Le Monde, 27/6/07:
Le janvier à mai, huit patientes du Centre de lutte contre le cancer Antoine-Lacassagne de Nice (Alpes-Maritimes) ont été victimes d'un incident d'irradiation, déclaré à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) le 29 mai et rendu public par Nice-Matin. Ces malades étaient traitées pour des cancers du sein par curiethérapie, c'est-à-dire par application d'une source radioactive - un fil d'iridium - sur la tumeur. Mais une imprécision systématique de 12 millimètres dans la projection de cette source a été mise en évidence fortuitement : des réactions cutanées observées sur deux femmes ont alerté leur radiothérapeute, qui a constaté une anomalie dans le contrôle de la position des sources.
"Cette imprécision de quelques millimètres n'aura pas d'influence en termes de toxicité pour les patientes ou sur le bénéfice dont elles peuvent tirer de ce traitement", souligne Jean-Pierre Gérard, directeur général du centre Lacassagne. Les huit patientes ont été informées de l'anomalie et seront suivies pour s'assurer que leur santé n'en pâtira pas.
VERS UNE ÉCHELLE D'ÉVALUATION
Alors que plusieurs incidents graves de radiothérapie
défrayaient déjà la chronique - à
Epinal notamment -, l'équipe médicale s'est interrogée
sur l'opportunité de rendre public l'incident qu'elle considérait
comme "véniel", précise le professeur
Gérard : "J'y étais favorable, car je suis
convaincu que cette nouvelle culture de la transparence aboutit
à un retour d'expérience utile pour d'autres confrères
et in fine aux patients."
La contrepartie de cette transparence doit être, prévient-il,
"de ne pas dramatiser des incidents mineurs, afin de ne
pas détourner les patients de techniques particulièrement
performantes". Aussi participe-t-il, en tant que membre
de la Société française de radiothérapie
oncologique (SFRO) et en collaboration avec l'ASN et l'Agence
française de sécurité sanitaire des produits
de santé (Afssaps), à l'élaboration d'une
échelle des incidents de radiothérapie. Sur cette
échelle, qui sera finalisée dans les prochains jours,
l'incident de Nice serait sur le niveau le plus bas, et l'accident
d'Epinal, qui a fait 5 morts, sur le barreau le plus élevé,
précise-t-on à l'ASN.
Hervé Morin
Le Monde, 12/6/07:
Le ministère de la santé a annoncé,
lundi 11 juin, la suspension de l'activité de radiothérapie
dans quatre centres hospitaliers universitaires à Montpellier,
Nancy, Tours et à la Pitié-Salpêtrière
(Paris). Cette décision a été prise après
que la société Brainlab a informé le ministère
d'un dysfonctionnement sur des appareils de radiothérapie
stéréotaxique, permettant le repérage puis
l'irradiation de lésions cérébrales. Un numéro
national, le 0820-03-33-33 (12 centimes d'euros la minute) est
ouvert depuis mardi 12 juin pour répondre aux demandes
d'information des patients et de leurs proches. Environ 600 personnes seraient concernées.
La radiothérapie stéréotaxique est une technique
de traitement non invasive, guidée par l'image. Les lésions
intracrâniennes sont repérées en 3D, avec
une précision millimétrique, avant d'être
traitées par un faisceau de rayonnement. De ce fait, la
rigueur du repérage est essentielle. Ce nouvel incident
avec des appareils de radiothérapie consiste en "une
déviation d'environ 1 millimètre du faisceau de
rayonnement destiné à traiter des tumeurs et malformations
très localisées du cerveau", précise
le communiqué du ministère de la santé. Le
décalage serait systématiquement de 1,25 mm, selon
nos informations.
Le point de départ de l'affaire est en fait "la
découverte par un centre de radiothérapie en Espagne
d'un décalage dans les coordonnées spatiales de
la zone cérébrale à traiter, entre la phase
de détection de cette région et l'application du
rayonnement", précise Jean-Luc Godet, de l'Autorité
de sûreté nucléaire (ASN). L'anomalie a été
mise au jour lors d'un contrôle utilisant une autre méthode
de calibration que celle de Brainlab.
Le constructeur a alors directement alerté, le 6 juin,
les quatre CHU français utilisant le même type de
matériel, avant de prévenir les autorités
sanitaires françaises, le 8 juin. "C'est une démarche
contraire aux usages", remarque M. Godet.
Par mesure de précaution, le ministère avait demandé,
dimanche soir, "aux équipes hospitalières
de tout le territoire de suspendre toutes les séances de
radiothérapie en condition stéréotaxique
prévues" employant ce matériel Brainlab.
La vérification effectuée dans la journée
de lundi par l'ASN et l'Agence française de sécurité
sanitaire des produits de santé (Afssaps) a permis de constater
que "seuls quatre sites s'avèrent concernés,
le Centre Alexis Vautrin de Nancy, le CHU de Montpellier, le CHU
Bretonneau de Tours et le CHU de la Pitié-Salpêtrière".
L'ASN et l'Afssaps ont donc levé dès lundi soir
la suspension d'activité pour les autres établissements.
Le fonctionnement de leurs appareils n'est pas mis en cause.
Un autre type d'incident était survenu récemment
au CHU Rangueil, à Toulouse, avec un appareil également
fabriqué par BrainLab (Le Monde du 24 mai). Il s'agissait
d'une discordance entre la dose d'irradiation prescrite et la
dose délivrée, en raison d'un défaut présent
depuis la calibration initiale de l'appareil. Un total de 145
patients avaient reçu des doses allant jusqu'au double
de celles prescrites. Les doses n'auraient cependant pas dépassé
les limites supérieures théoriquement applicables.
En octobre 2006 une série d'accidents survenus entre mai
2004 à août 2005 au centre hospitalier Jean-Monnet
d'Epinal avait été révélée.
Le bilan de l'Inspection générale des affaires sociales
avait fait état de quatre décès et de vingt-quatre
cas d'irradiation excessive. Une patiente était également
décédée des suites d'un accident d'irradiation
à Lyon.
"Une procédure individuelle d'information des patients
est engagée. Un rendez-vous de consultation sera proposé
à tous les patients traités dans les quatre sites
identifiés", précise le communiqué
du ministère. "Dans l'affaire actuelle, les risques
sanitaires liés au décalage du faisceau vont être
évalués cas par cas, en fonction de la pathologie
de chaque malade", estime M. Godet. A la Pitié-Salpêtrière,
deux tiers des patients étaient traités pour des
tumeurs malignes.
Le constructeur Brainlab a adressé, le 4 juin, une note
aux utilisateurs de ses appareils. Selon lui, aucune mesure corrective
ne peut être apportée dans l'immédiat dans
les quatre centres dont les appareils, tous datant de moins de
deux ans, sont concernés par les dysfonctionnements. Une
mise à jour du logiciel devrait leur être adressée
en septembre.
