DeltaFM.fr, 29/12/2009:
C'est le constat qui a été fait lors de la dernière séance plénière de la commission locale d'information de la centrale nucléaire de Gravelines. Aucun lien n'est établi entre les malades de la tyroïde et l'activité de la centrale, cependant l'association santé et environnement des rives de l'Aa enregistre une recrudescence de personnes atteintes depuis 2006 sans pouvoir en expliquer les origines.
Raoul Defruit, membre de l'association et de la CLI, a donc soulevé la question lors de la séance en demandant à la commission population de se pencher sur le problème. 414 personnes touchées par ce problème sur une ville qui compte 11 828 habitants au dernier recensement en 2006. Un chiffre lourd qui laisse interrogatif. Le président de la CLI, Jean-Claude Delalonde a assuré à Raoul Defruit que la commission s'emparerait rapidement du dossier.
21/5/2009 - Depuis 20 ans, une paisible région rurale allemande affiche un taux de leucémies infantiles trois fois supérieur à la moyenne et des militants mettent en cause les installations nucléaires toutes proches. En vain jusqu'à présent: les expertises se contredisent.
"On nous dit que c'est normal, mais on nous prend vraiment pour des imbéciles. Les chiffres sont frappants, ce n'est pas un hasard", s'emporte Uwe Harden, un élu local social-démocrate qui préside "l'Association citoyenne contre les leucémies dans la région de l'Elbmarsch" (BI).
Dans un rayon de quelques kilomètres autour de la centrale nucléaire de Krümmel, située au bord du fleuve Elbe à environ 30 km en amont de Hambourg, 19 cas de leucémies ont été recensés depuis fin 1989 chez des enfants de moins de 15 ans. C'est trois à quatre fois plus que l'incidence normale. Le dernier cas en date, celui d'une petite fille de six ans, a été rendu public en début d'année.
"Une telle fréquence de leucémies, c'est unique au monde", souligne le Dr Hayo Dieckmann, responsable des services sanitaires dans la petite ville voisine de Lunebourg, et militant antinucléaire déclaré. Fin 2007, une étude statistique nationale basée sur l'ensemble des centrales allemandes avait d'ailleurs montré que le risque de cancer infantile augmentait nettement pour les riverains des réacteurs.
Les entreprises du secteur, elles, réfutent tout lien de cause à effet. Dans l'"Elbmarsch", une région aisée parsemée de maisons aux toits de chaume, les autorités locales ont multiplié les missions d'enquête et les expertises, mais sans parvenir à des résultats acceptés par toutes les parties.
De son côté l'association BI accuse la centrale nucléaire de Krümmel, mais aussi et surtout le centre public de recherches scientifiques GKSS, vaste campus boisé jouxtant le fleuve, à moins de deux kilomètres de la centrale. Quelque 700 chercheurs y travaillent sur des thèmes liés au climat ou au développement de nouveaux matériaux de construction.
Or le GKSS exploite à Geesthacht, depuis 1958, un réacteur nucléaire de faible puissance, qu'il utilise comme source de neutrons, pour examiner les structures de la matière. Les militants de BI croient en l'hypothèse d'un accident qui serait survenu au GKSS le 12 septembre 1986, l'année de l'accident de Tchernobyl, et qui aurait donné lieu à un dégagement anormal de rayonnements radioactifs.
"Une légende", répond le centre de recherches. "Il n'y a pas eu d'accident ce jour-là. C'était un jour tout à fait normal", assure Iris Ulrich, biologiste et chargée de communication au GKSS. Pour en avoir le coeur net, l'association BI a fait procéder à des prélèvements dans le sol, à proximité de la centrale. Un physicien nucléaire de Minsk, Vladislav Mironov, y a trouvé des matériaux très radioactifs "qui n'ont rien de naturel".
Mais un autre scientifique, le géochimiste Axel Gerdes, un spécialiste des isotopes radioactifs qui enseigne à l'Université Goethe de Francfort, a procédé à ses propres prélèvements, à la demande du GKSS. "La radioactivité était absolument normale", indique-t-il à l'AFP. "En revanche, dans ces échantillons j'ai trouvé des métaux lourds: plomb, arsenic, zinc, nickel, chrome, etc.", ajoute le chercheur.
