PARIS (14 décembre 2006) - La France a reçu une demande britannique d'information
au sujet de l'affaire Litvinenko qui porte sur l'éventuelle
contamination de Français avec les substances radioactives
qui ont tué l'ex-espion russe, apprend-on de source judiciaire.
Une enquête judiciaire sera prochainement ouverte mais son
cadre exact n'a pas encore été arrêté,
ajoute-t-on.
Selon Le Parisien, les
autorités britanniques ont transmis à la France
une liste de 25 Français susceptibles d'avoir été
en contact avec du polonium 210, un isotope
hautement radioactif utilisé pour empoisonner Alexandre
Litvinenko.
Ils auraient fréquenté entre le 30 octobre et le
2 novembre certains lieux, à Londres, où ont été
détectées des traces de polonium. L'ancien espion
russe du FSB Alexandre Litvinenko est décédé
à l'hôpital le 23 novembre à Londres.
Il avait été pris de malaise le 1er novembre à
l'issue d'une journée où il avait multiplié
les rencontres avec ses "contacts", dont une entrevue
au bar de l'hôtel Millennium avec deux anciens espions du
KGB.
Les 25 Français recensés sur la liste devront passer
un test urinaire en cas d'apparition de symptômes suspects
pour savoir s'ils ont ou non été contaminés,
dit le Parisien.
A propos de polonium 210:
- La
dose létale serait de l'ordre du millionième de
gramme.
- La fumée des cigarettes est radioactive, elle contient du polonium 210...
- Radon,
un gaz mortel qui vient du sol
"Environ 70.000 maisons françaises
seraient affligées d'une activité en radon [dont un des descendants est le polonium
210] supérieure à 1000 Bq./m3". Jean-François
Lacronique (Président de l'OPRI).
- Les premières bombes atomiques utilisaient des amorces polonium + béryllium (qui émettaient une bouffée de neutrons dans la phase d'initiation de la réaction en chaîne). En effet le polonium émet des rayons alpha (noyaux d'hélium) qui sont absorbés par le béryllium, lequel se transforme ainsi en carbone tout en émettant des neutrons. Le polonium, émetteur de radiations 5 000 fois plus actif que le radium, est aussi 500 fois plus rare, d'où la nécessité à l'époque de le produire artificiellement dans un réacteur. C'est un corps extrêmement radioactif, qui émet une lueur bleuâtre dans l'obscurité, et qui est extraordinairement radiotoxique.
Extrait du dossier de la CRIIRAD
spécial
Polonium, mars 2007.
BERLIN (11 décembre 2006) - La police allemande a annoncé que des traces
de polonium 210, l'isotope radioactif fatal à l'agent du
KGB Alexandre Litvinenko, avaient été découvertes
dans une voiture utilisée à Hambourg par le Russe
Dimitri Kovtoune.
Ce dernier, qui a rencontré Litvinenko à Londres
le 1er novembre, le jour où l'ex-agent exilé en
Grande-Bretagne s'est senti mal, fait l'objet d'une enquête
criminelle de la police allemande, qui le soupçonne de
"ne pas être uniquement victime, mais également
responsable" de l'empoisonnement mortel de Litvinenko.
Au cours du week-end, la police fédérale avait confirmé
que des traces radioactives avaient été trouvées
dans un appartement de Hambourg appartenant à l'ex-femme
de Kovtoune ainsi que dans une maison de son ex-belle-mère.
Deux endroits où Kovtoune s'est rendu entre le 28 octobre,
date de son arrivée à Hambourg, et le 1er novembre,
date de son départ pour Londres. [Une quantité très, très petite
de polonium 210 suffit à provoquer un cancer, le polonium
figurent parmi les radionucléides les plus radiotoxiques
par ingestion, sa radiotoxicité est cinq à dix fois
plus grande que pour le plutonium, en fonction de l'âge
de l'individu exposé. (Journal officiel des communautés
européennes, annexes, 29 juin 1996) sachant 1/1 000
000 ème de gr de plutonium inhalé suffit à
provoquer un cancer !]
L'isotope radioactif a également été décelé
dans une BMW venue chercher Kovtoune à son arrivée
à l'aéroport de Hambourg, a annoncé lundi
une porte-parole de la police allemande s'appuyant sur des résultats
préliminaires des analyses.
