14/11/03 - La
première des 19 centrales nucléaires allemandes
a été débranchée vendredi, deux ans
après le vote en 2001 de la loi sur l'abandon de l'atome
civil, mais le mouvement antinucléaire sait que le nucléaire
civil a encore de belles années devant lui en Allemagne.
En service depuis 1972, Stade, près de Hambourg (nord),
est la deuxième plus vieille centrale nucléaire
allemande. La plus ancienne, celle d'Obrigheim (sud-ouest), devrait
cesser son activité d'ici 2005, en vertu de l'accord négocié
à l'arraché en 2000-2001 entre le ministre de l'Environnement,
l'écologiste Juergen Trittin, et les industriels du secteur,
sous les auspices du chancelier social-démocrate Gerhard
Schroeder.
"A Stade, l'abandon du nucléaire est pris au sérieux",
s'est félicité M. Trittin, qui célébrait
vendredi l'événement dans un restaurant à
la mode de Berlin. L'ambiance est moins à la fête
dans cette ville de 45.000 habitants qui vit depuis 30 ans de
sa centrale nucléaire. Elle ne fournit pas uniquement une
taxe professionnelle conséquente, mais aussi des emplois
pour de nombreux sous-traitants de la région. Aucun des
300 employés de la centrale ne perdra toutefois son travail,
assure l'exploitant, le numéro un mondial de l'énergie
E.ON: 150 d'entre eux seront appelés à participer
au démantèlement des installations, le reste étant
redéployé en interne.
A Stade commence à présent un chantier titanesque,
évalué à quelque 500 millions d'euros --alors
que la construction n'avait coûté que 153 millions
d'euros--. Dans un premier temps, d'ici 2005, les combustibles
usés doivent être envoyés pour retraitement
à l'usine de La Hague (nord-ouest de la France).
Commencera ensuite le démantèlement effectif, qui
ne devrait pas s'achever avant 2015. Ne restera alors de la centrale
qu'une halle de stockage provisoire de déchets faiblement
ou moyennement radioactifs, qui ne disparaîtra que lorsque
l'Allemagne aura décidé de créer un centre
de stockage définitif pour ses déchets nucléaires.
Ce qui pourrait encore durer des années...
C'est, aux yeux des antinucléaires allemands, le fruit
le plus amer du compromis sur l'abandon de l'atome: le nucléaire
civil a encore de belles années devant lui en Allemagne.
Les convois de déchets radioactifs rapatriés des
usines françaises et britannique de La Hague et Sellafield
vers le centre de stockage de Gorleben, qui suscitent des manifestations
d'antinucléaires, continueront encore pendant au moins
dix ans, en dépit de l'arrêt des livraisons à
destination des usines de retraitement à partir de 2005.
En outre, l'accord conclu avec les industriels impose certes pour
chaque centrale des quotas de production à ne pas dépasser
qui équivalent à une durée de vie de 32 ans,
ce qui reviendrait à fermer la dernière centrale
allemande d'ici à 2021. Mais il donne aussi la possibilité
aux industriels de reporter les quotas d'une centrale à
l'autre, prolongeant ainsi la durée de vie des centrales
les plus rentables.
Un procédé qu'E.ON met d'ores et déjà
en application en fermant Stade un an avant sa date de fermeture
théorique (2004). La raison avancée est d'ailleurs
économique : la vieille centrale n'était plus très
rentable.
"La vraie fête, nous la célébrerons lorsque
la dernière centrale allemande sera fermée",
souligne Suzanne Ochse, de l'organisation écologiste Greenpeace.
"D'ici là, nous aurons deux fois plus de déchets
nucléaires qu'aujourd'hui. Et personne ne sait qu'en faire".
Pour déconnecter du réseau la centrale de Stade,
aucun câble spécifique n'a dû être coupé,
aucun bouton rouge spécial enclenché, précise
une porte-parole de E.ON. "Comme pour un contrôle de
routine", le réacteur a été éteint.
15/05/03 - Le démantèlement des installations nucléaires, un problème qui deviendra crucial lorsque les centrales EDF arriveront en fin de vie, devra se faire dans des délais beaucoup plus courts que ce qui était prévu jusqu'à présent, selon l'Autorité de sûreté, le "gendarme du nucléaire".