Des résidus qui pourraient s'expliquer par l'histoire de la région: pendant huit décennies, une immense usine d'explosifs était installée à l'emplacement actuel de la centrale nucléaire et du centre de recherches. C'est d'ailleurs sur ce site, fondé en 1865 par le chimiste suédois Alfred Nobel, que fut inventée la dynamite. Or la fabrication d'explosifs rejette des métaux lourds.
Une thèse qui ne convainc pas Uwe Harden,
qui continue à privilégier l'hypothèse d'un
accident en 1986. "Ca n'est pas correct de fuir ses responsabilités.
Le problème, c'est que les autorités sont de mèche
avec les acteurs de l'énergie nucléaire", déplore
l'élu local.
L'Humanité, 10/1/2008:
Le réseau Sortir du nucléaire souhaite la mise en place d'une étude statistique équivalente à celle menée en Allemagne par l'université de Mayence, sur demande de l'Office fédéral de protection contre les radiations. Révélée début décembre, celle-ci montre que le nombre d'enfants atteints d'un cancer ou d'une leucémie augmente de 60 % lorsque ceux-ci habitent à moins de 5 kilomètres d'une centrale nucléaire. L'augmentation est perceptible jusqu'à 50 kilomètres autour des centrales. Même si les scientifiques n'ont pas pu prouver, concrètement, la relation de cause à effet, cette statistique renforce le camp des sceptiques. Menée en France, ce genre d'étude pourrait conduire aux mêmes conclusions. À condition qu'elle soit menée par un organisme indépendant et qu'elle porte sur l'ensemble des installations nucléaires françaises, y compris celles qui sont en cours de démantèlement...
Martine Lozano, militante associative,
Paris.
Le Monde, 13/12/2007:
Le Réseau Sortir du nucléaire, formé par près de 800 associations de France et d'Europe, a demandé, jeudi 13 décembre, dans une lettre au président de la République, aux ministres de l'écologie et de la santé, que soit diligentée une étude comparable à celle ayant révélé en Allemagne un risque de cancer accru près des centrales nucléaires. Selon cette étude de l'Office fédéral allemand de protection contre les radiations, révélée samedi 8 décembre par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, le risque de leucémie augmente de façon "statistiquement significative" chez les enfants de moins de cinq ans résidant à moins de 5 km d'une centrale nucléaire. Dans ces zones, les auteurs ont comparé le nombre d'enfants atteint d'un cancer au nombre d'enfants sains, résultat qu'ils ont ensuite comparé à la fréquence des cancers infantiles au niveau national : 37 cas de leucémies ont été dénombrés dans ces zones, au lieu de 17 sur le plan national, soit 117 % de plus que la normale. En dehors des leucémies, le nombre de cancers infantiles est dans ces zones 60 % plus élevé que dans le reste du pays. (voir Le Monde du 12 décembre).
"FAIRE APPARAÎTRE LA TRISTE RÉALITÉ"
Dans sa lettre au chef de l'Etat et aux ministres de l'écologie
et de la santé, Sortir du nucléaire souhaite que
cette étude soit "mise en oeuvre de toute urgence"
en France et qu'elle soit "confiée à des organismes
totalement indépendants de l'industrie nucléaire
et de ses appendices (IRSN, Autorité de sûreté
nucléaire, ministère de l'industrie, etc.)".
Par ailleurs, souligne le réseau, l'étude "doit
englober l'ensemble des installations nucléaires françaises,
y compris celles qui sont en cours de démantèlement".
"Un des aspects les plus immoraux du nucléaire est
qu'il est quasiment impossible d'apporter la preuve directe qu'un
cancer est causé par les rejets d'une installation ou d'une
centrale (...) mais des études statistiques sérieuses
sont susceptibles de faire apparaître la triste réalité",
estime Sortir du nucléaire.
Le matin (Suisse), 13/12/2007:
Bientôt une étude sur les risques de cancers
La Libre Belgique, 12/12/2007:
L'incidence des leucémies chez les jeunes enfants serait deux fois plus forte près des centrales nucléaires. L'étude universitaire est sérieuse, mais contredit les explications scientifiques. Un embarras pour le plan énergétique d'Angela Merkel.
