L'Est républicain, 29/12/2009:
La décision du conseil municipal de Bonnet de refuser par un vote franc et massif l'enfouissement dans son sous-sol de déchets hautement, et pour longtemps, radioactifs, n'en finit pas de susciter des réactions. Cette fois, c'est l'Eodra qui apporte son soutien dans une lettre ouverte adressée à tous les maires de Meuse et Haute-Marne. Derrière, on retrouve les élus lorrains et champardennais opposés à l'enfouissement des déchets radioactifs et favorables à un développement durable.
Leur président, Jean-Marc Fleury, conseiller municipal de Val-d'Ornain, village non loin de Bar-le-Duc, souligne l'importance de cet acte, puisque Bonnet fait partie de la zone de recherche approfondie, la maintenant fameuse ZIRA ; « déterminée par l'Andra (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) sans contrôle extérieur », rappelle l'élu.
Ce dernier ne manquant pas de souligner que la délimitation de la ZIRA est une étape capitale dans le processus de stockage en profondeur des colis nucléaires : c'est ni plus ni moins que « la fin du laboratoire et le début du centre d'enfouissement ». S'il applaudit la position de Bonnet, Jean-Marc Fleury considère qu'il est essentiel que toutes les communes refusent, elles aussi, cette implantation, fassent clairement savoir qu'elles sont derrière son conseil municipal.
C'est pourquoi l'association propose un modèle de délibération, téléchargeable sur internet à l'adresse suivante : http://www.stopbure.com/uploads/delib-bonnet.doc « Plus nous seront nombreux à la prendre, plus il sera facile au maire de Bonnet de résister à toutes les pressions extérieures qui vont assurément se manifester (préfecture, conseil général, députés et sénateurs, Andra... ) », ajoute le président de l'Eodra. Il demande non seulement un puissant appui sans faille mais espère en même temps que les trois autres communes qui se trouvent dans la ZIRA vont suivre l'exemple.
Le Républicain Lorrain, 31/10/2009:
Le conseil régional a adopté, hier, une «résolution» exprimant son opposition à la création d'un centre d'enfouissement de déchets radioactifs en Lorraine.
Le vice-président du conseil régional chargé de l'environnement, Daniel Béguin, a fait état de l'«inquiétude» des régions et des Etats limitrophes de la Lorraine, qui craignent de voir la Lorraine devenir «une région à fort risque nucléaire». Le Land de Sarre et le conseil parlementaire interrégional de la Grande Région ont officiellement fait part de leurs préventions, provoquées par l'appel à candidatures lancé en 2008 auprès de 3 115 communes françaises susceptibles d'accueillir un centre d'enfouissement de déchets «FAVL» (radioactifs à faible activité et à vie longue).
A l'automne 2008, quelques communes se sont porté candidates, dont plusieurs en Lorraine. Le 24 juin dernier, l'Andra (Agence nationale des déchets radioactifs) a annoncé la «présélection» de Pars-lès-Chavanges et d'Auxon, dans l'Aube Mais face à la contestation générale, celles-ci se sont rétractées.
L'Andra va donc relancer sa prospection. Avant la reprise des recherches, le conseil régional a adopté hier une motion d'une rare clarté : «Le conseil régional de Lorraine s'oppose à la création d'un centre d'enfouissement de déchets radioactifs à faible activité et à vie longue sur le territoire de la Lorraine.»
Non sans discussions, en particulier sur la liberté des communes à décider de leur sort. «Quelles compétences avons-nous, élus régionaux, de plus que les élus communaux pour prendre une telle décision ?», lance Jean-Philippe Wagner (sans étiquette). Au contraire, son ex-colistière Nathalie Pigeot (Front national) est d'accord avec Daniel Béguin pour constater que l'impact d'un tel projet «ne saurait se limiter au seul territoire des communes» ; mais elle affirme l'impuissance de la Région face à la décision que prendra l'Etat, quoi qu'il arrive En conséquence de quoi le groupe lepéniste s'est abstenu.
Les élus UMP ont choisi, eux, de ne pas participer au vote. Au nom du «principe de libre administration des collectivités territoriales», a expliqué Martine Huraut. Mais aussi pour ne pas s'associer à la position du Land de Sarre, dont Gérard Longuet a dénoncé la politique «irresponsable» en la matière. Le sénateur meusien a d'ailleurs nuancé la position de Mme Huraut ; pour lui, l'Andra s'est comportée avec «beaucoup de maladresse» dans cette affaire, en feignant d'ignorer qu'une telle décision ne pouvait être prise par une commune seule.
La résolution a donc été adoptée par les Verts, évidemment, et par les élus socialistes et communistes. Bien que favorable à l'énergie nucléaire, Jean-Yves Le Déaut estime contraire au «bon sens» une spécialisation lorraine dans la gestion des déchets, point de vue partagé par le président Masseret.
11/9/2009 - Le député-maire de Troyes François Baroin (UMP) demande au gouvernement "un moratoire" pour le choix d'un nouveau site de stockage de déchets nucléaires dans l'Aube après le retrait cet été des candidatures de deux communes retenues par l'Andra. "L'Aube qui a déjà apporté sa part dans le nucléaire n'est plus une bonne terre d'accueil pour un nouveau site de stockage", a déclaré à François Baroin.
Il juge notamment incompatibles les "tentatives de rebond économique par le tourisme et la viticulture d'un département qui souffre" et le risque de subir une "campagne internationale sur l'Internet qui menacerait ces tentatives". "Je demande au gouvernement un moratoire" sur la recherche d'un site dans l'Aube, a ajouté l'ancien ministre.
L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactif (Andra) avait annoncé le 24 juin la présélection de Pars-lès-Chavanges et Auxon, qui avaient fait acte de candidature pour la construction d'un site de stockage souterrain de déchets radioactifs de faible activité à vie longue (FAVL) à l'horizon 2011. Mais face à l'opposition de la population, les élus de Pars-les-Chavanges avaient voté le 4 juillet à l'unanimité le retrait de la candidature "pour apaiser un climat délétère", selon les termes de la maire Joëlle Pesme, qui dit avoir reçu des "menaces de mort".
Quant aux élus d'Auxon, qui avaient voté à une très large majorité la candidature pour le site de stockage, ils ont finalement rejeté le projet lors d'un conseil municipal extraordinaire le 11 août entraînant la démission du maire Jean-Louis Caillet. "Ce projet a été mal ficelé, et trop rapidement. On a en quelque sorte imposé ce choix de manière administrative", avait déclaré M. Baroin dans une interview à l'Est-Eclair daté de mercredi.
Après la défection des deux communes, le député de l'Oise François-Michel Gonnot, président de l'Andra, avait souligné que le gouvernement allait poursuivre le processus engagé et trouver deux nouvelles communes sur la base des candidatures enregistrées lors de l'appel d'offres.
L'Union, 8/9/2009:
Mercredi soir, les opposants au projet de centre d'enfouissement s'inviteront au conseil municipal. Avec un seul leitmotiv : « Non au projet Courot ».
ON a beau être le maire d'une petite commune, certains réveils sont difficiles. Pour Bertrand Courot, la rentrée des classes municipales, c'est ce soir. Une rentrée politique qui s'annonce tendue. A la suite de l'annonce de sa volonté d'examiner le projet d'accueil d'un centre d'enfouissement de déchets radioactifs, le premier élu a les oreilles qui sifflent dans les rues de la ville. Et sûrement les jambes qui flageolent d'impatience de s'expliquer et de « dépassionner le débat ». On lui souhaite bon courage.
Parce qu'en face, les troupes sont pluricéphales et surtout très remontées. Si l'opposition institutionnelle s'est montrée très discrète pour le moment, elle dégainera à coup sûr. C'est Bernard Rocha, pourtant le parrain en politique du maire actuel qui a tiré le premier. Les Verts ont suivi, certains élus locaux aussi. Désormais, ce sont les citoyens qui veulent prendre le dossier à bras-le-corps. Pour eux, ce projet, c'est niet. Et il n'y aucun aménagement possible. Il n'y a pas que dans la capitale du pied de cochon que la récente annonce du maire fait jaser. A Auve aussi, on a lu et largement commenté la déclaration de Bertrand Courot.
La fédé des familles rurales est contre. Elle a fait sortir de ses gonds Dietmar Wagner, membre de la fédération nationale des familles rurales. « Je refuse d'entendre parler de ce projet ici. J'ai le soutien des 4700 membres de notre association à travers tout l'Hexagone. Il faut tout mettre en oeuvre pour faire barrage à un nouvel examen d'une candidature. L'Argonne est un territoire relativement bien préservé. Il faut qu'il reste comme cela. Quant aux arguments économiques, ils passent au second plan. Je pense avant tout à l'aspect santé et qualité de vie » poursuit l'ancien militaire, qui durant son cantonnement à Munich, a été choqué par les expériences nucléaires auxquelles il a assisté de par ses fonctions.
Soulèvement numérique. Si les
voix s'élèvent physiquement, sur Internet, ce n'est
pas mal non plus. Hier matin, un communiqué tournait de
boîte de réception en blog écolo. On pouvait
lire : « A la surprise générale, le dossier
des déchets radioactifs fait de nouveau son retour dans
l'actualité de la commune de Sainte-Ménehould [...]
Nous invitons tous les habitants soucieux de préserver
leur santé, leur cadre de vie, leur environnement et l'image
de l'Argonne à assister au conseil municipal. Par notre
présence massive et déterminée mais silencieuse
et respectueuse, nos élus devront faire face à leurs
responsabilités. Rendez-vous dès 20 heures devant
l'hôtel de ville ». Pour une rentrée, ça
commence plutôt fort en Argonne.
L'affranchi de Chaumont, 14/8/2009:
Après le retrait des deux communes auboises, l'Andra est de nouveau à la recherche d'un site de stockage pour les déchets FAVL.?
A défaut d'avoir gagné la guerre, les opposants à l'enfouissement des déchets radioactifs viennent de remporter une bataille importante dans le dossier des déchets dits FAVL (faible activité-vie longue). Avec le retrait des candidatures d'Auxon et de Pars-lès-Chavanges, les deux communes auboises qui avaient été sélectionnées par le gouvernement et l'Andra, ils ont réussi à gripper tout le processus.
"Ils peuvent être satisfaits, et fiers d'eux, les habitants concernés par ce projet de poubelle nucléaire souterraine. Complètement ignorés dans le processus ourdi par les pouvoirs publics, ils viennent de démontrer et de manière cinglante qu'un énorme lobby tel que le nucléaire pouvait être contrecarré", se félicite la "Fédération Grand Est Stop Déchets nucléaires" dans un communiqué diffusé ce jeudi 13 août, peu de temps après la réunion du conseil municipal d'Auxon.
La maire d'Auxon parle de menaces et d'un "climat de peur" entretenu par les opposants
De son côté, le maire d'Auxon, justement, a dénoncé un "climat de peur" instauré par les opposants et les pressions exercées auprès des élus jusqu'à ce qu'ils changent d'avis. Devant les caméras, il a même parlé de "menaces de mort".
Reste à savoir si ce retournement de situation ne va pas permettre de remettre en selle les communes haut-marnaises qui avaient fait acte de candidature, et qui figurent ainsi, avec quelques autres communes de l'Est de la France, sur une "liste d'attente".
L'Andra va prendre son temps avant d'annoncer un nouveau site
Dans un reportage diffusé le 12 août sur Arté, la directrice de l'Andra Marie-Claude Dupuis a préféré botter en touche. "On va prendre un peu de temps avant d'annoncer un nouveau site", a-t-elle déclaré, se disant convaincue que "prendre tout de suite les prochains sur la liste conduirait au même résultat". Et de marteler : "C'est tellement facile de faire peur aux gens !"
"L'Andra planche déjà sur une nouvelle stratégie de persuasion", en a conclu la journaliste qui a réalisé ce reportage. De quoi aiguiser la curiosité de bien des opposants....
L'Express, 13/8/2009:
Plus aucune commune ne se porte candidate au projet d'implantation d'un centre d'enfouissement de déchets nucléaires en France. La réaction de Stéphane Lhomme, porte-parole de Sortir du nucléaire.
Que pensez-vous du retrait de la candidature de la commune d'Auxon ?
C'est une bonne chose. Il ne reste plus aucun candidat prêt à répondre aux offres utopiques de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactif. Il faut arrêter de penser qu'en enfouissant des déchets dans des zones "sécurisées", les problèmes du nucléaire seront réglés. A titre d'exemple, dans les années 1980, un site avait été créé dans une ancienne mine de sel à Asse en Allemagne. Aujourd'hui, c'est une catastrophe nucléaire: le site, mal sécurisé, pollue les terres et nappes phréatiques des alentours.
Que préconisez-vous en matière de stockage des déchets ?
Il n'y a pas de solution, que des options... de mauvaises options. Mais, pour nous, l'enfouissement est la pire de toutes. Cette méthode ne fera pas disparaître les déchets comme par magie, et tôt ou tard, ça se finira en carnage. De manière générale, nous souhaitons l'arrêt de la production de déchets nucléaires. C'est pourquoi, tant que la sortie du nucléaire n'est pas décidée, nous refusons de nous asseoir autour d'une table et de chercher des "solutions" car, sinon, la production de déchets continuera. Grâce à l'acharnement des associations américaines, le projet de site d'enfouissement de UK Mountain a été annulé par Barack Obama. Une initiative qui a porté ses fruits puisqu'il n'y a plus de site de ce genre aux Etats-Unis.
De manière générale, que pensez-vous de la situation nucléaire en France ?
Globalement, le réseau Sortir du nucléaire est plutôt optimiste. Alors que le monde se trouve face à un fort effet d'annonce sur une supposée "renaissance" du nucléaire, on constate que depuis le début de la crise économique il y a de plus en plus d'annulations. L'industrie nucléaire est un gouffre financier, et la crise économique amorce son déclin. Bien sûr, il reste encore 58 réacteurs nucléaires en France, plus un en construction, mais il est peu probable d'assister à de nouvelles constructions [rappel: Il y a déjà 12 à 15 réacteurs de trop en France!]. Cette tendance nous rassure, bien que nous soyons toujours exposés aux déchets et bien entendu aux risques de catastrophes.
12/8/2009 - Deux communes de l'Aube retenues par l'Andra pour accueillir un site de stockage de déchets radioactifs ont officiellement rejeté le projet, après un vote négatif mardi soir du conseil municipal d'Auxon. Le maire d'Auxon, Jean-Louis Caillet, toujours fervent partisan du projet, a indiqué mercredi qu'il avait adressé sa démission au préfet par lettre recommandée le 4 août, à cause du revirement des élus. "Le préfet a jusqu'au 5 septembre pour donner sa réponse", a-t-il précisé. "Pour moi, la commune n'est pas gérable. Je n'ai plus confiance dans une grande partie du conseil municipal", a-t-il ajouté. L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactif (Andra) avait annoncé le 24 juin la présélection de Pars-lès-Chavanges et Auxon, qui avaient fait acte de candidature pour la construction d'un site de stockage souterrain de déchets radioactifs de faible activité à vie longue (FAVL) à l'horizon 2011. Mais face à l'opposition de la population, les élus ont fait depuis marche arrière. Les élus d'Auxon, qui avaient voté à une très large majorité la candidature pour le site de stockage, ont finalement voté mardi soir à une large majorité contre le projet, lors d'un conseil municipal extraordinaire. Les élus de Pars-les-Chavanges avaient aussi voté le 4 juillet à l'unanimité pour le retrait de la candidature "pour apaiser un climat délétère", selon les termes de la maire Joëlle Pesme, qui dit avoir reçu des "menaces de mort". "Le projet a toujours été fondé sur le volontariat", avait indiqué en juillet le député de l'Oise François-Michel Gonnot, président de l'Andra, qui avait dénoncé "une campagne de dénigrement, de violences et de mensonges inimaginables" envers les élus. Il avait souligné que le gouvernement allait poursuivre le processus engagé et trouver deux nouvelles communes sur la base des candidatures enregistrées lors de l'appel d'offres.
Libération, 11/8/2009:
Nucléaire. Le bourg refuse le stockage de déchets
Une petite commune de l'Aube sera au centre de l'attention des militants antinucléaires français ce soir. Le conseil municipal d'Auxon, 1 000 habitants, devrait en effet voter son retrait du projet de construction d'un centre de stockage souterrain de déchets radioactifs sur sa commune. Ce serait la seconde victoire en l'espace d'un mois pour les opposants aux «poubelles nucléaires».
Le projet remonte à juin 2008. Le ministère de l'Ecologie confie alors à l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) le soin de trouver un site pouvant accueillir les déchets à faible activité à vie longue (FA-VL), issus des réacteurs de première génération. A l'époque, plus de 3 000 communes se portent candidates, attirées par la manne financière promise par ce type de projet. La liste est resserrée à 43 noms, et l'Andra livre finalement, le 24 juin, une sélection de deux communes, retenues pour la qualité de leur sous-sol : Pars-lès-Chavanges et Auxon, toutes deux dans l'Aube.
«Négatifs». Mais, le 4 juillet, le conseil municipal de Pars-lès-Chavanges jette l'éponge. Première victoire pour les anti-enfouissement. A Auxon, la mobilisation met plus de temps à prendre. «On a énormément tracté, raconte Laëtitia Carougeat, présidente de l'association Auxon dit non. C'était compliqué de faire comprendre aux gens qu'il était possible de se lever contre le maire et les institutions.» Des rassemblements de plusieurs centaines de personnes sont organisés devant le domicile de Jean-Louis Caillet, le maire (DVD) d'Auxon. Ce dernier, qui espérait «doubler le budget de la commune [environ 1 million d'euros, ndlr], créer des emplois et développer l'économie locale» avec ce projet, déplore aujourd'hui «les arguments négatifs développés par les antinucléaires». Au point de remettre sa démission au préfet de l'Aube.
Menaces de mort. Nicolas Dhuicq, député UMP de la première circonscription de l'Aube, évoque, lui, des «peurs irrationnelles» et dénonce les «méthodes quasi terroristes employées auprès des élus». Laëtitia Carougeat condamne «évidemment» les menaces de mort et les injures dont a été victime Jean-Louis Caillet. Mais, pour elle, «le débat est resté serein. On a fait comprendre aux gens que leurs produits AOC, par exemple, n'étaient pas forcément compatibles en termes d'image avec un centre d'enfouissement de déchets radioactifs». Devant la mobilisation des Auxonais - près de 120 habitants ont adhéré à l'association -, un sondage en porte-à-porte est organisé le 10 juillet. Le verdict est sans appel : plus de 70 % de la population se prononce contre le centre de stockage. La majorité des conseillers municipaux change alors de ligne et se retire du projet de l'Andra.
Si ces deux communes abandonnent, l'Andra a
toujours une liste d'une dizaine de volontaires sous le coude,
même si son directeur général adjoint, Jean-Paul
Baillet, regrette «la violence des réactions et le
manque de bon sens des opposants». A charge désormais
pour le ministère de l'Ecologie de choisir, au retour des
vacances, de nouvelles villes candidates. De son côté,
Laëtitia Carougeat se félicite de cette «belle
victoire», puisque c'est une des premières fois qu'un
projet de stockage de déchets radioactifs est retoqué
par la population locale. Mais elle reste vigilante, plusieurs
communes de la région pouvant en effet être sollicitées
par l'Andra.
Communiqué, vendredi 24 Juillet:
Fédération Grand-Est STOP déchets nucléaires
BP 17 - 52101 SAINT DIZIER Cedex - FRANCE
www.burestop.org - www.villesurterre.com
portail internet spécifique en gestation
Coup de trafalgar dans le ciel serein du nucléaire "propre". Le Conseil d'Etat se voit saisi par le monde du champagne, secteur économique de première importance, pour stopper les dégâts de l'Andra, Agence en charge des déchets radioactifs de la France.
En effervescence, le monde du champagne ! S'il
est des breuvages doux au palais, celui de la poubelle nucléaire
de Soulaines n'est assurément pas du goût du CIVC,
Comité interprofessionnel du vin de Champagne. Lourd dossier
sous le bras, il vient de saisir le Conseil d'Etat pour obtenir
l'arrêt total des rejets radioactifs liquides et gazeux
d'un site très particulier. Arrêt des rejets ? Mission
impossible car présenté par son exploitant, l'Andra
(Agence nationale des déchets radioactifs), comme une référence
internationale en matière de gestion des déchets
nucléaires, la réalité de Soulaines se veut
beaucoup moins reluisante.
Dès 1995, l'association CEDRA (Collectif contre l'enfouissement
des déchets radioactifs / Haute-Marne) se plongeait dans
l'étude du dossier et découvrait au fil du temps
un marigot invraisemblable. Quantité de promesses faites
avant l'implantation du site avaient été ensuite
allègrement bafouées. Des bouffées de rejets
radioactifs (illégaux) arrosaient en continu les populations
de la région. Des déchets venaient atterrir là
alors que manifestement ils n'avaient rien à y faire (uranium
et plutonium par exemple). Quant aux élus, ils fermaient
les yeux, restaient sourds aux alarmes du Cedra, aveuglés
par les juteuses retombées financières de l'Andra
(établissement industriel et économique).
Pourtant, la réalité des choses se dévoilait
par une étude scientifique confiée par le Cedra
à la Criirad (1) et financée par la région
Champagne-Ardenne. En novembre 2006 était confirmé
l'ensemble des tares du site Andra de Soulaines, ses rejets radioactifs
qui pourraient impacter la santé des riverains... L'association
locale "La Q.V" (la qualité de la vie) se réactivait,
avec un dynamisme remarquable depuis. En Haute-Marne, des "citoyens
du coin" s'inquiétaient au point que -après
bien des atermoiements- une enquête sanitaire est actuellement
diligentée par l'InVs (Institut national de veille sanitaire).
Et le CIVC s'informait de la teneur du dossier technique et scientifique,
conscient de l'image catastrophique donnée par l'incurie
de la poubelle Andra sur l'image du champagne, le roi des vin.
Malgré la discrétion du Conseil d'Etat ces derniers
jours (pas de réponse aux demandes téléphoniques
et informatiques répétées), l'affaire commence
à transpirer, notamment à travers un média
citoyen et www.villesurterre.com
L'affaire de Soulaines remet en cause et
discrédite la gestion "à la française"
des déchets nucléaires.
Elle va également avoir bien d'autres répercussions
: sur le dossier actuel de la recherche de site pour déchets
dits "FAVL" (faible activité - vie longue) ainsi
que sur celui de l'enfouissement à BURE (Lorraine/Champagne), tous deux truffés de tromperies, malversations, et autres scandales
répétés .
Déchets nucléaires : ni en Champagne-Ardenne,
ni en Lorraine, ni ailleurs... et surtout ne pas les enfouir !
(1) www.criirad.org
/ page d'accueil / colonne de droite / dossiers d'actualité
/ 8.11.2006 - Site de stockage de déchets radioactifs de
Soulaines
Nos remerciements les plus vifs au journaliste qui nous a mis
sur la piste CIVC-Conseil d'Etat
Les Echos, 21/7/2009:
Les antinucléaires ont poussé les deux communes de l'Aube retenues pour accueillir un site de stockage de déchets nucléaires à se retirer. Le maire d'Auxon veut démissionner. L'Andra tire les leçons de ces échecs.
Jean-Louis Caillet jette l'éponge.« Je veux retrouver une qualité de vie et présenterai ma démission aux alentours du 31 juillet prochain, déclare le maire d'Auxon. C'est un immense gâchis. » Il va convoquer un conseil municipal afin d'entériner la position émise par ses conseillers le 10 juillet dernier lors d'une réunion d'ordre privée. Ils se sont tous prononcés pour le retrait de la candidature d'Auxon de la course à l'accueil d'un site de stockage de déchets nucléaires. « J'ai reçu des menaces de mort par téléphone. Même mon premier adjoint est venu manifester devant chez moi », affirme le maire de ce village de 1.000 habitants.
Le coup est aussi rude pour l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Pars-lès-Chavanges, l'autre commune retenue pour accueillir les déchets issus du démantèlement des centrales nucléaires de première génération s'était, elle aussi, retirée de la course le 4 juillet dernier. « Nous avions émis une liste de 10 bons ou très bons sites potentiels pour implanter ce site de stockage de 150.000m3, les deux premiers sont tombés, il en reste huit », veut se rassurer François-Michel Gonnot, le président de l'agence. Parmi elles, la commune de Hampigny a déjà confirmé sa candidature.
Mais il n'est pas sûr que ce soit aussi simple. « Nous allons diriger notre énergie vers les autres sites de la région », affirme Laetitia Carougeat, présidente de l'association Auxon dit non, qui a fait campagne pour l'abandon du projet. « Nous voulons informer les élus et les citoyens, leur donner un avis différent de celui de l'Andra. » Cette dernière veut tirer les leçons. « Pour empêcher qu'un groupuscule s'empare de l'opinion publique », François-Michel Gonnot souhaite dorénavant « s'assurer que les municipalités aient bien compris le projet et diffusé l'information auprès de la population ».
Entre retombées économiques et peur des radiations, la guerre de l'information va donc continuer auprès des populations, avec en filigrane une remise en cause du développement nucléaire français. « Si on n'arrive pas à gérer nos déchets, pourquoi continuer à en produire ? » demande Laetitia Carougeat.
L'Est Eclair, 21/7/2009:
Si Christian Rouyer a salué, dès hier « la position courageuse » du maire d'Hampigny qui, dans notre édition d'hier, expliquait pourquoi il maintenait la candidature de sa commune, le préfet de l'Aube entend également calmer le jeu et rassurer la population.
Tout en parlant d'une « décision politique, au sens noble du terme, qui honore ce maire », le représentant de l'État précise aussitôt, ne pas savoir, à l'heure actuelle si « la candidature d'Hampigny sera retenue ». Christian Rouyer se veut clair : « En tout état de cause, il n'y a aucune urgence. Nous devons nous donner le temps d'un débat serein, loin des anathèmes, des invectives, des menaces et surtout des contre-vérités assénées en jouant sur l'émotionnel et sans permettre à la population de disposer de toutes les informations pertinentes pour peser le pour et le contre. »
De quoi ramener un peu de calme ? Mais si d'aventure Hampigny venait à être choisie pour pallier le désistement de Pars-lès-Chavanges, le préfet réaffirme d'ores et déjà ses engagements, comme la constitution rapide d'un comité de suivi des études « pour assurer la parfaite transparence du processus qui sera conduit pendant deux ans » ou encore la constitution, dès la rentrée, d'une « commission composée essentiellement d'élus locaux et de représentants des milieux économiques [...] pour prendre en compte les contraintes imposées par les activités économiques existantes ».
Ultime garantie, et non des moindres, réaffirmée par le représentant de l'État : la volonté de « donner le dernier mot, dans deux ans, au conseil municipal d'Hampigny ».
L'Est Eclair, 21/7/9:
Propos recueillis par Sandra Roger
LES REPONSES DE L'ANDRA
Jean-Paul Baillet, directeur général adjoint de
l'Andra, répond aux propos tenus hier dans nos colonnes
par le maire d'Hampigny et réagit au sujet de la démission
du maire d'Auxon.
Que répondez-vous quand Hervé
Chambon, maire d'Hampigny, dit, à propos du retrait de
la candidature de Pars-lès-Chavanges et de celle imminente
d'Auxon, « j'aurais bien aimé que le président
de l'Andra se mouille aussi » (voir notre édition
d'hier) ?
- M. Gonnot (le président du conseil d'administration de
l'Andra, N.D.L.R.) est très disponible. Il était
difficile pour lui de se découper entre trente-huit communes
sans savoir quelles seraient les communes retenues.
Et quand les deux communes ont été
retenues ?
- Les opposants, qui ont le droit de s'opposer, s'étaient
préparés depuis un certain nombre de mois pour pouvoir
apporter la contradiction dans les communes choisies. Et comme
les maires ont eu le courage de convoquer immédiatement
des réunions publiques, ça a permis aux opposants
d'êtres majoritaires dans ces réunions. Tout le monde
a pu s'exprimer mais ensuite les choses se sont déroulées
de telle sorte qu'on n'était plus dans le domaine de la
réalité. On a eu droit aux passions, aux peurs et
à un manque de réalisme.Les opposants sont les premiers
à allumer la lumière ou le chauffage chez eux. Les
déchets, tout le monde en fait, mais personne n'en veut.
Dans le rapport remis au gouvernement par l'Andra, il est indiqué que la commune d'Hampigny n'a pas été retenue parce qu'une « forte proportion du territoire communal est située en zone inondable avec une topographie de la vallée assez douce, ce qui ne laisse pas suffisamment d'emprises disponibles pour implanter un centre de stockage ». Cette commune peut-elle toujours être retenue ?
- Hampigny, de par sa géologie souterraine est dans la course. Inversement, il est vrai que si pour une raison ou pour une autre, Hampigny devait être choisie, ce serait plus difficile en surface bien évidemment. Mais ce n'est pas impossible. Ce qui compte essentiellement, c'est la géologie souterraine. Mais je pense que le gouvernement choisira un endroit où la surface se prête bien à l'accueil d'un centre. Le fait qu'il y ait des zones inondables n'est pas en soi rédhibitoire mais les travaux à faire en surface pour se protéger d'une inondation sont plus importants là où il y a un risque. Ce n'est quand même pas idéal.
Hampigny ne serait donc pas le choix de l'Andra
?
- Si l'Andra devait faire un centre à Hampigny (par choix
du gouvernement, N.D.L.R.), elle le ferait.
Quel regard portez-vous sur la démission du maire d'Auxon (lire par ailleurs) ?
- Si le maire d'Auxon souhaite démissionner, il le fera. C'est une décision purement personnelle du maire.
Une « décision personnelle »
mais qui est quand même liée à la candidature
de la commune ?
- Disons qu'un certain nombre de gens le poussent à la
démission. Il a pris une décision considérée
à tort ou à raison comme non démocratique.
Mais dire que ce n'est pas démocratique quand les personnes
qui expriment cet avis-là ne sont pas d'accord me paraît
ne pas correspondre à un État de droit. Un conseil
municipal a été élu et il n'a aucune restriction
de vote ou de prise de décision en ce qui concerne l'implantation
d'un centre de déchets et, à plus forte raison,
d'études aboutissant éventuellement à la
construction d'un centre de déchets. Le conseil municipal
est souverain, c'est au conseil municipal de décider.
Pouvez-vous nous en dire plus aujourd'hui sur le calendrier ?
- Non. Il y a des discussions au niveau du cabinet, probablement des grands élus, mais aujourd'hui je n'ai pas d'information particulière au niveau du calendrier.
L'Est Eclair, 21/7/9:
Si la population d'Hampigny est partagée, une association antinucléaire est en création et des conseillers municipaux souhaitent se réunir. Les esprits étaient partagés, hier, à Hampigny sur la candidature de la commune à l'accueil d'un centre de stockage nucléaire, candidature réaffirmée hier dans nos colonnes par son premier magistrat.« C'est le maire qui décide. Que ce soit ici ou ailleurs, je fais confiance », lance Lucette. « Je ne suis pas contre, parce qu'il y a déjà une poubelle à côté.
Alors, une de plus ou une de moins. S'il y a une fuite à Soulaines, on aura autant de problèmes, alors autant que ça soit nous qui profitions des avantages », lance une autre habitante. Jérôme, quant à lui, attend d'avoir plus d'informations : « Ça peut être pas mal dans le fait que ça peut amener des emplois dans la commune. Après, je ne sais pas, j'attends des informations. Il ne faut pas faire ça à la hâte parce que ça peut apporter des sous. »
D'autres sont d'ores et déjà contre, comme Thiphaine : « Je ne suis pas d'accord, déjà pour les petits. Ils les mettent ailleurs ou ils trouvent une autre solution. Ça amènerait de l'activité ? Une sacrée activité oui ! » « Je ne suis pas d'accord pour la santé des gens et enfouir les produits, tôt ou tard, ça va nous sauter à la figure », ajoute Claudette.
Un peu plus loin, Nathalie Chrétien annonce qu'une association antinucléaire va se créer et que celle-ci comprend une vingtaine de personnes. Par ailleurs, devant le revirement de situation (leur commune non retenue par l'Andra puis de nouveau dans la course), des conseillers municipaux d'Hampigny qui ont voté favorablement à la candidature, souhaitent aujourd'hui se réunir pour éventuellement revoir leur position.
Après Auxon, l'histoire se répéterait-elle à Hampigny ? Si on ne peut pour le moment présager du résultat d'une éventuelle consultation populaire, ce qui est sûr, c'est que ce sujet brûlant et déterminant pour l'avenir de la commune ne laisse pas indifférent et laisse entrevoir des débats des plus mouvementés
France Info, 20/7/2009:
Dans le département de l'Aube, deux villages renoncent à un projet de stockage de déchets radioactifs pour lequel ils s'étaient pourtant portés candidats. La pression des écologistes et des habitants était trop forte. L'un des maires va même démissionner pour protester contre ce lobbying.
Reportage radio :
http://www.france-info.com/spip.php?article321007&theme=9&sous_theme
Pars-lès-Chavanges et Auxon jettent l'éponge. Ces deux communes de l'Aube avaient été présélectionnées par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) en vue de la construction d'un site de stockage souterrain de déchets radioactifs de faible activité à vie longue (FAVL) à l'horizon 2011. Mais le bras de fer avec les associations antinucléaires a finalement eu raison de ces projets.
L'Est Eclair, 20/07/2009:
Hervé Chambon, maire de la commune de 260 habitants réaffirme sa volonté d'avoir un débat serein sur cet enjeu national
Quel est votre constat sur la grogne qui s'est
engagée dans le département ?
- Aujourd'hui, je suis solidaire de mes collègues. C'est
l'extrême difficulté des élus d'une commune
rurale. Il n'y a pas eu de soutien de la part des élus,
seul le Préfet a joué son rôle de médiateur
avec les moyens et la réserve qu'il a. J'aurais bien aimé
que le président de l'Andra se mouille aussi. Nous sommes
directement redevables aux concitoyens. C'est normal qu'ils s'interrogent,
se posent des questions ! Un élu est là pour tracer
le chemin et expliquer. Je pense que mes collègues étaient
sincères dans leur projet mais ils ont subi l'intégrisme.
Certains antinucléaires et élus vivent dans des
cantons qui profitent de la manne financière de l'Andra
et ils sont contre. Eux aussi produisent des déchets !
Alors qu'est-ce qu'on en fait ? C'est là la vraie question.
Et où les met-on ? On les enfouit ou on les laisse à
l'air libre ? Un centre de stockage n'est pas non plus une centrale
nucléaire !
Vous maintenez donc votre candidature ?
- La candidature a été posée en septembre
2008 avec une décision de l'Andra de ne pas retenir la
commune en juin pour des raisons qui leur appartiennent. J'attends
surtout leur réponse sur le revirement de Pars-lès-Chavanges
et peut-être d'Auxon. La commune d'Hampigny est toujours
candidate aux études, à la première étape.
C'est une position culottée aujourd'hui
?
- C'est une position extrêmement difficile. Il faut oser
apporter une réflexion sur ce qui s'est passé. Ce
qui s'est passé là-bas aurait pu se passer à
Hampigny et j'aurais été aussi désarmé
qu'eux. Mais des choux, des pommes de terre ou du lait on en trouve
aussi à Soulaines, Fessenheim ou Nogent. Les produits agricoles
n'ont pas à craindre les installations. Est-ce qu'on a
tout arrêté ailleurs ? Non. Les producteurs vendent
leurs produits normalement. Il faut oser répondre à
ça. Aujourd'hui, on a beaucoup entendu les contre, on n'a
peu entendu les pour. Que chacun réfléchisse à
ces bases, qu'on revienne aux fondamentaux.
N'avez-vous pas peur de mettre un doigt dans
l'engrenage ?
- La procédure est de prendre une délibération
autorisant les études et seulement à la fin se prononcer
pour le centre. C'est une procédure démocratique
et républicaine pour les habitants de la commune et eux
seuls. Un conseil municipal doit prendre ses responsabilités,
même si on est élu pour six ans. On a Soulaines à côté, on a
les inconvénients sans les avantages, on est dans le même
bassin versant. Je ne vois pas où est la différence.
Pourtant Hampigny souhaite faire partie du
Parc Naturel. N'est-ce pas incompatible ?
- Oui, le conseil municipal a accepté la charte à
la majorité. Pour moi ce n'est pas incompatible dès
lors qu'on voit les équipes du Parc intervenir au sein
de l'Andra pour une conférence sur les zones humides. Regardez
Soulaines. On n'a pas enlevé le camping, les chemins de
randonnée et la tuilerie. Comme quoi le tourisme et la
protection de l'environnement ne sont pas incompatibles ! Et que
dire de l'agrandissement d'un centre d'enfouissement d'ordures
ménagères à Montreuil-sur-Barse, dans le
périmètre du Parc ? Assumons nos responsabilités
!
Comment réagir face à la pression
?
- Nous sommes en démocratie et on ne devrait pas s'exprimer
sous la pression et les menaces, mais dans la sérénité.
À Pars et à Auxon, personne n'est venu les soutenir.
Pourquoi ont-ils reviré ? On peut les comprendre, ils veulent
le calme dans leur commune, c'est ce qu'on veut tous. Mais on
veut aussi faire avancer nos communes. Aujourd'hui, on n'a pas
été assez clair. On doit faire retomber le soufflé,
se reposer, sans se monter les uns contre les autres. On a deux
ans pour voir ça. Pour l'ensemble de la population, on
a besoin de soutien des élus et de l'Andra pour faire comprendre,
faire un débat qui soit juste pour se décider objectivement.
Après, ce sont des emplois pour cinquante ans dans un désert
économique.
Comment pouvez-vous faire respecter la sérénité
des débats ?
- Je privilégie le débat public réservé
en priorité aux habitants de la commune. Seuls eux pourront
décider. On vit dans un monde de peur. On vit tous avec
des portables dans la poche mais on ne veut pas d'antenne chez
nous, toujours chez le voisin. Ce que je veux, c'est la prospérité
de nos communes du Nord-Est aubois. Qui n'avance pas recule.
Le Monde, 19/7/2009:
Face à l'hostilité croissante de la population et des écologistes, les deux communes de l'Aube sélectionnées par le gouvernement et l'Agence Nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) pour y installer un centre d'enfouissement de déchets nucléaires de faible activité à vie longue (FA-VL) ont préféré se désister.
Les protestations sont allées crescendo depuis que les noms de ces deux villages aubois (74 habitants à Pars-lès-Chavanges, un millier à Auxon) sont sortis du chapeau, le 24 juin. Ces communes avaient été choisies parmi 42 encore en lice, sur les 3 115 pressenties à l'origine. Joëlle Pesme, maire de Pars-lès-Chavanges évoque même un "déchaînement de violence", un déluge d'insultes et de menaces, orales ou écrites. Ce climat délétère a fait reculer de nombreux conseillers municipaux. Pars a fait machine arrière dès le 4 juillet et l'assemblée délibérante d'Auxon a exigé la convocation d'un conseil municipal extraordinaire afin de délibérer en faveur du retrait de la candidature. Le maire d'Auxon, Jean-Louis Caillet, a jusqu'au 10 août pour se plier à cette injonction.
M. Caillet a le "sentiment d'un inimaginable gâchis". "Nous sommes une région pauvre, et ce centre de stockage représentait une opportunité unique de développement, avec la création de 200 emplois à terme, explique-t-il. Les retombées économiques pour la commune auraient été de l'ordre de 1,5 à 2 millions d'euros par an, quand notre budget atteint 1 million d'euros, sans oublier les quelques dizaines de millions d'euros qui auraient profité à l'ensemble du territoire."
TOURISME VERT
Deux centres de stockage sont déjà implantés dans l'Aube. Ce département de Champagne-Ardenne semble en effet très apprécié par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, tant pour la qualité de son sous-sol argileux que, jusqu'à présent, pour le caractère conciliant de la population locale. Le refus cette fois a été partagé à la fois par les antinucléaires et par les représentants des communes avoisinantes.
Présidente de l'association Auxon dit non - pendant de l'association Ni à Pars, ni ailleurs -, Laetitia Carougeat s'est opposée avec vigueur au centre de stockage : "Nous ne voulons pas laisser souiller les terres que nous ont léguées nos ancêtres. Enfouir, c'est favoriser l'oubli et l'abandon", explique-t-elle.
L'action des associations "au nom du principe de précaution" a été relayée par la grogne de maires et présidents de communautés de communes qui misent sur le tourisme vert pour développer leur territoire, associé au vignoble champenois. Les édiles misent d'ailleurs sur l'extension attendue de l'aire d'appellation champagne, qui autorisera une quinzaine de communes auboises supplémentaires à produire le précieux raisin. L'une d'entre elles se trouve à une dizaine de kilomètres seulement de l'ex-futur site de l'Andra.
Contraints de modifier leur projet, l'Etat et l'Andra vont devoir repêcher d'autres candidats dans le réservoir des communes "très intéressantes" ou "intéressantes" d'un point de vue géologique. Cinq communes auboises figurent sur cette liste.
Les pouvoirs publics prendront-ils le risque
de déplacer le problème dans un département
où une centrale nucléaire, celle de Nogent-sur-Seine, avait pu voir le jour il
y a une vingtaine d'années contre le gré des habitants
? "Aujourd'hui, ce ne serait plus possible", estime
le maire de la ville.
15/7/2009 - Les deux communes de l'Aube retenues pour la recherche d'un site de stockage de déchets radioactifs, ont retiré leur candidature ou sont en passe de le faire, a-t-on appris mercredi auprès des mairies. Pars-lès-Chavanges a déjà retiré sa candidature au cours d'une délibération et Auxon s'apprête à le faire au cours d'un conseil municipal extraordinaire.
L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactif (Andra) avait annoncé le 24 juin la présélection des deux communes de l'Aube en vue de la construction d'un site de stockage souterrain de déchets radioactifs de faible activité à vie longue (FAVL) à l'horizon 2011.
"Nous avions organisé avec l'Andra une réunion d'information pour la population le 29 juin", a expliqué Joëlle Pesme la maire de Pars-les-Chavanches, commune rurale de 75 habitants. Selon elle, "ça a vite tourné à la cacophonie, et l'irrationel l'a finalement emporté. Le débat avec les associations antinucléaires était impossible". Le 4 juillet, lors d'un conseil municipal extraordinaire, "le retrait de Pars-les-Chavanges a été voté à l'unanimité pour apaiser ce climat délétère", a précisé la maire DVD de 64 ans qui affirme avoir reçu des "menaces de mort".
Le climat a également évolué à Auxon où le conseil municipal, qui avait voté à une très large majorité la candidature, demande maintenant au maire la tenue prochaine d'un conseil exceptionnel pour voter le retrait. "Les élus ont consulté la population qui est majoritairement contre le site, la peur s'est installée et c'est irréversible", a précisé l'adjoint au maire d'Auxon Gérard Fardet. Selon lui, il est impossible d'avoir un débat constructif avec les opposants,"tout est contesté même ce qui est incontestable. (...) J'aurais préféré un débat fondé sur l'intelligence et non sur les passions irrationnelles".
Laetitia Corougeat qui préside l'association d'opposants au projet de site d'enfouissement "Auxon dit non", affirme au contraire "révéler les problèmes liés au stockage. Ce sont les élus et l'Andra qui n'ont pas su répondre correctement aux inquiétudes des populations". "L'Andra a des moyens financiers colossaux, mais plutôt que d'acheter les communes, nous pensons que ces moyens devraient être utilisés pour traiter les déchets sur place. Enfouir c'est favoriser l'oubli et nous pensons aux générations futures", a-t-elle poursuivi.
L'Andra a pris acte de cette situation. "Le projet a toujours été fondé sur le volontariat et les élus peuvent se retirer quand il veulent", a commenté le député de l'Oise François-Michel Gonnot, président de l'Andra. Il a dénoncé "la campagne de dénigrement, de violences et de mensonges inimaginables" envers les élus.
Selon lui, le gouvernement va poursuivre le processus engagé et trouver à nouveau deux communes possibles sur la base des candidatures enregistrées lors de l'appel d'offres. "Nous ferons en sorte d'expliquer mieux le projet aux élus comme aux populations avant que retentissent des effets d'annonce qui laissent libre cours à des campagnes inqualifiables", a-t-il souligné.
L'Est éclair, 11/7/2009:
Doit-on se méfier de la gestion des déchets radioactifs de la part de l'Andra ? Éléments de réponse pour se forger une opinion:
Que prévoit-on d'enfermer dans ce nouveau centre de stockage de déchets radioactifs ?
Les déchets dits FA-VL (de faible radioactivité mais à vie longue) sont pour la plupart déjà produits. Ils représentent actuellement 7,2 % des déchets radioactifs en France. En attente de solution, ils ont une durée de vie de plusieurs milliers d'années. Exemple, le carbone 14 a une durée de vie de 5 000 ans. Leur stockage en surface n'est pas possible « du fait de l'érosion », nous dit-on. Dans un centre « cinq fois plus petit que Soulaines », on prévoit de stocker, entre 15 et 200 mètres de profondeur, 150 000 m3 de déchets graphites (provenant d'anciennes centrales), radifères (radium) et autres déchets (déchets bitumes).
Où sont-ils en ce moment ?
Les déchets, identifiés depuis vingt ans, se trouvent toujours sur leur site de production. Les opposants au projet de stockage demandent à ce qu'on n'y touche pas. « Si on les laisse, on ne peut garantir la sécurité des personnes autour », explique l'Andra, préférant surveiller un seul et unique site plutôt que beaucoup de petits sites partout en France. « L'entreposage n'est pas une solution pérenne », soutient l'Andra.
Le projet industriel de l'Andra (stockage en profondeur) est-il figé ?
Dans les grandes lignes, oui : trouver une épaisseur d'argile suffisante avec des caractéristiques définies à une profondeur raisonnable. Deux concepts à l'étude : stockage sans couverture intacte (creuser des galeries souterraines, mise en stockage dans les alvéoles grâce à des engins pilotés à distance) et stockage sous couverture remaniée (creuser à ciel ouvert avec les colis déposés dans les alvéoles). « En l'état actuel des connaissances, c'est la meilleure des solutions », soutient l'Andra.
Doit-on douter de la « transparence » de l'Andra ?
D'après l'Autorité de sûreté nucléaire, « l'Andra est l'un des exploitants nucléaires les plus rigoureux et transparents qu'on peut avoir ». Ce que contestent les antinucléaires qui affirment que l'Andra cache son jeu depuis déjà de nombreuses années.
Quelles retombées ?
Le chiffre de 17 millions d'euros de retombées économiques aurait été avancé. « Un pourboire vu les enjeux », clament les antinucléaires dont le représentant de la Meuse affirme qu'en 15 ans de laboratoire de recherche à Bure, « seulement 25 emplois ont été créés ». « Les élus ne sont peut-être pas achetés, mais habitués à cette manne financière. Ils ont le doigt dans l'engrenage », soutiennent-ils.
[Lire à propos de Bure:
- L'enfouissement des déchets radioactifs
est-il aussi rassurant que le prétend L'ANDRA ?
- Analyse du géologue Antoine Godinot: Des déchets nucléaires type
"B" et "C" pour Bure (Word)
- Négation du potentiel géothermique de Bure, A.
Mourot, A. Godinot, P. Huvelin
- Synthèse
de 10 pages (Word)
- Texte
complet de 37 pages
(Word)]
Les sols de Pars-les-Chavanges et d'Auxon ont-ils déjà été sondés ?
Oui, d'une part par le service géologie régional de Champagne du Bureau de recherches géologiques et minières (225 m à Chavanges en 1964), d'autre part par des industries pétrolières (1 711 m à Margerie-Hancourt en 1986 et 950 m à Montigny-les-Monts en 1960). Jamais depuis. L'Andra a utilisé ces données géologiques pour affiner sa sélection.
En cas de problème, qui sera responsable ?
Vaste question, surtout si l'on se réfère au scandale de l'amiante où les différentes actions judiciaires engagées par les victimes ont traîné en longueur. La faute à la complexité du dossier et aux responsabilités croisées. Dans l'absolu, la responsabilité de l'Andra peut être engagée en cas de faute manifeste et avérée de cette structure dans la gestion des déchets qui lui sont confiées. Avec une nuance de taille, toutefois, apportée par la loi du 28 juin 2006 relative à la gestion durable des matières et déchets nucléaires. Fidèles aux principe du « pollueur-payeur », les articles L 110-1 et l 541-1 du Code de l'environnement précisent que « les producteurs de combustibles usés et de déchets radioactifs sont responsables de ces substances, sans préjudice de la responsabilité de leurs détenteurs [...] » En clair : l'Andra se retrouve dédouanée, contrairement aux producteurs de déchets. Et ils sont nombreux...
Est éclair, 11/7/2009:
Lors du dernier conseil municipal, les élus ont adopté à l'unanimité une motion constatant l'incohérence que représente la possibilité de l'implantation d'un centre de stockage des déchets nucléaires à Auxon par rapport au développement du tourisme que les élus des pays d'Othe et d'Armance essaient de valoriser. Les conseillers municipaux d'Auxon, en absence du maire, veulent provoquer un conseil pour retirer la candidature de la commune
C'est un retournement de situation qui s'est produit hier après-midi devant la mairie de la commune d'Auxon sur les rangs - de plus en plus éclaircis - des communes candidates au projet d'un centre de stockage des déchets nucléaires. Les conseillers municipaux, en réunion privée, ont en effet décidé à l'unanimité de renoncer au projet.
Il y avait en face de la mairie d'Auxon, dès 16 h, les farouches opposants au nucléaire qui font beaucoup de kilomètres dans le département pour soutenir leur cause. Des maires des communes environnantes très remontés, et contre ce projet, bardés de leur écharpe tricolore. Des Alsoniens derrière des banderoles et vraisemblablement des habitants des communes alentour.
Un tour de piste. La consultation populaire, qui n'a qu'une valeur d'enseignement, a semble-t-il, conforté les opposants au projet puisque l'on considérait hier que plus de 90 % de la population donnait un avis plutôt défavorable à l'implantation. En amont de la réunion, on pouvait déjà prendre la température auprès de quelques conseillers.
Pierre Pont, adjoint et favorable initialement au projet, assurait : « que les éléments en notre possession étaient insuffisants pour avoir une vision globale sur l'impact de cette implantation. Une chose est sûre : il est nécessaire de prendre en compte le sentiment de la population ». Les conseillers Christian Mouton et Serges Dosières corroborent ces propos en ses termes : « Nous avons participé à la réunion préfectorale récente et manifestement nous restons sur beaucoup de questionnements. »
Décision sans le maire. Les quatorze conseillers ont donc déclaré « qu'au regard de l'importante réaction suscitée par la décision d'adhérer au projet, de la volonté très majoritaire des habitants à exprimer leur désaccord ; de la décision des élus des communes et des communautés avoisinantes à s'inscrire dans le refus d'un tel projet, l'ensemble des conseillers a décidé de renoncer à ce projet. »
Ils demandent au maire la tenue d'un conseil municipal extraordinaire dans les plus brefs délais pour entériner cette décision. La position prise hier n'a en effet qu'une valeur officieuse. Une décision saluée par une salve d'applaudissements et des cris de joie d'Alsoniens. Reste une question lancinante : mais où diable était donc passé hier le maire de la commune ?
France 3, 9/7/2009:
Le feuilleton du futur centre de stockage de déchets radioactifs se poursuit. L'Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (ANDRA) annonce qu'elle sélectionnera un deuxième candidat dans la région. Un deuxième site qui doit être choisi parmi plusieurs prétendants après le retrait de la commune auboise de Pars-lès-Chavanges la semaine dernière. Cette annonce a été faite aujourd'hui à la préfecture de Troyes lors d'une conférence de presse.
L'Andra avait préalablement sélectionné Auxon et Pars-Lès-Chavanges pour accueillir ce centre de stockage de déchets de faible activité et à vie longue (FAVL). De nombreuses analyses de terrain devaient encore y être effectuées. La commune d'Auxon reste donc candidate, mais Pars-Lès-Chavanges se retire. Les élus ont fini par craquer sous la pression populaire. Le conseil municipal a retiré sa candidature après plusieurs mobilisations des habitants hostiles au projet.
D'autres communes sont d'ores et déjà
candidates pour remplacer Pars-Lès-Chavanges. Première
sur la liste : Saint-Léger-sous-Brienne. La municipalité
prévoit déjà de sonder la population pour
connaître son avis sur la question.
Enviro2B, 8/7/2009:
La réaction des opposants au centre de stockage de déchets radioactifs ne se sera pas fait attendre. Moins de 15 jours de mobilisation auront suffi aux antinucléaires pour faire céder les élus de la petite commune de Pars-lès-Chavanges, l'une des deux communes retenues par le gouvernement pour accueillir le futur centre de déchets FAVL.
Pourtant, Joëlle Pesme, maire de la petite commune auboise, pensait pouvoir résister à cette pression populaire. Elle déclarait encore il y a quelques jours, à L'est éclair : « Le train ne passe qu'une fois. C'est une opportunité. Il va avoir des manifestations antinucléaires mais on assumera ».
Face à l'opposition de Michel Guéritte et de ses militants, le conseil municipal de Pars-lès-Chavanges a finalement voté le retrait de sa candidature pour l'implantation de ce centre de stockage de déchets radioactifs de faible activité à vie longue (FAVL). Désormais, tous les regards se tournent vers la commune d'Auxon, qui reste donc le seul site retenu pour accueillir ce centre décidément atomique.
