que nous le saurions".Alors, dans cette maison, la vie quotidienne a repris son cours comme si de rien n'était et les inquiétudes de l'été dernier se sont tout simplement... évaporées.
Nouvel incident le 9 juillet dernier
Un nouvel incident s'est produit jeudi 9 juillet dans un atelier de stockage du site nucléaire du Tricastin, soit un an et un jour après l'événement qui avait lancé la première polémique sur la sûreté des équipements nucléaires.
L'incident, une fuite de 50g d'acide fluorhydrique, a été évalué comme mineur par la direction d'Areva : une anomalie de niveau 0 qui a tout de même été signalée aux maires et au préfet !
Coïncidence du calendrier, vendredi matin avait lieu, à Valence, la commission locale d'information de la Cigeet (Commission d'Information auprès des Grands Équipements Énergétiques du Tricastin). Lors de cette réunion, Didier Guillaume, président du conseil général de Drôme et de la CIGEET, a alors fait part, haut et fort, de son mécontentement : il n'avait été prévenu de l'incident la veille que tard dans la soirée par le préfet. Coprésidée par Jean-Pierre Lambertin, vice-président du conseil général du Vaucluse et maire de Lapalud, "la commission a alors fait le point sur l'importance de corriger ces dysfonctionnements de communication envers les élus et les populations".
Pourtant à Bollène comme à Lapalud, communes riveraines du site nucléaire, les autorités municipales avaient été "informées par téléphone de cet incident par la direction de la communication d'Areva"...
Le Midi Libre, 27 mars 2009:
RAPPEL - Depuis 1995, Michel Leclerc se bat pour faire
reconnaître la "faute inexcusable" de la Comurhex.
C'est un soutien de poids qui était dans la salle d'audience
du tribunal de Narbonne hier matin aux côtés de Michel
Leclerc, ce Narbonnais atteint d'une leucémie dont il attribue
la responsabilité à la Comurhex (1). José
Bové en personne était là (lire l'interview
ci-dessous), alors qu'une soixantaine de militants écologistes,
altermondialistes et / ou occitanistes étaient rassemblés
à l'extérieur (2).
Le tribunal devait examiner une requête de Me Muriel Ruef
qui demande la nullité d'une expertise médicale
défavorable à Michel Leclerc. Le document attribue,
en effet, l'origine de sa maladie - diagnostiquée en 1991
- à son premier emploi de mécanicien automobile,
de 1967 à 1980. Et plus particulièrement aux contacts
répétés avec le benzène.
Or Michel Leclerc affirme que c'est lorsqu'il était mécanicien pour la société biterroise Serci, sous-traitant de la Comurhex sur le site de Malvési de 1980 à 1984 et en liquidation judiciaire depuis, qu'il a été contaminé par de la poussière d'uranium. Ce que le tribunal des affaires de la Sécurité Sociale de l'Aude a confirmé le 25 mai 1999. Mais, même si sa maladie professionnelle a été reconnue, la Comurhex n'étant pas l'employeur de Michel Leclerc, la juridiction n'était pas compétente pour condamner la filiale d'Aréva.
C'est pour cela que Michel Leclerc s'est tourné vers le tribunal de grande instance de Narbonne afin de faire établir "la faute inexcusable" de la Comhurex et obtenir dédommagement, 15 ans après le début de son combat judiciaire. L'expertise négative pour lui contrarie ses plans. Son avocate a dénoncé « l'impartialité » de l'expertise. Me Muriel Ruef soupçonne le professeur Burki qui l'a menée, d'avoir subi « des pressions » de la part de la Comurhex. Et plus tard d'avoir conclu son rapport avec « un copier coller » d'un rapport produit par la filiale d'Aréva.
Elle réclame l'annulation de l'expertise,
puis soit un nouveau procès qui réexaminera l'affaire
au fond, soit la désignation d'une contre expertise avec
un expert éloigné de la région afin d'éviter
d'éventuelles collusions. Les accusations sur l'impartialité
de l'expert « choquent » Me Garcia.
L'avocat de la Comurhex défend « un rapport d'expertise
parfaitement clair qui rejette la responsabilité »
de son client. Il dénonce « la suspicion systématique
qui a été jetée dès le départ
sur l'expertise ». L'avocat affirme que le tribunal de Narbonne
doit s'en tenir à « la décision du tribunal
de la Sécurité Sociale qui n'a reconnu aucune faute
de la Comurhex ». Délibéré le 19 juin.
Sid MOKHTARI
(1) Sur le site de Malvési, la Comurhex
reçoit du concentré de minerai d'uranium (14 000
tonnes par an soit le quart de la production mondiale) puis le
transforme en tétrafluore d'uranium avant de l'envoyer
à Pierrelatte. Le résultat final servira de combustible
aux centrales nucléaires.
(2) Étaient notamment présents la Narbonnaise Maryse
Arditi, Roland Desbordes, président de la Criirad et Frédéric
Boutet du réseau "Sortir du nucléaire".
Le Midi Libre, 27 mars 2009:
L'altermondialiste est candidat aux Européennes
pour "Europe Écologie"
Pourquoi êtes-vous là ?
Pour soutenir Michel Leclerc. Il y a un vrai
souci avec cette entreprise. La question des poussières
radioactives est majeure. Et si la faute de la Comurhex est reconnue
dans cette affaire, cela voudrait dire qu'il y a aussi un problème
pour le voisinage et les quartiers aux alentours. Mais il y a
une omerta de la part de la Comurhex et de tout ce lobby nucléaire
civil. Michel Leclerc dérange parce qu'il peut créer
un précédent juridique.
Il est seul face à Aréva...
C'est effectivement David contre Goliath. Mais comme chacun sait,
c'est David qui a gagné ! Nous, sur le plateau du Larzac,
nous n'étions que 103 familles à lutter contre l'armée
française qui voulaient nous prendre nos terres. On a gagné
parce que notre combat était légitime comme l'est
celui de Michel Leclerc. C'est un combat d'abord pour sa dignité.
Il est broyé par la Comurhex et on le traite de menteur.
Alors que tout démontre qu'il a été victime
d'une contamination nucléaire.
Pourquoi faut-il "Sortir du nucléaire", votre
slogan ?
Il faut sortir du nucléaire parce que nous sommes sur une
bombe à retardement. La France est le pays le plus "nucléarisé"
du monde. Un rapport de la DST dit que si un avion se crashait
sur le dôme d'une centrale, il n'y en a pas un qui tiendrait
et tout le pays serait touché ! Cette industrie est dangereuse
aussi par ses déchets. Depuis 40 ans, à la Comurhex,
il y a des stocks invraisemblables. Autre problème : comment
le minerai arrive du port de Saint-Nazaire, (Loire-Atlantique)
à Narbonne. Une bonne moitié de la France est traversée
par des trains de minerais radioactifs. Il y a une contamination
dans tous les sens et il va falloir faire une expertise de tout
ça. C'est une question fondamentale pour les générations
futures, pour des milliers d'années !
Certains disent que la France a bien fait d'opter pour le nucléaire,
vu la cherté du pétrole...
Je pense que c'est un faux argument. La principale solution, c'est
de se diriger vers des énergies durables et économiser
l'énergie. On sait qu'on peut arriver à 50 % d'économie,
en isolant les habitations, en choisissant d'autres types de véhicules...
Cela permettrait aux gens d'avoir un meilleur niveau de vie parce
qu'ils dépenseraient moins d'argent et à la société
de moins gaspiller pour les générations futures.
Midi Libre, 26 mars 2009:
Tête de liste d'Europe Écologie
pour la Région Sud- Ouest, le médiatique José
Bové a choisi de s'arrêter ce matin à Narbonne.
Dès 8h30, il sera présent devant le tribunal pour
soutenir Michel Leclerc qui, frappé par une leucémie,
se bat depuis quatorze ans pour faire reconnaître sa maladie
et obtenir une indemnisation de la part de la Comurhex où
il travaillait comme mécanicien industriel de 1980 à
1984.
José Bové ne sera pas seul. Il sera accompagné
notamment de Roland Desbordes, président de la Criirad
et Frédéric Boutet (réseau Sortir du Nucléaire).
A l'invitation de La Confédération Paysanne, des
Écologistes de la Narbonnaise, d'Europe Écologie,
de Greenpeace, de Païs nostre, du Réseau Sortir du
Nucléaire et des "Verts", le leader paysan aveyronnais
animera à partir de 9h30 un débat sur la Justice
à la salle du docteur Lacroix au Palais du Travail de Narbonne.
José Bové interviendra pour dénoncer «
une justice à deux vitesses » , lui, qui a dû
répondre de ses actes devant la justice, notamment pour
l'arrachage de plants transgéniques.
Midi Libre, 21 mars
2009:
José Bové sera présent
jeudi au tribunal aux côtés de Michel Leclerc. Il
animera également un débat sur la Justice La Confédération
Paysanne, les Écologistes de la Narbonnaise, Europe Écologie,
Greenpeace, Païs nostre, le Réseau Sortir du Nucléaire
et "Les Verts" ont décidé de frapper un
grand coup le jeudi 26 mars lors du procès de Michel Leclerc
devant le tribunal de grande instance de Narbonne.
Michel Leclerc, Sallèlois de 57 ans, se bat depuis quatorze
ans pour faire reconnaître sa maladie et obtenir une indemnisation
de la part de la Comurhex où il travaillait comme mécanicien
industriel de 1980 à 1984. Il a été victime
d'une leucémie et a dû été greffé.
Maintenant, il attend enfin une décision de Justice. Jeudi,
Michel Leclerc et son avocat demanderont la nullité de
la seule expertise effectuée, concluant que sa leucémie
n'a pas été contractée à la Comurhex.
Ils seront soutenus. En effet, ce jour-là, dès 8
h 30, Michel Leclerc pourra compter sur les présences devant
le tribunal de Roland Desbordes, président de la Criirad,
Frédéric Boutet (le Réseau Sortir du Nucléaire)
et surtout José Bové, tête de liste de Europe
Écologie : « Nous serons tous là » commente
Maryse Arditi. Dès 9 h 30, ils rejoindront la salle du
docteur Lacroix au Palais du Travail pour un débat suivi
du compte-rendu du tribunal. José Bové interviendra
pour dénoncer « une justice à deux vitesses
».
Au-delà du procès de Michel Leclerc, Maryse Arditi et les Écologistes de la Narbonnaise souhaitent mettre une pression supplémentaire sur la société Comurhex : « Le stockage autorisé des concentrés d'uranium devrait passer de 20 000 à 40 000 tonnes. Malgré les 300 M Euros de travaux, nous souhaitons que la Comurhex soit autrement surveillée qu'aujourd'hui car elle travaille très mal » conclut Maryse Arditi.
Le Dauphiné Libéré, 13/11/2008:
«Vous vous souvenez qu'on a demandé une étude épidémiologique sur la zone du Tricastin. Celle-ci devrait commencer avant la fin de l'année, pour un rendu en mars 2009 » a déclaré benoîtement Jean-Louis Borloo, le ministre de l'Environnement, vendredi dernier. Un scoop ? Pas vraiment.
L'étude ? Une initiative locale
Car la fameuse étude épidémiologique, recommandée
dès l'enquête publique sur Georges Besse II et actée en mars 2007,
a été arrachée par les associations écologistes
comme la Frapna et grâce au soutien du Conseil général
de la Drôme.
C'est donc bien une initiative locale que cette étude fort
opportunément récupérée par le ministre...
Une étude sur les cancers dans la zone du Tricastin aura
donc bien lieu. Le 21 novembre prochain, la Cigeet (commission
d'information des grands équipements énergétiques
du Tricastin) devrait valider l'appel d'offres pour le cabinet
d'études. "Enfin", pourrait-on dire. Car il a
fallu beaucoup de temps à la commission -composée
de représentants de l'Autorité de Sûreté
nucléaire, de la Frapna, de la DDASS, de la Ligue contre
le cancer- chargée d'élaborer le cahier des charges
de cette étude, pour se mettre d'accord.
Finalement, il a donc été décidé d'une
étude de morbidité (nombre de cancers) et de mortalité
sur une zone d'environ 10 km autour du site. «Nous aurions
voulu élargir l'étude à l'ensemble de la
Drôme, ce que l'ASN a refusé arguant qu'il ne s'agissait
pas d'établir "un registre des cancers" mais
c'est pourtant bien de cela dont il s'agit» explique Michèle
Rivasi, qui n'était pas encore alors la vice-présidente
du Département en charge de l'environnement mais l'experte
auprès de la FRAPNA.
Cette première phase est budgétée et sera
financée conjointement par l'ASN (Etat) et le conseil général.
«C'est très bien que nous ayons l'aval de Borloo,
indique Michèle Rivasi, mais nous voulons absolument garder
la maîtrise d'ouvrage. Si c'est l'Etat, il va déléguer
aux organismes, tels que l'Institut de veille sanitaire, qui n'ont
jamais rien fait. La preuve c'est que depuis 20 ans, il y a des
gens qui boivent de l'eau contaminée -comme l'a montré
l'incident de la Socatri- sans que rien n'ait été
fait. »
S'intéresser au parcours, à la
fois professionnel et résidentiel
Après le constat, les explications. C'est l'autre point
important de l'étude qui pour l'heure n'est pas actée.
«Lorsqu'on constate des zones à agrégats (accumulation
de cancers), il faut absolument qu'on s'intéresse au parcours,
à la fois professionnel et résidentiel, des gens
pour savoir si un jour ou l'autre ils ont été en
contact avec des produits chimiques ou nucléaires. Le constat
sinon ne servira à rien» insiste Michèle Rivasi.
Le Dauphiné Libéré, 8/11/2008:
En parallèle à l'incident survenu sur Eurodif, nous apprenions hier soir l'existence de deux fuites sur la centrale nucléaire EDF-Tricastin. La porte-parole de l'électricien indiquaient que de l'eau et de l'oxygène s'échappaient d'un tuyau situé dans la salle des machines du réacteur n°4. Tout risque d'explosion lié à la présence d'oxygène serait « écarté ». Ces fuites existent depuis deux jours et afin de les réparer, il y aura une baisse de régime ce week-end.
Le Dauphiné Libéré, 8/11/2008:
La série noire continue. Hier soir vers 20 heures, à la nuit tombée, des tests étaient effectués dans les eaux de la Gaffière. Nous avons en effet appris la fuite d'un produit chimique qui aurait été découverte hier matin sur l'usine Eurodif, filiale du groupe Areva, localisée par les deux fameuses tours de refroidissement. Pendant quelques jours, au moins trois selon nos informations, du bore a été évacué dans l'eau de la Gaffière.
5 mois jour pour jour après Socatri !
Trois cents kilos de cette substance sont partis avec les eaux de pluie dans cette rivière bordant le site nucléaire du Tricastin. Rivière dont on avait déjà beaucoup parlé avec l'accident survenu sur Socatri cet été. C'était le 7 juillet dernier, il y a cinq mois jour pour jour, hier. Dans l'après-midi de vendredi, des tests ont été réalisés dans la Gaffière et ils ont révélé qu'elle était « parfaitement potable », a indiqué le porte-parole de l'ASN.
Vers 19 heures hier, la préfecture de la Drôme a confirmé que « le prélèvement effectué à 18 heures faisait état d'un taux de 0,2 milligramme de bore par litre ». Une valeur « cinq fois inférieure à la norme sanitaire de potabilité qui est de 1 milligramme par litre ». L'événement, qui n'est pas radioactif, ne devrait pas être classé par l'Autorité de sûreté nucléaire sur l'échelle [médiatique] INES « car il n'y aurait pas de conséquences environnementale et sanitaire ».
Pas d'évacuation
Si le plan d'urgence interne (PUI) aurait été
mis en place hier, aucune personne n'a dû être évacuée,
affirmaient les porte-parole d'Areva et de l'ASN. Avant d'assurer
qu'hier soir, la fuite avait été stoppée.
Pour l'anecdote, jeudi, lors d'une visite du chantier de l'usine
Georges-Besse II qui remplacera Eurodif par étape dès
2009, l'ex-directeur d'Eurodif Gérard Perrat faisait remarquer
qu'aucun incident n'avait frappé la société
depuis sa création. « Je touche du bois »,
avait-il ajouté. [...]
7/11/2008 - Une étude épidémiologique va être lancée autour du site nucléaire du Tricastin où une série d'incidents se sont produits cet été, a déclaré vendredi le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo. Cette étude, dont le principe avait été arrêté dès mars 2007, consistera dans un premier temps à réaliser une étude descriptive des données de mortalité et de morbidité (maladies), puis à faire une étude analytique si des liens de cause à effet sont suspectés.
"Vous vous souvenez qu'on avait demandé une étude épidémiologique sur le site de Tricastin; le cahier des charges est en cours de finalisation, les crédits budgétaires sont disponibles", a déclaré Jean-Louis Borloo à l'occasion de la remise d'un rapport sur le suivi radioécologique des eaux autour des centrales nucléaires et la gestion des anciens sites d'entreposage des sites radioactifs. Le ministre a ajouté qu'il espérait que cette étude démarrerait vers Noël. Les premiers résultats sont attendus à la fin du premier semestre 2009, a-t-on indiqué au ministère de l'Ecologie.
En Allemagne, une étude réalisée fin 2007 avait établi que les enfants de moins de cinq ans résidant à moins de 5 km d'une centrale nucléaire ont un risque 60% plus élevé de contracter un cancer. Ce risque est même augmenté de 117% dans le cas des leucémies, selon cette étude. Le ministre allemand de l'Environnement, Sigmar Gabriel, avait cependant souligné que l'état actuel des connaissances scientifiques ne permettait pas d'expliquer le taux de cancer anormalement élevé par les radiations émises par les réacteurs, laissant entendre que d'autres facteurs pourraient être en cause.
La population proche du site
du Tricastin est depuis longtemps exposée à la présence
de radio-éléments liés à l'industrie
nucléaire. Outre une récente
fuite de liquide radioactif à la Socatri, un sous-traitant
d'Areva, le site voisin de Pierrelatte héberge une "butte"
de déchets contenant de l'uranium et des produits chimiques
toxiques entreposés entre 1969 et 1976. La pose d'une couverture
pour cet entreposage, préconisée dans un rapport
datant 1998, n'a toujours pas été réalisée,
selon un rapport publié vendredi par le Haut comité
pour la transparence et l'information sur la sécurité
nucléaire.
7/11/2008 - Un nouvel incident, sans gravité, s'est produit sur le site nucléaire du Tricastin à l'usine d'enrichissement d'uranium Eurodif de Pierrelatte (Drôme) après la constatation d'une fuite d'eau borée, utilisée dans les circuits de refroidissement, a indiqué vendredi soir la préfecture. "Cette fuite est à présent stoppée (...). Il s'agit là d'un événement à caractère chimique et non radioactif (...). Selon l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), il n'y a pas lieu de mettre en place des mesures de protection des populations", indique la préfecture dans un communiqué sans préciser la date de la survenance de la fuite et la quantité d'eau borée rejetée. Cette fuite, signalée au préfet par l'ASN, s'est "produite dans une canalisation et atteint une galerie technique et un caniveau d'eau pluviale. Des rejets ont été constatés dans le cours d'eau de la Gaffière", ajoute-t-elle. Dans la Gaffière, à la limite du site, un prélèvement "effectué à 18H00, faisait état d'un taux de 0,2 milligrammes de bore par litre, soit en deçà de la norme sanitaire de potabilité qui est de 1 milligramme par litre", ajoute-t-on. Les préfectures de la Drôme et du Vaucluse ont activé une cellule de suivi. "Comme tout événement se produisant dans une installation nucléaire, l'autorité de sûreté nucléaire procédera à des investigations de manière à mettre en oeuvre des mesures correctives", conclut la préfecture.
Le Dauphiné libéré, 17/10/2008:
Filiale du groupe Areva, la Franco-Belge de Fabrication de Combustible à Romans (FBFC) est une usine de fabrication d'assemblages combustibles pour les centrales nucléaires.
Hier, la direction du site FBFC de Romans a décidé de suspendre temporairement la production d'une partie des ateliers. En cause : "la détection d'une teneur journalière en uranium des effluents traités par la station de l'usine plus élevée que celle autorisée". Sachant que la teneur s'élève, à la mi-octobre, à hauteur de 30 % de la limite mensuelle autorisée.
Des anomalies apparues début octobre. Plusieurs "anomalies", apparues début octobre, se sont confirmées ces derniers jours. Le laboratoire de l'usine a procédé à des séries d'analyses pour tenter de détecter l'origine de ces "anomalies". En vain. Ce qui a conduit le directeur du site, Philippe Moinard, à arrêter l'activité des ateliers "conversion", "pastillage" et Cerca. Il s'agit en fait de l'ensemble de la production du "secteur uranium" de la FBFC.
Selon Philippe Moinard : « c'est la première fois que nous sommes confrontés à un tel incident. Puisqu'il s'agit d'une installation nucléaire, j'ai préféré, par sécurité, ménager une marge de sécurité. Même si nous sommes loin de la limite autorisée ».
De nouvelles analyses et mesures pratiquées par le groupe Areva. Quant aux effluents traités par la station, il s'agit de l'eau des douches et de la laverie. Mais aussi celle des ateliers préalablement stockée et analysée. Hier matin, ces "anomalies" faisaient l'objet de nouvelles analyses et mesures pratiquées par le groupe Areva. D'après la FBFC, ces "anomalies n'ont eu aucun impact sur l'environnement, ni sur le personnel".
L'origine de l'incident n'est toujours pas
identifiée. Hier soir, la direction du site n'était
toujours pas en mesure de déterminer si les opérations
de nettoyage allaient durer 24 heures ou plus. D'autant que l'origine
de cet incident n'était toujours pas identifiée.
L'établissement romanais a proposé à l'Autorité
de sûreté nucléaire, "de classer cette
anomalie au niveau 1 de l'échelle [médiatique] Ines graduée
de 0 à 7".
REPÈRES
QUE REPRÉSENTE LA FBFC? Leader mondial dans son secteur
d'activité, elle emploie près de 800 personnes réparties
dans 20 bâtiments sur 35 hectares. Le site est situé
en zone industrielle des Allobroges. La FBFC est également
le premier employeur privé de la ville.
LES ANOMALIES D'OCTOBRE 2008 Elles sont apparues début octobre à la suite d'analyses effectuées dans la station de traitement des effluents. La teneur journalière en uranium des effluents étant plus élevée que celle autorisée.
QUELLES SONT LES MESURES PRISES HIER? La direction du site FBFC a décidé, jusqu'à nouvel ordre, de suspendre l'activité de certains ateliers en raison de l'arrêt de la station de traitement.
14/10/2008 - Un
début de combustion "sans gravité" sur
une gaine de ventilation s'est déclaré mardi matin
à l'usine FBFC de Romans-sur-Isère (Drôme),
qui fabrique et assemble des combustibles nucléaires notamment
pour les réacteurs à eau sous pression, a-t-on appris
auprès de la direction. "Il ne s'agit pas d'un incendie,
mais d'un début de combustion d'une gaine de ventilation
dans un bâtiment de notre usine", a expliqué
le porte-parole de la FBFC Philippe Sorbe. Les opérateurs
responsables de la sécurité "sont immédiatement
intervenus et le début de combustion était maîtrisé
à l'arrivée des pompiers", qui avaient été
"immédiatement alertés comme il est d'usage
en pareil cas", a précisé le porte-parole.
La trentaine de personnes qui travaillaient dans l'atelier où
s'est produit l'incident "ont été évacuées
et ont depuis repris normalement leur poste", a-t-il ajouté.
Une alerte avait été déclenchée en
juillet 2008 dans cette même usine après une rupture
de canalisation qui avait entraîné des rejets d'effluents
radioactifs.
L'usine a déjà été épinglée
à plusieurs reprises par l'Autorité de Sûreté
Nucléaire (ASN) pour divers incidents ou négligences.
Le site, qui emploie 800 personnes, appartient à la FBFC
(Franco-Belge de Fabrication du Combustible), filiale à
100% du groupe nucléaire public français Areva,
dont le siège est à Lyon et qui possède un
autre site à Pierrelatte (Drôme). FBFC fabrique et
assemble des combustibles nucléaires notamment pour les
réacteurs à eau sous pression, secteur où
elle est le numéro un mondial.
Enviro2B,
14/10/2008:
Interview
Roland Desbordes, physicien de formation et président de la Criirad. La Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité est un laboratoire indépendant d'analyses de radioactivité, de bilans radioécologiques, et d'études d'impact.
Pouvez-vous nous éclairer sur cette pollution de la nappe phréatique autour du Tricastin ?
Nous soupçonnions depuis
longtemps déjà une pollution autour du Tricastin.
Cela fait plus de 10 ans qu'on a sollicité les élus
locaux pour qu'ils s'intéressent à cette nappe phréatique,
surtout parce qu'elle sert à l'arrosage mais également
à l'alimentation humaine. Il y a en effet des gens qui
pompent directement dans cette nappe.
Dès 1997/1998, on avait demandé aux élus
locaux une étude sur cette nappe, en dehors des mesures
des exploitants, qui semblaient ne rien voir. Et, on s'apercevra
plus tard, qu'en réalité, les exploitant avaient
bien vu des choses mais qu'ils n'en avaient pas communiqué
les résultats à la Commission locale d'information.
Il a fallu une demande de l'ASN (Autorité de sûreté
nucléaire), des DDASS du Vaucluse et de la Drôme
pour qu'une étude soit réalisée à
partir de 2007 et confiée à l'IRSN (Institut de
radioprotection sur le nucléaire) qui est l'expert de l'Etat
et des exploitants, et à Areva, principal exploitant du
site.
Qu'a révélé l'étude de l'IRSN publiée le 4 juillet dernier ?
Cette étude a été présentée le 4 juillet dernier à la Commission locale d'information à Valence. On a assez rapidement constaté un excédent d'uranium au sud du site, par rapport au nord. Areva a tout d'abord tenté d'expliquer qu'on était en présence de variations habituelles présentes dans la nature. Dès qu'on a pu prendre connaissance du rapport complet, nous nous sommes rendus compte que cette nappe était bien polluée par l'uranium issu du site dans la mesure ou un autre radio-élément, lui totalement naturel, le polonium 210, était également présent dans cette nappe mais lui dans la même proportion au nord comme au sud.
Vous pointez également du doigt un vieux stockage de déchets d'uranium laissé pratiquement à l'air libre sur le site
Il faut en effet évoquer la question du stockage de déchets radioactifs sur le site du Tricastin. En l'espèce, il s'agit de déchets d'uranium. On avait interrogé l'exploitant, la Cogema en l'occurrence, sur ce stockage de déchets. Ils considéraient qu'il ne posait aucun problème, et qu'il n'avait jamais pollué la nappe.
En fait, dans un rapport publié en 1998, deux pages indiquaient que ce stockage a déjà pollué dès 1979, la nappe. La pollution était tellement importante qu'ils avaient mis en place un pompage de fixation pour éviter que cette pollution ne se disperse trop. Il est reconnu en 1998, donc 20 ans après, qu'un tiers des déchets radioactifs ont déjà disparu. Ils ont été entreposés sur le sol, et recouverts simplement de terre. En gros, ils sont partis dans la nappe. Une partie a pollué directement la nappe, et l'autre partie a été rejetée avec le pompage dans la Gaffière, le ruisseau de surface.
Pourquoi cette affaire a-t-elle fait si peu de bruit ?
On avait été alerté il y a quelques mois par des travailleurs du site nucléaire qui nous signalaient que la couverture de terre de cette butte de déchets s'était désagrégée et que les déchets réapparaissaient à l'air libre. Nous avions informé les médias et France 2 et France 3 avaient d'ailleurs effectué un reportage mais la direction de France 2 a semble-t-il refusé de le diffuser, sans explication. C'est assez fréquent. Récemment, avec M6, pour l'émission « 66 minutes, » il y a environ 3 semaines, une partie du reportage sur le Tricastin a été censurée, par la direction de la chaîne et non la journaliste.
Et comment ont réagi les autorités après la découverte de ce stockage de déchets polluants ?
L'ASN a sollicité l'armée qui est responsable de ces déchets militaires, pour venir à une commission locale d'information fin juillet. Le responsable de l'armée a réaffirmé que ce stockage ne posait aucun problème et qu'ils ne les enlèveraient pas. A la fin de la réunion, il a reconnu cependant que ces déchets n'avaient pas vocation à rester là. Or, ça fait maintenant plus de 30 ans, depuis les années 1970, qu'ils sont stockés sur cette butte. En réalité, il s'agissait d'entreposage. Mais depuis 2001, pour l'Andra, cette butte de déchets apparaît comme un stockage définitif et donc serait vouée à rester au même endroit.
Ce type de stockage de déchets radioactifs à l'air libre est-il courant ?
Il en existe d'autres notamment sur le site de Tricastin, sur le principe d'un stockage-entreposage. Il existe un certain type de déchets nucléaires produits sans destination. Les producteurs ont produit ces déchets sans se poser la question de leur destination finale. Or, il existe très peu d'endroits pour stocker ces produits radioactifs. En gros, il y a Soulaines et Morvilliers. On cherche d'ailleurs actuellement un site de stockage pour les déchets FAVL (faible activité vie longue). Il y a plus de 3.000 communes qui sont été recensées comme étant des sites d'accueil potentiels pour ces déchets.
Comment expliquez-vous les incidents à répétition sur le site du Tricastin ?
Il y a eu des incidents comme il y a en a régulièrement. On n'est pas devant une quantité d'incidents supérieurs en ce moment, mais dans la moyenne. En raison notamment d'une maintenance sur les réacteurs, l'été est plus particulièrement sensible sur les sites nucléaires. Il y a quand même eu 3 incidents plus marquants.
C'est tout d'abord le 7 juillet dernier, Socatri qui rejette 75 kg d'uranium dans des eaux de surface, c'est pas tous les jours que ça arrive avec des restrictions de consommation, c'est plutôt une nouveauté. C'est d'ailleurs ce qui amené les médias à s'y intéresser. Il y a eu également l'incident EDF du 23 juillet je crois, où plus d'une centaine de travailleurs ont été contaminés dans le réacteur, et c'est un incident exceptionnel par l'ampleur des personnes touchées.
Enfin, le dernier incident notable est celui du 8 septembre qui n'est toujours pas résolu aujourd'hui, et qui concerne une opération de déchargement où des grappes sont restées collées au couvercle quand des ouvriers ont ouvert la cuve du réacteur. C'est un incident extrêmement rare, qui s'était produit une fois à Nogent il y a 10 ans. Des bruits ont même circulé qu'on envisageait d'évacuer la population préventivement autour du site.
Avez-vous questionné les exploitants pour en savoir plus sur ces incidents ?
Nous avons posé une série de questions à Socatri début août. L'exploitant nous a fait savoir un mois après, le 15 septembre qu'il ne répondrait pas à nos questions parce qu'il y avait une action judiciaire en cours. C'est étrange pour une entreprise qui communique avec la presse. Il faut croire que nos questions les dérange.
Justement, quels sont vos rapports avec les exploitants comme Areva ?
Nous n'avons pas de rapport véritable avec les exploitants. Nous n'avons aucune mission spécifique pour effectuer des recherches ou des analyses à l'intérieur des sites nucléaires.
Considérez-vous que les autorités comme l'ASN ou l'IRSN jouent pleinement leur rôle de manière indépendante ?
Il y a un problème de collusion en France dans le secteur du nucléaire. Ainsi l'Etat est en même temps l'actionnaire du nucléaire, mais aussi celui qui édicte les règles, la réglementation, les décrets. Il a alors tendance à favoriser une réglementation qui favorise l'exploitation. Il y a véritablement un conflit d'intérêt. La présence du lobby nucléaire est au coeur des institutions. La position des députés par rapport au nucléaire interpelle.
Vous avez des doutes sur la neutralité des élus concernant la question nucléaire ?
On est en droit de se poser la question, pour qui roulent ces gens ? Que les élus locaux défendent "leur" nucléaire, ça peut se comprendre en raison des retours économiques que le nucléaire génère. Grâce à la manne du nucléaire, des communes comme Saint-Paul-Trois-Châteaux ne savent pas quoi faire de leur argent. Mais cet été, certains élus ont eu un réveil douloureux car ils se sont aperçus que le nucléaire pouvait représenter des désagréments pour le tourisme, pour l'image, pour l'agriculture, le vignoble en particulier. Le Grenelle de l'environnement est un bon exemple. On y a parlé quasiment de tout sauf du nucléaire.
Que pensez-vous du débat français sur le nucléaire ?
Nous ne nous positionnons pas "pour" ou "contre" le nucléaire. Ce qui nous semble plus important c'est plutôt de savoir si le nucléaire est une industrie comme les autres. On est dans un état de droit et les questions doivent être posées et des réponses apportées. Quand on monte au créneau, c'est parce qu'on constate une situation qui n'est pas réglementaire. Et des infractions on en constate à la pelle mais sans sanctions.
Comment réagit Areva lorsque vous les interpelez ?
On existe depuis maintenant 22 ans sans jamais faire d'erreurs sinon nous n'existerions plus. Récemment Anne Lauvergeon nous a accusé de nous être trompés sur un dossier ce qui est totalement faux. L'objectif est certainement de nous discréditer. Cela nous choque beaucoup. Qu'elle ne nous aime pas, c'est son droit mais qu'elle remette en cause notre crédibilité scientifique, c'est grave. Depuis cet été, nous avons ressenti qu'Areva était agacé.
Au fond, à quoi sert la Criirad ?
Je pense qu'on fait avancer les choses. La
Criirad contribue à donner une image du nucléaire
qui selon moi est salutaire car plus conforme à la réalité.
Beaucoup de personnes avaient le sentiment que le nucléaire
était une industrie bien gérée, bien surveillée,
bien contrôlée. Or, on s'aperçoit que le nucléaire
est une industrie qui présente des problèmes de
gestion, de contrôle et de surveillance comme les autres
industries. L'incident Socatri, ce sont des cuves qui débordent,
Comurhex ce sont des tuyaux percés, cela ne fait pas très
sérieux pour une industrie de pointe. Il faut donc être
vigilant.
Le Point, 14/10/2008:
L'état réel des nappes phréatiques situées sous les installations nucléaires en France : c'est le sujet sensible auquel s'est attaqué l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) après l 'accident survenu dans l'usine Socatri sur le site nucléaire du Tricastin dans la Drôme, dans la nuit du 7 au 8 juillet dernier. Confronté à l'inquiétude du public sur les conséquences de la fuite d'effluents uranifères sur les eaux souterraines, Jean-Louis Borloo, le ministre de l'Environnement, de l'Énergie et du Développement durable, avait en effet saisi le Haut Comité pour la transparence et la sécurité des installations nucléaires (HCTISN) sur cette question. L'IRSN a remis à ce dernier un rapport le 23 septembre dernier. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les réponses apportées ne sont pas toutes rassurantes.
Le système de contrôle de l'état radiologique de l'environnement est-il efficace ? Oui, selon l'IRSN pour lequel le dispositif "paraît correctement dimensionné et mis en oeuvre". Il précise toutefois que les relevés, effectués par le biais de différents piézomètres placés en différents points de contrôle, sont "principalement assuré[s] par les exploitants nucléaires autour de leurs sites" et seulement "complétés par une surveillance spécifique menée par l'IRSN (...) plus limité[e]". Selon l'Institut, ses propres mesures de radioactivité visent seulement à recouper celles réalisées par les industriels afin de les confirmer. C'est un des points les plus critiqués par les associations de vigilance sur le nucléaire : les relevés environnementaux sont opérés par les exploitants eux-mêmes. Une pratique jugée irresponsable par la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) qui remet en cause l'objectivité de l'IRSN.
