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La page spéciale Tchernobyl (1986-2024)

Appel de scientifiques contre un nouveau programme nucléaire

Fusion ASN-IRSN: C'est la fin de "la transparence" (à propos de transparence)

SMR : Small Modular Reactor ou Small Mythical Reactor ? (Voir le dossier de la Gazette Nucléaire n°302 de mai 2024 - page 2 en PDF)
Depuis quelques temps, les médias diffusent quantité d'articles dithyrambiques sur les projets Small modular reactor, les soi-disant petits réacteurs nucléaires dits modulaires, nouvelles coqueluches du monde atomique. Le terme petit peut s'accorder avec la faible puissance de ses réacteurs (< 300 MWe) par rapport aux réacteurs de puissance en exploitation. Par contre, il faut reconnaître qu'ils ne sont pas si petits que cela au vu de leurs dimensions ou de l'emprise au sol des installations. Les informations disponibles des projets les plus avancés révèlent des coûts de construction élevés voire extravagants... Les premiers prototypes construits ne sont pas non plus modulaires en l'absence d'usines dédiées de fabrication de modules. Certains réacteurs de "nouvelle génération affichent de meilleurs rendements" que les réacteurs traditionnels à eau sous pression mais ce n'est pas le cas du projet français Nuward.


Edito : Mise en service de l'EPR de Flamanville
(Voir les vidéos de la CRIIRAD : Incident nucléaire à l'EPR de Taishan 1 (Chine) et EPR de Flamanville : quelles conséquences après l'incident à Taishan 1)

Communiqué de presse (ACRO - CRIIRAD - Global Chance - GSIEN) : l'inquiétude gagne !

7 mars 2024 - La mise en service de l'EPR est attendue au premier trimestre 2024, selon les dernières annonces. On peut en douter car, dix-sept ans après le début des travaux, la situation s'avère très confuse. Après les vicissitudes qui ont émaillé le chantier de construction, les événements des derniers jours interrogent sur les conditions de la mise en service et sur le fonctionnement futur du réacteur.

Juin 2022 : EDF est confiante, l'EPR de Flamanville va démarrer en 2023(1).

Décembre 2022 : EDF annonce une mise en service(2) « au premier trimestre 2024 au plus tard ».

30 janvier 2024 : Bernard Doroszczuk, Président de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), annonce avoir relevé quarante-trois cas de falsifications, fraudes ou irrégularités dans l'industrie du nucléaire(3). Trois de ces affaires font l'objet d'une saisine de la Justice au titre de l'article 40 du Code Pénal. Un de ces cas semble concerner l'EPR. On évoque des vannes et soupapes, composants très sensibles pour la sûreté du réacteur.

23 février 2024. Lors de la Commission Locale d'Information (CLI) de Flamanville, les falsifications ont été abordées dès le début de la réunion mais aucune réponse n'a été apportée. Les présents, notamment les élus, repartent sans savoir si oui ou non des falsifications ont affecté des composants majeurs de l'EPR.

Puis l'ASN a présenté les résultats de l' « inspection renforcée »(4). La conclusion est sans appel, il reste encore beaucoup de travail à réaliser d'ici la mise en service : documents opératoires en cours de mise à jour, une centaine d'alarmes qui clignotent, une centaine d'essais périodiques à réaliser

Et encore n'est-il pas fait mention des multiples problèmes techniques qui ont émaillé la construction du réacteur, « sujets désormais clos » comme l'a souligné le Président de l'ASN, mais loin d'être réglés.
Qu'à cela ne tienne, EDF continue de répéter « chargement du combustible en mars 2024 ».

Le public, les élus, les associations s'interrogent sur les risques que ferait courir une mise en service hâtive de l'EPR et attendent des réponses concernant les falsifications qui ont possiblement affecté la construction : quels sont les composants concernés et la nature de la fraude incriminée ?

Ce réacteur n'est manifestement pas prêt à être mis en service en toute sûreté.

L' Article 3 du décret(5) n°2007-534 du 10 avril 2007 autorisant la création de l'EPR de Flamanville, fixait à dix ans le délai pour réaliser le premier chargement en combustible nucléaire du réacteur. Cette échéance a été portée à 13 ans le 25 mars 2017, puis à 17 ans le 28 mars 2020. La dernière date d'échéance étant proche (10 avril 2024), EDF veut éviter à tout prix un troisième report. Il ne faudrait pas sacrifier la sûreté pour cela.

Il est impératif que les autorités de sûreté fournissent des précisions, en particulier :
- Quand aura lieu la prochaine et dernière consultation du public relative à l'autorisation de mise en service ?
- L'autorisation de mise en service sera-t-elle publiée avant le 10 avril 2024, date limite du délai défini par le décret d'autorisation de création du 10 avril 2007.
- Si cette date n'est pas respectée, quelle procédure sera mise en oeuvre ?
- Une autorisation de divergence sera-t-elle délivrée ? Après la divergence toute opération est beaucoup plus complexe et entraine des risques accrus pour les travailleurs notamment pour changer le couvercle de la cuve, mais aussi pour corriger les problèmes liés au plenum inférieur de la cuve.

1) https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/manche/flamanville/l-epr-de-flamanville-demarrera-en-2023-apres-11-ans-de-retard-2562412.html
2) Par mise en service il faut entendre « chargement du premier assemblage combustible dans le coeur ».
3) Par falsification, fraude ou irrégularité il faut entendre des cas de personnes ayant déclaré une action sans l'avoir réellement réalisée ou des irrégularités chez les fournisseurs, falsifications de certificats notamment.
4) « qui a eu lieu les jeudi 1er et vendredi 2 février 2024 sur le chantier du réacteur n°3 de Flamanville »
5) https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000276348

- Mise à jour des documentaires vidéo sur le nucléaire (la plupart de ceux qui étaient en RealVideo sont maintenant en mp4) - Edito et les anciennes News -