L'Est Eclair, 6/7/2009:
La pression populaire a fait craquer Pars-lès-Chavanges. Prochaine sur la liste, Saint-Léger-sous-Brienne est prête à sonder la population
Il n'aura finalement fallu que quelques jours de pression populaire pour que le conseil municipal de Pars-lès-Chavanges décide de se réunir pour retirer sa candidature à l'implantation du centre de stockage de l'Agence nationale pour la gestion de déchets radioactifs (Andra) sur son finage. Et alors que Joëlle Pesme, maire de la commune, nous confiait dans notre édition du mercredi 24 juin : « Il va y avoir des manifestations antinucléaires mais on assumera. Je suis maire, donc j'assume ». Elle dit aujourd'hui avoir été surprise par la « réaction de la population, du déchaînement de violence qu'il y a eu, de l'intolérance » et va jusqu'à parler « d'agressivité », voire de « haine » de certains habitants, obligeant le conseil à revenir sur sa décision pour « ramener le calme dans le village ».
« Si on a voté la candidature, c'est qu'on pensait que ce serait bien pour le village et le secteur. Apparemment, on ne perçoit pas les choses de la même manière. Je n'ai pas de regret. J'ai essayé, ça n'a pas fonctionné. Je ne suis pas dépitée », affirme-t-elle. Le député Nicolas Dhuicq regrette ce revirement, même s'il le « respecte », et « les pressions » qui ont conduit le conseil municipal à revoter : « On est confronté à l'irrationnel et aux contre-vérités les plus absolues ».
La commune d'Auxon se retrouve donc seule à avoir été retenue mais, selon le préfet de l'Aube, « on puisera dans la liste complémentaire ». Or, dans son rapport rendu au gouvernement, l'Andra fait état de « sept candidatures très intéressantes sur le plan géologique ». Parmi elles, trois communes des Vosges (Aouze, Grand, Soulosse-sous-Saint-Élophe), une de Moselle (Baronville) et une autre candidature auboise : Saint-Léger-sous-Brienne.
« Si l'Andra nous recontactait, on sonderait la population. Le conseil municipal était favorable et je pense qu'on le serait toujours mais on demanderait d'abord leur avis aux habitants avant de prendre une nouvelle délibération », indique simplement Didier Partout, maire de Saint-Léger-sous-Brienne, qui, après l'exemple de Pars-lès-Chavanges, resterait « prudent dans la démarche » si l'Andra le recontactait. Cela dit, il se dit « prêt à sortir du Parc naturel régional de la forêt d'Orient » pour accueillir le centre de stockage, si c'était nécessaire.
Du côté des antinucléaires, on se réjouit : « On a gagné. On a réussi à faire voter « non ». On est content de cette victoire mais on n'a pas gagné la guerre », lance Michel Guéritte qui prépare avec d'autres une réunion jeudi soir à Chavanges. Pour les communes alentour, l'inquiétude est toujours aussi palpable. Et notamment à Blignicourt où le maire, Jean-Gustave Marnat, s'inquiète pour l'avenir de la choucrouterie Laurent : « Nous ne sommes pas des antinucléaires mais nous sommes dans une région de production agricole. Aujourd'hui, nous sommes toujours très, très inquiets. La choucrouterie emploie une centaine de personnes en pleine saison et donne des contrats à des agriculteurs. Il faut un petit peu de bon sens. Il y a des choses à gagner mais aussi à perdre ».
L'Est Eclair, 6/7/2009:
La délibération prise samedi matin par le conseil municipal de Pars-lès-Chavanges s'est répandue comme une traînée de poudre. Surtout à Auxon, qui se retrouve par la force des choses, la seule et unique commune toujours candidate au projet d'étude du centre d'enfouissement de déchets nucléaires. Laëtitia Carougeat, l'une des toutes premières opposantes à la candidature d'Auxon, n'en faisait guère mystère en début de week-end : « Si nous sommes contents pour les habitants de Pars, ici, c'est plutôt la douche froide. Car avec le départ de l'une des deux communes, on craint qu'il n'y ait plus d'alternative. Ce ne sera pas « Auxon ou Pars », ce sera « Auxon tout court ». Certes, le préfet est venu contredire cette crainte, en rappelant très rapidement que, comme pour n'importe quel examen, « il y a la liste des admis et celle des admissibles ».
Pas besoin de tourner autour du pot : cela signifie que l'État pourra toujours puiser dans le vivier des communes recalées mais ayant fait acte de candidature Incertitudes Reste une question simple : cette situation est-elle en mesure de changer quelque chose pour Auxon, avec par exemple, le gel temporaire de l'ensemble des procédures ? Trop tôt pour avancer la moindre réponse tant la volte-face de Pars a pris l'ensemble des acteurs de ce projet au dépourvu. Et si ce rebondissement déclenche davantage d'interrogations sur la suite de ce projet qu'elle n'amène de réponses, les tergiversations qui s'annoncent ne changent de toute façon pas grand-chose à la problématique du sud-ouest aubois.
Que ce soit chez les « anti », les élus locaux des communes environnantes ou les représentants des quatre communautés de communes présentes sur les Pays d'Othe et d'Armance, le mot d'ordre reste le même : une opposition farouche au projet de l'Andra sur un territoire « ayant fait le pari du tourisme et du développement durable ». Personne n'entend d'ailleurs relâcher la pression.
En témoigne la création d'une nouvelle association dans cette commune, pour réunir et structurer le collectif informel d'habitants hostiles au projet. « L'assemblée constitutive doit se dérouler lundi. La structure se nommera Auxon dit non », avertit déjà Laëtitia Carougeat, avant de relever un point positif dans le revirement de Pars : « Cette décision prouve qu'une commune peut délibérer à nouveau. Cela montre que rien n'est irréversible. » De quoi doper le moral des « anti ».».
Boris Callendreau
L'Est Eclair, 2/7/2009:
La réunion organisée à Auxon, mardi, aura permis de crever l'abcès en offrant à chacun la possibilité de s'exprimer. Pour le consensus, faudra repasser.
Même le Général en a pris pour son grade. La pique a surgi sans crier gare, au détour d'un échange forcément virulent. On la doit à Jean-Paul Baillet, le secrétaire général de l'Andra, venu répondre aux craintes et à la colère de la population locale.
Systématiquement pris à partie par Michel Guéritte et les anti-nucléaires, accusé d'avoir présenté un projet bien trop idyllique «où on ne parle jamais du moindre danger» et suspecté de travailler dans une agence trop généreuse pour être honnête, l'homme a fini par se détourner d'un discours jusque-là bien lisse: «Vous parlez des enfants, mais je vous rappelle qu'ils ne sont jamais prononcés pour le Général. C'est pourtant lui qui est à l'origine de tout ça. Qu'est-ce que vous voulez savoir? Ce qu'est un déchet à vie longue? Si on prend le chlore 36, il y en aura pour un million d'années. Quant à savoir si les fûts de confinement vont fuir, eh bien oui, ce sera le cas un jour.»
Certes, cet ultime aveu devait plaider pour «l'enfouissement, dans un sol «coffre-fort» n'ayant pas bougé depuis 150 millions d'années, de fûts entreposés en surface depuis 50 ans.» Il a juste réussi à attiser un peu plus encore la fronde d'une assistance clairement hostile à l'arrivée d'un centre de stockage de déchets radioactifs à faible activité mais à vie longue.
Massés dans et hors d'une salle des fêtes bien trop petite pour contenir l'ensemble de la contestation, ils étaient d'ailleurs un peu plus de trois cents citoyens, venus d'Auxon, des communes environnantes, et même de départements limitrophes, à avoir fait le déplacement dans l'unique intention d'en découdre.
Démission!
Parmi eux: de simples quidams, pas mal de militants du réseau «Sortir du nucléaire», des producteurs laitiers, Anne Salhi-Fol, la dirigeante de la fromagerie de l'Armaçon, ainsi qu'une importante flopée d'élus locaux. L'un d'eux, maire à Balignicourt, avait choisi de brandir une pancarte incitant les «élus à résister à la corruption» et arborait, pour le symbole, son écharpe tricolore. D'autres, justement, étaient prêts à la restituer au préfet, cette fameuse écharpe, s'ils n'obtenaient pas l'autorisation d'organiser un référendum à l'échelle du canton.
De façon plus ou moins virulente, tout le monde n'était là que pour une seule chose: le retrait, immédiat, de la candidature d'Auxon. Pressé de questions, sommé d'expliquer ses choix, Jean-Louis Caillet a finalement été contraint de monter en première ligne pour balayer cette option. «Ma motivation, elle est simple: nous avons perdu une entreprise importante voici deux ans. Nous avons également appris par voie de presse que la fromagerie serait délocalisée. Aujourd'hui, on nous offre la possibilité de voir arriver une activité nouvelle sur notre secteur, je la prends. Le conseil municipal s'est prononcé pour autoriser une étude. Maintenant, j'irai jusqu'au bout, car celle-ci nous amènera des réponses que nous n'avons pas.»
Bronca générale, huées entrecoupées de demandes de «démission», et surtout coup d'éclat de Michel Guéritte, caressant l'idée de retenir le maire dans la salle des fêtes. Il n'en a finalement rien été. Dehors, loin des débats passionnés, un vieux bonhomme débarqué de Soulaines tentait de convaincre les antinucléaires: «Depuis qu'on a l'Andra, on n'a jamais aussi bien vécu!» Une scène là encore surréaliste, sortie d'une réunion qui, sans surprise, n'a même pas fait avancer le «Schmilblick».
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Le conseil municipal d'Eaux-Puiseaux qui, en fin de semaine dernière, a pris le parti d'adresser un courrier au maire d'Auxon pour lui suggérer de revoir sa position, est loin d'être un cas isolé. En témoigne le commentaire cinglant asséné mardi soir par les élus de Montigny-les-Monts, qui n'ont pas hésité à s'inviter à la réunion publique : « On va faire gagner du temps à l'Andra et au conseil municipal d'Auxon. Ce n'est pas la peine de réaliser des études durant deux ans (ndlr, le seul coût de cette opération, selon l'Andra, serait compris entre 7 et 10 millions d'euros). Nous, on ne cherche pas à savoir : on est contre. »
En témoigne, aussi, la réunion initiée hier matin, à Ervy, par Éliane Car, la présidente de la communauté de communes du Val d'Armance. Organisée en présence de Jean-Michel Hupfer, Yves Fournier et Jean-Michel Framery, respectivement présidents des communautés de communes du Chaourçois, du Pays d'Othe et des Portes du pays d'Othe, cette dernière permet de constater que l'onde de choc suscitée par la sélection de la candidature d'Auxon ne cesse de s'intensifier Le message distillé ne souffre aucune ambiguïté : « Nous avons contacté la quasi-totalité des mairies de nos communautés de communes. Et toutes s'opposent au projet de centre de stockage », détaillaient, d'une même voie, les présidents d'un secteur couvrant le quart sud-ouest du département, et dans lequel vivraient quelque 25 000 personnes.
Gel des projets
« Notre objectif, aujourd'hui, est de défendre notre territoire qui a fait le pari du développement durable et touristique. Une charte regroupant les pays d'Othe et d'Armance a même été créée. Elle a d'ailleurs été validée par l'Europe qui a décidé de subventionner notre programme. À l'horizon 2013, ce sont 3 millions d'euros qui vont être injectés, rien que pour développer le tourisme au travers de projets privés », rappelle Yves Fournier, non sans s'interroger : « Au mieux, l'ensemble de ces projets va être gelé deux ans, le temps des études. Car, il ne faut pas se bercer d'illusions : aucun investisseur privé n'acceptera d'injecter de l'argent dans un territoire susceptible d'accueillir ce site. »
Tout aussi préoccupant pour ces représentants locaux : le devenir de l'AOC Chaource, de l'image du cidre du pays d'Othe ou de l'évolution du dossier d'extension de la zone Champagne, qui, rappelons-le, concerne des territoires situés sur les pays d'Othe et d'Armance.
« Dans ce contexte, l'arrivée d'un centre d'enfouissement à Auxon serait totalement incohérente avec tout ce qui a été fait. Cela provoquerait une blessure très grave dont on ne se remettrait pas. »
Histoire que le message soit parfaitement entendu, ces quatre communautés de communes promettent de faire monter la pression : « Nous allons nous appuyer sur la population qui est, dans son ensemble, hostile à ce projet. S'il le faut, nous pourrons organiser une consultation populaire.»
L'Est Républicain, 1/7/09:
En 2030, il faudra gérer et stocker plus de 2,25 millions de mètres cubes de déchets de l'atome. Du lourd.
Avec son parc de 58 réacteurs étoffé, à
partir de 2013, d'un EPR, la nouvelle génération
de centrales, la France s'accroche à sa filière
nucléaire. Cela ne date pas d'hier et ce choix ne sera
pas remis en cause, à preuve l'absence remarquée
de ce thème dans les négociations du Grenelle de
l'environnement. Problème et principal motif de la contestation
écologiste, cette industrie génère des déchets
dont le flux n'est pas prêt de se tarir comme en témoigne
le troisième inventaire sur la situation du gisement dévoilé
hier à Paris par l'Agence nationale pour la gestion des
déchets radioactifs (Andra).
Un état des lieux donc, mais aussi une projection sur les
quantités qu'il faudra traiter en 2020 et 2030, deux étapes
qui tiennent compte du - gros - prochain chantier de démantèlement
des réacteurs électronucléaires actuellement
en fonction dont la durée de vie est fixée à
40 ans. Pas étonnant donc que d'ici 20-25 ans, l'inventaire
pronostique un doublement du volume recensé en 2007, soit
1,15 million de m3, dont 62 % proviennent de la trame des centrales
nucléaires de l'Hexagone, le reste étant réparti
entre les laboratoires de recherche, la défense ou le matériel
médical.
Nocivité graduelle. L'Andra a donc du pain sur la planche,
d'autant qu'en mai 2006, une loi qui complète celle de
1991 sur la gestion des résidus de l'atome lui a confié
la nouvelle mission de « trouver une solution pour tous
les types de déchets présents sur le territoire
français, y compris les sites dits orphelins », comme
l'a rappelé hier la directrice de l'Agence, Marie-Claude
Dupuis. Une soixantaine de ces lieux pollués par le passé
dont le responsable s'est évanoui dans la nature ont été
inventoriés : 36 ont été assainis, 24 sont
en cours de traitement, financés par une subvention de
l'Etat de l'ordre de 4,5 millions d'euros.
[Exemples de sites pollués
suite à une activité industrielle (voir la carte
des poubelles nucléaires):
- Gif-sur-Yvette (Essonne).
- Lotissement
contaminé à
Gif-sur-Yvette
- La
halte-garderie du 12 rue Chomel à Paris
- Un ancien laboratoire
Curie au centre ville
d'Arcueil
- Les peintures luminescentes au radium: L'affaire Bayard
Le Bouchet:
- L'histoire
du Bouchet
- 20 000
tonnes de déchets nucléaires dorment près
de Paris (une "poubelle"
radioactive voisine avec les onze mille habitants de trois communes
de l'Essonne, Ballancourt, Itteville, Vert-le-Petit)
La décharge de Saint-Aubin (Essonne) et les fûts fissurés de Saclay
Gueugnon:
- Le nouvel arrêté régissant
la décharge radifère
- Près de 30 000
tonnes de déchets radioactifs sous le parking du stade
de foot ! Criirad,
Trait d'Union n°40, avril 2008 (en PDF)]
Mais ces déchets, essentiellement de très faible
activité, ne représentent qu'une partie infime de
la poubelle nucléaire où s'empilent plusieurs étages
graduellement échelonnés selon leur degré
de nocivité. On navigue ainsi des déchets à
très faible activité (TFA), à ceux à
faible et moyenne activité à vie courte (FMA-VC),
la plus importante catégorie avec près de 793.000
m3 produits en 2007, puis ceux faible activité à
vie longue (FA-VL) ceux à moyenne activité à
vie longue (MA-VL) et enfin ceux à haute activité
(HA), les plus dangereux car ils recèlent des produits
de fission, comme le césium 137 ou le strontium que la
technologie est encore incapable de recycler.
Bure en 2025. Fin 2007, ces fameux HA issus du combustible usé
des centrales nucléaires constituaient un stock de 2.293
m3, soit seulement 0,2 % de l'ensemble, mais aussi 94,98% de toute
la radioactivité produite par les déchets français.
Conditionnés sous la forme de colis vitrifiés, les
HA baignent pour l'instant dans les piscines de refroidissement
de l'usine de retraitement Areva de la Hague dans le Cotentin,
ou sur les sites du CEA de Marcoule et de Cadarache. Une capacité
de stockage insuffisante au regard du stock global de 5.000 m3
attendu en 2030.
Mais à cet horizon, la France disposera « sans doute
» comme l'a précisé prudemment le président
de l'Andra François-Michel Gonnot, « du site autour de Bure qui sera conçu
réversible durant une centaine d'années ».
Pour un coût global de 15 milliards d'euros, les argiles
qui reposent à 500 m de fond aux confins de la Meuse et
de la Haute-Marne n'y échapperont pas : le laboratoire
de Bure est désormais opérationnel pour explorer
les capacités d'accueil de la couche sédimentaire
afin d'étayer le débat public prévu en 2015
avant la mise en exploitation de l'entreposage en profondeur à
partir de 2025.
Lire:
- Ces déchets
nucléaires dont on ne sait que faire
- Peut-on se passer du retraitement ? (Sciences
& Avenir n°419, janvier 1982, en Pdf 1,5 Mo)
- Déchets nucléaires: quels scénarios de production?
- Vivrez-vous près d'une poubelle nucléaire
?
- Déchets très radioactifs sous la
France tranquille
Est Eclair, 25/6/2009:
Deux militants antinucléaires de la fédération du Grand-Est « Stop déchets nucléaires » sont venus, hier, à la rencontre des habitants de la commune, mais aussi des communes alentour. L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a confirmé, hier, que seules deux communes auboises étaient retenues pour l'implantation éventuelle, sur leur finage, d'un centre de stockage de déchets nucléaires FA-VL (faible activité à vie longue) : Pars-lès-Chavanges et Auxon. Réactions
Pars-lès-Chavanges: des habitants inquiets
« Surprise. » « Douche froide. » Voici les mots que l'on entendait, hier matin, en se promenant dans les rues de Pars-lès-Chavanges. En fin de matinée, un rassemblement spontané d'habitants du village, mais aussi des communes alentour, s'est déroulé devant la mairie. La veille ou le matin même, ils avaient appris que Pars-lès-Chavanges faisait partie des deux communes auboises retenues par l'Andra pour, éventuellement, accueillir le troisième centre de stockage de déchets nucléaires, FA-VL (faible activité à vie longue).
Située au Nord du département, cette commune de 75 âmes est essentiellement agricole. En témoignent les hectares de champs de pommes de terre, de céréales ou de betteraves qui l'entourent. De Pars, de Chavanges, de Yèvres-le-Petit, de Montmorency-Beaufort, de Braux, de Saint-Léger-sous-Margerie. Pour, contre, ou tout simplement en demande d'information. Ils étaient une quinzaine, notamment agriculteurs ou producteurs inquiets pour leur avenir, à se réunir, hier matin. « On fait confiance aux élus et voilà », « Quand on voit plus les sous que la vie des autres », peut-on entendre.
Bientôt, deux militants antinucléaires de la toute nouvelle fédération du Grand-Est « Stop déchets nucléaires » arrivent sur place pour tenter de sensibiliser les habitants aux risques qu'occasionnerait l'implantation d'un tel centre, à Pars ou ailleurs. Et de les inviter à créer un collectif. Mise à part une légère altercation avec un habitant qui s'est opposé à ce que Michel Guéritte, militant antinucléaire, filme la scène, le rassemblement s'est déroulé dans le calme.
Bientôt, la maire de la commune, Joëlle
Pesme, sort de la mairie pour entamer une discussion relativement
calme avec les habitants. « C'est normal qu'ils soient là,
mais, avant de prendre position, il faudrait qu'ils soient informés.
On va organiser des réunions publiques », commente-t-elle.
La première est prévue lundi. Nul doute qu'il y
aura du monde.
Pratique
Une réunion publique d'information en présence de
représentants de l'Andra aura lieu lundi 29 juin à
19 h à la mairie de Pars-lès-Chavanges.
Pas de calicot ni de banderole rageusement plantée à l'entrée d'Auxon, mais une hostilité palpable au projet de l'Andra. Dans le seul et unique salon de coiffure de la commune, un administré, à ranger dans le camp des «anti», s'en explique: «Ce qui compte, maintenant, c'est de venir en nombre à la réunion publique prévue le 30 juin. Pour la population, ce sera l'occasion de donner son avis. Mais on ne va pas se fâcher. Nous sommes en démocratie».
Posé et souriant, le coiffeur embraye sur le même registre. Lui aussi affiche ses réserves quant à l'arrivée éventuelle d'un centre de stockage. Aujourd'hui, il ne défend qu'une seule demande: «Il faut une consultation locale. Après, il n'y aura plus qu'à se plier à la majorité» Pas surprenant: les «anti» semblent peser à Auxon. «Autour de moi, je n'ai pas réussi à trouver une seule personne favorable à ce centre. Les gens sont plutôt inquiets», confirme un autre habitant, quelques rues plus loin.
Pas revanchards pour un sou mais sonnés par l'annonce de l'Andra, les plus hostiles espèrent juste pouvoir prendre au mot le maire «Sur le courrier qu'il nous a adressé pour annoncer la réunion, il a écrit en gras que cette dernière doit permettre de confirmer ou non la candidature»
Nappes phréatiques
Dans l'attente de cette échéance, l'heure est, du coup, à la pêche aux infos. La buraliste en a fait les frais. À 11h, elle fulminait derrière son comptoir: «Je n'ai pas assez de journaux.» Pour le reste, c'est-à-dire la polémique, motus. «Moi, je suis commerçante, je n'ai rien à dire sur ce sujet.» Pas grave, dans la rue, les langues, elles, se délient. Même chez les non-résidents Lydie, une retraitée venue de Jeugny pour remplir son coffre en denrées nourrit déjà des craintes: «J'imagine qu'un tel projet doit rapporter de l'argent à la commune, mais à long terme, quelles sont les conséquences?»
Pas vraiment enclin à signer un chèque en blanc, le coiffeur résumait à lui seul l'ensemble des interrogations entendues à Auxon: «Nous ne sommes ni spécialistes, ni techniciens. Mais ce qu'on aimerait connaître c'est l'impact sur l'environnement. D'ailleurs, j'aimerais savoir où ce centre doit être implanté? En haut de la commune? En bas? C'est-à-dire là où passent toutes les nappes phréatiques? Ici, l'Argence et l'Argançon alimentent l'Yonne qui est elle-même un affluent de la Seine. Pour ne rien arranger, il y a la question du transport. La RN 77 est déjà accidentogène»
Faute de réponses précises, Gilles,
un Icaunais, se rattrape en considérations caustiques:
«On est content d'avoir de l'électricité mais
les déchets, on les préfère chez les autres.
J'habite à 13 km d'Auxon, j'espère que j'aurai le
temps de voir venir les problèmes.» Tout aussi philosophe,
une retraitée située à une encablure de l'agence
immobilière, préférait la fatalité:
«Réunion ou pas, je crois que quoi qu'on dise ou
qu'on pense, si ce centre doit se faire ici, il se fera.»
Éric
agriculteur-éleveur à Pars-lès-Chavanges
« Moi, ce que je reproche au conseil, c'est qu'il n'y a
eu ni référendum, ni réunion publique ou
enquête publique au niveau de la commune pour nous demander
notre avis. Il faudrait qu'avant de faire ce centre de stockage,
on nous demande quand même si on en veut. Comment est-il
possible que dix personnes puissent jouer avec notre vie, comme
ça, sur un sujet aussi important ? Alors que nous, quand
on veut faire quelque chose, il faut des enquêtes publiques.
Je savais que la commune était candidate. J'en avais entendu
parler avant, mais personne ne pensait qu'on serait retenu. On
a appris hier soir qu'on était retenus par l'Andra, dans
un tract distribué dans les boîtes aux lettres. C'est
le principe que je n'aime pas. »
Quentin
militant Ump à Pars-lès-Chavanges
« Je l'ai appris hier par le tract de la mairie. On en parlait
avant. On a eu la confirmation hier. Je ne suis pas surpris par
le choix de Pars-lès-Chavanges et je suis d'accord avec
le principe d'un centre de stockage. Parce que ces déchets,
il faut bien les mettre quelque part, alors pourquoi pas ici ?
Au niveau des dangers possibles, il y a quand même beaucoup
de sécurité dans ces centres. Ils ne font pas n'importe
quoi. Je pense qu'on peut faire confiance à l'Andra. S'ils
le font, c'est que ce n'est pas trop dangereux. Et un centre de
stockage comme ça, ça peut quand même amener
des emplois sur notre secteur et aider à redynamiser l'économie.
On est quand même en campagne, dans le rural, alors pourquoi
pas ? »
Pascal
habitant de Pars-lès-Chavanges
« Je ne suis pas contre le nucléaire. C'est quand
même 80 % de notre énergie. [non, de l'électricité!]
Mais je suis contre la dilution dans l'espace des centres de stockage.
Il y en a déjà deux, à Soulaines-Dhuys et
à Morvilliers. Ce ne serait pas possible qu'ils s'agrandissent
? Et qu'on évite d'en mettre un peu partout ? On est quand
même une région de grande culture. À Soulaines-Dhuys,
il a surtout fallu prendre sur des bois, là, c'est sur
des champs. Quel est le devenir de l'agriculture, ici ? Il y a
peut-être d'autres emplacements plus propices. Tous au même
endroit. En plus, on a eu une mauvaise information. Il n'y a pas
eu assez de communication. On a besoin d'informations. Il faut
que tout le monde réfléchisse avant de prendre position.
»
Lionel
producteur de lait à Montmorency-Beaufort
« Je suis paysan à Montmorency, une commune limitrophe,
et je suis ici parce qu'il y a la possibilité qu'une poubelle
s'installe à Pars-lès-Chavanges. Je suis producteur
de lait. S'il y a des fuites, quelles conséquences ça
peut avoir sur mon lait? Je suis en Appellation d'origine contrôlée
brie de Meaux. Il faut chercher d'autres solutions que l'enfouissement,
un moyen de retraiter les déchets. C'est dommage qu'un
conseil municipal élu pour six ans puisse prendre des décisions
pour 120 000 ans. Surtout que ça ne se limite pas à
Pars. Rien qu'au niveau de l'image. Quelle image auront nos produits
? Tout ça pour quarante emplois. Ça ramène
la sécurité des gens à bien peu de chose.
Sans compter le déni de démocratie : qu'ils puissent
décider sans en informer la population. »
Marie-Christine MIGNOT-VEDRENNE
Maire de yèvres-le-petit
« Je suis la maire de Yèvres-le-Petit. On est une
commune voisine. On est venus pour s'informer. On ne pensait pas
que ça pourrait être sur notre secteur. Nous, au
conseil municipal, on n'a pas délibéré, on
n'a pas posé de candidature. Et jamais on n'aurait crû
que Pars-lès-Chavanges puisse être choisi. Maintenant,
on vient voir pour s'informer parce qu'aujourd'hui on se sent
directement concernés, en tant que commune limitrophe.
Nous, on l'a appris ce matin dans la presse (voir notre édition
d'hier, ndlr). C'est pourquoi on est là. On est surpris.
Après, si jamais ça se fait, on verra : avant d'être
pour, avant d'être contre, il faut déjà s'informer.
Parce que ça pourrait avoir des conséquences pour
nous aussi.
24/6/2009 - Deux communes de l'Aube, Auxon et Pars-lès-Chavanges, ont été sélectionnées dans le cadre de la recherche d'un site de stockage de déchets radioactifs de faible activité à vie longue (FAVL), a indiqué mercredi l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).
"Il s'agit d'une présélection de deux communes en vue du choix d'un site à l'horizon 2011", a déclaré la directrice générale de l'Andra, Marie-Claude Dupuis. "Ce sont les deux communes qui réunissaient les meilleures conditions pour la poursuite du projet au plan à la fois géologique, environnemental et du soutien local" pour ce stockage à une profondeur comprise entre 15 et 200 mètres, a-t-elle précisé. Auxon et Pars-lès-Chavanges ont été sélectionnées par le gouvernement parmi 42 communes qui s'était portées candidates, dont neuf ont par la suite retiré leur candidature.
L'Andra avait lancé un appel à candidatures, clos au 31 octobre 2008, parmi 3.115 communes présélectionnées dans 20 départements et huit régions en fonction de la présence d'une couche d'argile adéquate en faible profondeur, pour la construction d'un centre qui doit être exploité à partir de 2019. A l'horizon 2030, la France aura un stock d'environ 150.000 mètres cubes de ces déchets FAVL, contre un peu moins de 100.000 mètres cubes de déchets Haute Activité et Moyenne Activité à Vie Longue (HAVL-MAVL).
Pour ces derniers qui concentrent la plus grande part de la radioactivité totale, un stockage à environ 500 mètres de profondeur est prévu près du laboratoire souterrain de Bure (Meuse), dans un périmètre à cheval sur les départements de la Meuse et de la Haute-Marne.
[A propos de Bure:
- L'enfouissement des déchets radioactifs
est-il aussi rassurant que le prétend L'ANDRA ?
- Analyse du géologue Antoine Godinot: Des déchets nucléaires
type "B" et "C" pour Bure (Word)
- Négation du potentiel géothermique de Bure,
A. Mourot, A. Godinot, P. Huvelin
- Synthèse
de 10 pages (Word)
- Texte
complet de 37 pages
(Word)]
A Auxon et Pars-lès-Chavanges, les caractéristiques géologiques et environnementales vont maintenant être précisées. D'ici la mi-2011, l'Andra va aussi "faire de la pédagogie, de la communication auprès des populations, après avoir déjà beaucoup travaillé avec les maires et les élus", a souligné Mme Dupuis. Auxon, situé à une trentaine de km au sud-ouest de Troyes, comptait 927 habitants au recensement de 1999, contre seulement 70 pour Pars-lès-Chavanges, à une cinquantaine de km au nord-est de Troyes.
Outre les emplois créés par le centre de stockage lui-même, un projet d'aménagement du territoire va aussi être mis en place pour inciter les producteurs de déchets radioactifs que sont EDF, Areva, le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et le groupe chimique Rhodia à développer des activités sur place.
"On se donne deux ans pour convaincre,
à la fois sur la maîtrise des risques et sur les
retombées positives pour le territoire", a dit Mme
Dupuis. "On a réaffirmé l'engagement auprès
des communes de leur donner la possibilité de redélibérer
pour ou contre leur candidature avant le choix de site",
a-t-elle assuré.
Actu Environnement, 16/6/2009:
La France s'engage dans la construction d'un nouveau réacteur et en envisage un autre. Cependant, le problème des déchets nucléaires à vie longue reste sans solution. Pourtant, un calendrier existe. L'opposition de la population, aussi.
Avant l'été, le Ministère en charge du Développement Durable va désigner deux ou trois sites pour une investigation approfondie en vue d'un stockage souterrain de déchets nucléaires FAVL (Faible Activité à Vie Longue), avec un retard de six mois par rapport au calendrier initial. Cette décision va clore l'appel lancé par l'Andra il y a un an pour trouver des communes candidates à l'implantation d'un site de stockage FAVL parmi 3.115 identifiées sur critères géologiques.
L'objectif est surtout de trouver au plus vite une solution pour les déchets graphite venant des premiers réacteurs construits en France : les réacteurs graphite-gaz. Mais sur le terrain, les populations ne l'entendent pas de la même façon. Les communes n'avaient qu'à répondre à une lettre du préfet pour se porter candidates. Du coup, nombre d'entre elles ont dû revenir sur leur décision, faute d'avoir concerté leurs populations ou encore leurs intercommunalités.
Fin avril, constatant que les candidatures se trouvaient toutes en Champagne-Ardenne et en Lorraine, les deux Conseils de ces Régions ont exprimé officiellement leur opposition à tout nouveau projet de stockage de déchets nucléaires. Le lobby du Champagne a suivi dans la foulée, alors qu'il s'était montré plutôt discret jusqu'à présent. Ces régions assument déjà la présence dans l'Aube des sites de stockages « en surface » de déchets radioactifs FMAVC (Faible et Moyenne Activité à Vie Courte) à Soulaines-Dhuys et TFA (Très Faible Activité) dans la commune voisine de Morvilliers (10).
Déchets HA MA-VL : encore des recherches
Le laboratoire de Bure (55) pour l'étude d'un stockage en couche géologique profonde des déchets HA MA-VL (Haute Activité et Moyenne Activité à Vie Longue) est implanté à une cinquantaine de kilomètres de là à vol d'oiseau, dans le sud de la Meuse à la frontière avec la Haute-Marne. Depuis son autorisation d'implantation il y a dix ans, il est le seul laboratoire dont dispose l'Andra pour piloter un programme de recherches sur le stockage géologique des déchets HA MA-VL. La première loi relative aux déchets nucléaires de 1991 - dite loi Bataille, du nom du député - en prévoyait deux.
Les déchets HA MA-VL sont issus du retraitement des assemblages de combustibles usés en sortie des réacteurs à eau pressurisée. Ils représentent un faible volume mais une très grande radioactivité et un coût de gestion phénoménal : 70.000 Euros/m3 pour les MA-VL et 1 M Euros/m3 pour les HA, selon le CEA.
La loi du 29 juin 2006 a établi le stockage réversible dans une couche géologique comme unique solution retenue pour la gestion de ces déchets. En parallèle, l'Andra doit s'assurer que les capacités d'entreposage des colis de déchets en attente de stockage se mettent en oeuvre et que le conditionnement des déchets soit concordant avec le concept de stockage.
Fin 2005/début 2006, la faisabilité du stockage souterrain des HA MA-VL dans la couche géologique d'argile située à 500 mètres sous le sol de Bure a été actée. Depuis lors, la zone d'expérimentation s'est déployée sur 250 km2 autour de Bure. Sur cette étendue, la couche géologique d'argile présente les mêmes caractéristiques que dans le sous-sol de Bure, indique l'Andra.
Stockage des HA MA-VL : de Bure à Bonnet ?
Maintenant, l'Andra passe à l'étape suivante. Un décret l'oblige à transmettre au Gouvernement dès la fin de l'année une proposition de zone d'intérêt restreinte pour l'étude du stockage des HA MA-VL. Ainsi, ces dernières semaines, elle a informé les élus des trois intercommunalités situées dans le périmètre de proximité de 10 km autour de Bure, de quatre Zones d'Intérêt identifiées pour une Reconnaissance Approfondie (ZIRA) de 30 km2 chacune. Deux à trois « descenderies » inclinées d'environ cinq kilomètres serviront à passer des installations de surface aux installations géologiques. Cinq, c'est aussi le nombre d'années estimé pour la construction d'une descenderie. Cette réalité rappelle qu'un tel projet est aussi un immense chantier de construction. Elle ne laisse oublier l'accident mortel d'Eric Joly en 2002 sur le chantier du laboratoire de Bure, suite à quoi seul Bouygues TP a été condamné pour homicide involontaire.
Le 22 juin prochain, l'Andra va inaugurer un centre technologique centré sur les activités d'exploitation du stockage profond à côté du laboratoire de Bure. D'ici là, chacune des trois Communautés de Communes du périmètre de proximité du laboratoire de Bure est invitée à formuler ses choix de ZIRA. Sont en jeu l'implantation des installations de surface en amont des descenderies et la taxe professionnelle attenante, mais aussi l'emplacement du stockage éventuel de déchets HA MA-VL.
La carte des ZIRA permet d'ailleurs de distinguer une zone forestière « idéale » de 15 km2 à environ cinq kilomètres du laboratoire de Bure. Plus de 60 % de cette zone couvre la commune de Bonnet, là où se trouve un captage d'eau potable protégé. Or c'est justement dans la forêt communale de Bonnet qu'ont été découvertes huit bornes d'études de la faune et de la flore. Ces bornes ont été déposées par l'Andra ou son mandataire l'INRA sans que ni le maire ni ses adjoints n'aient été informés. Elles font partie de l'Observatoire pérenne de l'environnement qui vient compléter le laboratoire de Bure ; l'idée étant d'avoir ici une « très grande infrastructure de recherche ».
Trois ans de retard dans la concertation
Le calendrier des stockages souterrains de déchets nucléaires à Vie Longue est inscrit dans le Plan National de Gestion des Matières et des Déchets Radioactifs (PNGMDR) créé par la loi du 29 juin 2006. Dans son dernier rapport, la Commission Nationale d'Evaluation (CNE) des recherches et études relatives à la gestion des matières et déchets radioactifs souligne que le calendrier prévisionnel de l'Andra paraît extrêmement tendu, tant pour le stockage des déchets radifères et graphites [FAVL] que pour celui des déchets HAVL.
Sans site pour les déchets graphite, il est difficile d'engager véritablement le démantèlement des neuf réacteurs graphite-gaz... Cependant, le Gouvernement a récemment décidé de décaler à 2019 l'ouverture du stockage des FAVL prévu en 2013. Et l'Andra s'est engagée à saisir la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) avant même le choix définitif du site, ce qui est en contradiction avec le Code de l'environnement.
Pourtant, pour le stockage géologique des déchets HA MA-VL, il n'en est rien. Le calendrier reste tel quel : autorisation de création du stockage en 2015 pour une mise en service en 2025. Et d'ici là, en 2013, un débat public. Or la concertation de la population a déjà trois ans de retard sur le calendrier. Le Comité Local d'Information et de Suivi du laboratoire de Bure (Clis) créé en 1991 a été reconduit après l'adoption de la loi du 29 juin 2006. Il a fallu attendre un an et demi pour sa mise en place. Et pendant un an, il a fonctionné à huit clos, en l'absence de la presse, et sans ses membres opposés à l'enfouissement des déchets nucléaires. Ces derniers n'ont pas accepté un Clis présidé par le député Christian Bataille, qu'ils considèrent largement responsable du fait que le projet de stockage souterrain des déchets HA MA-VL se focalise sur Bure.
Récemment, ce président a démissionné. Le Clis n'a plus qu'un vice-président. Mais déjà, il ouvre son Assemblée Générale du 29 juin prochain. Hasard du calendrier ou cadeau d'anniversaire pour les dix ans du laboratoire de Bure ? La veille, les habitants des trois intercommunalités proches de Bure y sont invités à descendre dans un puit vertical jusqu'à 500 mètres de profondeur pour y découvrir les galeries d'expérimentation.
En sortie, ils auront peut-être perdu le nord. Gageons qu'ils sauront se retrouver pour la fête cantonale à Bonnet, comme de nombreux pèlerins qui, par le passé, y venaient avec l'espoir de recouvrer la raison auprès de Saint Florentin.
Camille Saïsset
L'Union, 2/6/2009:
C'ÉTAIT l'été dernier. Les vignerons du Tricastin disaient pâtir de l'image de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) suite à une fuite d'uranium. Et dans la foulée, les producteurs ont réclamé à l'Inao (Institut national des appellations d'origine) à changer le nom « Coteaux de Tricastin ». L'image renvoyée c'est « LA » principale inquiétude des viticulteurs. Certes, le champagne n'en est pas encore là mais l'inquiétude grandit. Quatre communes - au moins- sont encore candidates dans la Marne pour accueillir le centre de stockage de déchets radioactifs. D'ici la fin de l'été, l'Agence nationale de gestion des déchets radioactifs devrait dévoiler le nom de trois communes de l'Est susceptibles d'accueillir ce centre.
Face à cela le monde du champagne s'organise. « Nos présidents ont pris des contacts. On n'est pas indifférent. Mais il faut faire attention à ce qu'on dit, Soulaines est déjà là », signale Daniel Lorson le porte-parole du Comité interprofessionnel des vins de champagne. Eh oui l'image du champagne aurait déjà pu être écornée suite à l'installation dans l'Aube - à Soulaines- en 1992, d'un centre de stockage de déchets radioactifs. Un site situé à quelques encablures de la zone d'appellation champagne. Ceci impose donc une extrême prudence en matière de communication de la part de la profession. « Ça peut-être contre-productif de faire trop de bruit autour de ça, souligne Daniel Lorson. L'image du champagne est quelque chose de fragile. Notre rôle est de la préserver. L'image de pureté du champagne ne doit pas être mise en péril. »
« Déjà deux poubelles nucléaires dans l'Aube ». Michel Guéritte, militant anti-nucléaire et président de l'association auboise « Qualité de vie » en sait quelque chose. Dans l'Aube, il n'a pas cessé d'adresser des courriers aux vignerons pour qu'ils rallient sa cause et sollicité le CIVC à Epernay. Mais rien ne se passe : « Le CIVC refuse de communiquer avec moi. En parler, c'est mettre le doigt sur un problème. C'est gênant pour eux de se positionner car on a déjà deux poubelles nucléaires dans l'Aube ».
Mais la profession ne veut pas d'amalgame : « Les militants ne poursuivent pas les mêmes buts que nous. On n'a pas une position de fond contre le nucléaire », précise Daniel Lorson. Mais rien de plus normal si la communication reste frileuse. Le champagne est une pierre angulaire de l'économie de la région. Et Jean-Paul Bachy, président de Région et président de l'Association européenne des régions viticoles, n'a pas manqué de le souligner dans sa lettre adressée, en mars dernier, au Ministre de l'écologie Jean-Louis Borloo.
Jean-Paul Bachy, parle de « contradiction avec des impératifs de nature économique ». Il rappelle aussi que les vignerons « sont aussi tributaires d'une image attachée aux terroirs de la région, qui doit n'offrir aucune brèche ». Et la brèche en question est toute trouvée avec cet éventuel centre de stockage de déchets radioactifs. Et certains ne se feront pas prier pour s'y engouffrer : « Ce sera un argument pour les Américains qui ne veulent pas reconnaître l'appellation champagne. Il y a un vide juridique là-bas et les producteurs peuvent appeler champagne du mousseux », explique Philippe Martin, député et président de l'Association nationale des élus de la vigne et du vin (Anev). Néanmoins le député marnais ne veut pas céder à la panique. « Il vaut mieux ne pas anticiper dans la mesure où il n'y a rien de fait. Et on fera tout pour que ça ne se fasse pas dans la région ».
La profession alerte les politiques
Pas question pour les vignerons de descendre l'avenue de Champagne à Epernay à grands renforts de banderoles et de slogans ravageurs. L'image du champagne doit rester intacte. C'est donc en sous-main que tout se passe. Mais le président de l'Union des maisons de champagne et co-président du CIVC, Ghislain de Montgolfier nie toute existence de lobbying : « On fait notre métier. On considère qu'il y a collision entre champagne et nucléaire. Et nous exposons nos arguments aux députés et aux élus qui peuvent être intéressés par les retombées financières d'un tel centre de stockage ».
Et apparemment ces rencontres ont porté
leur fruit. Puisque plusieurs communes ont retiré leur
candidature pour l'accueil d'un site de stockage de déchets
radioactifs. On se souvient de Blesme, Scrupt, Maurupt-le-Montois
et dernièrement Vanault-les-Dames. Pour autant, la profession
ne prend pas position contre le nucléaire. Le président
de l'UMC s'en défend et les politiques aussi. « Ça
serait simplement malvenu de retenir un site dans le département
de l'appellation champagne. Ça serait gênant pour
la pérennité de l'appellation », signale le
député Philippe Martin, lui-même viticulteur.
Lui aussi a pris son bâton de pèlerin et travaille
« en sous-terrain » comme il aime à le répéter.
L'Est Eclair, 18/5/2009:
Un collectif de militants antinucléaires a voulu se montrer hier matin, lors du grand rassemblement dans le centre de Brienne-le-Château (Aube), à l'occasion de la cérémonie des 150 ans de l'hôtel de ville.
A l'invitation de Michel Guéritte, président
de villesurterre.com, vingt-quatre militants de Brienne et Troyes,
membres du collectif de Haute-Marne et de l'Yonne, ont brandi
des panneaux où l'on pouvait lire : "Napoléon
oui ; poubelle non". Un message directement adressé
au député-maire de Brienne, Nicolas Dhuicq qui a
porté sa commune candidate à l'implantation d'un
troisième centre de déchets faiblement radioactifs
à vie longue (FA-VL). "C'était un bon symbole,
une bonne répétition pour les actions suivantes.
On était propre, on ne voulait pas saboter Napoléon",
a expliqué Michel Guérite après le mouvement
qui n'a gêné en rien le déroulement de la
manifestation.
L'affranchi de Chaumont, 30/4/2009:
Alors que la mobilisation citoyenne contre le stockage des déchets nucléaires FAVL ne faiblit pas, les conseils régionaux de Lorraine et de Champagne-Ardenne s'opposent officiellement à ce projet.
Une nouvelle manifestation contre le projet de stockage des déchets nucléaires dits FAVL (à faible activité et à vie longue) s'est déroulée samedi dernier à Juzennecourt, attirant une bonne centaine de personnes. Une mobilisation moindre que la semaine précédente où pas loin de 300 personnes avaient défilé dans les rues de Doulaincourt. Mais une mobilisation qui prouve quand même une fois de plus que ce projet de nouvelle poubelle nucléaire n'est pas vu d'un bon oeil par les citoyens du coin. Et par certaines professions. Ainsi, dans un article du journal L'Union du 26 avril, on peut lire cette réflexion du député UMP Benoist Apparu : «Il n'y aura rien ici dans la Marne, et probablement pas en Champagne-Ardenne, parce que le lobbying du champagne mène une campagne d'enfer et ne veut pas en entendre parler».
Mais certains élus -et non des moindres- ne veulent pas non plus en entendre parler. Ainsi, dans une interview accordée à France 3 le 22 avril, le vice-président du Conseil régional de Lorraine Daniel Begin a confié: «Nous avons pris la décision en exécutif de demander au gouvernement de ne pas choisir la région Lorraine pour ce centre d'enfouissement de déchets radioactifs. Avec Bure, nous avons déjà fait un effort au titre de la communauté nationale».
Une démarche «assez cavalière» selon Jean-Paul Bachy
De son côté, le président de la Région Champagne-Ardenne Jean-Paul Bachy a écrit le 6 mars au ministre de l'écologie Jean-Louis Borloo pour lui exprimer ses «plus expresses réserves par rapport à ce dossier». Dans ce courrier qui n'a pas été médiatisé mais que L'affranchi a pu obtenir, JeanPaul Bachy ne mâche pas ses mots.
«La démarche consistant, pour l'administration, à s'adresser directement aux communes, en court-circuitant l'échelon régional, est, en elle-même assez cavalière, et peu conforme à la place que le gouvernement et le chef de l'Etat affirment vouloir donner aux régions, en matière d'aménagement du territoire», souligne-t-il. «Elle présente, en outre, l'inconvénient de se trouver en contradiction, dans l'hypothèse où certaines communes de notre région seraient retenues, avec des impératifs de nature économique essentiels pour la Champagne-Ardenne. Vous n'ignorez pas le poids du vignoble de Champagne non seulement pour sa région d'origine mais aussi pour l'image de la France. La place historique éminente qu'occupe le champagne dans la viticulture française, le nombre d'emplois induits par la profession, la contribution que le champagne apporte aux exportations de la France dans le monde sont liés à la rigueur et aux soins particuliers que les viticulteurs portent à la qualité intrinsèque de leurs produits. Mais ils sont aussi tributaires d'une image attachée aux terroirs de la région, qui doit n'offrir aucune brèche face aux offensives de toutes celles et tous ceux qui seraient tentés d'en dénaturer la valeur.»
«La Champagne-Ardenne supporte déjà un nombre significatif de sites nucléaires»
«La Champagne-Ardenne, avec les sites de Chooz, de Bure, et de Nogent-surSeine, ainsi que de Soulaines supporte déjà un nombre significatif de sites nucléaires», poursuit le président de Région. «Leur relatif éloignement par rapport à la zone d'appellation «champagne» n'a, pour l'instant, pas trop contribué à en ternir l'image. Il en irait tout autrement s'il venait demain à l'esprit des Pouvoirs Publics de retenir sur leur liste certaines collectivités champardennaises ayant candidaté pour l'installation sur leur sol d'un centre de stockage. Comme Président de la Région, mais aussi comme Président de l'Association Européenne des Régions Viticoles, je sais trop ce que sont aujourd'hui les conditions de la concurrence sur les marchés internationaux et l'ampleur des offensives périodiquement menées contre notre viticulture nationale, et singulièrement le champagne qui y occupe une place éminente, pour ne pas vous mettre en garde sur les conséquences que pourrait avoir une décision malencontreuse de votre part.»
Bref, ni la Lorraine ni la Champagne-Ardenne ne veulent récupérer le stockage des déchets FAVL. Le hic, c'est que les communes (encore) candidates à une telle installation sont toutes situées dans l'une ou l'autre de ces deux régions. On comprend mieux, dans ces conditions, pourquoi Borloo n'ose pas annoncer quelles sont les communes retenues par le gouvernement...
CR
Journal de la Haute-Marne, 19/4/2009:
Près de 300 manifestants ont répondu à l'appel de l'association Adéquate, hier, à Doulaincourt-Saucourt. Le défilé des habitants mobilisés contre l'enfouissement des déchets nucléaires s'est poursuivi à Roches-Bettaincourt.
Samedi, 15 h. L'effervescence est inhabituelle
pour la paisible bourgade. Environ 300 personnes ont répondu
à l'appel de l'Association de Doulaincourt-Saucourt pour
la préservation de la qualité de vie dans le canton
(Adéquate). Tous mobilisés contre l'enfouissement
des déchets nucléaires - et la plupart du temps
contre le nucléaire tout court - les participants étaient
venus munis de banderoles, pancartes et porte-voix. Tous étaient
fermement déterminés à faire entendre leur
mécontentement s'agissant de la candidature de la commune
pour l'enfouissement de déchets de Faible activité
et à vie longue (FAVL). Les organisateurs - Adéquate,
Apeln et le Cedra - étaient relativement satisfaits de
cette première qui a généré une mobilisation
importante. Sur de nombreuses maisons du village, les habitants
avaient affiché leur mécontentement ou leur opposition
face à cette décision. « Nous manifestons
aujourd'hui parce que nos élus refusent de tenir compte
de la signature d'une pétition par plus de 98 % de la population,
contre une poubelle nucléaire sous nos pieds », scandait
Bernard Cazin, responsable d'Adéquate. « Nos élus
ont cru aux promesses de l'Andra, ils croient encore au père
Noël, pas nous », poursuivait-il en réclamant
une consultation de la population. Une manifestation sera organisée
samedi prochain, à 15 h, à Juzennecourt.
L'Union, 18/4/2009:
Le conseil municipal de Vanaut-les-Dames a tranché. La commune n'est plus candidate à des études géologiques. Les habitants sont soulagés.
«NON aux déchets nucléaires ». Cette affichette était collée sur les vitres d'un 4x4 stationné devant l'entrée de la mairie de Vanault-les-Dames. Jeudi soir, le député-maire Charles de Courson avait réuni ses conseillers municipaux pour qu'ils se repositionnent sur la candidature de la commune à des études géologiques en vue de l'implantation d'un centre de stockage des déchets radioactifs. Un engagement qu'il avait pris le 28 mars dernier lors d'une réunion d'information sur le projet de l'Andra (Agence nationale de gestion des déchets radioactifs).
Devant 25 personnes, Charles de Courson a rappelé le principe de toute « démocratie ». « Les élus représentent le peuple. Si celui-ci n'est pas content, il s'exprime lors d'élections, a-t-il rappelé, en faisant référence à des lettres anonymes qu'il a reçues à la mairie. Dans une démocratie, on respecte les personnes qui n'ont pas la même opinion. Ce n'est pas acceptable d'agresser les gens ou de ne pas leur parler sous prétexte qu'ils ne pensent pas comme vous ! ».
Un vote à bulletin secret. Le député-maire a demandé un vote à bulletin secret. Un vote perturbé par les invectives d'un habitant de Vanault-les-Dames. Les trois premiers adjoints au maire, Micheline Skibinski, Jean-Pierre Henry et Daniel Franquet, se sont levés d'un bond et ont quitté la salle.
Il ne restait donc plus que huit conseillers municipaux autour de la table. À l'unanimité, ils ont voté contre la candidature de la commune à des études géologiques complémentaires en vue de l'implantation d'un centre de stockage de déchets radioactifs. Ils ont ainsi infirmé la position qu'ils avaient prise il y a six mois.
« Les habitants de Vanault-les-Dames sont heureux de ce vote, a indiqué Edmond Racy, chef de file des opposants au projet de l'Andra. La démocratie a été respectée. C'est grâce à la mobilisation de la population que le retrait de la candidature a pu être effectif ».
Aujourd'hui, plus aucun village de l'arrondissement vitryat ne se porte candidat. Avant de s'en aller, Edmond Racy a tout de même demandé au député-maire Charles de Courson de transmettre « dans les délais » la nouvelle position de la commune « pour qu'elle soit bien enregistrée auprès de l'Andra ».