Des nappes contaminées sur une majorité de sites. La majorité des eaux souterraines liées aux sites nucléaires, civils ou militaires, souffrent d'une contamination liée à des incidents d'exploitation, souvent anciens, et aux conditions d'entreposage de déchets radioactifs qui remontent aux années 1950 et 1960. "Dans pratiquement tous les cas, ces entreposages ne présentent pas un confinement des matières suffisant et sont à l'origine de contaminations du sous-sol proche, voire des nappes phréatiques sous-jacentes", pointe l'IRSN. Il s'empresse de préciser que "certains exploitants se sont engagés d'eux-mêmes à reprendre, à plus ou moins brève échéance [donc après 40 à 50 ans...], les déchets contenus dans ces entreposages et, le cas échéant, à les reconditionner (...) ou les envoyer dans une filière d'élimination existante". Mais tous n'agissent pas spontanément et doivent être rappelés à l'ordre par l'autorité de sûreté compétente. Au Tricastin, l'IRSN pointe notamment du doigt la présence sur le site de la Comurhex "de fûts non étanches renfermant des résidus chlorés uranifères et autres produits radioactifs sur une aire bétonnée couverte non étanche".
L'IRSN relève par ailleurs une contamination des eaux souterraines au tritium, au césium 137 ou encore au strontium 90 sous les sites des centres du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et les installations du cycle combustible nucléaire. Plus inquiétant, pour certains sites, les nappes situées en aval des sites sont elles-mêmes contaminées. C'est notamment le cas sur le site de Marcoule dans le Gard. Rappelons que, conformément à la loi, les exploitants de sites nucléaires obtiennent des autorisations de rejets (gazeux, liquides...) dans l'air, dans le sol ou dans les cours d'eaux liées au fonctionnement de leur activité. En revanche, tout rejet direct dans la nappe phréatique est strictement interdit. Interrogé par lepoint.fr, Julien Collet, le directeur Environnement et situation d'urgence de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui contrôle les exploitants, estime que le rapport de l'IRSN "ne dit rien de nouveau" même s'il a le mérite de faire la synthèse d'informations auparavant éparpillées. "Toutes les contaminations évoquées par l'IRSN sont connues, maîtrisées, surveillées et ne s'étendent plus", martèle-t-il.
La nappe du Tricastin particulièrement polluée. Le site nucléaire à cheval sur le département de la Drôme et du Vaucluse rassemble un grand nombre d'installations différentes dont celle, militaire, de Pierrelatte. Or, l'état environnemental de ce genre de complexe est particulièrement difficile à appréhender, reconnaît l'IRSN, car les études demandées se limitent généralement à une seule installation nucléaire. L'état radiologique de la nappe phréatique du site est pourtant connu. Il présente, entre autres, une concentration en uranium "nettement supérieure" à la valeur guide recommandée par l'OMS de 15 microgrammes par litre. Plus grave, à l'extérieur du site, cette valeur est toujours dépassée, même si les chiffres sont moins importants. Selon l'IRSN, l'origine de ces concentrations reste encore incertaine. Didier Collet explique pour sa part que la pollution constatée au Tricastin est liée à "une accumulation de facteurs mais n'est pas une situation pérenne". Selon ce responsable de l'ASN, le marquage anormal de la nappe provient surtout d"une contamination historique" dont l'origine est encore méconnue. Interrogé sur les actions à entreprendre pour y remédier, il répond que "l'IRSN va réaliser une étude hydrologique approfondie pour remonter à l'origine de cette contamination et mieux connaître l'état naturel de la nappe et notamment ses courants".
La contamination des nappes situées sous les sites nucléaires pose-t-elle un problème de santé publique ? Non, si l'on en croit l'IRSN qui précise que cette eau n'est pas utilisée pour la consommation humaine. "À l'exception de cas particuliers, l'état radiologique des nappes phréatiques sous et autour des sites nucléaires ne pose pas de problème significatif de nature environnementale ou sanitaire." L'Institut assure d'ailleurs que "les moyens de surveillance en place permettraient de détecter une éventuelle dégradation de [l'] état" des nappes. Ces conclusions rassurantes ne l'empêchent pas de recommander "une reconnaissance plus précise de l'état radiologique de référence des nappes, notamment sur les radionucléides pouvant avoir une origine naturelle comme l'uranium ou pouvant résulter de rejets anciens afin de faciliter l'expertise des conséquences d'un éventuel rejet accidentel". Traduction : actuellement, cette expertise est rendue difficile, voire impossible, étant donné la méconnaissance de l'état naturel des nappes...
La qualité de l'eau distribuée aux riverains des sites nucléaires est-elle bonne ? "Aucun bilan national de la qualité des eaux de consommation n'est aujourd'hui disponible", regrette l'IRSN. Il faut dire que l'Institut n'a pas accès aux contrôles effectués par les services du ministère de la Santé. Il recommande l'ouverture de l'accès à l'ensemble de ces contrôles dans le cadre de la mise en place du "Réseau national des mesures de radioactivité dans l'environnement" qui doit voir le jour en 2010.
Le Point, 14/10/2008:
L'Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN) a publié le 24 septembre un rapport sur "l'état de la surveillance environnementale et le bilan du marquage des nappes phréatiques et des cours d'eau autour des sites nucléaires". Lepoint.fr a interrogé le directeur environnement et intervention de l'IRSN, Didier Champion, sur les conclusions de ce document qui fait état de la contamination de la majorité des eaux souterraines.
Lepoint.fr : Peut-on affirmer qu'une partie des nappes phréatiques situées sous les sites nucléaires en France sont 'polluées'?
Didier Champion : À l'IRSN, on a eu beaucoup de discussions sur les termes à employer. Les rejets d'effluents radioactifs dans les nappes phréatiques sont interdits. Tout rejet doit donc être considéré comme anormal. Par contre, une "pollution" supposerait qu'il y ait une dégradation de la qualité de la nappe qui nuit à la santé des consommateurs de l'eau. Or, dans la plupart des cas décrits dans le rapport, on constate que les traces de radioactivité se trouvent sous les sites nucléaires, où il n'y a pas d'accès direct pour l'irrigation ou l'eau potable. Le mot "contamination" est alors le plus correct puisqu'il indique la présence indésirable d'une substance dans un milieu, indépendamment des problèmes que peut causer cette présence.
Lepoint.fr : Pour certaines nappes, en revanche, on peut parler de pollution ?
D. C. : Il y a quelques cas, cités dans le rapport, où l'on observe en effet des marquages à l'extérieur des limites des sites nucléaires. Mais en général, ces marquages sont en-dessous des valeurs recommandées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la consommation d'eau potable. C'est le cas pour les sites de Marcoule (Gard), Valduc (Côte-d'or), Tricastin (Drôme-Vaucluse), Saclay (Essonne), La Hague (Manche). Pour ceux-là, l'IRSN recommande d'approfondir les études environnementales pour caractériser l'état des lieux et l'évolution éventuelle de leur situation.
Lepoint.fr : Qu'en est-il des eaux souterraines du Tricastin ?
D. C. : On a détecté une pollution de la nappe, une pollution supérieure à la valeur maximale recommandée par l'OMS, et fixée à 15 microgrammes par litre, au sud du site. Cela pose un problème pour les gens qui ont des puits privatifs dans lesquels ils prélèvent de l'eau. Néanmoins, il faut savoir que nous retrouvons des marquages supérieurs aux recommandations de l'OMS dans différents lieux en France, non pas à cause des activités nucléaires humaines, mais parce que l'uranium est présent naturellement dans les eaux des nappes. C'est le cas dans le Massif central.
Lepoint.fr : À quoi sont dus ces marquages anormaux ? Sont-ils attribuables aux autorisations de rejets accordées aux exploitants de sites pour leur fonctionnement ? Relèvent-ils d'accidents ?
D. C. : Dans
le cas des centrales EDF, les rejets autorisés dans les
cours d'eau ou dans l'air n'induisent pas de contamination, même
s'il existe une exception : la centrale de Chinon (Indre-et-Loire).
Là, en aval, on observe un transfert de tritium - un élément
radioactif très mobile - dans la nappe adjacente. Il faut
savoir que les rejets autorisés dans l'air et les cours
d'eau sont en diminution constante. Mais il peut y avoir une certaine
permanence de la contamination due à des rejets anciens.
Dans les autres types d'installations, le cas le plus significatif
où l'on peut constater une contamination de la nappe par
les rejets autorisés est le site de Valduc, sur lequel
il y a une infiltration des retombées atmosphériques
de tritium par eaux de pluie vers la nappe phréatique.
Mais de manière générale, les contaminations
résultent de dysfonctionnements, comme des fuites liées
à des tuyaux enterrés, qui, souvent, ont eu lieu
il y a longtemps, et dont les effets s'observent encore aujourd'hui.
Lepoint.fr : Cet été encore, on a découvert sur le site du Tricastin une fuite radioactive sur un tuyau...
D. C. : Je pense que les révélations en cascade de ce genre d'incidents sont la conséquence du premier problème survenu à l'usine Socatri au mois de juillet (NDLR, dans la nuit du 7 au 8 juillet sur une cuve d'effluent). Après cette première fuite, les exploitants ont en effet renforcé leurs contrôles périodiques des réservoirs contenant des affluents uranifères et des tuyaux enterrés. Il est nécessaire que les exploitants assurent périodiquement ce type de contrôle. Est-ce que ça a été mal fait dans le passé ? Cette question est à poser aux exploitants et à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Lepoint.fr : Il y a aussi le problème posé par les stockages anciens de déchets radioactifs...
D. C. : Ces stockages sont connus de longue date, même si le public a pu découvrir leur existence cet été avec la médiatisation autour des événements au Tricastin. Mais ils posent moins de problèmes que les rejets accidentels de liquides radioactifs car ils suscitent moins de pollution à l'extérieur des sites nucléaires eux-mêmes. Les substances radioactives présentes dans les déchets sont contenues par les minéraux du sol. Leur migration vers l'extérieur des sites est très lente et ne peut se faire qu'à long terme. C'est tout l'enjeu de la récupération et du traitement des déchets qui doivent être pris en charge par les exploitants de sites nucléaires dans les prochaines années .
Lepoint.fr : Y a-t-il une fatalité à la pollution des nappes phréatiques situées sous les sites nucléaires en France, même si vous affirmez que cela ne pose pas de problème de santé publique ?
D. C. : Il y a plusieurs éléments de réponse. Tout d'abord, il faut insister sur la prévention à la source. Il faut que les exploitants regardent comment prévenir les rejets accidentels sur leur site. D'autant plus qu'une fois que les substances sont déversées dans les sols, elles transitent par la terre et un réservoir de substances radioactives peut alors se constituer durablement. On peut parfois les retirer et les traiter comme des déchets, mais ce n'est pas toujours possible techniquement. Il y a des exploitants, comme au Tricastin, qui font du pompage actif de nappe pour éviter la propagation de la contamination à l'extérieur du site. Pour l'instant, l'IRSN effectue très peu de relevés directement dans les nappes phréatiques à l'extérieur des sites. Il peut y avoir quelques situations particulières comme au Tricastin qui mériteraient effectivement une attention plus forte.
3/10/2008 - La nappe phréatique est polluée autour du site nucléaire du Tricastin à Bollène (Vaucluse), marqué cet été par plusieurs incidents dont une fuite de 74 kg d'uranium, a affirmé vendredi la Criirad, qui précise cependant que cette pollution remonte à une trentaine d'années. Selon des prélèvements de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) présentés par la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), la teneur en uranium dans le secteur du site "oscille entre 10 et 30 microgrammes par litre". "Or, selon les normes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), un adulte peut supporter un maximum de 15 microgrammes par litre d'eau, tandis que la tolérance pour les enfants et les femmes enceintes est encore moindre", a expliqué lors d'une conférence de presse Roland Desbordes, président de la Criirad. Cependant, selon l'association, la pollution de la nappe date d'il y a plus de trente ans. Pour tenter de dépolluer la nappe, de nombreux pompages, suivis de rejets dans le ruisseau traversant le site, ont été organisés par l'exploitant. Le non-respect des limites de rejets radioactifs dans l'atmosphère "devient une habitude à la Socatri", avait déjà estimé début août la Criirad, au lendemain de l'annonce d'un dépassement des rejets mensuels de carbone 14 à l'usine du groupe sur le site du Tricastin. C'est pourquoi l'association, basée à Valence, a décidé de porter plainte, "une fois toutes les infractions" à la loi de juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire compilées, a poursuivi Roland Desbordes. Selon la loi, chaque infraction constatée peut être sanctionnée d'une amende de 7.500 euros.
Le Dauphiné Libéré, 28/9/2008:
Une quarantaine d'élus et responsables dans le nucléaire, ou encore les préfets de Drôme, Ardèche et Vaucluse avaient été invités jeudi soir à Brassens par l'association pour la promotion des techniques écologiques de Mérindol, à une réunion publique. Seuls quatre élus bollénois, dont le premier adjoint au maire de Bollène, Paul Eymard, y ont participé.
Devant quelque 200 personnes, les quatre intervenants invités, Michèle Rivasi, vice-présidente du Conseil général de la Drôme, Roland Desbordes, le président de la Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité), Jean-Pierre Morichaud de la Frapna et Pierre Péguin du Réseau Sortir du nucléaire ont fait un point de situation après la série d'incidents survenus au Tricastin cet été.
« Manque d'information et mensonges ». Roland Desbordes est revenu sur les différents épisodes qui ont émaillé l'été à compter de celui du 7 juillet à la Socatri et la fuite d'une solution liquide contenant 74 kg d'uranium. Il a, à nouveau, stigmatisé le « manque d'information » et pointé du doigt « les mensonges sur la contamination de la nappe phréatique et les eaux de surface » rappelant qu' « Areva a enfin décidé d'enlever le tumulus de déchets militaires » entreposés sur le site depuis les années 70.
« On nous ment, on nous fait croire que le nucléaire est très bien géré, on veut la vérité », ont-ils tous les quatre martelé. À commencer par l'incident du 8 septembre survenu à la centrale EDF Tricastin, qui peut «être potentiellement grave puisque ce gros pépin pose toujours problème à EDF» a déclaré Michèle Rivasi. Et de s'interroger sur «la nécessité d'une évacuation préventive de la population», ce qui avait été démenti par EDF. Argument aussi développé par le réseau Sortir du nucléaire qui rappelait également «l'importance d'avoir ses comprimés d'iode à portée de main.»
Jean-Pierre Morichaud a fait le point sur la décision « enfin prise le 4 juillet dernier de lancer une étude sur les cancers autour de Pierrelatte » qu'il demandait depuis des mois. «Il faut être vigilant pour que cette étude soit correctement menée.» À défaut d'un vrai débat contradictoire faute d'exploitants présents dans la salle, le public, composé notamment de riverains touchés par l'incident du 7 juillet, de responsables d'associations, de salariés du nucléaire a pu réagir. Et juger ces propos «alarmistes» ou «nécessaires pour un contre-pouvoir citoyen»...
France Soir, 26/9/2008:
Après les multiples incidents survenus sur le site de Tricastin, l'Autorité de sûreté nucléaire décide de mettre en place des suivis. Les associations critiquent déjà cette décision.
L'été est fini, mais les incidents au sein des centrales atomiques françaises continuent. Une enquête a été ouverte hier après qu'une fuite d'huile a eu lieu à la sortie d'une pompe de la centrale nucléaire de Chinon, en Indre-et-Loire. Le même jour se tenait une séance du Haut Comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire (HCTISN). Invité a être auditionné, le réseau Sortir du nucléaire a préféré décliner l'offre, car l'assemblée réunie était formée d'« une majorité de personnes à la fois juges et parties ».
Une séance accablante. Le HCTISN a rendu un rapport mardi dernier où il épinglait cinq sites nécessitant un « suivi rapproché » selon l'ASN. Le centre de La Hague, dans la Manche, mais aussi les sites de Marcoule (Gard), de Saclay (Essonne), de Veurey-Voroize (Isère) et finalement le plus grand d'Europe : Tricastin. Ces sites nécessitent un suivi du fait des fréquentes pollutions. Cependant, « ce ne sont pas forcément les plus problématiques et certainement pas les seuls qui méritent un suivi », selon Lionel Cavicchioli, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire.
Un parc vieillissant. Bernard Laponche, un ancien membre du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et actuel consultant en matière d'énergie, considère que « bien que peu graves, ces incidents sont révélateurs de certaines faiblesses, telles que la maintenance et la surveillance ». Loin d'être le symptôme d'un vieillissement du parc nucléaire français, ces irrégularités sont fréquentes. Néanmoins, certaines centrales telles que celles de Tricastin ou de Fessenheim (Haut-Rhin) sont âgées de plus d'un quart de siècle.
Les Français risquent de devoir payer
chèrement leur indépendance énergétique
que cela soit en termes d'environnement ou de financement. La
première centrale devant être démantelée est en cours de dénucléarisation
depuis vingt ans, ce qui a déjà coûté
près d'un demi-milliard d'euros alors que le projet était
évalué à 20 millions d'euros. Il existe 58 réacteurs
en fonction sur le territoire français. Une facture salée
que devront régler nos enfants
25/9/2008 - La série d'incidents qui a frappé les installations de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) cet été a empoisonné les relations entre les vignerons locaux et leur encombrant voisin, au point que l'appellation Côteaux du Tricastin pourrait disparaître. Créé en 1964, avec l'attribution du label Vin de qualité supérieure (VDQS), avant de devenir une appellation d'origine contrôlée (AOC) en 1973, le vin des Côteaux du Tricastin a pourtant le bénéfice de l'antériorité. Ce n'est qu'avec l'implantation, à partir de 1974-75, de la centrale nucléaire EDF que le site, connu jusqu'alors sous le nom de Pierrelatte, l'une des trois communes qui l'abrite, est devenu le site nucléaire du Tricastin. Perçu à l'époque comme un progrès, le nucléaire est progressivement devenu un boulet pour l'image des vignerons locaux, qui cherchent à s'en démarquer depuis des années. "Il y a toujours eu des petites plaisanteries un peu douteuses, ou un petit frein lorsque les gens voyaient le nom +Tricastin+ sur la bouteille", raconte Henri Bour, président de l'appellation et vigneron à Roussas. "Il y a huit ans, on avait déjà fait une démarche auprès d'EDF pour qu'ils changent le nom de la centrale.
Le Canard enchaîné, 17/9/2008:
Désopilante, cette série noire à la centrale nucléaire du Tricastin ! Le 7 juillet, une grosse fuite d'uranium déclenche un tapage médiatique mahousse. Le 16 juillet, des prélèvements mettent au jour une pollution ancienne dans les nappes phréatiques : le tapage reprend de plus belle.
Et Anne Lauvergeon, la patronne d'Areva, se montre ulcérée par cette opinion publique qui s'affole bêtement : «Si à chaque fois que nous sommes transparents nous provoquons des craintes, il y a un problème ! » ( « Libé », 19/7 ). Heureusement, le 23 juillet, une centaines d'employés travaillant dans l'enceinte du réacteur n°4 du Tricastin sont contaminés par de la poussière radioactive, et cet « incident » classé niveau 0 sur l'échelle [médiatique INÈS] de gravité des « incidents » nucléaires (donc vachement bénins) ne passionne guère les foules : les JO de Pékin vont bientôt commencer...
Après un mois d'août atomiquement calme, voilà que ce lundi 8 septembre, toujours au Tricastin, alors qu'on est en train de les extraire de la cuve du réacteur n°4 , deux barres de combustible irradié restent bêtement accrochées aux structures supérieures de la cuve. Panique à bord, évacuation du bâtiment, classement de l' « incident » au niveau 1 de l'échelle de gravité nucléaire (comme celui du 7 juillet). Et admirable indifférence médiatique : à l'heure où nous écrivons, les deux barres sont toujours coincées, mais tout le monde s'en bat le becquerel...
Et c'est ainsi qu'Anne Lauvergeon a gagné : à force de « transparence », le populo a fini par s'habituer aux « incidents ». Et ça tombe bien, parce que la France en connaît une centaine par an (de niveau 1), et que, la fuite de juillet étant la 62ème de l'année, il en reste une quarantaine à nous tomber dessus d'ici au réveillon. Et ça tombe encore mieux, parce que, le parc nucléaire étant vieillissant (la moitié des 58 réacteurs français atteignent aujourd'hui la limite d'âge), et EDF voulant continuer à les exploiter encore une trentaine d'années (1), les « incidents » vont se multiplier. D'où l'utilité de s'y accoutumer en douceur...
Dans une récente tribune (2), le sociologue pronucléaire Ulrich Beck note qu'à l'heure où l'on présente le nucléaire comme la solution miracle au réchauffement climatique les gouvernements en « minimisent les incertitudes », comme au Tricastin. Il faut, conseille-t-il, dire la vérité à l'opinion. Lui expliquer que le réchauffement est dangereux mais que les centrales nucléaires que l'on commence à construire partout pour lutter contre le réchauffement le sont tout autant.
Sinon... « on n'aura même pas besoin de voir survenir un mini-Tchernobyl en Europe » : il suffira d'un sérieux incident nucléaire pour que les populations se retournent violemment contre les gouvernements, qu'elles accuseront de jouer sans discernement avec leur sécurité. Dans l'intérêt même de la filière nucléaire, dit-il, chaque « incident » devrait déclencher un tapage médiatique mahousse. Et Anne Lauvergeon devrait se réjouir de ces tapages... Croquignolet, non ?
(1) « Science et Vie »,
septembre.
(2) « Le danger nucléaire escamoté »
(« Le Monde », 7/9.)
Dauphiné libéré, 13/9/2008:
Le 5 août dernier, le syndicat des côteaux-du-Tricastin a réuni son Conseil d'administration: "A l'unanimité, on a décidé de renoncer au nom Tricastin". Henri Bour, le président, ne décolère pas: "Le week-end dernier, j'étais sur un marché aux vins. Un client sur deux m'a parlé du nucléaire".
"On n'avait pas besoin de cela..." Cette fois, la coupe est pleine: "Nous avons un sentiment de colère, d'injustice et d'impuissance. De colère, parce qu'on n'avait pas besoin de ça dans un contexte général qui est déjà difficile. D'injustice parce que ce qui s'est produit cet été, ce sont des incidents mineurs qui n'ont eu aucun effet sur la qualité des vins. Et d'impuissance parce que nous ne faisons pas le poids, ni face à Areva, ni face aux médias".
Solution préconisée: intégrer l'appellation côtes-du-rhône. Tout simplement. Mais la partie s'annonce serrée. Il va falloir d'abord convaincre l'Inao (ex-Institut national des Appellations d'origine désormais appelé Institut national de l'origine et de la qualité) du bien-fondé de la démarche. Puis le syndicat des côtes-du-rhône. [Rappel: l'appellation beure de la Hague a elle aussi disparue, il y a longtemps...]
Et là, rien ne dit qu'il ne se trouvera pas quelques voix pour rejeter la greffe. "Depuis deux mois, on est sur la sellette", constate Henri Bour, "mais on en mesurera les effets que dans un mois ou deux. Et là, il va falloir prouver à Areva, que notre image a été écornée".
Déjà quelques cavistes ou restaurants - "pas de la région", précise-t-il - font trainer leur commande: "Pour nous, il s'agit purement et simplement de la survie d'un territoire viticole". "La solution qui aurait consisté à créer une nouvelle appellation aurait entraîné la disparition de 50 % de la vigne", explique encore Henri Bour. Cette année, en Tricastin, les vendanges auront un goût amer...
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Quelques chiffres: 350 viticulteurs répartis sur 21 communes
produisent 80 à 100 000 hectolitres par an de côteaux-du-Tricastin.
2 500 hectares de vigne alimentent 50 caves dont 12 coopératives.
La plus importante est La Suzienne.
Dauphiné libéré, 13/9/2008:
Pascal Reynaud exploite 50 hectares de céréales dans la Plaine, à Bollène. Mais le coeur n'y est plus: "J'ai perdu confiance", lâche-t-il en remontant sur sa moissonneuse-batteuse. Sous ses pieds, les prélévements effectués dans la nappe phréatique ont révélé des taux de contamination à l'uranium au-dessus des normes. Jusqu'à 17 microgrammes par litre alors que l'OMS a fixé la barre à 15 microgrammes. Victime lui aussi du rejet d'uranium par la Socatri: "On nous a dit qu'il pourrait s'agir de contamination naturelle. Pourquoi l'eau serait contaminée ici et pas un peu plus loin ? C'est bien la preuve que la pollution est due à l'uranium déversé par la Socatri". Comme quelques voisins, il a déposé plainte. Et ce n'est pas fini: "Nous allons entamer une action collective et nous ferons appel à Corinne Lepage pour nous défendre". "Cela fait 17 ans que j'exploite ces terres, mais je ne sais pas si je vais rester, ma femme est au bord de la déprime. On veut qu'on nous dise la vérité, c'est tout", répète l'agriculteur. Et de lancer: "La question est de savoir si on peut continuer à vivre en sécurité ici".
Dauphiné libéré, 13/9/2008:
Des "anomalies" à répétition, une image ébréchée, des riverains qui s'interrogent. Avec en toile de fond, le développement du site avec l'arrivée de l'EPR.
Dans la Plaine, à l'ombre des tours de la centrale, les avis sont tranchés. Pour les uns, le contrat de confiance avec "le nucléaire" a pris un sérieux coup de canif. Pour d'autres, "ça fait 30 ans qu'on vit avec sans problème". Le nucléaire est bien "plus surveillé" que toute autre industrie, assurent-ils. Alors tout ce bruit autour des incidents de l'été, "c'est de la faute des médias et des anti-nucléaires". Le maire de Lapalud, Jean-Pierre Lambertin, n'est pas loin de penser la même chose: "Bien sûr, il ne faut pas que les exploitants relâchent leurs efforts, bien sûr certaines installations ont pris de l'âge et il faut être exigeant avec Areva, mais ces incidents sont restés mineurs".
"Si difficultés il y a..." A Bollène, l'agence immobilière de Jean-Yves Sottet n'a pas souffert: "Les difficultés de l'immobilier, si difficultés il y a, ne viennent pas des problèmes du nucléaire. Les acquéreurs d'un mas ont toujours préféré avoir le Ventoux pour décor que les tours de la centrale". Son regret tient plutôt à la lenteur des pouvoirs publics: "C'était déjà pareil pour les inondations de 93. A l'époque, j'étais à minuit sur le pont du Lez et on m'assurait qu'il n'y avait pas de risque. Le lendemain, j'avais trois mètres d'eau chez moi".
Côté Areva, si on reconnait un certain "retard à l'allumage" pour sonner l'alerte après la fuite de la Socatri, on estime à demi-mots que les administrations n'ont pas fait preuve non plus d'une diligence fulgurante. Le 18 juillet, Anne Lauvergeon, la présidente d'Areva, a fait le voyage entre Drôme et Vaucluse: "Il n'y a pas d'inquiétude à avoir, des anomalies de niveau 1, on en compte 80 par an", a-t-elle dit aux élus et riverains. Sauf que l'été allait se révéler encore plus horribilis que prévu.
Reste le fond. Et d'abord la pollution des nappes phréatiques. Est-elle la conséquence du seul déversement dans la nature de 74 kilos d'une solution d'uranium le 7 juillet ? A la Socatri, le directeur Pascal Molinari assure que "la surveillance environnementale" a été renforcée: "On a réexaminé toutes les mesures de sureté. Onze nouveaux points de mesures, de part et d'autre des rivières sont mis en place. Nous allons poursuivre les prélévements et les analyses sur les forages des particuliers". L'entreprise va également financer le raccordement au réseau d'eau public d'une quinzaine de foyers. Cela étant, la Socatri espère avoir le feu vert, la semaine prochaine, de l'autorité de tutelle, l'ASN, "pour reprendre progressivement ses activités".
Début août, Areva a annoncé
20 millions d'euros d'investissement "pour solder le passé".
Ce passé, ce sont notamment 770 tonnes de déchets
militaires hérités de l'époque où
la France gaullienne faisait...la bombe. D'ici 2013, ils devront
avoir disparu du paysage.
Dans les mois qui viennent, Nicolas Sarkozy devrait annoncer le
lieu d'implantation de l'EPR, le générateur de nouvelle
génération. Tricastin est sur les rangs et tient
même la corde. Mais pour conserver toutes ses chances, il
ne faudrait pas que les anomalies deviennent une habitude...
REPÈRES
LES INCIDENTS
- Le 4 juillet, la Criirad dénonce l'enfouissement de déchets
militaires.
- Le 7 juillet, une solution d'uranium s'échappe des installations
de la Socatri. "L'anomalie" est classée de niveau
1 (sur une échelle qui en compte 7).
-Le 7 août, un rejet de carbone 14 est révélé
à la suite du traitement d'un lot de déchets médicaux.
-Le 21 août, fuite à la Comurhex, sur une canalisation
enterrée.
-Le 8 septembre, incident de niveau 1 lors d'une opération
d'assemblages de combustibles sur la centrale numéro 2
d'EDF.
La Provence, 10/9/2008:
C'est peut-être l'incident de trop. Celui que les riverains du site du Tricastin auront le plus de mal à digérer. Même s'il ne présente a priori aucun caractère de gravité, même s'il n'implique aucune restriction de baignade, d'irrigation ou consommation d'eau, comme ce fut le cas début juillet, ce quatrième incident en deux mois commence à agacer sérieusement entre Bollène, Lapalud et Saint-Paul-Trois-Châteaux. Il est vrai que "le petit côté feuilleton de l'été des incidents nucléaires", les riverains de la centrale EDF s'en seraient volontiers passés.
Avec une pointe de résignation dans la voix, Éric Mancellon, agriculteur du hameau de La Croisière, à l'ouest de Bollène, avoue sa lassitude. "Que voulez-vous qu'on fasse?", interroge-t-il, "car même si on ne se laisse pas faire, même si on dénonce tous les problèmes que nous causent ces incidents à répétition, on sait très bien qu'ils ne fermeront ni la centrale, ni le reste." Alors, Éric Mancellon fait comme la plupart des voisins du site nucléaire: il se défend. Le 7 juillet, quand 74kg d'uranium, en provenance du site Socatri, se sont déversés dans les rivières alentours et la nappe phréatique, on lui a interdit d'utiliser son forage pour arroser ses champs. Résultat : 2500 salades perdues. Et un dossier d'indemnisation aussitôt déposé auprès d'Areva.
Mais obtenir réparation n'est pas sa seule préoccupation. "Dans cette histoire, c'est notre image qui en prend un coup, s'inquiète-t-il. J'espère d'ailleurs qu'ils vont payer une belle pub sur le Vaucluse à la télé pour la corriger." L'image, c'est justement ce qui taraude les vignerons de la région. À tout le moins la soixantaine de caves particulières et de coopératives de l'appellation Coteaux du Tricastin. Après le premier incident, début juillet, quelques viticulteurs ont d'ailleurs exhumé une idée vieille de quelques années: obtenir de l'Institut national des appellations d'origine (Inao) le changement du nom de leur AOC. "C'est le fruit d'une très longue tradition et ce nom correspond à un site naturel qui existait bien avant le nucléaire, mais c'est vrai qu'il commence à nous porter tort", admet Alain Bayonne, directeur de la coopérative de Suzela-Rousse. Selon lui, ce n'est pas une vue de l'esprit: "les clients habituels et les consommateurs sont devenus plus frileux" vis-à-vis des vins du Tricastin ces dernières semaines.
"Des grossistes nous écrivent pour nous faire part de leurs difficultés à écouler nos produits du fait de leur nom", constate Alain Bayonne, regrettant que ce mouvement "ajouteau marasme" qui frappe la profession viticole depuis cinq ou six ans. À preuve, sur internet, ce sont des pages et des pages consacrées aux dangers de l'atome qui défilent quand on tape "Tricastin" dans la fenêtre "recherche". Les pages dédiées à la qualité des vins de ce terroir magnifique ne viennent, elles, que bien après. Problème: les démarches pour changer le nom d'une appellation ne sont pas réputées très faciles, ni très rapides. "Mais là, il y a urgence", explique-t-on du côté du syndicat de l'AOC Coteaux du Tricastin, comme pour se convaincre que l'Inao comprendrait le sens et la nécessité de cette demande.
Malgré quelques résistances, certains vignerons ayant du mal à admettre qu'on les force à renoncer à une part importante de leur identité. Car aujourd'hui, les centaines d'emplois et les généreux subsides versés par les entreprises du site (14 millions d'euros par an au titre de la taxe professionnelle pour la seule centrale EDF) ne suffisent plus à éteindre la contestation.
L'Express, 4/9/2008:
Près de deux mois après le déversement accidentel d'éléments radioactifs provenant du site nucléaire, la nappe phréatique reste polluée par l'uranium. Et si la contamination était plus ancienne ? Les habitants s'inquiètent.
La moissonneuse-batteuse, aussi haute que la maison, est garée dans la cour de la ferme. Pascal Reynaud vient de terminer sa journée. De la main, il essuie la poussière de paille qui recouvre la table et les chaises, avant de s'installer sous le platane. « Dans la plaine de Bollène [Vaucluse], personne n'a jamais manqué d'eau, raconte cet agriculteur de 47 ans, à la tête d'une petite exploitation céréalière. Les paysans pompent directement dans la nappe, elle est toujours alimentée. »
Sauf que la nappe, cette fois, est contaminée par de l'uranium. La pollution, due au déversement accidentel d'effluents radioactifs sur le site nucléaire voisin du Tricastin, dure depuis bientôt deux mois. Au sud de la centrale, où les champs s'étalent à perte de vue, une trentaine de fermes et d'habitations sont touchées. Dans les puits, les piscines et les forages fournissant l'eau courante, les concentrations en uranium montaient encore, le 26 août, jusqu'à 17 microgrammes par litre, alors que le seuil fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est de 15 microgrammes.
Tous les jours, Pascal Reynaud continue de recevoir la visite des employés de la Socatri, filiale d'Areva responsable de la contamination. Ils le saluent et filent dans le hangar mettre la pompe en marche, puis repartent avec leur flacon étiqueté à son nom. La routine. Chaque fois, les résultats sont supérieurs au seuil. Du coup, Pascal Reynaud et sa famille n'ont toujours pas l'autorisation d'utiliser l'eau. « J'ai vu construire la centrale quand j'étais minot et je me suis toujours senti en sécurité ici, confie cet enfant du pays. C'est terminé, j'ai perdu confiance. » Il a déposé plainte, pour « mise en danger de la vie d'autrui ». La première de sa vie. Trois autres habitants de la plaine ont fait de même.
Les riverains du site nucléaire disposent maintenant d'un scénario officiel de l'incident survenu le 7 juillet, classé au niveau 1 sur une échelle [médiatique] qui en compte 7. Une cuve, remplie d'une solution contenant de l'uranium, a débordé dans le bac de rétention en béton situé au sol. Cette structure, endommagée quelques jours plus tôt par un engin de chantier, a cédé, de sorte que plusieurs mètres cubes de liquide se sont écoulés jusqu'au ruisseau le plus proche. Soit. Mais il reste une énigme, et de taille. Des analyses d'eau ont été réalisées immédiatement après l'incident chez les riverains. Elles ont révélé des taux élevés de minerai radioactif, que les scientifiques n'attendaient pas aussi tôt. Le transfert vers la nappe phréatique a-t-il été plus rapide que prévu ? Ou la contamination serait-elle plus ancienne ?