Un nouveau cadre réglementaire vient d'être mis en place pour le démantèlement de ces installations, obligeant les exploitants à engager immédiatement les opérations sans attendre des décennies, a annoncé jeudi l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
"Cette nouvelle réglementation ne constitue pas une rupture, mais prend en compte les expériences passées", a précisé devant la presse Jérémie Averous, responsable de ce dossier à l'ASN.
Les installations nucléaires en cours de démantèlement sont diverses; réacteurs EDF de centrales de première génération arrêtées définitivement, centres du Commissariat à l'énergie atomique en voie de dénucléarisation, ateliers de fabrication de combustible...
Dans les années 90, les exploitants du nucléaire, encadrés par des procédures administratives complexes, privilégiaient une stratégie d'attente: on met l'installation en sommeil pendant une cinquantaine d'années, en attendant que la radioactivité décroisse, avant d'entamer la démolition. C'est aussi la stratégie adoptée en Grande-Bretagne, où les installations arrêtées sont mises sous cocon pendant une centaine d'années.
"Aujourd'hui, les exploitants sont à même d'avoir une vision industrielle du démantèlement", a estimé M. Averous. "Le démantèlement immédiat est préférable", a-t-il ajouté. Selon le "gendarme du nucléaire", les inconvénients de la "solution attentiste" sont nombreux: risques de pertes de compétences des personnels, dangers liés au vieillissement des installations, difficultés pour garantir le financement des opérations.
Délicat et couteux
La nouvelle réglementation, qui fait l'objet d'une note du 17 février (www.asn.gouv.fr), permet de déclencher sans attendre les opérations de démantèlement, avec un démontage qui s'étale sur une période de 15 à 25 ans, selon l'ASN.
Quels que soient les choix énérgétiques qui seront faits par la France (maintien du nucléaire, réduction ou abandon), le démantèlement des installations reste un processus délicat et couteux. A partir de 2020, les premiers des 58 réacteurs en service dans le parc EDF, prévus pour un fonctionnement d'une quarantaine d'années, arriveront en fin de vie et devront être démantelés.
"Les démantèlements d'installations nucléaires effectués dans le passé ont montré que l'opération ne présentait pas de difficultés techniques insurmontables", a estimé l'expert de l'ASN. A condition toutefois que le démantèlement soit prévu dès la conception et que les filières d'élimination des déchets -radioactifs et conventionnels- soient mises en place.
Selon le "gendarme du nucléaire", le coût du démantèlement d'un réacteur est de l'ordre de 15% du coût de construction, soit environ 15 milliards d'euros pour l'ensemble du parc EDF.
Les experts de l'ASN estiment qu'un démantèlement
immédiat permet notamment de vérifier si ces sommes
ont été correctement provisionnées par l'exploitant.
Un problème qui peut s'avérer crucial si tout ou
partie de la production d'électricité est un jour
privatisée en France.
Des montres
radioactives: recyclage de cobalt 60 produit par les réacteurs
nucléaires
Les déchets de faible activité
Greenpeace: baisse alarmante des réserves d'EDF pour
démanteler les centrales
BRENNILIS (Finistère), 27 mars 03 - La déconstruction du bâtiment abritant le réacteur de la centrale nucléaire de Brennilis débutera en 2005 pour une libération totale du site en 2018, a annoncé jeudi Alain Ensuque, chef du site EDF des Monts d'Arrée.
Il s'exprimait lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion de l'observatoire du démantèlement de la centrale.
Le démantèlement de cette centrale de 70 mégawatts qui doit servir de modèle aux futures déconstructions des centrales nucléaires françaises coûtera 480 millions d'euros au total.
Prototype industriel conçu en 1962 et destiné à prouver la fiabilité de la filière à "eau lourde", Brennilis a alimenté la Bretagne en électricité de 1967 à 1985.
D'ici 2004, quatre bâtiments auront été démolis notamment celui ayant abrité les déchets solides, un autre réservé au combustible irradié ainsi que la station de traitement des effluents liquides.
150 personnes appartenant pour la plupart à des entreprises sous-traitantes spécialisées travaillent actuellement sur le site.
Une étude menée par un laboratoire
privé montre un "très léger marquage
sur l'environnement" du fait de la centrale, un marquage
qualifié de "très léger, bien inférieur
aux seuils réglementaires", a-t-on précisé
de même source.
GRENOBLE, 6 sept 02 - La déconstruction de 48 cheminées, situées sur les générateurs de vapeur du surgénérateur nucléaire Superphénix de Creys-Malville (Isère), a commencé et devrait s'achever dans trois mois, a annoncé vendredi la direction de la centrale.