Cependant, une réunion prévue mardi 12 juin entre
les autorités sanitaires et la branche européenne
de Brainlab devait envisager des mesures correctives plus rapides
afin de faciliter la reprise de l'activité de radiothérapie
dans les centres concernés.
Paul Benkimoun et Hervé
Morin
20minutes, 12 Juin 2007
C'est officiel, l'association rassemblant les
patients surirradiés par accident au CHU de Rangueil s'appellera
SOS irradiés 31. Son assemblée constitutive se réunira
mercredi*. Toutes les victimes sont invitées à y
rejoindre un premier noyau d'une dizaine de personnes. Persuadée
que « l'union fait la force », l'association
veut rassembler des données techniques avant de mener des
actions communes. Elle prévoit aussi la création
d'un blog. Officiellement, 145 personnes sont concernées
par l'accident. Et le rapport d'enquête de l'Autorité
de sûreté nucléaire annoncé hier ne
sera mis en ligne qu'aujourd'hui sur www.asn.fr
PARIS (8 juin 2007) -
L'Autorité de sûreté nucléaire s'inquiète
du sort de six des 145 patients victimes d'une surdose de radiations
à l'hôpital Rangueil de Toulouse, estimant que leur
cas doit faire l'objet d'une expertise complémentaire pour
déterminer "d'éventuels effets secondaires".
Dans son rapport sur les dysfonctionnements constatés entre
avril 2006 et 2007 dans l'une des installations de l'hôpital,
l'ASN réclame communication du dossier médical de
ces six patients "pour lesquels les contraintes de doses
aux organes à risque ont été dépassées
sur des volumes significatifs de l'organe".
Ces dossiers "seront adressés à un médecin
radiopathologiste de l'IRSN (Institut de radioprotection et de
sûreté nucléaire) pour une expertise concernant
d'éventuels effets secondaire", souligne l'ASN sur
son site web.
Les six malades concernés ont été irradiés
sur plus de 5% du volume de l'organe sain (qui normalement ne
devait pas être soumis à rayonnement). Mais d'autres
hôpitaux pratiquent ce type de dosage sans conséquences
connues pour la santé de leurs patients, relève
toutefois l'ASN dans son rapport.
145 patients traités avec des "micro-faisceaux"
pour des tumeurs cérébrales cancéreuses ou
bénignes à l'hôpital de Rangueil avaient été
victimes d'une erreur de calibrage des doses dans un appareil
de radiochirurgie.
Pour l'ensemble de ces patients, un suivi sera réalisé
par l'Institut de veille sanitaire (InVS). "L'InVS doit proposer
un protocole de surveillance épidémiologique qui
s'étalera sur une période minimale post-traitement
de deux ans, correspondant au délai d'apparition d'effets
secondaires redoutés après ce type de traitement",
ajoute le "gendarme" du nucléaire en France.
Pour la suite, l'ASN demande à l'hôpital toulousain
de procéder à une analyse des "facteurs organisationnels et humains"
ayant entraîné ces dysfonctionnements. Parmi ceux-ci,
l'ASN mentionne les ressources humaines, la charge de travail,
les compétences et la formation.
Une enquête avait été ouverte le 3 mai par
l'ASN, qui a autorisé la réouverture du centre de
Rangueil le 14 mai. L'hôpital, note l'autorité, a
en effet géré de manière "satisfaisante"
les suites de l'incident.
RFI, 23/5/2007:
Cent quarante-cinq patients, traités dans un service de neurochirurgie à Toulouse (sud-ouest), ont été gravement irradiés. Plusieurs accidents semblables ont été repérés en France depuis 2004-2005. Ces accidents commencent à susciter de vives inquiétudes chez les malades traités par radiothérapie.
Une infirmière surveille l'administration de rayons sur la tumeur d'un patient atteint d'un cancer dans la salle de radiothérapie.
Une fois, puis deux, puis trois et peut-être
plus : les cas de victimes de soins par radiothérapie
se multiplient et dans des centres différents, qui utilisent
les mêmes types d'appareils. En effet, après le cas
des vingt-quatre patients soignés pour un cancer de la
prostate et des quatre décès liés à
l'administration de doses excessives de rayonnement (2004-2005)
à l'hôpital Jean Monnet d'Epinal (est), voici cent
quarante-cinq autres patients, gravement sur-irradiés,
au Centre hospitalier universitaire Rangueil de Toulouse (sud-ouest).
Au CHU de Toulouse, on pratique la radio-chirurgie stéréotaxique,
une thérapie qui consiste en l'application d'un rayonnement
de haute énergie sur une lésion intercranienne,
très minutieusement ciblée.
Que s'est-il donc passé ? S'agit-il d'un dysfonctionnement
informatique ou bien, comme ce fut le cas pour l'affaire d'Epinal,
de la mauvaise utilisation d'un nouveau logiciel par un personnel
insuffisamment formé ? Selon un rapport, publié
en mars 2007, la responsabilité des accidents d'Epinal
avait été attribuée à deux radiothérapeutes
et un radiophysicien qui se sont retrouvés suspendus de
leurs fonctions. Dans le cas toulousain, en fait, «le
constructeur d'appareil, qui installe ces machines un peu partout
dans le monde, s'est rendu compte récemment que l'étalonnage
était mal fait, entraînant des rayonnements trop
élevés», selon les déclarations
d'un proche de l'enquête, rapportées par le quotidien
Aujourd'hui en France/le Parisien. C'est en effectuant
des comparaisons de contrôle des «fichiers de calibration»
que la société Brainlab, le constructeur de l'appareil,
a constaté des écarts entre dose délivrée
et dose prescrite et en a aussitôt informé le CHU.
Aussitôt informé, le centre toulousain a immédiatement
interrompu tout traitement, le 18 avril 2007. L'incident n'a pas
entraîné de «conséquence sanitaire
détectée à ce jour», selon le communiqué
du CHU Rangueil, alors que, dans le cas des patients traités
au CHU d'Epinal, il avait causé le décès
de quatre personnes. Mais les faits sont suffisamment inquiétants
pour que les autorités médicales aient saisi l'Autorité
de sûreté nucléaire (ASN). L'ASN, que le Parisien qualifie de «gendarme
du nucléaire civil [ayant] pour mission d'améliorer
la sûreté de la radiothérapie en France», demande à être informée
du résultat de suivi des patients. Depuis trois semaines,
ses enquêteurs sont sur place.
«Le parquet de Paris envisage de se saisir de ces
affaires de surdosage»
Epinal et Toulouse ne sont pas des cas isolés. En 2005,
à Lyon, au CHU Herriot, une patiente est décédée
à la suite de l'émission d'une dose de rayons cent
fois trop forte. Précédemment, à Grenoble,
un patient s'est trouvé également gravement irradié.
A la suite d'un rapport de l'Inspection générale
des affaires sociales (Igas) sur Epinal, l'ex-ministre de la santé,
Xavier Bertrand, avait alors décidé que tous
les services de radiothérapie mesurent désormais
la radiothérapie in vivo. En d'autres termes, il
exigeait un double contrôle de la dose de rayonnement véritablement
reçue par le patient, au lieu de se fier à la machine.