« Il est question de manquements répétés aux règles de sécurité » Des deux hypothèses, c'est la seconde qui suscite le plus d'inquiétude. Certes, tous les foyers seront bientôt raccordés au réseau d'eau de la ville - les travaux, financés par Areva, se terminent ces jours-ci. Mais que doivent penser ceux qui ont bu, pendant des années, l'eau pompée dans la nappe ? Des analyses certifiaient qu'elle était potable. Sauf que les laboratoires recherchaient les bactéries et non l'uranium, dont la présence n'a jamais été soupçonnée. Pour ne pas rester dans le doute, la municipalité de Bollène a demandé à la justice, et obtenu, la désignation d'un expert indépendant. « Nous voulons savoir si la commune est victime de pollutions antérieures », insiste la maire, Marie-Claude Bompard. Et son adjoint, André-Yves Beck, de renchérir : « Dans cette affaire, il ne s'agit pas d'une simple bévue, avec un employé qui aurait mal fait son travail. Il est question de manquements répétés aux règles de sécurité. »
En effet, la station de traitement des effluents où s'est produit l'incident avait déjà été épinglée par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Vieille de trente ans, l'installation de la Socatri devait être remplacée par une neuve - aujourd'hui achevée. Les inspecteurs remarquaient notamment, dans leur rapport de mai 2008 : « La canalisation qui évacue les effluents liquides de la Socatri, du fait de son ancienneté, a fait l'objet de fuites répétées en 2007. » Un organisme scientifique, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), mène l'enquête pour dater et certifier l'origine de l'uranium retrouvé dans la nappe.
L'association écologiste [non, le laboratoire d'analyse] Criirad a opportunément rappelé, le 15 juillet, l'existence, sur le site du Tricastin, d'une butte de 8 mètres de hauteur contenant des déchets radioactifs militaires. Là, sous le talus couvert d'herbe et de roseaux, des fûts dorment sous la terre depuis... les années 1970. Invités à l'escalader, les journalistes ont pu constater que les pelles mécaniques venaient de commencer le terrassement, destiné à éviter l'érosion par les eaux de pluie. Du haut de la butte, Jacques-Emmanuel Saulnier, porte-parole d'Areva, affirme que « les contrôles n'ont révélé aucune anomalie ». L'expert indépendant nommé par la justice devait commencer son travail d'enquête sur place, le 3 septembre. Parviendra-t-il à résoudre l'énigme des puits contaminés ?
La méfiance du maire
Au printemps dernier, Bollène (Vaucluse), coquette ville
de 14 000 habitants, avec ses corbeilles de fleurs pendues aux
lampadaires, a changé de couleur politique. Marie-Claude
Bompard, ex-Front national devenue villiériste, épouse
du maire d'Orange, Jacques Bompard, l'a emporté contre
le maire sortant, socialiste. Sur la pollution à l'uranium,
son premier gros dossier, elle joue sa crédibilité.
Et opte pour la méthode offensive : avocats, assignation
en référé, défiance envers les industriels
et les autorités. Quand Areva, à deux reprises,
convie les élus à des « réunions d'information
», seule son équipe boycotte les rencontres. «
Nous ne voulons pas cautionner leurs opérations de communication
», justifie la maire. Même attitude vis-à-vis
des associations écologistes : « Un rapprochement
n'est pas utile, car elles mènent un combat idéologique,
pas nous. » A Lapalud, la commune voisine, le maire (PS),
Jean-Pierre Lambertin, souligne : « Mme Bompard fait cavalier
seul, sur ce dossier comme sur tous les autres. »
La pollution et ses suites
7 juillet 2008 : vers 22 heures, une cuve contenant une solution
d'uranium déborde dans les installations de la Socatri,
sur le site du Tricastin. Son contenu se répand dans l'environnement.
8 juillet : l'Autorité de sûreté nucléaire,
alertée, classe l'incident en niveau 1. La préfecture
prend des mesures d'interdiction pour la baignade et la consommation
d'eau des captages.
15 juillet : la Criirad rappelle l'existence d'une butte contenant
d'anciens déchets militaires, susceptibles d'avoir contaminé
eux aussi la nappe phréatique.
17 juillet : Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, demande
« la vérification des nappes phréatiques près
de toutes les centrales ».
8 août : accédant à la demande de la mairie
de Bollène, le tribunal de grande instance de Carpentras
désigne un expert judiciaire pour déterminer l'étendue
de la pollution et ses conséquences.
Le Dauphiné Libéré, 29/8/2008:
À la suite de l'annonce par Areva de la mobilisation de 20 millions d'euros pour "renforcer la surveillance environnementale et sanitaire du site du Tricastin et solder les héritages de son passé industriel", le réseau anti-nucléaire s'indigne. En conséquence, il appelle à une manifestation à Avignon le 6 septembre, avec le collectif anti-nucléaire. L'objectif principal : dénoncer les contaminations de 2008 au Triscastin et ailleurs, ainsi que la désinformation orchestrée par Areva et l'Autorité de sûreté nucléaire.
La Provence, 28/8/2008:
Pour le réseau Sortir du nucléaire, "Les installations d'Areva doivent être fermées et non rafistolées". Après l'annonce, hier, du déblocage d'une somme de 20 millions d'euros pour renforcer la surveillance environnementale et sanitaire du site du Tricastin, le réseau anti-nucléaire a qualifié cette enveloppe de "dérisoire par rapport au délabrement des installations d'Areva." Sortir du nucléaire appelle à une manifestation le samedi 6 septembre à Avignon, alors même que la capitale vauclusienne accueillera un sommet des ministres européens des Affaires étrangères.
La Tribune, 28/8/2008:
Un mois et demi après la fuite d'uranium
de l'usine Socatri sur le site nucléaire du Tricastin (Drôme),
le groupe Areva a annoncé un investissement de 20 millions
d'euros supplémentaires pour renforcer la surveillance
environnementale sur le site et ses abords. " Le site fait
déjà l'objet de nombreuses mesures environnementales
(contrôle des nappes phréatiques, prélèvements
dans le sol, etc.) ", souligne Jacques-Emmanuel Saulnier,
porte-parole du groupe. " Nous allons renforcer les équipes
et les moyens techniques de ces contrôles ", explique-t-il.
Cet investissement s'ajoute aux 13 millions d'euros engagés
en 2006 afin de rénover la partie de l'usine responsable
de la fuite d'uranium. Areva prévoit également,
d'ici à 2013, le transfert vers un centre agréé
d'une partie des déchets originaire du Commissariat à
l'énergie atomique (CEA). Le 7 juillet, une cuve contenant
une solution d'uranium naturel avait débordé dans
l'usine Socatri, filiale d'Areva, et 74 kilos d'uranium s'étaient
déversés dans les rivières voisines. Classé
niveau 1 sur une échelle de 1 à 7 par l'Autorité
de sûreté nucléaire (ASN), l'incident avait
néanmoins suscité une forte émotion, relayée
par la découverte d'un nouvel incident dans une autre usine
du groupe à Romans-sur-Isère (Drôme) quelques
jours plus tard. La série d'incidents a tout de même
incité Areva à prendre en compte " une dimension
émotionnelle que nous avions sans doute sous-estimée
", reconnaît Jacques-Emmanuel Saulnier. À ce
stade, le groupe n'a pas prévu d'investissements sur ses
autres sites. Le réseau Sortir du nucléaire a réagi
en jugeant l'investissement d'Areva " dérisoire au
regard de la vétusté de cette usine".
27/8/2008 - Près de deux mois après une fuite d'uranium survenue dans les installations de la Socatri, sur le site du Tricastin, Areva martèle sa volonté de "transparence" et débloque des fonds pour améliorer la surveillance de l'environnement. Face à l'incident nucléaire le plus médiatisé de ces dernières années en France, le groupe nucléaire français dirigé par Anne Lauvergeon cherche encore à éteindre les braises d'une émotion qu'il avoue avoir sous-estimée.
Mercredi, plusieurs cadres de l'entreprise ont donc accueilli la presse afin de faire un point de la situation et faire visiter les installations du site, placées sous son contrôle. "Nous voulons agir sans tabou, et plus particulièrement au Tricastin, agir en regagnant la confiance que nous avons pu perdre, pas trop j'espère, mais il est certain qu'il y a eu accroc", a expliqué en préambule, Jacques-Emmanuel Saulnier, directeur de la communication et porte-parole d'Areva.
"In fine, Areva a mal maîtrisé sa communication, c'est un fait. De ce point de vue, nous avons à coeur de tout remettre à plat", insiste-t-il, regrettant que "certaines associations" et "des médias pas toujours scrupuleux" se soient engouffrés dans la brèche créée par l'émotion. Tout au long de la matinée, il insiste sur quelques mots clés: "confiance", "transparence", mais aussi "contrôle" et "dialogue".
"Au fur et à mesure que la population, pas uniquement en France d'ailleurs, se rend compte que l'énergie nucléaire est devenue incontournable (...), il va y avoir, et c'est très bien pour nous, une exigence accrue de transparence et de dialogue. Cela va être +tolérance zéro+ sur tout, jusqu'aux plus petits incidents", a souligné M. Saulnier.
Selon lui, l'entreprise n'a pas su comprendre que même si l'incident n'avait été classé qu'au niveau 1 de l'échelle des évènements nucléaires (anomalie), il pouvait être perçu comme grave par la population car il s'agissait d'un rejet dans la nature d'une quantité significative d'uranium. Dans la nuit du 7 au 8 juillet, 74 kg d'uranium ont été rejetés dans l'environnement à la suite du débordement d'une cuve à l'usine Socatri à Bollène (Vaucluse).
Areva cherche-t-il à se dédouaner? "Non, Areva ne se rachète pas de conduite, Areva se perfectionne avec pour objectifs le développement durable et le progrès continu", a de son côté expliqué Hugues Blachère, directeur du site du Tricastin, répondant aux journalistes sur une butte contenant 760 tonnes de produits radioactifs, issus des travaux du Commissariat à l'énergie atomique dans les années 60-70. D'ici 2013, le contenu de cette butte sera démantelé et stocké ailleurs, a indiqué M. Saulnier.
Areva a également décidé de débloquer des fonds pour améliorer la surveillance environnementale et sanitaire du Tricastin : 20 millions d'euros sont prévus. Ils vont s'ajouter aux 13 millions déjà engagés pour la rénovation de la station de traitement des eaux industrielles sur laquelle s'était produite la fuite.
Côté indemnisations, Areva indique avoir recueilli entre 130 et 140 dossiers de réclamation. "Nous avons traité les plus simples où les sommes ne sont pas significatives mais, en revanche, nous avons engagé 350.000 euros" pour le raccordement au réseau d'eau potable des foyers qui étaient jusqu'à présent reliés à la nappe phréatique, a expliqué M. Blachère. "On a pensé que c'était utile de le faire pour ces quinze familles qui avaient vécu un début du mois de juillet peu agréable et cela rassure la population", a-t-il ajouté.
Usine Nouvelle,
25/8/2008:
Une fuite ayant provoqué des rejets de l'ordre de 250 grammes d'uranium par an a été détectée jeudi 21 août sur une canalisation enterrée des réseaux d'effluents de la société Comurhex, filiale d'Areva, à Pierrelatte (Drôme).
Tricastin, suite. Une fuite d'uranium a été détectée jeudi 21 août, grâce à des travaux de construction d'une nouvelle usine de conversion de l'uranium et de modernisation des réseaux d'effluents à la Comurhex.
Les ouvriers ont en effet constaté qu'un clapet de fermeture d'une canalisation souterraine, entre un laboratoire d'analyse et une station de traitement, était défectueux et a pu laisser passer des échantillons d'uranium. « De petites quantités d'uranium transitent par cette canalisation, qui est utilisée de manière occasionnelle » a expliqué Areva.
250 grammes par an. "Compte tenu du débit faible et très irrégulier de [la canalisation], la quantité de matière concernée ne peut être que mineure - de l'ordre de 250 grammes par an -, sans risque pour le personnel" affirmait un communiqué du groupe publié vendredi. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) s'est rendue sur les lieux vendredi soir, ainsi que la Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement (Drire).
"Un suivi temporaire renforcé de la nappe et la réalisation d'analyses des sols à proximité de la fuite, sont mis en place pour confirmer le faiblesse de l'impact sur l'environnement", précise un communiqué de la préfecture.
Depuis la fuite du 7 juillet dans l'usine Socatri, plus aucun incident ne semble pouvoir passer inaperçu aux yeux du grand public dans l'industrie nucléaire. C'est la nouvelle donne qu'entérine Areva, qui prévoit ce mercredi 27 août d'annoncer de « profonds changements » de procédures.
Ana Lutzky
La Comurhex, championne de l'hexafluorure
d'uranium
Dans le cycle du combustible nucléaire, la Comurhex se
charge de la phase de préparation chimique de l'uranium
avant son enrichissement. La conversion du concentré d'uranium
en provenance des mines, le « yellow cake », est réalisée
en deux étapes. La Comurhex-Malvési à Narbonne
se charge de la première, et la Comurhex-Pierrelatte, où
a été détectée la fuite, de la deuxième.
Dans un premier temps, l'uranium est transformé en tétrafluorure d'uranium (UF4) : le concentré minier est dissous par de l'acide, puis purifié, pour fournir, après précipitation-calcination, de la poudre d'UO3. Cette dernière est ensuite hydrofluorée (avec de l'acide fluorhydrique) et se transforme en UF4.
L'UF4 a l'apparence de granulés de couleur verte. L'UF4 est dans un deuxième temps transformé par fluoration en hexafluorure d'uranium (UF6), un composé présentant la caractéristique chimique d'être sous forme gazeuse à relativement basse température. Le fluor utilisé est obtenu par électrolyse d'acide fluorhydrique.
Marché. Les besoins annuels mondiaux de conversion s'élèvent en 2007 à environ 59 500 tonnes. En 2007, Comurhex a livré plus de 20 clients électriciens et traders à travers le monde : Areva a produit un niveau de conversion d'U308 en UF6 de 13 700 tonnes. Ses principaux concurrents sont Cameco (Canada), Converdyn (États-Unis) et Rosatom (Russie).
Le Monde, 13/8/2008:
L'accident du Tricastin a révélé les insuffisances du contrôle des eaux souterraines. Un rapport, demandé par Jean-Louis Borloo, doit être remis le 15 septembre
"Nos experts n'assurent aujourd'hui quasiment aucune surveillance des nappes phréatiques." Didier Champion, directeur de l'environnement et de l'intervention à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), ne pratique pas la langue de bois. Ses propos prennent un relief particulier, alors que des incidents en cascade - 11 de niveau 1 sur l'échelle [médiatique] internationale allant de 0 à 7, depuis le début du mois de juillet - braquent les projecteurs sur les défaillances de la filière électronucléaire.
A la suite de l'accident du Tricastin (Vaucluse) du 7 juillet, qui a entraîné le rejet de 74 kg d'uranium dans les cours d'eau, le ministre de l'écologie, Jean-Louis Borloo, a demandé au Haut Comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire, créé au mois de juin, de se pencher sur la situation radio-écologique de l'ensemble des sites nucléaires français. Et, en particulier, de vérifier l'état de toutes les nappes phréatiques. Le 22 juillet, le Haut Comité a saisi l'IRSN, qui doit lui remettre pour le 15 septembre - avec un rapport d'étape début septembre - un "bilan de la surveillance et de la qualité des eaux, souterraines et superficielles, à proximité des sites nucléaires".
Les 70 agents de l'IRSN affectés au contrôle des centres nucléaires ne partent pas de rien. La loi impose une autosurveillance aux exploitants - EDF pour les centrales, Areva pour la fabrication et le retraitement du combustible, le Commissariat à l'énergie atomique pour la recherche civile et militaire, l'Andra pour les déchets - des quelque 130 installations nucléaires de base, réparties sur une trentaine de sites, dont 19 abritent les 58 réacteurs français. Ces exploitants ont obligation de s'assurer que leurs rejets, gazeux et liquides, ne dépassent pas les seuils autorisés, mais aussi qu'ils n'ont pas d'impact sur l'environnement.
UNE CERTAINE " OPACITÉ "
De son côté, l'IRSN procède chaque année à 30 000 prélèvements dans 600 points du territoire national. Les trois quarts de ces analyses portent sur les aérosols (poussières atmosphériques), la pollution radioactive de l'air étant considérée comme le risque majeur. Les autres prélèvements sont faits dans les rivières, ou sur des végétaux ou des produits tests (herbes, mousses, blé, lait). Dans le même temps, les 180 balises du réseau Téléray, qui mesurent en permanence le niveau de radioactivité dans l'air ambiant, fournissent 19 millions de mesures par an. Elles sont complétées par quelques stations de mesures des eaux fluviales et des bassins d'épuration.
Mais l'Institut ne s'intéresse que "très peu" aux nappes phréatiques, reconnaît Didier Champion. Il ne suit que 16 sites (dont celui du Tricastin), sur lesquels il n'effectue que 114 prélèvements par an. Une goutte d'eau, en comparaison du réseau hydrographique souterrain. En outre, certains de ces sites, dont le choix est lié à des "raisons historiques", ne comptent pas parmi les plus significatifs. Ce désintérêt peut s'expliquer par le fait que les exploitants ne sont pas autorisés à rejeter des effluents dans les eaux profondes, qui ne devraient donc théoriquement pas être contaminées. Et qu'en cas d'accident, les nappes ne sont pas immédiatement atteintes, ce qui laisse le temps de déployer les moyens d'analyse nécessaires.
Les exploitants sont toutefois tenus de surveiller les nappes situées sous leurs installations. Mais les résultats, communiqués à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), ne le sont pas à l'IRSN. Une "anomalie" qui, aux yeux de Didier Champion, contribue à une certaine "opacité". Un remède devrait y être apporté avec la création, à partir de janvier 2009, d'un réseau national de mesure de la radioactivité dans l'environnement. Géré par l'IRSN, il centralisera toutes les mesures émanant des exploitants comme des services de l'Etat.
L'institut n'envisage pourtant pas de mettre en place une surveillance systématique des nappes phréatiques. "Ce serait déraisonnable, pour des raisons de moyens, estime Didier Champion. Les eaux souterraines ont un comportement complexe et fluctuant. Il ne suffit pas d'effectuer quelques mesures ponctuelles pour statuer sur leur qualité."
Pour répondre à la demande ministérielle, l'IRSN a entrepris l'inventaire de toutes les données dont disposent déjà les exploitants, accompagné du recensement des stockages de déchets radioactifs, actuels ou passés, d'où des radionucléides pourraient ou auraient pu migrer vers le sous-sol. "Cet état de lieux permettra de déterminer les nappes qui présentent un marquage radioactif et demandent une attention particulière. Le Haut Comité fera ensuite des recommandations au ministre. Ce sera alors à lui de décider d'une surveillance renforcée", indique l'institut.
Au-delà des seules nappes phréatiques, Didier Champion juge nécessaire "une évaluation de la pertinence du dispositif global de surveillance des sites nucléaires". Tout aussi important, pense-t-il, est de mettre à la disposition du public "des informations faciles à interpréter, notamment en termes de risques sanitaires". "Pour l'IRSN, ce n'est pas un été de tout repos, commente le directeur de l'environnement de cet institut. Tout le monde, même les chercheurs, est mobilisé pour cette mission."
Le Dauphiné Libéré, 10/8/2008:
Deux nouveaux forages privés bollénois viennent d'être classés à risques suite aux dernières analyses effectuées dans le cadre du plan de surveillance mis en place par l'ASN depuis l'incident du 7 juillet à la Socatri.
Vendredi soir, les Bollénois Roger Eymard et Gilles Millon qui résident route de Lapalud ont en effet reçu la visite des gendarmes leur portant un courrier de la préfecture.
À l'instar de leur voisin Pascal Reynaud (notre édition du 5 août) qui avait reçu la même lettre quelques jours auparavant, ils sont vivement incités « à ne pas utiliser l'eau de leur forage pour les usages alimentaires (boisson, préparation culinaire, brossage des dents). »
Même raison : les teneurs en uranium de leur eau dépassent « depuis plus d'une semaine la valeur guide recommandée par l'Organisation mondiale de la santé de 15 microgrammes par litre ». Elles oscilleraient entre 15 et 16 microgrammes d'uranium par litre d'eau.
Comme le rappelait Marc Champion de l'ASN de Lyon, interrogé sur le cas du forage de Pascal Reynaud : « à ces seuils là, l'eau est tout à fait potable et sans danger pour la santé» (?) : il s'agit d'une simple « mesure de précaution prise par les pouvoirs publics » qui répond au plan de surveillance mis en place par l'Autorité de sûreté nucléaire, mais qui ne remet pas en cause l'arrêté du 22 juillet portant levée des interdictions sur la consommation d'eau.
"Dommage seulement qu'il ait fallu attendre
un mois"
Il reste que pour Roger Eymard et Gilles Millon, l'approvisionnement
par citerne en eau de la ville continue. Une situation difficile
à vivre au quotidien qui a fait réagir Areva. «Voyant
qu'on en était réduit à vivre dans des conditions
plutôt rudimentaires, Areva nous a fait installer hier des
surpresseurs afin que nous puissions avoir l'eau dans la maison.
Ça nous change la vie. Depuis un mois, on était obligés de se laver dans la douche de notre camping-car approvisionné avec l'eau de la citerne de la ville», raconte Roger Eymard. Et d'ajouter : «On ne peut pas dire qu'Areva ne prend pas ses responsabilités. Dommage seulement qu'il ait fallu attendre un mois !»
(?) Pour la Criirad, «la
norme admise de 15 microgrammes par litre par l'OMS signifie qu'au-dessus
le risque existe».
Le Dauphiné Libéré Vaucluse, 9/8/08:
23/7/2008 - Des salariés ont été évacués mercredi de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) à la suite d'une alerte et cent personnes ont été légèrement contaminées par des particules radioactives, a annoncé EDF. "Suite au déclenchement de balises et conformément aux procédures de sécurité, les 97 intervenants d'EDF et d'entreprises extérieures [lire: Les esclaves du nucléaire] sur les chantiers en cours dans le bâtiment ont été invités à quitter les lieux" dans la matinée, a précisé une porte-parole du groupe. Chaque personne concernée a été conduite au service médical du site pour subir un examen complet "afin de contrôler la présence d'éventuelles traces de contamination", a-t-elle ajouté. EDF a également fait examiner 32 personnes qui avaient quitté les lieux avant l'incident. Sur l'ensemble des personnes examinées, 39 présentent des traces inférieures au seuil d'analyse et 61 "de faibles traces de radioéléments, inférieures au quarantième de la limite réglementaire". Au total, 100 personnes ont donc été légèrement contaminées, et non 70 comme l'entreprise l'avait indiqué dans un premier temps afin d'informer en temps réel, a souligné la porte-parole. "Des analyses se poursuivent pour déterminer les causes de cet événement qui, qui n'a pas de conséquence ni sur la santé des personnes, ni sur l'environnement", précise EDF dans un communiqué. Le 7 juillet, 74kg d'uranium en solution s'étaient échappés de l'usine Socatri du site de la centrale nucléaire du Tricastin à cause d'une défaillance d'une cuve de rétention. Les autorités ont affirmé que cet incident, qui a suscité de vives réactions des écologistes, n'avait pas eu de conséquence ni sur la santé des personnes ni sur l'environnement. Pour le réseau "Sortir du nucléaire", le "nouvel événement grave" de la contamination de salariés de l'usine survenu mercredi "met en cause l'industrie nucléaire." "Contrairement au discours officiel qui prétend que ces contaminations ne sont pas dangereuses, Sortir du nucléaire rappelle que, dès 1990, la très officielle Commission Internationale de Radioprotection (CIPR) a admis que toute dose de rayonnement comporte un risque cancérigène et génétique", déclare l'association dans un communiqué.
Le Parisien, 22/7/2008:
UNE PREMIÈRE PLAINTE d'un particulier a été déposée suite à la contamination à l'uranium de la nappe phréatique sur le site nucléaire du Tricastin (Vaucluse). Elisabeth Serinian, qui habite à Bollène, dans la zone concernée par la pollution, a déposé plainte contre X vendredi à la gendarmerie. « J'ai envie de savoir ce qui se passe vraiment. J'ai l'impression que l'on ne nous a pas tout dit sur l'origine de cette contamination de l'eau. Si ce sont d'anciens déchets radioactifs de l'armée, enfouis dans une butte de terre depuis les années 1970, qui sont responsables de cette pollution, c'est encore pire. Cela voudrait dire que l'on nous a menti depuis trente ans », explique cette enseignante, mère de deux enfants. Pour l'instant, elle et sa famille n'ont toujours pas le droit de consommer l'eau potable de leur puits, relié directement à la fameuse nappe phréatique souillée. D'autre part, l'association les Riverains de la plaine, qui regroupe différents habitants du quartier, réfléchit à une éventuelle action en justice, et prendra sa décision à l'issue d'une réunion qui aura lieu cette semaine avec des représentants de l'usine Areva-Socatri. « On va écouter ce qu'ils nous disent. Et ensuite on va se réunir entre nous, pour voir qui est pour et qui est contre », explique Mme Dubois, dont le mari dirige cette association. A leur domicile, « les niveaux de l'uranium dans l'eau font du yo-yo. Il y a trois jours, ils étaient au-dessus de la norme, à 16 mg/litre, hier matin, c'était repassé en dessous. Y compris dans mon eau de piscine, que j'ai fait analyser », ajoute-t-elle. La famille Dubois a rencontré le médecin chef d'Areva-Socatri qui leur a fait des analyses.
Mécontentement des agriculteurs
« Il a contrôlé un certain nombre d'éléments
liés au fonctionnement de nos reins. Il nous a dit que
ça allait, et qu'il ne fallait pas s'inquiéter.
Il nous a quand même conseillé de ne pas boire l'eau
du robinet et de lui préférer l'eau minérale,
ce qui ne m'a pas trop rassuré », ajoute-t-elle.
Par ailleurs, les agriculteurs ont eux aussi fait part de leur
mécontentement. Le président de la FNSEA a incité
la présidente d'Areva, Anne Lauvergeon, « à
dédommager les exploitants dont le préjudice est
considérable » en terme d'image, en particulier pour
le vin AOC côtes du Tricastin. Dans une autre région,
hier, une « très légère contamination
», selon EDF, a eu lieu sur le site nucléaire de
Saint-Alban-Saint-Maurice, dans l'Isère. Quinze employés
venant d'entreprises extérieures ont été
orientés vers les services médicaux du site, mais
leurs examens se sont révélés normaux.
Les Echos, 21/7/2008:
Le ministre de l'Ecologie a réclamé pour fin octobre un rapport sur les procédures de sécurité. Le plan de surveillance du Tricastin va se muer en un suivi permanent de l'ensemble des sites nucléaires [un ministre crétin qui ne sait pas (?) que ce suivi existe déjà] et incluera la pollution issue des déchets. Pour Jean-Louis Borloo, il faut « assurer la transparence sans céder à l'affolement ». Le ministre de l'Ecologie a réagi vendredi lors d'une conférence de presse à l'annonce, le matin même, d'une fuite d'effluents radioactifs de l'usine FBFC de Romans-sur-Isère. Elle s'ajoute à l'incident survenu au Tricastin (Vaucluse) le 7 juillet et, comme lui, elle a été estimée sans danger par l'autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui l'a classée en « micro-incident » de niveau 1 sur [l']échelle [médiatique] INES de 1 à 7. Lors d'une visite de ses deux filiales incriminées, la patronne d'Areva, Anne Lauvergeon, s'est dite surprise par l'ampleur de l'émotion et des répercussions médiatiques. « Il faut rappeler qu'il y a eu 86 de ces micro-incidents de niveau 1 l'an dernier, depuis le Tricastin il a dû y en avoir 3 ou 4 de plus, a renchéri Jean-Louis Borloo [oui le nucléaire, ça fuit tout le temps, et effectivement, il s'agit là d'incidents mineurs et courants, voir ce que serait un accident majeur]. Et 86, c'est 30 % de moins que les 114 recensés en 2006, car on améliore en permanence le dispositif. » Un dispositif dont le ministre a néanmoins détaillé l'extension et la pérennisation. Car « les centrales sont très modernes, très contrôlées, a t-il reconnu. Mais j'ai l'impression que plus on s'éloigne pour aller vers la sous-traitance - comme le traitement de l'eau - plus la vigilance baisse ». Chez FBFC à Romans, les installations de traitement de l'eau du site d'enrichissement d'uranium n'étaient plus aux normes depuis des années. « L'Autorité de sûreté nucléaire avait demandé que la station d'épuration soit modifiée pour septembre ; il y a eu négligence sur la maintenance », a estimé Jean-Louis Borloo. Quant au Tricastin, si, dix jours après l'incident de la Socatri, le niveau de radioactivité est revenu à la normale selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), la recherche d'une pollution des nappes phréatiques a mis en lumière des problèmes plus structurels.
Cartographie des sites
« Des déchets ont été stockés
dans les années 1970, a reconnu Jacques Repussard, directeur
de l'IRSN. Nous l'avions étudié et il n'y a pas
eu d'enquête avant car nous pensons qu'il n'existe pas de
pollution des nappes phréatiques. Mais nous allons vérifier
à 100 %. » Un bilan sur la gestion des déchets
anciens figurera dans le rapport sur les procédures existantes
de sécurité nucléaire que le ministre a commandé
au Haut Comité pour la transparence et l'information sur
la sécurité nucléaire. Il doit être
remis fin octobre et associer l'ensemble des acteurs du nucléaire.
Pour Jean-Louis Borloo, « tout le monde doit être
entendu, y compris les autorités militaires ». Un
plan de surveillance permanente des sites nucléaires va être
mis en place. « Une cartographie des sites sera effectuée
et le résultat de toutes les mesures effectuées
sera diffusé en temps réel », a insisté
le ministre. Une chose que Jean-Louis Borloo se refuse en revanche
à mesurer, c'est la conséquence de ces incidents
sur la construction d'un deuxième EPR, ou sur Areva au
moment où Anne Lauvergeon se bat pour sauvegarder son indépendance
face aux vélléités de rapprochement d'Alstom.
« Areva doit bien sûr tirer les conséquences
des incidents, mais je constate que cela a été fait,
a-t-il déclaré. Et
il n'existe pas de lien entre ces incidents et l'appréciation
globale des stratégies énergétiques, qui
sont arbitrées au plus haut niveau de l'Etat. »
L'Usine nouvelle, 21/7/2008:
Après les accidents radioactifs de Tricastin le 7 juillet et de Romans sur Isère le 18 juillet, le point avec Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire, responsable du Laboratoire Criirad.
Si le gouvernement appelle une remise à plat de l'industrie nucléaire, pour beaucoup, l'incident de Tricastin est clôt. S'agissait-il d'un événement banal ?
La question qui vient immédiatement à l'esprit, c'est comment ça a pu se passer et pourquoi. Que ça déborde, c'est un problème. Que les bacs de rétention ne soient pas étanches, c'est un problème. Attendre plus de dix heures pour donner l'information, c'est un problème.
Selon les dernières données transmises par la Socatri, 6,25 mètre cube d'effluents contenant 8g/L d'uranium auraient été déversés dans les rivières de la Gaffière et de l'Auzon. En supposant qu'il s'agit d'uranium dont la composition est celle trouvée dans la nature, on peut montrer que le niveau de radioactivité de cet effluent était 4000 fois supérieur à la limité autorisée pour un rejet dans le canal de Donzere-Mondragon, de 50 becquerels par litre.
De plus, cela représenterait plus de 17 fois la limite annuelle autorisée de 71,7 millions de becquerels d'uranium, l'effluent représentant plus d'un milliard de becquerels en quantité totale rejetée. L'accident est d'autant plus sérieux que l'uranium a été rejeté à même le sol, dans des petits ruisseaux, alors que le canal a un pouvoir de dilution beaucoup plus important.
Nuançons : ce n'est pas une catastrophe nucléaire. Mais l'uranium émet des particules alpha parmi les plus puissantes pour créer des lésions dans notre ADN, augmentant ainsi les risques d'apparitions de mutations et cancers. Au sud de Tricastin, plusieurs dizaines de forages permettent à des familles de puiser de l'eau dans leur jardin, ou aux agriculteurs d'irriguer.
Dans les eaux qui circulent en-dessous et en surface, vous allez trouver de l'uranium, mais aussi des chlorures, des fluorures, car la problématique est également chimique. Il faut donc redoubler de vigilance.
La Criirad dénonce depuis le 4 juillet l'enfouissement de plus de 700 tonnes de déchets d'une ancienne usine militaire stockés sans précaution sur le site de Tricastin, sous une butte de terre. Est-ce ce qui explique la pollution de la nappe phréatique qui constatée aujourd'hui ?
Ce qui est sûr, c'est que la concentration en uranium des eaux de surface en aval de cette butte au Tricastin a très fortement augmenté dans le passé. Dans l'environnement extérieur au site, les concentrations en uranium sont a priori par endroits dix voire soixante-dix fois supérieures au niveau naturel mesuré en amont du site. Du point de vue des eaux souterraines sous le site de Tricastin, il faudrait que les entreprises nous livrent les niveaux de concentration en uranium.
L'IRSN a fait une étude sur la concentration des eaux sous-terraines du site de Tricastin présentée à l'oral lors de la réunion du CIGEET le 4 juillet. Cette étude constatait dans le sud du site une concentration dix fois supérieures à la normale. Le débat a porté sur l'origine de cette concentration : l'IRSN parlait d'origine naturelle, tandis que la Criirad, considérant la présence de cette butte militaire et l'activité liée au nucléaire du site, considérait qu'il s'agissait d'une contamination industrielle.
Suite à l'incident du 7 juillet, l'IRSN a reconnu qu'il s'agissait d'une pollution. Et les propos tenus par Jacques Repussard à l'issue de la commission extraordinaire du CIGEET indique qu'il reconnaîtrait désormais que la butte y est pour quelque chose. Ce déroulement illustre très bien ce qui se passe aujourd'hui : le problème ne se situe pas sur la façon dont se font les mesures mais sur les actions entreprises ensuite.
Les études préliminaires à la construction de l'unité Georges Besse II, basées sur des mesures faites entre 2002 et 2004, précisent noir sur blanc que « l'augmentation de concentration en uranium des eaux de surface ces dernières années est liée à la résurgence d'une contamination ancienne. » A la Criirad, nous ne disons pas que la pollution de la nappe phréatique est uniquement liée à cette butte, mais elle y contribue certainement.
Le Haut-Commissariat à l'Energie atomique dit lui-même dans un rapport publié en 1998 que 900 kg d'uranium issus de cette butte ont été rejetés dans le milieu naturel. A tel point qu'au lieu de laisser cette eau contaminée stagner là, le CEA a pompé la nappe phréatique au rythme 170 mètres cube d'eau par heure, pendant des années, de 1980 à 1998, pour la diluer dans le Rhône. Outre les déchets de cette butte, il y a certainement eu d'autres déchets, d'autres fuites dont la Ciirad n'a pas eu connaissance. Le terrain s'étale sur une surface gigantesque de 600 hectares. Mais cette butte montre bien le manque de rigueur relatif à la gestion des déchets radioactifs du site.
Les autorités chargées de contrôler la sécurité de la filière nucléaire, l'IRSN et l'ASN, vous semblent peu indépendantes ?
L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, l'IRSN est un EPIC (établissement public à caractère industriel ou commercial), c'est l'institut de référence de l'Autorité de Sûreté nucléaire, l'ASN, qui a pour clients EDF ou Areva. Difficile pour les chercheurs de garder une neutralité. Si l'on se base sur des faits précis, on constate que cet institut n'apporte pas des garanties suffisantes en termes de protection des citoyens par rapport aux rayons ionisants.
Par exemple, le parking du stade de football de Gueugnon a été remblayé avec des déchets radioactifs issus de l'ancienne usine d'extraction d'uranium gérée par le CEA puis par Cogema/Areva : nous avons tiré la sonnette d'alarme en 2005 sur ce point alors que l'IRSN n'avait rien trouvé à y redire de prime abord. Aujourd'hui, la pollution de ce site est reconnue
France info, 21/7/2008:
Faut-il s'inquiéter de la sécurité des installations nucléaires en France ? Pas le moins du monde. Parce qu'en France, on n'a que de l'uranium gentil...