Ces cheminées représentent un total de 950 tonnes d'acier. Certaines avaient une hauteur de 75 et 80 m et leur démontage va changer la physionomie de la centrale.
Le démontage du surgénérateur se poursuit et, à ce jour, 500 assemblages de combustible situés dans le coeur du réacteur, sur un total de 650, ont été évacués. Le réacteur devrait être vidé de l'ensemble de son combustible à la fin 2002 ou en janvier 2003, a indiqué le chef de cabinet de la centrale, Jean-Louis Regairaz.
Le gouvernement avait décidé en juin 1997 de fermer la centrale nucléaire Superphénix "à cause de son coût excessif".
EDF s'est donné un délai de 25
ans avant "le retour à la pelouse", c'est-à-dire
la déconstruction totale de n'importe quelle centrale nucléaire
de son parc.
CREYS-MALVILLE (Isère), 18 mai - Le démontage du surgénérateur
Superphénix de Creys-Malville (Isère) vient de franchir
une étape importante, avec le déchargement d'un
tiers du combustible situé dans le coeur du réacteur,
ce qui rend impossible dorénavant "la réaction
en chaîne propre à un réacteur nucléaire",
a annoncé la direction de la centrale.
203 assemblages fissiles, sur un total de 640, ont été
retirés du coeur, et entreposés dans une piscine
remplie d'eau prévue à cet effet, a précisé
le directeur de la centrale, Bruno Coraça, avant l'ouverture
au public vendredi et samedi, pour la première fois de
son histoire, de cette usine.
Ces assemblages se présentent sous la forme de barres longues de 5,40 m et d'un poids de 580 ou 740 kilos. Ils contiennent de la matière fissible et une quinzaine de kilos de plutonium et sont immergés au sein du coeur du réacteur dans un bain de sodium. Ce métal liquide a la particularité de s'enflammer au contact de l'air ou de l'eau. Il faut donc "laver" ces éléments et enlever toute particule de sodium avant de les entreposer dans la piscine remplie d'eau.
L'opération est délicate, et on retire en moyenne 4 assemblages par jour ouvrable du coeur du réacteur à neutrons rapide d'une puissance de 1200 MW.
"Ces assemblages dégagent 700 watts, c'est à dire la moitié de la chaleur dégagée par un fer à repasser. Comme la centrale est à l'arrêt depuis 1996, ils ont le temps de refroidir" explique M. Coraça.
Le déchargement du coeur sera achevé mi 2002.
350 agents EDF et 200 salariés de prestataires de service (gardiennage, nettoyage ...) travaillent actuellement sur le site.
Matériel contaminés à vendre
Le passage sous le seuil de criticité de la centrale permet d'arrêter certains matériels de surveillance du coeur et de cesser leur maintenance. L'intérieur de la centrale ressemble maintenant, dans certains endroits, à un immense hangar abritant des machines d'occasion. De multiples pompes, moteurs et autres armoires électriques sont en cours "de mise hors service définitive", c'est à dire vidangés et nettoyés, avant d'être vendus ou mis à disposition d'autres centrales EDF.
"Nos diesels sont à vendre. On a trouvé preneur pour trois chaudières électriques. Les deux alternateurs de 600 MW pourraient aller l'un à la centrale du Havre (Seine-Maritime), l'autre à celle de Cordemais (Loire Atlantique). Pour EDF, ça permet d'éviter d'acheter du neuf", explique M Coraça.
Pour lui, ce travail de démontage a aussi sa noblesse, car "EDF doit savoir non seulement construire et exploiter, mais aussi déconstruire une centrale".
EDF se donne un délai de 25 ans avant "le retour de la pelouse", c'est à dire la deconstruction totale d'une centrale nucléaire, quel que soit son type.
Concernant Superphénix, dont Lionel Jospin avait annoncé en juin 1997 la fermeture "à cause de son coût excessif" et "la réussite très aléatoire" de la technologie des surgénérateurs, le retour à la pelouse pourrait prendre d'autres formes. Malgré la demande d'une commune pour du terrain, EDF cherche à garder son emprise foncière.
"Ce site, au bord du Rhône, prés des réseaux haute tension et d'un poste d'interconnexion, est stratégique. Si on veut implanter un centre de production d'électricité, pas forcement nucléaire, prés de la grande zone de consommation de Lyon, ici ça sera trés facile", explique M. Coraça.