"Nous aurons les résultats définitifs dans
l'après-midi", a-t-elle ajouté.
Des enquêteurs de Scotland Yard sont parallèlement
arrivés à Hambourg. Une autre équipe de la
police britannique se trouve à Moscou pour tenter de faire
le jour sur cette affaire aux ramifications multiples.
Litvinenko est mort à Londres le 23 novembre. Dans une
lettre, il a accusé le président russe Vladimir
Poutine d'être directement responsable de son assassinat.
Kovtoune est lui actuellement hospitalisé à Moscou
en raison d'une exposition aux radiations. Les témoignages
divergent quant à son état de santé.
Le Kremlin a démenti toute responsabilité dans un
meurtre qui a contribué à crisper les relations
entre la Russie et la Grande-Bretagne, même si des policiers
britanniques ont obtenu le droit d'aller enquêter à
Moscou et qu'une équipe russe pourrait à son tour
se rendre à Londres en fin de semaine.
LONDRES (7 décembre 2006) - L'Agence britannique de protection de la santé a annoncé jeudi que sept membres du personnel de l'hôtel Millenium de Londres avaient été testés positifs au polonium-210, une substance radioactive. L'agence a évoqué de "bas niveaux" de polonium-210 au sujet de ces employés [ces bas niveaux sont un risque à long terme (cancer, leucémie...)]. L'annonce intervient le jour même de l'inhumation dans un cimetière londonien de l'ancien espion russe Alexandre Litvinenko, mort le 23 novembre empoisonné par cette substance radioactive.
CRIIRAD,
6 décembre 2006 :
La CRIIRAD dénonce le défaut
de transparence des autorités, demande l'interdiction
de la vente libre des sources de polonium 210 et la révision
de la réglementation qui la permet.
- Lire le communiqué
CRIIRAD.
- Lire l'Annexe au communiqué : Analyse de la désinformation
et précisions sur les seuils d'exemption (word)
(pdf).
- Lire la note CRIIRAD n°06-92 : informations sur le
polonium 210 (word)
(pdf).
- Lire les déclarations de Patrick Gourmelon, directeur
de la protection de l'homme à l'IRSN (article du Figaro)
et d'Anne Flüry-Hérard (article de 20
Minutes).
- Consulter l'arrêté du 2 décembre 2003
fixant les seuils d'exemption.
Extrait du dossier de la CRIIRAD spécial Polonium, mars 2007.
Tageblatt, 26/11/2006:
Les autorités britanniques se sont
efforcées samedi de rassurer le public après la
découverte de traces de radioactivité dans un hôtel
et un restaurant londoniens visités par l'ex-agent russe
Alexandre Litvinenko, alors que Scotland Yard continuait son enquête
de fourmi.
L'Agence de protection de la santé (HPA) a appelé
toutes les personnes s'étant rendues le 1er novembre dans
ces deux endroits, au centre de Londres, à contacter par
précaution les services de santé, tout en jugeant
le risque de contamination "faible". Des traces de polonium 210 [émetteur alpha],
un agent hautement radioactif y ont été
découvertes, a-t-elle rappelé. L'ancien agent secret,
décédé jeudi d'une dosse massive de radiations,
avait rencontré deux Russes le 1er novembre à l'hôtel
Millennium à Mayfair, puis un contact italien, Mario Scaramella
au restaurant de sushis Itsu à Picadilly. Peu après,
il avait commencé à se sentir mal.
La vaste majorité des gens susceptibles d'avoir été
contaminées dans ces deux endroits l'auront été
par "des doses insignifiantes" [non ces doses risquent de ne pas avoir été
insignifiantes, pour le risque à long terme (cancer, leucémie..)] et les mesures mises en place - avec test d'urine
- devraient permettre d'identifier les "rares personnes"
susceptibles d'avoir été exposées plus sérieusement,
a expliqué samedi le Pr Roger Cox, expert de la HPA. "Nous
prenons cela extrêmement sérieusement", a-t-il
souligné. [Une quantité
très, très petite de polonium suffit à provoquer
un cancer, le polonium 210 figurent parmi les radionucléides
les plus radiotoxiques par ingestion, sa radiotoxicité
est cinq à dix fois plus grande que le plutonium, en fonction
de l'âge de l'individu exposé. (Journal officiel
des communautés européennes, annexes, 29 juin
1996).]
