L'établissement de La Hague, destiné au retraitement des combustibles irradiés, est exploité par COGEMA et emploie près de 6000 personnes. Implanté dans la pointe nord-ouest de la presqu'île du Cotentin, il couvre la superficie près de plus de 220 hectares, sur un plateau culminant à 180m au-dessus du niveau de la mer. La Hague a une capacité industrielle de traitement de 1700 tonnes de combustibles usés par an, soit léquivalent des combustibles usés déchargés chaque année par 90 à 100 réacteurs à eau légère. A ce jour, La Hague a traité plus de 7000 tonnes de combustibles nucléaires usés français et plus de 8100 tonnes en provenance de ses clients étrangers.
Contrôle n°162, janvier 2005.
Lire:
- L'état de l'environnement...
- Polémiques sur les leucémies
- Le retraitement de combustibles étrangers
- Une usine qui
vieillit mal
- Forum santé le 21 octobre 1978 à Equeurdreville
: La
Hague au centre des problèmes nucléaires (en Pdf)
Et une mauvaise blague, une
pub de l'office du tourisme de La Hague en PDF (dans le magazine
"Pays de Normandie" n°57 été
2007)
Et cet article
enthousiaste lors du démarrage de l'usine de la Hague
en 1966.
Voir le documentaire: "Ultimatom" (dailymotion), réalisé par Laurent Tabet sur la Hague au coeur de l'industrie nucléaire française.
Les PPI et les exercices bidons de "simulation d'accident" nucléaire à La Hague
13/11/2009 - Le plus ancien centre de stockage de déchets nucléaires de France, le CSM de la Manche, fait face à des affaissements de terrain qui sont en cours de réparation mais que certains experts jugent alarmants, d'autant que le site fermé depuis quinze ans contient du plutonium hautement radioactif.
"Le sol s'est affaissé d'un coup de 30 cm en 1999 puis de 20 cm en dix ans sur une surface équivalente à une cage de football, à comparer à la surface du centre, soit 12 terrains de foot", résume Jean-Pierre Vervialle, directeur du CSM, à l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA).
Il a fallu attendre que le sol "se stabilise" avant d'entamer début octobre des travaux qui ont consisté à combler avec des gravillons les cavités souterraines à l'origine du tassement, selon le directeur du centre.Les travaux doivent se terminer la semaine prochaine sur ce site qui a reçu pendant 25 ans des déchets nucléaires de toute nature et reste surveillé depuis sa fermeture en 1994.
Le chantier devait aussi permettre de vérifier l'état de la couverture bitumineuse qui isole les quelque 930.000 tonnes de déchets de la pluie et doit empêcher toute contamination de la nappe phréatique. La couverture "a prouvé sa grande élasticité", assure le directeur.
L'affaissement a été provoqué par les premiers fûts partiellement remplis avec du matériel contaminé comme des vêtements, sans être complètement comblés avec du béton comme c'est la règle aujourd'hui, explique M. Vervialle.L'Andra s'attend à d'autres "tassements" du même type et prévoit d'y remédier par des travaux similaires.
Cette stratégie fait bondir Christian Kernaonet, l'ancien ingénieur sécurité arrivé dans les années 70 au centre. "C'est mettre un emplâtre sur une jambe de bois", estime le retraité qui prédit des effondrements "de 1 à 2 mètres de haut sur 80 à 100 mètres de long".
Pour cet ancien du commissariat à l'énergie atomique (CEA), la couverture ne tiendra pas dans ces conditions et la nappe phréatique sera contaminée pour des millénaires à la première pluie. Selon lui, "il faudrait alors interdire au public une zone de 500 à 1.000 ha".
D'après lui, la solution est de ressortir tous les déchets de la tranche 1 et de les reconditionner. Ce qui, pour l'Andra, n'est pas envisageable en raison du mauvais état des fûts."Les déchets de la tranche 1 ont été stockés à même la terre, c'est comme une poubelle avec un couvercle en or mais sans fond, contrairement aux tranches 2 et 3, où les déchets sont posés sur des dalles en béton", explique l'ingénieur retraité.
L'Association pour le contrôle de la radioactivité de l'Ouest (ACRO), qui siège au Haut comité pour la transparence sur la sécurité nucléaire (HCTISC) va plus loin: selon elle, le centre fuit déjà.David Boilley, le président de l'ACRO, a relevé dans une rivière proche des quantités de tritium (hydrogène actif) qu'il juge "anormales" - contrairement à l'Andra- même si l'eau reste potable.Pour ce professeur de physique nucléaire à l'université de Caen, la présence de cette matière très mobile annonce l'arrivée d'éléments plus lents mais plus dangereux, comme il le dit dans une étude commandée par Greenpeace.
"La gestion du centre du CSM est catastrophique", en déduit l'organisation écologiste qui demande aussi un reconditionnement de toutes les tranches, surtout à cause de la présence de plutonium, hautement radioactif.Monique Sené, chercheuse au CNRS, membre du HCTISC, préconise quant-à-elle "d'investir dans un robot qui récupère les fûts en cas de problème". "Ce serait un énorme chantier mais ce serait utile pour les centres de stockage à venir", selon elle.
13/11/2009 - Le Centre de stockage de la Manche (CSM) compte 930 000 tonnes de déchets, dont 100 kg de plutonium hautement radioactif et 24.000 tonnes de plomb, un lourd polluant chimique, selon l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).
Situé à Digulleville (Manche), près de l'usine de retraitement d'Areva, ce centre de stockage de déchets nucléaires, le premier construit en France, a été conçu pour accueillir les matières de faible et moyenne activité à vie courte (FMA-VC), dont la radioactivité est très fortement atténuée au bout de 300 ans.
Mais ses 15 ha de talus recouverts de pelouse contiennent aussi du plutonium (militaire et civil), dont "l'activité est très faible après 200 000 ans" [pas "faible", mais divisée par 1000 au bout de dix périodes soit 240 000 ans] et des polluants chimiques, reçus à une époque où le stockage était moins réglementé. Près de 530.000 m3 de déchets se sont ainsi accumulés entre 1969 et 1994, date de la fermeture du CSM. Le centre de Solennes (Aube) a pris le relais pour les seuls FMA-VC, dans des conditions beaucoup plus strictes.
A Digulleville, les déchets sont stockés à 6 à 8 mètres sous terre et sur une épaisseur de 15 mètres. Le site baptisé "Haut marais" ne serait vraisemblablement plus choisi aujourd'hui, au vu de l'expérience acquise, selon la direction. Entreposés à l'air libre pendant 20 ans, les déchets ont ensuite été abrités sous une couverture bitumeuse construite entre 1991 et 1997. Mais la pluie a laissé des corrosions et l'état dégradé de certains fûts fait qu'on ne puisse les récupérer, selon la direction.
Malgré tout, "l'impact du centre sur son environnement reste très faible", selon l'Andra qui présente le CSM comme une "référence". L'AIEA y a d'ailleurs organisé en septembre le premier séminaire international de surveillance des déchets radioactifs. La "pérennité de la couverture" a fait l'objet de propositions de l'Andra début 2009, en cours d'instruction par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Il existe au total en France deux centres de
stockage en exploitation, celui de Solennes [il s'agi probablement du site de Soulaines] et celui de
Morvilliers (Aube) pour les déchets de très faible
activité (CSTFA) ouvert en 2004.Pour les déchets
à vie longue, qui doivent être stockés à
500 mètres de profondeurs, un site est expérimenté
à Bure (Meuse). Le choix d'un site définitif doit
être fait en 2015.