A Toulouse, le groupe de malades victimes de surdosage de rayons
était soigné dans le service de neurochirurgie.
Ce sont leurs cerveaux qui ont été exposés.
Bien que «pour l'instant, les patients surexposés
n'ont pas de symptôme particulier», assure l'hôpital,
chaque patient a été convoqué pour un entretien
médical personnalisé, afin de déterminer
«précisément de quoi ils souffrent».
«Face aux éventuelles nouvelles plaintes qui risquent
d'émerger dans toute la France, le pôle santé
du parquet de Paris envisage de se saisir de ces affaires de surdosage
thérapeutique», selon le Parisien. Près
de deux cent mille personnes suivent chaque année une radiothérapie
et le nombre va croissant depuis la mise en place du plan Cancer.
ASN, Paris, le 20 octobre 2006:NOTE D'INFORMATION
Incident de curiethérapie au CHU d'Amiens Le 2 juin 2006, l'ASN a été informée par le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) d'Amiens de l'oubli d'une source d'iridium 192 implantée sur un patient traité par curiethérapie à bas débit de dose au sein du service de radiothérapie.
Soigné pour un cancer de la gorge, ce patient a reçu en une seule fois la dose des deux séquences de traitement qui lui avaient été prescrites. Une vingtaine de personnes employées au CHU ainsi que des membres de la famille qui ont côtoyé le patient ont été faiblement exposés.
Le 5 juin 2006, l'ASN a procédé à une visite de contrôle du service de radiothérapie concerné pour préciser les circonstances de cet incident. Les investigations préliminaires de l'ASN ont mis en évidence une anomalie dans la gestion des sources radioactives ainsi qu'une utilisation inappropriée des appareils de contrôle de la radioactivité.
Pour éviter que ce type d'événement se reproduise, l'ASN a demandé au CHU d'Amiens d'améliorer le suivi des sources radioactives utilisées et plus spécialement les contrôles à la fin d'un traitement par curiethérapie. L'ASN a informé la SFRO (Société française de radiothérapie oncologique) et la SFPM (Société française de physique médicale) des circonstances de cet incident en vue d'une diffusion de retour d'expérience aux professionnels. Parallèlement, l'ASN a saisi son appui technique, l'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), afin de procéder à une évaluation des doses de rayonnements reçues par les différentes personnes exposées.
L'ASN rappelle que la curiethérapie à bas débit de dose permet de traiter, de façon spécifique ou associée à d'autres techniques de traitement, des tumeurs cancéreuses. Les sources d'iridium 192, qui se présentent le plus souvent sous la forme de fils, sont destinées aux applications interstitielles (à l'intérieur des tissus) ou endocavitaires (à l'intérieur de cavités naturelles). Les sources sont mises en place sur le patient pendant son hospitalisation. Elles sont retirées à la fin du traitement. Lorsque le patient quitte l'hôpital, un contrôle doit être effectué afin de vérifier que toutes les sources d'iridium ont été enlevées.
EPINAL (13 octobre 2006) - Des erreurs de manipulation sont à l'origine d'accidents de radiothérapie d'une ampleur encore inédite en France, qui ont entraîné un décès et des complications chez 13 des 23 patients traités pour des cancers de la prostate à Epinal entre 2004 et 2005, selon les autorités. Selon l'Agence régionale de l'Hospitalisation (ARH) de Lorraine, qui a rendu l'affaire publique jeudi, ces surdosages relèvent d'une "mauvaise utilisation" d'un nouveau logiciel introduit en mai 2004, notamment d'erreurs de paramétrages et du "manque de maîtrise technique" d'une partie du personnel du centre hospitalier Jean-Monnet. Le logiciel a été remplacé en mai 2005, quelques mois avant que se déclarent les premiers symptômes pathologiques, fin juillet 2005. L'enquête épidémiologique interne a débuté en septembre de la même année. Tous originaires de la région d'Epinal, les 23 patients traités pendant un an ont subi une surexposition de 20% aux rayonnements de radiothérapie. Un surdosage qui a fini par provoquer le décès de l'un d'entre eux. [La raison avancée est stupide (un surdosage de 20 à 30 %), il doit aussi y avoir une erreur sur la zone d'irradiation.] Trois autres patients sont également décédés, sans toutefois de lien direct avec l'accident et 13 autres connaissent des complications apparues à partir de juillet 2005, à savoir des rectites (inflammation du rectum) qui ont nécessité la pose d'anus artificiels. Les six derniers ne présentent aucun symptôme. Selon une source proche du dossier, un patient aurait déjà déposé une plainte en avril. Les conclusions de l'enquête de police auraient été communiquées au parquet d'Epinal il y a environ mois mais la plainte n'aurait pas été traitée, l'ampleur de l'affaire étant à l'époque inconnue. Selon la directrice de l'hôpital, Dominique Capelli, des "transactions" à l'amiable sont en cours avec d'autres patients. "Il y a eu déjà eu 11 expertises et, je crois, neuf propositions d'indemnisation ont été faites", a-t-elle précisé. Pour le directeur de l'ARH Lorraine Antoine Perrin, "il y a eu clairement un problème de paramétrages, probablement dû à une mauvaise formation" du personnel. "Les personnels ont mal intégré la formation qu'ils ont reçue. Reste à savoir si elle a été bonne ou pas, même si nous avons des raisons de penser qu'elle comportait des failles", poursuit M. Perrin pour qui "l'erreur humaine" est incontestablement à l'origine de ces surexpositions. "Nous sommes affligés par ce qui s'est passé, d'autant qu'en mai 2005 nous avions changé de logiciel et que tout allait bien", a déclaré la directrice Mme Capelli qui a précisé avoir rencontré les familles. "J'ai rencontré les familles, je les ai informées de l'existence d'une commission régionale qui devait établir les responsabilités", précise Mme Capelli. "Je leur ai également dit que l'assurance de l'établissement se reconnaissait responsable et qu'elles pouvaient nous attaquer au civil et au pénal". Le ministère de la Santé a par ailleurs annoncé jeudi avoir missionné l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) "pour faire toute la lumière sur cette affaire". Il s'agit notamment d'"établir précisément les responsabilités et tirer les conclusions utiles" au niveau local et national concernant les conditions de sécurité de la radiothérapie, indique le communiqué qui précise que les conclusions définitives de la mission seront rendues à la fin de l'année.
Damien STROKA
LYON (11 mai 2006) -
La famille de la jeune femme décédée en mars
à la suite d'une erreur humaine survenue fin 2004 lors
d'un traitement par radiothérapie a dénoncé
jeudi l'attitude des Hospices Civils de Lyon et annoncé
qu'elle allait porter plainte contre le Centre Hospitalier Lyon-Sud.