L'Union, 16/4/2009:
Alors que le conseil municipal de Vanault-les-Dames s'apprête à revoter ce soir à propos de sa candidature à l'éventuelle implantation d'un site de stockage de déchets radioactifs de faible intensité à vie longue (FA-VL) au sein de son territoire, le président de l'Andra (Agence nationale de gestion des déchets radioactifs, en charge du dossier), François-Michel Gonnot apporte un démenti cinglant aux affirmations du maire Charles de Courson. Face notamment à l'opposition grandissante d'une partie des habitants de Vanault, mais aussi des communes alentours, à tout accord de principe pour le projet Andra - y compris pour de simples études de sol - M. de Courson a, en effet, à plusieurs reprises, déclaré qu'il savait de source sûre - en l'occurrence du président de l'Andra lui-même - que le site de stockage retenu au final ne serait pas situé en Champagne-Ardenne et encore moins dans la Marne, mais en Lorraine. « Nous sommes à quinze jours, trois semaines du choix des trois sites retenus pour des études de sol approfondies et j'ignore totalement quelle va être la décision du ministre Jean-Louis Borloo ! Je lui ai simplement donné une grille de lecture et une expertise », précise pourtant M. Gonnot. « Je n'ai donc pas pu dire à M. de Courson quel serait le site choisi et je ne veux pas qu'on me prête des propos que je n'ai pas tenus. » D'abord la géologie. Le président de l'Andra, par ailleurs député de l'Oise, rappelle que la majorité des quelque quarante communes candidates sont situées en Lorraine mais aussi en Champagne-Ardenne. « Parmi les sites retenus, on peut très bien avoir des communes de ces deux régions », pose-t-il avant d'énumérer les critères qui devraient motiver la décision ministérielle : « Le premier, c'est la géologie dont dépend la sûreté. La qualité de la couche d'argile doit permettre de protéger au mieux de la propagation de radioéléments. Ensuite viennent les critères environnementaux contraignants comme la présence de parcs nationaux, d'AOC Enfin, le ministre Borloo consulte beaucoup et regardera la solidité politique de chaque candidature. ». Autant d'éléments qui devraient permettre aux élus vanaultiers de nourrir leur réflexion avant de confirmer ou d'infirmer leur décision. Le conseil municipal débutera à 18 heures.
L'Union, 30/3/2009:
Lors de la réunion d'information contradictoire, à Vanault-les-Dames, sur les déchets nucléaires, le député-maire, Charles de Courson, a annoncé qu'il reconvoquera le conseil municipal.
«MAURUPT a dit non. » C'est l'un des slogans que brandissaient sur des pancartes une vingtaine d'antinucléaires rassemblés samedi après-midi devant la mairie et la salle des fêtes de Vanault-les-Dames. C'est là que se tenait une réunion d'information des Vanaultiers sur le projet de l'Andra (Agence nationale de gestion des déchets radioactifs) et ses conséquences pour ce village de 330 habitants. Des conseillers municipaux filtraient l'entrée. Il fallait montrer « patte blanche ».
Sur la scène, le député-maire Charles de Courson, assis aux côtés de Jean-Paul Baillet, directeur général adjoint de l'Andra, et Edmond Racy, chef de file des Vanaultiers hostiles à l'implantation d'un centre de stockage de déchets radioactifs sur le territoire de la commune. Aucun membre du Cedra n'était présent, une manifestation régionale se tenant le même jour dans les Vosges.
D'emblée, le directeur général adjoint de l'Andra a rappelé que les conseils municipaux étaient « souverains ». « Nous avons lancé un appel à candidature pour effectuer des études géologiques complémentaires, a-t-il expliqué. En 2011, les conseils municipaux seront amenés à redélibérer pour confirmer leur candidature ». Une précision qui n'a pas rassuré Edmond Racy qui demande le retrait « immédiat » de la candidature de Vanault-les-Dames afin « d'écarter tous risques ». « Vous mettez le doigt, puis le bras et tout le corps ensuite », a-t-il lancé.
« Le risque zéro n'existe pas » L'Andra recherche un site pour stocker les déchets radioactifs de faible activité à vie longue, c'est-à-dire de plusieurs centaines de milliers d'années. Des déchets qui « représentent environ 5 % du volume total et 0,01 % de la radioactivité totale des déchets radioactifs français », a souligné Francis Chastagner, directeur industriel de l'Andra, avant d'indiquer que 15.000 à 20.000 analyses par an étaient effectuées dans les centres de stockage existants. « Mais le risque zéro n'existe pas »
Edmond Racy a expliqué aux Vanaultiers les 18 raisons majeures qui le poussent à s'opposer à l'implantation de ce centre dans la commune. Parmi elles : la zone Natura 2000 dans laquelle le village se trouve, le transport des déchets radioactifs par camion, ou encore la perte de valeur « pour longtemps » des maisons, bois, étangs et vignes. « Vanault-les-Dames est une commune bien gérée. Elle n'a pas besoin de cet argent pollué ! », a-t-il martelé sous les applaudissements du public. Le directeur général adjoint de l'Andra en a profité pour remettre les points sur les « i ».
« La commune, qui sera choisie par le gouvernement pour accueillir ce centre de stockage, ne recevra aucun revenu de l'Andra avant 2019, date de son exploitation », a-t-il indiqué. Les questions ont fusé dans l'assemblée, notamment à l'encontre des conseillers municipaux qui ont voté pour ce projet. « Pour quelles raisons ? », a demandé un habitant.
« Pour de l'emploi », ont-ils répondu. Après trois heures de débat parfois houleux, le député-maire Charles de Courson a répondu à la demande des habitants. « Je vais reconvoquer le conseil municipal pour que l'on puisse reparler de la candidature de la commune. Je vais trouver une date avec les adjoints », s'est-il engagé. Edmond Racy lui a demandé de ne pas attendre la fin avril, date à laquelle le gouvernement divulguera les trois sites retenus. À suivre
L'Union, 25/3/2009:
Les opposants à la candidature de Vanault-les-Dames à l'implantation d'un site de stockage de déchets radioactifs se manifestent et demandent au conseil municipal de revoir sa position.
Vanault-les-Dames, 357 habitants au dernier recensement et une réputation de petite commune bien tranquille aux confins de l'arrondissement vitryat Et pourtant, depuis maintenant une dizaine de jours, le calme qui enveloppe habituellement le fief du député-maire Charles Amédée de Courson semble avoir été quelque peu perturbé. Certains signes ne trompent pas comme cette affichette placardée bien en évidence sous le panneau d'entrée du village : « Non aux déchets nucléaires ! Vanault-les-Dames doit retirer sa candidature de suite ! » Un message que l'on retrouve un peu partout aux portes et aux fenêtres des habitations, quand les propriétaires n'ont pas fait preuve d'imagination et ajouté de larges pancartes de carton aux dessins mortifères.
« Être informés »
Pas de doute, le vote par le conseil municipal vanaultier d'une
délibération actant la candidature de la commune
à des études de sol pour une éventuelle implantation
d'un site de stockage de déchets radioactifs (lire par
ailleurs) de l'Andra (Agence nationale de gestion des déchets
radioactifs) suscite des réactions ! La décision
a été prise en octobre dernier mais la population
n'en a véritablement eu connaissance que ce mois-ci. Certains
élus reconnaissent d'ailleurs à demi-mot «
qu'il ne fallait pas en parler ». Résultat : aujourd'hui
la colère est palpable chez bon nombre de leurs administrés.
« On voudrait déjà être informés,
on habite ici tout de même ! tempête ainsi Évelyne,
40 ans dont 21 passés dans la commune et farouchement opposée
à l'arrivée d'une « poubelle nucléaire
». Pourquoi ne nous a-t-on pas demandé notre avis
? Et pourquoi n'en a-t-on jamais parlé ? Tout cela n'est
pas clair ! »
Lui-même informé par voie de presse de l'existence de la délibération, un autre habitant, Edmond Racy, ancien chef d'entreprise ayant travaillé dans la dépollution, a décidé de passer à l'action. En commençant par mettre au courant l'ensemble de la population. « J'ai pris la décision de prendre ma plume et j'ai remis une lettre à tous les habitants pour demander une réunion publique, explique-t-il. Ceux qui le veulent inscrivent leur nom, adresse puis datent et signent la lettre pour la déposer en mairie. J'ai également adressé une lettre personnelle au maire pour demander une réunion extraordinaire du conseil municipal et le retrait de la candidature de Vanault. »
Depuis, ce retraité a reçu une multitude de coups de fil et de mails, des Vanaultiers bien sûr mais également des habitants des communes avoisinantes. « Les acteurs économiques locaux sont notamment très contrariés par cette situation », affirme M. Racy qui expose ses arguments avec calme : « Vanault n'a pas besoin d'argent pollué, c'est une commune riche et bien gérée. Des actions positives ont été engagées avec le projet de maison médicale, de nouveau lotissement ou encore d'extension de la cantine. Mais comment faire venir de nouvelles personnes avec l'arrivée des déchets nucléaires ? » Et de préciser, à bon entendeur : « Je ne suis pas opposé au nucléaire mais, pour moi, les déchets doivent être enfouis là où ils sont produits afin d'éviter leur transport qui est très dangereux ! »
Des partisans très discrets
Plusieurs habitants pointent de leur côté le contexte
agricole et environnemental particulier de Vanault, à l'image
de Laurence Krzyszczyk, exploitante agricole et à la tête
de la chocolaterie Chérelle : « Ce projet va à
l'encontre des produits artisanaux de qualité que nous
défendons depuis 25 ans ! » souligne-t-elle, sans
oublier d'évoquer « le souci de la nature mais aussi
de la santé de nos descendants ».
Au restaurant local, on confirme : « C'est une idée de fous ! Ici, il y a l'agriculture et le champagne, il faut les préserver sinon que restera-t-il ? » Dans les rues du village, difficile de toute façon de croiser quelqu'un qui se dise favorable à la candidature de Vanault. Tout juste certains commerçants refusent-ils de prendre position, « neutralité professionnelle » oblige. Et du côté des membres du conseil, dont cinq ont voté pour le dossier Andra, on paraît plus pressé de s'exprimer lorsqu'on s'est prononcé contre. Unanimité en revanche lorsqu'il s'agit de déplorer le clivage apparu dans la commune.
De quoi conforter les opposants à l'arrivée des déchets qui entendent maintenir la pression. « Notre mouvement ne s'arrêtera que lorsqu'un procès-verbal de conseil définira que la commune n'est plus candidate, prévient M. Racy. Nous verrons si la question est à l'ordre du jour du prochain conseil municipal et, en fonction, nous agirons. » Le prochain conseil se tiendra demain soir. Et ce, même si plusieurs conseillers en ont fait la demande au premier magistrat, sans cette explosive question au menu
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Le maire: « de l'agitation pour rien »
Pour le maire de Vanault-les-Dames, Charles de Courson, il n'y a pas de problème nucléaire dans sa commune. « Il y a beaucoup d'agitation pour rien dans le secteur autour de ce sujet », commente l'élu avant d'ajouter : « Les gens qui ont peur du nucléaire sont pourtant les mêmes qui utilisent cette énergie, sauf qu'ils ne veulent pas de déchets radioactifs chez eux ! »
Pour autant, le premier magistrat vanaultier le clame haut et fort : il a voté contre les études de sol pour l'implantation d'un site de stockage de déchets radioactifs de faible activité à vie longue de l'Andra. « Ma position personnelle est connue, répète-t-il. Je suis hostile à ce projet pour deux raisons : un, parce que nous sommes en zone protégée, notamment Natura 2 000 ; deux, parce que connaissant le milieu, je sais que les lieux qui seront arrêtés par l'Andra (N.D.L.R. : Agence nationale de gestion des déchets radioactifs) ne seront pas ici.
Les responsables de l'Andra, et notamment son
président, m'ont expliqué que le site serait une
compensation à la fermeture de sites militaires en Lorraine.
» Mais si une implantation n'est pas à l'ordre du
jour à Vanault, pourquoi ne pas revoter et se retirer des
listes de l'Andra, la population s'inquiétant d'une «
candidature à vie » qui « pourrait être
réutilisée par la suite » ? Réponse
limpide du député-maire : "Il y a eu une décision
du conseil, nous avons voté. Il y a eu cinq voix pour et
quatre contre. Je respecte cette position, je suis un démocrate."
25/3/2009 - Seize associations des régions Lorraine et Champagne-Ardenne, dont le Réseau Sortir du nucléaire, Greenpeace et Les amis de la Terre, ont indiqué mercredi qu'elles avaient demandé à Nicolas Sarkozy un moratoire sur tous les projets en cours d'enfouissement des déchets nucléaires. Dans une lettre au chef de l'Etat, ces associations réclament un débat national sur la politique énergétique, actuelle et future, du pays, ses enjeux et sur les choix d'orientations comportant notamment un audit indépendant sur "la filière électronucléaire dans son ensemble". "Un véritable débat national sur la politique énergétique est un préalable indispensable à ce qu'un programme de gestion des déchets nucléaires déjà produits puisse être élaboré indépendamment de tout intérêt industriel", ajoutent-elles dans un communiqué reçu à Metz. Ce débat sur la gestion des déchets radio-actifs est réclamé par les anti-nucléaires alors que le ministère du Développement durable doit publier prochainement une liste de communes retenues par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) pour l'enfouissement de déchets dits "faiblement radioactifs et à vie longue (FAVL)". En juin 2008, l'Andra avait lancé un appel à candidatures, sur une base volontaire, auprès de quelque 3.115 communes pré-sélectionnées en fonction des qualités d'imperméabilité de leur sous-sol. Selon les associations signataires, restent en lice quelques communes qui, "coïncidence hasardeuse ou pilotée", se situent dans l'Est de la France, là où se trouvent déjà le très controversé chantier d'enfouissement de Bure (Meuse) et les sites d'entreposage de déchets radioactifs de Soulaines et Morvilliers (Aube). L'Andra exploite à Bure un laboratoire souterrain destiné aux recherches sur le stockage des déchets radioactifs en couche géologique profonde.
L'Union, 22/3/2009:
Hier, pour les antinucléaires de l'Argonne, c'était un peu l'épreuve de vérité. Allaient-ils réussir à suffisamment mobiliser pour leur première manifestation ? A l'évidence oui
Le rendez-vous était fixé hier à 14 heures devant l'hôtel de ville de Sainte-Ménehould. La manifestation avait été baptisée « 30 minutes pour sauver l'Argonne ». « Sauver l'Argonne » du projet d'implantation d'un centre de déchets radioactifs sur la région. A l'initiative de ce mouvement de protestation : le collectif d'élus argonnais hostiles aux candidatures des communes de Sainte-Ménehould, Massiges et Maffrécourt.
Peut-on parler d'une réussite pour cette action ? Incontestablement oui. Alors qu'en Argonne, on cultive peu la fibre de la contestation (jeudi, aucune manifestation n'a eu lieu sur l'ensemble de l'arrondissement), ce sont entre 170 (selon les forces de l'ordre) et 220 personnes (d'après les manifestants) qui se sont retrouvées devant la mairie. Pour information, la pétition qui a circulé à cette occasion a réuni aux dires de Nicolas Lerouge, maire de Braux-Saint-Rémy et principal organisateur, pas moins de 175 signatures.
Puisque tout est symbole, les opposants au projet de l'Andra ont offert aux personnes qui le désiraient des graines de tournesol afin de les faire pousser chez elles. Une sorte de signe de ralliement Une action pacifiste où il fallait avant tout faire « masse ». Parmi les manifestants, si l'on a pu croiser les habituels « anti-Courot », de même que quelques anticarrière « venus à titre privés », on a également pu rencontrer de nouvelles têtes. Des têtes qu'on ne voit pas habituellement. Preuve que la question est loin de laisser indifférente une partie de la population. A noter en outre la présence de l'ancien maire de Sainte-Ménehould, Robert Gautier.
Quelques discours ont été prononcés. La parole a ainsi été donnée à une habitante de Scrupt pour qu'elle témoigne du combat mené dans son village, conjointement avec les habitants des communes voisines que sont Blesmes et Maurupt-le-Montois (à côté de Vitry-le-François) : « A force de réunions et d'informations, les gens chez nous ont compris le danger. Et les élus de Blesmes et Scrupt sont revenus sur leur décision ».
Nicolas Lerouge a expliqué quant à lui aux manifestants : « L'Andra et le gouvernement cherchent le consensus sur le territoire qui accueillera ce site. A nous de montrer qu'ici, ça ne sera pas le cas ! ». Bertrand Courot qui était présent en mairie - fermée - pendant la manifestation expliquera un peu plus tard à la presse que s'il comprend l'inquiétude de certaines personnes, « il ne faut pas faire preuve de dogmatisme et confronter tous les avis. A commencer par ceux des scientifiques ! ».
L'Est Eclair (Aube), 16/3/2009:
Les collectifs antinucléaires s'unissent contre l'implantation d'un centre de stockage de déchets nucléaires sur leurs territoires...
« Déchets nucléaires, ni ici, ni ailleurs, mais autrement ! ». La mobilisation antinucléaire contre le projet d'implantation d'un centre de stockage de déchets nucléaires FA-VL (Faible activité à vie longue) de l'Andra continue.
Samedi, les représentants collectifs antinucléaires de six départements de Champagne-Ardenne (Aube, Marne et Haute-Marne) et de Lorraine (Meuse, Moselle, Vosges) s'étaient pour la première fois retrouvés à Colombey-les-Deux-Eglises pour s'engager dans une « charte de solidarité ». Nombre de communes du Briennois et du Soulainois étaient représentées comme Brienne- le-Château, Morvilliers, Pars-lès-Chavanges, Saint-Léger-sous-Brienne, Hampigny, Juzanvigny, Petit-Mesnil, Epothémont, Radonvilliers mais aussi Auxon, située au sud-est de Troyes.
Tous étaient réunis dans ce lieu symbolique de la Résistance pour affirmer leur détermination à ne pas laisser implanter ce nouveau centre. « L'objectif, c'est l'unité comme force. Il est impératif d'être uni et fédéré pour montrer une détermination sans faille et être là pour les autres », lance Marie-Pascale Laheyne-Simonot, responsable du collectif de Juzennecourt (52). « Si le gouvernement allait au bout de ce projet fou, qu'il désigne telle ou telle commune et pas la mienne, alors nous irons soutenir le ou les villages ciblés », ajoute une militante auboise.
Montrer une unité donc. Et ce, à un moment où des habitants découvrent seulement maintenant que leur commune est candidate à l'accueil du site. « C'est bien que l'on soit tous ensemble et qu'on ne combatte pas seulement pour son jardin. La poubelle, on ne la veut nulle part », lance Michel Guéritte, responsable du collectif La Qualité de vie à Ville-sur-Terre (Q.V.).
A l'heure où on ne sait toujours pas quelles communes sont retenues, les militants n'entendent pas stopper le mouvement et plusieurs actions sont prévues dans les semaines à venir comme des manifestations à Aouze (88) le samedi 28 mars, Doulaincourt, Roches et Vaux (52) le samedi 18 avril et Gondrecourt-le-Château (55) le samedi 30 mai.
Le Républicain lorrain, 15/3/2009:
Le centre socioculturel a fait le plein vendredi soir lors d'une rencontre où élus, spécialistes et protecteurs de l'environnement ont proposé de débattre sur le projet de Baronville. A les entendre, de nombreuses zones d'ombres demeurent. Extraits.
« Le nucléaire arrive. Baronville, barrons-nous » était-il écrit sur les prospectus distribués à l'entrée d'un centre socioculturel rempli en un rien de temps. Depuis que ce village a accepté d'être étudié dans la perspective d'un stockage souterrain de déchets radioactifs à la mi-octobre 2008, il ne laisse guère indifférente. Ici et là, des panneaux affichant l'opposition au projet ont été plantés, mais aucun débat de garnde ampleur n'avait encore eu lieu.
Sensibiliser. Vendredi soir donc, à l'initiative de la ville de Morhange, avec la collaboration du Collectif 57, la première réunion publique digne de nom a attiré près de 450 personnes, afin de poser les questions qui taraudent les habitants du secteur et d'en savoir un peu plus sur la nature même des projets de l' Agence nationale des déchets radioactifs (Andra), grande absente de cette soirée.
« Nous sommes réunis pour exprimer la surprise, la colère, a lancé en préambule le maire Jacques Idoux. Nous avons invité des professionnels pour que l'on soit crédible, et nous avons affirmé notre volonté de transparence On aurait pu demander leur avis aux gens qui habitent dans le secteur et informer la communauté de communes ! ». Le premier magistrat est même revenu sur le projet avorté d'une usine pour incinération d'animaux à Grostenquin en 2006, la contestation collégiale ayant dans ce cas porté ses fruits.
Question de compétence. Jean-Marc Fleury, président de l'association des élus meusiens (AEM) et maire d'un village voisin de Bure, est un opposant de longue date à ce type l'enfouissement. « Ce projet n'est pas bon pour nos habitants, et je vais essayer de vous dire pourquoi » a-t-il dit. « S'il y a une voie vers laquelle il faut aller, ce n'est certainement pas l'enfouissement, c'est un axe qui tue la recherche, ainsi on continue à creuser d'autres trous et à vendre l'énergie nucléaire, a-t-il poursuivi, fort d'une expérience de 15 ans où il n'a cessé de se documenter sur le sujet. La compétence des élus de Baronville s'arrête à la décision qu'ils viennent de prendre. D'un côté, vous avez le droit de lever le doigt, et d'un autre, vous n'êtes pas compétents. Ce que recherche l'Andra, c'est un endroit où il n'y ait pas d'opposition, l'aspect géologique passe au second plan. » Invoquant une approche du problème parce qu'il a nommé une "gestion par l'oubli", Jean-Paul Fleury a également souligné que l'Andra pouvait classer les déchets à sa guise.
Terre de vie. « Venez en Meuse, vous verrez un département qui se meure. A Bure, les entreprises locales ont juste fait un peu de sous-traitance » quand le laboratoire a été construit. « A quoi bon des trottoirs enrobés s'il n'y a personne pour marcher dessus ? » a-t-il demandé, ajoutant que le plus dramatique était de constater la banalisation du déchet nucléaire. « Le seul moment où la commune peut décider quelque chose, c'est maintenant » a précisé M. Fleury, attirant également l'attention sur les problèmes liés à la santé. « C'est votre terre de vie, défendez-la ! »
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Aucune garantie scientifique
Monique Sené, spécialiste reconnue et membre du Groupement des scientifiques sur l'énergie nucléaire, a pour sa part précisé que la problématique des déchets avait commencé en 1966, avec l'usine de retraitement construite à la pointe du Cotentin, et que l'Andra était au départ une agence du Commissariat à l'énergie atomique. « Le problème est très complexe, les scientifiques n'ont pas vraiment d'assurance qu'on puisse stocker en profondeur, et que le tout reste stable. » A propos de l'enfouissement des déchets radioactifs, elle affirme : « Je pense que ce n'est pas la solution, on ne peut pas faire n'importe quoi », a-t-elle ajouté, arguant du fait que les fûts ne sont pas infaillibles, tout comme le béton peut se fissurer. « On construit des EPR, mais on n'a pas de politique énergétique » a regretté Mme Sené.
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Tout savoir sur Bure
Le
laboratoire de Bure, ou laboratoire
de recherche souterrain de Meuse/Haute- Marne, est un réseau
de galeries souterraines localisé sous le territoire de
la commune de Bure (55). Dans le cadre des recherches sur le stockage
des déchets radioactifs en couche géologique profonde,
ce laboratoire de recherche souterrain est exploité par
l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs
(Andra) afin d'évaluer les propriétés de
confinement de la formation géologique située à
500 m de profondeur.
La construction du laboratoire débute en 2000 dans le cadre
de la loi Bataille relative aux recherches sur la gestion des
déchets radioactifs de haute activité à vie
longue. Une première phase de construction s'achève
en 2007 et des travaux d'extension sont en cours depuis 2008.
La loi de programme du 28 juin 2006 relative à la gestion
durable des matières et déchets radioactifs désigne
le stockage en formation géologique profonde de faible
perméabilité comme solution de référence
pour l'évacuation définitive des déchets
radioactifs de haute activité et à vie longue. Elle
confirme l'Andra comme maître d'ouvrage du projet et un
décret proroge l'autorisation d'exploiter le laboratoire
jusqu'à fin 2011.
[A propos de Bure:
- L'enfouissement des déchets radioactifs
est-il aussi rassurant que le prétend L'ANDRA ?
- Analyse du géologue Antoine Godinot: Des déchets nucléaires
type "B" et "C" pour Bure (Word)
- Négation du potentiel géothermique de Bure,
A. Mourot, A. Godinot, P. Huvelin
- Synthèse
de 10 pages (Word)
- Texte
complet de 37 pages
(Word)]
L'Union (Marne), 11/3/2009:
Le dossier « déchets nucléaires » n'en finit pas de causer des débats
Plus de 1500 tracts distribués sur tout le périmètre de la communauté de communes Saulx et Bruxenelle, une opération « cartes postales » barrées d'un « Non à la poubelle » et envoyées à la mairie de Maurupt-le-Montois, des pancartes de plus en plus nombreuses dans les rues de cette petite commune de quelque 550 habitants. Pas de doute, la mobilisation pour le retrait de la candidature mauruptoise à l'implantation d'un site de stockage de déchets radioactifs de faible activité à vie longue (FAVL) se poursuit sans relâche.
Demain soir dès 20 h 30, une nouvelle réunion d'information animée par des représentants du CEDRA (Collectif contre l'enfouissement des déchets radioactifs) de Saint-Dizier avec la participation de Jacques Leray, maire de Beurville et représentant de l'AEMHM (Associations des élus meusiens et haut-marnais) opposés à l'enfouissement des déchets radioactifs, se déroulera à la salle des fêtes de Pargny-sur-Saulx.
« Une pression douce »
Objectif avoué du collectif informel d'habitants, qui milite
contre l'arrivée du nucléaire : maintenir la pression
sur les élus mauruptois jusqu'à un nouveau vote
sur l'épineuse candidature de la commune. « Il s'agit
d'une pression douce, nuance toutefois Danielle Simon, résidente
de Scrupt et impliquée dans la lutte contre le nucléaire
depuis plus de trente ans. Je pars du principe que les gens se
sont fait piéger, qu'ils ne savaient pas. L'Andra (NDLR
: agence nationale de gestion des déchets radioactifs,
en charge du dossier) leur a donné un simple fascicule
pour voter l'avenir de la commune sur des millions d'années
! » Son souhait ? « Que les élus se présentent
au moins à cette réunion qui sera différente
de celle qui s'est tenue à Maurupt dernièrement.
La première était plutôt un débat ;
là, ce sera une véritable information dispensée
par des témoins qui travaillent sur le nucléaire
depuis une quinzaine d'années. »
Une réunion ça suffit !
Du côté de la mairie de Maurupt, on ne l'entend visiblement
pas de cette oreille. Au point que l'équipe n'a pas souhaité
mettre une nouvelle fois à disposition la salle de réunion
de la commune. « Une réunion, c'est bien, pose ainsi
le maire, Catherine Giraldo, opposée au projet mais assumant
le vote de son conseil. L'information est déjà très
clairement passée. Si le CEDRA voulait une nouvelle soirée,
la salle pouvait être louée » Message reçu
: l'association s'est tournée vers la voisine pargnysienne
dont le maire Roland Leclère a accepté sans hésiter
: « D'abord au nom du droit d'expression des associations
mais aussi parce que je partage l'opinion de ceux qui sont contre
l'arrivée de tels déchets », explique l'élu.
Peu importe le lieu, les antinucléaires pensent une nouvelle fois faire salle comble. « Nous avons passé des appels téléphoniques à Maurupt, raconte ainsi Danielle Simon. Sur 122 coups de fil, 97 personnes se sont déclarées contre la poubelle, 20 ne se sont pas prononcées et 5 se sont dites pour. » Reste à voir la décision du conseil municipal, dont la prochaine réunion pourrait être reportée au jeudi 27 mars, au lieu du 20. Le budget devant de toute façon être voté avant le 31, la décision sera connue en mars.
Du côté de la nouvelle venue dans le débat, Vanault-les-Dames, la mobilisation n'en est qu'à ses prémices. « Nous avons distribué la même lettre ouverte qu'à Blesme et tous ceux qui le souhaitent peuvent nous contacter* », précise Mme Simon. À suivre, en attendant le choix des sites par l'Andra, annoncé aussi pour la fin du mois
* http://blesme-mon-amour.over-blog.fr
Réunions d'information publique déchets
nucléaires dits "FAVL"
Mardi 10 mars à 20h30 Lieu à La Neuville-au-Pont.
L'Union, 3/3/2009:
Les habitants sont bien décidés
à faire fléchir le conseil municipal.
«MAURUPT n'est pas une poubelle » « Non aux
déchets nucléaires. » Depuis la réunion
publique du jeudi 19 février, qui s'est tenue à
la salle des fêtes, la mobilisation n'a pas failli dans
la commune de Maurupt-le-Montois.
Bien au contraire. Au cours des jours qui ont suivi cette assemblée, les habitants élevés contre l'enfouissement éventuel des déchets nucléaires dans leur commune, ont tenu à afficher leur opposition en posant des panneaux explicites devant leur habitation. Et ils sont nombreux. Certains ont même été récemment postés sur les murs de la mairie et à l'entrée de la commune. Mais ceux-là ont été retirés la nuit dernière ainsi que ce week-end.
Ce n'est pas tout. Une pétition circule également dans la commune. Près de 200 signatures ont été déjà recueillies. Des habitants de Cheminon ont également tenu à afficher leur opposition en bas de cette pétition, qui demande tout simplement le retrait de la candidature de la commune auprès de l'ANDRA. « Ce que l'on veut, c'est que le conseil municipal revienne sur sa décision, comme l'ont fait Blesme et Scrupt. »
Marche silencieuse
Une seconde réunion publique pourrait être organisée, cette fois avec la présence de la CEDRA. Encore faut-il que la salle des fêtes soit disponible. Une marche silencieuse sera en outre mise sur pied au mois d'avril. Elle partira des départements voisins pour venir jusqu'à Revigny-sur-Ornain.
Pour mémoire, à la fin de l'année le conseil municipal de Maurupt-le-Montois avait, au détour d'un vote, déclaré à l'ANDRA son intérêt pour accueillir les déchets nucléaires avec 10 voix pour et 4 contre, dont celle du maire Catherine Giraldo.
Exactement la même situation qu'à Vanault-les-Dames où le conseil a également déclaré son intérêt avec 5 voix pour et 4 contre. Parmi les 4, là encore celle du maire. Mais à Vanault, la mobilisation est nettement moindre.
************************
« La commune divisée en deux »
« J'ai hâte que l'ANDRA et le gouvernement rendent leur décision. Afin que l'on ne parle plus de cette histoire. C'est très difficile à vivre, surtout que les gens ne comprennent pas que l'on n'est engagé à rien. Seulement à une étude. L'ANDRA nous l'a rappelé. Certains en ont même fait une histoire personnelle contre certains élus. C'est d'autant plus dur pour moi que je n'ai jamais voté pour cette déclaration d'intérêt. »
Catherine Giraldo, maire de Maurupt-le-Montois, vit des moments bien délicats. La commune, désormais tombée dans un climat délétère, serait même divisée en deux. « Il y a le camp des pour et le camp des contre. Il y a de l'agressivité à chaque coin de rue dès l'instant où l'on met le nez dehors. »
Alors Catherine Giraldo aimerait bien croire ce que certains voisins lui prétendent : qu'aucun site dans la Marne ne serait retenu et que deux en Haute-Marne et deux en Moselle le seraient. En attendant cette réponse, prévue pour la fin du mois, la première magistrate compte bien remettre la question à l'ordre du jour du prochain municipal qui se tiendra vendredi 20 mars.
« Mais je ne garantis pas la réponse, tout le monde semble camper sur sa position. » Peut-être que la réunion de préparation, qui doit se tenir aujourd'hui à la mairie, en fera fléchir certains. La maire, elle, votera encore contre.
28/2/2009 - Quelque 250 personnes ont manifesté samedi à Soulosse-sous-Saint-Elophe (Vosges) pour protester contre un projet d'enfouissement de déchets nucléaires à faible activité et à vie longue que la commune est candidate à accueillir, a-t-on appris auprès de la gendarmerie. L'agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) a lancé l'an dernier un appel à candidatures auprès de plus de 3.100 communes. Selon le site internet "Bure: Stop" des opposants au projet, plus d'une trentaine de communes d'Aube, de Haute-Marne, de Marne, Meuse, Moselle et des Vosges se sont portées candidates, dont Soulosse-sous-Saint-Elophe. Le site doit être choisi fin 2010, avec une mise en service prévue pour 2019. Le collectif contre l'enfouissement des déchets nucléaires des communes vosgiennes d'Aouze, Grand et Soulosse-sous-Saint-Elophe, toutes trois candidates, a réclamé un moratoire sur les projets d'enfouissement de déchets nucléaires.
Politis, 26/2/2009:
Après huit mois d'investigation nationale, c'est le département de l'Aube qui pourrait accueillir le?premier site français de stockage de déchets radioactifs de « faible activité à vie longue ».
Après Soulaines et Morvilliers, l'Aube va-t-elle hériter d'une troisième poubelle nucléaire ? C'est ce que redoutent nombre d'habitants, alors que l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) va dévoiler ses préférences pour le premier site français de stockage de déchets nucléaires « faible activité à vie longue » (FAVL), d'une capacité de 200 000 m3. Le département est bien garni, côté atome : il accueille déjà Soulaines (pour les déchets de faible et moyenne activité à vie courte) et Morvilliers (très faible activité) 140 ha et 1,65 million de m3 de capacité au total , mais aussi une centrale (Nogent-sur-Seine), une florissante entreprise de transport de déchets radioactifs (Daher) et un stockage d'obus à l'uranium appauvri à Brienne-le-Château. Dans son voisinage immédiat, la centrale de Chooz (Meuse), le centre d'expérimentation de Valduc (Côte-d'Or) et le futur stockage de déchets HAVL (haute activité à vie longue) à Bure (Haute-Marne). En projet : le Musée du nucléaire de Bar-sur-Seine. La décharge FAVL assurerait à l'Aube un avenir définitivement « irradieux ».
En juin 2008, raconte Michel Gueritte, président de l'association Qualité de vie (QV), 3 115 communes étaient informées par l'Andra que leur géologie les autorisait à être candidates pour héberger son site FAVL, sirènes à l'appui « développement économique dynamisé par une activité industrielle pérenne en interaction avec le territoire », « parcours de visite adapté à différents publics » et dotations financières alléchantes. Pourtant, 99 % ont préféré se passer de la « notoriété » liée à l'enfouissement en faible profondeur de centaines de milliers de m3 de résidus de centrales et d'industries, dont la radioactivité met jusqu'à mille six cents ans pour décroître de moitié (radium), et même bien plus pour d'autres éléments minoritaires.
Mais, dans l'Est, 31 communes sont volontaires, dont 10 dans l'Aube, 10 en Haute-Marne et 6 dans la Meuse. L'Agence en retiendra quelques-unes pour une fouille géologique approfondie. Et, en 2010, elle dévoilera le nom de l'élue, qui consultera à nouveau son conseil municipal pour confirmer sa destinée. « Les municipalités se sont fait piéger », dit la QV, qui ne croit guère à cette transparence soudaine : trois maires ont appris du ministère de l'Écologie que cette délibération ne serait que « consultative », l'Andra pouvant passer outre.
Les appâts de l'Andra déclenchent des complaisances qui menacent notamment l'avenir du Parc naturel régional de la forêt d'Orient (PNRFO), où la protection du patrimoine et de l'environnement fait loi. Il compte 53 communes, dont 3 sont candidates à la poubelle FAVL ! Et une autre fait partie de la liste des 16 communes que le parc pourrait englober dans son projet actuel d'extension. Problème, disent les opposants, l'article 49 de la charte du PNRFO stipule : pas d'implantation « de nouveaux centres d'enfouissement technique, ni aucun incinérateur, ni centre de stockage de déchets nucléaires ». De quoi contrarier les postulants. Et inciter Nicolas Dhuicq, député maire de Brienne-le-Château, située dans le parc, à convaincre son monde des bienfaits des FAVL. « Aux élus de faire preuve de responsabilité envers les générations futures », écrit-il dans le bulletin municipal. Selon lui, « la direction du PNRFO ne s'oppose pas à l'implantation ». Mieux : il supprimerait bien l'article 49. « Mêler la haute technologie avec l'environnement » ne le choque pas. « Ça n'engage que lui, réplique, Christian Branle, président du Parc, mon travail est de faire appliquer toute la charte. »
Michel Gueritte est convaincu que l'Andra a déjà choisi et que le site sera dans le Soulainois, qui a oublié son opposition de jadis au nucléaire. En fouinant, il est même tombé sur une terminaison de fibre optique fraîchement posée en plein champ. Idéal pour les futurs bureaux, ironise-t-il. En attendant la liste des nominés, que le ministère traîne à divulguer, il diffuse des reportages vidéo à Borloo ainsi qu'au préfet, et prend les paris : le gagnant, pour lui, c'est Juzanvigny.
Polémique sur les risques
Selon les experts indépendants de la Criirad, certains rayonnements issus de la « poubelle » de Soulaines sont deux fois plus importants qu'annoncé par l'Andra.
« Risques inexistants », répète l'Andra depuis l'ouverture de Soulaines en 1992, sans avancer d'autres preuves que ses propres mesures. Mais, à la suite d'une demande imprévue d'autorisation de rejets, la Criirad s'est penchée sur le site en 2006. Son rapport est sévère. Il y a tromperie sur la marchandise : présenté aux populations comme un site qui « n'effectuerait aucun rejet radioactif dans l'environnement, ni sous forme liquide ni sous forme gazeuse », il rejette bel et bien des radionucléides type tritium, carbone 14, iode 125 ou iode 131. Dans l'eau, par vidange des cuves, et dans l'atmosphère, par exemple par la cheminée de l'atelier de compactage.
Le rapport épingle ensuite l'insuffisance d'inventaire des substances stockées et des mesures de contrôle de certains rejets alors même que leur autorisation y est soumise. Pour le responsable de l'étude, Bruno Chareyron, le point noir porte sur le calcul a minima des radiations gamma subies par les riverains. « La réglementation est laxiste, l'astuce utilisée par les exploitants nucléaires est de ne compter ni l'irradiation externe, à la clôture, ni celle du transport. Quand les gens voient un camion avec le logo de la radioactivité, ils devraient savoir qu'il est souhaitable de rester le moins possible à proximité. » Le rapport fait état de radiations supérieures à ce qu'annonce l'Andra, induisant « des risques cancérigènes non négligeables, voire inacceptables ».
Pour Michel Gueritte, l'étude épidémiologique
lancée en juin en dira plus, mais « un taux de cancer
5 fois plus élevé que la moyenne, ce n'est pas "un
agrégat de cas spatio-temporels", comme dit l'Andra,
c'est le cumul Soulaines plus Tchernobyl ».
L'Union, 19/2/2009:
Nouveau coup de théâtre dans le dossier du site de stockage de déchets nucléaires. Après la décision du maire de Scrupt (voir notre édition d'hier), Jean-Philippe Beauvois, de remettre à l'ordre du jour de son conseil municipal la « première marque d'intérêt » du village à l'implantation d'un tel site sur son territoire, c'est au tour du premier magistrat de Blesme, Claude Doyen, de faire marche arrière.
Dans une lettre adressée à l'auteur du blog blesme- mon-amour.over-blog.com, l'écrivain et habitant de la commune Armand Gautron, l'élu l'annonce clairement : « Je proposerai à la prochaine réunion de conseil de revoir notre copie, et si une majorité accepte, nous clôturerons définitivement ce dossier ». Rendez-vous demain soir donc, date de la prochaine assemblée municipale.
Les raisons de ce retournement ? La mobilisation des antinucléaires bien sûr, associée à un manque de soutien et de réponses claires de la part des parties concernées, à commencer par l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets nucléaires). Une légèreté déjà déplorée par le maire de Scrupt à qui l'agence refusait un déplacement pour expliquer son dossier à la population, sous prétexte que seuls les sites retenus par le ministère pourraient bénéficier d'une telle présentation publique.
Un engrenage dangereux
Pour le maire de Blesme, ce manque de transparence
pourrait même signifier que « le ou les sites sont
déjà définis par les hautes autorités
et que nous servons de testeurs ». « Les antinucléaires
ont raison d'alerter l'opinion publique, affirme-t-il. Notre première
décision d'accord pour les études des sols a bien
été conditionnée, comme cela a été
précisé, à d'autres décisions avec
la population. Si l'argent a été un atout important,
l'envie d'en savoir un peu plus sur le sujet en a été
un autre »
N'obtenant satisfaction auprès d'aucune instance, Claude
Doyen souhaite donc mettre un point final à cette affaire
qui a suscité moult débats au coeur du village,
la réunion publique de la semaine dernière remplissant
même la salle des fêtes municipale !
Pour autant, l'édile ne regrette pas d'avoir suscité des discussions : « On se doutait que l'on mettait le doigt dans un engrenage dangereux, mais cela ne permet-il pas d'engager le débat ? Je connais certaines municipalités qui, bien que tentées, n'ont pas abordé le sujet à l'époque, de peur de représailles », écrit-il ainsi.
Lors du premier suffrage, en fin d'année dernière, cinq élus blesmois avaient voté pour une étude des sols destinée à vérifier que le sous-sol communal pourrait éventuellement abriter le fameux site de stockage. Quatre autres s'étaient prononcés contre et un dernier s'était abstenu. Les habitants auront l'occasion de mesurer le chemin parcouru depuis, ce vendredi
En attendant, dès ce soir à 19 heures, la mobilisation des antinucléaires se poursuit avec une réunion publique organisée par le Mouvement national de lutte pour l'environnement à la salle polyvalente de Maurupt-le-Montois, troisième et dernière commune à s'être portée sur les rangs de l'Andra.
Vosges Matin, 15/2/2009:
Vendredi soir environ 130 personnes ont répondu à l'invitation de l'association "Les Sentinelles de Soulosse" qui compte 15 adhérents. " Quand on a appris la décision du conseil municipal d'accepter la possibilité d'être choisis pour l'enfouissement de déchets radioactifs, il s'est créé un collectif que l'on a transformé en association" expliquait le président Pierre-Jean Bourion avant la réunion. " Une pétition contre l'enfouissement a obtenu 310 signatures auprès des 599 habitants. Nous souhaitons obtenir un revirement du conseil municipal au sujet de cet enfouissement car c'est une affaire extrêmement grave qui engage la commune pour des milliers et peut-être des milliards d'années. On n'est pas contre l'électricité mais on refuse le nucléaire".
Dans la salle polyvalente de Soulosse pleine à craquer, on comptait une petite trentaine d'habitants du village, entourés d'un public venu avec les intervenants membres d'associations des Vosges, de Meuse ou de Haute-Marne. Après avoir présenté l'association le président Bourion a souligné : " Si nous sommes présélectionnés il sera difficile d'empêcher l'étude. La commune n'aura plus droit au chapitre. Le conseil peut revenir en arrière" avant d'inciter la population à peser sur les élus Soliciens.
Des élus un peu mis à mal, soupçonnés de manquer de conscience et se voyant contester le droit de prendre certaines décisions. Dans un débat où la tolérance n'avait qu'une bien faible place, une conseillère municipale venue ainsi que deux adjoints au maire, posait la question "ces déchets existent. Vous n'en voulez pas dans votre commune mais avez-vous une solution nationale ?"
L'élue répondait ainsi au vu de voir démanteler les centrales nucléaires " personne n'a pensé que les déchets arriveraient" remarquait Nadine Schneider du Collectif de Bure, faisant réagir Roger Souchal, l'ancien maire qui fut député de Meurthe-et-Moselle. " Si ! nous y avions pensé ! J'ai fait partie de la commission." Se réunir autour d'une table médiateur entre commune et habitants référendum plusieurs pistes ont été proposées pour établir un dialogue avec les élus décideurs.
L'Union, 13/2/2009:
110 personnes ont assisté à la réunion publique contre l'enfouissement des déchets nucléaires à Blesme, Scrupt ou Maurupt.
"On a élu des gens à la mairie mais, même seulement pour être volontaire à l'accueil de déchets nucléaires, j'aurais voulu être consultée !" La salve nourrie d'applaudissements qui a accueilli les propos d'une participante suffirait à dépeindre l'atmosphère de la salle des fêtes de Blesme. Une bonne centaine de personnes avaient fait le déplacement pour la réunion publique organisée par le Collectif contre l'enfouissement des déchets radioactifs, le Cedra, et l'Association des élus meusiens et haut-marnais opposés à l'enfouissement des déchets radioactifs, l'AEMHM, à l'initiative de quelques habitants. A l'ordre du jour, évidemment, la candidature de Blesme, Maurupt-le-Montois et Scrupt à l'accueil d'un site de stockage de déchets radioactifs de faible activité à vie longue.
"On a de gros doutes, moi je suis prête à déménager si cette implantation se confirme", a lancé Mme Simon, à l'origine avec son époux d'une première lettre ouverte il y a une quinzaine de jours (notre édition du 31 janvier), au terme de l'exposé des représentants du Cedra et de l'AEMHM. "J'ai 69 ans et j'espérais que quelqu'un se lèverait à ma place, mais il n'y a eu personne. Alors maintenant que nous sommes tous réunis, que fait-on ?" Le maire de Blesme, Claude Doyen, présent dans la salle, a alors été interpellé par plusieurs de ses concitoyens de façon très claire : "Allez-vous, oui ou non, revenir sur votre position et revoter ?" Réponse de l'intéressé : "J'ai accepté la réunion de ce soir et j'ai voté la délibération de candidature en croyant bien faire. Maintenant, au terme de cette réunion, j'aimerais entendre un autre son de cloche pour me faire une opinion. Et de toute façon, on consultera la population si notre candidature est retenue."
"Un choix irréparable"
Une proposition loin de satisfaire l'assemblée après avoir écouté les arguments très convaincants des militants anti-enfouissement. "Plusieurs points posent problème", a en effet rappelé le représentant du CEDRA. "Le contenu de la poubelle qui sera sous nos pieds, puisqu'on nous parle de 170.000 mètres cubes, mais l'Andra (N.D.R. : Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, en charge du projet) dit que 50.000 m3 supplémentaires sont déjà fort probables ! La durée de toxicité est très forte, 3 millions d'années par exemple pour le chlore 36 ! Enfin, on nous dit que ces déchets sont peu radioactifs, mais cela se chiffre en milliers ou millions de becquerels tout de même !"
Des arguments étayés par plusieurs enquêtes consultables sur Internet, a commencé par celle de la Commission nationale d'évaluation des recherches sur la gestion des déchets nucléaires (CNE) et de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN). Le maire de Beurville, Jacques Leray, représentant l'AEMHM, a poursuivi, interpellant les conseillers : "Sommes-nous vraiment mandatés par notre population pour un projet arrivant en pleine mandature et ayant un impact sur l'image de la commune pour des millions d'années ? Ne faites pas un choix irréparable que les générations futures pourraient vous reprocher !"
Et d'évoquer les retombées négatives en terme d'image, d'immobilier ou encore de santé de l'arrivée "d'une poubelle atomique à côté de chez soi". Le Cedra a enfoncé le clou : "Certaines communes volontaires ont redélibéré pour revenir en arrière..." La balle est donc dans le camp des élus. Une autre réunion publique est prévue à Maurupt-le-Montois jeudi prochain à 20 h 15 à la salle polyvalente.
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Une procédure quelque peu floue...
C'est l'été dernier que l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) a envoyé un dossier de candidature à l'implantation d'un site de stockage de déchets radioactifs de faible activité à vie longue à plus de 3.000 communes dans toute la France. Théoriquement, les collectivités concernées, choisies sur des critères géologiques d'après l'Andra, avaient jusqu'au 31 octobre 2008 pour « déclarer leur intérêt pour le projet à l'Andra et faire part de leur accord pour que soient menées des investigations sur site ». L'Andra a désormais transmis les dossiers au ministère de l'Écologie qui devait rendre publique une liste de deux ou trois communes « retenues » pour aller plus loin. Mais cette décision ministérielle se fait toujours attendre aujourd'hui.
On évoque désormais la fin février,
sachant que le calendrier de l'Andra prévoit un choix définitif
du site en 2013 pour une mise en service en 2019. Mais, nouvelle inquiétude pour
les élus, Nicolas Lerouge, maire de Braux-Saint-Rémy
en Argonne, présent à Blesme, a rapporté
d'une entrevue au ministère de l'Écologie, que,
même si la procédure Andra annonce que les élus
ne confirmeront leur candidature que fin 2010 après une
consultation publique, cette confirmation ne serait que consultative.
« Ces communes ne sont plus maîtresses de leur destin
et ne le savent pas », a conclu l'élu argonnais.
JHM (Journal de la Haute-Marne), 12/2/2009:
Une délégation contre l'enfouissement des déchets nucléaires (FAVL) a été reçue en préfecture mercredi, à 15 h, par le directeur des services, Dominique Audebaud. Elle venait déposer une pétition comportant 241 signatures pour une population du village de 603 habitants et ce qui fait 542 électeurs.
Jacky Dennevault, président de l'APELN, association de protection de l'environnement et de lutte contre les nuisances a souligné que « l'avis favorable, donné par la commune, n'impliquait que sept personnes qui n'avaient pas eu accès au dossier resté entre les mains du maire. Il serait souhaitable que tous les administrés aient connaissance, par une étude contradictoire de tous les éléments et ainsi pouvoir prendre leur responsabilité face au futur de leurs enfants. Une consultation publique serait nécessaire ».
Le représentant de la préfecture leur a répondu qu'il transmettrait cette pétition aux autorités compétentes et les a assurés que pour l'instant aucune décision n'était prise et qu'il se pourrait que les déchets soient répartis sur plusieurs sites et pas forcément en Haute-Marne, département ayant déjà le centre d'enfouissement de Bure. Jeudi en matinée, cette même pétition représentant plus des 2/5e des électeurs était remise à Denis Soprani, maire de Roche-Bettaincourt.
JHM (Journal de la Haute-Marne), 8/2/09:
A Juzennecourt, les habitants ont appris "officiellement" le projet de candidature à I'accueil d'un centre d'enfouissement de déchets radioactifs de faible activité à vie longue (FAVL), lors de l'échange traditionnel des voeux de la municipalité du 10 janvier.
Un groupe d'habitants a souhaité réagir et créer une association ayant pour objet la défense de I'environnement, la protection de la santé publique et le rassemblement des personnes opposées à I'enfouissement des déchets nucléaires. Un tract d'information et une pétition ont circulé, regroupant quelque 80 signatures de personnes hostiles au projet.
D'autres, méconnaissant le sujet et ne pouvant se positionner, ont souhaité obtenir des renseignements complémentaires. Forte du soutien de la population locale et soutenue par des élus des communes voisines, cette association a donc souhaité organiser une réunion publique d'information et a fait appel au Cedra (Collectif contre I'enfouissement des déchets radioactifs). Face à la détermination de cette association, le maire a autorisé I'utilisation de la salle polyvalente non sans avoir informé, par courrier déposé dans les boîtes aux lettres des Juzennecourtois, qu'il souhaitait "attendre le choix du gouvernement pour lancer une information-consultation des Juzennecourtois, avant Ia mise en oeuvre d'un référendum communal".
Lundi soir, 83 personnes venues en grande majorité des communes limitrophes, avaient fait le déplacement. Le maire, ses conseillers et adjoints, conviés à cette réunion par I'association locale et le Cedra, ont, à I'instar d'autres communes qui ont sollicité des débats contradictoires, pratiqué la politique de la chaise vide. Après le discours d'accueil de Marie-Pascal Simonot, présidente de I'association organisatrice "Respirons Propre 52" qui exposait les motifs de la création de cette association, Michel Marie, représentant du Cedra a précisé la nature de ces déchets radioactifs dont le volume est estimé, dans un premier temps, à 170 000 m3 auxquels pourront s'adjoindre 50 000 m3 supplémentaires qui seront confinés sur une centaine d'hectares. Ces déchets de faible activité à vie longue (FAVL) sont des déchets peu radioactifs, mais qui Ie restent Iongtemps car ils contiennent des éléments radioactifs dont Ia décroissance est lente.
Jacques Leray, maire de Beurville et membre d'une association d'élus opposés à I'enfouissement, a interrogé les habitants des communes sur "la Iégitimité d'un maire face à un tel projet" en précisant que "nos élus doivent être comptables de la santé des populations et des générations futures". Claude Kossura, géomorphologue (spécialiste de la nature des sols et des reliefs), a appuyé son intervention sur des cartes géologiques locales. "Toutes les analyses géologiques Ie prouvent, Juzennecourt et sa région sont sur une zone de failles multiples provenant de Ia poussée des Vosges et de I'effondrement du Bassin parisien ce qui est incompatible avec ce projet."
Les réactions dans la salle ne se sont pas fait attendre. Un professeur de biologie s'est inquiété des répercussions possibles sur notre santé. "Les radionucléides se retrouvent dans Ia chaîne alimentaire et se concentrent dans les plantes, ce n'est pas inoffensif !" Un habitant de la Chapelle-en-Blaisy s'est interroqé sur le fait que "la région de I'Est, château d'eau de Ia France" soit une zone potentielle d'enfouissement. Un autre de s'interroger sur le ballet des camions qui achemineront les déchets vers le site. Autant de questions qui ont poussé les débats à se poursuivre jusqu'à 23 h 30.
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Nota du Cedra :
petite coquille sur la toxicité de ces déchets,
s'ils sont officiellement dits "faiblement actifs" la
réalité est tout autre comme l'expliquent les rapports
de la CNE (Commisson nationale d'évaluation) et de l'ASN
(Autorité de sûreté nucléaire)
La Croix de la Haute-Marne, 6/2/2009:
La commune de Darmannes s'était prononcée d'une manière ambiguë sur le projet d'enfouissement des déchets nucléaires sur son territoire. C'était "oui" pour une information de la part de I'Andra. Cette information n'est jamais venue.
Mais elle fut néanmoins dispensée publiquement le 29 janvier par le Cedra farouchement opposé à I'enfouissement et très actif en cette période décisive. Assurément, ce n'est pas le même son de cloches ! La prudente discrétion officielle concernant le devenir des déchets radioactifs agace les gens du Cedra, et ils savent le dire sans ambages.
L'animateur du Cedra, Michel Marie, a fait part une fois de plus de ses craintes devant cette méthode qu'il juge dans le fond et dans la forme "perverse, aléatoire et dangereuse". "C'est un véritable abus de faiblesse que les décideurs sans scrupule font subir aux élus de nos zones semi-désertiques, martèle-t-il. C'est tellement plus facile ici qu'ailleurs ! C'est immonde de demander à un pauvre s'il veut manger !"