Croyez-moi ou pas, mais il n'y a aucune raison de s'inquiéter des fuites d'uranium dans les centrales nucléaires en France... Ecoutez plutôt ce que vous dit Areva... Ce n'est pas dangereux, ça n'a aucune incidence néfaste sur l'environnement... Vous savez pourquoi ? C'est très simple... C'est parce qu'il y a deux sortes de nucléaire dans le monde... Y a le nucléaire méchant et le nucléaire gentil... Qu'est-ce que c'est que le nucléaire méchant ? C'est le nucléaire qu'on trouve à l'étranger... C'est le nucléaire de la bombe atomique, Hiroshima, Nagasaki... Très méchant, ce nucléaire-là... Le nucléaire de Tchernobyl... Très méchant aussi, celui-là...
Alors que nous, en France, on n'a que du nucléaire gentil... Celui qui donne de l'électricité, celui qui fait marcher la télévision et le four à micro-ondes... Et pourquoi on n'a que du nucléaire gentil, en France ? Parce qu'en France, on a des très bons acheteurs d'uranium... Quand le gringo de chez Areva, celui qui travaillait avant chez Jacques Vabre, il va au Canada, en Australie ou en Russie acheter de l'uranium, il fait bien la différence entre le gentil et le méchant... Sur les marchés où il y a tous les producteurs, quand on essaie de lui refourguer de l'uranium méchant, le gringo d'Areva, il n'en veut pas... Il dit : non, ça, c'est pas bon pour Areva... Moi, je ne veux que de l'uranium gentil...
C'est pour ça qu'après, quand il y a des fuites chez nous, quand ça part dans les rivières, ou que ça s'évapore dans l'air autour des centrales, ce n'est pas grave... C'est de l'uranium gentil... Y a des petits morceaux d'uranium qui se baladent comme ça dans la nature et qui rencontrent les animaux, ou les fruits, ou les fleurs... Et ça se passe comme dans les films de Walt Disney... Le poisson, dans la rivière, ou l'abricot, dans l'arbre, ils disent : bonjour, gentil petit uranium, viens te promener avec nous... Et le petit uranium se promène comme ça un peu partout, sans que MamanAreva s'inquiète... Petit uranium est bien élevé et bien gentil... Il ne fera aucune bêtise dans la nature...
C'est même mieux que ça... Dans le Tricastin, quand on fait son marché, on peut faire sa radiothérapie rien qu'en tripotant les fruits et les légumes... Ca fait faire des économies à la Sécu... C'est vous dire s'il est gentil, cet uranium-là... C'est pour ça qu'il ne faut pas s'inquiéter des fuites d'uranium dans les centrales nucléaires... Mais évidemment, vous n'êtes pas obligé de me croire...
Jean-Pierre Gauffre
21/7/2008 - Les préfets du Vaucluse et de la Drôme ont décidé mardi de lever toutes les mesures de précaution prises depuis deux semaines en raison d'une fuite de 74 kg d'uranium sur le site nucléaire du Tricastin, ont-ils annoncé dans un communiqué commun. Cette décision a été prise, avec l'aval du ministère de l'Agriculture, de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), au regard "de la diminution et du caractère limité de la pollution issue de la société Socatri tant pour les eaux de surfaces que pour les eaux de nappe, les sédiments, les végétaux ou les poissons". Toutefois, l'IRSN continuera de surveiller certains forages privés où a été constaté un "marquage ancien" à l'uranium et qui présentent des "dépassements ponctuels" du seuil de potabilité fixé à 15 microgrammes d'uranium par litre par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), ont précisé les préfectures. Les autorités préfectorales ont aussi obtenu que Socatri, responsable de la fuite d'uranium naturel, soit maintenue sous surveillance à moyen terme. L'ASN a imposé à la filiale d'Areva de suspendre l'activité de l'une de ses deux stations de traitement du Tricastin. Jeudi, le gouvernement avait exigé la vérification de l'état des nappes phréatiques situées "près de toutes les centrales nucléaires françaises", suite à l'émoi suscité par cette fuite et la découverte de la présence dans la nappe proche de Tricastin de points de concentrations en uranium inexpliqués, sans lien avec l'incident. Selon les préfectures de la Drôme et du Vaucluse, seront analysés tous les forages privés des habitations non raccordées au réseau d'eau potable et situés sur la partie ouest de la commune de Bollène et à l'intérieur de la bande des 100 mètres de part et d'autre du Lauzon. "Tout dépassement de la valeur de 15 microgrammes d'uranium par litre d'eau conduira à la mise en place d'une surveillance quotidienne. Tout dépassement ponctuel de la valeur de 30 microgrammes d'uranium par litre d'eau ou de 15 microgrammes/litre pendant plus d'une semaine, conduira à une concertation (ASN, IRSN, préfectures) sur les mesures à mettre en oeuvre pour le forage concerné", ont-elles précisé.
Ouest-France, 19/7/2008:
Dix jours après la fuite d'effluents
radioactifs à l'usine Socatri, Yves Beck ne décolère
pas. Adjoint aux finances à la mairie de Bollène,
l'une des communes où est installé le complexe nucléaire
du Tricastin, il estime que l'incident et sa gestion par les autorités
ont été « inacceptables ». « On
a été traités en sous-citoyens, lance l'élu.
Il est quand même extraordinaire que jusqu'à jeudi,
ni Areva ni l'État n'ont téléphoné
à la mairie de Bollène pour demander : ' On peut
vous aider ? ' »
À présent, il compte bien obtenir une indemnisation.
« Il y a un préjudice : sanitaire, à vérifier
pour les populations ; matériel, pour les agriculteurs
notamment. Et un préjudice d'image colossal. »
Sylvie Eymard vit avec son mari et ses deux enfants, depuis 1989,
à quelques centaines de mètres de l'une des rivières
proches de la Socatri. Elle ne peut plus utiliser l'eau de son
puits pour la consommation familiale ou l'arrosage. L'interdiction
a été prise, à titre de précaution.
« Ça fait vingt ans que j'utilise cette eau sans
problème. J'ai fait des analyses, mais jamais de recherches
chimiques. On pense quand même que Socatri, Eurodif, ce
sont des gens sérieux. »La mairie leur a fourni un
réservoir de 1 000 litres. « À court terme,
ça va, explique-t-elle. Mais à long terme, il faut
qu'ils fassent quelque chose : faire venir l'eau de la ville,
vérifier les sanitaires de la maison. L'uranium est toujours
dans le chauffe-eau. Elle ne cache pas son inquiétude.
On se fait du souci pour les enfants. Les analyses d'urine sont
négatives, donc tout va bien pour le moment. On ne sait
pas ce que l'avenir va nous donner, ce qu'il va en être
de notre santé. » Elle aussi réclame des «
réparations financières ».
Même attente de la part de Sandra Mancellon, agricultrice
à quelques kilomètres de là. « On espère
avoir quelque chose en retour. Pour l'instant, ça stagne.
» L'interdiction d'arroser lui a déjà fait
perdre 2 500 salades. « Nous allons avoir un rendement de
pêches moindre et les melons donneront aussi en moins bonne
quantité. »
JDD, 19/7/2008:
Anne Lauvergeon, PD-G d'Areva, estime que l'incident des fuites de Tricastin "est clos". Elle reconnaît les erreurs de sa filiale mais dénonce une certaine "confusion", un emballement médiatique et administratif. Elle s'est rendue vendredi dans la Drôme, onze jours après la révélation de fuites d'eau contenant de l'uranium à l'usine Socatri de Tricastin. Et s'explique au JDD.
Extraits.
En dix jours, Areva vient de connaître deux fuites de produits contenant de l'uranium, à Tricastin et à Romans. Comment réagissez-vous ?
J'ai vécu ces dix jours intensément. Quand j'ai appris cet incident à l'usine Socatri de Tricastin, j'ai immédiatement demandé un audit et une enquête de notre inspection générale. Nous avons sans doute sous-estimé l'amplitude de l'émotion. Nous avons également été surpris par la réaction médiatique.
En effet, il s'agit d'une anomalie classée [sur l'echelle médiatique INES] de niveau 1 (sur 7) par l'Autorité de sûreté nucléaire. Cela signifie qu'il n'y a pas de danger pour les travailleurs, les riverains et l'environnement. Ce type d'incident est toujours rendu public. Areva en a enregistré 7 l'an dernier, le Commissariat à l'énergie atomique et EDF en ont compté 79.
Des mesures drastiques ont pourtant été prises sur la consommation d'eau et les baignades. L'inquiétude des habitants n'est-elle pas légitime ?
Il y a eu deux grandes confusions. D'abord, on a annoncé une fuite d'uranium en montrant des photos de la centrale nucléaire. Cela a laissé croire à une fuite venant de celle-ci qui aurait été beaucoup plus grave.
Ensuite, des gendarmes sont arrivés devant le plan d'eau de Lapalud (Vaucluse) avec des mégaphones pour faire sortir les baigneurs en leur demandant d'abandonner leurs affaires sur place. Certains se sont vu conseiller d'aller à l'hôpital. Dans le même temps, l'ASN et Areva disaient qu'il n'y avait pas d'impact. Comment ne pas créer une immense confusion ?
Vous n'avez rien cherché à cacher ?
L'information disponible a été donnée à l'Autorité de sûreté nucléaire et à la préfecture de la Drôme entre 7h30 et 8h00, il aurait fallu le faire à 4h45.
Il y a aussi la fuite d'un tuyau à Romans,
annoncée cette semaine... C'est une coïncidence. Mais
j'y vois la preuve d'une industrie transparente, capable de dire
tout, tout de suite, quel que soit le contexte.
Dauphiné Libéré, 19/7/2008:
Anne Lauvergeon, la présidente d'Areva, a bien fait d'attendre onze jours pour venir dans la Drôme. Elle a ainsi fait coup double puisqu'après la fuite d'uranium sur le site du Tricastin le 7 juillet, une deuxième "anomalie", à l'usine FBFC de Romans cette fois-ci, a été révélée hier matin.
Ces deux événements, sans aucun lien entre eux, font un peu beaucoup pour une seule filière industrielle, certes sensible, et un seul département qui fait les yeux doux au futur EPR (réacteur pressuré européen de 3e génération). Anne Lauvergeon, elle, n'y voit que "déveine". La faute à pas de chance en quelque sorte...
La présidente d'Areva est venue dans la Drôme "présenter ses excuses" aux populations que "l'anomalie" du début du mois a inquiété. Après un détour de dernière minute par Romans, et avant de rencontrer les élus vauclusiens et drômois riverains du site de Tricastin, elle s'est discrétement invitée dans deux familles dont les nappes phréatiques présentent des taux de contamination "limite", pour reprendre son vocabulaire.
Devant les élus ensuite, elle a fait amende honorable en reconnaissant des dysfonctionnements. Dysfonctionnement entre l'équipe chargée des travaux à la Socatri et les responsables du site qui n'avaient pas été informés qu'une cuve de rétention était endommagée.
Anne Lauvergeon était sur place hier. Dysfonctionnement aussi dans les délais d'alerte des autorités (3 heures au moins). Et dysfonctionnement enfin lorsqu'il s'est agi de répondre aux inquiétudes du public après cet incident classé niveau 1 (sur une échelle qui va jusqu'à 7): "Nous avons sous-estimé l'émotion que cela a provoqué" a-t-elle reconnu.
Pour mesurer l'impact sur les esprits, sa rencontre avec la presse à la base de loisirs des Girardes à Lapalud tombait à pic. Ce plan d'eau, aux portes de Bollène, accueille d'ordinaire plusieurs centaines de visiteurs au coeur de l'été. Hier, les deux surveillants de baignade se tournaient désespérément les pouces devant une base nautique déserte...
Pour Jean-Pierre Lambertin, le maire de Lapalud et premier vice-président (PS) du Conseil général du Vaucluse, cet incident démontre que "le revers de la transparence, c'est le risque de psychose". "Mais en tant qu'élu, je choisirai toujours la transparence" ajoute-t-il.
Accueillie par une vingtaine de militants de "Sortir du nucléaire" venue réclamer sa démission, Anne Lauvergeon a au passage fustigé ceux "qui profitent de la situation pour se refaire une santé militante sans lésiner sur les mensonges". Pour le reste, elle se dit convaincue que "le nucléaire ne doit pas être un tabou". Et promet "la plus totale transparence".
Des compensations pour les professionnels. Au rayon des promesses, Areva prendra des mesures en faveur des professionnels, agriculteurs et maraîchers, qui ont été pénalisés par les interdictions de l'arrosage. Sans toutefois s'engager sur une enveloppe.
N'empêche que l'engagement sur des compensations n'est pas tombé dans l'oreille de sourds. Certains élus comptent bien mettre sur la table le raccordement au réseau d'eau les habitations isolées alimentées jusque-là par des puits individuels. Ou encore ces déchets du nucléaire militaire enfouis sur le site du Tricastin qu'il faudra bien déménager un jour. Autant battre le fer tant qu'il est chaud...
Dans les jours qui viennent, la Socatri aura
un nouveau directeur général. Et le plan de surveillance
renforcée sera maintenu a affirmé Anne Lauvergeon.
A ce sujet, l'annonce tonitruante,
avant-hier, de prélévements systématiques
dans les nappes phréatiques autour des sites nucléaires
par le ministre de l'environnement Jean-Louis Borloo a tiré
un sourire éloquent à Anne Lauvergeon. Ces prélévements
existent déjà...
La Dépêche du Midi, 19/7/2008:
Mauvaise passe pour le nucléaire. En l'espace de dix jours, deux incidents de niveau 1 ont été détectés sur des sites français. Ainsi, hier, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a annoncé la rupture d'une canalisation dans une usine exploitée par une filiale d'Areva à Romans-sur-Isère, dans la Drôme. « Il y a eu un épanchement d'uranium d'une quantité comprise entre 120 et 750 grammes, sur une canalisation défectueuse depuis longtemps » a indiqué le chef de division de l'ASN. Une inspection a eu lieu pendant la nuit de jeudi à vendredi, et l'incident a été classé de niveau 1. Cette fuite ne fait pas bon effet, dix jours après la fuite d'uranium sur l'usine Socatri au Tricastin. Une « bavure » qui a suscité une belle polémique au point que le directeur de l'usine vient d'être remplacé : le nouveau patron aura pour mission de « faire une revue globale du fonctionnement de l'établissement ». La fuite qui s'est produite dans la nuit du 7 au 8 juillet a conduit au rejet dans la nature de 74 kg d'uranium. Sur place, habitants et élus sont furieux, estimant avoir été traités en « sous-citoyens » et jugent inacceptable la manière dont l'incident a été géré. Les agriculteurs sont les plus touchés. Ils ne peuvent plus arroser leurs plantations, et bon nombre de récoltes vont devoir être jetées à la poubelle. Sans compter l'impact sur l'image touristique de la région, en tout début de saison. Jean-Louis Borloo, ministre de l'Écologie, tente d'éteindre le feu. « Je veux tout remettre à plat, notamment les dispositifs d'information, d'analyse et de sécurité » a-t-il expliqué hier. Il veut aussi faire évaluer l'ensemble des nappes phréatiques sous les installations nucléaires, et faire le point sur les déchets anciens.
Le Monde, 18/7/2008:
Une année de travail fichue !" Luc Eymard est découragé. Sur des dizaines de mètres, ses plants de basilic, alignés sur une terre sèche comme du cuir tanné, ont grillé sur pied. Brûlés par le soleil et la soif. Les jeunes pousses ont rôti avant d'arriver à maturité.
Celles qui attendaient d'être cueillies se sont flétries prématurément. "Le basilic, on le pousse à la chaleur et à l'eau. Il faut l'arroser tous les jours, tous les deux jours au maximum. L'irrigation a été interdite et voilà le résultat!" se désole le maraîcher.
A 2 kilomètres à vol d'oiseau de son champ se découpent les tours évasées, coiffées d'un panache de vapeur d'eau, de la centrale nucléaire du Tricastin. Derrière un rideau de cyprès, on devine le parallélépipède gris de la Socatri, l'usine de traitement des effluents radioactifs par qui le mal est arrivé, dans la nuit du 7 au 8 juillet : le déversement accidentel, dans les eaux des rivières la Gaffière et le Lauzon, puis dans la nappe phréatique, de 74 kg d'uranium.
C'est dans cette nappe que Luc Eymard, comme les autres cultivateurs du quartier de la Plaine, à l'ouest de Bollène, puise l'eau nécessaire à son exploitation de plantes aromatiques (thym, aneth, coriandre) et de légumes. L'interdiction d'arrosage a été levée à l'exception d'une bande de 100 mètres de part et d'autre des cours d'eau mais il a perdu "entre 80 et 100 tonnes" de basilic et il ne pourra pas "sortir" les 120 tonnes qu'il doit livrer, par contrat, à une entreprise de conditionnement.
"Pour les pommes de terre, il a fallu commencer la récolte sans le dernier arrosage qui permet de gagner en calibre, dit-il. Pareil pour les oignons, qui ne répondront pas au cahier des charges." A un jet d'eau de la parcelle déshydratée, Sylvie Eymard, son épouse, vit au rythme des prélèvements quotidiens effectués par la Socatri dans le puits qui alimente leur maison.
"Dans les jours qui ont suivi l'accident, on était à 15 microgrammes d'uranium par litre, relate-t-elle. Au début de cette semaine, on était descendu autour de 12. Je me suis dit que c'était bon, puisque la limite de potabilité est de 15. Mais mercredi, on est remonté à 16,5 !"
La municipalité de Bollène a mis à la disposition du foyer, comme à celle d'une dizaine d'autres familles, une citerne de 1 000 litres d'eau à usage domestique et, tous les deux jours, le ravitaille en bouteilles d'eau potable.
Mais Sylvie Eymard n'est pas tranquille. "Voilà vingt ans que nous buvons l'eau de la nappe. Nous avons fait des analyses chimiques, mais jamais nous n'avons pensé à un risque radiologique, explique-t-elle [l'intelligence ça arrive de manière brutale ?]. Ce qui me préoccupe, ce sont nos deux enfants en bas âge", ajoute-t-elle.
"LA POPULATION NE CROIT PLUS AUX CHIFFRES OFFICIELS"
La mairie de Bollène s'efforce de relativiser la crise. Seuls les quartiers situés à l'ouest du canal Donzère-Mondragon soit 800 des 14 000 habitants de la commune sont concernés par "l'incident de pollution", précise un avis affiché à l'hôtel de ville. André-Yves Becq, adjoint aux finances et à la communication, reconnaît pourtant ne pas savoir exactement combien de foyers utilisent des captages d'eau privés, certains n'étant pas déclarés. Surtout, il met en cause le déficit d'information des autorités.
La municipalité envisage d'engager des poursuites judiciaires pour obtenir "réparation de l'énorme préjudice subi", et de faire appel à un laboratoire d'analyses indépendant. "La population est inquiète et ne croit plus aux chiffres officiels", assure l'adjoint au maire. D'autant, rapporte un autre élu, que "l'attitude de la Socatri, qui a fait des prélèvements de nuit et a tenté d'expliquer une teneur en uranium de 64 microgrammes d'uranium par litre d'eau, chez un particulier, par une souillure des instruments de mesure, nous a paru suspecte".
A Bollène comme à Lapalud, Lamotte-du-Rhône et Mondragon les quatre communes touchées par les restrictions d'usage de l'eau , les ventes d'eau minérale ont grimpé en flèche. "Au lendemain de l'accident, c'était la ruée, raconte la gérante d'un supermarché. Nous avons écoulé en trois heures huit palettes de 500 bouteilles, alors qu'une palette nous fait habituellement deux jours. Nous continuons à en passer trois par jour." A la pharmacie, certains clients ont même réclamé des pastilles d'iode, prescrites en cas de pollution radioactive de l'air.
Aujourd'hui, la vie a repris son cours. Mais
le soupçon persiste, alimenté par l'hypothèse
d'une pollution ancienne de la nappe, due peut-être aux
déchets d'une usine militaire d'enrichissement d'uranium.
Vendredi 18 juillet se réunira, à Valence, la Commission
d'information des grands équipements énergétiques
du Tricastin (Cigeet). La séance s'annonce houleuse.
17/7/2008 - La
vérification des nappes phréatiques situées
près de l'ensemble des centrales nucléaires françaises
est un pas dans la bonne direction mais la mesure doit être
élargie, estiment jeudi les organisations écologistes.Le
ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a annoncé jeudi
dans Le Parisien qu'il souhaitait faire vérifier toutes
les nappes phréatiques près de l'ensemble des centrales
nucléaires après l'incident qui la semaine dernière
sur le site de Tricastin.Le Réseau "Sortir du nucléaire"
se "félicite", dans un communiqué, de
cette décision. Mais, précise-t-il, de nombreux
autres sites doivent faire l'objet de mesures similaires. "Au
delà des 19 centrales nucléaires EDF, la France
est parsemée de sites nucléaires exploités
en général par Areva, le Commissariat à l'énergie
atomique (CEA), l'Agence nationale pour la gestion des déchets
radioactifs (ANDRA)", souligne le texte.L'organisation anti-nucléaire
estime par ailleurs que, pour que les résultats "ne
puissent souffrir d'aucun soupçon", ces prélèvements
doivent être faits par des organismes indépendants
"n'ayant aucun lien avec les industriels du nucléaire
ni avec l'Etat français".De son côté,
l'organisation Greenpeace souligne qu'elle ne peut "que soutenir"
cette initiative mais qu'elle doit être élargie à
tous les sites nucléaires: sites de traitement des matières,
anciennes mines d'uranium, sites militaires et centres de stockage
des déchets."De manière générale,
Greenpeace s'étonne de cette soudaine et tardive préoccupation
au sujet des problèmes de pollution posés par le
nucléaire", ajoute le communiqué. Près
de dix jours après l'incident de Tricastin, des doutes
persistent sur l'état général de pollution
de la zone, certaines concentrations en uranium restant inexpliquées.
Le Parisien, 17/7/2008:
SYLVIE EYMARD, mère de famille dont l'eau du puits est souillée par l'uranium
INSTALLEE depuis une dizaine d'années à Bollène (Vaucluse), Elisabeth Serinian possède actuellement le puits de forage le plus surveillé de l'Hexagone, puisque depuis une semaine, chaque jour, des employés de l'usine Socatri (groupe Areva) y effectuent des prélèvements.
Baptisé AEP 4 (alimentation eau potable n° 4), ce puits qui plonge dans la nappe phréatique présente des taux de concentration en uranium anormalement élevés : jusqu'à 70 microgrammes par litre (70 µ/l) quand l'Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise une concentration maximale de 15 µ/l. « Le plus curieux, c'est que ces taux varient énormément.
Aujourd'hui (NDLR : hier) on est à 5 µ/l alors que la veille on était à 19 µ/l. Les chiffres les plus élevés ont été prélevés dans mon ballon d'eau qui, au fil du temps, semble avoir ramassé beaucoup d'uranium. Mais le problème c'est qu'on ne sait pas d'où ça vient, et surtout depuis quand », détaille cette mère de famille qui ne cache pas son « inquiétude ».
« Je ne peux m'empêcher de réfléchir aux conséquences éventuelles de cette pollution sur mes enfants »
Mère de deux enfants de 13 et 7 ans, sa voisine Sylvie Eymard est bien obligée de se poser les mêmes questions. Les prélèvements effectués dans le puits qui alimente sa villa dépassent également 15 µ/l (16,5 µ/l mardi par exemple). « Personne ne sait d'où vient cette pollution, déplore-t-elle. Ça fait peut-être vingt ans qu'on boit de l'eau contaminée, mais je préfère ne pas y croire pour l'instant. Je ne peux non plus m'empêcher de réfléchir aux conséquences éventuelles de cette pollution sur mes enfants. » Pour l'heure, personne ne peut faire le lien entre cette pollution et la fuite d'uranium de la semaine dernière à la Socatri.
Les spécialistes imaginent plutôt l'existence d'une pollution à l'uranium plus ancienne de la nappe phréatique. « Sans cette fuite, on n'aurait jamais contrôlé mon puits et je continuerais peut-être à m'empoisonner en buvant cette eau », insiste Sylvie Eymard.
Depuis l'incident, chez les Eymard comme chez les Serinian, l'utilisation des puits est interdite. « On n'a même plus le droit de se laver avec notre eau, ça fait bizarre », souffle Elisabeth Serinian. La mairie de Bollène a mis à disposition des deux foyers des bouteilles d'eau minérale. Les analyses d'urine pratiquées dans les deux familles n'ont révélé aucune trace suspecte.
Le Parisien, 17/7/2008:
Interview de JEAN-LOUIS BORLOO, ministre de l'Ecologie
Vous rencontrez aujourd'hui la présidente d'Areva. Que comptez-vous lui dire ?
Jean-Louis Borloo. Je lui ai déjà demandé d'aller sur place, de faire un audit interne et de tirer toutes les conséquences qui s'imposent s'il s'avère que des fautes professionnelles sont à l'origine de cet incident.
J'avais déjà demandé à Anne Lauvergeon que des sanctions soient prises quand l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a rendu, au lendemain de l'incident, un rapport qui pointait notamment des négligences en matière de maintenance. Ce rapport a été transmis au parquet et nous serons extrêmement sévères. Même s'il ne s'agit pas ici d'un incident nucléaire mais d'un dysfonctionnement au niveau de l'entretien de la centrale, lorsqu'on travaille dans le domaine du nucléaire, aucune négligence ne peut exister [Baratin, sans négligence, le nucléaire s'arrête!]. Et la transparence doit être exemplaire.
Cela n'a pas été le cas ?
Comme il ne s'agissait pas d'un incident sur la centrale nucléaire elle-même, mais d'une pollution, certains ont peut-être eu tendance au début à traiter le sujet comme une pollution classique. Mais une pollution dont l'origine provient d'une centrale nucléaire ne peut pas être traitée comme n'importe quelle autre.
Pourquoi avez-vous saisi hier le Haut-Comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire ?
Précisément parce que je veux une totale transparence sur ce dossier. J'ai installé ce Haut-Comité le 18 juin dernier et moins de quatre semaines après je le saisis. Il s'est réuni immédiatement en session extraordinaire pour faire le point sur l'incident. Il a déjà pu auditionner l'industriel, l'Autorité de sûreté nucléaire, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et les préfets en charge du dossier.
Qu'attendez-vous de lui ?
La transparence, la transparence, la transparence... Je ne veux pas que les gens aient le sentiment que l'on cache la moindre chose. Dans un premier temps, le Haut-Comité va suivre les conséquences de l'incident, notamment au niveau local. Mais je souhaite qu'il se penche sur la situation radio-écologique de l'ensemble des sites nucléaires et que l'on vérifie notamment l'état des nappes phréatiques situées près de toutes les centrales nucléaires françaises. Il faut faire un état des lieux et j'attends du Haut-Comité une analyse.
Certaines concentrations en uranium dans les eaux des nappes phréatiques ont été relevées et restent inexpliquées. Ce qui inquiète les riverains...
Le préfet du Vaucluse a maintenu les mesures de restriction d'utilisation et de consommation de l'eau prises à la suite de l'incident. Mais l'IRSN, l'ASN et le ministère de la Santé étudient actuellement une levée partielle des restrictions. Le ministère de la Santé suit de près tous les captages d'eau potable. On peut lui faire totalement confiance [comme pour le nuage de Tchernobyl ?]. Pour la bande des 100 mètres autour de la Gaffière et du Lauzon (NDLR : les cours d'eau les plus proches de la centrale), les restrictions ne pourront en revanche être levées que sur la base de plus amples mesures de surveillance, notamment sur les poissons, les végétaux et les sédiments.
« On me dit que tout est sous contrôle. Je veux m'en assurer »
La présence, dans l'enclave du Tricastin de déchets radioactifs d'origine militaire est-elle responsable de ces concentrations anormales d'uranium ?
Impossible de le dire pour l'instant. Mais la loi de 2006 préconisait un recensement précis de tous les sites contenant des déchets nucléaires et visait à s'assurer que ces déchets étaient en attente de retraitement dans des conditions convenables de conservation. J'ai donc demandé un rapport au Haut-Comité sur le traitement de ces déchets, deux ans après le vote de cette loi. On me dit que tout est sous contrôle. Je veux m'en assurer.
Le Parisien, 17/7/2008:
« Y A-T-IL plus de cancers autour du site du Tricastin qu'ailleurs ? » Simple et abrupte, cette question cruciale fait actuellement l'objet d'une vaste enquête.
Au mois de mars 2007, la Cigeet (Commission d'information des grands équipements énergétiques du Tricastin), dont les réunions rassemblent acteurs publics et privés, a adopté à l'unanimité le lancement d'une étude épidémiologique sur l'impact sanitaire du site sur la population alentour. « Comme la plupart des habitants de ce département, je suis favorable à l'industrie nucléaire. En même temps, la transparence et la sécurité sont indispensables. Il y a une demande légitime de la part de la population. C'est pourquoi nous lançons cette enquête car nous voulons savoir si la mortalité par cancer est plus élevée autour du Tricastin qu'ailleurs et si le site en est éventuellement à l'origine », explique Didier Guillaume, le président du conseil général de la Drôme et président de la Cigeet depuis 2004. Le premier à avoir souhaité le lancement de cette étude est Jean-Pierre Morichaud. Ingénieur physico-chimiste, ce militant écologiste siège à la commission en tant que représentant de la Frapna, une association de protection de l'environnement. « On entend régulièrement dire qu'il y a de nombreux cas de cancers ici, il fallait en avoir le coeur net », confie-t-il. Le projet retenu par la Cigeet est ambitieux. L'étude épidémiologique portera sur trois éléments : sur un périmètre défini autour de la centrale, déterminer le nombre de décès par cancer dans chaque commune, compter le nombre d'arrêts de travail de longue durée dus à cette pathologie et évaluer les cas de leucémie dont souffrent les enfants. Des comparaisons pourront ensuite être faites pour évaluer l'impact de la centrale. Chiffrée entre 30 000 et 50 000 ¤ , cette étude sera financée à parts égales par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et le conseil général de la Drôme.
Lire: Le risque de leucémie augmente près
des centrales anglaises et allemandes, et en France ???
17/7/2008 - Face aux interrogations qui ont surgi dans la foulée de l'incident du site nucléaire de Tricastin, le gouvernement a exigé jeudi la vérification de l'état des nappes phréatiques situées "près de toutes les centrales nucléaires françaises". "Il faut faire un état des lieux", a déclaré le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo dans un entretien au Parisien, réclamant "la transparence, la transparence, la transparence".
De son côté, le groupe nucléaire Areva a admis des dysfonctionnements et regretté que les équipes de sa filiale Socatri, dont le dirigeant a été remplacé, aient "clairement sous-estimé" les inquiétudes suscitées par l'incident. Citant "un manque de coordination évident", il souligne que "l'erreur de l'exploitant est aussi d'avoir attendu les résultats des mesures complémentaires pour prévenir les autorités". La dirigeante du géant français du nucléaire, Anne Lauvergeon, est attendue vendredi sur place.
La présence dans la nappe proche de Tricastin de points de concentrations en uranium inexpliqués, sans lien avec l'incident car mis en évidence avant, suscitait toujours jeudi de multiples questions toujours sans réponses. "L'accident qui s'est produit la semaine dernière a mis en lumière ce sujet sous un angle nouveau", reconnaît Didier Champion, directeur de l'environnement au sein de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), qui souligne que des investigations "avaient été déjà engagées" avant le 8 juillet.
Pour les écologistes, les questions sans réponse qui entourent l'affaire de Tricastin démontrent que l'impact environnemental de la technologie nucléaire n'est pas maîtrisé. Si le réseau "Sortir du nucléaire" s'est félicité de la décision du gouvernement, il a cependant estimé que d'autres sites devaient faire l'objet de mesures similaires [Voir la carte des poubelles nucléaires]. "Au delà des 19 centrales nucléaires EDF, la France est parsemée de sites nucléaires exploités en général par Areva, le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), ou l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA)", a-t-il rappelé.
Les députés Verts ont de leur côté réclamé la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire pour analyser "les dysfonctionnements de la filière nucléaire française en matière de sécurité". Jeudi, l'IRSN a affirmé que les produits des jardins potagers et des cultures étaient aptes à la consommation. Selon des prélèvements effectués trois jours après l'incident, l'impact du rejet accidentel sur l'environnement est "faible" et n'a "en conséquence, pas d'impact sanitaire". Les eaux souterraines représentent moins de 1% des échantillons mesurés par l'IRSN. La majorité des quelque 30.000 prélèvements dans l'environnement effectués chaque année portent sur des "poussières atmosphériques", la menace principale sur la santé publique en cas d'accident nucléaire portant sur l'air respiré.
Concrètement, la surveillance des eaux souterraines se révèle plus complexe que celle des eaux de surface. Si dans une rivière, la circulation permet d'assurer un mélange constant de l'eau, les nappes phréatiques ont des comportements beaucoup plus "hétérogènes". "Avant d'aller tête baissée mesurer les nappes phréatiques sur tout le territoire [surtout, qu'elles sont probablement toutes contaminées d'une manière ou d'une autre...], ce qui posera un problème de ressources [en eau ?], il faut réfléchir sur la bonne stratégie d'investigation", estime M. Champion.
17/7/2008 - Les végétaux n'ont pas été affectés par le rejet accidentel la semaine dernière sur le site du Tricastin (Vaucluse), et les produits des jardins potagers et des cultures sont aptes à la consommation, a indiqué jeudi l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)."L'impact du rejet accidentel sur l'environnement a été faible, et en conséquence n'a pas d'impact sanitaire", estime l'IRSN en publiant jeudi sur son site (www.irsn.org) ses mesures sur les sédiments, les végétaux terrestres et aquatiques prélevés sur le site le 10 juillet, trois jours après l'incident.Ses mesures indiquent en effet que les végétaux terrestres (fanes de carottes et de radis noirs), qui étaient "irrigués durant l'incident par de l'eau de nappe" phréatique, révèlent des teneurs en uranium "très faibles, de l'ordre de 0,04 microgramme d'uranium par gramme de matière sèche".Pour les sédiments, "les valeurs observées sont dans la fourchette des valeurs usuellement rencontrées dans ce type d'analyse dans ce secteur géographique", note l'IRSN, qui avait déjà réalisé en 1991 une étude radioécologique autour du site de Tricastin. Elle avait alors relevé pour les sédiments des valeurs comprises entre 2,4 et 4,8 microgrammes d'uranium par gramme de matière sèche.Seule anomalie notée par l'IRSN : "une teneur en uranium légèrement supérieure", près du lieu du rejet, à celles observées plus en aval sur la rivière Lauzon.De même, en ce qui concerne les végétaux aquatiques, "plus on s'éloigne du site, moins la concentration en uranium est élevée", avec seulement deux endroits ayant des valeurs "légèrement supérieures à celles observées lors de l'étude IRSN de 1991".
Nouvelobs, 17/7/2008:
Interview de Stéphane Lhomme par Anne-Sophie Hojlo
Stéphane Lhomme, porte-parole du Réseau Sortir du nucléaire, auteur de "L'insécurité nucléaire" (Yves Michel)
Après la découverte d'uranium dans les nappes phréatiques situées près du Tricastin, Jean-Louis Borloo réclame une inspection immédiate de toutes nappes à proximité de centrales nucléaires. Êtes-vous satisfaits de cette annonce ?
- Oui et non. C'est nous-mêmes qui lui
avons fait cette demande il y a deux jours. Mais un contrôle
autour des seules centrales n'est pas suffisant : il faut l'étendre
à toutes les installations et les usines nucléaires.
Evidemment, les centrales sont potentiellement extrêmement
dangereuses, mais les accidents sont rarissimes. En revanche,
les usines sont davantage susceptibles de produire des contaminations.
D'ailleurs, au Tricastin, l'incident s'est déroulé
dans l'usine Socatri.