Cette plainte pour "homicide involontaire par imprudence"
sera déposée en début de semaine prochaine
et sera accompagnée d'une requête devant le tribunal
administratif dans le cadre d'une demande d'indemnisation, a indiqué
lors d'une conférence de presse l'avocat des proches de
la jeune femme, Me Jean-Christophe Coubris.
"Nous n'accepterons pas de règlement à l'amiable.
Avant sa mort, ma fille nous a fait jurer d'aller jusqu'au bout",
a déclaré le père de la victime, présent
avec d'autres membres de la famille au point-presse.
Mariée, mère de deux enfants de 12 et 10 ans, Sonia,
32 ans, est morte à la suite d'une "erreur humaine",
une surdose de rayons administrée en novembre 2004, avait
révélé le 21 avril les Hospices Civils de
Lyon (HCL).
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN),
organisme chargé du contrôle technique et réglementaire
de la sûreté nucléaire et de la radioprotection,
avait indiqué que le mauvais réglage du champ d'irradiation
avait "conduit à exposer une zone plus importante
que celle prévue par le traitement", en raison d'"une
erreur d'unité de mesure (cm au lieu de mm)".
Selon Me Coubris, Sonia, soignée pour une malformation
vasculaire congénitale au niveau cérébral,
a été traitée sur une surface dix fois supérieure
à celle prévue. La malformation avait été
diagnostiquée chez cette secrétaire médicale
de l'Ain après une "légère hémorragie
cérébrale", a indiqué le Dr Dominique
Michel Courtois, qui assiste la famille.
Les proches de la victime, toujours très choqués,
se sont opposés avec virulence à la version des
HCL. "Ils affirment s'être rendu compte de leur erreur
le jour même. Or, Sonia n'a été informée
de manière tronquée qu'en octobre suivant, soit
11 mois plus tard, sur sa propre démarche et alors qu'elle
souffrait déjà beaucoup", a affirmé
Me Coubris.
"Elle avait déjà perdu vingt kilos et l'usage
d'un de ses bras", ont expliqué les proches, photos
à l'appui. Les HCL ont affirmé que l'état
de santé de la jeune femme ne s'est sérieusement
détérioré que début 2006.
"Pour l'instant, nous sommes toujours dans la démarche
amiable et nous maintenons les propos tenus le 21 avril",
a affirmé Danielle Gimenez, directrice de la communication
des HCL.
Après avoir pris connaissance de l'erreur, "Sonia
croyait encore qu'elle allait s'en sortir, on y croyait tous.
Mais elle a été laissée à l'abandon",
a clamé le père de la victime.
Tout comme le mari, il a décrit le "calvaire"
vécu par Sonia, décédée d'une "destruction
des tissus internes" et de "complications digestives
et respiratoires". "C'est horrible. Elle souffrait pour
manger. Ils sont allés jusqu'à la placer en isolement,
en hôpital psychiatrique, pensant à une anorexie",
a-t-il dit.
Egalement présente, la tante de Sonia n'a pu retenir ses
larmes: "J'ai passé des semaines chez elle, elle a
tant souffert. Sur la fin, par SMS elle m'écrivait +Je
compte sur toi pour porter plainte+. Alors je devais être
là".
Guillaume KLEIN
21 avril 2006 - Un
patient victime d'un accident de radiothérapie en 2004
est décédé le 11 mars dernier. Informée
le 21 février, l'Autorité de sûreté
nucléaire (ASN) "engage les services de radiothérapie
à améliorer la prévention des accidents".
Lors de cette radiothérapie pratiquée au Centre
hospitalier de Lyon-sud, un mauvais réglage du champ d'irradiation
a conduit à exposer une zone plus importante que celle
prévue par le traitement. Les investigations menées
par l'ASN "ont mis en évidence une erreur d'unité
de mesure (cm au lieu de mm) dans la définition du champ
d'irradiation, cette unité n'ayant pas été
précisée entre deux opérateurs".
Pour l'ASN, "ces erreurs de transmission doivent être
considérées dans le cadre plus large des défaillances
(d'organisation) et humaines". Elle vient donc d'adresser
une circulaire datée du 19 avril à l'ensemble des
services de radiothérapie français, "afin
de les sensibiliser aux moyens de prévention des accidents
de radiothérapie". Cet accident mortel relance
de manière encore plus sensible le débat sur les
risques liés à l'utilisation médicale des
rayons et rayons ionisants.
Le Monde, 7/4/2006:
Un employé belge de la société Sterigenics a été irradié "très sévèrement" par une source radioactive de cobalt 60 et a été hospitalisé à l'hôpital Percy, près de Paris, a annoncé mercredi 5 avril l'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire).
Quelques jours auparavant, on avait appris qu'un ouvrier chilien avait lui aussi été gravement irradié par une source radioactive (Le Monde du 28 mars). Ces événements rappellent le danger posé par les milliers de sources en usage dans les pays industrialisés, alors qu'un débat sur leur usage obligatoire agite la profession des experts en diagnostic de bâtiments.
L'analyse des peintures des immeubles antérieurs à 1948 est obligatoire, afin de prévenir les risques de saturnisme chez l'enfant, une intoxication due à l'ingestion d'écailles de peinture contenant du plomb. Mais un décret, dont la signature est attendue prochainement, pourrait imposer pour mener ces diagnostics l'usage d'appareils à source radioactive. Cette décision met sur la touche une autre technologie, des appareils à tube qui recourent aux rayons X et présentent l'avantage de ne plus être dangereux une fois éteints.
Au contraire, les sources radioactives émettent en permanence et pourraient irradier des techniciens inattentifs. Autre problème : il arrive que des détecteurs disparaissent, au risque d'atterrir dans de mauvaises mains. En 2005, la direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection a enregistré douze déclarations de vols, et trois ont déjà été répertoriées en 2006.
C'est pourquoi une partie des experts en diagnostic s'oppose au décret imposant les sources radioactives. "En multipliant les sources, on multiplie les risques", s'inquiète Stéphane Tesson, de l'association Aster'X, qui regroupe une quarantaine de professionnels de l'expertise. "Les sources radioactives ne doivent être utilisées que quand il n'existe pas d'autres solutions, indique le code de la santé publique (article R1333-1)", rappelle de son côté Roland Desbordes, de la commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad).
L'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail a conclu que les appareils à tube présentaient l'inconvénient de ne pas détecter le plomb en profondeur. Analyse contestée par Aster'X, qui a déposé, le 30 juillet 2005, une requête en référé auprès du tribunal administratif de Paris pour que soit menée une nouvelle expertise. "Ni les professionnels de terrain, ni la médecine du travail, ni les organismes indépendants n'ont été consultés par l'Agence", dit Stéphane Tesson. Si le décret paraît, Aster'X veut porter plainte au pénal pour incitation à danger d'autrui.
D'autres cabinets d'experts préfèrent
cependant utiliser un matériel à source, jugé
plus fiable. Pour Philippe Rabut, le président de la Fédération
interprofessionnelle du diagnostic immobilier (FIDI), "Il
s'agit plus d'un débat entre deux fournisseurs de matériels
qu'entre professionnels de l'immobilier." Entre 1 800 et
2 000 appareils à source sont actuellement sur le marché.