Une aberration
Jacques Leray, maire de Beurville, membre de l'association des élus opposés à l'enfouissement, proteste : "Nous sommes comme des Indiens survivants dans leur réserve. On nous offre quelques verroteries (entendez quelques milliers d'euros) pour nous faire accepter l'inacceptable".
Cette passivité l'autorise à ironiser : "pourquoi l'Andra n'a-t-elle pas proposé ses déchets à un pauvre pays africain ou asiatique en échange de quelques royalties dont ils ont le plus grand besoin ? Parce que la communauté internationale jugerait cette attitude odieuse et soulèverait l'opprobre général. Tandis qu'avec les pauvres départements de l'Est de la France, l'expérience le prouve, il n'y a aucun problème !"
C'est au tour de Claude Kossura, géomorphologue de décrire le choix de nos régions comme le plus mauvais qui soit. Il s'emploie à démontrer que le choix du sous-sol haut-marnais est une aberration : "notre sous-sol est gorgé d'eau et nous alimentons hydrauliquement tout le bassin parisien.
Nous sommes un pays de sources, et c'est précisément ce genre de terrain calcaire coupé de couches argileuses qu'il faut absolument éviter si l'on veut conserver des fûts à l'abri de la corrosion".
Les décisions officielles concernant
le choix des communes où pourront être enfouis les
déchets FAVL ne sont pas encore publiquement connues. Elles
sont attendues avec espoir pour certains, et avec la plus grande
crainte pour les autres. En attendant le Collectif contre I'enfouissement
entend bien apporter ses arguments à qui veut les entendre.
L'Union, 29/1/2009:
Soixante-sept communes doivent encore se prononcer sur la nouvelle charte du Parc naturel régional de la forêt d'Orient alors qu'un troisième centre de stockage de déchets radioactifs se profile...
D'ici au 10 février, soixante-sept communes
(dont les cinquante-deux officiellement incluses dans le périmètre
du Parc naturel régional de la forêt d'Orient, PNRFO)
devront se prononcer, via une délibération du conseil,
sur la révision de la nouvelle charte du Parc, permettant
d'engager son avenir pour les douze prochaines années.
Cette charte, en réflexion depuis de longs mois, permet
non seulement de redessiner les contours du PNRFO, mais aussi
de définir de nouvelles prérogatives.
Parmi celles-ci, l'article 49 - « L'État et les signataires
s'engagent à ne pas implanter sur le territoire du Parc
de nouveaux centres d'enfouissement technique, ni aucun incinérateur,
ni centre de stockage de déchets nucléaires »
- fait référence à l'éventuel accueil
sur le secteur d'un troisième centre de stockage de déchets
radioactifs à vie longue, géré par l'Andra.
« Si on autorise dans le Parc de nouvelles poubelles, ce
n'est plus un Parc » affirment les opposants à un
tel projet. C'est là l'opinion de Michel Guéritte,
chef de file des anti-nucléaire dans l'Aube, qui juge impensable
que, « à la jonction des deux entités Orient
et Der, il y ait trois sites nucléaires ».
L'avenir du Parc en question
C'est bien pour éviter une telle situation que l'article 49 a été créé. Pour autant, des élus, tel le député-maire de Brienne-le-Château, Nicolas Dhuicq, considèrent que « mêler la haute technologie avec l'environnement » n'a rien de choquant, appelant au contraire à « une politique industrielle cohérente sur le secteur ». Dans l'arrondissement, pourtant, le débat fait rage entre les communes bien installées dans le Parc et les seize nouvelles qui souhaitent, non seulement intégrer le périmètre, mais aussi profiter de l'offre proposée par l'Andra.
Les débats se cristallisent autour de ce fameux article 49. « Du côté de Brienne, on demande à voter la charte en émettant des réserves sur l'article 49, confie un élu de la communauté de communes des Rivières. Si on retire cet article, on votera contre la charte. Et si la charte n'est pas adoptée, on redevient syndicat mixte et adieu les 3 millions d'euros. » Dans ce climat particulier, un événement est venu troubler les esprits. Le 2 février prochain, l'Andra organise en effet, au centre de Soulaines, une conférence sur le thème des zones humides, profitant de la journée mondiale programmée ce jour. Une conférence qui sera donnée par une spécialiste du Parc. Trouble renforcé par la présence, sur le carton d'invitation, des deux logos, de l'Andra et du Parc.
« Aucune gêne »
« On ne m'a pas demandé l'autorisation de mettre le logo, nous a confirmé Meïssa Diallo, directeur du PNRFO. Depuis huit ans, nous avons une cellule zone humide et nous avons été invités en tant que spécialistes de la question. Si on nous amène sur un autre terrain, on ne prendra pas part. » Refusant une quelconque « opposition frontale avec l'Andra », le directeur affirme à propos de l'article 49 que « ça reste toujours d'actualité. Les enquêteurs ne nous ont remonté aucune demande particulière pour l'enlever ni pour l'atténuer. Nous, le Parc, on ne peut plus rien changer. Après, c'est de la compétence du ministre. »
L'Andra, par ailleurs, tient à nuancer
le malentendu, insistant sur le fait qu'« il n'y a aucun
lien » entre la conférence de lundi prochain et la
polémique actuelle liée à l'article 49, avouant
qu'un tel rapprochement « peut poser question » tout
en soulignant qu'il n'y a « aucune gêne, aucune honte
et aucun malentendu pour nous. » « L'Andra n'est pas
incompatible avec les zones humides, explique Patrice Torrès,
directeur des centres de stockage de l'Aube. L'objectif n'est
pas de déranger. Le sujet est bien les zones humides et
rien d'autre. La journée mondiale tombe ce jour-là,
c'est comme ça. Quant à l'article 49, nous ne sommes
pas administrateur du Parc et nous n'avons pas à nous immiscer
dans le débat. Nous avons le devoir de ne pas avoir d'opinion.
»
L'Union, 28/1/2009:
Les élus opposés au projet de centre de déchets radioactifs sont revenus de leur entrevue au ministère de l'Ecologie avec une inquiétude. Selon eux, en 2010, il sera trop tard pour revenir en arrière
Copmme nous l'avions relaté dans nos éditions de samedi et dimanche, les trois représentants de neuf communes argonnaises ont été reçus vendredi au ministère de l'Ecologie. Les trois élus en question étant Nicolas Lerouge, maire de Braux-Saint-Rémy, Jean-François Jeny, maire de Somme-Bionne et Michel Bonnerave, élu à Chaudefontaine.
Une rencontre avec Olivier Terneaud, conseiller technique sur les questions nucléaires auprès de Jean-Louis Borloo, que nos Argonnais ont qualifié de « détendue et cordiale » mais qui est bien loin de les avoir rassurés quant à ce sujet sensible. « Nous avons été entendus mais serons-nous écoutés ? » Nicolas Lerouge explique : « Le lundi 27 octobre 2008, l'ANDRA a présenté à La Neuville-au-Pont son projet de stockage de déchets radioactifs aux maires des cantons de Ste-Ménehould et de Ville-sur-Tourbe. Selon le calendrier du projet, les communes devaient faire acte de candidature par délibération avant le 31 octobre 2008. Cependant, le secrétaire général de l'ANDRA a indiqué que l'e-mail d'un maire, annonçant que son conseil municipal se prononcera prochainement, suffira en attendant une délibération ».
« Des communes ne maîtrisent plus leur destin ». L'élu poursuit : « Au cours de cette réunion, j'ai appris que cette candidature « n'engageait à rien » et que les communes sélectionnées auraient à se prononcer à nouveau à la fin de 2010 (après études sur le terrain et concertation avec la population). Or, vendredi, au ministère de l'Ecologie, il nous a été précisé que cette délibération était en fait seulement « consultative » et que l'ANDRA s'engageait à la suivre mais que rien ne l'y obligeait. Et l'on a aucune garantie à ce sujet. La réunion de La Neuville-au-Pont n'a pas présenté cet aspect. Les élus argonnais ne le savent pas. Peut-être s'agit-il d'un oubli Le même constat est à faire dans la réunion de présentation de l'ANDRA aux élus de Ste-Ménehould ».
Le maire de Braux-Saint-Rémy ajoute : « Nous demandons donc à l'ANDRA de préciser aux élus des communes candidates le caractère consultatif de la délibération de 2010 ! Qu'elles agissent ainsi vraiment en connaissance de cause. Car ces communes ne sont plus maîtres de leur destin et elles ne le savent pas En 2010, il sera déjà bien trop tard ».
« Pourquoi ce manque de transparence ? » Les trois élus argonnais s'inquiètent en outre de l'opacité qui selon eux prime dans cette affaire. Ils argumentent : « Si nous ne nous étions pas remués en mettant en place ce collectif, on ne saurait pas grand-chose sur ce projet. Il y a par exemple une omerta totale sur l'identité des communes candidates. Sur notre secteur, on sait qu'il y a Sainte-Ménehould, Massiges et Maffrécourt mais c'est bien tout. Dans le même genre, on ne connaît toujours pas la date exacte à laquelle l'Etat va donner la liste des « heureux » élus. Ce devait être fin décembre. Puis courant janvier. Aujourd'hui on parle de février mais au ministère, on nous a assuré que la date n'était pas définie. On a connu mieux niveau transparence ! »
Journal de la Haute-Marne, 16/1/2009:
Une soixantaine de personnes, militants ou sympathisans du collectif opposé à l'enfouissement des déchets radioactifs, s'est rassemblée hier soir devant les grilles de la Préfecture.
Ce n'est que pure coïncidence, Michel Marie, porte-parole du Cedra, l'a affirmé haut et fort. Le collectif n'a pas programmé sa mobilisation en faisant en sorte qu'elle ait lieu le même soir que les voeux du préfet aux forces de l'ordre. Hasard du calendrier donc, ce sont sous des banderoles et devant parfois contourner la troupe militante que les représentants de la police et de la gendarmerie sont arrivés en Préfecture.
Les grilles de l'édifice étaient d'ailleurs habillées d'immense banderoles au message clair : "non à une 4è poubelle nucléaire!" Après Soulaines, Morvilliers et Bure, les anti-nucléaires du Cedra ne veulent pas de la présence d'un nouveau centre de stockage des déchets dits FAVL (faible activité-vie longue). "Ni dans l'Aube, ni en Haute-Marne, ni ailleurs", précise le Cedra. "Après les FAVL il y aura autre chose", prédit Michel Marie qui pense aussi que le centre de stockage de Bure n'ira pas à son terme. Selon lui, la mobilisation contre ces "poubelles nucléaires" ne cesse de grandir et elle s'est accrue depuis cet été où un appel à candidatures a été lancé parmi plus de 3000 communes afin que l'une d'entre elles accueille les déchets FAVL.
Le Cedra pensait initialement que la liste
des communes retenues serait connue hier mais elle devrait l'être
en fait à la fin du mois. "Il n'est pas trop tard",
aux yeux de Michel Marie, "pour que les communes délibèrent
contre ce projet", a-t-il fait passer comme message. Un courrier
sera envoyé au président de la République
et au Premier ministre pour demander l'arrêt de ce nouveau
projet d'enfouissement. Un courrier que le collectif aurait aimé
remettre au préfet de Haute-Marne, lequel n'a pas souhaité,
aux dires du Cedra, recevoir une petite délégation.
Le Figaro, 26/11/2008:
Sur les 3 115 communes sollicitées, quelques dizaines ont répondu favorablement.
Pour Sortir du nucléaire, le choix de
l'Agence nationale pour la gestion des déchets nucléaires
devrait se porter sur la région de Bure, dans la Meuse,
où est déjà installé un laboratoire
expérimental souterrain. Crédits photo : AFP
Que faire de nos déchets radioactifs ? Le stockage souterrain
est pour l'instant la solution privilégiée. Trois
centres existent déjà, dans la Manche et dans l'Aube.
Ils entreposent les déchets très faiblement ou moyennement
actifs à vie courte. En revanche, en ce qui concerne ceux
de faible activité à vie longue (FA-VL), autrement
dit les déchets qui contiennent des éléments
radioactifs dont la décroissance est lente, la question
n'est pas encore réglée.
L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a clos fin octobre l'appel à candidatures des communes qu'elle avait lancé en juin. Le but est de choisir la zone géographique qui accueillera, à partir de 2015, les FA-VL. Mais alors qu'elle avait assuré que le processus de sélection s'inscrirait dans une démarche transparente, l'Andra refuse de communiquer la liste des volontaires sur les 3 115 communes contactées. Même si elle confirme que c'est dans le quart nord-est de la France que ces déchets seront entreposés.
«C'est le gouvernement qui nous a passé une commande en nous demandant de trouver des sites possibles, justifie au Figaro la directrice générale de l'Andra, Marie-Claude Dupuis. Il est donc normal que ce soit lui qui ait la primeur de la liste.» Monique Sené, physicienne, animatrice du Groupement de scientifiques pour l'information sur l'énergie nucléaire estime de son côté que «l'Andra a complètement tort de ne pas communiquer la liste des communes car elle suscite un climat de méfiance. Elle donne le sentiment d'avoir fait semblant de consulter alors qu'elle sait à 100 mètres près où seront stockés les FA-VL».
Difficile décision pour les élus
Quant au réseau Sortir du nucléaire, il n'a pas attendu que l'Andra remette sa copie pour publier une liste qui compte une trentaine de volontaires. «Il est clair que tout va se passer dans la région entre l'Aube et Bure», déplore son porte-parole, Stéphane Lhomme. Le réseau antinucléaire relève que des communes font marche arrière. Ce serait le cas, selon lui, d'une dizaine d'entre elles .
Il faut dire que, pour les maires, choisir d'être candidat pour stocker des déchets FA-VL est une décision lourde à prendre surtout quand on compte à peine quelques centaines d'administrés. Les débats ont d'ailleurs été souvent vifs. Un élu qui a milité pour la candidature de sa commune - alors que ses adjoints ont voté contre - estime que le débat dans son village a été perturbé par les antinucléaires qui se sont invités aux réunions publiques qu'il avait organisées. «Ils sont de mauvaise foi parce qu'ils prêchent l'apocalypse», déplore-t-il.
Denis Stolf, maire de Tréveray dans la Meuse, a consulté la population qui a majoritairement voté contre. Nicolas Dhuicq, maire de Brienne-le-Château dans l'Aube, s'est lui porté candidat. «Je soutiens le nucléaire, plaide-t-il. On ne peut pas accepter d'avoir l'énergie sans avoir les déchets.» Il estime cependant que la consultation de la population est une «mauvaise idée» et qu'elle n'est pas constitutionnelle. «Je ne suis pas favorable à une démocratie d'opinion», argumente-t-il.
Avant le 31 décembre, l'Andra doit remettre la liste des candidats au gouvernement après avoir évalué le niveau d'intérêt géologique de chaque commune, ces dernières devant remplir un certain nombre de critères. Le premier prévoit une zone géologiquement stable sur une période au moins égale à 10 000 ans, ce qui exclut de fait les zones à forte sismicité, volcaniques ou montagneuses. Le deuxième critère requiert une formation géologique très faiblement perméable. Enfin, cette dernière doit être épaisse d'au moins 50 mètres.
Fin janvier, le ministre choisira deux ou trois sites sur lesquels l'Andra creusera des forages pour étudier la faisabilité d'un stockage. En 2010, elle remettra un deuxième rapport au gouvernement, tandis que les communes volontaires seront à nouveau consultées pour voir si elles maintiennent ou non leurs candidatures. Le ministre donnera l'année suivante le nom du site retenu. En 2013, le permis de construire sera délivré et deux ans plus tard, commencera la construction du stockage. Si tout se passe comme prévu.
Lire:
- Ces déchets nucléaires dont on ne sait que faire
- Peut-on se passer du retraitement ? (Sciences & Avenir n°419, janvier 1982, en Pdf 1,5 Mo)
- Déchets nucléaires: quels scénarios de production?
- Vivrez-vous près d'une poubelle nucléaire
?
- Déchets très radioactifs sous la
France tranquille
22/1/2009 - Un
collectif d'une dizaine de petites communes de l'Argonnais (Marne)
hostiles à l'implantation d'un site d'enfouissement de
déchets nucléaires chez elles seront reçues
vendredi au ministère du développement durable,
a indiqué jeudi leur représentant. Le ministère
a confirmé la tenue de cette rencontre. Ces localités,
qui représentent au total quelque 1.500 habitants, s'inquiètent
tout particulièrement de la candidature des trois communes
voisines désireuses d'accueillir le site d'enfouissement,
a expliqué Nicolas Lerouge, maire de Braux St-Rémy
et représentant du Collectif d'élus argonnais. Selon
lui, les communes de St-Ménehould, Mafricourt et Massige
se sont portées volontaires; toutes appartiennent à
la même communauté de communes que la sienne. "On
le sait depuis novembre: j'ai alors contacté les autres
maires pour savoir s'ils souhaitaient réagir et j'ai demandé
rendez-vous au ministère. Certains (maires) préfèrent
attendre la décision du gouvernement", a précisé
M. Lerouge. Au ministère jeudi, on rappelait le caractère
"volontaire" des candidatures et on ne souhaitait pas
détailler le nombre et le noms des communes intéressées.
Selon les opposants au stockage, plus d'une trentaine de communes
des départements d'Aube, Haute-Marne, Marne, Meuse, Moselle
et des Vosges ont fait acte de candidature. L'Agence nationale
pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) avait lancé
mi-juin un appel à candidatures auprès de quelque
3.115 communes pré-selectionnées en fonction des
qualités d'imperméabilité de leur sous-sol,
sans en dévoiler la liste.
Le Républicain Lorrain, 26/11/2008:
Baronville, son église, son lotissement
et bientôt, son chantier de l'Andra ? « Il est trop
tôt pour consulter la population, puisque c'est juste une
étude du sol, pour l'instant », estime le maire de
Baronville, Jean-Paul Peltier.
Baronville entre dans l'Histoire d'une façon inattendue.
Cette paisible bourgade de quatre cents âmes, entre Morhange
et Château-Salins, est la seule en Moselle à avoir
accepté d'être l'objet d'une étude préalable
à l'accueil - « très hypothétique »,
insiste le maire Jean-Paul Peltier - d'un site d'enfouissement
de déchets radioactifs. Sans tambour ni trompette, le conseil
municipal, réuni le 17 octobre, a donné son accord
par huit voix contre deux. Deux jours auparavant, la commune voisine
de Dalhain avait, dans un climat assez tendu, préféré
dire « non ».Baronville et Dalhain font partie des
3 115 communes de France, presque toutes situées en Lorraine
ou en Champagne, consultées par l'Agence nationale des
déchets radioactifs (Andra) qui cherche un terrain susceptible
d'héberger des résidus faiblement radioactifs, issus
le plus souvent d'activités médicales ou de l'industrie
informatique. Faiblement radioactifs, certes, mais « à
vie longue », d'où la nécessité de
disposer d'un sous-sol à dominante argileuse ou marneuse,
qui devrait être capable de bloquer sans faille et quasiment
pour l'éternité tout rayonnement nocif.
Aujourd'hui, la consultation lancée par l'Andra est close. Trente-sept communes ont finalement accepté d'être étudiées par les experts de l'Andra : dix dans l'Aube, qui héberge déjà un stockage de ce type, une dans la Marne, huit en Haute-Marne, quatre dans la Meuse, trois dans les Vosges, zéro en Meurthe-et-Moselle et une, donc, en Moselle. Ce qui laisse songeur le maire de Baronville. « Si j'avais su que nous serions les seuls dans le département, j'aurais peut-être agi autrement », soupire-t-il, un rien agacé par la subite notoriété de son village. La semaine dernière, le maire de Baronville et son conseil municipal ont reçu la visite d'une délégation de l'association Sortir du nucléaire. Pendant une heure et demie, les militants ont tenté d'obtenir des élus qu'ils reviennent sur leur décision. « Comment accepter qu'une dizaine d'élus puissent décider, seuls, ce qui est bon pour des milliers de concitoyens et leurs descendants pendant plus de 10 000 générations ? », répètent à l'envie les « anti-enfouissement ». Jean-Paul Peltier et ses collègues ont tenu bon, d'autant plus que leur délibération était déjà validée par la préfecture.
Le maire veut bien comprendre les arguments de l'association. « J'aimerais même bien qu'on trouve d'autres solutions que l'enfouissement, admet-il. Mais s'il s'avère que c'est la seule solution, je pense qu'il serait criminel d'y renoncer ! » Cela dit, Jean-Paul Peltier tient à minimiser l'impact de la décision du conseil municipal. Surtout parce qu'il ne s'agit que d'autoriser des études du sol. Si l'Andra s'en trouvait satisfaite et souhaitait aller plus loin, alors « Là, ce serait autre chose. C'est sûr qu'il faudrait consulter la population, et pas seulement celle de Baronville, mais de bien au-delà », souligne-t-il. On en reparlera, peut-être, en 2010. « D'ailleurs, on a peu de chances ou de risques d'être retenus, note M. Peltier : l'Andra souhaite trouver un terrain de 120 hectares d'un seul tenant, ce qui n'est pas évident chez nous. »
Les élus baronvillois ont, en somme, voulu tenter l'expérience. Sans cacher que la perspective, même « hypothétique », de taxes foncières et professionnelle et d'emplois nouveaux ne les a pas laissés indifférents. « On n'en est pas là, mais au moins, on aura une étude géologique qu'on n'aurait pas pu se payer sans ça », plaisante Jean-Paul Peltier. Qui reste surpris de présider le seul conseil municipal mosellan acceptant le défi. « Disons que c'est sûrement plus facile de dire non »
JHM, 22/11/2008:
Suite à la demande des élus rimaucourtois, Jean-Marc Fleury, de l'Association des élus meusiens et haut-marnais opposés à l'enfouissement et Michel Marie, du Collectif contre l'enfouissement des déchets radioactifs (Cedra) ont tenu séance jeudi soir à la salle polyvalente de Rimaucourt. Pendant deux heures, les deux hommes se sont relayés et ont dressé un véritable réquisitoire contre le procédé projeté, tout comme ils l'avaient fait une quinzaine de jours auparavant à Andelot, déjà à la demande des élus rimaucourtois. Ces derniers, qui se sont récemment réunis en conseil, ont voulu revoir le dossier bien qu'ils aient déjà fait acte de candidature. C'est du reste ce qu'a souligné le maire, Marie-Louise Jeanniot, en ouvrant la séance. Elle a remercié le public, qui n'était pas seulement de Rimaucourt, d'être aussi nombreux. Elle a indiqué avoir été inondée de milliers de courriers électroniques relatifs à la position de Rimaucourt et a déclaré : « Quinze personnes ne peuvent décider alors que tout un canton est concerné. » Un conseiller municipal, qui avait été favorable à l'enfouissement, a fait référence au rapport d'une association, pourtant agréée par le ministère de l'Environnement, disant notamment que personne ne peut garantir la pérennité du procédé d'enfouissement. C'était tendre la perche aux deux hommes considérant que l'enfouissement des déchets radioactifs, en l'occurrence de faible activité à vie longue, est une solution d'oubli. Si ces déchets demeuraient en surface, il faudrait s'en occuper et cela coûte beaucoup plus cher. En effet, il faudrait périodiquement les conditionner pour maîtriser leur nocivité. Il est fort probable que les élus rimaucourtois, qui pourraient consulter la population, vont revoir le dossier, encouragés en cela par Jean-Marc Fleury et Michel Marie, lesquels souhaitent que beaucoup de municipalités reviennent sur leur acte de candidature. Cela aurait pour effet de réduire le nombre de communes que proposera l'Andra au gouvernement. « S'il n'y a pratiquement pas de candidats, il faudra bien que l'on se mette tous autour d'une table. L'Andra avait été conviée ce soir. Elle a décliné l'invitation. » Jean-Marc Fleury et Michel Marie ont également insisté sur le fait que le département, qui se désertifie, surtout au niveau de la jeunesse, n'a pas besoin d'un nouvel écueil, et de taille, qui aggravera la situation. Le pas a été franchi avec l'atteinte à la santé publique, à moyen et long terme. Cela faisait suite à une interrogation selon laquelle il paraissait inouï, s' il y un tel risque de radioactivité, que l'Etat continue dans le même sens. La réponse a fusé : « Il a fallu attendre combien de décennies pour prendre des mesures contre les installations contenant de l'amiante ! »
La Liberté de l'Est / Vosges, 20/11/2008:
Après s'être portée
candidate à un site d'enfouissement de déchets radioactifs,
Rouvres-en-Xaintois a annulé sa décision suite à
une opposition populaire. La vaste campagne
de recherche d'un site d'enfouissement pour des déchets
faiblement radioactifs mais à vie longue (FAVL) engagée
par l'ANDRA (agence nationale pour la gestion des déchets
radioactifs) concerne plus de 3 000 communes. Parmi elles, cinq
communes vosgiennes ont voté pour une candidature à
ce site. Après la
défection récente de Fréville, c'est au tour
de Rouvres-en-Xaintois de faire volte-face.
Ce brusque retournement de situation s'est déroulé
mardi soir, à 18 h 15, lorsqu'un vote du conseil municipal
roburien a changé la donne quelques semaines seulement
après un vote unanime favorable à une implantation.
Par 6 voix contre et 4 voix pour, la municipalité décidait
de changer sa position en refusant de poser sa candidature pour
le site de stockage devant un parterre d'habitants venus marquer
leur opposition à cette éventualité nucléaire.
Ce revirement est le fruit
d'une mobilisation rapide d'un groupement de personnes farouchement
opposées à ce stockage dans leur commune. La fronde
de quelques habitants a vite pris de l'ampleur pour faire tache
d'huile avec une partie de la population. "Nous voulons des
explications sur la raison pour laquelle le conseil municipal
a décidé de prendre une décision sans nous
concerter", lançait une instigatrice du groupement
farouchement opposé à ce projet. Une
réunion publique passionnée le lundi 10 novembre
dernier permettait de mettre en lumière les divergences
avec une bonne partie de la population. Face à ce phénomène,
le maire a donc décidé de réunir en catimini
son équipe municipale. "C'est avant tout pour éviter
de couper en deux la commune que je propose que nous procédions
à un nouveau vote sur la candidature ou non de Rouvres-en-Xaintois
pour un site de stockage de déchets radioactifs",
annonçait Bernard Charles, mardi, en préambule du
scrutin à bulletins secrets. Visiblement secoués
par la réaction populaire, six conseillers ont donc changé
d'avis, inversant ainsi la tendance de manière spectaculaire
et inéluctable. De là, le premier magistrat se pliait
au résultat démocratique. C'est donc la seconde
commune qui effectue une marche-arrière après Fréville.
Seules restent Grand, Soulosse-sous-Saint-Elophe et Aouze.
L'Est Républicain, 17/11/2008:
Une séance houleuse, avec un vote plus que serré, une abstention, 7 voix pour, 7 voix contre. La voix prépondérante de Stéphane Martin a fait pencher la balance.
Pour ou contre la tenue d'une consultation populaire sur la candidature pour un site d'enfouissement de déchets nucléaires de faible activité et de longue durée ? Telle était la question sur laquelle le conseil municipal de Gondrecourt devait délibérer. Après la réunion du jeudi 11 septembre et la manifestation du samedi 27 septembre, le groupe des « habitants vigilants » avait envoyé une lettre au maire pour demander que soit portée à l'ordre du jour de la prochaine réunion de conseil la question d'une possible réflexion avec l'ensemble de la population. Ces habitants s'appuyaient sur une loi du 13 août 2004 (art L.1112-15 à 1112-22) permettant alors que soit portée à l'ordre du jour d'une réunion extraordinaire du conseil une consultation de la population, dès lors qu'une liste des 1/5e des électeurs inscrits ont exercé leur droit de pétition.
Habitants venus en nombre
Stéphane Martin, le maire, pour sa réunion du conseil,
avait mis en point n°1 cette question épineuse, acceptant
la présence de nombreux habitants dans la salle de réunion.
Tout en leur précisant qu'il refusait toute manifestation.
Après un petit historique de cette situation, Stéphane
Martin a estimé que sur les 300 manifestants de septembre,
seule une centaine habitaient bien Gondrecourt et que de plus,
bon nombre de signatures avaient été obtenues à
l'usure, que certaines n'étaient même pas valables.
Le maire a ensuite tenu à lire quelques lettres lui ayant
été adressées. Et de préciser qu'aucune
pression n'avait été exercée sur ses conseillers
lors du dernier vote. Pour Jean-Sébastien Huon, conseiller,
« selon la façon dont les choses sont amenées
en conseil, on peut diriger une réponse. » Pour Jean-Marie
Simon, autre conseiller, « un débat public doit avoir
lieu maintenant. De toute façon, nous avons délibéré
sans aucun membre de notre commune fusionnée qu'est Luméville
». Stéphane Martin a précisé, pour
sa part, que déjà 25 communes de la France s'étaient
portées candidates et qu'une première sélection
de trois communes aurait lieu. « A l'issue de ce choix,
il sera peut-être temps de faire cette réunion débat
public. Je me suis engagé par écrit à ce
qu'une telle réunion ait lieu, attendons le résultat.
De toute façon, nous ne sommes que candidat, et à
l'issue des deux années d'étude du sous-sol, nous
pourrons refuser cette candidature ». Un conseiller a alors
pris la parole en précisant qu'il n'était pas sérieux
de se positionner de la sorte : « Un candidat à une
élection, quelle qu'elle soit, ne refuse pas au dernier
moment son élection. » Un autre a fait remarquer
que la proximité de Bure était peut-être encourageante
pour les pouvoirs publics : « Que faisons-nous du site Natura
2000 ? »
Vote à main levée
Un membre du conseil a demandé des informations sur une
prochaine réunion publique du 27 novembre dans la cité.
Stéphane Martin a assuré ne pas être au courant
tout en précisant qu'il serait au salon des maires et qu'il
lui semblait improbable de faire venir des scientifiques indépendants.
De remarques en remarques, le public présent grondait et
le maire précisa qu'il allait demander le huis clos si
le silence n'était pas respecté. Puis d'ajouter
: « Ce n'est pas parce que l'on a 400 ¤ de dotation
par habitant que l'on dit oui à tout. N'oubliez pas qu'il
y a 100 emplois à la clé ». Pour Jean-Marie
Simon et Jean-Sébastien Huon, le risque sanitaire est trop
important pour ne pas le prendre en compte. Pour le maire, la
pollution agricole était sûrement plus importante
et pas due à l'Andra. Cette remarque a provoqué
un tollé de la part des agriculteurs, membres du conseil.
A l'issue de cette joute oratoire, où à plusieurs
reprises le public a pris la parole, le maire a demandé
que délibération soit prise à main levée
: pour ou contre la mise en place d'un référendum
populaire. Contre toute attente, le vote fut en partie chamboulé
avec 7 voix contre, une abstention et 7 voix pour. Stéphane
Martin, fort de sa voix prépondérante, a affirmé
le refus de son conseil pour une telle réunion. La demande
d'un conseiller, suite à cette délibération,
de voter à bulletins secrets, a été renvoyée
aux calendes grecques. La foule en colère envoya quelques
paroles invectives à l'égard du conseil avant de
quitter la salle.
L'Est Républicain, 17/11/2008:
La candidature de Chassey-Beaupré aussi commence à générer du remous. Une pétition réclame que la population soit consultée sur le projet de stockage de déchets nucléaires. Chassey-Beaupré, 138 habitants, son église, son château d'eau, sa scierie... et peut-être bientôt son centre de stockage de déchets radioactifs... Le projet n'en est encore qu'à l'état de candidature, une parmi 25 communes françaises qui ont déjà répondu à « l'appel d'offres » lancé par l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). Mais contrairement à Gondrecourt, sa remuante voisine, également candidate pour accueillir ces déchets de type FAVL (faible activité à vie longue), le petit village de Chassey-Beaupré, lui, tente de passer discrètement entre les gouttes de l'averse médiatique. Silence radio côté mairie. « Je ne communique pas avec la presse », assume l'édile, Gilles Gauluet. « Cette candidature, ce n'est qu'une première étape. On travaille dans l'intérêt de la commune et on continuera comme ça. Mais sitôt que le projet sera engagé (NDLR : autrement dit, si l'Andra devait retenir cette candidature), alors on communiquera. Pas avant. » Mais espérer faire profil bas, c'était compter sans les voisins, et le collectif des « habitants vigilants du canton de Gondrecourt ».
Scénario identique
Non contents de fédérer l'opposition au projet sur
le chef-lieu, ses membres sont en effet allés frapper aux
portes des villageois de Chassey, pour leur demander leur avis.
Et les enjoindre à signer une pétition réclamant
que la population soit consultée dès maintenant.
Scénario point pour point identique à celui tourné
simultanément à Gondrecourt. « Et nous n'avons
essuyé que très peu de refus », certifie Christian
Polato, l'un des solliciteurs. « En tout cas, avec 26 signatures,
nous atteignons le quota de 1/5e du nombre d'inscrits sur les
listes électorales, ce qui oblige le maire à prendre
acte de cette réclamation. » Ce à quoi le
maire, qui a reçu ladite pétition vendredi soir,
répond : « On en tirera les conclusions qui s'imposent.
» Lesquelles ? A priori pas de réunion d'information,
ni de consultation publique. « Pas avant que l'Andra ne
s'exprime sur la candidature du village. » Procédé
qui, on l'aura compris, ne fait pas l'unanimité dans un
village où planent encore quelques tensions post-municipales.
« Ça fonctionne un peu de façon clanique,
au conseil municipal, ils se mettent d'accord entre eux d'abord
», remarque une administrée, qui tient à garder
l'anonymat, « pour ne pas en rajouter dans la guéguerre
».
Jeu démocratique
L'intéressée a déjà une idée
sur le fond (« On a déjà le labo de Bure,
c'est assez de cochonneries pour les environs »), mais c'est
d'abord la forme qu'elle conteste aujourd'hui. « Peut-être
qu'on pourrait nous demander notre avis, sur un sujet aussi important
! » Même irritation chez Denys Thibault : «
J'ai été averti par le journal, vous trouvez ça
normal ? », s'insurge-t-il. « Certes, l'équipe
municipale a été mise en place par la population,
mais connaissent-ils vraiment les problèmes de leur commune,
et les dangers qu'implique cette aventure ? Je ne suis ni contre
ni pour puisque, précisément, je n'ai aucune information
! » Sur le modeste petit village, dont l'argile souterraine
attise les convoitises de l'Andra, la pétition n'a donc
pas laissé de marbre. Quitte, d'ailleurs, à refuser
de la signer. À l'exemple de Chantal Cannelle, qui ne voit
aucun inconvénient à la méthode municipale.
« On a élu ce conseil, c'est à lui de prendre
la décision », estime cette dame. « C'est ça,
la démocratie. D'autant plus que cette candidature ne nous
engage pas définitivement. Après, si la commune
était retenue, il sera bien temps d'informer et de consulter.
» Et sur le principe de l'enfouissement, un avis ? «
Alors là, pas encore. Je ne suis pas assez bien renseignée
pour ça. » Et c'est bien là toute la question...
14/11/2008 - Plusieurs dizaines de communes françaises sont intéressées par le stockage de déchets radioactifs de faible activité à vie longue (FAVL), a indiqué vendredi l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). L'Andra avait lancé un appel à candidatures, clos au 31 octobre, parmi 3.315 communes préselectionnées dans 20 départements et huit régions en fonction de la présence d'une couche d'argile adéquate en faible profondeur, pour la construction d'un centre qui doit être exploité à partir de 2019.
Nous avons "quelques dizaines de candidatures, essentiellement dans le quart nord-est de la France", a déclaréla directrice générale de l'Andra, Marie-Claude Dupuis. L'Andra ne publiera pas de liste des communes candidates, mais adressera un rapport au ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, lequel rendra public deux ou trois sites retenus pour une étude plus approfondie, vraisemblablement en janvier 2009, a précisé Mme Dupuis.
La localisation des communes montre que "plus les collectivités sont proches des sites existants de l'Andra, moins on fait peur", a-t-elle estimé. L'Andra dispose d'un centre de stockage en surface dans l'Aube pour les déchets à très faible activité (TFA) et pour ceux à vie courte (VC), c'est à dire dont la radioactivité redescend à un seuil naturel en 300 ans environ, ainsi que d'un laboratoire souterrain à Bure, à cheval sur la Haute Marne et la Meuse.
Un centre de stockage à 500 mètres de profondeur est prévu à l'horizon 2025 près de Bure pour les déchets les plus dangereux (haute et moyenne activité à vie longue), qui concentrent 99% de la radioactivité totale. Mme Dupuis a regretté qu'en Alsace et dans la région Centre, "aucun maire ne nous a demandé de venir présenter le dossier" parmi les communes potentiellement concernées par le stockage des déchets FAVL.
L'express, 10/11/2008:
La fédération "Sortir du nucléaire" publie une liste de 25 communes candidates à l'enfouissement de déchets nucléaires dans l'Aube, la Haute-Marne, la Meuse et les Vosges. Elle encourage l'opinion publique à se mobiliser "avant qu'il ne soit trop tard".
Le réseau Sortir du Nucléaire, qui regroupe 830 associations agréées pour la protection de l'environnement, a divulgué une liste de 25 communes dont les maires se sont portés candidats auprès de l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) afin de recevoir et de stocker dans leur sous-sol des déchets radioactifs moyennant de fortes subventions débloquées par l'Etat.
Sortir du nucléaire et ses associations adhérentes ont suivi de près les procédures dans les communes concernées. Mais il n'est cependant pas exclu que d'autres maires aient discrètement fait acte de candidature, indique leur communiqué. "Alors que l'Andra avait sollicité 3115 maires dans diverses régions, la quasi-totalité a refusé les déchets nucléaires malgré la perspective de recevoir de très fortes subventions. De plus, on s'aperçoit que les rares candidats sont situés dans la même zone, à cheval sur les départements de l'Aube (10), de la Haute-Marne (52), de la Meuse (55) et des Vosges (88).
Cette zone, qui comprend déjà deux sites de stockage de déchets radioactifs (à Morvilliers et Soulaines, dans l'Aube), un projet d'enfouissement profond des déchets les plus dangereux (à Bure, dans la Meuse) et un projet de centre de tri, reconditionnement et stockage de déchets dits 'de très faible radioactivité' (entreprise DAHER, à Epothémont, dans l'Aube), semble avoir été désignée par l'Etat comme la "poubelle nucléaire" de la France", déplore Sortir du nucléaire.
Le Réseau Sortir du nucléaire a décidé de diffuser sur son site les coordonnées des municipalités candidates dans l'Aube, la Haute-Marne, la Meuse et les Vosges et d'alerter l'opinion publique afin de "remettre en cause la production des déchets radioactifs, et donc l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins civiles et militaires, et préférer les économies d'énergie et le développement des énergies renouvelables".
Le Parisien, 1/11/2008:
Une vingtaine de communes se sont portées candidates à l'accueil du site de stockage de déchets faiblement radioactifs dont a besoin la France. Une décision qui ne passe pas toujours bien auprès de leurs habitants.
QUI VEUT d'une patate chaude radioactive ?
3 115 petites communes rurales de France, sollicitées par
l'Etat, avaient jusqu'à cette fin de semaine pour se porter
candidates à l'accueil d'un nouveau site d'enfouissement
de déchets nucléaires. Ce dernier, qui doit ouvrir
en 2019, est destiné à accueillir des résidus
dits « de faible activité et à vie longue
», qui resteront radioactifs pendant plusieurs milliers
d'années.
Au moins 21 municipalités ont répondu favorablement,
principalement en Champagne et en Lorraine, d'après un
pointage non exhaustif réalisé par plusieurs associations
écologistes. L'Agence nationale pour la gestion des déchets
radioactifs (Andra), à l'origine de l'appel à candidatures,
ne fournit pas dans l'immédiat un nombre plus précis.
« Pas de ça chez nous »
L'affaire est sensible. Dans les départements de la Meuse, de la Haute-Marne et de la Meurthe-et-Moselle, dix conseils municipaux qui s'étaient exprimés en faveur du projet ont reculé dans les tout derniers jours avant la date butoir, face à la bronca des habitants. A Houdelmont, en Meurthe-et-Moselle, les élus ont voté oui, puis non, après qu'une consultation a montré que l'écrasante majorité de leurs administrés était hostile au projet. A Tréveray (Meuse), où la population a voté contre à plus de 80 %, une habitante, Noëlle Martin, commente : « On ne veut pas de ça chez nous. Ça suffit, on a déjà assez de déchets nucléaires dans le coin ! » Jean-Pierre Masseret, président du conseil régional de Lorraine, estime que sa région « n'a pas vocation à accueillir tous les déchets nucléaires de la France ».
La Meuse a déjà le privilège d'être pressentie pour accueillir les déchets les plus dangereux, ceux dits « à haute activité et à vie longue », pour lesquels un centre d'enfouissement à 500 m sous terre est à l'étude au laboratoire de Bure (Meuse). Le département proche de l'Aube, en Champagne, héberge, lui, deux centres immenses de 1,6 million de mètres cubes au total, où sont stockés les déchets les moins radioactifs, notamment le béton des centrales en cours de démantèlement.
Les couches d'argiles des sous-sols de l'est de la France, presque imperméables et peu sujettes aux tremblements de terre, sont celles, déclarent les experts, qui se prêtent le mieux à l'enfouissement de déchets radioactifs. Mais d'autres régions françaises, notamment dans le Sud-Ouest, présentent des caractéristiques similaires et ont été sollicitées par l'Andra.
Pourtant, très peu de communes du Lot, de l'Aveyron ou du Tarn-et-Garonne ont manifesté un intérêt pour le projet. Xavier Rabilloud, de l'association Réseau sortir du nucléaire, suggère : « C'est peut-être parce que les campagnes de l'est de la France sont souvent les plus pauvres. » Le nouveau centre d'enfouissement des déchets « de faible activité et à vie longue » représente 200 à 350 millions d'euros d'investissements et nécessitera la création d'une centaine d'emplois, précise l'Andra.
Le Républicain Lorrain, 1/11/2008:
Après une semaine de tension à Avricourt liée au projet éventuel d'implantation d'une décharge radioactive, l'heure semble être à l'apaisement. La candidature évoquée un moment devrait ne pas être déposée. En somme, beaucoup de bruit pour un petit « pschitt ».
La décharge radioactive d'Avricourt va sans doute faire « pschitt ». C'est en tout cas la tendance annoncée par la première adjointe Monique Lukas au moment d'entrer dans la salle du conseil municipal pour une réunion des édiles à l'ordre du jour unique : l'entérinement ou l'abandon de la candidature du village pour l'implantation d'un lieu de stockage de déchets radioactifs de faible activité à longue vie.
Cette idée de la municipalité pour faire entrer dans les caisses de la commune une importante manne a fait couler beaucoup de salive depuis quelques jours et la tenue d'une réunion d'information par l'ANDRA (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) à l'attention de la population. Cet organisme a été missionnée par Jean-Pierre Borloo pour trouver un site dont l'environnement géologique était adéquat pour recevoir des déchets radifères et de graphite à radioactivité faible issus de l'industrie traditionnelle et nucléaire.
« L'affaire du siècle » Un rassemblement où la population a été invitée, aux dires de quelques habitants, « plutôt en dernière minute », et où les opposants du collectif 57 contre l'enfouissement des déchets nucléaires (une association basée à Uckange) ont fait voir leur présence : « Quand on fait ce genre de réunion, on essaye de faire en sorte que l'argumentaire soit équilibré. Là, ça ressemblait plus à de la propagande qu'à de l'information », estime André Burger, membre du collectif. Tout a débuté à Avricourt lorsque la commune a reçu un dossier d'information voilà quelques mois.
Les membres du conseil se sont rendus dans l'Aube pour visiter un site semblable : « L'endroit était plus que grandiose », admet la quatrième adjointe Mireille Mischler. L'élue avoue pourtant être vite retombée de son nuage : « On nous annonçait l'affaire du siècle. J'ai ensuite vu un reportage à la télé où une autre commune était candidate, et ce n'étaient pas les mêmes chiffres de retombées qui étaient annoncées. Et un autre sur un deuxième village où c'était encore des chiffres différents. Je me suis dit "on nous raconte peut-être des mensonges" »
Pétitions, palabres, tracts, annonces de manifestations et même menaces à l'encontre de certains membres du conseil municipal ont été proférés depuis lors, alors que la candidature d'Avricourt n'avait pas encore été décidée. Il fut même question, un temps, d'un conseil municipal à huis clos ou avec vote à bulletins secrets. « Etant donné l'opposition de la population et la pression qu'on a, la décision ne devrait pas trop faire de doute », déclarait hier la première adjointe, appelée à présider le conseil en l'absence du maire, malade depuis quelques jours. Du côté des édiles, on joue surtout la carte de l'apaisement. D'autant plus que, selon toute vraisemblance, et sauf surprise majeure, l'opposition au projet au sein même de l'équipe municipale devrait déboucher sur son abandon.
Un long chemin vers la désignation
S'agissant d'Avricourt, on est là seulement à la phase de réflexion pour le dépôt de la candidature de la commune, dont la date limite était fixée à hier soir. Les dossiers des villages volontaires sont ensuite présentés au gouvernement qui les entérine et décide si elles doivent être investiguées. Des campagnes d'investigation et de concertation avec la population locale sont alors engagées entre 2009 et 2010 avant que les conseils municipaux concernés ne délibèrent une nouvelle fois pour confirmer leur décision. Au final, après les diverses démarches, la mise en service du site n'est pas prévue avant 2019.
Autant dire que, même si Avricourt devait accepter de se présenter, le chemin vers la décision finale serait encore très long et sans doute semé d'embûches ! Quant aux retombés pour les heureux élus, elles sont multiples. L'ANDRA annonce ainsi, pour le site de Soulaines-Dhuys dans l'Aube une taxe foncière de 2 millions d'euros par an et une taxe professionnelle de 1,6 million d'euro à l'année
Le Républicain Lorrain, 31/10/2008:
Vous avez peut-être reçu un courrier
de l'Andra en mairie ? » demandait le président François
Lavergne aux élus locaux réunis lors du dernier
conseil districal, et poursuivant, « L'Agence nationale
pour la gestion des déchets radioactifs vous sollicite
pour l'accueil d'un centre d'enfouissement des déchets
nucléaires sur votre commune, avec un fort joli livret
vous expliquant avec force photographies et témoignages
à la clé que cela ne risque rien et représente
une chance unique de développer votre commune ».
Il poursuit, ironique : « Grâce aux qualités
de notre sous-sol, la Moselle retrouve d'un seul coup les faveurs
de l'Etat. Alors que 8 000 militaires vont quitter le Département,
l'Andra offre à qui le souhaite 140 emplois et bien entendu,
les nuisances qui vont avec ! Accepter une telle implantation
reviendrait à ruiner tous les efforts consentis depuis
des années en faveur de l'environnement. La demande de
l'Andra, sous couvert d'ouverture et de transparence, n'a qu'un
objectif : reporter le poids final sur les élus locaux
». Approbation à l'unanimité et vote d'une
motion précisant qu'à l'heure des restructurations
des services de l'Etat dont la Moselle subit de plein fouet les
conséquences, les élus locaux du Duf refusent catégoriquement
d'accueillir sur leur territoire, le moindre déchet nucléaire.
La Liberté de l'Est, 28/10/2008:
Le conseil municipal a choisi de faire du village un candidat à l'éventuel site de stockage des déchets nucléaires.
Explications
A l'unanimité, le conseil municipal de Rouvres-en-Xantois a voté lundi dernier sa candidature à l'accueil d'un éventuel site de stockage de déchets nucléaires de faible activité à vie longue. "Ce n'est pas dit que notre commune soit retenue", nuance le maire, Bernard Charles. L'Andra doit au préalable réaliser des études de sol plus approfondies pour savoir si l'épaisseur d'argile est suffisant. Si c'est le cas, le premier magistrat organisera avec l'appui de l'Andra, une séance d'information pour la population et un référendum. "Ce seront les habitants qui auront le mot de la fin, la délibération finale ne sera qu'en 2010."
Les arguments qui encouragent la commune à se porter candidate sont d'abord d'ordre financier : "On toucherait au minimum 600 000 Euros de taxe professionnelle par an, ça permettrait de dynamiser le village, d'investir dans le secteur économique", imagine le maire soulignant que "les charges afférentes à la commune augmentent. Indirectement, l'Etat se décharge sur les communes." Il ajoutera également que les aides des conseils général et régional diminuent. Un maire qui considère que le risque sanitaire est limité : "Il n'y a aucun danger car ce sont des résidus à très faible valeur."
Mais il est conscient qu'il faudra longtemps pour les neutraliser, sensibilisé à cela par deux militaires retraités habitant la commune dont l'un d'eux est membre du conseil. "Il savent bien comment les déchets peuvent être conditionnés et les conditions drastiques employées pour limiter les émissions. Mais comme ils ont une durée de vie de milliers d'années, on ne sait pas si le conditionnement tiendra le coup. Probablement pas."
Mais Bernard Charles se rassure : la couche d'argile protège d'après les informations dont il dispose ; il faut 2 000 ans pour que la radioactivité avance d'un mètre. "Si une commune voisine avait un tel centre, en cas de problème radioactif, on en subirait autant les effets qu'elle. Et on serait passé à côté de ressources financières", argumente-t-il, ajoutant "j'ai plus peur des lignes à haute tension que des déchets radioactifs. Je suis électricien de métier et je connais bien le problème."
Les candidats pour accueillir le site de déchets nucléaires ne se bousculent pas malgré les arguments de l'Andra. D'après Bernard Charles, seize communes sont candidates sur les 3 115 concernées. Un faible chiffre qui aura incité l'Andra à repousser la date de candidature jusqu'au 15 novembre. Dans les Vosges, seules Grand et Rouvres campent sur leur position. Fréville s'est désengagée lors de son dernier conseil. La candidature de la commune n'était en effet pas à l'ordre du jour d'une précédente assemblée municipale mais avait été votée lors des questions diverses. Un vice de forme à la suite duquel les élus ont changé d'avis, ayant eu plus d'informations en leur possession.
Orange.fr, 21/10/2008:
La France se prépare à enterrer ses déchets nucléaires
Les déchets, c'est déjà mal vu, alors des déchets nucléaires, vous imaginez..." A Gondrecourt-le-Château, près de Nancy, le maire Stéphane Martin et le conseil municipal l'ont décidé: la commune va se porter candidate pour accueillir le futur centre de stockage de déchets nucléaire de "faible activité-vie longue". Sur les 14 conseillers municipaux présents le 11 septembre lors du vote sur cette candidature, 8 ont dit oui. Mais les élus savent que la population est en majorité contre. "Il s'agit d'une gestion responsable, les habitants sont inquiets car ils ne connaissent pas bien le dossier", estime le maire de cette commune de 1500 habitants.
A 40 kilomètres au sud-est de Gondrecourt, le village d'Aouze, 200 habitants, est lui aussi volontaire. "Cela nous amènera des emplois et des recettes fiscales", explique le maire Gilles Chognot. Le projet doit en effet permettre la création d'une centaine d'emploi pendant la construction, une cinquantaine durant la phase d'exploitation.
"La pire des mauvaises solutions"
Mais les militants anti-nucléaires appellent les habitants
des communes concernées à ne pas se laisser tenter
et à se mobiliser. "C'est de la corruption légale",
dénonce Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau
Sortir du nucléaire. "En matière de déchets
nucléaires, il n'y a que des mauvaises solutions. Mais
l'enfouissement, à petite ou grande profondeur, est la
pire de ces mauvaise solutions, c'est un crime pour les génération
futures."
Il craint une "contamination des nappes phréatiques" et un effet néfaste sur le développement économique et touristique de la commune, dont l'image sera "dégradée".
L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs rétorque que c'est justement pour la sécurité que ces déchets seront stockés en sous-sol. Elle assure un "impact sur l'homme et l'environnement le plus faible possible, inférieur à l'impact de la radioactivité naturelle", grâce à trois niveaux de protection: les colis qui contiennent les déchets, les ouvrages de stockage et la couche géologique.
"De belles déclarations rassurantes. A Asse aussi, on avait promis que la mine était d'une stabilité parfaite", s'indigne Stéphane Lhomme, évoquant le scandale qui a éclaté récemment en Allemagne, suite à des incidents dans une mine de potasse et de sel où sont stockés depuis les années 1970 des déchets faiblement et moyennement radioactifs.
Pour en savoir plus: www.sortirdunucleaire.org, le site du réseau Sortir du nucléaire
La Dépêche du Midi, 20/10/2008:
La salle des fêtes de Puylaroque a reçu les antinucléaires. À la tribune : Marc Saint-Aromans des Amis de la Terre Midi-Pyrénées ; Jean-Luc Vialard, de Sortir du nucléaire Lot ; Guy Pezet, de Serenes-Sereines (12), et Michel Gueritte, du collectif champenois contre les déchets radioactifs.
Dans la salle : Colette Soubrier, de l'association Sortir du nucléaire 82, accueillait près d'une soixantaine de personnes venues, malgré le beau soleil, assister à la projection d'un diaporama explicatif et poser des questions. « Déchets radioactifs : bientôt près de chez vous ? », interrogeaient ces militants de la première heure contre cette technologie à risque tant pour l'avenir (les déchets et leur traitement) que pour le présent (avec ses « incidents »).
Les questions ont fusé. Portant sur les caractéristiques du camp militaire en matière de possibilité d'accueil d'un centre d'enfouissement, sur les normes acceptables, sur les mesures effectuées, sur la valorisation future et éventuelle des déchets. C'est la colère qui sourd quand sont évoquées les luttes qu'il a fallues pour faire prendre des précautions au fil de la banalisation du nucléaire (les premiers déchets en forme de boues ont même pu servir de remblais).