Nouveau coup dur pour le nucléaire en Allemagne: une étude de l'université de Mayence montre que, parmi les enfants de moins de cinq ans grandissant à moins de cinq kilomètres d'une des seize centrales atomiques du pays, les cas de leucémie sont deux fois plus fréquents que dans d'autres régions. Même si les scientifiques n'ont pas pu prouver de relation de cause à effet, cette statistique inquiétante renforce le camp des sceptiques.
L'accord sur la sortie du nucléaire, passé entre le gouvernement Schröder et les groupes d'électricité, prévoit la déconnexion de la dernière centrale en 2023. Tant les protagonistes que les adversaires du nucléaire admettent que l'étude est sérieuse. L'université de Mayence tient depuis longtemps un registre du cancer des enfants. Sur demande de l'Office fédéral pour la protection contre les radiations, elle a étudié les cas de leucémie apparus dans un rayon de cinq kilomètres autour des centrales nucléaires.
Plus du double de cas Résultat: entre 1980 et 2003, 37 enfants de moins de cinq ans vivant dans le voisinage des réacteurs ont été atteints de leucémie; dans les régions éloignées, la moyenne statistique est de 17 cas. Les auteurs de l'étude en concluent que 20 enfants supplémentaires ont été atteints en l'espace de 23 ans, parce qu'ils vivaient près des centrales, soit moins d'un cas critique par an. De plus, de 1980 à 2003, en Allemagne, près de 5900 enfants de moins de cinq ans ont été frappés par ce mal. L'étude de l'Université de Mayence semble prouver que la leucémie apparaît plus fréquemment à proximité des centrales nucléaires qu'ailleurs.
Mais les auteurs ne veulent pas exclure comme explication des "facteurs perturbateurs" non précisés, un effet de sélection ou simplement le hasard. Le ministre de l'Ecologie social-démocrate, Sigmar Gabriel, pourtant un adversaire du nucléaire, relève "que l'étude ne prouve pas de relation de cause à effet entre centrales et leucémie", et indique que, pour cette raison, il ne peut pas simplement fermer les centrales nucléaires. Il a confié le dossier à la Commission fédérale de protection contre les radiations. Le désarroi est grand: sur le plan médical, il est avéré que la radioactivité des centrales est mille fois trop faible pour déclencher un cancer dans le corps d'un petit enfant.
[Lire: "Les faibles doses inoffensives ça n'existe pas", Le Généraliste n°937, mardi 29 septembre 1987.]
Radioactivité minime. En Allemagne, la radioactivité mesurée à proximité des réacteurs ne doit pas dépasser 0,3 milli-Sievert (mSV) par an. Il s'agit là d'un seuil très bas, puisque la radioactivité naturelle dans la Forêt Noire ou les Alpes atteint 1,4 mSV par an et celle des appareils médicaux 1,8 mSV. L'étude alarmante est publiée à un moment délicat pour la chancelière Angela Merkel: la physicienne, qui vient de faire adopter un programme climatique ambitieux, est convaincue que, pour atteindre ses objectifs anti-CO2, l'Allemagne devra prolonger la durée de fonctionnement des centrales nucléaires qui n'émettent évidemment pas de gaz à effet de serre.
Extrait de la lettre d'information Stop-Nogent n°109/110:
C'est ce que Jean-Yves Nau (expert sur les
problèmes de la contamination des transfusions françaises
pour le sida) nous explique dans un article du Monde du
24 janvier 2006 [voir ci-dessous].
Les résultats expérimentaux obtenus autour de certains
centres nucléaires concernant les leucémies sont
assez curieux tels qu'ils nous sont présentés. Les
travaux épidémiologiques ont été effectués
par l'INSERM (dont la servitude vis-à-vis des autorités
a été évidente dans bien des cas - l'amiante,
le sida).
Voici ce qui paraît bizarre dans cette étude rapportée
par Le Monde. Le journaliste mentionne que sur les 29 sites
examinés seuls 2 montrent des excès de leucémie
(Chinon et Civaux) et que pour les autres il y a un déficit
de cas. Comment expliquer cette curiosité : des sites nucléaires
sont favorables à une diminution des leucémies mais
deux seulement montrent un excès. Comment ramener ces surprises
dans le domaine scientifique ? Les experts de l'INSERM et de l'IRSN
(des vertueux de l'expertise !) ont fait appel à un «
correcteur dit de Bonferroni » qui permet de tout ramener
dans le normal. Ce fameux correcteur de Bonferroni date de 1936
et le journaliste du Monde ne donne aucune explication
le concernant. Référons-nous aux données
de ce scientifique des années 30 (ce que ne semble pas
avoir fait Jean-Yves Nau). Lorsque dans un milieu homogène
on tire des cohortes au hasard et qu'on trouve des résultats
hors des moyennes attendues en plus ou en moins, il s'agit de
voir, suite à des calculs probabilistes, si ces résultats
sont ou ne sont pas significatifs. Mais il s'agit de tirages dans
des domaines homogènes où les probabilités
des événements sont identiques partout. En gros
on est dans les statistiques des probabilités de la théorie
des jeux.