"Il y a un très gros lobbying des fabricants. Si le
décret passe, on peut prévoir un marché de
3 000 machines à prendre d'ici à 2008", résume
Patrice Munch, président d'Aster'X.
Utilisé aussi bien à l'hôpital
que dans l'industrie ou le bâtiment, le "petit nucléaire"
présente des risques sérieux, souvent sous-estimés
et mal connus, que les pouvoirs publics souhaitent mieux contrôler.
Alors que dans les grandes installations nucléaires (centrales,
usines de retraitement...) le
risque radiologique est connu et bien identifié, dans
le "petit nucléaire", encore appelé "nucléaire
diffus", le risque radiologique dû aux rayonnements
ionisants est souvent méconnu, ont souligné jeudi
les responsables de l'Autorité de sûreté nucléaire
au cours d'un point de presse.
Selon l'Autorité, il existe quelque 300 000 sources radioactives aujourd'hui en France. Ces sources ont des utilisations extrêmement variées et peuvent se retrouver aussi bien dans les mains d'un médecin que d'un ouvrier de l'industrie ou d'un agent immobilier.
Les applications les plus connues sont médicales. Il s'agit d'abord du radiodiagnostic (radios du poumon...) qui génère de faibles doses mais touche un public nombreux mais aussi d'autres disciplines moins répandues comme la médecine nucléaire ou la radiothérapie qui impliquent des doses élevées pour les patients.
Dans le domaine industriel, le "petit
nucléaire" est également très répandu.
70 % des sources sont des jauges, utilisées pour des mesures
d'épaisseur, de densité ou de pesage. "Ces
appareils présentent peu de risques pour les travailleurs
mais le personnel
qui les utilise est souvent peu formé", relève
Jean-Luc Lachaume, expert sur les questions d'environnement et
de radioprotection à l'Autorité de sûreté.
Une centaine de morts (au moins)
Les gammagraphes (6 % des sources), utilisés notamment pour le contrôle des soudures, sont des appareils très bien protégés, mais utilisant des sources radioactives très dangereuses, avec des risques liés au transport par la route (accident, vol du véhicule).
Enfin les analyseurs de plomb, des appareils pour lesquels il n'existe pas de normes, utilisés pour détecter la présence de plomb dans les peintures et donc les risques de saturnisme, sont employés aussi bien par des professionnels du bâtiment que par des notaires ou des agents immobiliers, peu formés à ce type de risque.
Selon l'Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN), quelque 350 accidents radiologiques, ayant fait une centaine de morts, ont été recensés dans le monde depuis 1945. Une forte proportion (41 %) de ces accidents se sont produits dans le secteur industriel (gammagraphes), ces chiffres étant toutefois à prendre avec précaution en raison d'un grand nombre d'accidents non-déclarés. L'erreur humaine est le plus souvent à l'origine de ces accidents. Les risques du secteur industriel sont pourtant connus depuis longtemps, lire le texte "Les nouvelles applications industrielles des rayons X peuvent-elles menacer la santé des travailleurs ?" d'avril 1943 [en PDF] Science et Vie n°308)
Pour contrôler ces milliers d'objets qui peuvent être dangereux pour la santé, la France dispose d'un dispositif de surveillance souvent inadapté. "Il y a des inquiétudes sur la façon dont la radioprotection est contrôlée", reconnaît le directeur de la sûreté des installations nucléaires, André-Claude Lacoste.
A lire: Quand en 1987 des ferrailleurs à Goiania au Brésil ont trouvé puis ouvert une capsule de Cesium 137 provenant d'une clinique radiologique désaffectée, il y eu plus de 1 000 victimes reconnues.
[D'après l'IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire): Près de 600 "accidents radiologiques" ont été répertoriés dans le monde depuis 1945 conduisant à 180 décès (rapide), consécutifs à un syndrome aigu d'irradiation, et donc bien plus de morts avec les cancers, leucémies, etc.]
[Entre 1940 et 1945 - Institut du Radium
- Paris (France) - Distillation de polonium
Au cours d'une opération de distillation sur une forte
source de polonium, le récipient de verre se fend et Mme
Sonia Cotelle
prend en pleine figure le polonium dont elle respire une quantité
très supérieure à la dose létale.
Elle succombe deux semaines plus tard. Mme Joliot, qui se tenait
derrière elle, est protégée par sa collaboratrice
et ne subit aucun effet immédiat sur sa santé.]
21 août 1945 - Los Alamos (USA) -
Assemblage critique
Un opérateur approche une brique
de tungstène d'un assemblage composé de deux hémisphères
de Plutonium. L'opérateur a reçu environ 600 rems
et décède 30 jours après. [Un garde à l'extérieur reçoit
50 rems]
21 mai 1946 - Los Alamos (USA) - Assemblage
critique
[Le physicien canadien Louis Slotin,
voir vidéo] laisse tomber dans un assemblage critique un morceau de béryllium.
Il reçoit 2 000 rems et meurt 9 jours après. 7 autres
personnes étaient présentes, elles reçurent
les doses suivantes: 360, 250, 160, 110, 65, 47 et 37 rem. Le
premier est mort d'un infarctus et le quatrième d'une leucémie.
10 janvier 1956 - Milford (USA) - Gammagraphie
Un employé dans un chantier
de construction prend un objet métallique suspendu à
une ficelle. Il le met quelques minutes dans sa poche, puis dans
la boîte à gants de sa voiture. C'est une source
de cobalt 60 de 1,6 Ci. Elle occasionne une dose de 25 rems et
une radiodermite.
16 juin 1958 - Oak Ridge (USA) - Centre
de traitement du combustible irradié
Une solution concentrée en U
235 est introduite par erreur dans une cuve destinée à
recevoir des eaux de rinçage de réservoir de stockage
de criticité. L'arrivée de l'eau entraîne
une réaction de criticité : 8 personnes furent irradiées
à 460, 430, 410, 340, 300, 90, 90 et 30 rems (pas d'information
sur la santé des personnes après 1968).
[C'était le premier accident
de criticité survenu (sauf URSS) dans une usine traitant
des matières fissiles. Il y en aura 6 autres par la suite aux Etats-Unis et 1
en Grande-Bretagne. 13
en URSS entre 1953 et 1978 et 1 au Japon.]
24 octobre 1958 - Vinca (Yougoslavie) -
Réacteur expérimental uranium naturel-eau lourde
puissance nulle
Le dispositif de mesure des rayonnements
avait été déconnecté du système
d'alarme et de la commande de chute automatique des barres de
contrôle.