« C'est un non-sens d'enfouir la radioactivité. C'est se condamner à ne jamais pouvoir la retraiter, sans parler des risques sismiques C'est un non-sens », s'écrie une participante, applaudie. La date du 31 octobre, clôture des candidatures des mairies pour faire étudier la faisabilité géologique de leur commune, s'approche. Il semble que les populations du Quercy soient convaincues majoritairement que leurs édiles (qui ont déjà annoncé leur refus) ne reviendront pas sur leur décision.
Une partie de la salle est plus sceptique :
« Les centres de décisions de tels investissements
dépassent l'expression de la citoyenneté locale,
disent-ils. Cet appel à candidature n'est qu'un rideau
de fumée. Les jeux seraient faits. »
La Nouvelle République, 14/10/2008:
Vicq-Exemplet. La commune se porte candidate pour envisager sur son territoire un site d'enfouissement de déchets radioactifs. Première en Berry.
Le conseil municipal de Vicq-Exemplet a osé. Il est, à ce jour, le seul dans le Berry à être candidat à l'accueil d'un site d'enfouissement de déchets radioactifs de « faible activité à vie longue » proposé par l'Andra. L'Agence nationale des déchets radioactifs a contacté 3.500 communes à la géologie compatible, dont une soixantaine dans le Berry, afin de leur proposer de faire acte de candidature. Retombées économiques à la clé.
Mardi dernier, en séance publique, les conseillers municipaux de Vicq-Exemplet ont fait part de leurs interrogations sur l'installation d'un tel site. Mais, d'autre part, ils estiment « que le nucléaire existe et qu'il faut en accepter les conséquences. Je préfère la gestion des déchets dans les lieux spécifiques que l'oubli de ces déchets dans des conditions de stockages inadaptées », résume le maire.
A bulletins secrets, les élus devaient répondre à la question « Êtes-vous favorables pour envisager l'installation d'un site d'enfouissement de déchets radioactifs de faible activité à vie longue dans la commune ? » Cinq d'entre eux se sont prononcés pour, quatre contre et deux se sont abstenus. Paradoxe : neuf conseillers ne sont ensuite prononcés contre les idées proposées par le collectif anti-déchets nucléaire (un pour et un bulletin blanc).
Les conseils municipaux (1) sont invités à postuler avant le 31 octobre auprès de l'Andra. Les maires pourront dans un second temps, fin 2010, confirmer leur candidature après concertation locale. Puis, l'agence mènera des investigations sur le territoire des communes candidates, entre autres pour vérifier la faisabilité du stockage, pour une ouverture du centre de stockage en 2019.
(1) les communautés de communes n'ont pas compétence en la matière.
Politis, 9/10/2008:
Soulaine (10), qui recèle déjà un centre de stockage de déchets nucléaires ; Soulaine, enfant chéri de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) exhibé en modèle de réussite Eh bien, Soulaine a dit « non », à l'unanimité de son conseil municipal, à l'Andra, qui recherche fiévreusement des communes d'accueil pour son futur centre d'enfouissement de déchets radioactifs dits de « faible activité à vie longue ». Et malgré les alléchantes promesses de retombées financières. C'est une claque pour l'Andra, estime le Réseau sortir du nucléaire, et un signe fort pour toutes les municipalités qu'elle a approchées.
7/10/2008 - Les techniques d'enfouissement des déchets radioactifs à "faible activité et à vie longue" (FAVL) sont au point mais elles suscitent toujours la méfiance dans l'opinion, ont estimé des experts lors d'un briefing de presse organisé par l'Andra mardi à Bure (Meuse). "Les faibles progrès effectués dans la mise en oeuvre de l'enfouissement des FAVL constituent le talon d'Achille de l'industrie nucléaire: nous prétendons savoir le faire mais sans en apporter la preuve", a déclaré Neil Chapman, de l'école ITC de stockage souterrain des déchets de Meirigen (Suisse).
"L'enfouissement des FAVL en couches profondes constitue pourtant une solution sûre, durable et réversible pendant des décennies", a-t-il ajouté lors de ce briefing organisé par l'Agence française pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) deux semaines avant la 7e conférence européenne sur la gestion et le stockage des déchets radioactifs, qui aura lieu du 20 au 23 octobre à Luxembourg. "Les pays de l'Union européenne exploitant l'énergie nucléaire ont besoin de sites de stockage pour les FAVL qu'ils pourront, le cas échéant, se partager", a encore déclaré M. Chapman.
En France, les FAVL sont constitués par quelque 170.000 m3 de déchets issus du radium dont la nocivité court sur plusieurs milliers d'années, voire 300.000 ans pour le chlore 36, l'un de leurs éléments. L'Andra a transmis cet été un dossier à 3.115 communes dans vingt départements disposant, selon elle, d'un terrain géologique a priori compatible avec l'installation d'ici à 2019 d'un centre de stockage de FAVL. Les maires intéressés par ce projet doivent donner d'ici au 31 octobre leur accord à des forages d'essai.
L'Andra étudie également la possibilité de prendre en charge dans ce futur centre d'autres déchets FAVL tels que les déchets bitumés ou des objets radiologiques à usage médical, représentant un volume supplémentaire de 50.000 m3.
Devant le laboratoire de recherche souterrain de l'Andra où avait lieu le briefing de presse, des militants du Réseau "Sortir du nucléaire" ont distribué aux journalistes une "contre-propagande" stipulant que l'enfouissement des FAVL constituait "un terrible pari (...) sur des durées qui défient l'entendement humain".
Le Petit Journal, 2/10/2008:
Le mercredi 24 septembre dès 20h, une centaine d'habitants du village, des alentours et même de la Corrèze, sont venus à la réunion publique organisée par le Maire de Saint-Denis, Monsieur Lacarrière qui avait invité 2 représentants de l'ANDRA pour informer les habitants au sujet de l'enfouissement futur des déchets radioactifs. Cette réunion a démarré dans une ambiance houleuse sous les huées et les cris des opposants dont des membres du Réseau Sortir du Nucléaire (RSN). En quelques minutes des dizaines de pétards ont été lancés en guise de désapprobation au projet. A l'extérieur de la salle, les gendarmes ont été appelés afin de maintenir une certaine surveillance, alors que la réunion se poursuivait dans une ambiance « un peu plus calme » mais, très électrique.
Pendant 2 heures les participants opposés (99 % de la salle) à l'enfouissement des déchets se relayaient tour à tour pour poser des questions plus pertinentes les unes que les autres aux 2 représentants de l'ANDRA. Il faut reconnaître que le bilan de cette soirée reste à démontrer car les intervenants n'ont absolument pas été convaincants par leurs explications démonstratives quant aux « bienfaits » de ces futurs stockages radioactifs.
LES CHOIX DE L'ANDRA
L'un des représentants de l'ANDRA a proposé 2 choix : laisser les déchets sans surveillance (entreposage) comme à la Hague (avec colis à l'intérieur). Or, il faut savoir qu'aujourd'hui, selon un membre du RSN, à Asse (Allemagne), des milliers de fûts contenant le même genre de déchets, ont été « entreposés » dans une mine de sel (soit-disant imperméable). Cette mine contenant des déchets depuis 30 ans est inondée et à l'heure actuelle, les nappes phréatiques sont polluées irrémédiablement. Toujours selon lui, un film intitulé ULTIMATOME démontre précisément l'action de la radioactivité « entreposée » en soulignant le taux élevé de cancers dans cette région. Pour les membres du RSN, vouloir enfouir des déchets sans se préoccuper des vies humaines relève de l'irresponsabilité et c'est jouer aux apprentis sorciers.
Car le second choix proposé: le stockage (différent de l'entreposage) est nouveau semble-t-il, déclare le représentant de l'ANDRA, c'est une première, puisque le stockage est mis sous surveillance ! « On les surveille, mais pour combien de temps ? » demandent les citoyens. Le représentant répond : « la solution de stockage est faite pour pouvoir être « oublié ». ( !) Ah ! Une femme se lève et interroge vivement : « Comment un stockage peut-il être oublié, donc passif, quand une matière, à l'intérieur, est vivante ?». Applaudissements de la salle. L'ANDRA n'a pas de réponse, si ce n'est que le stockage est prévu pour environ 500 à 1000 ans... Alors que ceux de la Hague n'ont que 30 ans ainsi que ceux de Tricastin... et ceux que l'on « oublie » ! La salle est furieuse !
L'ANDRA MALMENÉE
L'ANDRA poursuit : 3115 communes ont été démarchées sur l'hexagone et ce sous l'instigation de JL Borloo depuis juin 2008 et, c'est avant le 31 octobre 2008 que les communes devront porter leur candidature. Selon elle, 2 ou 3 zones « seraient candidates » d'ici la fin de l'année et, jusqu'en 2010, des reconnaissances géologiques, sismiques seront effectuées par forages.
Les citoyens de la salle s'insurgent en rappelant que des géologues réputés de la région (dont Monsieur Astruc) ont déjà étudié la question. Les arguments les plus forts pour refuser ce projet étant « la présence/proximité du parc naturel et les fracturations dans la couche de marne supposée étanche ». « Il y a risque sismique, c'est prouvé » crient certains habitants. Malgré ces remarques, les représentants poursuivent « difficilement » leur raisonnement.
Ainsi, fin 2010, une fois les rapports d'études (lesquelles ? le coût ?) terminées, les communes candidates, dont le sol serait en conformité avec cette opération de stockage, pourront librement donner leur accord ou bien refuser de s'aventurer plus ! Question d'un opposant : « Comment un Conseil Municipal peut-il prendre une décision qui mettra en péril les populations actuelles et les générations futures ? ». La salle est survoltée en entendant la réponse : « Les communes qui se dévoueront auront une contrepartie, vous voyez de quoi il s'agit ? ». Tollé dans la salle qui a fort bien compris l'enjeu, les millions d'euro à la clé. La réunion est presque terminée, et personne ne veut plus entendre l'ANDRA et ses propositions. Un dernier habitant fustige les deux représentants : «Qui est pour dans cette salle ? Personne, sauf vous, parce que c'est votre métier ! Vous êtes là pour nous vendre des stockages et condamner nos vies et celles des futures générations ». A Saint-Denis, les opposants au nucléaire se sont fait entendre. Pour mémoire, un petit titre de ce questionnaire : conscient de la qualité rare de l'environnement naturel lotois, le Conseil général s'engage pour la préservation de ce patrimoine exceptionnel. A voir.
Le Petit Journal, 2/10/2008:
Une trentaine de militants antinucléaires
se rassemblaient samedi 27 septembre, sous la bannière
Jean-Luc Vialard, coordonnateur SDNLot devant la Préfecture
du Lot pour protester contre l'enfouissement des déchets
nucléaires.
"On sait, d'après les spécialistes que des
terminologies trompeuses ou atténuées sont utilisées
par les promoteurs de l'industrie nucléaire. En exemple
"déchets dit à faible radioactivité"
ou encore "l'uranium dit appauvri". A Asse en Allemagne 126 000 fûts contenant
des déchets faiblement radioactifs enfouis dans une mine
de sel déclarée "géologiquement stable
depuis 70 millions d'années" et quasi imperméable,
sont susceptibles de resurgir aujourd'hui à la suite d'une
inondation de la mine. D'après les militants anti-nucléaires
"une catastrophe est en cours". De nombreux citoyens
au-delà des militants considèrent comme un crime
l'enfouissement des déchets radioactifs. En effet "tôt ou tard la radioactivité
sera relâchée, contaminera les nappes phréatiques,
remontera à la surface et mettra en grand danger les êtres
vivants". C'est une affaire de tous,
même des maires qui se laisseraient convaincre par des fortes
sommes financières. "Nous rejetons tout projet d'enfouissement
nucléaire" conclut Jean-Luc Vialard.
Gisèle V.
Oise Hebdo, 1/10/2008:
Mobilisés pour repousser l'implantation d'un centre de stockage de déchets radioactifs sur le territoire de la Picardie Verte (cantons de Breteuil, Crévecur, Formerie, Marseille-en-Beauvaisis, Grandvilliers), les membres du réseau «Sortir du Nucléaire» étaient réunis samedi 27 septembre au cours de la matinée sur le marché de Beauvais. Une opération menée avec le soutien de Christian Février, représentant les Verts du Beauvaisis et de Régis Lecuru représentant la gauche altermondialiste, et destinée à informer la population sur les risques représentés par l'énergie nucléaire et la gestion des déchets : «Les matières que l'on veut enfouir près de chez nous ont une durée de vie de plusieurs milliers d'années et sont extrêmement nocives», explique Nicolas Guillou, responsable du réseau sur le plan local. «L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) veut nous imposer ce centre d'enfouissement sans véritable communication au préalable. Or il faut savoir que les matières en question, qui seront enterrées dans notre sous-sol, regagneront tôt ou tard l'eau et l'air, avec des risques cancérigène et génétique énormes pour les habitants.»
Selon les opposants au projet, la population
n'est, pour l'instant, pas assez informée sur ce sujet.
«Il y a un lobby énorme pour le nucléaire.
On parle malheureusement davantage d'économie que de sécurité
ou d'environnement. Personne ne pense aux générations
futures. Car ce type d'installation pose de vrais problèmes
éthiques. Qui peut dire que dans 100 000 ans, le site sera
toujours étanche», affirme le militant, avant d'ajouter
«Surtout que les incidents sont de plus en plus fréquents,
à l'instar des accidents au Tricastin. On prolonge bien
souvent la vie de centrales devenues obsolètes. Et il y
a un grand manque de transparence.»
Les membres du réseau ont déjà obtenu l'opposition
de plusieurs élus au projet, mais ils craignent cependant
de voir les petites communes de la Picardie Verte se laisser séduire
par les équipements qu'ils pourraient obtenir en contrepartie
d'une autorisation d'enfouissement sur leur territoire
«L'ANDRA cherche des communes volontaires.
Il faut donc interpeller nos élus pour qu'ils ne se portent
pas volontaires. La décision est attendue avant le vendredi
31 octobre. »
Le groupe local « Sortir du nucléaire » multiplie
par conséquent les opérations de sensibilisation
et les campagnes d'information dès que cela est possible,
comme samedi dernier à Beauvais, à l'occasion de
la journée nationale mis en place par le réseau
(fédération de 820 associations à travers
la France). Le mot d'ordre était donc clair pour tous les
opposants à l'installation d'un site d'enfouissement :
«Déchets nucléaires
: ni
ici, ni ailleurs /
Arrêtons d'en produire.» Un
cri d'alarme que les militants espèrent faire retentir
dans tous les cantons visés par le projet de I'ANDRA.
La Dépêche, 1/10/2008:
Samedi matin devant la préfecture, une
vingtaine de personnes du collectif «Stop déchets
radioctifs Quercy-Rouergue » constitué le 8 août
à Labastide- Murat, regroupant des citoyens, des élus,
des associations et des collectivités locales, ont déposé
symboliquement une motion qui reprenait le texte de la pétition
qui été signée par plus de 6200 personnes.
Le collectif est contre le projet de l'enfouissement des déchets
radioactifs dans le Lot, le Tarn-et-Garonne et l'Aveyron. Compte
tenu du projet de mise en place du fichier Exploitation documentaire
et valorisation relative à la sécurité publique
(EDVIRSP), qui remplace EDVIGE, le collectif a pris la décision
de ne pas divulguer les coordonnées des signataires, ses
documents restent à la disposition des médias pour
un comptage contradictoire.
L'Union, 1/10/2008:
Dans les anciennes centrales nucléaires où sont entreposés des déchets radioactifs, comme à Chooz, les contaminations du sous-sol sont fréquentes. Mais le site ardennais fait plutôt figure de bon élève.
Les experts de l'IRSN estiment que l'entreposage de déchets radioactifs datant des années 50 et 60 est à l'origine de contaminations du sous-sol et parfois des nappes phréatiques. Le site de Chooz est cité dans le rapport. Voilà de quoi mettre à mal le message de ceux qui veulent faire passer l'énergie nucléaire pour une énergie propre. L'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) a été chargé de plancher sur la surveillance des sites nucléaires à la suite du rejet d'uranium d'une filiale d'Areva, proche de la centrale du Tricastin, en juillet dernier.
La gestion des déchets, entreposés dans les centrales datant du début de l'industrie nucléaire, est montrée du doigt : et Chooz fait partie de ces centrales anciennes. « Dans pratiquement tous les cas, ces entreposages ne présentent pas un confinement des matières suffisant et sont à l'origine de contaminations du sous-sol proche, voire des nappes phréatiques », concluent les experts dans un rapport transmis, jeudi, au Haut comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire.
Sur le site ardennais, il existe différents endroits où des déchets radioactifs sont entreposés. Le rapport stipule que des zones souterraines d'entreposage ont été identifiées à proximité du réacteur Chooz A (en cours de démantèlement). La contamination de l'environnement n'est pas prouvée. Mais des investigations complémentaires sont prévues.
Les experts évoquent également 200 m3 de gravats extraits d'une galerie. « Ces gravats, qui peuvent être très faiblement contaminés, ont été repris puis conditionnés dans des emballages spécifiques avant d'être placés dans les alvéoles des fondations de l'ancien bâtiment médical, vestiaire et laboratoire. » Des investigations seront, cette fois, menées dans un délai de 5 ans.
L'IRSN signale enfin la présence de déchets provenant de la construction des réacteurs de Chooz B. Des piézomètres (NDLR : puits de surveillance) ont été construits pour suivre une éventuelle pollution issue de cette dernière zone de stockage. D'après le directeur de la centrale de Chooz, tous ces déchets seraient de simples gravats. Il s'agirait de terre prélevée sur le site, donc qualifiée de déchets radioactifs par principe de précaution.
Olivier Lamarre signale que les experts rapportent eux-mêmes que les résultats des investigations ne sont pas concluants. Des résultats confirmés par le chef de la division des installations nucléaires(*) de la Drire, Michel Babel. Le rapport est plus précis : « Selon l'exploitant, les puits de surveillance n'ont pas révélé de pollution de la nappe phréatique depuis 2003. Par ailleurs, l'IRSN ne connaît pas d'événement de rejets radioactifs ayant pu marquer la nappe avant l'année 2003. »
Si des investigations supplémentaires
doivent encore être réalisées, le site de
Chooz fait donc plutôt office de bon élève.
Notons qu'en matière de gestion de déchets radioactifs,
les phases de démantèlement les plus risquées
restent à venir. La cuve ou le générateur
de vapeur de Chooz A peuvent rester sur place, plusieurs semaines,
voire plusieurs mois avant d'être dirigés vers des
sites spécialisés.
« Personne ne sait piéger les éléments radioactifs »
Pour Michel Marie, porte-parole du Cedra (collectif contre l'enfouissement des déchets radioactifs), les conclusions de ce rapport concernant les contaminations du sous-sol démontrent, une fois de plus, les limites de la gestion du nucléaire. « Cela confirme malheureusement ce que les citoyens et des associations dénoncent depuis plusieurs années. » Selon lui, « en France, il y a eu une telle multiplication des sites de stockage qu'on ne sait même plus qu'ils existent pour certains. » Et le pays manquerait cruellement d'organismes de contrôle indépendants.
Cette gestion jugée calamiteuse pendant les premières années d'exploitation nucléaire a aujourd'hui un coût environnemental, mais aussi financier, car la facture des études et de l'éventuelle réhabilitation des zones sera lourde. Pour des raisons de délai, le rapport de l'IRSN se concentrait sur certains sites nucléaires. L'idéal, pour le porte-parole du Cedra, serait que tous les sites, et en particulier ceux de stockage, soient analysés de la sorte.
Les rares études indépendantes qu'a obtenues le Cedra sur le site de stockage de Soulaines (Aube) sont d'ailleurs bien plus alarmistes en matière de rejet et de durée de vie des déchets que le discours officiel diffusé aux habitants. Une information clé quand on sait que de nombreuses communes ardennaises figurent sur la liste des candidates potentielles à l'accueil d'un site d'enfouissement.
Un incident édifiant
À Chooz, en plus des prélèvements montrant des concentrations de fer, de manganèse, de cyanure ou la présence d'ions sulfate dans la nappe, le rapport met en avant une découverte inexpliquée. « Une surface de 4 m2 au sol a fait l'objet d'une contamination découverte en septembre 2000, localisée en bordure externe des clôtures de la centrale de Chooz A sur un chemin de halage. L'origine de la contamination n'est pas connue. Les mesures effectuées ont permis de mettre en évidence une contamination surfacique [...]. La terre contaminée a été retirée et la surface nettoyée. » Une pollution toujours inexpliquée à ce jour !
* La division des installations nucléaires
est la division régionale de l'Autorité de sûreté
nucléaire. Elle vérifie le respect de l'arrêté
de 1996 réglementant la surveillance des rejets liquides
et gazeux du site EDF de Chooz.
La Nouvelle République du Centre-Ouest,
29/9/2008:
Châteauroux. Samedi matin, le Collectif antidéchets nucléaires de l'Indre organisait un rassemblement place de la République
Ils étaient environ 150 samedi matin sur la place de la République de Châteauroux, à manifester contre le projet d'implantation d'un centre de stockage de déchets nucléaire. L'appel, lancé par le Réseau "Sortir du nucléaire" au niveau national, a été relayé dans le département par le Collectif anti-déchets nucléaires de l'Indre (Cadni). Ses membres ont distribué des tracts « d'abord pour informer les gens du projet », confiait samedi Chantal Courant, trésorière du Collectif. 56 communes de l'Indre ont été approchées par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), pour accueillir, dans leur sol, un centre de stockage de déchets nucléaires, à faible radioactivité mais à longue durée de vie (environ 300.000 ans). Le Cadni, constitué en juillet pour s'opposer au projet, a demandé aux maires de bien vouloir lui envoyer leur décision. « En ce moment, ça tombe tous les jours, annonce André Jamet, l'un des coordinateurs du mouvement. Pour le moment, treize communes ont dit non. » « Moi j'ai fait voter une motion lors du dernier conseil municipal », renchérit Pierre Morizet, maire de Chazelet, présent sur la manifestation. Il se dit choqué par la proposition de l'Andra. « Le budget de ma commune c'est 0,2 million d'euros, pour accueillir le centre de stockage, l'Andra promet une dotation de 5,5 millions d'euros et 3,6 millions d'euros par an de taxes ! Je trouve ça indécent. Et puis qu'est-ce qu'on fera avec nos réverbères plaqués or quand on aura des déchets nucléaires dans le sol ? La terre ne vaudra plus rien ! »
Le Figaro, 29/9/2008:
Pour le député Christian Bataille, ce centre d'études n'est plus justifié mais ses responsables arguent de leur indépendance vis-à-vis des industriels.
«L'existence du site expérimental de Tournemire ne me semble plus justifiée, ce labo a fait son temps.» Celui qui s'exprime de la sorte à propos du laboratoire de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), situé au pied du Larzac (Aveyron), n'est pas un opposant au stockage des déchets radioactifs, loin s'en faut. Il s'agit du député socialiste du Nord, Christian Bataille, grand partisan de l'atome - au point d'être régulièrement accusé [non c'est un fait !] de rouler pour le «lobby nucléaire» - et auteur de la loi qui porte son nom.
Votée en 1991, cette dernière prévoyait une période de quinze ans pour rendre compte de l'évaluation des recherches sur les déchets radioactifs, issus pour la plupart des centrales nucléaires d'EDF. Les expérimentations sur le stockage à grande profondeur dans certaines couches géologiques (granit, argile, sel) avaient alors été confiées à l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).
«Le site de Tournemire était utile il y a dix ou vingt ans quand on entamait une réflexion sur l'éventualité d'un futur site de stockage, confie Christian Bataille au Figaro. Aujourd'hui, on prolonge artificiellement sa fonction. Il est surtout là pour justifier qu'on donne de l'activité à une équipe de scientifiques.»
Selon le député du Nord, on est passé, depuis le vote de la nouvelle loi de 2006, dans la seconde phase. À savoir : la préfiguration d'un futur site de stockage, qui serait creusé dans la région de Bure (Meuse), où l'Andra mène déjà des études dans un grand laboratoire souterrain. Alors que la fin des travaux est prévue en 2015 et que la décision de l'État est attendue l'année suivante, Christian Bataille estime que tous les efforts devraient aujourd'hui être portés sur le site argileux de la Meuse.
Une faille de part en part
Et pourtant, avec un budget annuel de 2 millions d'euros alloué par l'IRSN, les vingt chercheurs du site aveyronnais font tout pour montrer que leur travail sert à quelque chose. Le tunnel ferroviaire percé à la fin du XIXe siècle et long de 1 885 mètres a été acquis par l'IRSN en 1992. Site géologique exceptionnel, il donne accès à une roche argileuse compacte (ou argilite) de 250 mètres d'épaisseur surmontée d'une hauteur équivalente de calcaire. Les recherches qui y sont menées visent principalement à étudier la roche et son comportement. Les scientifiques (spécialisés dans les sciences de la terre, la chimie, la mécanique des structures) étudient, en particulier, les propriétés de transport de l'eau et des substances naturelles dans la formation argileuse, ainsi que l'endommagement provoqué par le creusement de galeries. Ils ont constaté que l'argilite de Tournemire est un million de fois plus imperméable que le sable. Ils ont également relevé que dans une argilite saine, l'eau progresse de 3 cm par million d'années.
Mais le site aveyronnais ne pourra jamais se transformer en centre de stockage, à cause d'une grosse faille qui le traverse de part en part. Contrairement à celui de Bure qui, techniquement, recueille, à ce jour, tous les suffrages. Les scientifiques de l'IRSN ne désarment pas pour autant. L'objectif de leur institut, arguent-ils, est d'être un expert public (85 % de son budget vient de l'État) capable d'éclairer le gouvernement alors que le but de l'Andra est, selon eux, essentiellement industriel.
Mais ce constat ne suffit pas
à rassurer le maire sans étiquette de Tournemire
(460 habitants), Monique Barbaro, qui s'inquiète de l'avenir
du tunnel une fois que l'IRSN aura fini ses recherches. Avec ses
collègues élus, elle envisage de racheter le tunnel
pour le fermer ou le «faire sauter», de peur qu'il
ne serve un jour à entreposer des déchets.
20 minutes Strasbourg, 29/9/2008:
Elles refusent que le sol alsacien devienne une « poubelle nucléaire ». Une vingtaine de personnes ont simulé un dépôt de produits toxiques samedi matin place Broglie, à quelques pas du cabinet du préfet. Elles dénonçaient le projet de création d'un site de stockage par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Pour trouver où l'implanter, l'organisme aurait contacté cet été 3 115 communes de 20 départements, dont les 108 des cantons de Bouxwiller, Sarre-Union, Niederbronn, Hochfelden et Saverne. Elles ont jusqu'au 31 octobre pour se porter candidates à l'accueil de déchets radioactifs de « faible activité à vie longue ». Soit, précise l'Andra, « des déchets peu radioactifs mais qui le restent longtemps », comme des résidus de graphite provenant du « démantèlement des premières centrales nucléaires et de réacteurs expérimentaux ». « Les enfouir est trop dangereux, a estimé samedi Rémi Verdet, responsable du réseau Sortir du nucléaire. Qui se souviendra encore dans cent ans qu'ils ont été enterrés là ? Les maires doivent comprendre que cette décision ne concerne pas que le temps de leur mandat, mais des milliers d'années. » Et ce, d'autant plus selon lui, que ces éléments « à forte toxicité chimique » peuvent avoir un impact direct sur la faune et la flore, mais également sur la santé humaine. Des raisons suffisantes, estiment les manifestants, pour que les élus ne succombent pas aux promesses de l'Andra. Dans un document, l'agence évoque en effet « la dynamisation de l'activité locale » et les « ressources fiscales » qu'apporterait le centre aux collectivités. Des tentations auxquelles « une dizaine de maires du département » auraient déjà renoncé, selon Rémi Verdet. Ils sont en réalité bien plus. Ainsi, Claude Durr, édile sans étiquette de Mutzenhouse, a confié à 20 Minutes que les 26 communes du canton d'Hochfelden ont décidé jeudi soir « d'adresser un non collectif » à l'Andra. Cette semaine, les membres de Sortir du nucléaire vont contacter l'ensemble des municipalités bas-rhinoises concernées pour connaître leur décision. Ils comptent les publier sur Internet ainsi que dans la presse.
Est Républicain, 29/9/2008:
En dépit des menaces d'annulation de la délibération, le maire Jean-Marie Cousin et le conseil municipal de Ville-en-Woëvre ont adopté le choix sorti du vote des habitants.
Dans la matinée, une fourgonnette de la gendarmerie est passée devant la mairie de Ville-en-Woëvre. Un instant, le maire Jean-Marie Cousin a cru que la préfecture lui avait envoyé la force publique pour lui signifier que sa consultation référendaire était illégale. Les gendarmes ont ralenti puis ils ont poursuivi leur route. Jean-Marie Cousin, qui a décidé de demander l'avis de sa population pour donner ou pas l'autorisation à l'Andra de procéder à des études géologiques de son sous-sol en vue d'un éventuel enfouissement de déchets nucléaire, est retourné derrière l'urne pour accueillir les électeurs. Finalement, 92 des 126 inscrits sur la liste électorale se sont déplacés pour participer à cette consultation référendaire. Comme il l'avait annoncé dans nos colonnes hier matin, le maire n'a pas reculé. Quand bien même le préfet de la Meuse, Evence Richard, et le sous-préfet de Verdun, François Proisy, lui ont signifié que son action était illégale. « Après les déclarations de la préfecture et de la sous-préfecture, plusieurs personnes se demandaient si cela aurait lieu. Pourtant, rien ne m'empêche de demander l'avis de la population. Nous les accueillons comme prévu en respectant les modalités d'un scrutin normal», explique le maire, conseiller général Modem de Fresnes-en-Woëvre. Nombreux votants le soutiennent- « C'est une bonne initiative du maire », explique Isabelle Tridant qui est en train de faire construire une maison sur la commune. « C'est un sujet important et c'est rare que l'on demande l'avis de la population. Je suis opposée à donner l'autorisation. Il faut stocker ces déchets mais je suis contre l'enfouissement car c'est l'oubli ». - Guy Humbert tempère: «Autant savoir si notre sol peut ou pas accueillir ce type de déchets. Ensuite, on se prononcera sur l'enfouissement et on ne sera pas pris au dépourvu. C'est en tout cas une bonne idée de faire un référendum car la question est importante ». Gilbert et Huguette Bertrand sont du même avis: « C'est bien que les gens puissent donner leur avis. Nous sommes plutôt contre. Nous arrivons de la brocante de Montvillers et tout le monde en parle ».
Non à 70 %
A 18h, le dépouillement suivi par une trentaine d'habitants et une représentante des Renseignements Généraux est rapide: 66 non à l'autorisation d'explorer le sous-sol, 26 oui. Jean-Marie Cousin proclame les résultats et convoque aussitôt le conseil municipal. Il vote à l'unanimité moins une voix, celle d'un absent, dans le sens des habitants une délibération faisant référence dans sa formulation à la consultation référendaire. Ville-en-Woëvre refuse de laisser l'Andra tester son sol et renonce par la même occasion à une manne financière potentielle de plusieurs millions d'euros. « Nous sommes heureux d'avoir fait ce choir de la consultation. Le sujet est important. Les pressions de ces derniers jours n'ont pas fait peur aux habitants désireux de s'exprimer», analyse le maire tout en sachant que la majorité du conseil municipal aurait voté dans l'autre sens sans cette consultation. Toutefois, l'avenir de la délibération est en pointillé. Le sous-préfet l'a annoncé. Toute référence dans la délibération à la consultation qualifiée d'illégale provoquera son annulation. « Ce sera de leur responsabilité et cela signifiera que la commune ne s'est pas prononcée sur le sujet. Cela ne remettra pas en cause le choix de la population puisque selon la loi de 2006, une commune qui n'aura pas donné d'avis avant le 30 octobre est présumée avoir dit non », affirme Jean-Marc Cousin. Désormais, après un été agité par les déchets nucléaires, « le calme va rentrer au village », soulignait ravi un conseiller municipal, pourtant favorable au oui...
Sébastien GEORGES
La Voix du Nord, 28/9/2008:
Répondant à l'appel du réseau Sortir du nucléaire, une centaine de personnes se sont rassemblées, hier en milieu d'après-midi, place de la République à Lille, devant la préfecture, comme dans dix-sept autres villes de France. Dans le Nord, ainsi que dans le Pas-de-Calais, une soixantaine de communes ont été contactées par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA), qui cherche, depuis le 5 juin, un nouveau site pour y enfouir des déchets nucléaires. Les secteurs d'Hazebrouck et de Saint-Omer seraient particulièrement concernés. Déjà Gravelines. Au total, sur la liste de l'ANDRA, qui n'a pas été rendue publique, figurent 3 115 communes. Les maires ont jusqu'au 31 octobre pour faire part de leur décision. « Nous avons déjà, à Gravelines, la plus grande centrale nucléaire européenne, qui pourrait en plus accueillir le deuxième EPR, dont la construction a été envisagée par le gouvernement », dénonçait Dominique Plancke, conseiller régional, pour les Verts.
Le Parisien, 28/9/2008:
DES PÉTITIONS et des légumes
avec le sigle « radioactif » distribués sur
le marché de Beauvais. Hier matin, le groupe local Sortir
du nucléaire a choisi ce moyen pour sensibiliser la population
à l'éventuelle arrivée de déchets
radioactifs dans le département. L'Andra, l'Agence nationale
pour la gestion des déchets radioactifs, est à la
recherche d'un terrain d'une centaine d'hectares, à dominante
argileuse ou marneuse sur une épaisseur d'au moins 50 mètres,
pour y stocker environ 220 000 m3 de déchets radioactifs
de faible activité à vie longue. La mise en service
du site est programmée pour 2019. Cinq cantons de l'Oise
seraient susceptibles de l'accueillir : Breteuil, Crèvecoeur-le-Grand,
Marseille-en-Beauvaisis, Formerie et Grandvilliers. Pour Sortir
du nucléaire, l'Oise ne doit en aucun cas devenir une poubelle
nucléaire. « Parmi les déchets que l'on veut
nous mettre sous les pieds, il y a de l'uranium 238 ou encore
du radium 226 dont la durée de demi-vie est de mille six
cents ans, rappelle Nicolas Guillou du groupe local Sortir du
nucléaire. Nous n'avons aucune garantie sur la perméabilité
des terrains, et les éléments radioactifs contenus
dans ces déchets regagneront tôt ou tard l'eau ou
l'air. Il faut savoir que l'inhalation d'une dose de plutonium
inférieure à un microgramme peut suffire à
provoquer un cancer ! » « Nous n'avons aucune garantie
sur la perméabilité des terrains » Face à
cette mobilisation, l'Andra promet des retombées en termes
de recettes fiscales et de développement économique
très tentantes. On parle de 2,3 millions d'euros par an,
une somme non négligeable pour ces communes de secteur
rural. « L'Andra parle et promet la transparence, mais à
part le nom des cantons concernés, on ne sait toujours
pas si des communes de l'Oise sont candidates pour accueillir
cette décharge », regrette Nicolas Guillou.
La Nouvelle République, 28/9/2008:
Bourges. Quel est le point commun entre
les cantons de Baugy, La Guerche, Nérondes, Dun, Charenton,
Châteauneuf, Lignières, Le Châtelet et Saint-Amand
? Ils sont tous susceptibles, en vertu de leur sous-sol argilo-calcaire,
de pouvoir enfouir des « déchets radioactifs à
faible activité à vie longue ».
Le Cher fait partie des vingt départements, dont les communes
- 3.115, en France - ont été contactées par
l'agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs,
explique Patrice Charrier, du réseau Sortir du nucléaire.
Mais les maires et les conseils municipaux ne répercutent
pas l'information. Ils doivent prendre leur décision avant
le 31 octobre. Il faut que les citoyens demandent leur position
à leurs élus. Un maire et son conseil ne peuvent
imposer des poubelles nucléaires sous les pieds de leurs
habitants ! ».Hier matin, les clients du marché de
la halle au blé n'ont pas été très
réceptifs à la démarche. « On va essayer
d'aller dans les petites communes, visent les militants, mais
on n'est pas nombreux pour interpeller et informer. Après,
ce sera trop tard ! En Allemagne, une ancienne mine de sel et
potasse était garantie pour un million d'années.
On y stocke depuis 1988, et après infiltrations d'eau,
la garantie serait limitée à 2014. » L'officialisation
des sites français pourrait intervenir en 2010, et l'exploitation,
débuter en 2019.« Arrêtons de produire des
déchets radioactifs ! », renvoie le Réseau,
en choix environnemental. Vendredi 24 octobre, à 21 h,
à La Soupe aux Choux, place Gordaine, à Bourges,
café « décroissant » sur le nucléaire
dans le Cher.
L'Union, 28/9/2008:
La pétition « Ni ici ni ailleurs » a recueilli hier
matin plus d'une centaine de signatures. Sensibilisation contre
le projet de déchetterie nucléaire, hier sur le
marché. Face à la faible information de la population,
les militants locaux relayaient une opération nationale.
«ÇA fuit quand on enfouit », pouvait-on lire
hier au détour des étals du marché. À
l'appel du Cedra - Collectif contre l'enfouissement des déchets
radioactifs - Vouziers participait à l'opération
antinucléaire Boomerang menée à travers l'Hexagone.
Pour rappel, l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets
radioactifs) recherche un site pour accueillir un centre de stockage
de déchets nucléaires de « faible activité
à vie longue ». Dans les Ardennes, les communes des
cantons de Machault, Monthois et Vouziers peuvent se porter candidate
jusqu'au 31 octobre. « Les communes n'ont pas l'air intéressées,
mais le souci c'est que les habitants sont très peu informés
», indique Muriel Martin, militante locale du réseau
Sortir du nucléaire. « Parmi les 47 communes des
cantons visés, seules Vouziers et Hauviné ont fait
une information publique. Nous, on demande à ce que les
déchets restent sur site et ne soient pas transportés
ailleurs. » Distributions de tracts et discussions passionnées,
ponctuaient ainsi les emplettes des habitués du marché.
« Certains affichent leur accord avec le projet, mais dans
l'ensemble les gens y sont massivement opposés »,
note Michel Coistia, militant antinucléaire. Au cours de
la matinée, la pétition contre « ce projet
de poubelle nucléaire », « ni ici ni ailleurs
», a reçu plus d'une centaine de signatures, et sera
transmise au sous-préfet. « Il faut penser à
nos jeunes », glisse Janine, 70 ans. « Mais je ne
suis pas très optimiste, je ne vois pas de volonté
de développer l'énergie propre. » Résignés
et révoltés se côtoient parmi les signataires.
« Tu fumes, tu bois, t'attrapes le cancer et tu respires
des cochonneries radioactives t'as rien ? Faut arrêter de
prendre les gens pour des nanards ! », s'exclame Christine
de Grivy-Loisy. « On paie 32 euros par an pour faire pipi,
à cause de la pollution parce qu'on n'a pas de champ d'épandage
et pour des déchets nucléaires on va nous faire
croire que ça ne craint rien ! » Les militants dénonçaient
aussi le procédé utilisé. Pour éclairer
leur décision, les communes concernées n'ont reçu
qu'un dossier d'information de l'Andra. « Or, ce rapport
dit faiblement radioactifs des déchets qui ne le sont pas,
comme le radium 226 », note Gilles Roger du Cedra. «
On ne peut pas dire que ce n'est pas dangereux. » Le collectif
vient d'éditer une analyse critique du projet à
destination notamment des collectivités locales concernées.
La Dépêche du Midi, 28/9/2008:
Une vingtaine, le matin, à Cahors. Et
près de 100 manifestants à l'appel du Collectif
«Stop Déchets Radioactifs Quercy-Rouergue»
qui,se sont réunis, hier après-midi, à l'Hospitalet
et ont rejoint l'Hôtel de Ville en présence des maires
des communes de Thégra, de Mayrinhac-Lentour et de son
adjoint. Patrick Quemper et Pierre Rouillon ont pris la parole.
Pierre Rouillon à répondu à de nombreuses
questions posées par les manifestants, telles que : «Pourquoi
les hommes politiques et élus ne sont pas plus présents
pour les soutenir? » - «Quelle va être la position
des communes de St Denis les Martel et Gramat?» Pierre Rouillon
a rappelé que 50 communes ont répondu non sur 181
sollicitées dans le Lot au sujet de la possible installation
d'un centre de déchets radioactifs dans le Lot. Il a donné
rendez-vous aux manifestants le mardi 30 septembre à Gramat,
pour le conseil municipaj, et le 5 octobre à Figeac pour
le congrès des élus du Lot.
Tf1-Lci, 28/9/2008:
Le réseau Sortir du Nucléaire
organisait samedi dans 15 villes de France des rassemblements
contre l'enfouissement des déchets radioactifs, et ce avant
l'expiration le 31 octobre de l'appel à candidatures lancé
auprès des communes. Entre 350 et 400 personnes (selon
la police et les organisateurs) à Gondrecourt-le-Château,
dans la Meuse, à quelques kilomètres de Bure où
est installé un centre de recherche sur les déchets
nucléaires. Entre 80 et 100 personnes à Rocamadour,
dans le Lot, Une vingtaine à Cahors... Le réseau
Sortir du Nucléaire a organisé ce samedi 17 rassemblements
dans 15 villes de France contre l'enfouissement des déchets
radioactifs, avant l'expiration le 31 octobre de l'appel à
candidatures lancé auprès des communes, Selon le
réseau, "3.115 communes (sont) menacées dans
20 départements". Leurs maires respectifs ont été
contactés par l'Andra, Agence nationale pour le gestion
des déchets radioactifs, en quête de sites d'enfouissement.
Les communes intéressées ont jusqu'au 31 octobre
pour faire connaître leur réponse. Ces communes sont
situées dans les départements suivants: "Ardennes,
Aube, Aveyron, Cher, Eure, Indre, Lot, Marne, Haute-Marne, Meurthe-et-Moselle,
Meuse, Moselle, Nord, Oise, Pas-de-Calais, Bas-Rhin, Seine-Maritime,
Somme, Tarn-et-Garonne, Vosges", selon Sortir du Nucléaire.
Pour le réseau antinucléaire, les "citoyens
ne doivent pas se laisser abuser par la terminologie trompeuse
utilisée par les promoteurs de l'industrie nucléaire".
"Les "déchets dits +à faible activité
et à vie longue+", tout comme l'uranium dit +appauvri+
sont extrêmement dangereux et posent de graves problèmes
de santé publique", assure le réseau dans un
communiqué.
Est-Républicain, 26/9/2008:
Un rapport dénonce les conditions d'entreposage dans les parages des centrales.
Les conditions d'entreposage en France de déchets radioactifs datant des années 1950 et 1960, sont à l'origine de contaminations du sous-sol, selon un rapport publié par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire [voir la carte des poubelles nucléaires]. Les sites concernés sont d'une part les lieux d'implantation des premiers réacteurs nucléaires français, à savoir les tranches les plus anciennes des centrales nucléaires de Chinon, Saint-Laurent, Le Bugey, Chooz. D'autre part, il s'agit des installations nucléaires de bases secrètes à Bruyères-le-Châtel, Marcoule, Valduc et sur le site du Tricastin. Dans pratiquement tous les cas, ces entreposages ne présentent pas un confinement des matières jugé suffisant.
[Quelques exemples de sites pollués
suite à une activité industrielle :
- Gif-sur-Yvette (Essonne).
- Lotissement contaminé à Gif-sur-Yvette
- La halte-garderie
du 12 rue Chomel à Paris
- Un ancien laboratoire
Curie au centre ville d'Arcueil
- Les peintures luminescentes au radium: L'affaire Bayard
Le Bouchet:
- L'histoire
du Bouchet
- 20 000 tonnes
de déchets nucléaires dorment près de Paris (une "poubelle"
radioactive voisine avec les onze mille habitants de trois communes
de l'Essonne, Ballancourt, Itteville, Vert-le-Petit)
La décharge de Saint-Aubin (Essonne) et les fûts fissurés de Saclay
Gueugnon:
- Le
nouvel arrêté régissant la décharge
radifère
- Près de 30 000 tonnes de déchets
radioactifs sous le parking du stade de foot ! Criirad, Trait d'Union n°40, avril
2008 (en PDF)]
Est-Républicain, 25/9/2008:
Tous à Neufchâteau ! Le nouveau
maire UMP de la sous-préfecture de l'Ouest vosgien va se
découvrir de nouveaux amis, ce samedi. Aux côtés
des représentants du monde associatif - Vosges Ecologie,
Vosges Antinucléaire, Nature et Progrès, Sortir
du nucléaire, etc. -, les militants des Verts et de la
Ligue communiste révolutionnaire appellent à manifester
devant l'hôtel de ville, à 15 h.
Cette première mobilisation contre l'enfouissement des
déchets radioactifs dits « de faible activité
et à vie longue » devrait permettre aux opposants
de se compter. En cas de succès, elle sonnera comme un
coup de semonce adressé aux élus favorables à
l'implantation d'un site de stockage sur leur territoire municipal.
Dans les Vosges, les maires de 159 communes au sous-sol jugé
compatible avec l'enfouissement ont été sollicités
par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs,
cet été. A ce jour, trois d'entre eux ont déjà
répondu favorablement au courrier de l'Andra - à
Grand et à Fréville, dans le canton de Neufchâteau,
ainsi qu'à Aouze, dans le secteur voisin de Châtenois.
Les autres ont jusqu'au 31 octobre pour faire acte de candidature.
Cinq semaines, c'est donc aussi le temps qu'il reste au nouveau
collectif antinucléaire des Vosges pour dissuader les maires
de céder à la tentation en succombant aux promesses
de créations d'emplois et d'accompagnement financier. A
ceux qui pensent qu'accueillir un site de stockage de déchets
nucléaires revient à toucher le jackpot, les opposants
rappellent que les millions de Bure ne sont pas parvenus à
relancer l'économie meusienne. Ils le répéteront
ce samedi. En haussant le ton.
L'Est Républicain, 22/9/2008:
En plus du centre d'enfouissement nucléaire à Bure, l'Est de la France pourrait écoper d'un stockage souterrain de déchets de « faible activité et vie longue ».
Nancy. Comme 3.114 autres maires de communes françaises implantées sur des terrains argileux, Jean-Claude Zingerlé a reçu cet été une lettre de la Préfecture, puis un dossier de l'ANDRA (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). Le premier magistrat de Vigneulles-lès-Hattonchâtel, charmant village des côtes de Meuse, était appelé à se prononcer sur un projet d'enfouissement de déchets radioactifs d'un type particulier : les FA-VL, pour « faible activité, vie longue ». Ces détritus radioactifs sont issus du radium mais aussi du graphite produits par les centrales nucléaires de première génération. La France en possède 200.000 mètres cubes dont elle ne sait que faire. Faiblement radioactifs, les FA-VL ont en revanche une durée de vie extrêmement prolongée : jusqu'à 300.000 ans ! Jean-Claude Zingerlé n'est pas un militant anti-nucléaire. Il aurait même pu se laisser tenter par la manne financière que représenteraient ces déchets s'ils étaient stockés dans le sous-sol de sa commune. « J'ai refusé d'aller plus loin », indique-t-il. « Notre commune est située dans le parc naturel régional de Lorraine. C'est une zone très touristique, incompatible avec un tel projet ». D'autres Meusiens n'ont pas été aussi prudents. C'est le cas du maire de Gondrecourt-le-Château, qui serait plutôt favorable à l'arrivée des FA-VL, et de biens d'autres élus...
Cimetière idéal
La Meuse, qui accueille
déjà à Bure le laboratoire de l'ANDRA, lequel préfigure le futur site d'enfouissement
de déchets hautement radioactifs, semble parée de
toutes les vertus pour devenir, dans l'avenir, ce que les anti-nucléaires
appellent la « poubelle radioactive » de la France,
voire de l'Europe. Ses couches d'argile, stables et profondes,
constituent le cimetière idéal pour les produits
radioactifs qu'il faut faire disparaître coûte que
coûte. Sa faible densité de population et son isolement
relatif constituent également un atout pour ce genre de
stockage. En tout, vingt départements ont été
présélectionnés, susceptibles d'accueillir
les FA-VL. La plupart se trouvent dans l'Est de la France. «
Nous enregistrons beaucoup de retour positifs », dit-on
à l'ANDRA. En 2009 ou 2010, deux ou trois zones seront
retenues. Après débat et enquête publics,
un site sera retenu pour 2014. Le creusement d'une cavité
souterraine commencera en 2017. En 2020, les FA-VL seront enterrés
pour toujours. Ceux qui, aujourd'hui, s'inquiètent sont
les mêmes qui se battent contre le site d'enfouissement
de Bure. Pour eux, il est parfaitement irresponsable de laisser
un tel cadeau empoisonné aux générations
futures. Ils ne peuvent pas croire que les déchets radioactifs
resteront sagement dans leurs alvéoles souterraines sans
jamais fuir ni remonter à la surface pendant des siècles,
voire des millénaires. Mais, d'ailleurs, qui y croit vraiment
?
[A lire propos de Bure:
- L'enfouissement
des déchets radioactifs est-il aussi rassurant que le prétend
L'ANDRA ?
- Analyse du géologue Antoine Godinot: Des
déchets nucléaires type "B" et "C"
pour Bure (Word)
- Négation du potentiel géothermique de Bure,
A. Mourot, A. Godinot, P. Huvelin
- Synthèse
de 10 pages (Word)
- Texte
complet de 37 pages (Word)]
Gruyère nucléaire à
Bure
Le laboratoire de recherche souterrain de Bure
creuse ses galeries et alvéoles à 500 m sous terre.
En attendant le vrai stockage de déchets nucléaire.
Pour l'éternité ?
BURE. C'est en plein désert meusien que l'ANDRA (Agence
nationale pour la gestion des déchets radioactifs) a choisi
d'implanter son laboratoire de recherche. Même le GPS a
bien du mal à trouver ce véritable camp retranché,
planté au beau milieu d'une zone de 250 kilomètres
carrés, à cheval sur les départements de
la Meuse et de la Haute-Marne. Les choses intéressantes
sont invisibles : elles se déroulent en sous-sol, à
500 mètres de profondeur, au coeur de la nappe d'argile
qui, un jour, servira de dernière demeure aux déchets
ultimes hautement radioactifs. N'entre pas qui veut. C'est casqué,
botté et équipé d'un appareil de respiration
autonome qu'on pénètre dans l'ascenseur. A la ceinture,
les responsables du labo ont pris soin de passer un téléphone
règlé pour donner l'alerte en cas d'immobilité
prolongée. Pas très rassurant tout ça...
Débat national
Quelques minutes plus tard et 491 mètres plus bas, nous
voilà à pied d'oeuvre. Marc-Antoine Martin, le chargé
de la communication de l'ANDRA ne tarit pas d'éloges sur
le projet et sur les précautions prises pour apprendre
à stocker, pour des milliers d'années, les déchets
de nos centrales nucléaires. Car il s'agit bien de cela
: préparer l'étape suivante, c'est-à-dire
l'enfouissement de ces détritus hautement radioactifs,
potentiellement mortels pour l'éternité ou presque.
On ne sait pas traiter
les résidus de la combustion nucléaire, ni les recycler,
ni s'en servir. Il faudra donc s'en débarraser. Et ce sera
sans doute ici. Enfin, pas loin. Car, comme le répète
Marc-Antoine Martin, le laboratoire de Bure n'est qu'une unité
de recherches chargée d'étudier la meilleure méthode.
Le vrai site d'enfouissement sera creusé dans le secteur,
après enquête publique, vote des députés
et grand débat national. « Le premier coup de pioche
pour le stockage proprement dit n'interviendra qu'en 2020 et le
premier colis de déchets n'arrivera qu'en 2025 ». En attendant, on peut se faire une idée de
ce futur cimetière nucléaire, d'aucuns disent «
poubelle nucléaire » : deux puits d'accès,
des galeries et des alvéoles. Un vrai gruyère radioactif
dans le sous-sol lorrain !
Robots en expo
Les fameux « colis » seront manipulés par des
robots inventés tout exprès. Le public pourra bientôt
venir les admirer ces petits bijoux de technologie. L'ANDRA, qui
joue la carte de la transparence, les mettra en exposition, après
la visite sur le site de la commision européenne, prévue
le 23 octobre. En attendant, les amateurs de tourisme nucléaire
ou les citoyens désireux de voir par eux-mêmes pourront
toujours aller admirer le forage de 2.000 mètres de profondeur
effectué à Montiers-sur-Saulx. Une prouesse technique
destinée à démontrer que le sous-sol meusien
n'offre aucune énergie géothermique et donc que
le projet de stockage souterrain ne gênera aucune exploitation
géothermique future. Bien pensé, non ?
Un poison
Evidemment, tous ces arguments, les opposants au projet les rejettent.
Le collectif contre l'enfouissement ainsi que la poignée
d'élus hostiles ne veulent pas voir leur région
devenir la poubelle nucléaire de la France, voire de l'Europe.
Ils plaident pour le stockage en surface, sous surveillance, estimant
que la radioactivité finira par ressortir de terre au cours
des siècles. Mais il y a bien une donnée contre
laquelle ils ne peuvent rien. Il existe actuellement en France
50.000 mètres cubes de déchets dits de moyenne et
haute activité. En 2025, lorsque le centre de Bure sera
opérationnel, il y en aura 65.000 mètres cubes.
Chaque Français en produit (indirectement) 19 grammes par
an. Cette bombe à retardement se trouve pour l'instant
sous bonne garde, principalement à la Hague. L'enjeu est
gigantesque. L'échelle de temps fait frémir. Ce
poison restera virulent pour au moins 100.000 ans. A part l'enfouir
dans l'argile meusien, qu'en faire ?
« On a tout faux »
Francis Legrand, l'un des chefs de file des
élus hostiles, veut encore résister.