La police britannique a continué
pour sa part à tenter d'établir comment du polonium
210 s'est retrouvé dans les urines de Litvinenko, opposant
déclaré au président russe Vladimir Poutine.
M. Litvinenko, 43 ans, a accusé dans une lettre posthume
le président russe d'être responsable de son empoisonnement.
Des traces de polonium ont également été
trouvées à son domicile à Muswell Hill dans
le nord de Londres. La presse britannique n'hésitait pas
samedi à voir la signature du Kremlin derrière ce
décès. Selon le Times, la mort de Litvinenko porte
les marques d'un assassinat "commandité par un Etat".
Une source gouvernementale a assuré au quotidien que des
éléments non encore divulgués impliquaient
des agents étrangers. Le Foreign Office a demandé
à Moscou toute information pouvant aider Scotland Yard.
Samedi, Mario Scaramella a estimé que le Kremlin avait
ordonné la mort de l'ancien colonel du FSB (ex-KGB) en
raison de ce qu'il savait. "Litvinenko (...) a été
tué pour tout ce qu'il savait. Tout cela se trouve désormais
dans les documents de la Commission Mitrokhine", a affirmé
M. Scaramella au quotidien Corriere della Sera. Professeur à
l'université de Naples (Italie), M. Scaramella a été
consultant pour une enquête parlementaire italienne menée
sur le dossier Mitrokhine concernant les agents recrutés
en Italie par le KGB. Cette commission d'enquête, à
laquelle a collaboré Litvinenko, était présidée
par Paolo Guzzanti. Des courriers électroniques, dont le
quotidien britannique The Guardian a publié samedi des
extraits, affirment que les services secrets russes envisageaient
l'usage de la force contre Litvinenko, Scaramella et Guzzanti,
ainsi que contre le milliardaire russe Boris Berezovski, farouche
opposant au régime de Vladimir Poutine, vivant à
Londres. Ces documents, qui auraient été remis le
1er novembre par Scaramella à Litvinenko, assurent également
que les agents chargés de préparer les actions contre
eux sont "probablement impliqués dans l'assassinat
d'Anna Politkovskaïa", la journaliste russe d'opposition
tuée à Moscou le 7 octobre.
Cyberpresse, 24 novembre 2006:
L'ex-agent russe Alexandre Litvinenko a été empoisonné par une dose massive de radiations, «un événement sans précédent» au Royaume-Uni, ont annoncé vendredi les autorités sanitaires britanniques, alors que Litvinenko accusait dans une lettre posthume le président russe Vladimir Poutine. Opposant déclaré du président Poutine, il est décédé jeudi à 43 ans dans un hôpital londonien.
En fin de journée, le Foreign Office a précisé avoir demandé à Moscou de fournir toute information qui pourrait aider Scotland Yard dans son enquête. Dans une conférence de presse à Londres, un expert de l'Agence de protection de la santé (HPA), le professeur Roger Cox, a affirmé que de «grandes quantités de radiations, problablement (dues) à une substance appelée polonium 210» avaient été trouvées dans les urines» de l'ancien agent secret.
Le polonium est une matière
hautement radioactive, très toxique même à
des doses infimes. Le docteur Pat Troop,
responsable de la HPA, a affirmé qu'il s'agissait d'«un
événement sans précédent au Royaume-Uni».
Ces responsables ont ajouté qu'ils ignoraient encore comment
la «dose massive» de radiations était «entrée
dans (le) corps» de M. Litvinenko, qui avait commencé
à se sentir mal le 1er novembre. Ils ont minimisé le risque pour le public, y
compris les personnes ayant été en contact direct
avec lui, notamment dans les deux hôpitaux où il
a été soigné. Des traces de polonium 210, substance
extrêmement radioactive, ont été détectées
dans l'hôtel et le restaurant de
Londres où l'ancien agent russe Alexandre Litvinenko s'était
rendu le 1er novembre, a confirmé vendredi soir Scotland
Yard. L'annonce en avait été faite précédemment
par la docteur Pat Troop, qui avait cependant souligné
que le risque de contamination était minime pour le public.