Ensuite, il ne faut pas se contenter de contrôler les nappes
phréatiques. Il y a également des rejets gazeux
autour des centrales, qui se retrouvent dans les végétaux.
Enfin, nous demandons que ces contrôles soient effectués
par un organisme indépendant, la Commission de Recherche
et d'Information Indépendante sur la Radioactivité
(CRIIRAD), ou une entité étrangère, et non
par un organisme émanant de l'Etat.
Pour l'instant, ce n'est qu'une annonce verbale du ministre, et
on peut même se demander si ce n'est pas un contre-feu pour
calmer les esprits.
La CRIIRAD suspecte des déchets issus d'une ancienne usine militaire d'enrichissement d'uranium, fonctionnant au Tricastin de 1964 à 1996. Qu'en pensez-vous ? Que risquent les riverains ?
- Ils ont raison de pointer ce stockage anormal
: c'est une source possible de contamination. Mais pour autant,
il ne faut pas disculper l'industrie nucléaire elle-même.
Il y a effectivement à la fois le problème des fuites
et celui des déchets. On voit des choses incroyables :
à Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône, on stocke
du plutonium en pleine terre.
La population près du Tricastin court un risque en buvant
de l'eau contenant de l'uranium, ou en se baignant dedans [risque d'ingestion].
Dans ces deux cas, les particules se fixent dans l'organisme.
Cette contamination est finalement plus dangereuse qu'une irradiation,
car les particules atteignent directement les cellules, même
si elles sont peu radioactives. On déclare un cancer quasiment
à coup sûr [non,
voir les effets des faibles doses], même si c'est 10, 15
ou 20 ans plus tard.
Le Tricastin est le deuxième site industriel nucléaire français le plus important. Comment expliquer que le rapport de l'Autorité de Sûreté Nucléaire après son inspection du 12 juillet demande à la Socatri "d'achever le confinement complet du local" et de "combler sans délai tout orifice" de la paroi de la zone de stockage ?
- Il y a des choses anormales comme ça partout en France. La sûreté nucléaire irréprochable est un mythe. L'ASN dénonce des dysfonctionnements inacceptables très souvent. Mais elle laisse une latitude très grande dans le temps pour les réparer, et il n'y a donc jamais de suite ni de sanction d'ailleurs. Le rôle de l'ASN est surtout de rassurer, de montrer qu'il y a des contrôles, mais ils restent sans effets. Elle n'est pas là pour mettre des bâtons dans les roues à l'industrie nucléaire, mais au contraire pour la faire perdurer.
Le Parisien, 17/7/2008:
Après une fuite d'uranium à l'usine de retraitement Socatri sur le site nucléaire du Tricastin, des analyses démontrent que des nappes phréatiques sont contaminées, sans que l'on puisse en déterminer l'origine. Jean-Louis Borloo annonce des mesures.
CE N'EST qu'un simple incident, de niveau 1 sur une échelle de gravité de 0 à 8. Pourtant, la fuite d'uranium survenue lundi dernier à l'usine Socatri sur le site nucléaire du Tricastin est en train de provoquer une belle pagaille dans le monde du nucléaire. Les contrôles immédiatement effectués après l'incident ont révélé l'existence d'une pollution de la nappe phréatique, probablement plus ancienne.
Or cette concentration anormale d'uranium, qui pollue l'eau de puits de particuliers, reste pour l'heure totalement inexpliquée. De quoi alimenter l'inquiétude des riverains, les accusations des associations et le courroux du ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, qui annonce le lancement d'une étude sur l'état des nappes phréatiques autour des centrales du pays.
La PDG d'Areva se rendra sur place demain
Localement le consensus autour du site nucléaire, pourtant vecteur d'emplois et de taxe professionnelle, se fissure. La gestion de la crise a, il est vrai, été catastrophique de bout en bout. Pointant une « série de dysfonctionnements et de négligences humaines » [car la machine nucléaire elle, doit être bien perçue comme étant parfaite...], l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a ordonné la fermeture de la station de traitement de la Socatri à l'origine de la fuite et transmis ses conclusions à la justice, qui devrait ouvrir une information judiciaire. Les élus locaux, eux, s'en prennent à la préfecture qui a mis sept heures avant de les prévenir.
« Nous en avons été extrêmement mécontents, raille André-Yves Beck, l'adjoint aux finances de Bollène, une des communes les plus directement touchées par la fuite. Qui plus est, la préfecture nous a laissés seuls pour informer la population. »
Menaçant, l'élu prévient également que « l'énorme préjudice » subi par ses administrés devra être réparé, visant implicitement Areva, l'exploitant de la Socatri [mais comme il n'y a aucun danger avec le nucléaire en France, c'est quoi cet "énorme préjudice" ? ]. La PDG d'Areva, Anne Lauvergeon, se rendra demain sur place. « Pour faire le point sur les causes de l'incident », précise le groupe nucléaire tout en rappelant qu'un audit interne et une inspection générale sont en cours.
La commission locale d'information sur le site du Tricastin se réunira également en urgence demain. Sur place, on reparle de l'étude d'épidémiologie lancée en 2007 pour connaître les éventuels impacts sur la santé des populations qui vivent non loin du site nucléaire.
Et on se souvient d'un rapport officiel qui pointait la pollution générée par des déchets nucléaires d'origine militaire enfouis sur place. L'exigence de transparence a rarement été aussi forte.
17/7/2008 - Le
député François de Rugy a demandé
jeudi, au nom des députés Verts, une commission
d'enquête parlementaire "à la suite des pollutions
radioactives constatées sur le site électro-nucléaire
de Tricastin". "Il nous paraît
essentiel qu'en plus des mesures d'urgence prises par le gouvernement,
le Parlement puisse faire une analyse approfondie des dysfonctionnements
de la filière nucléaire française en matière
de sécurité", a expliqué le député
de Loire-Atlantique dans un communiqué. M.
de Rugy a évoqué aussi "les possibles atteintes
à la santé de tous les riverains d'installations
nucléaires françaises (centrales électriques,
sites de stockages de déchets...)".
Europe1, 17/7/2008:
Le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo
veut faire vérifier toutes les nappes phréatiques
près de l'ensemble des centrales nucléaires après
l'incident qui s'est produit la semaine dernière sur le
site du Tricastin. C'est ce qu'il déclare dans un entretien
publié jeudi par Le Parisien. Après
l'incident qui s'est produit sur le site du Tricastin la semaine
dernière, le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo,
veut faire vérifier toutes les nappes phréatiques
près de l'ensemble des centrales nucléaires. Une
concentration d'uranium anormalement élevée a été
détectée dans la nappe phréatique de ce site.
Mais qui ne serait pas liée à l'incident. La pollution
aurait pour origine des déchets radioactifs d'origine militaire,
enfouis sous une butte de terre dans les années 60. Une
"totale transparence" sur l'incident sur le site du
Tricastin : c'est le souhait du ministre. Jean-Louis Borloo a
demandé à la PDG d'Areva, Anne Lauvergeon, "de
faire un audit interne et de tirer toutes les conséquences
qui s'imposent s'il s'avère que des fautes professionnelles
sont à l'origine de cet incident". "Même
s'il ne s'agit pas ici d'un incident nucléaire, mais d'un
dysfonctionnement au niveau de l'entretien de la centrale, lorsqu'on
travaille dans le domaine du nucléaire, aucune négligence
ne peut exister. Et la transparence doit être exemplaire
() Je ne veux pas que les gens aient le sentiment que l'on cache
la moindre chose", insiste le ministre. Cette
vérification sur tous les sites nucléaires était
une des revendications de "Sortir du nucléaire"
qui avait demandé mardi, dans une lettre à Jean-Louis
Borloo, "des prélèvements indépendants"
près de tous les sites nucléaires. "Pour que
les résultats ne puissent souffrir d'aucun soupçon,
ces prélèvements doivent être faits par des
organismes indépendants comme la Criirad ou des organismes
étrangers n'ayant aucun lien avec les industriels du nucléaire
ni avec l'Etat français", avait précisé
ce réseau d'associations. De son
côté, le PS a réclamé la tenue d'un
débat public sur le nucléaire en France. "A
l'heure où Nicolas Sarkozy proclame la France 'leader'
de l'industrie nucléaire dans le monde, il est inconcevable
que la sécurité de nos concitoyens ne soit pas assurée
à l'intérieur ou à proximité de nos
propres centrales", avait indiqué Béatrice
Marre, secrétaire nationale du PS chargée de l'Environnement.
17/7/2008 - L'incident
nucléaire sur le site du Tricastin (Vaucluse) est dû
à "un défaut d'étanchéité
d'une cuve de rétention", selon les premières
conclusions de l'audit interne conduit par Areva, maison-mère
de la Socatri, qui annonce jeudi avoir décidé de
limoger le directeur général de l'usine.
"Areva décide de nommer un nouveau
directeur général de Socatri avec pour mission de
faire un revue globale du fonctionnement de l'établissement
et de sa sécurité", a fait savoir le groupe
dans un communiqué, sans donner de nom. "Il conduira
avec l'aide du groupe un retour d'expérience approfondie
de l'événement et sera chargé de la mise
en oeuvre des conclusions". L'incident
du 7 juillet, lors duquel 74 kilos d'uranium se sont déversés
dans les cours d'eau voisins de l'usine, "est intervenu à
l'occasion d'une vidange sur une installation de traitement des
eaux, en aval de l'usine d'enrichissement et sans rapport avec
les centrales nucléaires du site", indique Areva.
"Le rejet dans l'environnement résulte d'un défaut
d'étanchéité d'une cuve de rétention".
Le débordement est intervenu à 22h
le 7 juillet, ajoute Areva, qui souligne qu'"il n'aurait
pas eu de conséquence si l'étanchéité
du bac de rétention n'avait pas été défaillante,
ce qui a été constaté à 4h45 le 8
juillet". La Socatri a prévenu
les autorités à 7h30, et "un manque de coordination
évident entre les équipes en charge des travaux
et celles responsables de l'exploitation est à l'origine
de cet incident", selon Areva. Le
groupe nucléaire français a décidé
de nommer un nouveau directeur général de Socatri
qui aura "pour mission de faire une revue globale du fonctionnement
de l'établissement et de sa sécurité".
L'Autorité de sûreté nucléaire
(ASN) a annoncé mercredi avoir transmis un procès-verbal
d'infraction au procureur de la République de Carpentras
après ses constatations à l'usine de la Socatri.
Le 11 juillet, l'ASN avait annoncé avoir relevé
plusieurs irrégularités lors de son inspection du
site la veille. Selon l'ASN, les dernières
mesures réalisées dans l'environnement "semblent
indiquer un retour à la normale pour la quasi-totalité
des points surveillés dans les eaux superficielles et les
eaux de nappe". Dans un entretien
au "Parisien/Aujourd'hui en France", le ministre de
l'Ecologie Jean-Louis Borloo a demandé une inspection immédiate
de "l'état des nappes phréatiques situées
près de toutes les centrales nucléaires", après
la fuite au Tricastin. Alors que la préfecture
du Vaucluse a maintenu les mesures de restriction d'utilisation
et de consommation d'eau prises après la fuite, M. Borloo
a indiqué que l'Institut de radioprotection et de sûreté
nucléaire (IRSN), l'ASN et le ministère de la Santé
étudiaient actuellement une levée partielle des
restrictions. Anne Lauvergeon, la présidente
du directoire d'Areva, dont la Socatri est une filiale, se rendra
vendredi après-midi à l'usine.
16/7/2008 - Une semaine après l'incident survenu sur le site nucléaire de Tricastin, des doutes persistent sur l'état général de pollution de la zone, alors que certaines concentrations en uranium restent inexpliquées et que la présence d'anciens déchets militaires est mise en cause.
Les 74 kg d'uranium rejetés accidentellement à l'usine de traitement de déchets Socatri, filiale d'Areva, semblent dissipés en surface comme en souterrain, d'après les dernières analyses publiées par les préfectures de la Drôme et du Vaucluse, les deux départements concernés.
Dans les cours et plans d'eau voisins du site, la concentration maximale d'uranium est tombée à trois ou quatre microgrammes par litre, contre 90 le 8 juillet. Dans la nappe phréatique, les taux relevés sont inférieurs pour la plupart à 15 microgrammes par litre, seuil de potabilité fixé par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Mais l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a repéré dans la nappe quatre points de concentration en uranium anormalement élevés et fluctuants, qui ne peuvent pas s'expliquer par l'incident de Socatri et suscitent désormais toutes les questions. Ces anomalies ont été mises en évidence lors de mesures réalisées à l'automne 2007 et présentées aux autorités locales le 4 juillet.
A cette occasion, la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) les a attribuées à la présence, dans l'enclave de Tricastin, de déchets radioactifs d'origine militaire. Ces déchets, provenant d'activités d'enrichissement d'uranium, ont été enfouis de 1964 à 1976 sous une butte de terre située dans le nord-est du site.
"On ne dit pas que la seule source de pollution en uranium, c'est ce tertre qui contient des déchets radioactifs sans protection vis-à-vis de la nappe, mais c'est une source avérée et certaine de pollution", a déclaré à l'AFP Corinne Castagnier, directrice de la Criirad. La Socatri a réagi mercredi en assurant que la butte de stockage, connue depuis plusieurs décennies, "n'avait rien à voir" avec l'incident, et en dénonçant l'amalgame créé par la Criirad.
Selon un rapport du Haut-Commissariat à l'Energie atomique publié en 1998, la butte a bien engendré une pollution de la nappe, traitée par pompage de 1980 à 1998. Une étude d'impact ayant ensuite conclu à l'absence de risque sanitaire, le tertre est depuis sous simple surveillance, les mesures faisant apparaître une concentration moyenne d'uranium de 8 microgrammes par litre, deux fois moins que la norme de l'OMS.
Face à la polémique soulevée par la Criirad, l'IRSN a reconnu que la pollution pouvait être d'origine ancienne mais ne s'est pas avancé davantage: "Etablir des relations de cause à effet entre telle ou telle installation et le marquage n'est pas immédiat. Cela va demander des investigations relativement poussées", a déclaré à l'AFP Jean-Christophe Gariel, directeur-adjoint de l'environnement à l'IRSN.
Le Haut comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire (HCTISN), réuni en session extraordinaire mercredi à la demande du ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, a demandé un "état détaillé" de l'historique des pollutions au Tricastin et annoncé que M. Borloo ferait "un point dans les prochains jours sur la gestion des déchets nucléaires". Dans ce contexte d'incertitude, les mesures de précaution limitant l'usage de l'eau dans la région du Tricastin restaient maintenues mercredi.
Areva a parallèlement indiqué que sa PDG, Anne Lauvergeon, se rendrait vendredi à l'usine Socatri pour faire le point sur les causes de l'incident du 8 juillet, classé au niveau 1 sur l'échelle [médiatique] Ines qui évalue la gravité des événements touchant les installations nucléaires et compte sept niveaux. Un audit interne est en cours. L'Autorité de sûreté nucléaire avait pointé "une série de dysfonctionnements et de négligences humaines" dans la gestion de l'incident à l'issue d'une inspection le 10 juillet.
L'Est Républicain, 16/7/2008:
Pour la Criirad, la fuite radioactive sur le site de la centrale nucléaire à Tricastin n'a fait que mettre en lumière une contamination historique de la nappe phréatique.
« La situation est maintenant stabilisée sur le site et les mesures de précautions seront levées dès que les analyses confirmeront que cela est possible... ». Après « l'anomalie », ce débordement d'une cuve d'effluents uranifères à l'usine de maintenance Socatri survenue la semaine dernière à Tricastin, Jean-Louis Borloo, le patron du ministère de l'Ecologie est « préoccupé », mais se veut rassurant.
Sa position s'explique par le bilan journalier de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), qui précisait « une diminution régulière de la concentration en uranium des eaux en aval de l'entreprise de sous-traitance de la centrale nucléaire dont le niveau atteint depuis jeudi une valeur proche de la normale ».
Bombes atomiques
Hier toutefois, les résultats pourtant très attendus
de ces analyses n'étaient toujours pas tombés, renforçant
les déclarations d'omerta de tout le ban et l'arrière-ban
des ONG antinucléaire sur le manque de transparence de
l'atome civil en France. Parmi elles, la Commission de recherche
et d'information indépendantes sur la radioactivité
(Criirad), dont les limiers viennent de soulever un lièvre
qui pourrait faire un -gros - désordre.
« A travers nos mesures d'uranium dans la nappe phréatique, on a la preuve qu'un lourd passé historique est là et il nous revient dans la figure comme un boomerang ». Président de la Criirad, Roland Desbordes n'a rien d'un catastrophiste. C'est un chercheur, un physicien, un homme qui pèse ses mots.
Il précise : « quelques mois avant l'incident, des travailleurs de la centrale nous avaient alertés sur la présence d'une butte de stockage de déchets radioactifs. Celle-ci provient du temps où la Cogema militaire fabriquait des bombes atomiques sur le site en utilisant une chaîne spéciale pour enrichir l'uranium à 90%.
Cette Installation nucléaire de base secrète (INBS) a été démantelée dans les années 1980 après l'arrêt de l'activité militaire au milieu des années 1975 et c'est Areva qui a récupéré ce passif. On est allé voir, on a mesuré depuis la clôture un peu d'irradiations provenant de la butte. Des déchets nucléaires ont bien été enterrés là et ils y sont toujours ».
Le vendredi 4 juillet dernier, Roland Desbordes saisit l'occasion d'une réunion de la Commission locale d'information (CLI) pour demander si ce stockage enfoui « obéi à la réglementation sur les déchets radioactifs. On m'a répondu qu'il n'y avait aucune raison d'aller excaver ces déchets, qu'il n'y avait aucun problème du point de vue environnemental ».
Le lundi suivant à 23h, la fuite accidentelle de 74 kg d'uranium naturel se produit. Fâcheux concours de circonstances... Si la Criirad marque la centrale de Tricastin à la culotte, c'est parce que le site est pressenti pour accueillir l'EPR 2, annoncé par Nicolas Sarkozy.
La nappe polluée
Autant donc qu'il soit exempt de reproches... « Nous nous
intéressons surtout à l'état des eaux souterraines,
car si un retour à la normale est en cours pour les eaux
de surface, notamment grâce au gros orage de samedi dernier
qui a tout lessivé, la nappe est contaminée et pas
depuis hier ! ». L'affirmation n'est ni militante, ni gratuite
: elle est corroborée par l'IRSN dans son bilan de vendredi
dernier : « des variations de concentration en uranium supérieures
au bruit de fond habituel ont été relevées
sur trois points de la nappe. Elles ne peuvent pas être
expliquées par le rejet accidentel », observe le
gendarme du nucléaire.
En juin pourtant, ce même organisme avait indiqué dans un autre rapport que cette concentration plus élevée était d'origine naturelle. La démonstration pour Roland Desbordes qu'il y avait déjà anguille sous roche « la fuite a permis de déterrer un cadavre du placard ! les nappes phréatiques du secteur sont polluées, car on a laissé la situation perdurer.
On nous a donc menti à la CLI », dit-il, « les mesures présentées dans ce rapport montrent que les niveaux d'uranium augmentent de manière significative au sud de la nappe, dans l'axe des installations de la centrale. Et quand on m'affirme que l'exploitant ne peut pas être incriminé, permettez-moi de douter... ».
16/7/2008 - L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a annoncé mercredi avoir transmis au parquet de Carpentras (Vaucluse) le procès-verbal d'infraction établi après l'inspection du site de nucléaire de Tricastin, dans la Drôme. Dix jours après une fuite accidentelle d'uranium sur le site, des poursuites vont pouvoir être engagées le cas échéant contre la société mise en cause, la Socatri, filiale de retraitement de déchets du groupe Areva. Les mesures de précaution prises après la fuite accidentelle de 74 à 75 kg d'uranium dans les cours d'eau proches de la centrale ont été maintenues mardi soir par les préfectures du Vaucluse et de la Drôme. L'utilisation d'eau issue de captages privés reste donc interdite en particulier sur une bande de 100 mètres de part et d'autre des rivières La Gaffière et Le Lauzon (Vaucluse), desservant les communes de Bollène, Lapalud, Lamotte-du-Rhône et Mondragon. L'interdiction vaut aussi pour le prélèvement et la distribution d'eau destinée à l'irrigation ou à la consommation animale. Dans un communiqué, les préfets indiquent toutefois que la possibilité de lever partiellement ces mesures, au-delà de la bande de 100 mètres, est à l'étude. L'ASN constate pour sa part que la Socatri s'est conformée à l'injonction qui lui avait été faite le 12 juillet de fermer une partie de la station de traitement à l'origine de la fuite accidentelle. Elle précise dans un communiqué que les dernières mesures réalisées dans l'environnement "semblent indiquer un retour à la normale" pour la quasi-totalité des points surveillés dans les eaux superficielles et les eaux de nappe. L'ASN reconnaît cependant que deux points de mesure des eaux de nappe qui ont montré ou qui montrent des valeurs plus élevées que la valeur guide préconisée par l'Organisation mondiale de la santé pour les eaux destinées à la consommation humaine "retiennent l'attention des experts." Des taux anormaux d'uranium ont été en effet relevés dans plusieurs captages utilisés par des particuliers. Ces "marquages" intriguent d'autant plus qu'ils fluctuent selon les jours. Selon le Monde, daté du 17 juillet, il pourrait s'agir d'uranium de type militaire provenant des déchets d'une ancienne usine et "stockés, sans précaution, sous une butte de terre." "Des singularités de ce type, déjà mises en évidence autour du site du Tricastin, ont donné lieu à une étude réalisée par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)", précise l'ASN. Cette étude a été présentée le 4 juillet dernier à la commission locale d'information du Tricastin, la CIGEET, qui a programmé une réunion publique en septembre sur ce sujet. Depuis la fuite, les responsables de la sûreté nucléaire se sont voulus rassurants pour la population des communes concernées. Le Réseau Sortir du nucléaire a annoncé cependant qu'il comptait porter plainte contre l'ASN pour "rétention d'informations", estimant que l'organisme avait perdu de longues heures avant d'alerter la population.
16/7/2008 - L'Autorité de sûreté nucléaire a annoncé mercredi avoir transmis un procès-verbal d'infraction au procureur de la République de Carpentras après ses constatations à l'usine de la SOCATRI, sur le site nucléaire du Tricastin, dans le Vaucluse, où s'est produit le 7 juillet une fuite d'un liquide contenant de l'uranium." Le 10 juillet, quatre inspecteurs de l'ASN ont procédé à une inspection approfondie de l'installation" a-t-elle précisé dans un communiqué, en ajoutant que son collège avait pris le 11 juillet "une décision relative à la réalisation de mesures de mise en sécurité de l'installation". Le 12 juillet, l'ASN a conduit une nouvelle inspection qui a permis d'établir que sa décision "avait été appliquée" par SOCATRI, selon le communiqué. "L'ASN a établi un procès-verbal d'infraction résultant des constatations de l'inspection du 10 juillet et l'a transmis" au procureur de la République de Carpentras, précise le communiqué. Le 11 juillet, l'ASN avait annoncé avoir relevé plusieurs irrégularités lors de son inspection du site où s'était produit le déversement de 74 kilos d'uranium dans les cours d'eau avoisinants pendant le nettoyage d'une cuve. Selon l'ASN, les dernières mesures réalisées dans l'environnement "semblent indiquer un retour à la normale pour la quasi-totalité des points surveillés dans les eaux superficielles et les eaux de nappe". "Deux points de mesure des eaux de nappe qui ont montré ou qui montrent des valeurs plus élevées que la valeur guide préconisée par l'OMS pour les eaux destinées à la consommation humaine retiennent l'attention des experts", précise cependant l'ASN, en observant que "le préfet de Vaucluse maintient les mesures de restrictions d'utilisation et de consommation de l'eau prises à la suite de l'incident".
Le Monde, 16/7/2008:
Un technicien de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) effectue des mesures sur les eaux de La Gaffière, près du site nucléaire du Tricastin, le 9 juillet.
La crise engendrée par la fuite d'uranium survenue le 7 juillet dans une unité de traitement de la société Socatri, au Tricastin (Vaucluse), pourrait rebondir. Certes, la préfecture du Vaucluse a levé en partie les interdictions d'usage de l'eau, le long des cours d'eau où une partie des effluents radioactifs s'étaient déversés : les mesures faites par la filiale d'Areva ne relèvent plus, dans les eaux de surface, de dépassements de la norme de potabilité fixée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à 15 microgrammes d'uranium par litre (µg/l).
Certes, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui avait ordonné la fermeture de l'unité de traitement défaillante après une première inspection, jeudi 10 juillet, a constaté lors d'une deuxième visite, samedi, que ses prescriptions avaient été respectées : la Socatri a achevé la vidange du bac de rétention "fuyard" ; elle a mis la terre contaminée en lieu sûr et a nettoyé le réseau d'eaux pluviales souillé, avant qu'un orage ne vienne s'en charger. Elle estime que la teneur d'uranium dans l'effluent était de 8 g/l et non de 12 g/l.
POLLUTION ANTÉRIEURE ? Mais il reste plusieurs zones d'ombre. La plus préoccupante concerne la présence, encore inexpliquée, de teneurs en uranium plus élevées que la normale dans divers points de la nappe phréatique. Compte tenu de la vitesse de diffusion de l'uranium, ces concentrations n'auraient pas dû être relevées. Sur un point de prélèvement, nommé AEP4, situé à deux kilomètres au sud de la Socatri, la teneur est montée jusqu'à 64 µg/l le 8 juillet, et restait à 36,6 µg/l le 13 juillet.
Dans une ferme avoisinante, elle se situait autour de la limite fixée par l'OMS - soit presque dix fois au-dessus du "bruit de fond" enregistré habituellement dans la nappe. "Ces valeurs ne peuvent être expliquées par le rejet accidentel", estime l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Le point AEP4, situé chez un particulier, déconcerte les autorités : la teneur en uranium fluctue, l'eau prélevée au puits présentant des concentrations moins élevées que celles mesurées au robinet qu'il alimente.
Cette découverte renvoie à une étude récemment conduite par l'IRSN, la Direction départementale de l'action sanitaire et sociale et Areva sur la nappe phréatique du Tricastin. "Elle avait mis en évidence des marquages à l'uranium en certains points, entre 10 et 15 µg/l, sans que l'on puisse préciser leur source, indique Didier Champion, directeur de l'environnement à l'IRSN. On ne peut exclure qu'il y ait eu des rejets antérieurs, à l'origine d'une pollution à l'uranium."
Soucieuse d'éclaircir ce point, la préfecture du Vaucluse ne prévoit pas de modifier ses prescriptions sur l'usage de l'eau avant plusieurs jours. Le temps aussi de collecter les résultats des analyses de sédiment, de plantes et de poisson issus des cours et plans d'eau souillés.
Reste également aux autorités à analyser le respect ou non des procédures l'alerte des différents services de l'Etat, des élus et des populations. La défaillance de la Socatri semble patente : une alarme signalant un niveau élevé d'effluent dans la cuve s'est déclenchée à 19 heures lundi 7 juillet. Le débordement a été constaté à 23 heures, mais ce n'est qu'à 4 heures le lendemain que la fuite en dehors de la cuve de rétention, accidentellement fendue lors de travaux récents, a été détectée.
Le plan d'urgence interne a été
déclenché à 6 h 15, l'ASN et la préfecture
de la Drôme étant prévenues une heure plus
tard. Que s'est-il passé pour que certains maires ne soient
pas avertis avant 13 h 30 ? Et pour que l'IRSN ne soit alerté
qu'à 11 h 30 ? "Pourquoi l'exploitant n'a-t-il pas
déclenché l'alerte nationale ?, s'interroge Didier
Champion. Nous avons perdu une demi-journée pour conduire
nos analyses sur place." Diverses enquêtes, administratives
et judiciaires, devront le déterminer.
JDD, 15/7/2008:
Lundi, le quotidien Le Monde a relancé le feuilleton Tricastin. Huit jours après une fuite accidentelle d'uranium sur ce site nucléaire du Vaucluse, un taux d'uranium suspect a été à nouveau relevé près de l'usine de traitement de la Socatri. Le Réseau "Sortir du nucléaire" demande à Jean-Louis Borloo des prélèvements indépendants près de toutes les centrales.
Dimanche, un nouveau taux d'uranium inquiétant a été relevé près de la centrale nucléaire de Tricastin. Une semaine après le 7 juillet, la teneur en uranium de la nappe phréatique avait grimpé à 64 µg/l (microgrammes par litre). Dimanche, après un nouveau prélèvement à deux kilomètres de l'usine de traitement de la Socatri-Areva, la teneur stagnait toujours autour de 36,6 µg/l. La norme de potabilité fixée par l'Organisation mondiale de la santé ne doit pas excéder à 15 µg d'uranium par litre. Pour la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), l'explication est simple. "Ça veut dire qu'il y a des événements antérieurs (des pollutions) qui n'ont pas été rendus publics", a déclaré Roland Desbordes, son président, sur France Info, mardi. Si c'était le cas, ce serait "grave (...) car ça voudrait dire qu'on nous cache des choses [ce qui est évident !]".
Des pollutions dans le passé?
Huit jours après l'incident survenu dans la nuit du 7 au 8 juillet, les préfectures de la Drôme et du Vaucluse ont prolongé les restrictions concernant la pêche, la baignade et les activités nautiques. En revanche, la préfecture d'Avignon a en partie levé les interdictions d'usage de l'eau, provenant des rivières où une partie des effluents radioactifs s'étaient déversés. Vendredi, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait imposé l'arrêt d'une de ses deux stations de traitement sur le site du Tricastin, estimant qu'elle n'était toujours pas sûre. Dans un rapport accablant, l'ASN constatait une "série de dysfonctionnements et de négligences humaines" dans la gestion de l'incident. La Socatri a néanmoins réagi rapidement, en nettoyant le réseau d'eau souillé.
Mais la teneur en uranium reste élevée dans plusieurs points de la nappe phréatique. Ainsi, selon Le Monde daté du 14 juillet, "le point AEP4, situé chez un particulier, déconcerte les autorités: la teneur en uranium fluctue, l'eau prélevée au puits présentant des concentrations moins élevées que celles mesurées au robinet qu'il alimente." L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) mène "des investigations" pour vérifier l'éventuelle présence d'une pollution antérieure. Mais Jean-Christophe Gariel, directeur adjoint à l'environnement de l'institut, relativise: "Il n'y a pas lieu de s'alarmer, on cherche l'explication."
Négligences humaines
Après ce nouveau rebondissement, la crise pourrait devenir politique. Les autorités locales ont déjà annoncé qu'elles voulaient tirer les leçons des événements du 7 et 8 juillet derniers. En effet, la fuite d'uranium et ses conséquences ont pour principale explication une série de négligences humaines. Le déroulement de faits suffit à s'en convaincre: une alarme a signalé un niveau d'uranium élevé à 23 heures lundi 7 juillet, la fuite n'a été détectée qu'à trois heures du matin le mardi et le plan d'urgence interne n'a été déclenché qu'à 6h15. Les préfectures n'ont été prévenues qu'à 7h15 , l'IRSN n'a été alerté qu'à 11 heures et certains maires n'ont reçu l'information qu'à 13h30. Que s'est-il passé pour que certains habitants ne soient prévenus que quinze heures après les faits?
Jean-Louis Borloo critiqué
En attendant des enquêtes administratives et judiciaires, de nombreuses associations ont critiqués le manque de réactivité de Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie. Le réseau "Sortir du nucléaire" (regroupant 820 associations, la plupart écologistes) s'est montré très inquiet: "Il est légitime de penser que des rejets radioactifs sont occasionnés par différents sites ou centrales nucléaires, et sont cachés dans le but de ne pas nuire à l'image du nucléaire, énergie officiellement présentée comme 'propre'."
[Chaque réacteur en
fonctionnement normal rejette des effluents radioactifs:
- gazeux par une cheminée,
- liquides, dans la rivière ou la mer au bord de laquelle
il est construit,
- solides, conditionnés sur place et envoyés en
stockage sur des sites spécialisés.
Les gaz radioactifs rejetés sont principalement le xénon
133, le krypton 85, le carbone 14, de faibles quantités
d'iode 131, 129 et du tritium.
Les effluents liquides, provenant du circuit primaire (4 500 M3
par an) et contenant essentiellement du tritium, et des produits
radioactifs provenant du circuit primaire, cobalt, nickel. Les
effluents provenant du circuit secondaire important en volume
(65 000 m3 par an) mais peu actifs sont rejetés en continu.
Ils contiennent aussi des produits chimiques (nitrates, sulfates
et phosphates).]
Le collectif demande à Jean-Louis Borloo
la mise en oeuvre de prélèvements par des organismes
indépendants près de tous les sites et centrales
nucléaires. Le réseau critique l'IRSN et l'ASN,
tous deux sous tutelle de l'Etat: "'Sortir du nucléaire'
prépare une plainte contre l'ASN qui, après avoir
été informée par Socatri-Areva de la fuite
d'uranium, a attendu plusieurs heures avant d'alerter les autorités,
mettant ainsi délibérément en danger les
citoyens."
Lyon Capitale, 15/7/2008:
Une semaine après les incidents de la Socatri, Lyon Capitale revient sur la candidature du Tricastin (Drôme) à la construction du deuxième EPR de France. La décision quant au choix du site devrait intervenir en 2009, EDF et Suez sont d'ores et déjà positionnés pour en être les exploitants.
Pour le président du Conseil Général, Didier Guillaume, "il ne faut pas mélanger les événements de la semaine dernière avec l'EPR". Il réunira une commission d'information sur le Tricastin ce vendredi matin où Areva tentera de calmer les inquiétudes.
Après l'incident duTricastin remettant en cause la sureté de la station de traitement de la Socatri, le débat sur le nucléaire reprend. Le 4 Juillet dernier, Nicolas Sarkozy annonçait la construction d'un deuxième EPR (réacteur pressurisé européen [dit] de troisième génération) en France.
Immédiatement après, les responsables politiques de la Drôme ont saisi cette occasion pour relancer la candidature du site du Tricastin, rejetée en 2004 par EDF au profit de Flamanville (Haute-Normandie) en raison de problèmes liés au refroidissement des réacteurs. En effet, en raison de la canicule de 2003, le Rhône avait atteint des températures records qui auraient grimpé davantage avec l'installation d'un réacteur à eau pressurisée.
Aujourd'hui, malgré l'incident de la Socatri de la semaine dernière, les élus des communes avoisinant le site du Tricastin restent favorables à la construction d'un deuxième EPR dans la Drôme. Pour le trés médiatique Hervé Mariton, député-maire de Crest (UMP), "les évènements récents doivent être analysés avec rigueur, ils concernent une étape de l'industrie chimique, qui n'a rien à voir avec la centrale du Tricastin: l'usine Socatri n'aura rien à voir avec la production d'électricité. Ma position sur la candidature du Tricastin n'a donc pas changé."
Si le député-maire de Crest ne semble pas s'inquiéter, les associations anti-nucléaire, elles, sont en colère. Stéphane Lhomme, membre du collectif "Sortir du Nucléaire", rappelle que son mouvement a rendu public "un document confidentiel montrant que l'EPR ne résisterait pas au crash d'un avion de ligne".
Roland Desbordes, physicien et président de la Criirad*, abonde dans le sens du collectif "Sortir du Nucléaire": "Le danger d'une menace extérieure sur une centrale est un secret de polichinelle. Le plus gênant, c'est que ce type de danger n'est pas publié dans l'enquête publique. Le crash d'un gros avion sur un réacteur EPR est une menace à ne pas ignorer."
Si ces dangers restent dans l'ordre du probable, il demeure que les dysfonctionnements répétés de la Socatri à Tricastin révèlent des failles dans le système de sécurité. Lors de l'incident de la semaine dernière, un des reproches adressés à la Socatri par l'ASN est d'ailleurs la non-prise en compte d'une alarme qui aurait pu permettre la prévention de la fuite d'uranium.