- Vous êtes le maire de Couvertpuis, l'une des communes
les plus proches de Bure. Espérez-vous encore échapper
aux déchets nucléaires ?
- Je ne me fais guère d'illusions. Il faut rester éveillé,
continuer à se battre. Mais, en face, la machine est lancée.
Ce sera dur d'y échapper... Je regrette que notre canton
devienne la poubelle de la France et au-delà. On ne développera
pas de l'agro-tourisme ou de l'agro-alimentaire au-dessus d'une
poubelle radioactive. La Meuse deviendra un désert. On
a tout faux !
- Vous semblez très pessimiste. Quelles sont vos craintes
quant au futur stockage de Bure et aussi à propos du projet
de centred 'enfouissement de déchets de faible activité
et vie longue (FA-VL) ?
- Je suis un paysan et je dis simplement qu'on ne confie pas à
la terre le pire de ce que l'homme a produit. Je ne suis pas scientifique
mais j'ai des doutes. Comment imaginer que l'argile retiendra
la radioactivité pendant des siècles, des millénaires
! Confier à la nature ce qu'on est incapable de gérer,
ce n'est pas la bonne solution.
« Solution irresponsable »
Corinne François, du collectif contre
l'enfouissement, est consternée.
- Après Bure, on nous annonce l'arrivée des déchets
de « faible activité et longue vie ». Votre
réaction ?
- C'est la même chose. Dans les deux cas, il s'agit de déchets
radioactifs dangereux et contaminants. Nous sommes tout aussi
opposés au projet concernant ces « FA-VL »
qu'à l'enfouissement à Bure. Ces enfouissements
constituent une solution irresponsable !
- Quel est le risque, selon vous ?
-Un jour ou l'autre, la radioactivité remontera à
la surface et polluera l'environnement. C'est un danger pour nos
descendants, nos petits-enfants.
- Comment réagir ?
- Tout d'abord, qu'on cesse de nous faire croire que l'énergie
nucléaire est une énergie propre ! Nous n'avons
pas de solution sensée pour les déchets. Ce n'est
pas raisonnable de continuer à produire des déchets
dont on ne sait pas quoi faire.
- Mais ils sont là... Où les mettre ?
- Il faut laisser ce qui existe sur les sites, en surface et sous
surveillance. Pour ne pas les oublier. En 2040, les « FA-VL
» seront sous terre et on aura refermé. Qui s'en
souviendra ? Que se passera-t-il en cas de problème ? Ces
questions restent sans réponse.
- Votre message aux élus qui doivent se décider
aujourd'hui ?
- Qu'ils fassent attention, qu'ils consultent les populations.
Ce qu'on leur propose n'est pas anodin.
« Pas dangereux »
Selon Jacqueline Egmard, directrice à
l'ANDRA, la dangérosité des FA-VL est faible.
- Quels sont les déchets englobés sous le terme
« FA-VL » ? Quelle est leur dangérosité
?
- Il s'agit de déchets contenant du radium et aussi de
graphites irradiés, provenant des centrales nucléaires
de première génération. Les FA-VL, déchets
de faible activité et longue vie, ne sont pas dangereux.
On peut rester à côté sans problème,
mais ils sont toutefois radio-toxiques en cas de contact prolongé.
- Où sont-ils aujourd'hui ? Quel est le projet pour demain
?
- Actuellement, ils sont entreposés de façon provisoire
sur des sites industriels et sur les sites des centrales nucléaires
de première génération. Nous en avons 200.000
mètres cubes. Il est raisonnable de s'en préoccuper
et de trouver une solution pérenne. L'objectif est de les
stocker à un endroit précis, entre 500 mètres
de profondeur et la surface, dans une couche argileuse.
- Y a-t-il une autre solution ? Un plan B ?
- Ce sont des déchets historiques. Il faut faire au mieux.
Nous n'avons pas d'autres solutions actuellement
Dernières nouvelles d'Alsace, 21/9/2008:
L'ASADR 67 (association de sauvegarde des déchets
du Rohrbach) traite habituellement des risques des déchets
ultimes et des décharges dans la région, en particulier
celle du Rohrbach. Pourtant, ce vendredi, c'est sur un sujet nouveau
que son président, Jean-Pierre Bittante, a animé
une réunion publique d'information à Mutzenhouse
: l'alerte aux déchets nucléaires et aux sites d'enfouissement.
Le besoin d'organiser cette réunion est apparu suite à
l'envoi de dossiers d'information par l'ANDRA (agence nationale
de gestion des déchets radioactifs) à de nombreux
maires de la région. En effet, l'ANDRA est à la
recherche de sites pour enfouir des déchets nucléaires
dits FAVL (faible activité et longue vie). De nombreuses
communes du département dont les sols pourraient convenir
à ce type de stockage (situation géographique, géologie)
ont donc été contactées. Cela concerne en
Alsace la zone de Niederbronn à Hochfelden et l'Alsace
Bossue. Le stockage de déchets pose de grands problèmes.
Jean-Pierre Bittante a commencé la réunion par une
présentation des risques du nucléaire, avec de nombreux
exemples à l'appui. S'en est suivi un rappel de la durée
de vie extrêmement longue de ces déchets. On en est
ensuite venu au sujet de la soirée avec le stockage de
ces déchets. Leur quantité est importante, soit
actuellement 1 million de tonnes en France, selon les chiffres
présentés par le président de l'ASADR 67,
et probablement le double en 2020. Il a rappelé que le
stockage de déchets pose de grands problèmes d'après
les différentes associations de lutte contre le nucléaire,
les associations écologiques et de nombreux experts. Dans
des exemples récents en France et en Allemagne, des fuites
sont apparues. Le transport de ces déchets présente
lui aussi des risques en cas d'accident. De plus, Jean-Pierre
Bittante souligne que la région présente des risques
sismiques. Un autre problème est celui de la mémoire.
Comment garder l'information sur des milliers d'années
de ce qui a été stocké, quand et où
? Une session de questions-réponses a permis au public
de poser diverses questions, mais également de s'interroger
sur les divers moyens de se passer du nucléaire, que plusieurs
acteurs jugent aujourd'hui indispensables au regard de l'importante
consommation énergétique en Europe. De nombreux
points sortant un peu du contexte de la réunion, tels la
décharge de Rohrbach ont également été
évoqués. Par cette réunion, l'association
a voulu réagir au dossier envoyé par l'ANDRA à
certains maires leur présentant les avantages d'un tel
site, qui sont surtout financiers pour les communes. Le président
a rappelé l'exemple de Tricastin, où la proximité
d'une activité nucléaire n'a pas un effet très
positif sur la valeur de l'immobilier et l'agriculture locale.
Le président de l'association a également fait part
de sa déception suite au peu de réaction des mairies,
dont six seulement sur 108 ont réagi officiellement (dont
Bouxwiller et Kirrwiller, lire DNA du 6 et du 14 septembre), suite
au courrier de l'ANDRA. Mais, comme l'a souligné Liliane
Sutter, maire de Schwindratzheim, ce dossier était envoyé
sous une forme de simple plaquette d'information et n'appelait
pas à réponse. Malgré tout, Jean-Pierre Bittante
insiste sur le fait qu'il importe de rester vigilant, surtout
que d'après l'association le site de la colline de Waltenheim-sur-Zorn,
avec ses carrières souterraines, présenterait toutes
les caractéristiques d'un site très intéressant
pour le stockage et l'enfouissement de déchets nucléaires.
Le Républicain Lorrain, 14/9/2008:
Pascale Degaffet, Nadine Veber, Jean Sudres ainsi que leur colistier de l'opposition Rémy Fontaine ont décidé de porter la question des déchets nucléaires sur la place publique à Faulquemont à travers une lettre ouverte aux habitants.
Lancée au coeur de l'été (voir RL du 5 août), l'information tarde à faire du bruit. Pourtant, elle engage à une réflexion sur l'avenir et l'héritage environnemental que l'on souhaite laisser aux générations futures. L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) cherche un site pour implanter un centre d'enfouissement pour des résidus dits de faible activité à vie longue (FAVL).
Elle a donc décidé de lancer un appel à candidature auprès de 3 115 communes françaises, dont le sous-sol présente des caractéristiques géologiques favorables. Et la Lorraine fait figure de terre d'élection parfaite. Si la liste des communes reste confidentielle, on connaît les cantons concernés. En Moselle-Est et Sud, il s'agit de Bouzonville, Boulay, Freyming-Merlebach, Faulquemont, Grostenquin, Dieuze Sarreguemines, Sarralbe, Albestroff, Fénétrange, Vic-sur-Seille.
Et l'Andra est pressée. Elle souhaite une réponse des maires pour le 31 octobre prochain. Son principal argument pour convaincre les élus : une manne financière en terme de taxes non négligeables.En Meuse, certains maires ont organisé des référendums et des réunions publiques sur le sujet. C'est le cas par exemple dans le secteur de Fresnes-en-Wöevre. Par contre, ici, la question, certes ultra sensible, tarde à être publiquement évoquée.
Néanmoins, à Faulquemont, les choses bougent. Patrick Bonnet, élu d'opposition, a proposé au maire d'organiser un référendum populaire « afin que les habitants de la commune, voire au-delà, se prononcent sur cette délicate question. Moi, je suis contre l'implantation de ce site mais j'estime que c'est à la population de se déterminer ».
L'autre groupe d'opposition au conseil municipal de Faulquemont a saisi la balle au bond pour prendre clairement position. Dans une lettre ouverte aux Faulquinois (et -noises), Nadine Veber, Pascale Degaffet, Jean Sudres et Rémy Fontaine déclarent : « L'Etat met en avant le fait que le projet apportera de l'emploi. mais n'entrons pas dans le jeu des pressions et des persuasions financières. La santé de nos enfants est plus importante. La Terre et les nappes phréatiques sont en danger de contamination surtout avec les FAVL. La Lorraine et la Moselle n'ont jamais démérité de la nation. Notre industrie minière a fait la richesse de la France au cours du 20e siècle. Nos gueules noires ont payé un tribut suffisamment lourd pour mériter une autre reconversion qu'être les éboueurs de la France. Nous ne serons pas de ceux qui condamneront notre Terre et nos générations futures à la perpétuité radioactives. Accepter l'enfouissement des déchets radioactifs, c'est accepter l'empoisonnement durable de notre Terre et de l'eau ».
Nadine Veber, porte-parole du groupe, estime que la question ne doit même pas faire l'objet d'un référendum : « Pour nous, il est juste hors de question que Faulquemont devienne la poubelle radioactive de la France. Nous avons rédigé cette lettre pour le dire et aussi informer la population. Nous pensons que la question doit être débattue en conseil municipal et nous demandons au maire de faire comme nous et de dire fermement "non" à l'Andra ».
Bruno Bianchin, maire de Faulquemont, a bien reçu le récent courrier de l'Andra. Pour lui, le débat doit surtout être porté à un autre niveau que celui de la commune. « J'ai saisi mes collègues du district urbain de Faulquemont (Duf) sur la question. Nous avons eu une conférence des vice-présidents, nous en avons parlé. Tout le monde est contre ». Envisage-t-il d'évoquer le sujet en conseil municipal ? « Cela devrait plutôt être évoqué au Duf avec tous les maires du canton. Ma position personnelle ? Pour moi, c'est hors de question qu'un tel équipement s'implante chez nous. A Faulquemont, on pense davantage à lancer une étude sur l'eau de notre mine d'anhydrite qui serait d'une qualité remarquable ». L'idée du référendum local ? « Cela n'a pas d'utilité. L'information au public se fera ».
Gilbert Philipp, maire de Bouzonville : « Personne n'a envie de recevoir les déchets du voisin chez soi. Je peux difficilement être pour ce type d'implantation, cela dénaturerait le pays de Nied. Quoi qu'il en soit, le ban de Bouzonville ne s'y prête pas [...]. Je n'ai pas été contacté par l'Andra, il y a certainement des secteurs plus propices que Bouzonville. Dans un no man's land peut-être, mais pas chez nous ! »
André Boucher, conseiller général et maire de Boulay : « On ferme tout à Boulay et on voudrait nous donner les déchets nucléaires ? C'est hors de question ! Nous n'avons pas été contactés par l'Andra mais même si c'était le cas, je ne serais pas disposé à en discuter. »
Pierre Lang, député-maire de Freyming-Merlebach : Et pourquoi pas enfouir les déchets nucléaires dans les galeries de mine aujourd'hui inexploitées ? L'idée aurait pu être tentante. « Mais ce n'est pas possible dans notre secteur », explique Pierre Lang, député-maire de Freyming-Merlebach.
Et de s'appuyer sur des études du BRGM, bureau qui gère les dossiers de l'après-mine. « Pour utiliser les puits de mine, il aurait fallu que le sous-sol présente une veine épaisse d'argile. Or sur le secteur de Freyming, la couche est mince. De plus, le sol est fracturé du fait de l'exploitation minière, et n'est donc pas étanche ». Et voilà l'option du bassin minier balayée.
Pour autant, Pierre Lang ne s'opposerait pas systématiquement si une commune des alentours postulait à accueillir ces déchets. « Cette opération présente de très gros avantages financiers. Et des inconvénients plutôt faibles, puisque les déchets ont une capacité de rayonnement limité. Si un conseil municipal voisin décidait d'accepter, et sous réserve que toutes les conditions de sécurité soient établies, je ne m'opposerai pas à sa décision de stocker ces déchets ».
Farébersviller (canton de Freyming-Merlebach) : La commune de Farébersviller a été sollicitée début juillet par les services de l'Andra. Et a décliné l'offre d'accepter les déchets nucléaires. La motivation est simple : « cette demande ne s'inscrit pas dans le plan de prévention des risques », explique Pascal Christophe, fonctionnaire à la mairie. Dans le sous-sol profond, une couche de gypse provoquerait en effet des mouvements de terrains. « Sur le ban de la commune, il y a donc beaucoup de terrains en zone rouge, sur lesquels on ne peut pas construire ».
Jean Karmann, maire de Rouhling (canton de Sarreguemines campagne) : « J'ai été destinataire du courrier et en l'absence de réponse, ils nous ont relancé. J'ai prévu d'évoquer le sujet en séance du conseil municipal le 22 septembre. Je vais être clair, ce projet, nous ne pouvons pas y répondre positivement. Nous ne disposons pas de la superficie nécessaire (au moins 100 ha). Ensuite, cette implantation nous pénaliserait sur le plan écologique et environnemental. Sans parler de l'image de marque qu'aurait la commune, dans tous les sens du terme. La manne proposée nous échapperait de toute façon car nous sommes communauté d'agglomération. Mais les finances ne donnent pas le droit de tout accepter ».
Pierre-Jean Didiot, maire de Sarralbe : « Une réponse étant attendue pour fin octobre, on en parlera lors de prochaine séance du conseil car c'est un sujet de débat public. Un adjoint chargé de l'environnement fera un exposé complet sur ce point et nous prendrons une délibération dont je ne peux présager l'issue. Nous en profiterons pour aborder le thème des éoliennes. Si on dit non au nucléaire, il faut être capable de s'ouvrir à d'autres sources d'énergie électrique. Nous réfléchissons donc à la création d'un parc éolien sur Sarralbe. »
Jean-Marie Meyer, maire de Zetting (Sarreguemines campagne) : « Les communes du grand Est sont plus particulièrement contactées en raison des couches géologiques qui répondent au projet visé. A titre personnel, je trouve la proposition alléchante mais je suis contre. Ce n'est pas avec un tel centre qu'on va redynamiser notre secteur. Personne ne veut avoir chez soi une poubelle nucléaire. »
Claude Bitte, conseiller général, maire de Vallerange, (canton de Grostenquin) : « J'ai bien reçu un courrier de l'Andra il y a un peu plus d'un mois. Je n'ai même pas étudié la question, la réponse est bien évidemment négative. A vrai dire, même si les aides financières versées en retour sont importantes, je ne pense pas que quelqu'un ait répondu favorablement à cette offre. Pour développer notre secteur économique sur le territoire de la communauté de communes, notre priorité est l'aménagement d'une zone d'activités. »
Le culot de l'Andra
La proposition de l'Andra est peut-être un peu plus insupportable en Moselle et en Moselle-Est qu'ailleurs parce qu'elle intervient dans un contexte de sinistrose. En effet, l'information a été rendue publique quelques jours après l'annonce de la nouvelle carte militaire, vécue comme un cataclysme ici. Et on ne parle pas des coupes sombres prévues dans la chimie, des sous-préfectures sur la sellette, des tribunaux qu'on vide de leur substance Bref, la "compensation" radioactive de l'Andra, même avec espèces sonnantes et trébuchantes, apparaît davantage comme une provocation à l'égard des Lorrains et des Mosellans.
Mais le culot de l'Andra ne s'arrête
pas là. Sur son site internet, l'agence présente,
sans rire, son futur centre d'enfouissement de déchets
nucléaires comme un élément attractif pour
une commune ou une région. Voici l'édifiant paragraphe
: « Un centre de stockage reste une installation "rare",
en ce sens qu'il n'existe que peu d'installations industrielles
de ce type en France ou même dans le monde. Il est donc
possible de proposer une offre de parcours de visite adaptée
à différents publics et en lien avec les acteurs
du territoire. Le site peut ainsi contribuer à la notoriété
du territoire ». Est-ce qu'on ne nous prendrait pas un peu
pour des gogos, là, quand même ?
Journal de la Haute-Marne, 13/9/2008:
Les responsables du centre de stockage de Soulaines, dans l'Aube, proposeront un rallye scientifique « interactif et ludique » aux visiteurs, demain, à l'occasion de la journée portes ouvertes.
La "Contre'propagande" s'organise
Soulaines : l'interactivité au menu des portes ouvertes. « Une nouvelle formule qui vise à attirer les familles. » C'est ce que proposeront les organisateurs de la journée portes ouvertes (JPO) du centre de stockage de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) de Soulaines, dans l'Aube, ce week-end. Demain, la 14e JPO organisée au centre se devra d'être « interactive et ludique », ajoute Dominique Mer. « La JPO de dimanche se fera sous la forme d'un rallye scientifique : à l'arrivée, un carnet de visite sera remis aux familles ou au groupes de visiteurs, avec un certain nombre de points ou de choses à faire », ajoute la responsable de communication pour les centres de stockage de l'Aube. Les visiteurs devront ainsi passer devant cinq points d'information. Un petit challenge qui fera gagner des lots et des prix, pour rendre la visite attractive, même chez les tout petits. « Nous allons faire découvrir le site jusqu'aux ouvrages de stockage, comment il se fait et de quelle manière l'Andra travaille pour l'environnement », ajoute Dominique Mer. L'Andra entend profiter de cette nouvelle JPO pour promouvoir son action au quotidien, « des mesures prises tous les jours » et de « notre mission de service public ». « On stocke mais autour de ça, il y a toute une série d'actions qui existent pour minimiser l'impact sur l'environnement et garantir la sécurité du site », assure Dominique Mer.
La "Contre'propagande" s'organise
Les membres de la QV (Qualité de la vie à Ville-sur-Terre et ses environs) et du Cedra (Collectif contre l'enfouissement des déchets radioactifs) seront bien présents, demain, pour un opération baptisée "Contre'propagande". « Nous allons nous mettre au carrefour situé à 3 km en amont du site, détaille Michel Marie, un des porte-parole du Cedra. Nous porterons des banderoles - notamment "Non à la banalisation des déchets nucléaires" et "Non à la troisième poubelle nucléaire, à côté de Soulaines ou de Bure" - et surtout, distribuerons des tracts pour les personnes qui iront faire la visite. » Michel Marie n'exclut pas que le groupe des militants, membres du collectif Bure-stop, se rendent devant les grilles du centre de Soulaines l'après-midi. « Tout dépendra du nombre de personnes disponibles. »
Est-Républicain, 13/09/2008:
En dépit de la pression populaire, la commune de Gondrecourt-le-Château sera candidate à l'enfouissement de déchets nucléaires.
Parce que leur sous-sol correspond à certains critères favorables à l'enfouissement de déchets nucléaires, 3.115 communes de France ont été destinataires de demandes de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs pour leur proposer d'accueillir des déchets radioactifs de faible et moyenne activité, à très longue durée de vie. En Meuse, 335 dont les communes sont localisées sur seize cantons, de Gondrecourt à Montmédy via l'Argonne et le parc naturel de Lorraine ont été contactés. A charge pour eux d'accepter, moyennant finances ce type de déchets.
Demande « suspecte »
A titre d'exemple, dans le canton de Gondrecourt, les maires confirment avoir reçu deux courriers, l'un du Préfet, l'autre du président du conseil général enjoignant les élus « de porter leurs communes comme candidates à l'enfouissement d'une quantité très importante de déchets radioactifs de faible et moyenne radioactivité mais à très, très longue durée de vie ». « Un enfouissement dit de subsurface mais qui pourrait avoir lieu à près de 200 m », poursuit un élu qui ajoute. « Une demande qui nous paraît suspecte après la décision de fermeture et de démantèlement dans les années à venir de neuf réacteurs nucléaires à graphite, dont Bugey et Marcoule entre autres. » Comme une date butoir semble avoir été imposée, celle du 31 octobre. Les réunions de conseils communaux se succèdent. Une commune se prononce pour et peu de temps après, se demande si elle n'a pas agi trop rapidement sans aucune réflexion.
Gondrecourt OK
D'autres, une majorité, préfèrent s'imprégner des réflexions de leur population avant de prendre décision. Une autre encore se dépêche de se porter volontaire en espérant la manne providentielle. A Gondrecourt, le maire Stéphane Martin a agi différemment. Il a proposé le 16 août, un rendez-vous en mairie entre ses conseillers et des responsables de l'Andra. Une réunion d'information, tout simplement. Aucun avis n'étant alors demandé. Toutefois, alors que jeudi soir se tenait une réunion des maires du canton, sous la houlette de Daniel Lhuillier à la codecom de Gondrecourt afin de réfléchir sur la question de ce volontariat communal, la municipalité de Gondrecourt décidait de tenir au même moment une réunion de conseil afin, entre autre, de prendre une décision sur l'engagement du Bourg. Un véritable pied-de-nez à l'effort de cohésion cantonal. Il est vrai que la dotation annuelle de 600.000 ¤ pour la présence dans le périmètre des 10 km autour de Bure est alléchante.
Manifestation
« Le beurre et l'argent du beurre en quelque sorte », lanceront les opposants reprochant à Stéphane Martin d'avoir publié un article dans Le Monde daté du 26 août dernier, faisant l'éloge d'un enfouissement et proposant la commune comme choix évident. Tout comme son intervention aux infos de FR3 et se portait garant de la décision de son conseil. Du coup, à 18 h 30, jeudi, plus de 200 personnes se sont rassemblées devant l'entrée de la mairie de Gondrecourt. Revendiquant toutes, des habitants du bourg pour beaucoup, une décision enfin démocratique. Le maire, a décidé enfin de laisser 25 personnes mais uniquement de Gondrecourt, assister à la réunion. Des pancartes implorant une réflexion populaire sont portées haut.
Vote
Après s'être justifié de ses interventions médiatiques, le maire a évoqué les retombées financières avant de passer au vote. Sur 13 conseillers, dont un absent ayant donné procuration, 8 se prononcent pour la candidature du bourg, 4 s'abstiennent et deux conseillers votent non. Dehors, l'ambiance est chaude. La foule applaudit certains conseillers à leur sortie. En hue d'autres, conspuant une décision qu'elle qualifie « d'autoritaire ».
La Dépêche du Midi 13/9/2008:
Suite à l'appel à candidature
de l'Agence pour la gestion des déchets radioactifs (Andra)
en vue de réaliser un stockage de déchets radioactifs
de faible activité à longue vie, le conseil municipal,
en séance du 8 septembre, a unanimement émis une
décision défavorable. Les communes contactées
doivent se porter volontaires à l'implantation d'un centre
de stockage de déchets dont la durée de vie est
tout de même de 100 000 ans. Conscients que la région
ne dispose pas du terrain adéquat pour l'enfouissement
de tels déchets, que la qualité karstique du sol
et les rivières souterraines propageraient ces déchets,
et qu'aucune assurance ne peut être formulée, les
élus ont donc décidé que la commune ne serait
pas candidate à ce projet, malgré les attraits financiers
et économiques qu'il présente.
L'affranchi de Chaumont, 12/9/2008:
Une réunion -à laquelle la presse n'était pas invitée- s'est tenue à St-Blin au sujet du stockage des déchets nucléaires FAVL. En présence du préfet, du président du Conseil général et de la directrice générale de l'ANDRA.
Saint-Blin fait partie des quelque 3115 communes françaises qui ont reçu au début de l'été une lettre du préfet et un dossier de l'ANDRA leur indiquant qu'elles se situent dans une zone géologique propre à accueillir un enfouissement des déchets nucléaires à faible activité et à vie longue (FAVL).
Une réunion dite d'information, à laquelle la presse n'était pas invitée, s'est tenue le vendredi 5 septembre dans cette commune en présence du préfet, du président du Conseil général et sénateur, et de la directrice générale de l'Andra.
L'assistance était composée d'une soixantaine de personnes, principalement des élus, mais aussi quelques militants du CEDRA, c'est-à- dire des opposants à l'enfouissement qui se sont invités et ont eu le don d'agacer notre bon préfet.
Il faut dire qu'après avoir épluché des rapports de l'Autorité de sûreté nucléaire et de la Commission nationale d'évalution, le CEDRA en conclut : que «la durée de nocivité d'un tel enfouissement se comptera en dizaines de milliers d'années » ; que «nul ne sait vraiment ce que contiendrait cette décharge» ; que «le piégeage de ces déchets nucléaires est loin d'être garanti car on est confronté à un problème plus complexe qu'il n'y paraît pour stocker les déchets graphites » ; et qu'«un tel projet est d'une complexité extrême (lixiviation, dégazages, pressions, tassements, irradiations, sismicité, etc.»
Bref, de quoi faire douter quelques élus. D'autant qu'après Soulaines (Aube), Morvilliers (Aube) et Bure (Meuse), il s'agirait de la quatrième poubelle nucléaire dans la région. Au cours des débats, l'Andra a toutefois reconnu que la géologie de Saint-Blin n'était peut-être pas la plus adéquate.
Et le préfet a précisé qu'il y avait moyen d'organiser sur ce sujet une consultation de la population locale. D'aucuns se demandent toutefefois pourquoi la directrice générale de l'Andra a pris la peine de se déplacer, sachant qu'elle ne se rendra vraisemblablement pas dans les 3114 autres communes concernées...
Amusé par le «coup de sang» du préfet...
Suite à la réunion du 5 septembre à Saint-Blin, le citoyen haut-marnais Michel Marie a envoyé un «courriel public» au préfet Yves Guillot. «Présent à la réunion de Saint- Blin vendredi dernier, je tenais à vous exprimer mes chaleureux remerciements pour le coup de sang que vous avez piqué», écrit-il.
«Je vous laisse imaginer, en effet, le bonheur qu'ont procuré vos paroles au "chercheur de démocratie" que je m'efforce d'être. Défendre ainsi, au mépris de votre tension artérielle et donc de votre santé, tout ce qui fait notre fameux système de "gouvernance" m'a laissé admiratif. Quelle noble mission que la vôtre : la défense de l'Etat de droit tel que nous le connaissons, et l'Etat de droit étant basé sur la loi, "faire respecter la loi, la faire respecter telle qu'elle a été votée".
«Quel dommage que votre actuel confrère de Meuse vous ait devancé voici quelques mois en gratifiant le bureau du CLIS d'une envolée identique à la vôtre.... avant qu'un malotru -forcément- ne lui fasse remarquer le mutisme général quand la loi du 30 décembre 1991 (dite loi Bataille) fut bafouée, et de manière pourtant cinglante ! Rappelez- vous : cette loi obligeait à ce qu'il y ait non pas un mais DES laboratoires souterrains, or les parlementaires, nos législateurs, se sont délibérément assis sur cette loi lorsqu'ils ont voté celle du 28 juin 2006. Sidérant ? En effet.
«Depuis ce jour se pose pour moi la question de la CONFIANCE, et une question me taraude : où donc étaient les dits défenseurs de l'Etat de droit, et où sont-ils passés depuis ? car, manifestement, celles et ceux que l'on a vu se dresser ne sont pas de ces rangs-là ! «Veuillez croire, Monsieur le Préfet, en mon engagement persistant envers ce peuple (souverain ?) dont je suis... et bien des choses à Edvige.
Chantage terminé
En mai dernier, le Conseil général de la Meuse avait fait du chantage en liant le sort du 8e régiment d'artillerie de Commercy dans le cadre de la réforme de la carte militaire et la poursuite de l'activité du laboratoire de Bure. Mais, comme L'affranchi s'en est déjà fait l'écho, cela n'a pas empêché le ministre de la Défense de considérer cet été la fermeture du 8e R.A. de Commercy comme «inéluctable».
Le 4 septembre, la Meuse a voté une
nouvelle motion exigeant du gouvernement «le maintien du
8e R.A. ou sa compensation militaire». Mais cette fois sans
aucune référence à Bure, ni dans les débats
ni dans le texte adopté à l'unanimité. Il
faut dire que le «labo» constitue une véritable
manne financière pour ce département (comme pour
celui de la Haute-Marne). Et il serait dommage de perdre en même
temps les militaires et les déchets nucléaires !
La Nouvelle République, 8/9/2008:
Quoique non concernée par une éventuelle installation de site d'enfouissement de déchets radioactifs, les anti- " poubelle nucléaire " de Crevant ont ouvert le feu.
Je vous sens tous affaissés ! Il a de l'humour Christian Niel. Il vient de parler pendant plus d'une heure du contenu du projet de l'Agence nationale des déchets radioactifs (Andra), détaillant chaque étape, chaque phrase, chaque péril dissimulé sous la joliesse des brochures : la salle environ 80 personnes , samedi après-midi, écoute sans broncher, a besoin de faire le point.
Aux 2M d'Euros promis par l'Andra pour les maires sensibles au chant des sirènes, il oppose les « 100 emplois seulement durant quatre ans, le temps de construire le site, puis l'effectif tombera à la moitié pour ne finir qu'à 5, juste l'équipe de surveillance du site », jusqu'à l'épuisement de la radiation dans 300.000 ans ! Face à la « valorisation du terroir » (dixit l'Andra), il annonce l'invendable patrimoine, la fausse promesse d'aide aux communes.
Un maigre profit. Il y ajoute, exemples à l'appui, que « ces promesses ne valent que pour un site dix fois plus grand que celui que l'Andra cherche à créer ». A danger égal, maigre profit. « Si une commune accepte, que recevront ses voisines ? », interroge André Autissier, d'Eaux et terres du Berry. Réponse : à peu près rien sauf les dégâts collatéraux. Un tourisme de masse sur 200 hectares de pelouse, sous lesquels, jusqu'à 200 m de profondeur, dormiraient ? des déchets graphites et des déchets radifères, fait rire. Remballez porte-clefs, tee-shirts et paniers garnis !
L'orateur est calme. Il argumente, dépèce le projet. « Les transports en camions banalisés se feraient probablement par gros coups », analyse Christian Niel, déjà sur le pont, sur le front du refus quand, il y a quinze ans, on voulut enfouir ici des déchets nucléaires dans les granits du pays.
« Et si toutes les communes acceptent, qu'est-ce qu'on fait ? », interpelle une dame « Justement, on se bat. Pour que les déchets ne soient pas enfouis et oubliés : il y a le problème de la mémoire. Des déchets réduits en cinq ou dix ans, passe ; mais ceux auxquels il faut 300.000 ans, qui s'en souviendra dans deux siècles ? Il faut les laisser dans les anciennes centrales nucléaires, le temps de trouver une vraie solution. [Sauf qu'il n'y a pas de "vraie solution"]
Le Monde, 7/9/2008:
Propos recueillis par Gaëlle Dupont
Interview de Patrick Charton, adjoint au directeur sûreté, qualité et environnement à l'Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra)
L'humanité produit chaque année des centaines de milliers de tonnes de déchets radioactifs, issus des centrales nucléaires, de l'industrie militaire ou de la recherche. Que deviennent-ils, et combien de temps resteront-ils dangereux ?
Les déchets sont stockés dans divers sites en fonction de leur durée de vie et de leur dangerosité. Les déchets de faible et de moyenne activité resteront radioactifs de quelques dizaines à quelques centaines d'années. En France, ils sont stockés dans des centres de surface, dans l'Aube et dans la Manche. Les déchets hautement radioactifs et à vie longue continueront d'émettre des radionucléides pendant des centaines de milliers d'années, voire un million d'années. Ils sont pour l'instant entreposés près des sites de production, en attendant la création d'un site de stockage à 500 mètres sous terre, dans la Meuse.
L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), où vous êtes responsable du développement durable, cherche les moyens de transmettre aux générations futures des informations sur la localisation et le contenu des sites. Pour quoi faire, si ces derniers sont parfaitement sûrs ?
Les centres de stockage, qu'ils soient en surface, semi-enterrés ou situés dans des couches géologiques profondes, ont été conçus pour être sûrs. Mais si, ayant perdu la mémoire de leur existence, vous faites intrusion sans savoir où vous mettez les pieds, en effectuant un forage, par exemple, vous risquez de prendre des doses de radioactivité. Le fait de les mettre en sous-sol limite ce risque. Mais la transmission de la mémoire fait aussi partie des mesures de sûreté.
Vous travaillez sur des échelles de temps extrêmement longues. Comment vous projetez-vous dans le futur ?
C'est extrêmement difficile. Serons-nous plus ou moins intelligents, disposerons-nous de technologies totalement novatrices ? On n'en sait rien. De plus, certains événements accélèrent le temps, comme les révolutions et les guerres. Il y a trois siècles, à la cour du roi Louis XIV, pensez-vous que l'on pouvait imaginer la France d'aujourd'hui ? Au lieu de chercher à imaginer l'avenir, j'ai préféré me tourner vers le passé, afin d'étudier comment les choses sont parvenues jusqu'à nous.
Quels enseignements en avez-vous tirés ?
Les spécialistes des manuscrits médiévaux m'ont expliqué que le document technique que nous projetions de réaliser, baptisé "Mémoire de synthèse à l'attention des générations futures", avait toutes les chances de finir rapidement à la poubelle. Quand les gens trient des documents, ils gardent en priorité ceux qui contiennent des images, ce qui explique que les manuscrits illustrés aient été davantage conservés. Toutes les pages de notre document ont donc été illustrées. Ce document sera téléchargeable sur notre site Internet. Les décideurs, les associations, les riverains, à qui il sera destiné, pourront le stocker sur leur ordinateur ou l'imprimer.
Quels autres vecteurs faudra-t-il employer pour assurer cette transmission ?
Il faudra d'abord entretenir la mémoire dans les têtes. L'Andra devra maintenir sa communication sur l'existence des sites de stockage, même s'ils ne sont plus surveillés. Les commissions locales d'information (CLI), organismes indépendants devant lesquels l'Andra vient s'expliquer, permettront également de préserver la mémoire. Cela peut fonctionner sur un ou deux siècles.
[Mais ça fuira bien
avant un ou deux siècles, donc pas de problème de
transmission, lire, à propos de Bure:
- L'enfouissement des déchets radioactifs
est-il aussi rassurant que le prétend L'ANDRA ?
- Analyse du géologue Antoine Godinot: Des déchets nucléaires type
"B" et "C" pour Bure (Word)
- Négation du potentiel géothermique de Bure, A.
Mourot, A. Godinot, P. Huvelin
- Synthèse
de 10 pages (Word)
- Texte
complet de 37 pages
(Word) ]
Et au-delà ?
Des archives détaillées sont conservées sur les sites de stockage et aux Archives nationales. Le papier moderne contenant des composés chimiques chlorés qui attaquent l'encre, nous avons recours au papier "permanent", qui n'en contient pas, en espérant qu'il durera de six cents à mille ans. Nous inscrirons également des servitudes au cadastre pour éviter que les sites soient réutilisés.
Imagine-t-on de laisser des signes sur les lieux de stockage ?
Les Américains envisagent d'installer, au-dessus des sites, des objets servant à marquer le terrain. Des "information rooms", taillées dans le marbre, seront érigées sur des monticules de 30 mètres de haut. Ces salles contiendront des inscriptions en anglais et dans d'autres langues, ainsi que des symboles de dangerosité. Celui de la radioactivité bien sûr, mais aussi des visages exprimant la douleur. Ils pensent qu'elles auront une pérennité de l'ordre de 25 000 à 50 000 ans.
Les Japonais, eux, se fondent sur une coutume ancestrale, qui veut que certains temples soient détruits tous les vingt-cinq ans et reconstruits à l'identique. Ils ont prévu de construire un temple contenant des plaques microgravées faites de matériaux très résistants, comme le tungstène ou le titane, où les sites de stockage seront décrits.
La France ne s'oriente pas dans cette voie ?
Cela pose en tout cas plusieurs types de problèmes. On peut trouver des supports qui résisteront très longtemps, comme le granite, mais la pierre finira par s'éroder. Des matériaux plus nobles pourraient être utilisés, tels des disques en saphir massif et en titane qui pourraient résister 2 millions d'années. Mais sans gardiennage, ils risquent d'être vandalisés. Il y a aussi l'obstacle de nos langues actuelles, qui peut-être seront mortes demain... Le principal problème, c'est la transmission du sens : il faut que les générations futures comprennent ce que nous avons voulu dire.
N'existe-t-il pas des symboles susceptibles de traverser le temps ?
Les mégalithes de Carnac, qui remontent à 6 700 ans, nous sont mystérieux. Pourquoi ces alignements, pourquoi à cet endroit ? Même chose avec les fresques de la grotte de Lascaux, exécutées il y a 18 000 ans. Etait-ce un exercice esthétique, ou ces hommes ont-ils essayé de nous transmettre un message ? Une tête de mort, un visage qui pleure évoqueront-ils un danger ? Rien ne dit que, dans des dizaines de milliers d'années, les symboles que nous laissons ne passeront pas pour un exercice esthétique. Il faut arriver à coupler le signe matériel et le sens, et personne n'a de réponse unique sur les moyens d'y parvenir sur des durées aussi longues.
De nos ancêtres, nous avons reçu des objets d'art, des réalisations architecturales... Cela ne pose-t-il pas un problème moral de transmettre à nos descendants des déchets dangereux ?
La mission de l'Andra, c'est de gérer les déchets. Ils existent. Même si, demain, on arrêtait le parc électronucléaire, il faudra en faire quelque chose. Aurait-il fallu ne pas les produire ? C'est un débat éthique qui dépasse la question du nucléaire. Si vous ne produisez pas votre électricité avec l'énergie nucléaire, vous utilisez du pétrole ou du charbon, qui émettent du CO2. Il faut mettre en parallèle notre mode de vie, qui génère toutes sortes de pollutions, et ce que nous voulons léguer à nos enfants. Notre mission est de faire en sorte que les générations futures puissent faire leurs choix en toute connaissance des nôtres.
La Liberté de l'Est, 4/9/2008:
Un centre de stockage pour les déchets radioactifs de faible activité ? Les premières réponses négatives comme à Bulgnéville ou positives ont été faites à l'ANDRA.
Le courrier de l'agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) informant une centaine de maires vosgiens de la recherche d'un nouveau site date du mois de juin. L'ANDRA informait alors les élus qu'elle cherchait un endroit qui "puisse accueillir un centre de stockage pour les déchets radioactifs de faible activité à vie longue produits en France".
Dans le département, deux zones dont le sous-sol est particulièrement riche en argile sont concernées : la première zone des argiles de la Woëvre se situe près de Coussey et Neufchâteau et la seconde zone, dite des marnes irisées, traverse les cantons de Bulgnéville, Châtenois, Mirecourt et Charmes. Si l'agence refuse de divulguer la liste des communes concernées et les réponses déjà obtenues, à la direction de la communication, on indique qu'on a "des retours de l'ensemble des départements."
Des réponses positives, des réponses négatives, certes mais également et surtout des demandes de précision par rapport au projet. Les communes intéressées disposaient de toute façon d'un délai de cinq mois (jusqu'au 31 octobre) avant de donner leur réponse. C'est seulement à la fin du mois de décembre que l'ANDRA proposera au gouvernement les zones à inventorier parmi celles proposées par les collectivités territoriales.
Délibération du 25 juillet. Certains maires, comme Christian Franqueville à Bulgnéville, ont décidé de trancher tout de suite. Réunie le 25 juillet dernier en conseil municipal, la commune de Bulgnéville a décidé de dire non. Dans une délibération, les conseillers ont voté le refus d'un projet de centre de stockage de déchets radioactifs. "Le conseil municipal, avant tout contact, s'oppose à accueillir sur la commune de Bulgnéville un tel produit", estime la délibération. Le projet rencontre par ailleurs l'opposition du député de la plaine, Jean-Jacques Gaultier, porteur du projet de pôle mondial de l'eau. Un tel centre de stockage dans le secteur serait absolument désastreux par rapport à l'image de la plaine, estime-t-il.
De son côté, le réseau
Vosges "Sortir du nucléaire" est également
passé à l'action en envoyant un courrier à
chaque maire potentiellement concerné dans les zones sélectionnées.
"C'est dans le but d'abuser les citoyens que les déchets
radioactifs sont classés en diverses catégories.
Il ne faut surtout pas croire que les déchets dits "à
faible activité" ne sont pas dangereux, et il faut
savoir que les déchets à vie courte peuvent rester
dangereux pendant des siècles, voire pendant des millénaires",
explique de son côté l'association. Tout en réclamant
que la liste des 3 115 communes démarchées par l'ANDRA
au niveau national soit rendue publique dans un esprit de transparence.
A priori, le calendrier mis en place par l'ANDRA ne prévoit
pas de communiquer avant la fin de l'année.
La Dépêche du Midi (Lot), 4/9/2008:
C'est une info tremblante. Le Quercy est soumis, depuis environ 10 000 ans, a de réguliers tremblements terre. Le Causse, cette imposante merveille, bouge. Cette réalité vient alimenter le débat sur l'éventuelle installation, sur les terres lotoises, d'un centre de déchets radioactifs à vie longue. Jean-Luc Obereiner, ingénieur Génie civil et président du comité scientifique du Parc naturel régional des Causses du Quercy (PNRCQ) s'est penché sur la question de la sismicité en Quercy.
Selon ce scientifique reconnu, l'histoire démontre que depuis 10 000 à 20 000 ans, le Quercy subit, environ tous les siècles, un tremblement de terre. La littérature ancienne en signale au XIIe siècle mais aussi en 1082, en 1302, 1335, 144, 1489, 1660, 1873. Le dernier en date, en 1929, était « un séisme de force 5 qui toucha Cahors, Figeac, Gourdon et Luzech ».
Pour Jean-Luc Obereiner, « neuf tremblements en neuf siècles c'est une fréquence très importante. Appliqué à la durée de vie des déchets nucléaires de faible activité à vie longue, en particulier du chlore 36 qui est de 302 000 ans, cela laisse supposer 3 020 tremblements de terre d'intensité 5 à supporter pour un éventuel site quercynois ».
On l'aura compris, pour Jean-Luc Obereiner, le Quercy « ne satisfait pas au cahier des charges de l'Andra ». On sait que l'agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) qui pilote le projet a sollicité, avec d'autres départements, le Lot. 181 communes ont ainsi reçu un dossier. Les antinucléaires se mobilisent contre et seule, à notre connaissance, la ville de Gramat a décidé de fouiller le dossier avant de donner sa réponse.
Dans ce contexte, la prise de position de l'influent parc naturel régional des causses du Quercy (PNRCQ), qui rassemble 97 communes est capitale. Toutes à l'exception de Mayrinhac-Lentour et Laramière se situent dans le périmètre sélectionné par l'ANDRA. Dès cet été, le président du Parc Serge Juskiewenski avait refusé, dans nos colonnes, l'implantation d'une telle structure : « Nous avons un sol karstique, ouvert à toutes les eaux.
On a du mal à comprendre la logique ». La récente étude qu'il vient de commander au comité scientifique et de prospective du PNCRQ ne l'a pas fait changer d'avis. Il vient d'ailleurs de transmettre les conclusions aux maires du Parc. Elles sont sans ambiguïté.
De plus, deux géologues reconnus, Jean-Guy Astruc et Thierry Pélissié, estiment que les trois critères avancés par l'Andra (une zone géologiquement stable sur une période au moins égale à 10 000 ans, des sols très faiblement perméables et une couche épaisse et homogène) ne sont pas remplis dans le Lot.
Les deux spécialistes en concluent donc que « la région a connu des séismes depuis moins de 10 000 ans. Les roches du Lias supérieur, bien qu'à dominante argileuse, s'avèrent perméables ». Enfin, « la formation géologique envisagée pour le stockage n'est ni suffisamment épaisse, ni suffisamment homogène ». En clair, les déchets ne sont pas les bienvenus sous une terre qui veut garder tous ses secrets.
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L'Andra: « Nous n'imposerons rien à personne » [???]
« Nous avons eu le rapport des géologues lotois aujourd'hui même, expliquait hier le service de communication de l'Andra. Nos géologues vont les étudier et nous verrons bien leurs conclusions. » L'Andra précise que le secteur en question, la formation de Penne a été choisie en fonction des données du Bureau d'études et de recherches géologiques et minières, le BRGM.
Surtout, l'Andra tient à préciser : « L'essentiel de notre message, c'est que la démarche doit être volontaire. Nous n'installerons pas un site si nous n'avons pas été sollicités. Il est hors de question d'imposer quoi que ce soit. Pour l'instant, nous sommes dans une phase d'information. Les maires ont jusqu'au 31 octobre pour nous faire savoir s'ils veulent ou non être candidats. Suite à cela, des investigations complémentaires seront menées entre 2008 et 2010. Précisément, des études sismiques plus poussées, des sondages et des carottages, pour bien vérifier que le terrain est compatible avec l'accueil de ces déchets. »
Dans cette démarche, certaines communes ont manifesté leur volonté d'en savoir un peu plus : « Ainsi, nous avons été reçus au conseil municipal de Gramat, mais cela ne présage en rien de la suite qui sera donnée à ce dossier. » Si la levée de boucliers est unanime dans le Quercy, en revanche ; les propositions de l'Andra semblent mieux accueillies dans l'est de la France. Une vaste zone, traversant la Meuse, la Haute-Marne, la Moselle est aussi terre de prospection. Et certaines communes « ont manifesté de l'intérêt ».
L'Andra précise que son centre de l'Aube « est aussi un site de tourisme industriel très visité. » [Tchernobyl aussi est touristique...] Une telle implantation peut aussi faire réfléchir des maires. Dans l'Aube, pour son centre de stockage, une commune perçoit 2 M¤ de taxe foncière et 1,6 M¤ de taxe professionnelle Mais est-on bien sûr que l'État n'imposera jamais rien, dans le cas par exemple où personne ne voudrait de ce centre ? « Ce n'est vraiment pas le scénario qui se profile », assure l'Andra. Ce qui signifie que tout le monde ne se pincera pas le nez devant ces très chers déchets.
L'affranchi de Chaumont, 29/8/2008:
Par la voie d'un communiqué de presse émanant du "Collectif Grand Est Stop Déchets nucléaires", nous apprenons que 27 représentants de groupes et associations de Lorraine et Champagne-Ardenne -dont le CEDRA- se sont réunis le 26 août près de Nancy pour parler du projet d'implantaton d'un site de stockage souterrain de déchets nucléaires dits FAVL (Faiblement Radioactifs à Vie Longue) qui concerne un large territoire de l'Est de la France.
"Face au déficit de transparence, d'information et de démarche démocratique qui caractérise le nucléaire", ces représentants se mobilisent depuis deux mois pour faire connaître ce projet aux habitants, précise le communiqué. Ils ont obtenu avec beaucoup de difficultés le nom de la plupart des communes concernées par l'appel à candidature de l'ANDRA, et tentent de connaître les délibérations de celles-ci. Ce qui permet de les publier sur le site www.burestop.org.
Certaines ont déjà dit non, mais la majorité va se prononcer à la rentrée, avant le 31 octobre. A ce jour, en Lorraine, sont connues deux communes favorables au projet, dans un même secteur : Grand dans le Nord-Ouest vosgien et Gondrecourt-le-Château (Sud meusien). En Champagne-Ardenne les communes de Pars-les-Chavanges et St-Léger-sous-Brienne sont également candidates (Aube)
"Un constat est unanime : la population, principale concernée, n'est pas informée. L'arrivée d'une nouvelle poubelle nucléaire dans cette région Grand Est qui compte déjà Soulaines et Morvilliers dans l'Aube ainsi que le chantier de Bure (Meuse) risque bien d'être imposée, sans information ni concertation. Encore une fois, les tractations se font discrètement auprès des seuls élus locaux, à grand renfort de promesses illusoires d'emplois, de retombées financières exceptionnelles, tout en minimisant de façon scandaleuse la dangerosité du principe d'enfouir la radioactivité.
"Les participants de cette réunion
ont fait le point sur les actions entreprises : courriers d'informations
et contacts téléphoniques aux communes, tractage,
réunions publiques. Ces actions d'information vont se poursuivre
et les groupes départementaux appellent toutes les structures
ou personnes sensibilisées à les rejoindre. Une
date d'actions communes a été décidée
: le samedi 27 septembre."
Oise Hebdo, 28/8/2008:
L'Etat a lancé le projet d'un nouveau site d'enfouissement
Le 5 juin dernier, le ministère de l'Ecologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire a lancé un appel à candidatures et mandaté l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) afin d'identifier des sites susceptibles d'accueillir un centre de stockage de déchets radioactifs.
Le projet concerne l'enfouissement de déchets nucléaires dit à faible activité et à vie longue comme les déchets graphites, provenant de l'exploitation et du démantèlement d'anciens réacteurs EDF arrêtés et les déchets radifères que l'on trouve dans les composants électroniques ou les pots catalytiques.
En s'appuyant sur des critères géologiques, vingt départements en France ont été ciblés et notamment l'Oise et cinq de ses cantons, Breteuil, Crèvecoeur, Formerie, Marseille et Grandvilliers. Immédiatement, le réseau Sortir du nucléaire a décidé d'occuper le devant de la scène pour tuer dans l'oeuf ce projet de centre, dont l'ouverture est déjà prévue pour 2019.
« Devant les risques pour la santé et l'environnement, le coût prohibitif de la filière nucléaire et les dangers pour la démocratie, le groupe local «sortir du nucléaire 60» appelle dès aujourd'hui la population à refuser un tel projet et à interpeller les maires afin de connaître précisément les communes démarchées, les réponses apportées et pour demander une consultation de la population préalable à toute décision», pouvait-on lire dans les tracts distribués la semaine dernière à Breteuil et Crèvecoeur par l'un des militants du réseau Nicolas Guillou.
«La population a, dans une très large majorité, affirmé son refus face à un tel projet, souligne le citoyen, «c'est une vraie bataille qui s'engage aujourd'hui avec l'Etat. Celui-ci fait du chantage à l'argent, à l'emploi et tente ainsi de séduire les petites municipalités.
Quant à ce projet d'enfouissement, c'est aussi sérieux que de mettre la poussière sous un tapis et de prétendre que la maison est propre. Il faut dès maintenant lancer un grand débat sur les questions nucléaires. Des questions, d'ailleurs, qui ont été exclues du fameux Grenelle de l'environnement», remarque Nicolas Guillou.
Pour ce dernier, la population n'est pour l'instant pas assez informée sur ce sujet. « Il y a un lobby énorme pour le nucléaire. On parle malheureusement davantage d'économie que de sécurité ou d'environnement. Personne ne pense aux générations futures. Car ce type d'installation pose de vrais problèmes éthiques.
Qui peut dire que dans 100 000 ans, le site sera toujours étanche », affirme le militant. Poursuivant: «Surtout que les incidents sont de plus en plus fréquents, à l'instar des accidents au Tricastin. On prolonge bien souvent la vie de centrales devenues obsolètes. Et il y a un grand manque de transparence.»
En prenant comme exemples nos voisins allemands, Nicolas Guillou aimerait que la France se tourne vers une alternative énergétique durable et propre, dans le cadre d'une nouvelle politique globale de l'énergie. «Cela passe notamment par une réduction de la consommation et par d'autres sources d'énergie comme l'éolien ou le solaire», indique le citoyen.
Ce dernier compte désormais alerter les responsables politiques du secteur, les associations de protection de la nature, les fédérations de chasse et de pêche pour que le futur site d'enfouissement ne puisse jamais creuser son trou dans l'Oise.
Les maires du canton farouchement contre
Pratiquement tous les maires du canton ont reçu en juin dernier un courrier du préfet de l'Oise ainsi qu'une brochure présentant le projet de site lancé par l'Etat. Nombre d'élus n'ont pas tardé à prendre position, d'autres demeurent pour l'instant circonspects, tous affirment aujourd'hui être défavorables à une telle installation sur le territoire de leur commune.
Jacques Cotel, Breteuil: "Nous sommes contre. Je ne comprends comment des zones aussi peuplées que les nôtres puissent être retenues dans l'optique d'accueillir un centre. Pourquoi ne pas mettre ces déchets sur les bases militaires que l'on ferme. Ces terrains sont déjà pollués. Je ne suis pas opposé spécialement au nucléaire, c'est une énergie produite à bon compte mais le problème des déchets est sans conteste très mal géré."
Marie-Line Dufresnes, Ansauvilliers: "Ce sera non, quoi qu'il arrive. L'argent promis, c'est bien, mais si c'est au détriment du développement du village, ce n'est pas la peine."
Dominique Cordelle, Baccouël: " Dans leur dossier, ils nous expliquent à plusieurs reprises que tout sera contrôlé, sous surveillance, durant de nombreuses années. Cependant, le nucléaire fait encore très peur, et accueillir un tel site serait mauvais pour la réputation d'une commune."