La police a ajouté
que des traces de polonium avaient également été
découvertes dans le nord de Londres au domicile de l'ex-agent
secret décédé jeudi
à 43 ans, après avoir reçu des «doses
massives de radiation» attribuées au polonium 210
par les autorités sanitaires britanniques.
Cet opposant déclaré au président russe Vladimir
Poutine, avait commencé à se sentir mal le 1er novembre,
après avoir rencontré autour d'un thé deux
Russes à l'hôtel Millenium dans le centre de Londres,
puis un contact italien, Mario Scaramella, dans le restaurant
Itsu à Picadilly. Dans ce restaurant, les clients se servent
généralement eux-mêmes sur un tapis roulant
faisant le tour des tables, mais peuvent aussi commander certains
plats. MM. Litvinenko et Scaramella avaient notamment évoqué
la mort de la journaliste russe d'opposition Anna Politkovskaïa,
tuée à Moscou le 7 octobre. M. Litvinenko, un ancien
colonel du FSB (ex-KGB) a accusé le président russe
d'être directement responsable de sa mort, dans une lettre
posthume lue par son porte-parole Alex Goldfarb vendredi devant
l'hôpital londonien où il est mort. «Vous vous
êtes montré aussi barbare et impitoyable que ce qu'affirment
vos critiques les plus hostiles. Vous avez montré que vous
n'aviez pas de respect pour la vie, la liberté ou les valeurs
de la civilisation. (...) «Vous pouvez réussir à
faire taire un homme, mais le grondement des protestations de
partout dans le monde se répercuteront dans vos oreilles,
M. Poutine, pendant le reste de votre vie», a accusé
Litvinenko. Son porte-parole a expliqué que Litvinenko
avait dicté cette lettre mardi depuis son lit de mort,
et l'avait ensuite signée en présence de sa femme.
Moscou a répété à plusieurs reprises
ces derniers jours n'avoir joué aucun rôle dans cette
affaire. Vendredi, le président Poutine a dénoncé
l'utilisation de cette mort à des fins de «provocation
politique», et exprimé l'espoir que «les autorités
britanniques ne contribueront pas à alimenter des scandales
politiques qui n'ont rien à voir avec la réalité».
M. Litvinenko était depuis peu citoyen britannique. Il
était arrivé en 2000 au Royaume-Uni, et était
proche de l'homme d'affaires controversé Boris Berezovski,
farouche opposant au régime de Vladimir Poutine, également
réfugié à Londres. Des responsables britanniques
ont discuté de l'affaire vendredi après-midi avec
l'ambassadeur de Russie en Grande-Bretagne Iouri Fedotov, a annoncé
le Foreign Office. «L'ambassadeur a été chargé
de transmettre aux autorités à Moscou une requête
pour obtenir toute information en leur détention qui pourrait
aider la police dans ses enquêtes», a précisé
une porte-parole. Le comité Cobra, instance réunissant
des représentants du gouvernement et des principaux services
de sécurité britanniques, s'est également
réuni vendredi pour évoquer l'affaire.
Brigitte Dusseau
LONDRES (24/11/06) -
Un élément radioactif toxique a été
décelé dans le corps du transfuge russe Alexandre
Litvinenko et deux endroits où il s'est rendu avant de
tomber malade, puis de décéder, comportent des traces
de radioactivité, annoncent les autorités britanniques.
L'ex-agent du FSB, un opposant déclaré à
Vladimir Poutine qui enquêtait sur le meurtre de la journaliste
Anna Politkovskaïa, a accusé le président russe
de l'avoir assassiné dans une déclaration rendue
publique par son entourage au lendemain de son décès,
à Londres, à l'âge de 43 ans. "Vous pourrez
peut-être faire taire un homme. Mais un concert de protestations
venant du monde entier va se faire entendre, M. Poutine, et résonner
dans vos oreilles pour le restant de votre vie. Que Dieu vous
pardonne ce que vous avez fait", a-t-il déclaré,
selon ses proches. A Helsinki, où il participe au sommet
UE-Russie, Poutine a rejeté ces accusations. "Il n'y
a aucun motif pour des spéculations de ce genre",
a-t-il déclaré, en disant espérer que ce
décès ne serait pas exploité à des
fins politiques. Le Foreign Office a dit avoir évoqué
l'affaire, jugée "grave", avec Moscou. La Grande-Bretagne
a réuni le "COBRA", où siègent
des représentants de la Protection civile et du ministère
de l'Intérieur, selon une porte-parole. La Grande-Bretagne
a demandé à la Russie de lui transmettre tout élément
susceptible de l'aider dans l'enquête.