8 personnes furent irradiées. Les doses les plus élevées
furent les suivantes : 525, 510, 510, 500, 390, 250 rems ("Les
spécialistes n'ont jamais réussi à se mettre
précisément d'accord. Il aurait fallu mesurer sur
le champ un très grand nombre de paramètres pour
avoir une valeur exacte de cette dose. De toute façon,
nous savions qu'il s'agissait d'une irradiation très forte,
et les diverses évaluations qui ont été faites
depuis coïncident au moins sur l'ordre de grandeur : quelques
centaines de rems [680 selon une estimation, et 420 selon une
autre, par exemple]" lire: Un irradié raconte...). Le premier
est mort le 32ème jour. Les 5 autres, pour qui une greffe de la moelle osseuse fut tentée,
sont en bonne santé [en 1977].
30 décembre 1958 - Los Alamos (USA)
- Stockage d'effluents liquides
Une solution organique de Pu (3,3 kg)
est déversée par erreur dans un réservoir
de 400 litres de solution aqueuse. L'agitation de ces effluents
a donné une réaction de criticité non immédiatement
décelée. Trois irradiés : 6 000, 180 et 50
rems.
L'opérateur a été transporté à
l'hôpital, choqué et inconscient. Il décède
en trente-six heures. Les deux autres irradiés ont une
modification de la formule sanguine persistante.
29 mars
1960 - Université de Madison (USA) - Irradiations expérimentales
Un chercheur prend un vase dans lequel
se trouvait un tube métallique dans lequel coulissait une
source de 200 Ci de cobalt 60, commandée à distance.
L'opération dure environ 10 mn. Une demi-heure plus tard
il est pris de nausées. La dose était comprise entre
250 et 300 rems. Le 26ème jour, les symptômes de
radiodermite se manifestent, le 37ème jour, les poils tombent.
La radiodermite se "creuse" à la fin du 8ème
mois. La stérilité totale est atteinte le 5ème
mois (la dernière publication date de 1962).
3 février 1961 - Idaho Falls (USA)
- Réacteur nucléaire uranium enrichi (93 %) eau
ordinaire bouillante
Un retrait rapide de la barre centrale
de commande a entraîné une excursion de puissance
très élevée (30 000 MW); la cuve est projetée
vers le haut (3 m) ; le circuit primaire est rompu. 20 % des produits
de fission sont volatilisés dans le réacteur.
Deux hommes sont tués sur le coup, un troisième
blessé à la tête décède pendant
son transport à l'hôpital.
84 Ci d'iode 131 ont été rejetés à
l'extérieur.
[1961 - Suisse - Peinture tritiée, un mort.]
Fin 1961 - Angleterre - Hôpital de
Plymouth
Un opérateur utilise un appareil
de radiothérapie à la tension de 50 kV au lieu de
10 kV. L'erreur de réglage persiste une semaine. Onze malades
sont irradiés à des doses 60 fois plus élevées
que prévues (~ 6000 rems à la peau). L'érythème
apparaît entre 3 et 6 jours. Le 14ème jour, la peau
est soulevée par du liquide et tombe dans la semaine suivante.
La peau se reforme : sur les doigts vers la 9ème semaine,
sur la face palmaire la 12ème semaine. 5 mois après,
certains malades présentaient des zones ulcérées.
21 mars 1962 - Mexico (Mexique) - Perte
de source radioactive
En couchant son fils âgé
de 10 ans, la mère retire un petit cylindre de métal
de la poche de culotte et le met dans le tiroir du buffet de la
cuisine. C'est une source de cobalt 60 de 5 curies. La mère
(enceinte de 6 mois), les deux enfants et la grand-mère
décèdent. Le père (30 ans) survit car son
travail, hors du domicile, réduisait l'irradiation. Le
tableau suivant résume ce dramatique accident :
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[1963 - Chine - Irradiateur de semences, 2 morts.]
[1964 - Allemagne - Peinture tritiée, un mort.]
24 juillet 1964 - Wood River Junction (USA)
- Usine de retraitement du combustible irradié
Criticité obtenue en versant
par inadvertance une solution de nitrate d'uranyle (uranium enrichi)
dans un réservoir de 63 cm de diamètre.
Trois personnes irradiées : 15 000, 80 et 50 rems. Décès
de la plus irradiée 49 heures après.
30 décembre 1965 - Mol (Belgique)
- Réacteur expérimental à uranium enrichi
(7 %) modéré à l'eau lourde + eau ordinaire
Un opérateur retire une barre
de commande centrale alors qu'une barre était déjà
enlevée.
La dose reçue (irradiation venant du bas) variait de 5
000 rems à la plante du pied gauche à 200 rems à
la tête. Après amputation à mi-cuisse, suite
à la nécrose de la jambe, le rétablissement
de l'état de santé a été assuré.
48 % de la moelle osseuse a reçu une dose supérieure
à 500 rads et 52 % entre 200 et 500 rads.
3 mai 1968 - La Pate (Argentine) - Perte
de source
Un ouvrier soudeur âgé
de 37 ans ramasse, sur un chantier un petit cylindre de métal.
Il le met dans sa poche. Le lendemain, il le montre à ses
camarades, le met dans l'autre poche et le garde toute la journée.
Le surlendemain (dimanche) il est hospitalisé pour des
douleurs insupportables et des tuméfactions de la partie
antérieure des deux cuisses. Le 24e jour, la déclaration
de perte de source radioactive (13 curies de cesium 137) conduit
les responsables du chantier à la retrouver, au vestiaire,
dans le bleu de travail de l'ouvrier. Les doses reçues
variaient de 1,7 million de rads au contact de la source à
2 000 rads aux gonades, 300 rads à la poitrine et 60 rads
à la tête. Ce travailleur subissait une première
amputation de la jambe gauche six mois après l'accident
puis celle de la jambe droite le huitième mois. Il était
en vie en 1972.
Août 1968 - Chicago (USA) - Ecole
de médecine
Une femme âgée de 73 ans
reçoit par voie intraveineuse de l'or radioactif. La dose
prévue pour cet examen du foie par scintigraphie était
de 200 microcuries. La dose administrée fut mille fois
plus importante : 200 millicuries. Elle décéda 69
jours plus tard. A un mètre de la patiente, le débit
de dose était égal à 35 mrem/h. Les organes
les plus contaminés (foie, rate) ont reçu environ
7 000 rems. La dose à la moelle osseuse a été
de 500 rad environ.
4 février 1972 - Oak Ridge (USA)
- Centre de recherche
Un technicien de 32 ans s'approche
d'une source en position d'irradiation pour changer des échantillons
de graines destinées à être irradiées.
Le débit de dose atteignait 2 100 rad/h à l'endroit
de l'échantillon. Dose de 500 à 600 rads à
la main gauche et le double à la main droite. Le dosimètre
porté à la ceinture indiquait 260 rems. La dose
à la moelle osseuse est estimée à 120 rems.
Les perturbations hématologiques cessèrent au bout
d'un mois et demi. La reprise du travail a eu lieu 11 semaines
après l'incident (dernière information : 1974).