Il est évident qu'en ce qui concerne la fréquence
des leucémies il est absurde de prendre comme postulat
que la totalité de la France est homogène et que
les sites nucléaires pourraient ne pas être conformes
à la moyenne nationale.
Appliquer le « correcteur de Bonferroni » aux études
épidémiologiques permet de remettre dans la normale
ce qui est inférieur à la moyenne nationale (une
curiosité) ou ce qui est supérieur à la moyenne
à cause de la présence d'une industrie rejetant
des radioéléments liquides et gazeux leucémogènes.
Si l'INSERM adopte a priori le « correcteur de Bonferroni
» qui permet de remettre dans la normale toute analyse particulière
on ne voit pas pourquoi il est nécessaire de faire les
études épidémiologiques que cet institut
effectue puisque avec ce fameux « correcteur » quoi
qu'on observe on peut toujours se ramener à être
dans la normale.
Monsieur Jean-Yves Nau du Monde qui s'était fait
remarquer lors des problèmes de sida liés aux transfusions
par sang contaminé, s'est-il renseigné au sujet
de la validation scientifique de ce fameux « correcteur
de Bonferroni » dont on n'avait jamais entendu parler dans
les études épidémiologiques avant son article
?
La science au service de la sécurité mentale des
populations avec la complicité des responsables médiatiques
Le mot « statistique » d'après le Petit
Robert viendrait du mot latin statisticus, « relatif
à l'Etat ». La première signification
donnée dans le dictionnaire est : « Étude
méthodique des faits sociaux par des procédés
numériques (...) destinée à renseigner et
aider les gouvernements (souligné par moi) ».
Aider le gouvernement à gérer les problèmes
sociaux afin d'éviter les turbulences est bien la préoccupation
majeure des statisticiens.
Roger Belbéoch mai 2006.
Le Monde, 24 janvier 2006:
Le prochain Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) no 4/2006 de l'Institut de veille sanitaire (InVS) publie une étude de nature à mettre un terme à la vieille polémique concernant les risques de leucémie auxquels seraient exposés les enfants vivant à proximité des sites nucléaires.
Ce travail, qui a été dirigé par Jacqueline Clavel (unité 754 de l'Inserm) et auquel ont participé des chercheurs de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (Fontenay-aux-Roses) constitue la première étude systématique sur l'incidence des leucémies de l'enfant autour de l'ensemble des installations nucléaires françaises sites et centrales métropolitaines. Pour leur étude, les chercheurs ont choisi d'étudier la population de tous les enfants âgés de moins de 15 ans et résidant à moins de 20 kilomètres de 29 sites nucléaires.
« Nous avions publié les résultats de ce travail en 2004 dans une revue scientifique britannique spécialisée », rappelle Mme Clavel. Mais « ces informations n'étaient pas alors sorties du cercle de notre communauté de chercheurs. Au vu des nombreuses questions régulièrement soulevées sur ce thème par les différents responsables sanitaires au niveau national, mais aussi régional et départemental, il nous a semblé nécessaire d'en publier une synthèse dans le BEH ».
Tous les cas de leucémies aiguës diagnostiqués entre le 1er janvier 1990 et le 31 décembre 1998 ont été recensés. Dans chaque zone, le nombre des cas de leucémies « attendus » a été obtenu à partir des effectifs de la population et des taux d'incidence de leucémies tel qu'il est établi par le Registre national des leucémies et lymphomes de l'enfant. Les auteurs ont aussi cherché de diverses manières s'il existait une décroissance des « ratios d'incidence standardisés » (SIR) en fonction de la distance aux sites nucléaires pris en compte dans cette étude.