Laurent Tribout, Beauvoir: "Nous avons immédiatement pris une délibération en conseil municipal qui, à l'unanimité, a refusé ce projet. Nous ne cherchons pas un développement économique en nous basant sur ce type d'installation."
Nicole Cordier, Bonneuil-les-Eaux: "Le conseil a dit non à l'unanimité. Le secteur possède déjà des réseaux de captage d'eau très limités, on ne va pas en plus risquer de polluer nos nappes phréatiques."
Thierry Vandeputte, Broyes: "Je vais réunir les élus début septembre pour en débattre. Mais quand on regarde la brochure qui nous a été envoyée, tout paraît merveilleux. Je préfère ne pas prendre position pour l'instant, car il y a encore beaucoup de questions en suspens."
François Sence, La Hérelle: "Nous ne répondrons pas à l'appel à candidatures. Notre village ne possède pas la topographie requise."
David Duflos, Le Mesnil-Saint-Firmin: "Nous ne sommes pas du tout intéressés. Ils essayent pourtant de nous rassurer. Pourquoi d'ailleurs ne stockent-ils pas les déchets là où ils sont produits?"
René Leuwers, Paillart: "Je ne suis pas favorable pour l'instant. Les arguments qui sont donnés ne sont pas assez rassurants. Bien sûr, il faudra bien mettre ces déchets quelque part et de préférence plutôt chez le voisin. Je vais consulter mon conseil. Ma position peut encore toutefois évoluer."
Michel Guilluy, Rouvroy-les-Merles: "On ne répondra pas à cette sollicitation. Pour notre part, avec le Certes, nous avons déjà un gros projet qui va se concrétiser sur notre territoire."
Maurice Lebun, Sérévillers: «Ils promettent de grandes retombées financières mais on ne veut pas de ça chez nous!"
Marc Van Acker, Vendeuil-Caply: «Notre conseil municipal a refusé le projet catégoriquement. Nous sommes d'accord qu'il faut gérer ces déchets mais il y a certainement des lieux plus favorables pour les accueillir qu'ici où la Noye prend sa source. De plus, le risque zéro n'existe pas...»
Dans le canton de Breteuil, les positions semblent donc bien arrêtées. Et la tendance est la même dans les quatre autres cantons concernés. A l'instar de la réaction du maire de Formerie William Bous retranscrite sur le site du réseau Sortir du nucléaire: «Je puis vous assurer que dans le cas où je devrais saisir le conseil municipal, j'émettrai auprès de mes collègues un avis très défavorable et je suis sûr d'être suivi. J'ai moi-même saisi les services préfectoraux quand nous avons eu connaissance du passage d'un train «de marchandises» constitué de containers transportant des déchets nucléaires. Les services compétents nous ont opposé le secret défense! Il est d'ailleurs à noter que ces transferts continuent sans publicité préalable... A mon avis, seuls les maires sensibles à l'apport fiscal ou les élus des communes dites sinistrées en terme d'emplois pourraient céder à ce démarchage.»
La Nouvelle République, 28/8/2008:
On a déjà beaucoup parlé des sollicitatins de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) qui voit dans les sous-sols du Berry, en Boischaut-sud, l'opportunité de stocker (en 2019) des « déchets nucléaires à faible activité ». Sur les quatorze cantons du Berry concernés, cinquante-six communes de l'Indre ont été sollicitées. Depuis l'annonce du projet dans la Nouvelle République (NR), fin juin, le silence est d'or dans la campagne berrichonne. Les élections sénatoriales vont-elles permettre de parler des choses qui fâchent ? C'est en tout cas le souhait de Pierre Morizet, nouveau maire de Chazelet, aux portes de la zone concernée. Après avoir parcouru la plupart des professions de foi, il a décidé d'interpeller les candidats. " J'espère que ce ne sont pas que des leurres ". Pierre Morizet a lu les promesses d'« aménagement harmonieux du territoire », de « défense de la ruralité » ; les atouts de l'Indre : « sa qualité de vie et son environnement, son patrimoine naturel et bâti » ; et un credo : « Faire de l'Indre un département d'excellence du développement [...] durable. » Certains parlant de « haute qualité environnementale ». « J'espère que ces arguments ne sont pas que des leurres destinés seulement à capter l'électeur », écrit l'élu de Chazelet aux candidats, en leur rappelant « l'appât de plusieurs millions d'euros » de l'Andra. « Imaginez le ressenti d'un maire qui, comme moi, s'engage à gérer au mieux une petite commune à très faible budget, sans revenus, lorsqu'on lui fait miroiter une dotation d'accompagnement à l'implantation de 5,58 millions d'euros et d'une fiscalité locale grimpant à 3,6 millions d'euros! Ces sommes exorbitantes, pour ne pas dire indécentes, car pouvant cacher quelques intentions inavouables, peuvent aisément séduire un élu soucieux de voir la trésorerie de sa commune subitement " exploser " », commente Pierre Morizet. Sa question aux candidats est donc toute simple : « Quelle est votre position, en tant que postulant sénateur, sur les sujets qui interpellent la majorité de nos concitoyens et face auxquels les élus que nous sommes doivent se positionner ? J'attends de vous que vous preniez position clairement, ouvertement et publiquement sur ce dossier d'enfouissement de déchets nucléaires en dehors de leurs lieux de production d'une part ; sur celui des essais et cultures d'OGM [...] d'autre part ». De conclure : « Vous sous-titrez votre profession de foi " Indre, département abandonné " : engagez-vous à ce qu'il ne soit pas écrit dans quelques années : " Indre, département contaminé " ». La parole est désormais aux candidats...
Le Monde, 27/08/2008:
Depuis quelques semaines, l'Etat sonde 3 000 élus locaux pour choisir un site d'enfouissement de déchets radioactifs. Beaucoup hésitent face à cet investissement écologiquement risqué
"Cela m'est tombé dessus, comme ça, un jour de juin. Jusque-là, je n'en avais jamais entendu parler." Comme 3 114 autres maires dans vingt départements, Gilbert Vallot, le premier magistrat de Briaucourt, en Haute-Marne, a reçu avec perplexité, au début de l'été, une lettre du préfet, puis un dossier de l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). On l'informait que sa commune se situait dans une zone géologique propre à accueillir un enfouissement de déchets radioactifs à "faible activité et à vie longue", dits FAVL.
Dans plusieurs départements de la France rurale - Lot, Indre, Seine-Maritime, Nord -, l'Andra a identifié les zones argileuses stables qui conviendraient, mais c'est dans l'est du pays, en Lorraine et en Champagne, que se trouvent les couches géologiques appropriées les plus vastes.
Les FAVL regroupent des déchets issus du radium et d'autres en graphite radioactifs produits par les centrales nucléaires de la filière française graphite-gaz opérationnelle dans les années 1960 et 1970. Ils sont relativement peu radioactifs, mais leur nocivité court sur plusieurs milliers d'années, voire 300 000 ans pour un de leurs éléments, le chlore 36. Le stockage est censé se remplir entre 2019 et 2040, après quoi il serait "sous surveillance" pour une durée... indéfinie.
L'est du bassin parisien accueille déjà, dans une famille de déchets radioactifs qui n'en finit plus de grandir, un centre de stockage de déchets très faiblement radioactifs, à Morvilliers (Aube), un centre de déchets radioactifs à vie courte, dans la forêt de Soulaines (Aube), le laboratoire d'étude des déchets très radioactifs à vie longue à Bure (Meuse). La région développe, à contrecoeur ou avec fatalisme, selon les interlocuteurs, une spécialisation de "poubelle nucléaire" de la France.
Dans son dossier de promotion, l'Andra met en avant l'intérêt économique du stockage des FAVL, qu'elle tend à présenter comme une activité industrielle comme une autre : "Ce projet constitue une véritable opportunité de développement économique", écrit l'Agence. Dans des départements qui se sentent en perte de vitesse, l'argument porte.
A Gondrecourt-le-Château (Meuse), par exemple, l'usine de meubles Meuse Omni Style témoigne des difficultés industrielles de la région : fin 2004, la direction avait annoncé que le nombre d'emplois devait passer de cinq cents à cent. "Je ne vous raconte pas le triste Noël que nous avons passé", dit Stéphane Martin, le jeune maire du chef-lieu de canton. "Je ne vois pas comment créer de l'emploi à Gondrecourt. Alors les cinquante emplois que promet l'Andra pendant quelques décennies, je les prends !"
Gondrecourt, démarchée par l'Agence, est située à 8 km du laboratoire de Bure et peut déjà apprécier les retombées financières de celui-ci : 550 000 euros de taxes et reversements départementaux qui forment près du tiers du budget communal. "Si les FAVL viennent sur notre commune, je les justifierai comme un outil industriel, poursuit l'édile. Il faut casser la sinistrose qui règne ici, retrouver un dynamisme sur la commune, donner l'envie de réussir aux jeunes."
Il énumère ce qu'il envisage de faire : "Des logements de standing, étendre le parc locatif pour accueillir une nouvelle population, l'assainissement collectif, des services culturels, sportifs. Et puis, je voudrais refaire la place de l'Hôtel-de-Ville : telle qu'elle est aujourd'hui, elle n'est pas digne d'un chef-lieu." La situation n'est cependant pas désespérée : Gondrecourt-le-Château compte 1 300 habitants, un tissu artisanal très actif et s'enrichit de citoyens qui s'installent ici - le prix de l'habitat est plus faible qu'en ville - pour aller travailler à Nancy, à 45 minutes.
Une situation comparable à celle de Briaucourt (Haute-Saône), située près de Chaumont, et dont le maire, pourtant, adopte un point de vue diamétralement opposé. La commune de 250 habitants a perdu des exploitations agricoles dans les vingt dernières années, et l'usine des forges de Bologne, spécialisée dans l'équipement aéronautique, dans la commune voisine de Bologne, fournit beaucoup moins d'emplois que naguère.
"Mais des jeunes commencent à s'installer chez nous, c'est nettement moins cher qu'à Chaumont, à 15 km", dit le maire, Gilbert Vallot. "On essaye de développer le tourisme : il y a ici des lieux de chasse, de pêche, de randonnée, une vraie qualité de vie. On a des atouts, il ne faut pas les détruire. Quelle image un dépôt de déchets nucléaires nous donnerait-il ? Est-ce que vous achèteriez une maison dans une commune où se trouve un stock de déchets nucléaires, vous ?" L'élu doute des retombées économiques : "Si vous lisez le dossier, vous voyez qu'on finit avec cinq emplois permanents, pour la surveillance."
L'Andra est bien consciente du problème. "Parler de déchets radioactifs n'est jamais très porteur, reconnaît François Chastagner, son directeur industriel. Nous apportons une perturbation dans les territoires d'accueil. Notre devoir est de les écouter, de décrire ce que va représenter le projet en termes de flux de nuisances, mais aussi ce qu'il va apporter. C'est une activité sans risque de délocalisation. Il y a peu d'industries qui possèdent un carnet de commandes assuré pour soixante ans."
Mais la question a aussi une dimension éthique incontournable. "J'ai un petit-fils, je ne me vois pas engager ma commune, engager les générations futures, dans quelque chose qui durera 300 000 ans, explique Gilbert Vallot. Qui peut garantir que l'on retiendra la radioactivité pendant une telle période ? Je n'y crois pas. On a reçu le dossier, et juste après, il y avait les incidents radioactifs au Tricastin. L'homme fait toujours des erreurs."
Stéphane Martin voit les choses autrement : "Cent mille ans, on ne se rend pas compte. Déjà deux mille ans me paraissent énormes. Mais je suis optimiste de nature : il y a cinq cents ans, on ne connaissait pas le nucléaire. La science peut progresser, transformer les déchets. C'est pour ça qu'il faut garder ouverte l'option de la réversibilité."
Avantage ou nuisance économique ? Responsabilité à l'égard des générations futures ? Difficile de trancher. Il reste à ouvrir largement le débat, et pas seulement au niveau des élus. "L'Etat essaye de ne pas en parler, parce que quand les gens sont au courant, ils réfléchissent et deviennent opposés", dit Gilles Desnouveaux, maire de Reynel (Haute-Marne), sollicité pour les FAVL et qui refuse le projet.
Nombre d'incertitudes scientifiques entourent le dossier, dont l'Andra n'a pour l'instant pas clairement informé les élus. Dans son rapport annuel rendu en juin, la Commission nationale d'évaluation des recherches et études relatives à la gestion des matières et déchets radioactifs souligne que la réalisation d'un stockage de FAVL ne sera pas aussi simple qu'il y paraît : "On disposera de délais brefs pour jauger les performances d'un site, concevoir un stockage, conduire des études de sûreté et préciser l'inventaire que le site peut accueillir, écrit la Commission.
Certaines connaissances risquent donc d'être encore mal consolidées à ce stade et de laisser place à des marges d'incertitude qu'on n'aura pas eu le temps de réduire significativement, ce qui devra inciter à une attitude prudente."
Pour les communes qui s'engageraient dans les FAVL, de longues années d'incertitude, de changement, mais aussi de malaise, s'annoncent.
Journal d'Elbeuf, 27/8/2008:
Le canton de Pont-de-l'Arche a-t-il vocation à devenir la poubelle du département de l'Eure, aux portes de l'Agglo ? Après le projet de centre d'enfouissement de déchets ménagers - qui a fait consensus contre lui - c'est en effet une zone de stockage de déchets radioactifs que l'Etat propose au territoire ! Explications... et réactions !
"Une mauvaise blague !". Voilà comment le maire de Pîtres, Jean Carré, a accueilli l'appel à candidature de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, qui recherche un territoire d'une centaine d'hectares pour accueillir un centre de stockage de déchets radioactifs de « faible activité à vie longue ». "Je les ai envoyés se faire voir ! Ca fait des années qu'on se bat contre le projet de décharge dans la vallée Galantine. Franchement, cette proposition témoigne d'une méconnaissance totale des réalités du canton !"
Des déchets radifères. De quoi s'agit-il exactement? Selon un communiqué de la préfecture, ce centre permettrait «de stocker les déchets graphites provenant de l'exploitation et du dérnantèlement des réacteurs EDF et des réacteurs du Commissariat d'énergie atomique (CEA), ainsi que les déchets radifères provenant essentiellement du traitement de minerais contenant des terres rares, utilisés pour la fabrication de composants électroniques, de pots catalytiques dans l'industrie automobile et dans la métallurgie fine. »
Pont-de-l'Arche, zone géologiquement favorable. Et il se trouve que dans l'Eure, « les zones géologiquement favorables » au projet, c'est-à-dire correspondant à « des formations sédimentaires à dominante argileuse ou marneuse dont la perméabilité intrinsèque est très faible », sont exclusivement situées... dans le canton de Pont-de-l'Arche. Il s'agit des communes d'Alizay, de Criquebeuf-sur-Seine, des Damps, d'Igoville, du Manoir, de Martot, de Montaure, de Pîtres, de Pont-de-l'Arche et de Tostes.
« Quand on m'a présenté le projet, j'ai commence par sourire » raconte le maire de Pont-de-l'Arche, Richard Jacquet. « Mais ça n 'a pas duré longtemps... Même s'il y aura de grosses incitations financières pour la commune qui acceptera ce centre, je vois mal comment cela pourrait se faire par ici. Le canton de Pont-de-l'Arche est particulièrement urbanisé, et sort d'un lourd débat sur un centre d'enfouissement qui a fait consensus contre lui. Et puis nous avons un projet tourné vers le tourisme et le patrimoine, à 1000 lieues de ce genre de chose »
Pas de mise en service avant 2019. La route
sera longue avant de voir un site effectivement retenu, dans l'Eure
ou ailleurs. Les candidatures sont, pour l'heure, volontaires.
« Cette recherche se fera dans le cadre d'une concertation
approfondie avec les collectivités territoriales et les
populations concernées. A la suite de cette dernière
phase, une enquête publique sera menée au préalable
de la déclaration d'utilité publique de ce projet
de stockage. La mise en service interviendrait en 2019 »,
précise-t-on à la préfecture. En attendant,
pas besoin d'être grand clerc pour deviner que dans le canton
de Pont-de-l'Arche, les candidats ne devraient pas se bousculer
au portillon...
Zoom sur les déchets nucléaires : la filière de stockage
S'il y a bien une chose sur laquelle tout te monde s'accorde au sujet des déchets radioactifs, c'est que personne n'en veut. Et le problème ne date pas d'hier.
La gestion des déchets radioactifs embarrasse l'Etat qui s'est résolu, en 1991, à adopter la loi Bataille pour encadrer cet épineux dossier. En attendant une hypothétique solution pour neutraliser et éliminer la radioactivité, cette loi prévoit d'entreposer ou de stocker les déchets en fonction de leur dangerosité. Actuellement, la France dispose déjà de lieux de stockage pour ses déchets très faiblement radioactifs (Morvilliers, Aube) et de faible et moyenne activité à vie courte (Beaumont-Hague, Manche, et Soulaines, Aube). Depuis plusieurs années, l'Andra prépare un stockage géologique des déchets de haute activité à vie longue - au-delà de trois cents ans - dans son laboratoire souterrain de Bure (Meuse).
En ce qui concerne les déchets à faible activité, c'est leur durée qui justifie un stockage spécifique. Si la forme définitive de l'installation n'est pas encore arrêtée, elle devrait être souterraine, à une profondeur située entre 15 et 200 mètres, et creusée dans des formations géologiques censées garantir un confinement pendant des centaines de milliers d'années. L'Andra a donc présélectionné, avec l'aide du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), des zones de marnes et d'argiles qui courent sous une vingtaine de départements. Dont l'Eure.
Reste maintenant à savoir quelle commune voudra bien accueillir sur ses terres les déchets qui sont de deux types, radifères ou « graphite ». Les premiers contiennent des isotopes du radium. Ils sont issus d'activités nucléaires (mines d'uranium) ou de l'extraction de terres rares et sont actuellement entreposés sur les sites du Commissariat à l'énergie atomique et chez des producteurs industriels. Les déchets de graphite proviennent, eux, des neuf réacteurs nucléaires de la filière dite uranium naturel-graphite-gaz qui ont fonctionné entre les années 1960 et 1990. Ces rebuts contiennent notamment du carbone 14, qui perd la moitié de sa radioactivité en 5 730 ans, et du chlore 26, dont la demi-vie est de 302 000ans.
Opération séduction. Pour convaincre les élus d'héberger ces déchets encombrants, l'Andra n'hésite pas à mener une véritable opération séduction via le dossier envoyé : « ce projet constitue une véritable opportunité de développement économique », expliquent en préambule les responsables. Et de détailler la teneur du projet: 200 à 350 millions d'euros de coût de construction ; 10 à 30 millions d'euros annuels d'exploitation pendant vingt ans; 100 emplois en phase de construction, 50 en phase d'exploitation (jusque vers 2040), 5 en phase de surveillance.
« Un cadeau empoisonné ». Des arguments qui ne semblent pas pour l'instant convaincre les maires du canton de Pont-de-l'Arche. Tous craignent de mettre le feu aux poudres et de voir affluer les opposants aux déchets radioactifs, à l'image des membres du réseau Sortir du nucléaire. Ces derniers refusent un projet considéré comme « un cadeau empoisonné pour les générations futures ». La bataille est à peine entamée que déjà la résistance se profile pour éviter que la poubelle nucléaire ne s'échoue dans un des vingt départements français « sélectionnés » pour ses qualités géologiques. Une distinction dont le canton de Pont-de-l'Arche se serait volontiers passé...
La vallée galantine sait se mobiliser
Déjà confronté au projet d'implantation d'un centre d'enfouissement technique de déchets industriels banals, la vallée galantine a su se mobiliser. Manifestation, pétition et association avaient été organisées et constituées. Retour sur une mobilisation qui a duré plus de six ans.
Après avoir réussi à écarter
l'installation du centre d'enfouissement technique des déchets
industriels, le canton de Pont-de-l'Arche devra-t-il accueillir
un centre de traitement des déchets radioactifs ? Telle
est la question qui se pose aujourd'hui après cet appel
à candidature lancé aux communes du canton. Le centre
d'enfouissement technique des déchets industriels banals
devrait traiter des matériaux de démolition, du
plastique non recyclables... D'une capacité de 15 000
à 30 000 tonnes par an, l'équipement devait
prendre une quinzaine d'années pour traiter 1,3 millions
de mètres cubes de déchets. En 2005, les riverains,
l'association des Quatre vallées et les élus s'étaient
mobilisés pour protester contre le projet de centre d'enfouissement
technique des déchets ménagers. Un dossier qui fut
déjà repoussé en 2001 par les opposants qui
avaient porté recours au tribunal administratif.
Diverses manifestations avaient même été organisées
sur le rond-point à l'entrée du village de Pîtres
pour dire « non à l'implantation de Sita dans la
vallée Galantine». Des pétitions avaient été
adressées au préfet pour montrer la mobilisation
de tout un territoire. Aujourd'hui, la bataille est presque gagnée.
Le conseil générai de l'Eure s'est prononcé
contre le projet dans son Plan départemental d'élimination
des déchets ménagers. Fin 2007, l'ancien maire de
Pîtres, René Dréan affichait sa satisfaction
: « Jean Louis Destans me l'a confirmé, le centre
d'enfouissement n'est plus d'actualité sur Pîtres
», expliquait-il. Pour mettre toutes les chances de son
côté, la commune avait prévu « d'inscrire
en zone naturelle, dans son Plan local d'urbanisme, la parcelle
où devait s'implanter Sita. » Un autre dossier de
longue haleine attend peut-être les élus et les riverains.
Le Nouvel Obs, 17/7/2008:
En France, les déchets produits par les centrales atomiques ne cessent de croître. Ils resteront parfois radioactifs des dizaines de millions d'années. Où les mettre ? Les mairies retenues font l'objet d'une cour assidue.
Récit
En ouvrant son courrier, il a cru à un gag. Quoi ? Donner à l'Etat ses terres, ses forêts, ses sites naturels protégés pour y enfouir des milliers de tonnes de déchets nucléaires ? Un mauvais canular.
Hélas pour Gilles Desnouveaux, la lettre n'est pas un faux : Reynel, son petit village de 180 habitants perdu au coeur de la Champagne, a été désigné comme «zone géologiquement compatible» pour le stockage de déchets radioactifs. Et c'est à lui, le maire, de décider si sa commune veut ou non se porter candidate, en échange d'un «accompagnement financier».
Gilles n'a pas réfléchi longtemps. Ce matin- là, son fils prenait son petit déjeuner avant de partir au lycée. «Il m'a regardé dans les yeux et m'a dit : «Papa, si tu fais ça, t'es plus mon père». J'ai pas hésité.» Le lendemain, il écrit au préfet, convoque son conseil municipal, appelle les autres maires de la région. Eux aussi ont reçu la missive. Tous refusent de devenir la «poubelle nucléaire» nationale.
Ca ressemble à une loterie. Comme Reynel, en Haute-Marne, 3 115 communes ont été présélectionnées par l'Andra (1) pour accueillir dans leur sol une décharge atomique. A l'heure de la relance mondiale de l'énergie atomique, du deuxième EPR promis par Nicolas Sarkozy, l'initiative embarrasse.
L'énergie renouvelable tant vantée a une faille de taille : ses déchets. Depuis le démarrage du premier réacteur expérimental français, en 1949, ils s'accumulent, inexorablement : en quarante ans, nos 58 réacteurs ont produit plus d'un million de mètres cubes de déchets. En 2020, ils atteindront 2 millions. Une montagne d'ordures encombrante. Car les rebuts ont la vie dure : ils restent actifs pendant au moins trente ans, voire plusieurs dizaines de milliers d'années...
L'Andra a sur les bras 170 000 mètres cubes de déchets radifères et graphites dont elle ne sait que faire. Issus d'anciennes mines d'uranium et du démantèlement des premiers réacteurs français, ils sont pour l'instant entreposés sur d'anciens sites de production.
En attente d'une solution plus pérenne. Mais les lieux manquent. A la Hague, le centre de stockage de la Manche est plein, saturé depuis 1994. Bure, dans la Meuse, aurait pu aussi convenir, mais le site n'existe pour l'instant qu'à l'état de laboratoire.
Et pas question de les y entreposer en attendant : les antinucléaires veillent. Quant aux deux centres en activité, Soulaines et Morvilliers, dans l'Aube, ils sont conçus pour des déchets à vie courte, stockés en surface. Or les rebuts radifères de l'Andra ont la vie longue.
Très longue : jusqu'à 200 000 ans d'activité ! Il faut donc les enterrer. Un nouveau site s'imposait. «Nous avons souhaité une démarche fondée sur le volontariat des collectivités, en toute transparence, se défend Marie-Claude Dupuis, la directrice de l'Andra. D'ailleurs, une dizaine de maires se sont déjà portés candidats.»
Qui sont les heureux élus ? Mystère. L'Andra refuse d'en dire plus. Mais l'affaire est juteuse pour les communes sélectionnées. L'agence a reçu une généreuse subvention pour aider au «développement harmonieux du territoire d'accueil» de l'ordre de plusieurs dizaines de millions d'euros par an, murmure-t-on.
«C'est de l'achat de conscience !», se révolte Carlo Mercier, un prêtre-ouvrier à la retraite. A 78 ans, il a rejoint le Cedra (Collectif contre l'Enfouissement des Déchets radioactifs) en Haute-Marne.
Ex-chauffeur routier, il a sillonné pendant dix- huit ans la région. Il a appris à aimer cette terre rude et pauvre, peuplée de moins de 7 habitants au kilomètre carré. «Ici, c'est le trou du cul du monde», dit-il. A l'époque, il vendait du lait aux ouvriers des fonderies de l'Est.
Au fil du temps, l'activité a périclité. Une à une, il a vu les usines fermer, les ouvriers partir, et les derniers commerces mettre la clé sous la porte. «Y a plus personne ici, à part des vieux comme moi ! s'exclame- t-il. Alors quand l'Andra est arrivée avec ses projets de poubelles, il n'y avait pas grand monde pour protester.»
En quelques années, les décharges nucléaires ont remplacé les anciens sites de fonderies le long des routes champenoises. Sur soixante kilomètres, les Déchetteries se succèdent : le terminal de l'Andra à Brienne-le-Château, le camp militaire de Perthes qui contient de l'uranium appauvri, les deux centres de stockage de l'Aube, Soulaines et Morvilliers, et enfin Bure, le fameux laboratoire géologique où est étudié l'enfouissement des déchets les plus dangereux à plus de 500 mètres de profondeur. «C'est la route de la honte !», râle Michel Marie, le fondateur du Cedra.
Début juin, cet ambulancier retraité a rejoint un groupe d'une vingtaine de marcheurs originaires du monde entier qui sillonnent à pied la «route des déchets» : 1 500 kilomètres en deux mois et demi. Dans les villages qu'ils traversent, on leur ouvre les portes, on les encourage.
«Ils pensent comme nous, mais ce ne sont pas des résistants, c'est pas dans leur nature», dit Michel. Ici, on n'a pas l'âme du Larzac. On respecte les décisions des notables. Surtout quand elles rapportent de l'argent. En 1994, le conseil général de la Meuse n'a pas résisté à la carotte fiscale de 5 millions d'euros par an promise aux collectivités en échange de Bure.
La région, une des plus pauvres de France, espérait s'enrichir. «Mais tout le monde s'est fait rouler dans la farine ! se désole Michel Marie. Le laboratoire n'a pas créé les emplois promis.» Depuis, une pétition a circulé pour réclamer un référendum sur Bure. Cinquante mille signatures ont été recueillies. Et puis rien. Les années ont passé.
Bure est toujours là. Alors pour Michel Marie, ça ne fait aucun doute : c'est encore la Champagne-Ardenne qui héritera des déchets de l'Andra. «Parce qu'en cas d'accidents ça fera moins de morts !», grince-t-il. Pourtant, les experts de l'Andra l'assurent : si la région est visée, c'est pour la qualité de son sous-sol bourré d'argile, un des minerais les plus imperméables à l'eau, vecteur principal des radionucléides.
D'ailleurs, ajoutent-ils, l'enfouissement sera «peu» profond : de 50 à 200 mètres, pas plus. Rien à voir avec le projet de Bure. «Ils présentent leur projet d'enfouissement comme une prouesse technologique, mais en réalité ce n'est qu'un trou rempli d'ordures qu'on rebouche une fois plein», conteste Michel Marie.
«Tout le monde profite de l'électricité, mais on ne veut pas entendre parler des déchets !», regrette Francis Chastagner, directeur scientifique de l'Andra. Pourtant, d'immenses progrès ont été réalisés depuis cinquante ans.
Après guerre, on ne s'embarrassait guère des colis gênants : on affrétait un cargo, et on jetait tout à la flotte. 40 000 fûts ont été ainsi immergés au large de l'Atlantique, de l'Espagne et de la Bretagne. Bien plus tard, dans les années 1980, les Etats-Unis avaient étudié la possibilité de les envoyer dans l'espace. Puis on envisagea de les déposer dans le désert.
«C est finalement l'enfouissement qui a été retenu par le Parlement comme la solution la plus acceptable pour tous», explique Monique Sené, physicienne nucléaire au CNRS. Une solution contestée par plusieurs experts. Car, en enterrant les déchets, on ne les voit plus. On les oublie. Et les erreurs du passé ne sont plus rattrapables.
Christian Keranaoet est un ancien ingénieur de l'Andra. En 1969, il a participé au premier centre de stockage de déchets nucléaires du monde, dans la Manche, juste en face du site de la Hague. «A l'époque, on ne maîtrisait pas les techniques comme maintenant, explique-t-il.
Rien n'a été pensé : les fûts de déchets ont été posés à même le sol, juste au-dessus d'une nappe phréatique !», se désole-t-il. Lorsque le dernier colis est arrivé, en 1994, on a coulé du béton dans les alvéoles, posé une membrane de bitume au-dessus et recouvert le tout de plusieurs couches de terre.
Aujourd'hui, le centre de la Manche ressemble à une jolie pelouse de golf. Mais sous les pieds, la pile de déchets empilés s'est peu à peu tassée. Par endroits, le terrain s'est affaissé d'une cinquantaine de centimètres, fissurant légèrement la membrane.
Et on retrouve du tritium dans la rivière Sainte-Hélène en contrebas. «Rien de grave pour l'instant, rassure le directeur du site Jean-Pierre Vervialle, mais il faut rester vigilant.» Alors, pour éviter les mauvaises surprises, l'Autorité de Sûreté nucléaire a déclaré le site sous surveillance pendant plus de trois siècles !
Un héritage empoisonné légué aux générations futures. «On ne peut jamais prévoir ce que seront les évolutions d'un site, explique Yves Marignac, expert nucléaire. Faire un trou peut modifier la composition des couches géologiques, même extrêmement stables !»
En Allemagne, 100 000 fûts radioactifs ont été stockés dans les années 1960 dans une mine de sel désaffectée, qu'on pensait imperméable depuis 70 millions d'années. Las, le sol a bougé, l'eau s'est infiltrée partout. Chaque jour, on doit pomper 12 mètres cubes d'eau contaminée. La nature est capricieuse.
(1) Agence nationale pour la Gestion des Déchets
radioactifs
Les Informations dieppoises, 1/7/2008:
Un projet de nouveau site de stockage pourrait se trouver dans la région dieppoise
Un appel à candidatures a été lancé le 5 juin dernier par le ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de l'Aménagement du Territoire, à destination de 3 115 communes en France pour accueillir un futur site de stockage de déchets radioactifs. Sur le bassin dieppois plusieurs cantons sont concernés.
Le bassin dieppois, déjà bien fourni en nucléaire, va-t-il accueillir en plus un site de stockage des déchets radioactifs ? Toujours est-il que l'année 2008 « marque le lancement de la recherche de site pour le stockage des déchets de faible activité à vie longue (FA-VL) » ainsi que le précise en préambule le site Internet de l'ANDRA, Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, en charge de ce lourd et épineux dossier.
Ce projet national, encadré par la loi, vient compléter le dispositif de gestion des déchets radioactifs qui repose d'une part sur les trois centres de stockage existants (dans l'Aube et dans la Manche) pour les déchets de très faible activité (TFA) et pour les déchets de faible et moyenne activité à vie courte (FMA); d'autre part sur le projet de stockage des déchets de haute et de moyenne activité à vie longue (HAVL) étudié au laboratoire souterrain de Bure (Meuse/Haute-Marne).
L'ANDRA, avec l'ouverture de ce nouveau centre de stockage, prévue pour 2019 ainsi que la mise en service du stockage en couche géologique profonde en 2025, estime que « la France disposera de solutions de stockage sûres et pérennes pour la gestion de tous les déchets radioactifs qu'elle produit ».
Un projet ambitieux et durable, jusqu'à 100 000 ans. Le ministère de l'Ecologie et l'ANDRA disent vouloir « une démarche ouverte et progressive, fondée sur le volontariat des collectivités locales dont la géologie est potentiellement favorable ». Dans un premier temps, les maires peuvent faire acte de candidature pour que soient menées les premières investigations sur le territoire dans le but de vérifier la faisabilité du stockage. Ensuite, à l'horizon 2010, les élus locaux pourront confirmer cette candidature après concertation locale.
L'ANDRA voit dans ce projet « une véritable opportunité de développement économique et elle propose aux collectivités intéressées de construire et de mettre en oeuvre ensemble un véritable projet pour le territoire. L'Etat et l'ANDRA ainsi que les propriétaires des déchets que sont EDF, le Commissariat à l'énergie atomique, AREVA et Rhodia, les accompagneront pour faire de ce dossier un projet ambitieux et durable »
« On a mangé notre pain blanc » Une présentation qu'est loin de partager le réseau Sortir du nucléaire comme le relève son porte-parole national, Stéphane Lhomme. « Au total, 3 115 communes ont été pré-sélectionnées pour leur montrer ce qui est présenté comme un développement des collectivités En fait, déjà, en terme de salariés ce sera cinq emplois pérennes ! La panacée quoi Ensuite il faut voir qu'il existe une grande quantité de classifications de déchets en fonction de leur taux de radioactivité et de leur durée de vie. Une durée de vie qui peut aller jusqu'à 100 000 ans ! »
Aux yeux du porte-parole national, la chose est entendue : « Avec le nucléaire nous avons mangé notre pain blanc, nous attaquons maintenant le pain noir Ah, on a voulu le nucléaire ces trente dernières années, mais maintenant, que fait-on des déchets ? Et de pointer du doigt ces communes qui n'étaient pas contre la taxe professionnelle qui dégringolait et qui maintenant verrait bien arriver les déchets chez le voisin »
Le représentant normand du réseau, Alain Correa, est, pour sa part, largement dubitatif sur la notion de transparence mise en avant par l'Agence : « En fait il n'y a aucun moyen de savoir quels sont les maires qui ont reçu de tels courriers, nous nous trouvons dans le flou total, comme d'habitude. Il existe bien un numéro vert mais il est à destination des maires qui seraient intéressés pour accueillir le site ».
Pour lui, la Seine-Maritime dispose de deux sites tout désignés : « Penly ou Paluel, c'est parfaitement logique : ces lieux sont clairement identifiés, protégés, balisés Vous verrez, c'est comme d'ordinaire, la décision tombera au coeur de l'été, quand tout le monde sera parti en vacances ».
Les cantons concernés
L'ANDRA a officiellement adressé un courrier aux maires
des communes susceptibles d'accueillir le futur centre de stockage
des déchets radioactifs, et qui se trouvent dans les cantons
suivants :
Offranville, Envermeu, Londinières, Aumale, Bellencombre,
Darnétal, Forges-les-Eaux, Grand-Couronne, Grand Quevilly,
Longueville-sur-Scie, Maromme, Mont-Saint-Aignan, Saint-Etienne-du-Rouvray,
Boos, Sotteville-lès-Rouen, Rouen, Neufchâtel-en-Bray
et la commune d'Ancourt.
Le maire d'Envermeu : Oui à l'EPR,
non aux déchets
Maire d'Envermeu et conseiller général du canton,
Gérard Picard dit avoir été destinataire
« d'un courrier qui a été envoyé aux
maires qui nous précisait que l'on faisait partie des zones
susceptibles d'accueillir des stockages de déchets nucléaires.
Gérard Picard ne cache pas qu'il a laissé le courrier
de côté rapidement, tant je me suis dit que, franchement,
nous avions déjà une centrale nucléaire à
proximité et en partie sur notre canton, que nous n'allions
pas avoir davantage de contraintes »
Aux yeux du conseiller général, « il est nettement
plus important de se mobiliser pour accueillir à Penly
une ou deux tranches supplémentaires avec l'EPR nouvelle
génération plutôt que d'imposer aux habitants
un tel centre. Cela m'a paru très gros quand même
! Il me paraît indispensable de répartir l'ensemble
des contraintes sur tout le territoire et non pas de concentrer
sur quelques secteurs surtout que Penly produit de l'électricité
pour toute la France » Et Gérard Picard de l'assurer
fermement : « Personnellement, je ne donnerai pas d'avis
favorable ! »
Le Conseil général du Lot a voté à l'unanimité une motion contre l'installation d'un centre de stockage de déchets radioactifs sur le territoire du département. Ce stockage fait l'objet d'un appel à candidature de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) et concerne 181 communes lotoises situées pour nombre d'entre elles sur le Parc naturel régional des Causses du Quercy, riche de ressources en eau. Les conseillers généraux soulignent l'atteinte à l'image du département et au respect de l'environnement ; ils réclament "l'abandon définitif du Lot comme lieu éventuel d'implantation".
26/6/2008 - Le Réseau "Sortir du nucléaire" exige la publication de la liste des 3.115 communes susceptibles d'accueillir le centre de stockage des déchets faiblement radioactifs après l'appel à candidatures lancé par le ministère de l'Ecologie, a-t-il annoncé jeudi.L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a fait savoir le 20 juin que 3.115 communes dans vingt départements disposent d'un terrain géologique a priori compatible avec l'accueil d'un centre de stockage de déchets radioactifs "de faible activité à vie longue".L'Andra publie une carte des zones favorables sur le plan géologique sur son site internet mais n'a pas rendue publique la liste des communes concernées. Sortir du nucléaire exige de l'Andra, du ministère de l'Ecologie et de l'Autorité de sûreté nucléaire la "transparence" sur ce projet et a lancé un appel à un rassemblement antinucléaire samedi 12 juillet à Paris.Les communes concernées sont appelées à faire connaître d'ici au 31 octobre 2008 leur intérêt pour le projet, selon l'Andra. Des études plus approfondies seront ensuite réalisées pour départager les candidats.Le ministère de l'Ecologie avait lancé le 5 juin un appel à candidatures afin d'identifier les sites volontaires. Le centre, dont l'ouverture est envisagée en 2019, doit permettre de stocker des déchets radioactifs "de faible activité à vie longue" (FAVL), dont la durée de vie est estimée à au moins 5.000 ans, d'après l'Andra.
Le Monde, 24/6/2008:
Un appel à candidatures a été lancé dans 20 départements pour accueillir une installation de stockage de rebuts dont la radioactivité se compte en centaines de milliers d'années.
Plus de 3 000 maires d'une vingtaine de départements ont reçu, ces derniers jours, un dossier d'information adressé par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Celle-ci a été chargée, début juin, par le ministre de l'écologie, Jean-Louis Borloo, de lancer un appel à candidatures.
Il s'agit d'identifier des municipalités volontaires pour accueillir un centre de stockage de déchets radioactifs de faible activité à vie longue (FAVL). Cette installation, dont l'ouverture est l'un des objectifs fixés par la loi de juin 2006 sur la gestion des déchets radioactifs, devrait être mise en service en 2019. "Plusieurs élus se sont manifestés", indique-t-on à l'Andra.
La France dispose déjà de lieux de stockage pour ses déchets très faiblement radioactifs (Morvilliers, Aube) et de faible et moyenne activité à vie courte (Beaumont-Hague, Manche, et Soulaines, Aube).
L'Andra prépare un stockage géologique des déchets de haute activité à vie longue - au-delà de trois cents ans - dans son laboratoire souterrain de Bure (Meuse). Les déchets FAVL représentent une situation intermédiaire : plus que l'intensité de leur radioactivité, c'est sa durée qui justifie un stockage spécifique.
La forme définitive de l'installation, qui devrait avoir une emprise en surface d'une centaine d'hectares, n'est pas encore validée. Mais elle devrait être souterraine, à une profondeur située entre 15 et 200 mètres, et creusée dans des formations géologiques censées garantir un confinement pendant des dizaines, voire des centaines de milliers d'années [plaisanterie !!!]. L'Andra a présélectionné, avec l'aide du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), des zones de marnes et d'argiles qui courent sous une vingtaine de départements.
Les déchets FAVL sont de deux types, radifères ou "graphite". Les premiers contiennent des isotopes du radium. Ils sont issus d'activités nucléaires (mines d'uranium) ou de l'extraction de terres rares.
Les radifères, qui représenteront 70 000 m3 de colis à stocker, sont actuellement entreposés sur les sites du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et chez des producteurs industriels comme Rhodia et Cézus Chimie.
Les déchets de graphite proviennent, eux, des neuf réacteurs nucléaires de la filière dite uranium naturel-graphite-gaz (UNGG) qui ont fonctionné entre les années 1960 et 1990. Ces rebuts contiennent notamment du carbone 14, qui perd la moitié de sa radioactivité en 5 730 ans, et du chlore 26, dont la demi-vie est de 302 000 ans. Le volume des déchets graphite, une fois conditionnés, représentera 100 000 m3. Pourraient y être adjoints 50 000 m3 de déchets divers classés en FAVL.
Si l'échéance de 2019 paraît lointaine, le calendrier sera néanmoins serré : les collectivités locales intéressées ont jusqu'au 31 octobre pour se porter candidates. L'Andra espère procéder à une présélection des sites volontaires avant fin 2008, afin de mener des investigations complémentaires et de conduire des consultations publiques avant fin 2010.
Les études et l'instruction du dossier se poursuivraient jusqu'en 2015, date à laquelle les travaux commenceraient. L'Andra est cependant bien placée pour savoir que ces dates butoirs peuvent glisser considérablement, en raison d'aléas techniques. Mais aussi sous la pression des opposants au nucléaire, qui sont parvenus par le passé à stopper des prospections et à ralentir des projets.
Dans l'éditorial du dossier adressé aux élus, le député UMP François-Michel Gonnot (Oise) et Marie-Claude Dupuis, respectivement président et directrice générale de l'Andra, soulignent que "ce projet constitue une véritable opportunité de développement économique".
Au chapitre 1, intitulé "une opportunité à saisir pour dynamiser votre territoire", le dossier détaille l'ampleur du projet : 200 à 350 millions d'euros de coût de construction ; 10 à 30 millions d'euros annuels d'exploitation pendant vingt ans ; 100 emplois en phase de construction, 50 en phase d'exploitation (jusque vers 2040), 5 en phase de surveillance. Dans sa lettre de mission, Jean-Louis Borloo souhaitait que l'Andra veille à ce que le stockage "se traduise par un développement harmonieux du territoire d'accueil".
Pour le Réseau Sortir du nucléaire, le projet de développement proposé aux collectivités territoriales s'apparente à de la "corruption légale". "Nous refusons tout projet, a fortiori d'enfouissement, car c'est un cadeau empoisonné pour les générations futures, estime son porte-parole, Stéphane Lhomme, avant d'ajouter : nous discuterons des options une fois qu'on aura décidé de la sortie du nucléaire."
Au contraire, dans un témoignage figurant dans le dossier de l'Andra, Jacky Bonnemains, président de l'association écologiste Robin des bois recommande "sous réserve de conformité géologique" le stockage ultime des déchets FAVL. "Il s'agit d'une question vitale, note-t-il, en attente d'une réponse depuis cent ans" pour les plus anciens de ces déchets. [Lire: Ni ici, ni ailleurs, mais où ? - Stop-Nogent dérange...]
La Nouvelle République du Centre-Ouest, 24/6/2008:
Le Cher et l'Indre possèdent des sols argileux capables d'accueillir des déchets nucléaires à faible activité et intéressent l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs. Plus de cent communes font l'objet d'une prospective.
Les maires de toutes les communes de dix cantons dans le Cher et quatre cantons dans l'Indre ont reçu, en fin de semaine dernière, une lettre de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA). C'est leur sous-sol qui intéresse l'organisme, missionné par le ministère de l'Ecologie, pour ouvrir, en 2009, un centre de stockage à cinquante mètres de profondeur. « Il s'agit de déchets à très faible activité radiologique, souligne Jacqueline Eymard, porte-parole de l'Andra.
C'est en raison de leur activité radiologique (de l'ordre de 5.000 ans, NDLR) qu'il faut les protéger des aléas climatiques. Il n'existe pas encore de site de ce type en France. »
Création en 2013
Deux sites de stockage en surface sont déjà en activité dans l'Aude pour des déchets à très faible activité. Vingt départements sont prospectés en France pour leur compatibilité géologique. Le sous-sol du Boischaut, Cher et Indre confondus, est constitué d'argiles et de marnes, propices à un tel stockage. L'argile offre une résistance mécanique, absorbe les perturbations chimiques et les éléments radioactifs s'y déplacent très lentement. Une tentative avait déjà eu lieu, dans l'Indre, il y a vingt ans (lire ci-dessous).
La nature des déchets décrits par l'Andra est clairement nucléaire : déchets graphites de centrales EDF (1) de la filière « uranium naturel graphite gaz », réacteurs des centres d'énergie atomique de Saclay (Essonne) et Marcoule (Gard) et déchets provenant du traitement de minerais seraient les premiers concernés. Ensuite, le site pourrait accueillir des déchets provenant de la réhabilitation de sites industriels contaminés par du radium. Le site sera choisi en 2010 ; la création du centre est prévue pour 2013, avec une ouverture en 2019.
Dans le document transmis au maires concernés, le volume prévu est compris entre 100.000 à 200.000 m3, soit 50.000 t à 100.00 t de déchets conditionnés, à 50 m de profondeur. Le calendrier comprend le lancement de la recherche de site, en ce mois de juin 2008. Les maires ont jusqu'au 31 octobre pour répondre. « Seules les communes volontaires sont retenues », précise la précise la préfecture du Cher. Du côté de l'Andra, on va plus loin : « le projet retenu sera un projet dynamique, un vrai projet de développement de territoire, insiste Jacqueline Eymard. Il ne faut pas raisonner en terme de contrepartie financière, mais bien de partage. »
(1) Il s'agit également des centrales
nucléaires de Bugey (Ain), Chinon (Indre-et-Loire) et Saint-Laurent-des-Eaux
(Loire-et-Cher). Renseignements supplémentaires sur le
site de l'Andra : www.andra.fr
Dans l'Indre il y a vingt-quatre ans
On prend les mêmes ? Il y a vingt-quatre ans, en 1984, quatre cantons de l'Indre étaient déjà sollicités pour un centre de stockage et de gestion de déchets nucléaires par l'Agence nationale por la gestion des déchets radioactifs. C'était déjà le filon d'argile qui intéressait les géologues de l'agence. Il s'agissait alors de déchets à « vie courte » (trois cents ans) provenant de la centrale de La Hague (Manche). Cent vingt emplois étaient annoncés.
Les cantons de la Châtre, Saint-Benoît-du-Sault,
Bélâbre et Neuvy-Saint-Sépulchre étaient
envisagés pour son installation. Dans ce dernier canton
surtout, les réactions avaient été vives
et soutenues, conduisant finalement au rejet du centre. Un collectif
s'était rapidement monté regroupant le PSU, le syndicat
CFDT-EDF ou encore le Mouvement rural de la jeunesse chrétienne.
L'incertitude quant à la toxicité des déchets
et le risque de « dénaturation du bocage »
était entre autres avancés. Le site de La Berthenoux,
un temps envisagé, avait rapidement été délaissé
au profit de Neuvy. Mais l'Andra était tombée sur
une couche d'opposants plus dure que l'argile et avait dû
faire marche arrière.
L'expérience de Belleville-sur-Loire
Exploitée depuis 1987, la centrale nucléaire de Bellville-sur-Loire représente une manne financière non négligeable pour la commune. Vincent Frégeai, maire, estime qu'il « ne faut pas s'effrayer du nucléaire, même s'il y a une connotation forte avec Tchernobyl ou les bombes atomiques du Japon. C'est une technologie hyper-sécurisée en France, avec des protocoles très suivis de l'Autorité de sûreté nucléaire et la Drire ; rien n'est laissé au hasard. Ce genre de risque technologique est soumis au contrôle le plus permanent et le plus rigoureux qui soit. Et puis, je suis chirurgien-dentiste et j'émets moi-même des rayons X »
A l'adresse de ses collègues élus
du Boischaut, l'élu de Belleville estime que « le
rôle d'élu est d'informer. Ils ne doivent pas se
dégonfler auprès de la population. Il n'y a pas
de solution miracle. Le problème des déchets nucléaires
n'est pas réglé ; il existe cet inconvénient.
Mais les déchets en question sont faiblement radioactifs
; ce n'est pas du plutonium ! » Et de souligner les retombées
positives pour sa propre commune qui abrite un centre de stockage
à l'intérieur de la centrale.
Résisteront-ils tous à la manne financière ?
Du côté des maires, la nouvelle n'est évidemment pas passée inaperçue. « J'en ai parlé lors d'un conseil d'administration des maires du Cher, explique son président et sénateur, Rémy Pointereau. Pour moi, ce genre de démarche est nul et non avenu. J'y suis grandement opposé et il n'y a pas, à ma connaissance, un maire qui pourrait dire oui. »
Pour le président du conseil général, Alain Rafesthain, il faut arrêter de prendre le Cher pour une poubelle. « On pense surtout au Cher lorsqu'il s'agit de boues ou de déchets. Mais quand on évoque le TGV ou la nomination d'un préfet, là, on nous ignore. Même si le conseil général n'est pas directement concerné, on restera très attentifs à l'évolution de ce projet », observait-il, hier.
Dans le sud du département, il semble plus que probable qu'on ne soit guère plus enthousiastes. « Ca ne se fera pas à Saint-Amand, assure d'entrée Thierry Vinçon qui souhaite se placer sur la même ligne que Rémy Pointereau. On nous parle de 20 ans d'activité industrielle, puis de la mise en place d'une surveillance Là dessus, je suis très sceptique », ajoute-t-il, tout en feuilletant les pages de la luxueuse brochure papier glacé envoyée par l'Andra et le ministère de l'Ecologie aux maires concernés. « On en a discuté avec quelques maires, concède-t-il en relisant les termes accrocheurs employés pour inciter les élus à se porter candidats. Moi, je dis qu'il n'y en aura pas à Saint-Amand. Mais il aura peut-être des personnes qui feront un autre calcul. » Bernard Jamet, maire du Châtelet et conseiller général, a, lui, déjà fait ses comptes. Il y a une certaine manne financière qui accompagne ce projet, fait-il remarquer. Ils mettent le paquet ! »
Pourtant, avec des boues, des élevages bovins, des poulaillers et leurs pollutions olfactives, sa commune a déjà son lot. Certes maîtrisé. Mais il compte bien sauvegarder son environnement. « J'ai aussi une station d'épuration équivalent 9.000 habitants pour 600 personnes ; nous avons donc très peu de déchets de métaux lourds. » Enfin, s'il n'a aucun « a priori pour » et même plutôt contre, le maire fera passer le dossier en conseil, dès ce vendredi. Pour Bernard Jamet, maire du Châtel, très défavorable à ce genre de projet sur son canton, la « manne financière » pourrait en faire réfléchir plus d'un.
La Dépêche du Midi, 24/06/2008:
« Le site granitique de Sanvensa, déjà identifié, il y a quelques années comme susceptible d'accueillir des déchets radioactifs, pour enfouissement, est-il concerné par le recensement, publié vendredi par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) ? », a interrogé, hier, Bernard Vidal, conseiller général de Najac.
La question de l'élu de l'ouest Aveyron s'adressait au préfet, Georges Geoffret. Le représentant de l'État a indiqué que quatre cantons de l'Aveyron (Najac, Villefranche, Villeneuve et Capdenac), sont en effet concernés. En réalité, a détaillé le haut fonctionnaire, c'est la nature géologique du sous-sol du Quercy (une partie dans l'Aveyron, une autre dans le Lot), qui présente les caractéristiques requises pour le stockage de déchets radioactifs de faible activité à vie longue (FAVL).
Vingt départements en France, 3 115 communes, sont concernés par ce projet d'enfouissement. La liste plus précise des communes, n'a pas encore été communiquée, et ce malgré les annonces de « travail dans la transparence » indique le réseau « Sortir du Nucléaire ». C'est lui qui coordonne la « résistance » et propose un rassemblement européen à Paris le 12 juillet.
Résistance
Président de l'association « Sérènes
sereines » (née en 2000 pour lutter contre l'enfouissement
de déchets à Sanvensa), Guy Pezet a toujours indiqué
qu'il fallait « rester vigilant ». « À
Sanvensa, c'est le massif granitique qui s'avérait intéressant
pour le stockage de déchets "haute activité
et longue vie" (les plus dangereux), explique-t-il. Cette
fois, ce sont les marnes argileux des Causses qui pourraient accueillir
des déchets de "faible activité et longue vie"»
(essentiellement le fruit du démantèlement de centrales).
Quant au risque que Sanvensa ou un autre site des cantons concernés soient retenus, le préfet fait valoir que « l'accueil » desdits déchets repose sur le volontariat. En clair, si les communes refusent, aucun déchet ne sera enfoui (le conseil municipal de Villefranche-de-Rouergue délibérera sur le sujet ce vendredi).
Et c'est vrai que Sanvensa avait finalement échappé aux déchets nucléaires « grâce aux » communes meusiennes qui en 2000 avaient accepté le « bébé ». « Elles s'étaient engagées avant la mobilisation » précise Guy Pezet.