Pour Hélène Blanchard, vice-présidente Rhône Alpes chargée de l'environnement et de la prévention des risques (les Verts), les événements récents décrédibilisent le Tricastin pour l'accueil éventuel de l'EPR:
"on peut s'interroger sur la fiabilité du Tricastin pour accueillir un EPR sachant que c'est de la haute technologie et qu'il semble y avoir des problèmes à ce niveau là. Aucun problème n'est réglé, les nouvelles installations poseront les mêmes problèmes que les anciennes. D'autant qu'avec une technologie encore plus avancée, les risques vont être accrus."
Dans les communes qui bordent le site, on a le même son de cloche. Pour la ville de Bollène (Divers Droite), "l'Etat ne sera pas totalement maître des opérations si le deuxième EPR est sous-traité par une entreprise privée. Les questions de rentabilité prévaudront peut-être sur la sécurité de la population," explique André-Yves Beck, adjoint au maire.
En revanche, pour le maire de Pierrelatte, Yves Le Bellec (UMP), les incidents de la Socatri ne remettent pas en question la candidature du Tricastin pour accueillir l'EPR. Il n'y voit en effet "qu'une faille humaine" qu'il "faut détacher de la vie nucléaire en général." [Lire: Embrouilles dans les centrales]
Mais au final, les enjeux économiques risquent de prévaloir dans ce dossier. La CGT Drôme s'est déjà félicitée de la candidature du Tricastin, qui permettrait de pallier à la hausse vertigineuse de la facture énergétique, et qui garantirait une création importante d'emplois dans la région.
A Flamanville, lieu de construction du premier EPR en France, le maire PS Patrick Fauchon a estimé l'impact économique de l'EPR à dix millions d'euros par an, trois cents emplois sur soixante ans et l'embauche de 2,500 ouvriers pour la construction, [donc très peu d'emplois... mais c'est vrai qu'une bonne grosse catastrophe de type Tchernobyl sur un réacteur français créerait de 600 à 800 000 emplois "précaires" de liquidateur... ça fait rêver les politiques ???] qui devrait se terminer en 2012. D'un point de vue économique, il semblerait que l'EPR n'a pas de couleur politique.
*Criirad: Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité
Le Figaro, 15/7/2008:
Des teneurs en uranium anormalement élevées ont été relevées dans la nappe phréatique au Tricastin. L'hypothèse d'une fuite antérieure à l'incident du 7 juillet est évoquée.
La fuite radioactive de Tricastin en aurait-elle
caché d'autres ? Une semaine après l'incident, un
taux d'uranium suspect, et encore inexpliqué, a été
relevé à proximité de l'usine de traitement
de la Socatri, dans le Vaucluse, a dévoilé lundi
le journal Le Monde. Alors que tout semblait
rentré dans l'ordre à Tricastin, des zones d'ombre
subsistent. Des teneurs en uranium anormalement élevées
ont été ainsi découvertes à divers
endroits de la nappe phréatique. Sur
un point de prélèvement, nommé APE4 et situé
à deux kilomètres de la Socatri, la teneur en uranium
a grimpé à 64 µg/l après la fuite du
7 juillet. Mais, étrangement, le 13 juillet, elle était
encore de 36,6 µg/l. Même étonnement
dans une ferme non loin de là, où on enregistre
une concentration d'uranium dix fois supérieure à
la normale. C'est à dire autour de 15 microgrammes d'uranium
par litre (µg/l), la limite fixée par l'Organisation
mondiale de la santé (OMS). Or, compte tenu de la vitesse
de diffusion de l'uranium, la fuite du 7 juillet ne peut être
à l'origine de ces valeurs. Une
fuite antérieure ? L'hypothèse avancée par
la Commission de recherche et d'information indépendantes
sur la radioactivité (CRIIRAD) est inquiétante.
«Ça veut dire qu'il y a des événements
antérieurs (des pollutions) qui n'ont pas été
rendus publics, qui n'ont pas fait l'objet de contre-mesures,
de prévention, d'information de la population, a estimé
Roland Desbordes, son président, sur France Info.
Si c'était le cas, ce serait «grave
(...) car ça voudrait dire qu'on nous cache des choses»
[Houuuuu...]. De son côté, l'Institut de radioprotection
et de sûreté nucléaire (IRSN) mène
en ce moment «des investigations» pour vérifier
la présence d'une pollution antérieure. Mais «il
n'y a pas lieu de s'alarmer, on cherche l'explication»,
a expliqué Jean-Christophe Gariel, directeur adjoint de
l'environnement sur France Info. Cette
découverte intervient après une étude conduite
récemment par l'IRSN, la DDASS et Areva sur la nappe phréatique
du Tricastin. «Elle avait mis en évidence des marquages
à l'uranium en certains points, entre 10 et 15 µg/l,
sans que l'on puisse préciser leur source», précise
l'IRSN au Monde. Une commission locale d'information doit se réunir
vendredi prochain à Valence pour tenter de tirer au clair
l'origine de ces taux d'uranium suspects. En
attendant le résultat des vérifications, la préfecture
du Vaucluse maintient ses prescriptions sur l'usage de l'eau pendant
encore plusieurs jours. Un laps de temps qui permettra aussi de
collecter les résultats des analyses de sédiment,
de plantes et de poisson issus des cours et plans d'eau souillés.
15/7/2008 - Le réseau écologiste "Sortir du nucléaire" a demandé mardi "des prélèvements indépendants" près de tous les sites nucléaires en France, après la découverte au Tricastin (sud) de concentrations d'uranium dans la nappe phréatique à la suite d'une fuite accidentelle. "Nous vous demandons solennellement que soient mis en oeuvre au plus vite des prélèvements près de tous les sites et centrales nucléaires", réclame "Sortir du Nucléaire", dans une lettre au ministre français de l'Ecologie Jean-Louis Borloo. Le réseau estime "légitime de penser que des rejets radioactifs sont occasionnés par différents sites ou centrales nucléaires, et sont cachés dans le but de ne pas nuire à l'image du nucléaire". L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), enquêtant après la fuite de 74 kg d'uranium naturel dans une station de traitement de l'usine Socatri du Tricastin, a révélé en trois points de la nappe phréatique "des variations de concentration en uranium (qui) ne peuvent pas être expliquées par le rejet accidentel". "La découverte d'uranium +suspect+ autour du site du Tricastin laisse à penser que des rejets radioactifs dans l'environnement ont eu lieu et ont été maintenus secrets, mettant ainsi en danger les citoyens", note dans sa lettre le réseau, qui revendique plus de 800 associations. "Pour que les résultats ne puissent souffrir d'aucun soupçon, ces prélèvements doivent être faits par des organismes indépendants comme la Criirad ou des organismes étrangers n'ayant aucun lien avec les industriels du nucléaire ni avec l'Etat français", estime "Sortir du nucléaire". Des mesures de précaution restaient en vigueur mardi dans la région, après avoir été allégées vendredi. Le prélèvement et la distribution d'eau pour l'irrigation ou la consommation étaient notamment interdits sur les rivières, ainsi que dans une bande de cent mètres le long des rives.
Dauphiné libéré, 15/7/2008:
Les organisations syndicales dénoncent "une logique des profits suicidaire"
Les enquêtes sur l'incident qui s'est produit la semaine dernière à l'usine Socatri de Bollène, se poursuivent. Au plan technique, on attend toujours de connaître avec précision les détails de l'incroyable concours de circonstances qui a abouti au débordement d'une cuve d'une station de traitement des effluents industriels, de 30 m2 d'une solution chargée d'uranium : pourquoi, par exemple, la vanne est-elle restée ouverte ? [mais c'est très courant dans l'industrie nucléaire]
Comment est-il possible qu'une simple étourderie ou avarie, puisse avoir de telles conséquences dans un contexte aussi délicat d'une unité où sont manipulées chaque jour des tonnes d'effluents liquides nucléaires et chimiques ?
Vieux réflexe pavlovien ? Au plan de l'alerte des collectivités locales et des populations, là aussi des éclaircissements s'imposent. Est-il normal que l'Autorité de sûreté nucléaire ait été avertie huit heures après l'incident ? Que les mairies n'aient appris la nouvelle qu'après 13 heures ? Les leçons du passé ont-elles été réellement tirées ou le syndrome Tchernobyl et les mensonges d'État "pour ne pas affoler les gens" ont-ils refait surface tel un vieux réflexe pavlovien ?
De quoi alimenter les soupçons et nourrir bien des doutes. « Cette nouvelle dérive n'est que le résultat de la politique du groupe Areva », a réagi le syndicat CGT du personnel des mines et de l'énergie. Il ne s'agit pas, pour lui, d'un événement isolé « mais bien la continuité de multiples dysfonctionnements maintes fois dénoncés » en particulier en CHSCT.
La CGT très inquiète pour GB2. Cet incident, « qui jette le discrédit sur toute l'industrie nucléaire » serait donc la conséquence « de la politique suicidaire du groupe Areva et de sa présidente Anne Lauvergeon qui clame que le nucléaire est une industrie comme les autres. »
Pour le Parti communiste, « la sous-traitance, l'externalisation et la privatisation de plus en plus de services et d'activités ne sont pas acceptables car elles répondent à des logiques de profits » au détriment des conditions de travail et de sécurité.
[Lire:
- Santé
du travail dans l'industrie
nucléaire
- Rationalité instrumentale et santé
au travail dans l'industrie
nucléaire
- Rapport
d'enquète de psychopathologie du travail au Centre de Production Nucléaire
de Chinon
- Les
résultats du nouveau management dans le nucléaire (information de la section syndicale
FO)
- Nucléaire:
sans foi, ni loi! (information
de la section syndicale FO)
- Intermittents,
les esclaves du nucléaire]
Et Areva « se comporte comme une entreprise de grande distribution en maltraitant ses salariés et ses sous-traitants. » La CGT s'avoue également « très inquiète sur les conditions d'exploitation de la future usine GB2 » en cours de construction à... Bollène.
Libération, 15/7/2008:
Que se passe-t-il exactement sur le site nucléaire du Tricastin dans le Vaucluse? De nouvelles mesures mettent à jour des traces d'uranium apparemment sans rapport avec la fuite du 7 juillet dans la nappe alluviale. La Criirad énonce l'hypothèse de vieux déchets militaires entreposés sous une butte de terre.
Que se passe-t-il exactement sur le site nucléaire du Tricastin dans le Vaucluse? On ne sait pas exactement, mais la présence d'uranium, détectée dans la nappe phréatique située aux abords du site, relance la polémique au sujet de la gestion de la Socatri. Et des déchets radioactifs en général.
Cette filiale d'Areva, chargée de traiter des effluents uranifères de l'usine Eurodif (qui enrichit l'uranium utilisé dans les centrales), a été au centre de l'actualité la semaine dernière pour avoir relâché accidentellement 74 kilos d'uranium dans l'environnement. Incident ou négligence? L'enquête de l'Autorité de sûreté nucléaire a relevé plusieurs erreurs concernant la gestion des effluents uranifères issus d'Eurodif.
Depuis, des teneurs en uranium, parfois jusqu'à 10 fois supérieures à la normale, ont été détectées en plusieurs endroits dans la nappe phréatique à proximité du site. Mais ces traces ne peuvent être en rapport avec la fuite de la semaine dernière: l'eau contaminée ne peut avoir migré aussi rapidement.
« Pour nous, cela signe l'impact radioactif du site nucléaire du Tricastin dans sa globalité » martèle Corinne Castagnier, présidente de la Criirad avant d'avancer plusieurs hypothèses pour cet uranium. « Il y a différentes sources: les canalisations de rejet de la Socatri qui fuyaient depuis longtemps ou les déchets enfouis à l'autre extrêmité du site. »
A l'autre extrêmité du site en effet, les déchets radioactifs des usines militaires ont été littéralement enfouis dans le sol: 760 tonnes de barrières de diffusion -un des outils du processus d'enrichissement de l'uranium par diffusion gazeuse-, des boues radioactives, des filtres de conditionnement (46 m3) et de fluorines ((14 000 m3). « C'est la palme du cynisme concernant ces déchets » raconte Corinne Castagnier. « De 1969 à 1975, ces déchets ont été entreposés sous une butte de terre.
Deux ans après l'enfouissement, en 1977, les exploitants constatent déjà la pollution de la nappe située sous la butte alors qu'ils avaient prétendu avoir enfoui les déchets dans une barrière argileuse, donc étanche. En 1980, la contamination de la nappe est d'un facteur 1000 fois supérieur à la norme.
Les exploitants décident alors de pomper la nappe à raison de 173 m3 par heure, et ce jusqu'en 1998...! Ils ont prélevé plus d'un million de m3 qu'ils ont ensuite rejeté dans le Rhône... Ce n'est peut-être pas le plus contaminé des sites que nous ayons étudiés, mais c'est de loin le plus cynique dans la façon dont la pollution a été gérée. »
En effet, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, la Direction départementale de l'action sanitaire et sociale et Areva ont récemment mis en évidence dans une étude sur la nappe phréatique du Tricastin des traces d'uranium dont la source n'a pas pu être identifiée. Sans réellement s'en inquiéter. Sans compter qu'en 2002, la Criirad avait constaté des irradiations anormales en bordure du site. Le Tricastin vous souhaite un bel été radioactif.
Le Républicain Lorrain, 12/7/2008:
L'Autorité de sûreté nucléaire a annoncé hier avoir relevé plusieurs irrégularités lors de son inspection du site de la Socatri à Tricastin et en a imposé la fermeture partielle.
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a imposé hier à la Socatri, filiale d'Areva, de suspendre l'activité d'une de ses deux stations de traitement sur le site du Tricastin, à l'origine d'une fuite accidentelle d'uranium lundi, estimant qu'elle n'est toujours pas sûre.
Dans un rapport accablant, l'ASN constate une « série de dysfonctionnements et de négligences humaines » dans la gestion de l'incident. Lors d'une inspection jeudi, l'ASN a constaté que dans cette station une cuve fuyait toujours dans un bassin de rétention non étanche. Le canal où une partie des effluents uranifères s'est déversée lundi soir a été asséché.
Mais en cas de pluie, l'eau peut à nouveau entraîner des sédiments contaminés vers la rivière voisine. L'ASN a noté « une série de dysfonctionnements et de négligences humaines qui n'est pas acceptable ». Elle souligne qu'une alarme s'est déclenchée lundi à 19h pour signaler qu'une cuve était trop pleine, mais l'exploitant n'a pas réagi.
Environ 20 m3 d'effluents uranifères ont alors fui dans le bac de rétention, fissuré par un engin de chantier une semaine auparavant. La direction a constaté dès 23h la présence d'effluents dans une zone voisine, mais n'a déclenché un plan d'urgence que mardi à 5h30.
Le Réseau Sortir du nucléaire a de son côté annoncé qu'il comptait porter plainte contre l'ASN pour « rétention d'information », reprochant à l'autorité de contrôle d'avoir tardé à prévenir la population.
La Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité, qui compte porter plainte contre Areva, a réclamé la publication de la composition exacte du liquide qui a débordé et des analyses menées depuis.
La fuite d'uranium n'a pas contaminé la nappe phréatique selon les premières analyses effectuées par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. Le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a estimé hier soir que la situation était « stabilisée », précisant que « les mesures de précautions seront levées dès que les analyses confirmeront que cela est possible ».
L'Yonne républicaine, 12/7/2008:
Le réseau « Sortir du nucléaire » a annoncé hier qu'il comptait porter plainte contre l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). « L'Autorité de sûreté nucléaire est en train d'essayer de se couvrir, car elle est au moins aussi responsable que la Socatri/Areva », a déclaré Stéphane Lhomme, porte-parole de « Sortir du nucléaire ». « Après avoir été avertie mardi à 7 heures du matin, l'ASN a perdu de longues heures avant de lancer l'alerte vers midi, alors que c'est le matin que les gens écoutent la radio », a-t-il estimé. M. Lhomme a ajouté que le réseau écologique préparait avec un avocat « une plainte contre l'ASN pour rétention d'information ». Pour le militant antinucléaire, « soit l'ASN a été défaillante au niveau de ses contrôles, soit elle a été complice du fonctionnement de cette installation dans des conditions tout à fait déplorables ». L'incident du Tricastin « est la démonstration de la faillite du contrôle de la sûreté nucléaire en France. L'ASN est surtout là pour que l'industrie nucléaire puisse continuer quoiqu'il arrive », a jugé M. Lhomme. "Sortir du nucléaire" a renouvelé son appel à un rassemblement antinucléaire samedi à 14H00 place de la République à Paris, pour protester notamment contre la construction d'un deuxième réacteur de troisième génération (EPR) en France, annoncée la semaine dernière par Nicolas Sarkozy.
Le Dauphiné libéré, 12/7/2008:
Le réseau Sortir du Nucléaire a annoncé hier qu'il comptait porter plainte contre l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). « L'ASN essaye de se couvrir, car elle est au moins aussi responsable que la Socatri/Areva », a déclaré Stéphane Lhomme, porte-parole de Sortir du Nucléaire. « Après avoir été avertie mardi à 7h 00 du matin, l'ASN a perdu de longues heures avant de lancer l'alerte vers midi ». Du côté de l'ASN, Charles-Antoine Louët a expliqué que l'échange qu'il a eu avec la Socatri, dès 7h 30, le « laissait à penser que les effluents n'avaient pas quitté l'exploitation ».
La Voix du Nord, 12/7/2008:
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a imposé hier à Socatri, filiale d'Areva, de suspendre l'activité d'une de ses deux stations de traitement sur le site de Tricastin (Vaucluse), à l'origine d'une fuite accidentelle d'uranium lundi, estimant qu'elle n'était toujours pas sûre.
Lors d'une inspection jeudi, l'ASN a constaté que dans la station de la Socatri, une cuve fuyait toujours dans un bassin de rétention non étanche. La Socatri a ainsi indiqué qu'elle cessait immédiatement d'utiliser la plus vétuste de ses deux installations.
Au sujet de l'incident de niveau 1 de lundi, l'ASN a noté « une série de dysfonctionnements et de négligences humaines qui n'est pas acceptable ». Elle souligne qu'une alarme s'est déclenchée à 19 h pour signaler qu'une cuve était trop pleine, mais que l'exploitant n'a pas réagi.
Environ 20 m? d'effluents contenant de l'uranium ont alors fui dans le bac de rétention, fissuré par un engin de chantier le 2 juillet et non réparé. La direction a constaté dès 23 h la présence d'effluents dans une zone voisine, mais n'a déclenché un plan d'urgence que mardi à 5 h 30. « Les pouvoirs publics n'ont pas été prévenus aussi tôt qu'ils auraient dû », a ainsi dénoncé Charles-Antoine Louët, responsable de l'ASN de Lyon.
L'ASN va donc transmettre un procès-verbal au procureur de la République de Carpentras. Tandis que le réseau Sortir du Nucléaire va porter plainte contre l'ASN pour « rétention d'information », reprochant à l'autorité de contrôle d'avoir tardé à prévenir la population.
L'ASN préconise la levée «
très rapide » de l'interdiction d'utiliser l'eau
de la nappe phréatique, une fois mise en place une surveillance
de la concentration d'uranium dans cette nappe. En revanche la
pêche, la baignade et l'utilisation des eaux de surface
devraient rester interdites au moins une à deux semaines.
12/7/2008 - Utopia,
petit courant du PS qui milite pour "une gauche d'avant-garde"
fondée sur l'écologie, l'atermondialisme et l'anti-productivisme,
appelle samedi, après l'incident au Tricastin, à
stopper tous les projets de nouvelles centrales nucléaires.
Cette fuite radioactive le 8 juillet sur le site du Tricastin
dans le Vaucluse "révèle une fois de plus que
le risque zéro n'existe pas en ce qui concerne les installations
nucléaires", écrit Utopia dans un communiqué.
"Le programme nucléaire français,
mis en oeuvre sans réel débat démocratique
et exploité dans l'opacité la plus totale, ne constitue
pas une solution de long terme à la crise énergétique
mais une fuite en avant périlleuse", ajoutent ces
militants. "Dans le cadre de sa contribution en préparation
du congrès de Reims, Utopia appelle le Parti socialiste
à prendre ses responsabilités et privilégier
un scénario fondé sur la sobriété,
l'efficacité énergétique et les énergies
renouvelables", ajoutent-ils. "Ce
scénario permet une sortie du nucléaire à
l'horizon 2030". Pour Utopia, "il est donc urgent de
stopper et de s'opposer activement à tous les projets de
nouvelles centrales en France et dans le monde, et notamment l'EPR".
La sensibilité Utopia (1,2% au congrès PS du Mans),
qui se dit inspirée par les idées de la philosophe
Dominique Méda, est née en 1996.
Les Echos, 11/7/2008:
Un dysfonctionnement d'une installation de la Socatri sur le site de la centrale avait donné lieu, lundi, à un rejet d'effluents contenant environ 75 kg d'uranium dans les cours d'eau proches du site. L'Autorité de sûreté nucléaire exige des "mesures immédiates de mise en sécurité" de la station.
L'Autorité de sûreté nucléaire
(ASN) a imposé vendredi à la Socatri, filiale d'Areva,
de suspendre l'activité d'une de ses deux stations de traitement
sur le site du Tricastin (Vaucluse), à l'origine d'une
fuite accidentelle d'uranium lundi, estimant qu'elle n'est toujours
pas sûre. Dans un rapport accablant publié vendredi
à Lyon, l'ASN fait état d'une "série
de dysfonctionnements et de négligences humaines"
dans la gestion de l'incident.
La Socatri a de son côté indiqué qu'elle cessait
immédiatement d'utiliser la plus vétuste de ses
deux installations, qu'elle prévoyait de fermer "dans
les prochaines semaines" dans le cadre d'un plan de modernisation.
Lors d'une inspection jeudi, l'ASN a constaté que dans
cette station une cuve fuyait toujours dans un bassin de rétention
non étanche. Le canal où une partie des effluents
uranifères s'est déversée lundi soir a été
asséché, mais en cas de pluie, l'eau peut à
nouveau entraîner des sédiments contaminés
vers la rivière voisine. L'ASN a sommé la Socatri
de vidanger les cuves de son ancienne station de traitement, en
travaux lors de l'incident, et de cesser toute arrivée
d'effluents.
L'ASN a aussi noté "une série de dysfonctionnements
et de négligences humaines qui n'est pas acceptable",
ayant entraîné un incident "assez inédit"
par son ampleur. Lors d'un transfert entre deux cuves, une vanne
défaillante a entraîné le débordement
d'une cuve dans un bac de rétention fissuré, qui
a fui à son tour. L'ASN souligne qu'une alarme s'est déclenchée
lundi à 19H00 pour signaler qu'une cuve était trop
pleine, mais l'exploitant n'a pas réagi. Environ 20 m3
d'effluents uranifères ont alors fui dans le bac de rétention,
fissuré par un engin de chantier une semaine auparavant,
et 75 kg d'uranium se sont répandus dans le sol et les
cours d'eau voisins.
La direction a constaté dès 23H00 la présence
d'effluents dans une zone voisine, mais n'a déclenché
un plan d'urgence que mardi à 05H30. "Le bac de rétention
fissuré depuis le 2 juillet n'a pas été réparé
alors que l'exploitant connaissait l'existence de cette fissure,
l'alarme n'a pas été suivi d'une inspection suffisante,
les pouvoirs publics n'ont pas été prévenus
aussi tôt qu'ils auraient dû", a dénoncé
Charles-Antoine Louët, responsable de l'ASN de Lyon, lors
d'une conférence de presse. "On va faire en sorte
que ce genre d'incident ne se reproduise plus, y compris en matière
de gestion de crise", a affirmé un porte-parole de
la Socatri.
L'ASN va transmettre un procès-verbal dans les prochains
jours au procureur de la République de Carpentras. La Commission
de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité
(Criirad) avait indiqué mercredi qu'elle allait porter
plainte contre Areva pour "des violations répétées
et très importantes des limites de rejets de produits radioactifs"
par la Socatri.
L'ASN préconise la levée "très rapide"
de l'interdiction d'utiliser l'eau de la nappe phréatique,
une fois mise en place une surveillance de la concentration d'uranium
dans cette nappe. En revanche la pêche, la baignade et l'utilisation
des eaux de surface devraient rester interdites, dans l'attente
de mesures effectuées sur les sédiments des cours
d'eau voisins, d'ici une à deux semaines, selon l'ASN.
(source AFP)
Sortir du nucléaire compte porter plainte contre l'ASN
Le réseau Sortir du nucléaire
a annoncé vendredi qu'il comptait porter plainte contre
l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN)
après la fuite d'uranium à l'usine Socatri du Tricastin
(Vaucluse), dont l'ASN a décidé de suspendre les
activités. "L'Autorité de sûreté
nucléaire est en train d'essayer de se couvrir, car elle
est au moins aussi responsable que la Socatri/Areva", a déclaré
à l'AFP Stéphane Lhomme, porte-parole de Sortir
du nucléaire. "Après avoir été
avertie mardi à 7H00 du matin, l'ASN a perdu de longues
heures avant de lancer l'alerte vers midi, alors que c'est le
matin que les gens écoutent la radio", a-t-il estimé.
M. Lhomme a ajouté que le réseau écologique
préparait avec un avocat "une plainte contre l'ASN
pour rétention d'information".
Pour le militant antinucléaire, "soit l'ASN a été
défaillante au niveau de ses contrôles, soit elle
a été complice du fonctionnement de cette installation
dans des conditions tout à fait déplorables".
L'incident du Tricastin "est la démonstration de la
faillite du contrôle de la sûreté nucléaire
en France. L'ASN est surtout là pour que l'industrie nucléaire
puisse continuer quoiqu'il arrive", a jugé M. Lhomme.
Sortir du nucléaire a renouvelé son appel à
un rassemblement antinucléaire samedi à 14H00 place
de la République à Paris, pour protester notamment
contre la construction d'un deuxième réacteur de
troisième génération (EPR) en France, annoncée
la semaine dernière par Nicolas Sarkozy.
Le Monde, 10/7/2008:
Quelque 360 kg d'uranium se sont déversés dans l'environnement du site nucléaire du Tricastin, sur la commune de Bollène (Vaucluse), dans la nuit du 7 au 8 juillet. L'accident est survenu dans une installation de la société Socatri, filiale d'Areva, qui assure la décontamination de matériels et la récupération de l'uranium traité par l'usine d'enrichissement d'Eurodif, installée sur le même site.
Les circonstances du déversement accidentel
de 30 m3 de solution contenant 12 grammes d'uranium par litre
restent encore à élucider.
Les préfets du Vaucluse et de la Drôme ont interdit,
jusqu'à nouvel ordre, la consommation d'eau potable issue
de captages privés sur trois communes, mais aussi la baignade
et la pêche dans les cours et plans d'eau avoisinants. L'irrigation
agricole est stoppée.
Les effluents radioactifs se sont en effet infiltrés pour partie dans le sol à l'intérieur même de l'établissement. Mais une quantité mal évaluée a rejoint par le réseau des eaux pluviales les rivières de la Gaffière, puis du Lauzon qui se déverse dans le Rhône.
La société Socatri, qui a immédiatement effectué des mesures, " a constaté un dépassement de la valeur préconisée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les eaux destinées à la consommation humaine d'un facteur 1 000 pendant une courte période correspondant au passage du pic de pollution ", indique l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Chargé de l'expertise en cas d'accident, cet organisme estime cependant que les " conséquences radiologiques pour les populations devraient être négligeables ".
100 FOIS LE REJET ANNUEL
" Dans la mesure où les gens ne consomment pas l'eau de la nappe phréatique, les risques de contamination sont inexistants ", estime Thierry Charles, directeur de la sûreté des usines à l'IRSN. Un plan de surveillance sur 12 points de prélèvement d'eau va être mis en place pour vérifier l'évolution des teneurs dans les semaines et les mois à venir. Ces analyses permettront de déterminer à quelle échéance les mesures de restrictions pourront être levées.
Elles pourraient l'être à plus faible délai dans les cours d'eau, qui assurent une dilution plus rapide, " lorsque nous serons assurés que l'uranium ne s'est pas fixé sur les sédiments ", précise Charles-Antoine Louet, chef de division de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à Lyon. Si les autorités se veulent rassurantes, les associations de défense de l'environnement s'inquiètent de l'ampleur de la pollution. Sortir du nucléaire évoque le risque de cancer lié aux contaminations de ce type.
Bruno Chareyron, responsable du laboratoire de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), note que " la radioactivité contenue dans ce rejet a été plus de 100 fois supérieure à la limite annuelle fixée pour cet établissement ". Il ne veut pas encore se prononcer sur l'impact environnemental et sanitaire de l'accident, " attendant plus de données pour l'évaluer ".
Il y a quelques jours, la Criirad s'était inquiétée de l'entreposage sous un tumulus de terre de 770 tonnes de déchets radioactifs d'origine militaire au Tricastin. " Cela fait beaucoup pour un site qui est la deuxième plate-forme nucléaire française, après La Hague ", note-t-il.
Le Dauphiné Libéré, 10/7/2008:
Officiellement, les dernières mesures et analyses des rivières, des plans d'eau et des nappes phréatiques sont rassurantes, mais pas pour la Criirad ni pour le réseau "Sortir du nucléaire" qui portent des accusations graves, tant sur la fuite elle-même que sur l'attitude d'Areva NC soupçonnée de "rétention délibérée d'information".
« Les citoyens bollénois ont été
traités comme s'ils étaient peu de chose... »
Du côté des élus des communes directement
concernées, tous prévenus entre 13h 15 et 13h 30
mardi, la gestion de l'affaire prend une tournure polémique
sur un autre plan, celui de la communication. Manque d'informations,
de réactivité et de précision, manque de
soutien de la part des services de l'État...
Le maire de Bollène, commune sur laquelle est installée
l'usine Socatri, ne dissimule pas sa colère. « Je
ne veux pas envenimer la situation, mais je suis très troublée
par ce que nous venons de vivre, lâche Marie-Claude Bompard.
Je n'ai eu qu'un contact avec le directeur de cabinet du préfet,
mardi vers 13h 30 et depuis, malgré nos appels, plus rien.
Silence radio ! La mairie a fait ce qu'elle pouvait, mais elle
n'a été ni informée valablement, ni épaulée
par la préfecture. »
Guère d'éléments précis
Avec les moyens du bord, la commune a averti les populations des
secteurs concernés par la distribution de tracts et la
mise en service du serveur vocal Antibia, mis au point dans le
cadre d'une procédure d'urgence en cas de risque majeur.
« Tout le monde, environ 800 personnes, a été
averti avant 20 heures et nous avons continué à
répondre aux appels jusqu'à 22 heures. »
Hier après-midi, quarante élus et employés
communaux ont distribué une lettre d'information à
tous les habitants de la cité, « parce que, même
avec guère d'éléments précis, il fallait
clarifier la situation, préciser par exemple quels quartiers
étaient concernés et ceux qui ne l'étaient
pas. » Mme Bompard met en cause « l'incohérence
totale de la communication préfectorale » qui a abouti,
selon elle, à semer la confusion, y compris chez les médias
européens, et qui démontre que « les citoyens
bollénois ont été traités comme s'ils
étaient peu de chose... »
Plus soft, Jean-Pierre Lambertin admet avoir été
ému par les délais de réaction de la préfecture.
« On aurait dû avoir l'information, au moins l'essentiel,
plus tôt. » Le président du syndicat Rhône-Aygues-Ouvèze,
Guy Penne, apporte de l'eau au moulin des sceptiques : «
Nous avons été mal informés », reconnaît-il
en évoquant des informations assez brouillonnes, sinon
contradictoires.
Le ministre de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement
durable et de l'Aménagement du territoire, Jean-Louis Borloo,
a-t-il eu vent de ces dysfonctionnements ? En attendant les résultats
de l'inspection de l'autorité de sûreté nucléaire
qui devrait se rendre sur place aujourd'hui, il se fait menaçant
: « Toutes les conclusions devront être tirées,
notamment en terme d'éventuelles suites pénales
et administratives ».
EN BREF
Quelle heure, au juste ?
L'heure précise à laquelle s'est produite la fuite,
à l'intérieur des bâtiments de Socatri, donne
lieu à interprétation : alors que les communiqués
de la préfecture stipulaient 6h 30 du matin, la "note
d'information" de l'Institut de radioprotection et de sûreté
nucléaire indiquait de son côté "le 7
juillet à 23 heures. "
Anticipation
Le maire de Lapalud raconte : « par mesure de précaution,
nous avions anticipé en prévenant en début
d'après-midi de lundi les cinquante à soixante personnes
habitant à l'est de la voie ferrée, au plus près
de l'usine, et ayant des forages. Puis nous nous sommes servis
du listing des inondations pour alerter toutes celles du village
susceptibles d'utiliser l'eau d'un puits. Environ 300 personnes
ont été contactées par téléphone
ou directement par la police municipale. Et cela s'est relativement
bien passé. »
Le parapluie ouvert
Maurice Sabatier, maire de Lamotte-du-Rhône observe que
« la préfecture a ouvert le parapluie. » L'employé
municipal, rôdé à la manoeuvre avec les inondations,
est passé dans les 165 foyers du village pour prévenir
les habitants. Cette situation conforte M. Sabatier dans sa volonté
de ne jamais relier le lac de Lamotte (qui devrait accueillir
dans l'avenir une base de ski nautique) à la mayre Boucharde,
affluent de la Gaffière, ainsi que certains le souhaiteraient.
Rencontre avec la CRIIRAD
Après ce qu'il considère comme un avertissement
sans frais », André-Yves Beck, adjoint au maire de
Bollène, souhaite rencontrer dès que possible la
CRIIRAD afin d'avoir le maximum de renseignements. « Car
on peut être pris de doutes... »
Colère des anti-nucléaires
Le collectif anti-nucléaire 84 tire la sonnette d'alarme
après l'incident d'hier, sur le site nucléaire de
Tricastin. « Avec le temps qu'a mis la préfecture
à réagir et le communiqué mensonger qu'ils
ont envoyé, on se croirait revenu à l'époque
de Tchernobyl. On ne sait même pas de quel isotope d'uranium
il s'agit » dénonce un membre du réseau Sortir
du nucléaire. « Marie-José Roig ne veut pas
qu'on fasse de vagues sur le Rhône » explique Victor
Alzina, membre du collectif anti-nucléaire 84. Jusqu'à
aujourd'hui, leurs requêtes sont restés lettre morte.
Le Progrès de Lyon, 10/7/2008:
Un rejet accidentel d'uranium émanant du site de la centrale nucléaire de Tricastin (Vaucluse) a provoqué hier une vive émotion, notamment chez les écologistes
Les autorités ont beau avoir rassuré
sur l'incident nucléaire du Tricastin, de nombreuses voix
peinent à être convaincues.
D'autant que l'Autorité de sûreté nucléaire
(ASN) n'a été prévenue qu'à 7h30 le
mardi pour une fuite d'uranium survenu à 23 heures la veille.
« Et l'exploitant a pris la mesure de l'importance du rejet
vers midi », a ajouté le directeur général
de l'ASN. Ce délai s'explique par le fait que « l'ampleur
du rejet dans les cours d'eau » n'a pas été
mesurée directement mais « a été constatée
par l'ampleur du rejet de la radioactivité dans l'environnement
», a-t-il détaillé.
La Socatri a pour mission d'épurer les effluents contenant
de l'uranium et émanant des installations industrielles
présentes sur le site de Tricastin (activités de
chimie ou d'enrichissement de l'uranium, par exemple) avant de
les rejeter dans les cours d'eau. Des relevés ont été
effectués dans la nappe, dans trois puits de pompage appartenant
à des particuliers, ainsi que dans les cours d'eau dans
lesquels les effluents ont été rejetés. Ils
n'ont révélé « aucun élément
anormal », selon Socatri, ce qu'a confirmé l'ASN.