Chinon et Civaux en excès « Au total, 670 cas de leucémies ont été observés entre 1990 et 1998 (...) pour 729,09 cas attendus, concluent les auteurs. Globalement il n'apparaît aucune hétérogénéité des SIR entre les zones concentriques de distance au site, ni de tendance du SIR avec cette distance. » Les chercheurs précisent toutefois que l'analyse par site montre un excès significatif d'incidence autour des centrales nucléaires de Chinon (Indre-et- Loire) et de Civaux (Vienne). Sur ces deux sites, le nombre des cas attendus était respectivement de 6,64 et de 2,95 alors que celui des cas recensés a été de 14 et de 7. A l'inverse, les auteurs de l'étude concluent à un déficit significatif d'incidence autour des sites de Bruyères/Saclay/Fontenay, où 471 cas ont été observés, contre 520,91 cas attendus.
Toutefois, les chercheurs qui ont établi ce rapport précisent que, contrairement aux apparences, ces résultats n'ont pas de signification statistique. « Compte tenu de la multiplicité des comparaisons auxquelles nous procédons dans ce travail, nous nous devions d'avoir recours à une correction statistique dite de Bonferroni, explique Denis Hémon (unité 754 de l'Inserm), cosignataire de ce travail. Une fois cette correction effectuée, ces excès ou ce déficit perdent toute signification statistique. »
En d'autres termes, rien ne permet d'établir un lien de causalité entre les cas de leucémies observés dans la région de Chinon et de Civaux et l'activité nucléaire de ces sites. Tout comme, dans l'autre sens, on ne peut conclure que l'activité des sites de Bruyères/Saclay/Fontenay pourrait expliquer une incidence de leucémie inférieure à la moyenne nationale.
Jean-Yves Nau
Le Généraliste n°906, 24 avril 1987:
De nombreux pays mettent un frein à
leur programme nucléaire. Les incidents en série
finissent par ébranler la sérénité
française dans ce domaine... Une étude anglaise
montre que, même en fonctionnement normal, il ne fait pas
bon pour les enfants vivre à proximité d'une centrale.
L'équipe du Dr Roman, du
département d'épidémiologie de l'hôpital
universitaire de Londres, a évalué l'incidence des
leucémies chez l'enfant à proximité des centrales
nucléaires. Entre 1972 et 1985, les auteurs ont diagnostiqué
89 cas de leucémies chez des enfants âgés
de moins de 14 ans dans les régions dans lesquelles sont
implantées des centrales nucléaires, Berkshire,
Basingstoke Ouest, et Hampshire Nord.
L'augmentation de l'incidence de leucémies chez l'enfant
a été significative dans une zone de 10 km de rayon
autour des centrales nucléaires. Ainsi, 41 enfants de moins
de 14 ans ont été atteints de leucémies dans
le périmètre de ces zones, contre 28,6 (rapporté
au même nombre d'enfants) dans la population générale
dans cette tranche d'âge. Cette élévation
de l'incidence de leucémies a été particulièrement
marquée chez les enfants de moins de 4 ans: 29 cas de leucémies
observés contre 14,4 prévus.
Dans les régions plus éloignées des centrales,
l'augmentation du risque de leucémie n'a pas été
significative. Au dessus de 14 ans, le taux observé a été
semblable à celui de la population générale.
Dans cette étude, le taux estimé de leucémies
a été de 2 cas par an pour les 60 000 enfants âgés
de moins de 14 ans, contre 3 cas par an en réalité.
Autour de la centrale
de Dounreay, une augmentation de l'incidence de leucémies
chez l'enfant a également été notée.
Selon Darby et coll., de l'hôpital Radcliffe d'Oxford, cette
élévation n'est pas liée ou pas seulement, aux radiations nucléaires
constatées dans cette région, à moins que
les doses reçues au niveau de la moëlle osseuse n'aient
été sous-estimées. Les auteurs évoquent
la nécessité de prendre en compte la manipulation
de matériaux différents selon les centrales, la
survenue possible de maladies infectieuses, ou d'un facteur environnemental
non identifié, qui retentiraient sur l'incidence de leucémies.
Le débat est ouvert, et avant d'être une question médicale, il s'agit plutôt d'un choix politique et économique.
Dr Catherine COUSERGUE
Réf. : Bmj, 1987, 294, 6572, 591-592, 597-607.