Juin
1972 - France - Chantier
Un manoeuvre de 41 ans effectue des
gammagraphies sur des soudures. La source tombe au sol au cours
des manipulations. L'homme croit que c'est une goupille et la
met dans la poche droite de sa veste. Elle y reste 4 à
5 heures. La source avait une activité de 15 curies d'irridium
192. Le film dosimètre indiquait 120 rems. La dose à
la moelle osseuse est estimée à 160 rems. Les signes
de radiodermites apparurent le 10ème jour. La surveillance
médicale se poursuit [en 1980].
27 juillet 1972 - Surry 1 (USA) - Centrale
PWR-788 MWe
Lors des essais, après être
arrivé à 30 % de la puissance nominale, le réacteur
est arrêté. Deux techniciens recherchent les causes
de non-fonctionnement d'une soupape associée à une
chasse à vapeur du circuit secondaire. Une rupture de tuyauterie
projette de la vapeur à 300 °C dans la salle où
se trouvent les techniciens. Ils décèdent atteints
par le jet de vapeur.
26
septembre 1973 - Windscale (Royaume-Uni)
- Usine de retraitement du combustible
Une cuve recueillant des effluents
relatifs au rinçage des tronçons de gaine en zircalloy
n'est pas rincée après une " campagne ".
Au début de la campagne suivante, suite à une difficulté
une solution de combustible dissous est envoyée dans la
cuve. Les particules de zircalloy qui y séjournaient catalysent
une violente réaction chimique. Des défauts de ventilation
véhiculent la contamination (ruthenium 106):
- 35 travailleurs ont une
contamination interne.
- 15 à 30 rems 20 personnes
- 36 à 155 rems 10 personnes
- 1023 rems 1 personne
L'installation est toujours arrêtée.
3 décembre 1973 - Saint-Laurent Il
(France) - Centrale UNGG-515 MWe
Un jet de vapeur cause la mort de deux
travailleurs.
19 novembre 1975 - Gundremmingen I (RFA)
- Centrale BWR 250 MWe
Deux mécaniciens interviennent
lors d'un arrêt du réacteur sur une boite à
étoupe.
Ils desserrent les boulons assurant l'étanchéité.
Aucune vapeur ne sort, ils supposent que la chambre n'est plus
sous pression. Ils libèrent complètement le couvercle.
L'étoupe a dû se détacher, laissant s'échapper
de l'eau à 270 °C sous 60 bars. Un mécanicien
meurt sous le coup, l'autre décède le lendemain.
13 mai 1975 - Brescia (Italie) - Installation
commerciale d'irradiation
Un soudeur intervient dans une installation
d'irradiation industrielle [de céréales]. La source
de Cobalte 60 supposée être dans son dispositif de
stockage est en fait sortie. Pendant l'intervention, le visage
est irradié à des doses comprises entre 1 400 et
2 800 rads. La dose moyenne était de 1 200 rads, 87 % de
la moelle osseuse a reçu une dose supérieure à
800 rads et 13 % entre 400 et 800 rads. L'évolution a été
rapide, et la mort est survenue le 13ème jour. [Les symptômes
présentés par le manoeuvre après son intrusion
dans la chambre d'irradiation, ont d'abord été attribués
a l'effet toxique d'insecticides. Après admission à
l'hôpital, son irradiation est restée ignorée
pendant plus de deux jours par les médecins.]
23 septembre 1977 - New Jersey (USA) - Installation
commerciale
Peu après minuit, un opérateur
de production de 32 ans entre dans une cellule réservée
à l'irradiation de différents produits médicaux
et chimiques. Il pose des paquets sur la courroie du transporteur.
Percevant une sensation de fourmillement (hérissement des
poils dû à l'électricité statique),
il lève les yeux : la source de 500 000 curies est en position
"sortie" à 3 m de lui. Il sort précipitamment
et rencontre deux autres travailleurs qui s'apprêtent à
entrer. La dose a été estimée à 200
rads. Le patient est gardé en isolation dans un hôpital
pendant un mois et demi. L'accident a été causé
par des manquements graves à la radioprotection (porte
en acier démontée et remplacée provisoirement
par un contre-plaqué, verrouillage électrique déconnecté,
avertisseur lumineux masqué).
Début mai
1978 - Sétif (Algérie) - Perte d'une source d'un
appareil de gammagraphie
Deux garçons âgés
de 3 et 7 ans jouent avec un petit cylindre de métal près
de la fontaine du village. La grand-mère met cet objet
dans un cageot avec lequel elle transporte des objets divers jusqu'à
la maison. C'est un porte-source renfermant 17 curies d'irridium
192. Pendant 5 à 6 semaines, à raison parfois de
6 à 8 heures par jour, 22
personnes se feront irradier (débit
de dose à 1 mètre = 8 rad/h environ). La source
ne sera découverte que le 12 juin 1978. Les premières
personnes sont évacuées en France le 16 juin 1978.
Parmi les 22 personnes irradiées, 7 le seront sévèrement
:
A) Les deux garçons : état général
en amélioration, mais radio-lésions aux mains (greffe
+ amputation d'un doigt) ;
B) Deux jeunes filles (17 et 19 ans) et deux jeunes femmes (20
et 22 ans) présentent un syndrome général
sévère; pas de lésions locales ;
C) La grand-mère (47 ans) décède dans les
15 jours qui suivent la fin de l'irradiation (brûlure et
nécrose des tissus des parois abdominales et thoraciques).
La reconstitution de l'incident est particulièrement difficile
et les réactions de l'organisme ne s'apparentent pas nécessairement
à celles d'une irradiation unique et limitée dans
le temps. Les doses sont probablement comprises entre 500 et 1000
rads, bien que les évaluations déduites de l'analyse
des cellules sanguines donnent une fourchette de doses comprises
entre 230 et 550 rads pour les quatre femmes en vie et 220 à
250 rads pour les jeunes garçons. L'une des jeunes femmes
(20 ans), enceinte lors de l'incident, a avorté spontanément
dans les deux semaines qui ont suivi la phase de restauration.
Quatre malades ont nécessité 300 transfusions en
un mois et demi.
[Montpellier en 1979: un blessé grave amputé d'une jambe après avoir ramassé une source de gammagraphie désolidarisée de l'appareil]
Extrait du livre: Le dossier électronucléaire,
Syndicat CFDT de l'énergie atomique,
édition du seuil 1980.
[1981 - Oklahoma (États-Unis) - Exposition à un appareil de radiographie industrielle, un mort.]
A Kjeller (Norvège, 2 septembre 1982), l'employé, dans le métier depuis une trentaine d'années, est mort en treize jours d'insuffisance rénale aiguë, sur un fond d'aplasie profonde (Stavem et al., 1995). L'évaluation des doses par analyse chromosomique n'a pas été possible en raison de dommages lymphocytaires considérables. L'évolution hématologique et l'examen par résonance paramagnétique électronique d'objets portés par la victime indiquent une dose moyenne d'environ 20 Gy. [1 Gy = 100 rad]
A Juarez (Mexique, 6 décembre 1983), le démantèlement sauvage d'une source de téléthérapie constituée de billes de cobalt 60 (15,6 TBq) a été découvert par hasard lorsqu'un camion chargé de fers à béton a déclenché le 16 janvier 1984 les alarmes du centre de Los Alamos aux USA (Sec, de Energ., 1984). Ces fers provenaient d'une fonderie mexicaine qui avait traité les résidus récupérés de la tête de la source. Environ 4 000 personnes ont été exposées. Parmi celles-ci, environ 800 ont reçu des doses supérieures à 50 mGy et huit entre 1 et 7 Gy. [...]