La quantité d'uranium présente dans les eaux de
surface environnant la centrale nucléaire de Tricastin
a été réduite par trois selon les dernières
mesures réalisées, ont annoncé hier soir
les préfectures de Vaucluse et de la Drôme.
« Ce matin 9 juillet à 6h30, le point maximal de
concentration a été relevé à 31 microgrammes
d'uranium par litre, alors qu'il était à 90 microgrammes
le 8 juillet à 22 heures », ont indiqué les
deux préfectures dans un communiqué.
L'incident a cependant suscité l'inquiétude. Plusieurs
associations ont vivement réagi. Le réseau Sortir
du nucléaire a « soupçonné Areva de
rétention délibérée d'information
et, de fait, de mise en danger volontaire de la population ».
Il a appelé à un rassemblement samedi à Paris.
« Cet accident démontre que le nucléaire n'est
pas une énergie propre », a estimé Greenpeace,
ajoutant : « Nicolas Sarkozy omet bien sûr de préciser
ce genre de détail quand il annonce en grande pompe le
lancement d'un deuxième EPR, Tricastin étant justement
l'un des sites pressentis ».
La Commission de recherche et d'information indépendantes
sur la radioactivité veut, elle, déposer plainte
contre deux exploitants de Tricastin.
Repères:
L'incident du site du Tricastin, dans le Vaucluse, s'est produit
lundi à 23 heures. Un dysfonctionnement sur une installation
de la Socatri (filiale d'Areva) lors d'un transfert entre deux
cuves a donné lieu à un rejet d'effluents contenant
environ 75 kg d'uranium dans les cours d'eau proches du site.
L'incident a été classé au niveau 1 («anomalie»)
sur l'échelle [médiatique] Ines qui évalue
la gravité des événements touchant les installations
nucléaires et compte sept niveaux.
L'incident du site du Tricastin, dans le Vaucluse, s'est produit
lundi à 23 heures. Un dysfonctionnement sur une installation
de la Socatri (filiale d'Areva) lors d'un transfert entre deux
cuves a donné lieu à un rejet d'effluents contenant
environ 75 kg d'uranium dans les cours d'eau proches du site.
L'incident a été classé au niveau 1 («
anomalie ») sur l'échelle Ines qui évalue
la gravité des événements touchant les installations
nucléaires et compte sept niveaux.
La CRIIRAD porte plainte
La Commission de recherche et d'information indépendante
sur la radioactivité (Criirad) a annoncé hier qu'elle
allait porter plainte après le rejet accidentel d'uranium
survenu mardi d'une cuve de la société Socatri,
filiale d'Areva, sur le site nucléaire de Tricastin.
Compte tenu du nombre et de la gravité des dysfonctionnements
constatés par la Criirad, compte tenu de la passivité,
pour ne pas dire plus, des autorités de contrôle,
le bureau de la Criirad a décidé ce jour le dépôt
d'une plainte en justice », a indiqué dans un communiqué
hier la Criirad. La plainte vise « deux exploitants du Tricastin,
tous deux filiales du groupe Areva : l'une pour l'enfouissement
de plus de 700 tonnes de déchets radioactifs dans le sol,
l'autre pour ses rejets radioactifs dans l'environnement ».
Outre la fuite de mardi, elle dénonce « la répétition
des fuites au niveau des canalisations de rejet (avril et août
2007), des cuves de rétention (octobre 2007) et de la station
de traitement de rejet (novembre 2007) ».
Libération, 9/7/2008:
La cuve de rétention n'était
plus étanche. Hier matin, 360 kilos d'uranium ont été
accidentellement rejetés, au cours du nettoyage d'une cuve
sur le site nucléaire du Tricastin, à Bollène
(Vaucluse). Environ 30 m3 d'effluents se sont déversés
sur le sol ainsi que dans le canal adjacent qui conduit aux rivières
la Gaffière et l'Auzon. Selon les autorités nucléaires,
le rejet ne présente pas de risque sanitaire immédiat.
La préfecture a tout de même décidé
d'interdire pêche, irrigation, baignade, activités
nautiques et consommation d'eau aux alentours. L'exploitant procède
actuellement à des mesures précises des rejets.
Diluée. Selon Thierry Charles, de l'Institut de radioprotection
et de sûreté nucléaire (IRSN), une partie
de la solution a été récupérée
par l'industriel, la société Socatri qui intervient
sur le site du Tricastin pour la maintenance de matériels
contaminés par de l'uranium et le traitement d'effluents
uranifères. Une autre partie s'est largement diluée
dans les cours d'eau et la troisième n'a pas atteint la
nappe phréatique. «A l'instant T, il n'y pas de problème
car les gens ne peuvent plus pomper les eaux de cette nappe.»
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN)
a affirmé de son côté que la concentration
en uranium mesurée dans une des rivières polluées,
la Gaffière, «a été de l'ordre de mille
fois [ce qui est] habituellement relevé, et est actuellement
en rapide diminution. En cas de consommation éventuelle
de poisson, l'impact sanitaire est très limité»,
a-t-elle ajouté. «Un incident industriel classique»,
a estimé Thierry Charles.
Mesures. Pas si simple pour les ONG. Sortir du nucléaire - qui appelle à une mobilisation antinucléaire samedi à Paris - a publié un communiqué pour contester «les avis rassurants des autorités et rappeler que le nucléaire est dangereux et sale». «Il est en effet impossible qu'un tel rejet, contenant de l'uranium, n'ait pas de conséquences importantes sur l'environnement et peut-être sur la santé de riverains.».
Selon la Criirad, organisme né au lendemain
de Tchernobyl et qui réalise des mesures indépendantes,
«l'usage de l'unité de masse au lieu de l'unité
de mesure de la radioactivité ne rend absolument pas compte
de l'ampleur de la fuite». En effet, pour Yannick Rousselet
de Greenpeace, «le problème, c'est qu'on ne sait
pas de quel uranium il s'agit». Sur le site du Tricastin,
on n'a que l'embarras du choix. «On trouve toute la panoplie
du cycle de l'uranium
: enrichi, usé, de retraitement, sous forme de gaz ou de
poudre»
JDD, 9/7/2008:
Malgré la révision à la baisse par la Socatri du volume de la fuite survenue mardi dans son usine du Tricastin, la polémique enfle. De nombreuses zones d'ombres subsistent quant aux conditions de l'accident et son impact réel. Alors que les autorités maintiennent les interdictions de consommation d'eau, les écologistes dénoncent déjà la "rétention délibérée d'information".
Moins de 24 heures. C'est a peine le temps qui s'est écoulé depuis l'annonce mardi de l'accident survenu dans l'usine Socatri du site de la centrale nucléaire du Tricastin, à Bollène (Vaucluse). Une fuite accidentelle d'effluents uranifères a provoqué une pollution suffisante des cours d'eau voisin pour que les préfectures du Vaucluse et de la Drôme prennent d'importantes mesures "préventives"... plus de 10 heures après l'accident. Mercredi, les "ajustements" effectués par la Socatri dans sa réévaluation du bilan et le mutisme des autorités inquiètent.
L'Autorité de sûreté nucléaire n'a été alertée par la Socatri -filiale d'Areva- que mardi vers 7h30. Soit huit heures après l'accident, qui a eu lieu la veille vers 23h. Une lenteur qui pourrait valoir des sanctions à la Socatri, a précisé l'ASN, et qui laisse planer le doute sur la gravité réelle du rejet et de ses conséquences sur l'environnement. La maire de Bollène, Marie-Claude Bompard, affirme avoir elle même été "sous-informée".
Le réseau "Sortir du nucléaire" n'hésite pas pour sa part à accuser Areva de "rétention délibérée d'informations". Dans un communiqué, le collectif s'interroge sur une éventuelle volonté d'Areva de "cacher l'existence de cet accident, avant de se rendre à l'évidence". Il y a donc eu, selon l'organisation, une "mise en danger délibérée de la population, avec de possibles contaminations". Un porte-parole d'Areva, la maison-mère de Socatri, a expliqué ce délai par le fait qu'après des fuites détectées à 23 heures, le débordement à l'origine de la fuite n'aurait été constaté qu'à 4 heures. L'alerte aurait été repoussée ensuite par les mesures de radioactivité. Une explication toute en clarté...
30 m3, 6,25 m3, ou 18 m3 ?
Plus grave encore. En l'état des informations actuelles, incomplètes ou non concordantes, il est impossible de savoir quelle quantité précise d'effluents uranifères s'est réellement déversée dans les rivières voisines. De 30 m3 mardi soir, le volume a été revu à la baisse mercredi matin, un porte-parole de Socatri parlant de 6,25m3... un autre de 18 m3 en fin de matinée. C'est finalement ce chiffre qui a été retenu par la préfecture.
Chaque litre du liquide répandu contenant 12 grammes d'uranium, le volume total atteindrait tout de même 224 kg d'uranium rejetés dans l'environnement. Rassurante, la préfecture précise toutefois que "seulement 74 kgs se seraient écoulés dans les rivières, 150 étant restés sur le site de la société". Comment cela est-il possible? Pas de réponse...
Une précision qu'il est difficile de ne pas questionner, alors même que l'ASN même déclare de son côté ne "pas pouvoir répondre précisément" à la question de la quantité. Et ne se prononce pas sur les risques : "le juge de paix sera les mesures de radioactivité dans l'environnement", a dit André-Claude Lacoste, le directeur de la sûreté des installations nucléaires.
Ces mesures, toujours en cours, montrent des taux en "constante diminution depuis hier soir (ndlr, mardi soir)"selon l'ASN. L'incident pourrait être classé au niveau 1 ("anomalie") de l'échelle [médiatique] Ines, qui évalue la gravité des évènements touchant les installations nucléaires et qui compte sept niveaux.
Inquiétant silence
Plus de 36 heures après les faits, le plus inquiétant est peut-être le mutisme absolu des autorités sur le sujet. A l'exception de la communication - strictement informative - de la cellule de crise préfectorale, l'incident n'a pour l'heure donné lieu à aucun commentaire de la part des autorités de tutelle. Pas de réaction ministérielle, pas de déplacement sur les lieux de l'accident. Motus.
En fin d'après-midi, un communiqué de la préfecture maintenait toutefois les mesures de précaution instaurées la veille à Bollène, Lapalud et Lamotte-du-Rhône : pêche, baignade et irrigation restent donc interdites dans les rivières de la Gaffière, la Mayre Girardes et du Lauzon. La consommation d'eau issue de captage privé est interdite sur les trois communes, tout comme l'irrigation issue des trois cours d'eau. Motif invoqué par le préfet : "La nécessité de procéder à des analyses sur une plus long durée....".
De quoi alimenter les soupçons et faire grandir l'inquiétude. En 1986, après la catastrophe de Tchernobyl, les autorités françaises s'étaient voulues rassurantes, démontrant à qui voulait l'entendre que le nuage radioactif de Tchernobyl s'était arrêté aux frontières françaises. Le champ de la communication laissé libre, les seules réactions émanent pour l'instant des organisations écologistes.
A quatre jours du rassemblement organisé à Paris à l'initiative des écologistes, la Criirad s'est inquiétée du très fort dépassement des valeurs de radioactivité et Grennpeace a rappelé les dangers du nucléaire. En ne disant rien, les autorités ne risquent pour l'instant pas d'être accusées de mensonge. Mais le silence pourrait, s'il se prolonge, confiner à l'irresponsabilité.
Christophe Israel
Libération, 9/7/2008:
La passivité des autorités de contrôle est intolérable, estime Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire, et responsable du laboratoire d'analyse de la CRIIRAD (Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité). Cet organisme indépendant a été créé en 1986 au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl, avec pour ambition de contrôler et d'informer les populations sur les pollutions radioactives et les risques liés au nucléaire.
Faut-il s'alarmer des quantités d'uranium rejetées lors de l'incident sur le site de Tricastin ?
L'exploitant a revu ses chiffres à la baisse: le rejet ne serait plus de 360 kg mais de 75kg. Il n'empêche. Sur la base de ces nouvelles données, la quantité d'uranium rejetée reste très importante, 27 fois supérieure à la limite annuelle autorisée. Car, pour faire simple, l'exploitant est autorisé à rejeter chaque année 72 millions de becquerels d'uranium- une unité de mesure de radioactivité. Et bien lors de l'incident, 2 milliards de becquerels ont été rejetés! Mais ce n'est pas tout. Il y a aussi un problème de concentration radioactive. Lors de l'incident, l'uranium a été rejeté en partie sur le sol et dans la rivière la Gaffière. Ce qui est strictement interdit car il n'y a aucune garantie de dilution. Résultat, la limite réglementaire a été pulvérisée avec une concentration de plus de 300 000 Becquerels par litre au lieu de 50 Bq/l.
D'après vous, les mesures de précaution adoptées par les autorités sont-elles suffisantes ?
C'est un petit peu mieux que les autres fois. Mais, il reste des incertitudes, en particulier sur le moment précis de l'accident. Il y a un flou. Le communiqué des préfets de la Drôme et du Vaucluse annonçait hier que la fuite s'était produite tôt dans la matinée du 8 juillet, vers 6h30. Mais, selon l'IRSN, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, le débordement de la cuve remonte à lundi soir vers 23 heures. Si l'IRSN a raison, les mesures de protection et d'information de la population ont été prises trop tard pour être efficaces.
Que comptez-vous faire à présent ?
Une équipe de notre laboratoire est en ce moment sur le site du Tricastin pour faire des prélèvements. On va également déposer plainte contre deux exploitants du Tricastin, tous deux filiales d'Areva. On ne peut pas tolérer une telle passivité des autorités de contrôle. Et puis, ce n'est pas la première fois que l'on note des disfonctionnements inquiétants sur ce site, ce n'est pas la première fois. On va être particulièrement vigilant sur la durée pour s'assurer que l'exploitant du site traite les pollutions dans les sols et les sédiments.
9/7/2008 - L'interdiction de pêche, de baignade et d'irrigation et les restrictions sur la consommation d'eau ont été maintenues mercredi jusqu'à nouvel ordre dans trois communes du Vaucluse après un rejet radioactif d'uranium près de la centrale nucléaire du Tricastin, qui suscite de nombreuses interrogations.
"Au regard de la nécessité de procéder à des analyses sur une plus long durée, le préfet décide le maintien des mesures de précaution", annonce la préfecture du Vaucluse dans un communiqué.
Sont concernées les communes de Bollène, Lapalud et Lamotte-du-Rhône. Les autorités ont révélé que l'incident intervenu à Socatri, filiale de retraitement de déchets du géant français du nucléaire Areva, s'était en fait produit lundi soir vers 23h00, et non mardi matin comme initialement indiqué. Il n'a été signalé à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) que plus de huit heures après, vers 07h30 mardi matin et les communes concernées n'ont été prévenues que mardi en milieu de journée, soit 12 heures après.
Le maire de Bollène, Marie-Claude Bompard, estime avoir été "sous-informée". L'ASN a annoncé qu'elle allait effectuer sur place des mesures pour évaluer l'ampleur du rejet et ses conséquences sur l'environnement. Les résultats sont attendus jeudi. L'incident n'a pas été classé sur l'échelle des risques dans l'attente de ces résultats, a précisé le président de l'ASN, André-Claude Lacoste, lors d'une conférence de presse. La Socatri avait initialement annoncé unilatéralement un classement au degré 1, le moins grave. Des associations écologistes dénoncent une "rétention délibérée d'informations" et s'étonnent du silence du gouvernement. Sollicité par Reuters, le ministère de l'Ecologie n'a pas fait de déclaration depuis la révélation de l'affaire. D'après les associations écologistes, le rejet pourrait être très important. L'une d'entre elles, la Criirad, annonce un dépôt de plainte devant la justice.
INCERTITUDE SUR LA QUANTITE Le rejet accidentel dans deux rivières, la Gaffière et du Lauzon, aurait été provoqué lors du nettoyage d'une cuve de rétention de l'usine, selon la version présentée par la Socatri, située à côté de la centrale nucléaire. Ce site était en travaux à la suite d'une première demande de l'ASN en 2007. Il avait été question mardi d'un rejet de 30 mètres cubes (m3) de liquide radioactif comportant 12 grammes d'uranium par litre, mais la société Socatri a réévalué mercredi la quantité à 18 m3, selon son service de presse interrogé par Reuters.
La préfecture du Vaucluse reprend cette évaluation de 18,07, précisant qu'elle correspond à un rejet de 224 kg d'uranium dans l'environnement, dont seulement 74 kgs se seraient écoulés dans les rivières, 150 étant restés sur le site de la société. La préfecture assure que le taux d'uranium relevé mardi dans les rivières "reste supérieur à la normale, mais en forte diminution par rapport aux valeurs de la matinée du 8 juillet". L'ASN a déclaré de son côté ne "pas pouvoir répondre précisément" à la question de la quantité et il ne se prononce pas sur les risques : "le juge de paix sera les mesures de radioactivité dans l'environnement", a dit André-Claude Lacoste. Compte tenu des délais d'alerte, des sanctions contre la société seront prises "si nécessaires", a-t-il précisé.
Le Réseau "Sortir du nucléaire"
estime qu'il y a "eu vraisemblablement mise en danger délibérée
de la population, avec de possibles contaminations". L'association
Criirad, qui prône une information "indépendante
sur la radioactivité", estime que sur la base des
dernières déclarations de rejet de la société,
il est possible de dire que la limite réglementaire de
rejet mensuel a été 161 fois supérieure à
la limite mensuelle.
La Voix du Nord, 9/7/2008:
Une fuite d'une solution contenant de l'uranium
s'est produite hier dans une usine nucléaire du Tricastin
à Bollène, dans le Vaucluse. Une partie s'est déversée
dans des rivières. Informé par l'Autorité
de sûreté nucléaire (ASN) d'un risque évalué
« faible » pour la population, le préfet a
toutefois interdit la consommation de l'eau issue de captage privé
dans trois communes. Un rejet accidentel
s'est produit hier dans l'usine nucléaire Socatri du Vaucluse
- qui fonctionne depuis 1975 -, avec déversement sur le
sol, ainsi que dans le canal adjacent, d'une solution contenant
des traces d'uranium. Ces effluents, qui contenaient 12 grammes
d'uranium par litre, se sont écoulés pour partie
jusqu'aux rivières la Gaffière et l'Auzon. Un plan
de mesures et de surveillance de l'environnement a été
immédiatement mis en place, ainsi qu'une opération
de décontamination de la zone polluée sur le site.
L'incident a été classé niveau un sur une
échelle de 0 à 7. Le préfet
du Vaucluse, informé par l'ASN « d'un risque évalué
faible pour la population », a tout de même décidé
l'interdiction de la consommation d'eau potable issue de captages
privés sur les communes de Bollène, Lapalud et Lamotte-du-Rhône.
L'irrigation agricole issue de la Gaffière
et de l'Auzon est par ailleurs suspendue et les activités
nautiques et la baignade sont interdites sur des plans d'eau de
Bollène et Lapalud. La pêche et la consommation sont
également interdites dans la Gaffière, l'Auzon,
la Mayre Girarde et le lac du Trop-Long, près duquel une
base de loisirs a été évacuée. «
En cas de consommation éventuelle de poisson, l'impact
sanitaire est très limité », a assuré
par ailleurs l'ASN.
La pollution diminue
Hier en milieu de soirée, à la préfecture
du Vaucluse, on indiquait que « les derniers résultats
d'analyse seront connus dans la nuit mais aucune contamination
des nappes phréatiques n'a été enregistrée.
Quant aux eaux superficielles, les mesures montrent que la pollution
diminue d'heure en heure ». Les organisations contre le
nucléaire multiplient les critiques. Le réseau Sortir
du nucléaire appelle d'ailleurs à une manifestation
samedi à Paris.
9/7/2008 - Non fonctionnement d'une cuve de rétention, délai dans le signalement de l'incident, absence de chiffre précis sur la radioactivité : plusieurs questions se posent au lendemain de l'annonce de rejets d'uranium à l'extérieur du site nucléaire de Tricastin, dans le Vaucluse.
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a indiqué qu'une inspection prévue jeudi allait tenter de faire la lumière sur ce qui s'est passé dans la nuit de lundi à mardi à la société Socatri, filiale d'Areva chargée de traiter et de récupérer de l'uranium enrichi sur le site de la centrale nucléaire par la société Eurodif.
La Socatri a signalé qu'une cuve d'entreposage d'un liquide contenant 12 grammes d'uranium par litre avait débordé lundi vers 23H00 dans une cuve de rétention qui a fui.
Le lendemain, "l'ASN a été prévenue vers 07H30 le matin et l'exploitant a pris la mesure de l'importance du rejet vers midi", a déclaré mercredi le directeur général de l'ASN Jean-Christophe Niel.
Ce délai, expliqué en partie par l'absence de mesure directe du volume de la fuite, est "inacceptable" aux yeux de Greenpeace, qui dénonce la "lenteur", "le manque de transparence" et la "faible réactivité" des intervenants après l'incident.
La quantité d'uranium qui a fui a été révisée mercredi par la Socatri à 75 kg, contre 360 kg annoncés la veille, mais la société n'a pas expliqué comment elle était arrivée à ce nouveau chiffre.
Les préfectures du Vaucluse et de la Drôme ont seulement indiqué, dans un communiqué, que "la société Socatri procède actuellement à la récupération des 150 kg restés sur le site".
La concentration radioactive reste inconnue. L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire a évoqué "un dépassement d'un facteur 1000, pendant une courte période, de la valeur guide préconisée par l'OMS pour les eaux destinées à la consommation humaine".
Mais mercredi après-midi, plus de 36 heures après l'incident, seule un organisme non officiel, la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), avait publié un chiffre précis sur cette concentration, qui dépasse selon elle "d'un facteur 27 la limite maximale annuelle fixée par arrêté interministériel, à savoir au moins 1.918 mégabéquerels pour une limite de 71,7 mégabéquerels".
La Criirad ajoute que la concentration volumique de la radioactivité a été "pulvérisée", avec 300.000 bécquerels par litre contre 50 autorisés.
L'organisme indépendant demande des "explications" sur le délai entre l'incident et les mesures prises pour protéger la population, les circonstances de l'accident ainsi que "la composition isotopique des effluents".
Par ailleurs, le classement par la Socatri de l'incident au niveau 1 des accidents nucléaires, qui va de 0 à 7, est contesté par Greenpeace.
"Si l'on suit l'échelle Inès, dès qu'il y a rejet dans l'environnement, un accident doit au moins être classé de niveau 3", selon Yannick Rousselet, responsable Energie de l'organisation écologiste en France.
De son côté, la Fédération nationale pour l'environnement s'est inquiétée de l'exactitude des informations délivrées sur le rejet d'uranium au Tricastin dans un contexte d'information contrôlée selon elle par l'ASN.
Hasard du calendrier, l'ASN organisait mercredi une conférence sur "la gestion post-accidentelle des accidents nucléaires", soulignant qu'elle effectuait un travail de pionnier dans un domaine où n'existe pas encore de "doctrine officielle".
9/7/2008 - Le secrétaire d'Etat allemand à l'Environnement, Michael Müller, a estimé mercredi que l'incident survenu sur le site de la centrale nucléaire du Tricastin mardi à Bollène (France) "ne devait pas être pris à la légère". "Ce n'est pas une bagatelle quand de l'uranium actif pénètre dans le sol", a-t-il dit à l'AFP. "Nous nous efforçons d'obtenir des informations de la part des autorités françaises" sur cet incident, a pour sa part indiqué un porte-parole du ministère de l'Environnement au cours d'une conférence de presse. Cet incident montre que l'énergie nucléaire est une "technologie à risque élevé", a ajouté le porte-parole. Le rejet accidentel d'uranium dans une installation de la société Socatri (Areva) montre que "des choses auxquelles personne ne s'attend se passent dans des centrales nucléaires", a ajouté M. Müller. Le social-démocrate, dont le parti est opposé à l'énergie nucléaire, a annoncé avoir demandé une analyse de cet incident à la société allemande de protection contre les radiations. L'incident ne présente pas de risque sanitaire immédiat, selon les autorités nucléaires françaises. Une porte-parole de Socatri a corrigé mercredi à la baisse la quantité d'uranium rejetée lors de cet incident. Au lieu des 360 kg d'uranium naturel annoncés (correspondant à 30 m3 d'effluents contenant 12 gr d'uranium par litre), ce sont en fait 75 kg qui ont été rejetés (soit 6,25 m3 d'effluents contenant 12 gr d'uranium par litre), a-t-elle affirmé. L'Allemagne a décidé il y a dix ans d'abandonner le nucléaire civil, avec une fermeture progressive des centrales étalée jusqu'à 2020 environ. Mais cette décision fait l'objet de polémiques récurrentes, dernièrement surtout en raison de l'envolée des prix du pétrole et du gaz.
9/7/2008 - Le
ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a déclaré
mercredi après le rejet d'uranium sur le site du Tricastin
(Vaucluse) que "toutes les conclusions devront être
tirées, notamment en termes d'éventuelles suites
pénales et administratives". Rappelant
qu'une inspection de l'Autorité de sûreté
nucléaire est prévue jeudi, il a souligné
dans un communiqué que "cet incident n'a pas touché
le site de production de la centrale". La
société Socatri traite les effluents radioactifs
rejetés par l'usine d'enrichissement Eurodif, implantée
sur le site nucléaire de Pierrelatte/Tricastin.
"Les mesures de précaution seront
levées en fonction du résultat des expertises en
cours", ajoute le ministre. Ces mesures
annoncées par les préfectures du Vaucluse et de
la Drôme concernent la consommation et l'usage de l'eau
issue de captages privés à proximité du site,
la pêche, la consommation de poissons et leur commercialisation,
la baignade et les activités nautiques dans les communes
de Bollène, Lapalud et Lamotte-du-Rhône, tout comme
l'irrigation à partir de trois cours d'eau. Un rejet accidentel d'uranium s'est produit lors incident
survenu mardi dans une installation de la société
Socatri (Areva) sur le site nucléaire de Tricastin à
Bollène (Vaucluse)
9/7/2008 - Alors que les mesures de précaution ont été maintenues mercredi par la préfecture du Vaucluse, plusieurs associations écologistes ont dénoncé la gestion de l'incident nucléaire de Tricastin par les autorités et la société Socatri, et notamment la lenteur de l'alerte et l'estimation de l'ampleur de la fuite d'uranium.
Selon elles, la population a pu être contaminée, alors que le ministère de l'Ecologie assure que "les risques pour l'homme sont négligeables". L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) inspectera le site jeudi.
Tandis que les préfets de la Drôme et du Vaucluse avaient annoncé mardi que l'incident s'était déroulé mardi à 6h30 du matin, un communiqué de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), confirmé depuis par le ministère de l'Ecologie, indiquait qu'il avait en fait eu lieu la veille, lundi vers 23h.
"Entre 23h et 13h (mardi), aucune restriction n'a été mise en place pour protéger les populations", a tonné Yannick Rousselet, responsable de la campagne énergie de Greenpeace France. "Lenteur, manque de transparence, faible réactivité: ces délais sont inacceptables", a-t-il dénoncé mercredi.
Le réseau Sortir du nucléaire accuse Areva, maison-mère de la Socatri, de "rétention délibérée d'information et, de fait, de mise en danger volontaire de la population". "Ce n'est que dans l'après-midi que les populations ont commencé à être informées. Il est vraisemblable que des gens ont été contaminés lors de baignades ou en buvant", estime Sortir du nucléaire.
De son côté, la CRIIRAD (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité) estime le rejet dans l'environnement "plus de 100 fois supérieur à la limite annuelle". L'association de scientifiques indépendants a envoyé mercredi sur les lieux deux experts pour mesurer la contamination éventuelle des environs du site. Les résultats de leurs prélèvements devraient être connues sous 24 à 48 heures. La CRIIRAD a par ailleurs annoncé son intention de poursuivre en justice la Socatri et Areva.
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui inspectera le site jeudi, a classé l'incident de Tricastin au niveau 1 sur une échelle européenne de gravité qui en compte 7. Une estimation là aussi remise en cause par Greenpeace.
"Dès qu'il y a rejet dans l'environnement, un accident doit au moins être classé de niveau 3", a assuré Yannick Rousselet. "Et si l'on considère les contre-mesures prises (mardi) par la préfecture, l'incident grave survenu à Tricastin devrait même être classé de niveau 5".
La préfecture du Vaucluse a précisé mercredi que la quantité d'uranium déversée avait été revue à la baisse. "Il s'agit de 18,07m3 contenant 12g d'uranium par litre (et non pas de 30m3), soit 224kg d'uranium naturel. La part d'uranium restée sur le site étant évaluée à 150 kilos, ce sont finalement 74 kilos qui se sont écoulés jusqu'aux rivières de la Gaffière et du Lauzon", a-t-elle annoncé dans un communiqué.
Selon la préfecture, les mesures réalisées mardi à 22h sur les eaux de surface présentaient "un point maximal de concentration relevé à 90 microgrammes d'uranium par litre, ce qui reste supérieur à la normale, mais en forte diminution par rapport aux valeurs de la matinée" de mardi. Pour les eaux souterraines, "tous les résultats sont inférieurs à 2,4 microgrammes par litre, donc conformes à la normale".
L'IRSN "estime que les risques pour l'homme sont négligeables avec les mesures de précaution prises", a renchéri mercredi le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo. L'ASN mènera son inspection jeudi afin de "déterminer les causes précises de cet événement et d'examiner les mesures mises en place par l'exploitant", précise son ministère. "Toutes les conclusions devront être tirées, notamment en termes d'éventuelles suites pénales et administratives", a conclu M. Borloo.
"Au regard de la nécessité
de procéder à des analyses sur une plus longue durée",
la préfecture du Vaucluse a maintenu mercredi les arrêtés
d'interdiction de consommation et d'usage de l'eau issue de captages
privés, l'arrosage des jardins ou le remplissage des piscines
avec cette eau, la pêche, la consommation de poissons et
leur commercialisation, la baignade et les activités nautiques
ainsi que l'irrigation sur les communes de Bollène, Lapalud
et Lamotte-du-Rhône. La consommation de l'eau issue des
réseaux d'eau courante reste autorisée. AP
9/7/2008 - La
société Socatri, filiale d'Areva chargée
d'épurer les effluents d'uranium de la centrale nucléaire
du Tricastin, a rejeté mercredi les accusations de l'ASN
(Autorité de sureté nucléaire) selon lesquelles
elle aurait tardé à mesurer l'importance de la fuite
d'uranium. Sur i-télé , sa
directrice de la communication Catherine Dalverny a nié
qu'il y ait eu débordement dès 23H00 lundi soir.
Mme Dalverny a déclaré que des effluents avaient
été identifiés dans une cuve à 23H00
(lundi) mais qu'il n'y avait alors pas débordement.
Le "débordement des effluents au niveau
du sol" n'est apparu que vers 04H00 du matin le mardi, a-t-elle
dit. A 23H00, "on a procédé à un certain
nombre d'analyses et d'identification et c'est dès 04H00
du matin, quand on a eu les éléments, qu'on a lancé
des prélevements (...). On a lancé
un certain nombre de prises d'échantillons dans les égouts
du site et à ce moment-là, sur la base de ces éléments,
on a mis en place ce qu'on appelle dans notre jargon notre organisation
interne de crise. Et dans la foulée, on a prévenu
la préfecture et les autorités de sureté",
a-t-elle déclaré. Elle a
ajouté que les autorités préfectorales s'étaient
ensuite donné "le temps necessaire pour avoir les
informations les plus fiables et prendre les mesures de précaution
qui s'imposaient". Les mesures prises sont notamment l'interdiction
de consommation de l'eau issue de certains captages, de la pêche
et de la consommation de poisson. Mme Dalverny a réaffirmé
que les mesures faites dans les nappes phréatiques ne montraient
"rien d'anormal" et qu'il appartenait aux autorités
de décider de lever ou non les mesures de précaution.
Elle a par ailleurs démenti les déclarations
de la Commission de recherche et d'information indépendante
sur la radioactivité (Criirad) selon lesquelles il y aurait
eu quatre incidents en 2007. Selon elle, il n'y a eu qu'un incident
de niveau 1 en 2007 et un autre de même niveau en janvier,
mais ils n'avaient rien à voir avec celui de mardi.
9/7/2008 - A Bollène, l'une des trois communes de la Drôme touchées depuis lundi par un rejet radioactif d'uranium près de la centrale du Tricastin, la population est informée par tracts et garde son calme. "Pour l'instant la population est calme, on a eu des questions, mais pas de panique", dit le maire, Marie-Claude Bompard, jointe par téléphone. "Jusque là, ça tient. Il y a eu des questions posées, 'est-ce l'eau de la ville est polluée ?' On répond par un tractage parce qu'on ne peut pas joindre tout le monde", ajoute-t-elle. "Une trentaine de personnes distribuent des tracts." Selon un communiqué de la préfecture, la consommation d'eau issue des réseaux d'eau courante reste autorisée. Seules la consommation et l'usage de l'eau issue de captages privés (puits, forages) sont interdits dans certaines zones. Selon Marie-Claude Bompard, la pollution reste circonscrite à la zone ouest de la ville de Bollène. "C'est une zone rurale alors que l'autre côté de Bollène est très urbanisé." Environ 800 personnes vivent dans cette zone et la ville compte 14.100 habitants au total. La mairie a pris des arrêtés pour appliquer les mesures de précaution édictées par les préfectures du Vaucluse et de la Drôme et la base de loisirs située près du lac du Trop-Long situé sur la commune "a été évacuée dans le calme". "Mais là où le bât blesse, dit Marie-Claude Bompard, c'est que nous sommes complètement sous-informés." L'élue, qui se dit sans-étiquette, explique avoir reçu mardi un appel du chef de cabinet du préfet puis un fax mercredi, ce qui lui paraît insuffisant. "Nous ne sommes associés à rien", dit-elle à propos des mesures de précaution.
8/7/2008 - La consommation d'eau potable, la pêche, la baignade et l'irrigation ont été interdites dans trois communes du Vaucluse après un rejet accidentel d'uranium sur le site nucléaire du Tricastin, a-t-on appris mardi auprès des préfectures du Vaucluse et de la Drôme et de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Le rejet accidentel dans deux rivières d'effluents uranifères radioactifs de 30 m3 s'est produit vers 06h30 lors du nettoyage d'une cuve de rétention de l'usine Socatri, filiale d'Areva , située sur le site nucléaire du Tricastin. "Ces effluents, qui contenaient 12 grammes d'uranium par litre, se sont écoulés pour partie jusqu'aux rivières La Gaffière et L'Auzon", ont précisé les préfectures dans un communiqué commun. Une partie de la solution uranifère s'est déversée sur le sol à l'intérieur de l'établissement, et une autre partie dans les deux cours d'eau via le réseau des eaux fluviales, a précisé à Reuters Evangelia Petit, responsable du service de presse de l'ASN. "Il n'y a absolument pas de risques pour la santé publique", a assuré sur France 3 Marc Champion, délégué régional de l'ASN, qui a affirmé que le niveau d'exposition avait été "très faible". Par "mesure de précaution", la consommation d'eau potable issue de captage privé a été interdite sur les communes de Bollène, Lapalud et Lamotte-du-Rhône.
"SORTIR DU NUCLEAIRE" CONTESTE LE DIAGNOSTIC DES AUTORITÉS. La préfecture a également interdit la pêche et la consommation de poissons sur plusieurs cours d'eau du Vaucluse, ainsi que la baignade et les activités nautiques. Dans un communiqué, la société Socatri précise qu'une "décontamination des sols et des canalisations a été engagée". "Les résultats des analyses des prélèvements d'eau obtenus ont montré que l'impact sur l'environnement et notamment au niveau du cours d'eau La Gaffière qui traverse le site était limité et décroissant", précise le communiqué.