L'ENQUÊTE PROGRESSE
Celle-ci s'est enrichie de nouvelles découvertes. L'Agence
de protection sanitaire (HPA), organisme britannique indépendant,
a annoncé avoir trouvé une importante quantité
de polonium 210, un élément radioactif, dans le
corps de Litvinenko. Elle ignore toutefois sous quelle forme l'ancien
espion l'a absorbé. Le polonium, un dérivé
de l'uranium, est présent dans la nature en petites quantités
ne présentant pas de risque radiologique mais devient très
toxique à forte concentration. Autre élément
nouveau, les policiers chargés de l'enquête ont annoncé
la découverte de traces de radioactivité dans le
bar à sushis de Londres où Litvinenko a mangé
avec un universitaire italien avant de tomber malade. Des traces
similaires ont été retrouvées dans un hôtel
où il a rencontré deux Russes, dont l'ex-agent du
FSB Andreï Lougovoï, le même jour. Des traces
de radiations ont également été détectées
à son domicile. "Nous savons qu'il a reçu une
dose massive", a déclaré le directeur de la
HPA, Pat Troop. Le père de Litvinenko, Walter, était
effondré. "Mon fils est mort hier. Il a été
tué par une toute petite bombe nucléaire",
a-t-il dit, en pleurs. Le Dr Andrea Sella, professeur de chimie
à University College (Londres), a expliqué à
Reuters que le polonium 210 était l'une des substances
les plus rares dans la nature [le
polonium est un radioélément naturel, c'est un des
descendants radioactifs de l'uranium 238, il est omniprésent
dans l'environnement, et il est susceptible dans notre environnement
habituel d'induire pour l'homme une exposition significative par
rapport à d'autres radionucléides naturels ou artificiels]
et qu'il était difficile de s'en
procurer. "Ce n'est pas un assassinat fait n'importe comment.
Ce n'est pas une arme que pouvait choisir un groupe d'amateurs.
Ces gens avaient de gros moyens", a-t-il dit.
EN DÉLICATESSE AVEC LE FSB
Litvinenko est décédé jeudi soir dans l'hôpital
de l'University College de Londres, où il avait été
admis le 17 novembre. Il enquêtait sur le meurtre d'Anna
Politkovskaïa, spécialiste de la Tchétchénie,
tuée le 7 octobre à Moscou. Dans la capitale russe,
Lougovoï a déclaré avoir rencontré Litvinenko
avec un associé, Dimitri Kovtoune, pour "parler affaires"
dans un hôtel londonien le 1er novembre, jour où
il est tombé malade. Selon Lougovoï, Litvinenko l'a
appelé au lendemain de leur rencontre, soit le 2 novembre,
pour annuler une autre entrevue en raison de son état de
santé. Lougovoï a assuré n'être en rien
lié à sa mort. "Je sais que Litvinenko a mentionné
mon nom", a-t-il déclaré à la radio
Echos de Moscou. "Mais je suis presque certain qu'il ne m'a
pas lié de quelque façon que ce soit à l'empoisonnement.
Je peux dire avec certitude qu'il n'a commandé ni nourriture
ni boissons et que nous ne lui avons rien proposé."
Litvinenko, qui a obtenu le mois dernier la citoyenneté
britannique, est passé à Londres il y a six ans,
devenant l'un des transfuges les plus importants du FSB. Avant
d'intégrer les rangs du FSB, il avait servi au sein de
l'unité de contre-espionnage du KGB. Litvinenko s'est attiré
les foudres de ses collègues, en 1998, en affirmant lors
d'une conférence de presse en présence d'hommes
masqués présentés comme des agents secrets
russes que le FSB avait eu l'intention d'assassiner l'oligarque
russe Boris Berezovski. Le FSB l'a arrêté à
plusieurs reprises, mais la justice a ordonné sa remise
en liberté et l'abandon des poursuites.
Peter Graff