Cette fois encore, la « rémunération » pour l'accueil d'un tel site pourrait tenter une collectivité dans le besoin. Cependant une question demeure. Qu'adviendra-t-il si aucune commune n'accepte ces déchets ? Seront-ils imposés à un « volontaire forcé » ?
« En 2000, c'est l'union qui a payé » poursuit le président de Sérènes sereines. « Face à notre mobilisation, la "Mission granit" ne s'est même pas déplacée pour visiter le site ».
Députée et préfet s'y opposent Sensibilisée au dossier lors d'une réunion publique dans le canton de Najac, la députée de la deuxième circonscription, Marie-Lou Marcel, a d'ores et déjà émis des « réserves quant à l'opportunité d'examiner un nouveau projet dans l'Ouest Aveyron ».
L'élue laisse le soin à ses collègues concernés de se prononcer, mais prévient qu'elle s'opposera à un projet en ce sens.
De son côté, le préfet Georges Geoffret a adressé un courrier à Jean-Louis Borloo, ministre du Développement durable, pour lui signaler que l'Aveyron n'est peut-être pas le département le plus indiqué pour accueillir ce type d'opération : déposer des déchets nucléaires dans le Villefranchois tandis que le Bassin se bat pour dépolluer ses sols pourrait effectivement paraître pour le moins paradoxal.
De la même façon, on peut s'interroger : une même zone peut-elle envisager de développer l'activité touristique et en même temps d'enfouir des déchets nucléaires ?
24/6/2008 - Mégalithes,
pyramides, oeuvres architecturales monumentales, ou simple bouche
à oreille? Les chercheurs se creusent la tête pour
trouver les moyens de transmettre
à nos lointains descendants la mémoire des déchets
nucléaires. Pour répondre à cette interrogation
vertigineuse - certains déchets peuvent rester radioactifs
pendant des dizaines de milliers d'années - une véritable
discipline a vu le jour. Le stockage en couche géologique
profonde des déchets "haute activité vie longue",
aujourd'hui entreposés en surface, pourrait débuter
d'ici une vingtaine d'années dans de nombreux pays: Etats-Unis,
Japon, France, ou encore Finlande. Si différents types
de "marqueurs de surface" ont été imaginés,
comment s'assurer qu'ils seront correctement interprétés
par des générations pour qui nos institutions, nos
langues, nos symboles même, n'auront peut-être plus
aucun sens? Pour comprendre les ressorts de la mémoire,
et tirer des enseignements des peintures rupestres ou des parchemins
égyptiens, les ingénieurs se sont tournés
vers d'autres spécialistes: archéologues, anthropologues,
historiens, sémiologues, linguistes. "La nécessité
de s'occuper des déchets nucléaires et leur dangerosité
potentielle à long terme a donné un élan
à la recherche sur la mémoire à long terme",
explique Tom Peake de l'Agence de protection de l'environnement
(EPA), aux Etats-Unis. Il s'agit d'abord de prévenir les
risques d'intrusion humaine potentiellement dangereuse, mais aussi
de permettre de retrouver et d'exhumer ces déchets si les
progrès scientifiques permettent un jour de les traiter.
En France, l'Agence nationale pour la gestion des déchets
radioactifs (Andra) a travaillé en particulier sur un support
papier permanent illustré, dont la durée de vie
pourrait aller jusqu'à 1.000 ans, en s'inspirant des enluminures
du Moyen-Age. "Si le document doit permettre de repousser
les limites de l'oubli, il faut qu'il soit attractif", explique
Patrick Charton, responsable du développement durable au
sein de l'Andra. Aux Etats-Unis, sur le site de WIPP (Waste Isolation
Pilot Plant), dans l'Etat du Nouveau Mexique, réservé
aux déchets d'origine militaire, les chercheurs qui travaillent
sur plusieurs milliers d'années envisagent de graver des
messages - écrits, symboles et dessins - sur de gigantesques
blocs de pierre. "Nous pensons que fournir de l'information
dans différentes langues et en ayant recours à des
symboles augmente la probabilité de faire passer le message
sur la dangerosité," explique Tom Peake. Dans cette
quête sur la transmission de la mémoire sur des millénaires,
toutes les pistes sont explorées, et l'idée selon
laquelle les communautés vivant à proximité
des sites joueront un rôle clé gagne du terrain.
L'Andra a récemment fait appel à une chercheuse
du CNRS pour comprendre l'origine et le mode de transmission des
légendes, avec une interrogation: peut-on imaginer qu'une
légende puisse naître autour d'un stockage géologique?
"Il ne faut pas créer une installation qui soit totalement
coupée de la société. Il faut que la société
porte cette mémoire avec elle dans le futur", estime
de son côté Claudio Pescatore, de l'Agence de l'OCDE
pour l'énergie nucléaire (AEN). Quel que soit le
débat, souvent passionnel, sur l'avenir du nucléaire,
ce travail sur la "mémoire plurimillénaire"
s'impose d'ores et déjà. "Même en imaginant
qu'on veuille changer de type d'énergie, il faut s'occuper
de tous les déchets radioactifs déjà produits
et encore à produire par le parc actuel (...) donc la problématique
de la mémoire doit être assurée", résume
Patrick Charton.
Le Berry Républicain, 23/6/2008:
Les deux départements figurent parmi les vingt départements qui, selon une étude nationale, disposent de terrains compatibles avec l'accueil d'un centre de stockage de déchets radioactifs. On ne connaît pas encore la liste des communes concernées mais les maires ont reçu un courrier en fin de semaine dernière de la part de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Ils sont invités à faire connaître d'ici le 31 octobre, leur intérêt pour accueillir le futur centre. L'association Sortir du nucléaire, opposée au projet, a publié une carte des zones concernées. Dans le Berry, l'étude de l'Andra met en avant une zone qui s'étire en gros de La Châtre jusqu'au canton de Nérondes, à l'est de Bourges., en passant par les cantons de Lignières, du Châtelet, Saint-Amand, Châteauneuf-sur-Cher, Dun-sur-Auron.
Le Berry Républicain, 22/6/2008:
Le Cher et l'Indre figurent parmi les départements
disposant de terrains capables d'héberger un centre de
stockage de déchets radioactifs. Vingt départements
disposent d'un terrain géologique a priori compatible avec
l'accueil d'un centre de stockage de déchets radioactifs
« de faible activité à vie longue »,
a indiqué vendredi l'Agence nationale pour la gestion des
déchets radioactifs (Andra). Parmi ces vingt départements,
figurent les deux du Berry. Selon le réseau Sortir du nucléaire,
l'étude met en avant une bande de terrains argileux s'étirant,
grosso modo de la région de La Châtre au secteur
de Nérondes, à l'est de Bourges, en passant par
les cantons de Lignières, du Châtelet, la région
de Saint-Amand, le canton de Dun-sur-Auron. (...) Le ministère
de l'Ecologie avait lancé le 5 juin un appel à candidatures
afin d'identifier les sites volontaires. Le centre, dont l'ouverture
est envisagée en 2019, doit permettre de stocker de déchets
radioactifs « de faible activité à vie longue
» (FAVL), dont la durée de vie est estimée
à au moins cinq mille ans, d'après l'Andra.
L'Union-Ardennes, 21/6/2008:
Le collectif contre l'enfouissement des déchets radioactifs (Cedra) a dégainé. Son porte-parole met en garde les élus locaux qui céderaient aux sirènes de l'argent
On ne les aura pas attendus longtemps. Les opposants au nucléaire, loin de défendre un unique site, se battent contre le principe même de production de déchets nucléaires.
Michel Marie, animateur du collectif contre l'enfouissement des déchets radioactifs (Cedra), dit être arrivé au coeur de cette lutte presque par accident, lorsqu'il a voulu glaner des informations sur le projet de laboratoire d'étude du stockage, qui s'est monté près de chez lui, à Bure (Meuse).
Il a découvert que l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) était en charge du dossier, comme elle l'avait été de celui du centre de stockage de Soulaines-Dhuys (Aube), implanté au début des années 90.
Communication opaque
Aujourd'hui, l'État veut créer un centre par beaucoup d'aspects comparable à celui de l'Aube. On sait que 47 communes du Vouzinois (celles des cantons de Vouziers, Monthois et Machault) font partie des 3.000 qui peuvent se porter volontaires. La carotte consiste en un pactole financier non négligeable (taxe professionnelle, foncière, création d'emplois).
Aux élus qui seraient tentés par l'aventure, Michel Marie adresse une sérieuse mise en garde. Fort de son étude de Soulaines, il possède un certain recul que n'ont pas les responsables politiques locaux et quelques arguments bien sentis. « Depuis le 5 juin, je rame pour avoir la liste des 3.000 communes ! » commence Michel Marie. Sa remarque vaut pour les 20 départements concernés.
« On parle de l'Aube, de la Meuse, des Vosges, de la Meurthe-et-Moselle, de la Haute-Marne Dans le Lot, certains seraient déjà intéressés. Mais impossible de connaître toutes les communes ». Il semble, en effet, que certaines préfectures, comme celle des Ardennes, ont choisi la transparence, quand d'autres sont plus gênées aux entournures au moment d'ouvrir le dossier.
Rejets gazeux
À Soulaines, « on a ramé des années pour faire accepter le fait que la cheminée émet des rejets radioactifs », raconte Michel Marie, qui s'affiche décidément comme un pro de la pagaie. Une étude indépendante a finalement montré un dégagement de tritium, malgré les dénégations antérieures des responsables que rapporte l'animateur du Cedra. « L'exploitation du site de Soulaines devait durer 30 ans, puis 40, 50 et maintenant on parle de 60 ou 70 ans ! » s'indigne encore Michel Marie.
Exploitation à rallonge
« Au départ, on dit aux gens et aux élus locaux : « on est là pour 30 ans » et puis une fois qu'ils ont le doigt dans l'engrenage, on crache le morceau ! » De plus, lors qu'il devait suffire de 300 ans pour parvenir à la décroissance de la radioactivité des éléments stockés à Soulaines (faible et moyenne radioactivité), la présence de Plutonium 241 amène ce chiffre à 240.000 ans ! Enfin, à Bure, une pétition demandant un référendum sur le projet et signée par 50.000 électeurs n'aurait pas pesé contre les décisions d'une soixantaine d'élus. Un argument de plus
Contact : 03.25.04.91.41. ou cedra.org@orange.fr ou www.burestop.org
L'Union, 21/06/2008:
«Dans l'hypothèse où une fermeture du CEC de Givet se confirmerait, nous souhaitons poser la candidature de la Pointe des Ardennes pour accueillir la deuxième centrale nucléaire EPR, évoquée par le Premier Ministre, François Fillon, lors d'une interview télévisée la semaine dernière ». Sans vouloir s'offrir à peu de frais un mauvais jeu de mots, le texte cosigné par Benoît Huré, Marc Laménie, Bérengère Poletti, Jean-Luc Warsmann, Boris Ravignon et Claude Wallendorff va à coup sûr provoquer des retombées. Et pas seulement politiques, bien que les élus de gauche du département, à commencer par le député de la Pointe ou la maire de Chooz, n'aient pas été associés à cette démarche. A l'heure ou sur le Vouzinois, les opposants au projet de déchèterie nucléaire commencent à s'organiser), cette annonce va certainement être ressentie comme une véritable provocation par tous ceux qui aspirent à vivre ailleurs qu'à l'ombre d'une tour de refroidissement. Pour leur part, les signataires préfèrent, et on les comprend, mettre l'accent sur d'autres retombées, qui ne se chiffrent pas en becquerels mais en euros ou en emplois. « La phase de construction d'une telle centrale mobilise traditionnellement deux à trois mille emplois et, une fois construite, une nouvelle centrale EPR induirait plusieurs centaines de postes pérennes, ainsi que des retombées fiscales importantes pour l'ensemble des Ardennais », rappellent-ils avant de souligner que « L'Etat, par l'intermédiaire d'Hervé Morin, ministre de la Défense, a confirmé que les Ardennes seraient aidées, le cas échéant, dans leur effort de reconversion par un « contrat de site » doté d'importants moyens financiers. Les élus en prennent acte. Ils ont décidé d'engager la réflexion sur le contenu possible de ce nouveau contrat, en termes d'emplois, d'infrastructures et d'investissements publics ». En clair, tu me prends le centre commando, mais en contrepartie tu me donnes une centrale. Si ce projet aboutit, c'est sur le site de Chooz que sera assemblé le nouveau réacteur. Jean-Paul Joly, le directeur de l'actuelle centrale, se borne à indiquer qu'il n'est pas habilité à répondre aux questions concernant ce dossier, ni même à confirmer la capacité du site calcéen à accueillir une nouvelle unité. Mais Boris Ravignon, président de la commission des affaires économiques au conseil général, est plus prolixe. « Il y a suffisamment de place à Chooz pour un réacteur EPR. Et quand on regarde une carte de France, il n'y a pas beaucoup de sites susceptibles d'être concernés. De plus, nous avons l'avantage d'être situés à proximité du marché énergétique constitué par l'Allemagne et le Bénélux. Nous avons déjà pris quelques contacts à Paris et la candidature ardennaise est tout sauf farfelue ». Prochaine étape, l'organisation « dès que possible, d'une réunion avec l'ensemble des élus concernés, pour constituer le dossier de candidature des Ardennes, qu'ils défendront ensuite auprès de l'Etat et d'EDF ».
20/6/2008 - Quelque vingt départements disposent d'un terrain géologique a priori compatible avec l'accueil d'un centre de stockage de déchets radioactifs "de faible activité à vie longue", a indiqué vendredi l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Dans ces vingt départements (Ardennes, Aude, Aveyron, Cher, Eure, Indre, Lot, Marne, Haute-Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle, Nord, Oise, Pas-de-Calais, Bas-Rhin, Seine-Maritime, Somme, Tarn-et-Garonne, Vosges), inclus dans huit régions, 3.115 communes sont "susceptibles d'accueillir le centre", a déclaré Jacqueline Eymard, porte-parole de l'Andra. Ces communes, dont la liste n'est pas rendue publique, mais dont les maires ont reçu un courrier jeudi ou vendredi, sont appelées à faire connaître d'ici au 31 octobre 2008 leur intérêt pour le projet, selon l'Andra. Des études plus approfondies seront ensuite réalisées pour départager les candidats. La démarche "ouverte et progressive, basée sur le volontariat des collectivités locales", selon un document de l'Andra, se veut résolument "transparente", a expliqué Mme Eymard. Le ministère de l'Ecologie avait lancé le 5 juin un appel à candidatures afin d'identifier les sites volontaires. Le centre, dont l'ouverture est envisagée en 2019, doit permettre de stocker de déchets radioactifs "de faible activité à vie longue" (FAVL), dont la durée de vie est estimée à au moins 5.000 ans, d'après l'Andra. Les FAVL comprennent, entre autres, les déchets graphites, provenant de l'exploitation et du démantèlement d'anciens réacteurs EDF arrêtés, et les déchets radifères (pour radium, NDLR), que l'on trouve dans les composants électroniques ou les pots catalytiques, précise-t-on de même source. "Ce centre est une nouvelle épée de Damoclès sur notre tête. Rien ne peut contenir la radioactivité. En sous-sol, cela partira dans les nappes phréatiques", a dénoncé Michel Marie, porte-parole du Collectif contre l'enfouissement des déchets radioactifs (Cedra) basé à Chaumont. "Si ce projet est si bon, pourquoi les communes se voient-elle offrir une carotte financière ? On en a marre de ce rachat des consciences", a-t-il pesté.
L'Est Républicain, 17/6/2008:
C'est le Cedra (Collectif contre l'enfouissement des déchets radioactifs) qui tire la sonnette d'alarme. Le ministère de l'Ecologie a lancé le 5 juin dernier un appel à candidature pour la création d'un « site de stockage des déchets radioactifs de faible activité à vie longue (FAVL) ».Jusque-là, rien d'extraordinaire puisqu'il s'agit de gérer les déchets provenant « de l'exploitation et du démantèlement des réacteurs EDF de la filière Uranium naturel graphite gaz ». C'est très précis et il s'agirait là d'un stockage en subsurface, à une cinquantaine de mètres de profondeur.Le Cedra évoque une liste de 3.000 communes pressenties pour accueillir ce centre. Mieux, citant un journal du Sud de la France, le Cedra indique que des départements de l'Est sont dans la liste des loosers (perdants) : Ardennes, Marne, Vosges, Meurthe-et-Moselle, Aube, Haute-Marne et... Meuse.Certes sont également cités le Tarn-et-Garonne et le Lot, mais les opposants au nucléaire affichent déjà leur inquiétude de voir le département vert accueillir « une nouvelle poubelle atomique ».Ce sont les préfets qui écrivent aux maires de certaines communes dont le sous-sol calcaire serait apte à recevoir le site. Les représentants de l'Etat expédient des dossiers d'information dans les mairies qui pourront poser leur candidature jusque fin octobre 2008. Le choix du site interviendrait en 2010. L'autorisation de stockage fin 2013 pour une mise en service effective envisagée en 2019.Dans la Meuse, pour l'heure, aucun maire n'a encore reçu le dossier FAVL.La première réunion du CLIS de Bure étant programmée pour le 19 juin, avec son nouveau président -le député Christian Bataille -, on peut imaginer que le préfet de la Meuse n'ait pas souhaité ajouter un autre sujet de friction au dossier complexe de Bure...
JHM (Journal de la Haute-Marne), 17/6/2008:
La Haute-Marne est située dans l'une des huit régions concernées par l'implantation d'un futur site de stockage de déchets radioactifs dont l'ouverture est programmée en 2019. En tout, 151 communes ont été sollicitées dans le département. Surtout autour de Chaumont.
Ils sont 3 000 maires, en France, à avoir été contactés par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) pour se porter candidats à l'accueil du prochain site de stockage de déchets radioactifs de faible activité à vie longue (Le Journal de la Haute-Marne de samedi). En Haute-Marne, ils sont 151 (lire ci-dessous).
A vue de nez, on aurait plutôt eu tendance à tracer une ligne droite entre Soulaines-Dhuys et Bure, qui accueillent déjà des installations de l'Andra, pour situer les nouvelles zones qui ont été "élues" par l'Agence nationale. Raté. Hormis quelques communes situées autour de Montier-en-Der, dans le Nord du département, c'est plutôt vers les maires de la périphérie de Chaumont que l'on s'est cette fois adressé.
Le Cedra critique les pouvoirs publics
La préfecture a, depuis le début du mois, attiré l'attention des autorités locales sur le dossier. Les courriers de l'Andra, eux, ont été envoyés en fin de semaine dernière. Ils contiennent les dossiers de candidature qui devront être renvoyés avant la fin du mois d'octobre. L'annonce a évidemment fait réagir les associations opposés à l'enfouissement des déchets radioactifs au premier rang desquelles le Cedra (Collectif contre l'enfouissement des déchets radioactifs). Car les déchets stockés dans ce futur centre le seront à une profondeur allant de 50 à 200 m.
Le Cedra attaque en particulier le ministère sur son "manque de transparence", n'ayant pas réussi à obtenir la localisation de ces fameuses 3 000 communes. Le Journal de la Haute-Marne s'est procuré la liste de celles situés dans le département par des moyens "officieux", les services de la préfecture ayant visiblement préféré rester discrets sur la question.
Jamais trois sans quatre ?
Alors, la Haute-Marne se retrouvera-t-elle une nouvelle fois dans le périmètre d'un nouveau site de stockage ? Rien n'est moins sûr. Il faudra faire le point, dans quatre mois, sur l'enthousiasme (ou non) des maires ayant reçu le dossier de candidature. Toujours est-il qu'un quatrième site ne serait pas forcément bien perçu, vu le "background" du secteur plutôt chargé
« Comment espérer une quelconque attractivité de ces territoires alors qu'ils sont stigmatisés par déjà trois décharges atomiques, ou encore par une "Route des déchets nucléaires", joignant Brienne-le-Château à Bure », redoute le Cedra dans un communiqué. Certains élus, notamment dans le Sud de la France semblent s'être exprimés sur le sujet. Plutôt défavorablement. Les associations anti-enfouissement attendent maintenant que les élus du département en fassent autant.
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Les communes pressenties
Canton de Saint-Blin : Aillianville, Busson, Chalvraines, Chambroncourt, Humberville, Lafauche, Leurville, Liffol-le-Petit, Manois, Morionvilliers, Orquevaux, Prez-sous-Lafauche, Saint-Blin, Semilly, Vesaignes-sous-Lafauche.
Canton de Châteauvillain : Aizanville, Blessonville, Braux-le-Châtel, Bricon, Cirfontaines-en-Azois, Châteauvillain, Dinteville, Laferté-sur-Aube, Lanty-sur-Aube, Latrecey-Ormoy-sur-Aube, Orges, Pont-la-Ville, Silvarouvres, Villars-en-Azois.
Canton d'Andelot-Blancheville : Andelot-Blancheville, Bourdons-sur-Rognon, Briaucourt, Chantraînes, Cirey-les-Mareilles, Consigny, Darmannes, Ecot-la-Combe, Forcey, Mareilles, Montot-sur-Rognon, Reynel, Rimaucourt, Rochefort-la-Côte, Signéville, Vignes-la-Côte.
Canton de Chaumont-Nord : Treix
Canton de Doulaincourt-Saucourt : Roches-Bettaincourt, Cerisières, Domrémy-Landéville, Donjeux, Doulaincourt-Saucourt, Gudmont-Villiers, Mussey-sur-Marne, Pautaines-Augeville, Rouécourt, Rouvroy-sur-Marne, Saint-Urbain-Maconcourt, Vaux-sur-Saint-Urbain.
Canton de Juzennecourt : Autreville-sur-la-Renne, Blaisy, Colombey-les-Deux-Eglises, Curmont, Juzennecourt, Lachapelle-en-Blaisy, Lamothe-en-Blaisy, Maranville, Meures, Montheries, Rennepont, Rizaucourt-Buchey, Sexfontaines, Vaudrémont.
Canton de Poissons : Aingoulaincourt, Annonville, Cirfontaines-en-Ornois, Echenay, Effincourt, Epizon, Germay, Germisay, Gillaume, Lezéville, Montreuil-sur-Thonnance, Noncourt-sur-le-Rongeant, Pancey, Paroy-sur-Saulx, Poissons, Sailly, Saudron, Thonnance-les-Moulins.
Canton de Chaumont-Sud : Foulain
Canton de Vignory : Annéville-la-Prairie, Bologne, Daillancourt, Froncles, La Genevroye, Guindrecourt-sur-Blaise, Lamancine, Marbéville, Mirbel, Ormoy-les-Sexfontaines, Oudincourt, Soncourt-sur-Marne, Viéville, Vignory, Vouécourt, Vraincourt.
Canton de Montier-en-Der : Ceffonds, Droyes, Frampas, Longeville-sur-La-Laines, Louze, Montier-en-Der, Planrupt, Puellemontier, Robert-Magny, Laneuville-à-Rémy, Sommevoire.
Canton de Saint-Dizier Ouest : Eclaron, Braucourt-Sainte-Livière.
Canton de Bourmont : Bourg-Sainte-Marie, Bourmont, Brainville-sur-Meuse, Champigneulles-en-Bassigny, Chaumont-la-Ville, Clinchamp, Doncourt-sur-Meuse, Germainvilliers, Goncourt, Graffigny-Chemin, Hacourt, Harréville-les-Chanteurs, Huilliécourt, Illoud, Levécourt, Malaincourt-sur-Meuse, Nijon, Outremécourt, Ozières, Romain-sur-Meuse, Saint-Thiébault, Sommerécourt, Soulaucourt-sur-Mouzon, Vaudrécourt, Vroncourt-la-Côte.
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L'inquiétude du maire de Briaucourt
Gilbert Vallot a reçu, avec inquiétude, un courrier de la préfecture lui annonçant que le sous-sol de sa commune « présente les caractéristiques géologiques potentiellement favorables », pour accueillir un site de stockage de déchets radioactifs de faible activité et à vie longue.
Sans tambour ni trompette, la préfecture de Haute-Marne a envoyé un courrier le 6 juin à 144 communes de Haute-Marne (voir la liste). Celles-ci ont été choisies car elles présentent « les caractéristiques géologiques potentiellement favorable » pour accueillir un site de stockage de déchets radioactifs de faible activité et à vie longue. Une information que le maire de Briaucourt a reçu avec « inquiétude » car accompagnée « sans autres renseignements que ceux du courrier » qui reste très vague. La préfecture indique seulement qu'un dossier plus complet sera transmis par l'Andra (agence nationale des déchets radioactifs) d'ici la mi-juin. « Il n'y a pas eu de réunions préparatoires, je suis tombé des nues », déclare Gilbert Vallot.
Ce dernier, ne souhaite pas prendre de décision sans avoir au préalable consulté les habitants de sa commune. « Ce sont les premiers concernés, je ne veux pas engager l'avenir de la population sans la consulter », affirme le maire qui aujourd'hui attend d'avoir plus de précisions avant d'interpeller les habitants. « Mais c'est un dossier qui pose beaucoup de questions. Qui mesurera les radiations ? Je n'ai plus confiance en les services de l'Etat. On peut berner un maire comme on veut et le reste de la population également », lance Gilbert Vallot.
Une carotte financière
La préfecture fait état d'un appel à candidature
lancé pour la mi-juin. Nous y sommes et le maire n'a toujours
pas reçu le dossier complet de l'Andra. Il ne peut donc
prendre de décision.
En revanche, la préfecture n'oublie pas d'évoquer les contre-parties financières : « L'implantation d'un tel stockage devra se traduire par un développement harmonieux du territoire d'accueil. Le préfet sera amené à piloter localement les démarches d'accompagnement économique afin de garantir leur cohérence avec les projets de territoire et avec les candidatures qui seront retenues fin 2008. »
Près de 3 000 communes ont été
répertoriées comme candidates potentielles d'un
nouveau centre de stockage. Si la Haute-Marne était retenue
cela ferait beaucoup sachant que le site de Bure est limitrophe
et que Soulaines n'est pas bien loin.
La dépêche du Midi, 16/6/2008:
Environnement. Dans les cantons de Caussade, Caylus, Saint-Antonin et Montpezat.
Missionnée par le ministre de l'Écologie Jean-Louis Borloo, l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), dans le cadre de sa recherche d'un site d'implantation pour un stockage de déchets radioactifs de faible activité et à vie longue, a saisi le préfet Danièle Polvé-Montmasson qui expliquait hier soir : « Mon rôle est purement informatif à l'égard des maires potentiellement concernés par les zones susceptibles d'accueillir ce style de site.»
VOLONTARIAT DES MAIRES
Dans le département, trente-trois communes de quatre cantons
du Quercy (Caylus, Saint-Antonin, Caussade, Montpezat-de-Quercy)
sont visées par la démarche qui est également
d'actualité dans le Lot, le Tarn, et dans d'autres départements
du centre, du nord et surtout de l'est du pays.
«Il s'agit essentiellement de communes dont le territoire est, a priori, favorable, au plan géologique (sous-sol de lias, un calcaire), à l'accueil d'une telle installation», précise le préfet. Les maires de ces communes recevront, dans les jours à venir, un dossier d'information complet. Ils auront la possibilité de manifester leur intérêt pour le projet car il faut noter que c'est sur la base du volontariat que s'exercera le choix final.»
Les élus disposent jusqu'à fin octobre 2008 pour se positionner, puis, le cas échéant, de confirmer leur candidature jusqu'au second semestre 2010.
Selon l'Andra, «l'objectif est de procéder au choix de site fin 2010, en vue d'une demande d'autorisation de création du centre de stockage fin 2013. La mise en service du stockage est envisagée en 2019.»
Même s'il est question de mesures incitatives, pour l'heure, les premières réactions révèlent une hostilité limpide chez les élus.
«Je suis complètement opposé à ce projet», martèle Raymond Massip, conseiller général de Montpezat. «Nous ne sommes pas sûrs à 100% que ce soit sans réaction; il peut y avoir encore beaucoup de radioactivité dans les déchets. Nous n'avons pas besoin d'implanter un tel site ici. Oui, on m'a contacté, et j'ai dit non.»
Même son de cloche chez le conseiller général du canton de Caylus, Léopold Viguié: «Il faut croire que l'on voit notre territoire comme une zone déshéritée dont il pourrait être fait une réserve. Déjà en perte de vitesse, ce serait la fin du tourisme, la désertification... Le canton serait rayé de la carte. On nous dira qu'il n'y a aucun risque et que cela créera des emplois, mais ce serait une catastrophe.»
Jean-Paul Raynal, conseiller général du canton de Saint-Antonin, est aussi «fermement opposé... Dans la continuité de parcs naturels régionaux, notre canton a un patrimoine naturel que l'on fait l'effort de préserver, ce n'est pas une poubelle. Je ferai partie d'un éventuel collectif pour refuser ce site s'il s'en crée un».
Une hypothèse qui fait déjà son chemin à la lumière des propos de Gérard Agan, maire de Saint-Antonin: «J'y suis totalement hostile. Il faudra monter au créneau. C'est n'importe quoi! Tous nos efforts de mise en valeur du patrimoine naturel de notre territoire seraient niés.»
Christian Maffre, maire de Caylus et nouveau président du centre permanent d'initiatives à l'environnement, se veut très prudent, dans l'attente, lui, d'une information officielle: «J'attends d'avoir une information par les canaux institutionnels. J'y suis, bien sûr, a priori, hostile. La crainte de voir associer notre territoire à des déchets nucléaires serait un mauvais coup. La présence du camp militaire pourrait donner des idées de reconversion facile à l'État. Nous examinerons de près la situation dès que nous en serons informés officiellement.»
Enfin, André Massat, président de la communauté de communes, confirme avoir reçu une demande concernant le site de l'ancienne cimenterie de Lexos. «Je n'ai pas l'intention de donner suite. On ne s'est pas battu contre le projet de France Déchets pour en arriver là. À titre personnel, je suis contre. Bien entendu, le bureau communautaire sera saisi et je réunirai l'ensemble des élus pour examiner les intentions réelles de l'administration en la matière.»
Une chose est sûre: dans le Quercy, le dossier n'a pas fini d'alimenter les conversations.
La Dépêche du Midi, 16/6/2008:
Lot, Tarn-et-Garonne. Les préfets ont pour mission de sonder les maires pour l'accueil de centres de stockage.
«Votre sous-sol nous intéresse » C'est en substance, ce que vient de déclarer Jean-Louis Borloo à un certain nombre de maires de France. Ce sont les préfets qui ont été chargés de relayer l'information. Ce sont surtout les régions Centre et Alsace-Lorraine qui sont pressenties.
Mais aussi les départements du Lot et
du Tarn-et-Garonne.
Il s'agit d'accueillir des décharges pour des déchets
dits « de faible activité à longue vie »,
principalement graphites ou radifères. Les déchets
radifères viennent de terres contaminées issues
de la réhabilitation d'anciens sites industriels ayant
utilisé des éléments radioactifs, en particulier
le radium.
[Lire:
Exemples de sites pollués suite à une activité
industrielle (voir la carte des poubelles nucléaires):
- Gif-sur-Yvette (Essonne).
- Lotissement
contaminé à
Gif-sur-Yvette
- La
halte-garderie du 12 rue Chomel à Paris
- Un ancien laboratoire
Curie au centre ville
d'Arcueil
- Les peintures luminescentes au radium: L'affaire Bayard
Le Bouchet:
- L'histoire
du Bouchet
- 20 000
tonnes de déchets nucléaires dorment près
de Paris (une "poubelle"
radioactive voisine avec les onze mille habitants de trois communes
de l'Essonne, Ballancourt, Itteville, Vert-le-Petit)
La décharge de Saint-Aubin (Essonne) et les fûts fissurés de Saclay]
Il peut s'agir également de déchets issus du traitement du minerai utilisés pour la fabrication de composants électroniques, de pots catalytiques dans l'industrie automobile, ou dans la métallurgie fine.
Les déchets graphites sont des déchets solides, produits essentiellement par le CEA et EDF. Ils sont issus du démantèlement de la première génération de centrales nucléaires. Il faut selon le ministère trouver des solutions avant 2013 pour envisager la mise en service de ces zones de stockage en 2019.
Le BRGM a été chargé de situer dans quelles zones il serait possible d'implanter ces décharges. Elles doivent bien évidemment être à l'abri des séismes ou des remous hydrauliques, et bien sûr à l'écart des sources hydrothermales ou pétrolifères. Ainsi, toutes les zones montagneuses sont exclues Pyrénées, Massif Central, Alpes, etc.
Et voilà comment notre Quercy avec son paisible calcaire devient le milieu minéral idéal pour enfouir ce type de déchets. Et que 183 communes du Lot et 33 du Tarn-et-Garonne ont été sollicitées
Seulement voilà : l'annonce des préfets suscite un rejet unanime ! Malgré les précautions oratoires du ministre, qui parle de « développement harmonieux » et « d'accompagnement économique », ce qui signifie qu'à la clé ces centres d'enfouissement pourraient engendrer des dédommagements généreux pour les communes. Malgré tout, c'est « niet » dans le Quercy !
« Tous les maires vont obligatoirement répondre qu'ils ne sont pas intéressés par une telle proposition », avertit Gérard Miquel, le président du conseil général, un élu qui a beaucoup travaillé sur les dossiers environnementaux, notamment l'eau et les déchets. Même son de cloche dans le Tarn-et-Garonne où des conseillers généraux comme Léopold Viguié, Jean-Paul Raynal, ou Raymond Massip se sont prononcés contre.
Dans le Quercy, on met en avant les aspects touristiques : qui aurait envie de venir passer ses vacances à l'ombre d'une poubelle nucléaire ?
16/6/2008 - Les
critères à retenir lors de la recherche d'un site
et de la conception d'une installation pour le stockage des déchets
radioactifs de faible activité à vie longue (déchets
FAVL) ont été rendus publics lundi par l'Autorité
de sûreté nucléaire (ASN) sur son site internet.
Les principaux points de cette "note d'orientations générales
de sûreté" portent sur les objectifs de protection
de la santé des personnes et de l'environnement, les principes
de sûreté et les bases de conception de l'installation
de stockage liées à la sûreté, la méthodologie
de démonstration de la sûreté après
la fermeture de l'installation de stockage de ces déchets
de faible activité à vie longue. Les produits concernés
sont notamment les déchets de graphite issus du démantèlement
des centrales nucléaires de la filière "uranium
naturel-graphite-gaz" et des
déchets "radifères" provenant essentiellement
du traitement de minerais utilisés notamment pour la fabrication
de composants électroniques et de pots catalytiques dans
l'industrie automobile. Le texte, souligne
l'ASN, a été élaboré avec l'appui
de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire
(IRSN), avec consultation de l'Agence nationale pour la gestion
des déchets radioactifs (ANDRA). Cette note est consultable
sur le site www.asn.fr
Communiqués de presse "Réseau
sortir du nucléaire", 12/6/2008:
- Le Réseau "Sortir du nucléaire"
dénonce une véritable "corruption légale"
et prédit de fortes mobilisations
- Un Débat public sur le démantèlement reste
nécessaire avant d'envisager un stockage ou toute autre
option
Le Ministère de l'écologie a lancé jeudi 5 juin un appel à candidature pour la recherche d'un site de stockage de déchets radioactifs. Connaissant de longue date les pratiques déloyales des promoteurs de l'atome, le Réseau "Sortir du nucléaire" ne croit pas à la sincérité de cette démarche et soupçonne le ministère de l'écologie d'avoir préalablement convaincu des élus de se porter candidats.
Ces derniers, feignant de participer à une procédure démocratique, ne devraient pas tarder à se faire connaître. D'ailleurs, selon nos informations, des candidatures "spontanées" seraient déjà prévues dans les régions Centre, Alsace, Lorraine, ainsi que dans les départements du Lot et du Tarn-et-Garonne : le caractère "bidon" de l'appel à candidatures semble avéré.
Comme ce fut le cas lors de la désignation de Bure (Meuse) pour recevoir un site de stockage profond de déchets nucléaires, on peut s'attendre au déversement de puissantes mannes financières, une sorte de "corruption légale" destinée à s'assurer la collaboration d'élus au détriment des populations locales.
On notera d'ailleurs que cette procédure surgit quelques semaines après les élections municipales : il est clair qu'aucun candidat n'aurait été élu si le projet de recevoir les déchets nucléaires avait été connu des électeurs, lesquels ont donc été trompés.
Par ailleurs, le texte du ministère annonce que le site en question devra accueillir des déchets issus du démantèlement de certains réacteurs. Or, le Réseau "Sortir du nucléaire" a officiellement demandé un Débat public national sur la question du démantèlement.
Une consultation(*), très insuffisante mais ayant au moins le mérite d'exister, est d'ailleurs en cours sur le site web de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) : une fois de plus, quand il est question de nucléaire, le résultat est connu à l'avance !
Le Réseau "Sortir du nucléaire" soutiendra et au besoin structurera les mobilisations citoyennes nécessaires pour faire échec à ce projet de stokage de déchets radioactifs. La première chose à faire, considérant les problèmes insolubles crées par les réacteurs actuels et les déchets qu'ils ont déjà génèré, est de programmer la fermeture la plus rapide possible de ces réacteurs et, a fortiori, d'annuler tout projet de construction de nouveaux réacteurs.
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(*) L'ASN a lancé sur son site Web un semblant de consultation sur la question du démantèlement, sans doute pour tenter de faire oublier que le décret de démantèlement de la centrale de Brennilis (Finistère) a été annulé pour défaut de consultation de la population. Mais cette petite "cyber-consultation" ne saurait remplacer un Débat public... ce que n'ont pas manqué de rappeler les internautes.
La Dépêche du Midi, 4/6/2008:
Un site est recherché dans 20 départements
Le département du Lot plus souvent perdant sur le terrain des services publics, trains, arrêts en gares, écoles, bureaux de postes, pourrait cette fois regretter d'avoir gagné. Le Lot figurerait sur une liste d'une vingtaine de départements français retenus par le Ministère de l'Ecologie et du développement durable et susceptibles d'accueillir un jour un centre de stockage de déchets radioactifs à faible activité. L'information encore au conditionnel serait dévoilée dans les prochains jours par le ministère. « Ce n'est pas une affaire purement lotoise », tenait à préciser, hier soir, la préfète Marcelle Pierrot confirmant que le ministère de Jean-Louis Borloo « allait lancer un appel à candidature ».
Les associations de protection de l'environnement ou qui militent contre le nucléaire comme « Sortir du nucléaire » pourtant très actives dans le département et qui ont un réseau bien organisé n'avaient, hier, aucun élément sur un sujet qui reste ici très sensible. La surprise est totale même si les anciens du mouvement se rappellent qu'il y a une petite dizaine d'années le Lot avait été, déjà, pressenti pour un projet de stockage de déchets tout aussi radioactifs.
« La région visée se situait, alors, dans la partie Nord Est du département, dans le secteur Sousceyrac, Latronquière et en limite avec le Cantal, une zone granitique », se rappelle Philippe Cruzelles de « Sortir du nucléaire ». Ce dernier ajoute : « Le projet d'enfouissement avait été éventé et finalement abandonné ». L'idée que l'État serait en quête de nouveaux lieux de stockage semble plausible et dans cette éventualité, les zones peu urbanisées des causses lotois seraient une possibilité parmi d'autres.
Dans la « vaste consultation » pour reprendre le mot de la préfète que s'apprête à engager le ministère, il sera tenu compte des caractéristiques géologiques des sites. Le réseau karstique qui fait la particularité du sous-sol lotois marqué par les infiltrations d'eau, semble d'emblée inapte à recevoir des fûts contenant des matières même faiblement radioactives. C'est l'argument sur lequel pourraient s'appuyer les associations de défense dans le Ségala et ailleurs que cette nouvelle inattendue paraît avoir réactivées.
Le Dauphiné Libéré, 7/5/2008:
La centrale nucléaire du Bugey, située sur le bord du Rhône, regroupe quatre unités de production d'électricité et une unité en cours de déconstruction, comme prévu au programme entrepris par EDF en 2001. Également concernées par ce plan de déconstruction: sept autres tranches nucléaires dites de "première génération", ainsi que le réacteur de Creys-Malville (Isère).
Une installation de conditionnement et d'entreposage. "En conformité avec ce programme de déconstruction, EDF a pour projet de construire une installation provisoire permettant de conditionner et d'entreposer des déchets nucléaires (moyenne activité à vie longue) issus de ces 9 réacteurs en déconstruction, ainsi que certains déchets de même nature provenant des réacteurs en exploitation", explique Jacques Munier, directeur de la centrale du Bugey.
Une solution intermédiaire en attendant que ces déchets soient évacués vers le centre de stockage définitif de l'Andra (Agence Nationale pour la gestion des Déchets radioactifs) prévu dans la loi-programme sur la gestion des matières et déchets radioactifs à l'horizon 2025. Cette solution s'appelle Iceda, soit "Installation de conditionnement et d'entreposage de déchets activés". Un projet programmé sur le site du Bugey. Globalement, le chantier de construction d'Iceda est chiffré à quelques dizaines de millions d'euros. Il devrait débuter en 2008 pour une durée de 3 ou 4 ans.
Afin d'effectuer des essais précis sur le comportement des sous-sols de la zone susceptible d'accueillir le bâtiment Iceda et affiner les calculs, un chantier de mesures et de forage se déroule sur le site jusqu'en juin. Il s'agit de tester, en grandeur nature sur une superficie de 100 m?, les fondations profondes du futur bâtiment. Actuellement sont réalisés des forages dans lesquels sont coulées des colonnes cylindriques de 45 mètres de long en béton armé (inclusions rigides).
Des essais sur le comportement des sous-sols. La prochaine étape sera la construction de deux dalles béton, sur lesquelles des essais vibratoires seront réalisés pendant une quinzaine de jours. Ensuite, place aux tests de tassement, effectués en chargeant les dalles de tonnes de terre amenées par camions depuis une parcelle, propriété d'EDF située à proximité du futur chantier. Le lancement de la construction d'Iceda reste conditionné à l'obtention du décret d'autorisation de création et que le projet a fait l'objet d'une enquête publique durant l'été 2006.
Pourquoi ce site ? Pourquoi EDF a-t-elle choisi le site du Bugey pour cette installation et dans quel contexte ? La centrale du Bugey regroupe quatre unités de production d'électricité et une unité en cours de déconstruction. Pour le transport de ces déchets, le rail a eu la préférence d'EDF, le site de Bugey dispose d'une entrée ferroviaire. Enfin, il fallait un site de production possédant suffisamment de foncier pour ne pas que cela gêne la construction d'autres moyens de production. C'est également le cas du Bugey.
REPÈRES
L'instruction
Depuis l'enquête publique de l'été 2006, le
processus réglementaire du projet d'implantation d'Icéda
suit son cours. Le dossier a été examiné
en mars 2007 par l'Autorité de sûreté nucléaire,
qui a demandé à EDF des compléments d'analyse
et diverses précisions (notamment sur les fondations du
bâtiment) pour poursuivre l'instruction visant à
délivrer le décret d'autorisation de création.
Le calendrier
2005: Décision d'EDF d'implanter une Iceda (Installation
de conditionnement et d'entreposage de déchets activés)
à Saint-Vulbas.
2006: Enquête publique.
2008: L'instruction du dossier se pousuit.
2009: Probable parution
du décret d'autorisation de création. Début des travaux de construction de l'Iceda
qui, prévus sur 3 ans, devraient générer
200 à 300 emplois.
2012: Mise en service.
2020-25: Fin de la déconstruction de Bugey 1 et des autres
réacteurs "première génération".
La déconstruction des centrales
En 2001, EDF décide de déconstruire ses neuf réacteurs
définitivement mis à l'arrêt: un à
Brennilis (Finistère), trois à Chinon, deux à
Saint-Laurent (Touraine), un à Chooz (Meuse), et ceux de
Bugey 1 (Ain) et de Creys-Malville (Isère). Pour ce faire,
EDF s'engage en octobre 2005 à respecter un délai
de 25 ans.
Dauphiné Libéré, 27/4/2008:
La construction de l'installation de conditionnement et d'entreposage de déchets activés (Iceda) est prévue pour 2009 sur le site de la Centrale nucléaire du Bugey, à Lagnieu. Avant d'ériger le bâtiment censé abriter 500 tonnes de déchets radioactifs issus du démantèlement de neuf réacteurs dont Bugey 1, des essais sont nécessaires pour tester le comportement des sous-sols de la zone qui accueillera Iceda. Depuis une dizaine de jours et jusqu'en juin, un chantier est en cours pour construire deux plates-formes et ensuite procéder aux essais. L'une d'elles sera soutenue par neuf colonnes en béton armé, planté à 43 mètres de profondeur. Les résultats des tests vibratoires et de tassement de chacune des plates-formes seront ensuite comparés. Une zone de 100m2 est dévolue à ce chantier complexe, étape incontournable pour obtenir, courant 2009, le décret d'autorisation de construction qui lancera les travaux d'Iceda, dont la mise en service est annoncée pour 2012.
3/12/04 - Le rapport sur la recherche et les solutions à apporter au stockage des déchets nucléaires sera déposé à l'Assemblée nationale dans le courant du mois de mars 2005, ont indiqué vendredi deux dputés de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques.
Au terme de ce rapport et des études menées notamment sur le laboratoire souterrain de Bure (Meuse), le Parlement devrait se prononcer en 2006 sur les filières à retenir pour stocker ces déchets dangereux (stockage souterrain, en surface).
A Bar-le-Duc, les deux députés Christian Bataille (PS, Nord) et Claude Birraux (UMP, Haute-Savoie) ont procédé à des auditions d'élus, de fonctionnaires et d'associations. Une cinquantaine de militants d'un Collectif contre l'enfouissement des déchets ont transmis une lettre ouverte, refusant symboliquement de discuter avec les représentants de l'Office parlementaire.
"Nous avons eu le sentiment qu'il y a
un manque d'information, une lacune dans le rôle du CLIS
(Comité local d'information et suivi) qui doit être
l'interface entre l'exploitant et la population", a expliqué
Claude Birraux.
L'Est Républicain, 27/11/2004 :
BAR-LE-DUC. - L'ouverture des « Entretiens européens » sur la gestion des déchets nucléaires s'est déroulée hier, dans une ambiance perturbée par quelques dizaines de manifestants des Collectifs opposés à l'enfouissement, principalement de Meuse et Haute-Marne, les deux départements à la lisière desquels un centre de stockage souterrain pourrait se substituer au laboratoire de recherche actuel.
Quelques échauffourées avec les forces de l'ordre ont eu lieu lorsque les manifestants ont voulu empêcher les trois cents participants - essentiellement des experts internationaux - de pénétrer dans l'amphithéâtre. (voir: les sites web des opposants au stockage des déchets: Coordination nationale contre l'enfouissement des déchets nucléaires ; Bien profond ; Collectif Citoyen Normand ; Collectifs de lutte contre l'Enfouissement des Déchets nucléaires en Bretagne ; Collectif Anti Déchets Radio-Actifs ; Mayenne nucléaire ; Serènes sereines ; Pays vert...)
Trop d'inconnues
Avec une bonne demi-heure de retard, le colloque débutait avec un plaidoyer de Christian Namy, président du conseil général de la Meuse, qui a fait part de ses inquiétudes à deux ans de l'échéance de la loi Bataille. « Trop d'interrogations subsistent : absence d'un deuxième site d'expérimentation, quel dispositif d'accompagnement après 2006 ? »
L'élu meusien de droite a d'ailleurs reçu le soutien inattendu de Jean-Yves Le Déaut, le député socialiste de Meurthe-et-Moselle, spécialiste des affaires nucléaires, qui a affirmé qu'il prendrait ses responsabilités en 2006 si certains préconisent la nécessité d'un second labo. « Et je suggérerai alors que le moment n'est pas venu de choisir » (quelle solution définitive retenir), a précisé le parlementaire, « pas persuadé que l'enfouissement soit d'une urgence absolue ». (voir la carte des déchets radioactifs en France de l'ANDRA)
La poursuite des recherches, compte tenu du retard accumulé sur le site argileux de Bure, et la possibilité de pouvoir comparer les études avec un second site en milieu granitique sont parmi les exigences formulées par les Meusiens en vertu des engagements qu'ils ont pris pour accepter la construction du le labo de Bure.
Exemples finlandais et suédois
Autre recommandation formulée, la dimension locale du débat public ne devra pas être éclipsée par l'importance de l'enjeu national. Dans ce cadre, une forme de démocratie participative reste à définir, sur la base d'un livre blanc comme l'a suggéré Patrick Devedjian, ministre de l'Industrie, lors de son message diffusé en vidéo au cours de ce colloque.
Un tel dialogue a déjà été expérimenté en Finlande et en Suède, avec en amont une large consultation des populations pour finir par un référendum d'initiative locale. Ces deux pays ont d'ailleurs choisi la voie de l'enfouissement de leurs déchets, tout comme l'Allemagne.
En France, le débat national devrait commencer à voir le jour début 2005, Jean-Yves Le Déaut ayant annoncé que trois réunions publiques contradictoires étaient envisagées sur la question de ces déchets, fin janvier et début février, vraisemblablement dans le cadre de l'Office parlementaire d'évaluation dont il est le vice-président.
Gérard BONNEAU
A lire:
Ces déchets nucléaires dont on
ne sait que faire
Programme de
recherche et activité d'un laboratoire souterrain
Mémoire
pour la réversibilité des stockages
Quelques
aspects de la règlementation concernant la gestion des
déchets nucléaires et problèmes sanitaires
L'enfouissement
des déchets radioactifs est-il aussi rassurant que le prétend
L'ANDRA ?
Graves difficultés
techniques pour le stockage aux USA
La science-fiction
appliquée aux déchets
Déchets, Ni
ici, ni ailleurs, mais où ?
et 2 vieux articles de Science &
Vie:
- Vivrez-vous près d'une poubelle nucléaire
?
- Déchets très radioactifs sous la
France tranquille
----> La décharge de
Saint-Aubin (Essonne) et les fûts fissurés de Saclay
----> Le site du fort de Vaujours renferme-t-il des "oubliettes" radioactives ?
----> Falsification des mesures de radioactivité effectuées à l'école Marie Curie de Nogent-sur Marne
----> L'assainissement du site du CEA à Fontenay-aux-Roses se poursuit
Communiqués de presse du Réseau
Sortir du nucléaire, 23/11/2004 :
Déchets nucléaires : les inventorier (enfin), ne
pas les banaliser, et surtout arrêter d'en produire!
PARIS (22 novembre 2004) - Le gouvernement a promis lundi qu'un projet de loi
sur les déchets radioactifs serait présenté
au parlement début 2006, sans s'engager pour autant à
ce qu'une solution définitive soit trouvée à
cette date sur ce dossier ultra-sensible, bête noire des
écologistes.
"Un livre blanc sera élaboré par le gouvernement
et permettra d'engager au second semestre 2005 une large concertation",
impliquant le Parlement et les collectivités locales concernées,
a expliqué devant la presse le ministre délégué
à l'Industrie Patrick Devedjian. "Les résultats
de cette consultation permettront au gouvernement de présenter
dès le début de l'année 2006 un projet de
loi sur les déchets radioactifs au Parlement", a-t-il
indiqué.
M. Devedjian n'a pas précisé si une solution serait retenue pour le stockage des déchets, ou si le gouvernement se donnerait une nouvelle période de réflexion. "Il faudrait qu'une solution soit retenue. Le débat doit avoir lieu, mais je ne veux pas aller plus vite que la musique", a-t-il expliqué.
La "loi Bataille" du 30 décembre 1991 donnait aux pouvoirs publics quinze ans pour approfondir les recherches et trouver une solution pour le stockage des déchets les plus dangereux, ceux résultant de l'activité des centrales nucléaires et ayant pour certains éléments une durée de vie de plusieurs millions d'années.
Le Parlement pourra s'appuyer notamment sur les premières données fournies par le laboratoire souterrain de Bure (Meuse), qui étudie la possibilité de stockage de ces déchets dans des couches géologiques argileuses. Un deuxième laboratoire souterrain dans des couches granitiques du grand Ouest, n'a jamais pu voir le jour en raison de l'hostilité des populations riveraines.
Au terme de ces études, la "loi Bataille" se contente de fixer un nouveau rendez-vous au Parlement, qui peut retenir une des filières proposées (stockage en profondeur, en surface ou proche de la surface, nature des couches géologiques concernées...) ou décider... de se donner à nouveau du temps pour la réflexion.
M. Devedjian s'exprimait à l'occasion de la publication du premier inventaire national des déchets radioactifs, réalisé par l'Andra (www.andra.fr). L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs recense pour la première fois l'ensemble des déchets radioactifs présents sur le territoire, qu'il s'agisse de combustibles usés hautement radioactifs provenant des centrales nucléaires ou d'autres utilisations de la radioactivité (hôpitaux, industrie, recherche...).
La plus grande partie de ces déchets est constituée de matériaux faiblement ou moyennement radioactifs (matériels divers utilisés dans le nucléaire, l'industrie ou les hôpitaux). Stockés dans deux centres de l'Aube, ils constituent 90% des volumes, mais seulement 4% de la radioactivité. Les déchets de haute activité représentent de faibles volumes (1.639 mètres-cubes fin 2002), mais concentrent 96% de la radioactivité. C'est sur le sort de ces déchets que le Parlement doit se pencher en 2006.
Au total, l'inventaire de l'Andra recense 856 sites où sont stockés des déchets, dont deux seulement - La Hague (Manche) et Marcoule (Gard) - concentrent 90% de la radioactivité. "Le rythme de production de ces déchets a diminué", s'est félicité le directeur général de l'Andra François Jacq. Mais le gros des volumes à venir proviendra du démantèlement des installations nucléaires actuelles arrivant en fin de vie, a-t-il ajouté.