Le Réseau "Sortir du nucléaire" conteste ces déclarations rassurantes, soulignant que le rejet de 30m3 de solution uranifère avec une concentration de 12 grammes par litre équivaut à une fuite de "360 kilogrammes d'uranium" dans l'environnement. "Il est (...) impossible qu'un tel rejet, contenant de l'uranium, n'ait pas de conséquences importantes sur l'environnement et certainement sur la santé des riverains", souligne dans un communiqué le mouvement qui appelle à un rassemblement samedi à Paris.
On ne connaît pas pour l'instant les raisons de l'accident mais selon le délégué régional de l'ASN, "il est probable que certaines défaillances techniques" se soient produites "au niveau de cuves ou de capacité de rétention".
8 juillet 2008:
Commission de Recherche et d'Information Indépendantes
sur la Radioactivité
CRIIRAD 471 av. Victor Hugo 26000 VALENCE
Tel : 04 75 41 82 50 - Fax : 04 75 81 26 48
www.criirad.org
Premier commentaire de la CRIIRAD
Un communiqué des Préfectures du Vaucluse et de la Drôme vient d'informer le public qu'une opération de nettoyage d'une cuve sur le site de la SOCATRI a conduit au déversement de 30 m3 d'effluents radioactifs sur le sol et dans le canal adjacent. Ce communiqué vient d'être complété en fin de journée par un communiqué de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Les communiqués des Préfectures et de l'ASN indiquent que ces effluents contenaient 12 grammes d'uranium par litre. L'utilisation de l'unité de masse au lieu de l'unité de mesure de l'activité (le becquerel) ne rend pas compte de l'ampleur de la fuite. Il est utile de comparer le rejet accidentel aux limites annuelles que doit respecter la SOCATRI.
1. Violation de la limite annuelle de rejet
En prenant l'hypothèse d'un rapport isotopique naturel (soit 0,7% d'uranium 235) et de l'absence d'uranium artificiel (ni uranium 236 ni uranium 232), l'activité massique correspondant à 12 grammes par litre est d'un peu plus de 307 000 Bq/litre1, soit pour 30 mètres cube d'effluents, une activité totale en uranium de plus de 9 000 000 becquerels, soit 9 200 MBq (mégabecquerels)
Aux termes de l'arrêté du 16 août 2005, la SOCATRI ne doit pas rejeter sur un an, dans le canal de Donzère-Mondragon, plus de 71,7 MBq en isotopes de l'uranium.
La fuite qui s'est produite a donc conduit à un rejet dans l'environnementplus de 100 fois supérieur à la limite annuelle (128 fois sur la base d'une hypothèse qui n'est absolument pas maximaliste).
Précisons par ailleurs, que les rejets doivent être effectués dans le canal de Donzère-Mondragon, où le débit doit assurer une dilution suffisante des effluents radioactifs. Ici le rejet a été effectué en partie dans un canal et dans le ruisseau de La Gaffière (qui ne présente pas les capacités de dilution requises) et pour partie sur le sol (aucune précision n'a été donnée sur les volumes de terre contaminés, ni sur les risques d'infiltration vers la nappe alluviale qui n'est qu'à 2 ou 3 mètres de profondeur).
Par ailleurs, si les effluents contenus dans la cuve proviennent d'installations qui travaillent sur l'uranium de retraitement (un uranium qui comporte des radionucléides artificiels) les rejets sont strictement interdits.
2. Violation de la limite d'activité volumique (concentration)
Aux termes de l'arrêté du 16 août 2005, la limite d'activité volumique des isotopes de l'uranium dans les effluents après traitement doit être inférieure à 50 Bq/l. Toujours sur la base d'un rapport isotopique naturel et de l'absence d'isotopes artificiels, l'activité massique des effluents serait d'environ 300 000 Bq/l, soit un dépassement de plus de 6 000 fois la limite réglementaire.
La CRIIRAD demande la communication immédiate des résultats d'analyse détaillés par radionucléide, ce qui permettra d'affiner les calculs et de préciser la nature des infractions et l'importance des risques environnementaux, voire sanitaires. Les effluents étant stockés dans une cuve, la SOCATRI devait en connaître la composition isotopique... ou alors c'est un dysfonctionnement supplémentaire. La transparence est dans tous les discours, ce serait mieux qu'elle soit dans les actes.
Il est intéressant de remarquer que lorsqu'une fuite accidentelle se produitet qu'elle est inférieure, ou très inférieure, aux limites de rejet, cette comparaison est systématiquement mise en avant par l'exploitant et l'Autorité de sûreté nucléaire et l'Etat. En revanche, lorsque la fuite représente un dépassement considérable (plus de 100 fois et plus de 6 000 fois) des limites maximales, la comparaison disparait du discours officiel et les résultats sont présentés. en grammes !
1 Cette activité pourrait être nettement supérieure avec une teneur en uranium 235 supérieure à la teneur naturelle (la SOCATRI peut traiter de l'uranium enrichi jusqu'à 5% !) et en cas de présence d'uranium de retraitement (et donc d'isotopes artificiels de l'uranium).
CONTACTS PRESSE :
Pour planifier une interview : Murielle RENARD
- Service Communication -
communication@criirad.org - Tel : 04 75 41 82 50
Dossier : Corinne CASTANIER - Directrice - corinne.castanier@criirad.org
Bruno CHAREYRON - Responsable du laboratoire
- bruno.chareyron@criirad.org -
urgences : 06 73 49 30 23
8/7/2008 - Une fuite de 30 mètres cubes d'une solution contenant de l'uranium s'est produite mardi dans une usine du site nucléaire du Tricastin à Bollène (Vaucluse) et une partie s'est déversée dans des rivières. Informé par l'Autorité de sûreté nucléaire d'un risque évalué "faible" pour la population, le préfet a toutefois interdit la consommation de l'eau issue de captage privé dans trois communes. Environ 30m3 de solution uranifère se sont déversés sur le sol, une partie à l'intérieur de l'usine, spécialisée dans la maintenance et le démantèlement de matériel nucléaire, et une autre dans les eaux de la Gaffière puis de l'Auzon, selon Evangelia Petit du service de presse de l'ASN.
Selon un communiqué des préfets de la Drôme et du Vaucluse, le rejet accidentel s'est produit à 6h30 mardi dans l'entreprise SOCATRI pendant une opération de nettoyage d'une cuve. "Un rejet accidentel d'effluents uranifères de 30m3 s'est produit pendant une opération de nettoyage d'une cuve, avec déversement sur le sol ainsi que dans le canal adjacent. Ces effluents, qui contenaient 12 grammes d'uranium par litre, se sont écoulés pour partie jusqu'aux rivières la Gaffière et l'Auzon", selon le communiqué. "L'exploitant procède actuellement à des mesures précises des rejets, tant sur les nappes que dans les cours d'eau", précise le communiqué qui ajoute que le préfet de Vaucluse, informé par l'ASN "d'un risque évalué faible pour la population", a décidé l'interdiction de la consommation d'eau potable issue de captages privés sur les communes de Bollène, Lapalud et Lamotte-du-Rhône. L'irrigation agricole issue de la Gaffière et de l'Auzon est par ailleurs suspendue et les activités nautiques et la baignade sont interdites sur des plans d'eau de Bollène et Lapalud. La pêche et la consommation sont interdites dans la Gaffière, l'Auzon, la Mayre Girarde et le Lac du Trop-Long. L'ASN a expliqué avoir conseillé par "mesure de précaution" aux préfets de prendre ces restrictions sans attendre le résultat des expertises. "Un plan de mesures et de surveillance de l'environnement a été immédiatement mis en place par SOCATRI, qui a également entamé une opération de décontamination de la zone polluée sur le site", précise un communiqué de l'ASN. "La concentration en uranium mesurée dans la Gaffière a été de l'ordre de 1.000 fois le 'bruit de fond' habituellement relevé et est actuellement en rapide diminution", selon l'ASN. "En cas de consommation éventuelle de poisson, l'impact sanitaire est très limité", assure l'ASN, qui ajoute "des expertises ont été lancées par l'IRSN et SOCATRI pour connaître l'augmentation de la teneur en uranium dans les jours à venir dans la nappe phréatique entre la Gaffière et le Rhône". "Les mesures de précaution pourront être levées en fonction du résultat des expertises en cours", ajoute l'ASN qui réalisera une inspection jeudi sur le site de la SOCATRI "afin de déterminer notamment les causes précises de cet événement et d'examiner les mesures mises en place par l'exploitant".
Mais le réseau Sortir du nucléaire a protesté dans un communiqué "contre les affirmations rassurantes des autorités". Pour l'organisation, "il est en effet impossible qu'un tel rejet, contenant de l'uranium, n'ait pas de conséquences importantes sur l'environnement et certainement sur la santé de riverains". "Si les chiffres reconnus par les autorités sont vrai, cela fait 360 kg d'uranium!", note Sortir du Nucléaire. "Il est vraisemblable que des personnes ont consommé de l'eau contaminée dans la journée, et se retrouvent avec des particules d'uranium dans leur organisme", juge le Réseau. "Même lorsqu'elles ne sont pas très radioactives, ces particules sont excessivement dangereuses lorsqu'elles pénètrent dans l'organisme et s'y fixent. Il y a alors une très forte probabilité de cancer".
Le Réseau "Sortir du nucléaire" appelle à une mobilisation antinucléaire internationale samedi à Paris et rappelle que, "contrairement aux affirmations des autorités, le nucléaire est une des industries les plus polluantes et les plus dommageables pour la planète".
Politis, 27/3/2008:
Alors qu'une nouvelle usine va bientôt produire de l'uranium enrichi sur le site le plus nucléarisé du monde, dans la Drôme, Areva fait tout pour éviter une véritable enquête locale sur les cancers.
Communiqué satisfait d'Areva, fin février : la construction de son usine Georges Besse II, démarrée en juillet 2006 au Tricastin (Drôme), progresse « dans le strict respect des échéances du projet ». Elle est prête à recevoir ses premières centrifugeuses d'enrichissement d'uranium, et devrait entrer en service au premier semestre 2009.
Destinée à remplacer la vieille unité d'enrichissement par diffusion gazeuse, qui produit sur le même site du combustible pour les centrales depuis 1978, cette usine est présentée comme « une réelle avancée économique et environnementale » : le passage à la technologie de centrifugation diviserait par 50 la consommation d'électricité et réduirait les rejets radioactifs, « car elle ne nécessite pas de prélèvement d'eau dans le Rhône pour son refroidissement ». Est-ce la raison pour laquelle l'opérateur, appuyé par les pouvoirs publics, tente d'éviter que soit menée une enquête sur les cancers ?
Cette demande est formulée en juin 2006 au cours de l'enquête d'utilité publique précédant la mise en chantier. Conclusion encourageante : trois mois plus tard, alors que la nouvelle loi sur la transparence nucléaire vient d'être adoptée par le Parlement (en juillet 2006), le rapport des commissaires enquêteurs approuve l'idée.
Il endosse même la proposition de créer au plus vite un registre des cancers [1] , à la suggestion des directions départementales des affaires sanitaires et sociales (Ddass) de la Drôme, du Gard et du Vaucluse. Trois départements, avec l'Ardèche, à la frontière desquels est localisé le site du Tricastin, réputé le plus nucléarisé au monde [2].
Ce n'est pas la première fois que l'on suspecte les installations nucléaires d'être, par leurs inévitables rejets radioactifs autorisés dans l'air ou l'eau, à l'origine de cancers. Même si plusieurs études n'ont rien révélé de significatif, comme le recensement des leucémies infantiles mené par l'Inserm entre 1990 et 1998 autour des 29 sites nucléaires français, quelques enquêtes ont jeté le trouble : autour du complexe nucléaire britannique de Windscale-Sellafield, on a relevé, depuis 1984, des cancers de l'enfant dépassant de beaucoup en nombre (jusqu'à dix fois) ceux que l'on pouvait attendre en moyenne.
En France, l'épidémiologiste François Viel, par une étude qui a fait couler beaucoup d'encre dans les années 1990, montrait une incidence de leucémies infantiles près de trois fois supérieure à la moyenne au voisinage du centre de retraitement des déchets radioactifs de La Hague (Manche).
Plus récemment, en décembre dernier, une étude présentée par l'Office fédéral allemand de protection contre les rayonnements concluait à une « augmentation significative » du risque de leucémie (plus de deux fois supérieur à la moyenne nationale) pour les enfants vivant à proximité des centrales nucléaires du pays.
C'est le genre de résultat qui déclenche immédiatement une polémique : comme il ne s'agit, dans l'absolu, que d'un petit nombre de cas (de quelques unités à quelques dizaines), il est difficile d'interpréter ces études « positives ». Est-ce la conséquence d'une exposition aux rayonnements, comme le redoutent les écologistes ? Les défenseurs du nucléaire leur opposent que les doses sont très faibles, et qu'il peut s'agit de « hasards statistiques ».
C'est le coeur du débat actuellement en cours au Tricastin. À la suite du rapport des commissaires enquêteurs, la Commission locale d'information du Tricastin (Cigeet) [3], saisie par la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (Frapna), vote à l'unanimité, le 21 mars 2007, le principe d'une enquête d'évaluation des cancers autour du site. Ce qui nécessite la définition d'un cahier des charges, confiée à un groupe d'experts, avant le lancement d'un appel d'offres.
Mais, le 19 décembre dernier, à l'occasion de la dernière réunion de la Cigeet, petit coup de théâtre : à la demande de la Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement (Drire) de la Drôme, Areva a fait circuler un ancien rapport (élaboré par l'Institut national de l'environnement et des risques, Ineris) concluant à l'absence de nocivité des rejets. « C'est le préfet lui-même qui l'a présenté, expliquant qu'il avait provoqué le renoncement des Ddass au projet de l'enquête cancer, proteste Jean-Pierre Morichaud, qui représente la Frapna au sein de la Cigeet. De quel droit les représentants de l'État, volant au secours d'Areva, se permettent-ils d'aller consulter à nouveau les acteurs, dans le but de remettre en cause les conclusions des commissaires enquêteurs ? » [4]
Le groupe d'experts chargé de définir le cahier des charges de l'enquête se trouve donc aujourd'hui en présence de la proposition initiale (soutenue par la Frapna), approche sanitaire consistant en un relevé des cas de cancers autour du site (distance, âge, sexe, type de cancer, etc.), et, désormais, de celle de la Drire et d'Areva, concurrente, qui entend orienter l'enquête vers un simple inventaire des rejets radioactifs et de l'exposition des populations.
Celle-ci a toutes les chances de conclure à l'absence de risque, puisque le modèle sanitaire d'impact des émissions radioactives officielles reste fondé sur des expositions fortes et brèves, du type accidentel. Alors que le contact prolongé avec des émissions faibles (ce qui est probablement le cas au Tricastin) est mal connu ? d'où l'intérêt d'une investigation des cas de cancers.
La Cigeet doit se réunir à nouveau en mai prochain, au plus tard. Et devra impérativement trancher sur la méthode. « À défaut, la production d'uranium enrichi par la nouvelle usine commencerait avant même que nous disposions des résultats de l'enquête », s'inquiète Jean-Pierre Morichaud.
Areva peut-il permettre des entraves à son calendrier de marche ? L'investissement ? trois milliards d'euros [5] ? est présenté comme une clé de sa politique de développement. Le géant mondial du nucléaire, qui détient 25 % des capacités mondiales d'enrichissement, n'entend pas se laisser déposséder d'une miette de ses parts de marché.
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[1] Permettant un suivi exhaustif et continu de cette pathologie. Il n'en existe actuellement que dans environ 20% des départements.
[2] Outre l'usine d'enrichissement d'uranium, sont implantées sur 600 hectares une centrale nucléaire et diverses unités d'Areva ou du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), employant au total 6000 personnes.
[3] Ces commissions mixtes (exploitants, pouvoirs publics, associations), présidées par un représentant du conseil général, sont au nombre de 30 en France, autour des sites nucléaires. Inscrites dans la loi de juillet 2006 sur la transparence nucléaire, elles viennent de voir préciser, par un décret du 14 mars 2008, leur composition précise ainsi que leur autonomie financière (pour lancer des études, notamment).
[4] En 2004, déjà, la Commission nationale du débat public (CNDP) avait confié à Areva l'organisation du débat public sur Georges Besse II (le premier concernant un projet industriel nucléaire en France).
[5] (C'est l'une des quatre chantiers majeurs du nucléaire actuellement, avec les réacteurs EPR (Flamanville) et Iter (Cadarache), ainsi que le centre d'enfouissement des déchets radioactifs de Bure (Meuse).
19/2/03 - La cour d'appel de Grenoble a confirmé mercredi la condamnation à un mois de prison avec sursis de l'ancien directeur de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) suite à l'irradiation d'un agent EDF en mars 1999.
Toutefois, la cour a requalifié le délit de "blessures involontaires commis dans le cadre du travail ayant entraîné une ITT de plus de trois mois", pour lequel l'ancien directeur avait été condamné en juin 2001 par le tribunal correctionnel de Valence (Drôme), en "contravention de blessures involontaires d'une durée égale ou inférieure à trois mois".
En conséquence, l'ancien directeur, Joël Bultel, aujourd'hui adjoint au directeur des ressources humaines à la direction d'EDF, a été condamné à 750 euros de contravention et EDF, qui avait été condamnée à 76.225 euros d'amende en première instance, ne devra payer qu'une amende contraventionnelle de 1.350 euros.
Frédéric Moreau, 42 ans, agent de radioprotection, avait été grièvement irradié après avoir pénétré durant 3 minutes en zone rouge (zone fortement radioactive). Son contremaître lui avait demandé de vérifier la présence de deux projecteurs dans un local aveugle situé sous le réacteur, en arrêt depuis novembre 1998 pour la révision décennale.
M. Moreau a soutenu devant la cour d'appel qu'il croyait pénétrer dans une zone classée orange. Deux mois auparavant, il avait accompagné une personne qui était entrée, sans problème, dans le même local pour poser les projecteurs, a-t-il précisé.
La cour a alloué 0,15 euro symbolique de dommages et intérêts au syndicat CGT des ouvriers et employés de la centrale du Tricastin, partie civile.
Le Figaro, 8/1/03:
La cour d'appel de Grenoble examinait hier l'affaire de «l'irradié du Tricastin». EDF et l'ancien directeur de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) avaient fait appel d'un jugement du tribunal correctionnel de Valence, qui, le 26 juin 2001, les avaient condamnés pour blessures involontaires et infraction au code du travail. Le tribunal, par cette décision sans précédent dans le nucléaire, les avait jugés responsables de l'irradiation d'un technicien d'EDF, survenue en mars 1999.
Grenoble : de notre envoyé spécial Fabrice Nodé-Langlois
«Je n'ai peut-être pas toujours compris tout», concédait hier, en début d'audience, la présidente du tribunal, Marie-Françoise Robin. L'affaire qu'elle jugeait n'est pas un accident du travail banal : il s'est produit dans une centrale nucléaire, et l'un des prévenus est EDF. Les faits remontent au 11 mars 1999. Le réacteur n° 1 de la centrale nucléaire du Tricastin est à l'arrêt pour révision depuis plusieurs semaines. Un contremaître demande à Frédéric Moreau, technicien du service sécurité-radioprotection-médical (SRM) de regarder si des projecteurs de chantier n'ont pas été laissés dans un petit local situé sous la cuve du réacteur. Ces projecteurs risquent d'imploser lors de la remise en pression du bâtiment. Le contremaître précise à Frédéric Moreau : «n'entre pas dans le local». La pièce est en effet très radioactive, du fait de la présence d'instruments de mesure habituellement insérés dans la cuve, juste au-dessus. Malgré cette instruction, Frédéric Moreau ouvre les deux portes du local, y pénètre et en retire les projecteurs. En trois minutes, le technicien reçoit une dose radioactive de 300 à 340 millisieverts, soit 15 à 17 fois la dose annuelle admissible, ou encore l'équivalent de 300 radios des poumons. L'expertise médicale reconnaîtra par la suite une asthénie présumée liée à l'irradiation, ainsi qu'un risque accru de développer une leucémie.
Les conséquences de l'incident ne sont pas contestées. Les débats des audiences successives, depuis quatre ans, ont tourné autour de ces questions : comment un employé, chargé précisément de la radioprotection, a-t-il pu pénétrer et demeurer plusieurs minutes dans un local signalé comme une «zone rouge», donc hautement radioactif ? Qui est responsable de ce dysfonctionnement ?
Le prévenu, Joël Bultel, l'ancien directeur de la centrale, a rappelé hier qu'«il fallait l'autorisation explicite du chef d'établissement» pour entrer en zone rouge. Pour Me Alain Lévy, avocat de la CGT qui a assigné EDF, le «fil conducteur, c'est l'obligation de l'employeur de rendre impossible l'accès aux zones rouges», en application d'un décret du 28 avril 1975. Or les clés du funeste local étaient aisément accessibles pour les employés du service SRM dysfonctionnement qu'EDF a corrigé par la suite. Me Philippe Toison, conseil de Joël Bultel, a demandé la relaxe de son client, invoquant un système de délégation de pouvoir que le juge n'avait pas retenu en première instance.
L'audience a permis de se rendre compte que, entre les procédures et la réalité, il y parfois un gouffre. Un arrêt de tranche, raconte Frédéric Moreau, le visage mangé par sa barbe épaisse, «c'est la course en permanence [chaque semaine d'arrêt coûte cher à EDF]. Moi, j'avais surtout peur que ces projecteurs implosent et que les agents de nettoyage prennent des doses importantes». «Il était en condition de stress maximal», résume son avocat, Alexandre Faro. Surtout, Frédéric Moreau assure qu'il pensait que le local était en fait en «zone orange», moins radioactive un même secteur peut en effet être déclassé selon les moments. Les témoignages de techniciens et de cadre, recueillis lors de l'enquête judiciaire, montrent qu'une grande confusion régnait au sujet de ces zones, certains parlant de fantaisistes zones «orange foncé», de «zones rouges administratives» ou «préventives».
Qui était responsable de cette méconnaissance des règles ? Les parties se renvoient la balle. Mais Me Lévy rappelle que, avant que le parquet de Valence ne poursuive le directeur de la centrale, immédiatement après l'incident, le président d'EDF, François Roussely, avait déclaré «assumer collectivement».
Aujourd'hui, Frédéric Moreau vit «un véritable enfer» professionnel, explique encore son avocat. «Je suis dans un super placard, payé à ne rien faire», se plaint l'intéressé. EDF lui a fait huit propositions de reclassement, rétorque Me Mignard. Malgré l'intervention personnelle de François Roussely, aucun accord n'a encore été trouvé. Joël Bultel, quant à lui, a été promu directeur adjoint des ressources humaines, au siège d'EDF.
La cour d'appel rendra sa décision le 19 février.
GRENOBLE, 7 jan 03 - La cour d'appel de Grenoble a requis mardi la confirmation d'une décision condamnant l'ancien directeur de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) à un mois de prison avec sursis suite à l'irradiation, en mars 1999, d'un agent EDF.
En première instance, en juin 2001, le tribunal correctionnel de Valence (Drôme) avait condamné Joël Bultel, aujourd'hui adjoint au directeur des ressources humaines à la direction d'EDF, à de la prison avec sursis pour blessures involontaires et mise en danger d'autrui.
EDF avait été condamné à 76.225 euros d'amende.
Toutes les parties avaient fait appel, sauf la victime.
L'arrêt de la cour d'appel a été mis en délibéré au 19 février.
Frédéric Moreau, 42 ans, agent de radioprotection, avait été grièvement irradié après avoir pénétré durant trois minutes en zone rouge (zone fortement radioactive). Son contremaître lui avait demandé de vérifier la présence de deux projecteurs dans un local aveugle situé sous le réacteur, en arrêt depuis novembre 1998 pour la révision décennale.
Il avait reçu une dose de 340 milliSiverts (mSv), soit plus de 16 fois la dose maximale européenne en vigueur en 2000 pour les travailleurs exposés, alors qu'il tirait sur les câbles des projecteurs afin de les récupérer, car, a-t-il expliqué à la cour, son contremaître lui avait dit qu'ils risquaient d'imploser.
"Pour moi j'étais parti en zone orange, je n'ai jamais imaginé qu'il s'agissait d'un secteur rouge. Deux mois auparavant, j'avais accompagné une personne qui était rentrée pour poser les projecteurs, j'avais ouvert la porte et donc il n'y avait pas de problème", a expliqué la victime à la cour.
Pour l'avocat de l'ex-directeur, Me Jean-Pierre Mignard, "en ouvrant la porte simplement, on pouvait voir s'il y avait les projecteurs, on avait tout à fait le temps de s'organiser pour les enlever plus tard".
Pour EDF, il était clairement indiqué que la zone était classée rouge.
Les avocats ont demandé la relaxe du directeur et d'EDF.
"EDF, très soucieuse de son image, a du mal à reconnaître une faute", a assuré l'avocat de M. Moreau, Me Alexandre Faro, qui estime que son client risque de développer une leucémie ou un cancer dans les prochaines années.
LYON, 22 nov 2001 - Un technicien d'une entreprise extérieure a été légèrement contaminé jeudi alors qu'il travaillait sur un chantier situé en zone nucléaire de la centrale du Tricastin (Drôme), a-t-on appris auprès d'EDF.
Cet intervenant procédait au conditionnement de produits radioactifs. Des contrôles ont révélé une contamination interne inférieure au seuil présentant des risques sanitaires, précise le communiqué d'EDF.
Cette personne, qui a rejoint son domicile, fera l'objet d'un suivi médical durant quelques jours, jusqu'à l'élimination complète naturelle de la contamination, selon la même source.
Les autorités (Office de protection contre les rayonnements ionisants, préfecture et Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement) ont été informées par la direction d'EDF Tricastin.
VALENCE, 26 juin 2001 - L'ancien directeur de la centrale nucléaire
de Tricastin (Drôme), Joël Bultel a été
condamné mardi à Valence à un mois de prison
avec sursis après l'irradiation d'un agent EDF, en mars
1999.
Il avait comparu le 11 juin devant le tribunal correctionnel pour
"mise en danger d'autrui, blessures involontaires causant
une incapacité de plus de trois mois dans le cadre du travail",
et pour "infractions au code du travail et une série
de manquements au décret d'avril 1975 qui régit
les règles de sécurité dans le domaine du
nucléaire".
Le chef de "mise en danger d'autrui" n'a pas été retenu, mais le jugement - suceptible d'appel dans les dix jours - va au-dela de l'amende de 20.000 francs réclamé à l'audience du 11 juin par le procureur.
Le magistrat avait également demandé une peine qui ne soit pas "pas inférieure à 50.000 francs" pour Electricité de France, responsable en tant que personne morale.
Le jugement condamne EDF à une amende délictuelle de 500.000 francs (76.224,51 euros).
Frédéric Moreau, 41 ans, agent de radioprotection depuis 12 ans à Pierrelatte avait été gravement irradié après avoir pénétré durant trois minutes en zone rouge, à la demande de son contremaître, pour s'assurer que des projecteurs n'y avaient pas été oubliés.
Il avait alors reçu une dose de 340 milliSiverts (mSv), soit plus de 16 fois la dose maximale européenne en vigueur en 2000 pour les travailleurs exposés.
A la suite de cet accident, M. Moreau avait temporairement souffert d'asthénie et de troubles respiratoires, mais EDF avait toujours rejeté la relation de cause à effet.
VALENCE, 11 juin 2001 - Le tribunal correctionnel de Valence, devant lequel comparaissait lundi l'ancien directeur de la centrale nucléaire de Tricastin (Drôme), Joël Bultel, après l'irradiation d'un agent EDF, en mars 1999, a examiné les dysfonctionnements en matière de sécurité à la centrale.
Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 26 juin.
Dénonçant le "dysfonctionnement évident dans les procédures d'accès en zone rouge" et l'"inobservation du décret d'avril 1975" régissant les règles de sécurité dans le domaine du nucléaire, le procureur a réclamé 20.000 francs d'amendes pour M. Bultel et une peine qui ne soit pas "pas inférieure à 50.000 francs" pour EDF, responsable en tant que personne morale.
"Il est temps aujourd'hui pour EDF et M. Bultel de faire face aux responsabilités qui sont les leurs, nonobstant les délégations de pouvoir derrière lesquelles il entend s'abriter", a lancé le magistrat, rappelant que la centrale de Tricastin avait été "épinglée à plusieurs reprises par l'autorité nucléaire pour manque de rigueur".
Joël Bultel, 55 ans, est poursuivi pour "mise en danger d'autrui, blessures involontaires causant une incapacité de plus de trois mois dans le cadre du travail", et pour "infractions au code du travail et une série de manquements au décret d'avril 1975".
Le 11 mars 1999, Frédéric Moreau, 42 ans, agent de radioprotection, avait été gravement irradié après avoir pénétré, durant trois minutes, dans un puits de cuve, à la demande de son contremaître, pour s'assurer que des projecteurs, risquant, selon ce dernier, d'imploser, n'y avaient pas été oubliés.
Ignorant qu'il était en zone rouge et n'ayant pas entendu l'alarme de ses deux appareils de mesure, en raison du bruit ambiant assourdissant, il avait reçu une dose de 340 milliSiverts (mSv), soit plus de 16 fois la dose maximale européenne en vigueur en 2000 pour les travailleurs exposés.
A la suite de cet accident, M. Moreau avait souffert d'asthénie et de troubles respiratoires, entraînant une incapacité totale de travailsupérieure à trois mois. Les médecins avaient attribué ces maux à l'irradiation, bien qu'EDF ait toujours rejeté toute relation de cause à effet.
Comme lors de l'audience du 6 novembre 2000, Joël Bultel a nié toute responsabilité pénale, estimant que M. Moreau "avait commis une erreur, dans un souci de rendre service" en pénétrant dans le local, alors qu'on lui demandait de vérifier à travers la vitre.
"Un acte citoyen"
Mais pour Me Alexandre Faro, l'avocat de la victime, "c'est un acte citoyen qui l'a conduit à transgresser cet ordre, car il était obnubilé par le risque d'explosion".
"L'accès en zone orange et zone rouge était réglementé et parfaitement respecté par l'ensemble des intervenants", argumente l'ancien directeur.
"Pourtant si M. Moreau a pu ouvrir la porte du puits de cuve, sans autorisation écrite, c'est que cela n'avait rien d'exceptionnel", ironise le président. Il évoque alors un rapport des gendarmes, selon lequel les agents de radioprotection de la centrale avaient aisément accès à la clé des zones rouges, sans demander d'autorisation écrite.
Le 6 novembre, le président Patrick Mandroyan avait demandé un supplément d'information notamment sur ce point, renvoyant le procès jusqu'à ce jour.
"Peu importe les erreurs de M. Moreau, il n'a pu les commettre que parce que les règles de sécurité n'étaient pas mises en place efficacement", a dénoncé Me Alain Lévy, représentant la CGT, partie civile.
D'ailleurs, après l'accident, "un certain nombre de mesures de sécurité ont été prises, alors qu'auparavant cela se passait dans des conditions moins fiables", observe le président.
Pour la partie civile, "n'est-ce pas un aveu que c'était imparfait".
VALENCE, 6 nov 2000 - La femme de Frédéric Moreau, un agent EDF irradié en mars 1999 à la centrale de Tricastin (Drôme), dont l'ex-directeur est jugé lundi à Valence pour blessures involontaires, dénonce "l'enfer" que vit son mari depuis qu'il a repris son travail.
"Il est seul face à ses collègues, face à la hiérarchie. Il est seul. Il faut voir toutes les misères, les bassesses qu'on lui fait", a déclaré son épouse, Muriel Moreau, à l'AFP.
Selon elle, son mari, aujourd'hui âgé de 41 ans et qui a reçu 16 fois la dose maximale européenne annuelle en vigueur en 2000 pour les travailleurs exposés après avoir pénétré durant trois minutes en zone rouge, "est la personne qu'il faut éjecter".
"Tout ça a une visée à mon avis: le faire sortir d'EDF. Il lui a été dit qu'il entachait l'image de la centrale. Partout c'est -c'est de ta faute-", ajoute-t-elle.
Selon Mme Moreau, seule la pression médiatique a empêché jusqu'à présent EDF de mettre son mari à la porte.
Elle énumère "les vexations", "les tâches subalternes, dégradantes" confiées à son mari, alternant avec des périodes d'inactivité totale depuis qu'il a réintégré son poste après 4 mois et demi d'arrêt maladie.
Cette situation est, selon elle, "une forme de représaille", alors que la direction d'EDF avait indiqué à son mari, après son accident, "qu'il n'y aurait aucune sanction".
Elle affirme que leur couple a également
reçu "des menaces d'intimidation au téléphone
de la part d'un collègue".
VALENCE, 5 nov 2000 - Le procès d'un ex-directeur de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme), poursuivi notamment pour blessures involontaires après l'irradiation à la centrale du Tricastin d'un agent EDF, a lieu lundi au tribunal correctionnel de Valence après un report et une longue bataille de procédure.
Joël Bultel, 54 ans, est poursuivi pour "blessures involontaires causant une incapacité de plus de trois mois dans le cadre du travail", ainsi que pour "infractions au code du travail et une série de manquements au décret d'avril 1975 qui régit les règles de sécurité dans le domaine du nucléaire".
Le 11 mars 1999, Frédéric Moreau, 41 ans, agent de radioprotection depuis 12 ans à Pierrelatte, avait reçu une dose de 340 milliSiverts (mSv), plus de 16 fois supérieure à la dose maximale européenne annuelle en vigueur en 2000 pour les travailleurs exposés, après avoir pénétré durant trois minutes en zone rouge.
M. Moreau se plaint depuis de souffrir d'asthénie et de problèmes respiratoires. La défense rejette le lien de cause à effet.
M. Moreau avait repris son activité après 4 mois et demi d'arrêt de travail. Pour son médecin, l'asthénie dont il a souffert est due à la dose de radiation. Pour EDF, qui estime par ailleurs que l'entrée de Frédéric Moreau dans une pièce dangereuse de la centrale relève d'une faute humaine, cette asthénie ne justifie pas une ITT de plus de trois mois.
Quelques jours après l'accident, des dysfonctionnements avaient été relevés à Tricastin par la direction de la sûreté nucléaire.
En décembre 1999, le tribunal correctionnel de Valence avait décidé le report au 6 juin 2000 du procès, ordonnant la désignation d'un expert médical pour juger notamment de la durée de l'incapacité de travail, élément essentiel pour déterminer la gravité de la faute reprochée à M. Bultel. Une ITT de plus de trois mois représente en effet un délit. Inférieure à 3 mois, elle ne donne lieu qu'à une simple contravention.
Mais le 4 mai, saisi d'un appel d'EDF, la cour d'appel de Grenoble avait récusé le président et les assesseurs du tribunal correctionnel de Valence.
Le président de la cour d'appel de Grenoble, Charles Catteau, avait appuyé sa décision sur des "manifestations d'opinion dénotant un parti pris et faisant suspecter l'impartialité des magistrats" vis-à-vis de l'ancien directeur de la centrale. En juin, le tribunal de Valence, doté de nouveaux juges, avait reporté le procès au 6 novembre en redemandant une expertise médicale.
Le dossier sera donc enfin étudié
sur le fond lundi à Valence. M. Moreau et le syndicat CGT
se sont constitués parties civiles.
Henri PEZERAT, toxicologue, 11 octobre 2000:
Requête à la CRA et au TASS de L'Aude concernant
la reconnaissance de la leucémie de Mr. G....
employé par la Comurhex en qualité de gardien sur le site de Malvési, de 1983 à 1991
(en Pdf).
Libération,
4 janvier 1977:
Comurhex: Uranium - Fiction (en Pdf)
De l'uranium et du fluor dans l'eau potable d'une usine de Pierrelatte