A Casablanca (Maroc, 19 mars 1984) les mèmes causes qu'en Algérie causèrent les mêmes effets : une source d'iridium 192 de 600 GBq perdue le 19 mars n'a été retrouvée que le 25 juin, soit 80 jours plus tard (Mettler et Nénot, 2001a ; Parmentier et al., 1990). L'accident fut découvert fortuitement, après le décès à l'hôpital de quatre jeunes frères et sueurs dans un tableau d'aplasie profonde, identique à celui qui avait causé la mort de leurs parents quelques jours avant. Cet accident a causé huit morts et plusieurs irradiés qui ont présenté des aplasies de gravité variable ; il n'est pas exclu que cet accident ait fait d'autres victimes.
[1986 - Texas (États-Unis) - 2 morts par suite d'un accident auprès d'un accélérateur linéaire.]
A Goiânia (Brésil, 13 septembre 1987), la dispersion d'une source médicale de chlorure de césium 137 (50,9 TBq) a eu des conséquences plus graves que celles de Juarez, en raison de la grande solubilité du produit. Les premiers signes du syndrome aigu d'irradiation apparus chez les ferrailleurs ont été attribués à une pathologie tropicale, et il s'est écoulé deux semaines avant que l'accident soit reconnu (IAEA, 1983). Parmi les vingt personnes hospitalisées d'urgence, dix avaient reçu des doses entre 3 et 7 Gy. Vingt-huit personnes ont présenté des brulures graves. La plupart des patients avaient de surcroît des contaminations internes, dont certaines correspondaient à des doses engagées élevées. Quatre victimes décédèrent. Une premiere décontamination de l'environnement, qui a nécessité la destruction de maisons, n'a été achevée qu'après trois semaines ; la ville et ses environs n'ont été considérés assainis de façon acceptable qu'en mars 1988. L'impact économique fut très lourd, et l'économie de toute la région a été affectée.
A San Salvador (El Salvador, 5 février
1989), trois employés d'une installation industrielle
de stérilisation (source de cobalt 60, 0,66 PBq) ont été
irradiés alors qu'ils tentaient de débloquer le
porte-source (IAEA, 1990). L'irradiation n'a été
reconnue qu'avec l'apparition d'une brulure trois jours après
l'accident. Deux semaines furent nécessaires pour que l'installation
soit à nouveau sûre. Les doses furent évaluées
à 8, 4 et 3 Gy, avec une répartition hétérogène
; chez le plus gravement atteint la dose en certains points dépassait
10 Gy. Les trois victimes furent traitées par un facteur
de croissance (GM-CSF), dont l'efficacité n'a pu être
prouvée. Les suites
ont été très graves pour deux des irradiés
: chacun a dû être amputé d'une jambe ; six
mois plus tard, ils ont subi, l'un l'amputation de l'autre jambe
et l'autre une intervention thoracique, cause de sa mort.
A Soreq (Israël, 21 juin 1990), l'employé a
violé deux consignes pour pénétrer dans la
chambre d'irradiation. Deux heures après l'accident, la
victime a été hospitalisée et sa dose évaluée
entre 10 et 20 Gy ; six heures plus tard, un traitement anti-infectieux
préventif a été combiné à un
traitement par facteur de croissance hématopoïétique
(GM-CSF) (IAEA, 1993). Une greffe de moelle a été
pratiquée le quatrième jour avec la moelle du frère
de la victime. Le patient est mort 36 jours après l'accident
d'un syndrome digestif grave et de défaillance respiratoire.
A Forbach
(France, 13 aout 1991), les trois manutentionnaires d'un
accélérateur linéaire utilisé pour
dépolymériser du Téflon ont été
irradiés lors de leurs intrusions répétées
dans l'appareil, alors que la tension accélératrice
était maintenue afin de gagner du temps (Chanteur, 1992).
Le débit de dose de l'émission résiduelle
était encore de quelques Gy par seconde. Les lésions
cutanées furent attribuées à un coup de soleil
; après plusieurs jours et devant l'évolution sévère
présentée par une des victimes l'origine radiologique
des lésions fut reconnue. Ce patient dût subir des
greffes de peau répétées qui nécessitèrent
son hospitalisation pendant une année entière. Son
état est demeuré précaire.
A Nesvizh (Belarus, 26 octobre 1991), la gravité de l'irradiation a été immédiatement reconnue et la victime transportée dans des délais très courts à Moscou (IAEA, 1996a). La dose a été évaluée supérieure a 10 Gy, avec une répartition très inégale dans l'organisme. Les médecins russes refusèrent d'envisager une transplantation de moelle, car ils estimèrent que la restauration hématologique était possible et que la transplantation comportait plus de risques que d'avantages. Le patient, traité par facteurs de croissance (GM-CSF et IL-3), a restauré son hématopoïèse en quelques semaines. Cependant la détérioration de tous les autres systèmes fut rapidement dramatique ; un syndrome digestif apparut en une semaine, suivi de brûlures étendues heureusement échelonnées dans le temps, de défaillances hépatique et rénale, compliquées par des problèmes pulmonaires, qui entraînent la mort du patient 113 jours après son irradiation.
A Hanoi (Vietnam, 17 novembre 1992), un ingénieur a été irradié gravement aux mains par le faisceau d'un accélérateur linéaire d'un institut de physique, alors qu'il positionnait un échantillon pour l'analyser (IAEA, 1996b). Bien que la victime ait eu la notion immédiate de son accident, l'origine de ses brûlures ne fut reconnue qu'après deux semaines, à cause de l'aggravation de son état clinique. Quatre mois plus tard, le patient fut transféré en France dans un état grave et amputé de la main droite et des deux derniers doigts de la main gauche.
Perte de source industrielle à Xinzhou (province de Shenzi, Chine, 19 novembre 1992) : après vingt ans de fonctionnement, les sources de cobalt d'un irradiateur industriel furent stockées dans un puits lors de la fermeture de l'installation en 1980 (Wu De-Chang, 1993). Lors de l'ouverture d'un chantier de construction, un ouvrier a trouvé un objet métallique et l'a ramené chez lui. L'activité résiduelle de la source était de 400 GBq. La victime, son frère et son père sont morts quinze jours plus tard. Ces décès ont alors été attribués à une maladie infectieuse. Comme le malade était venu à l'hôpital avec la source, environ cent personnes ont été irradiées : le personnel, les visiteurs et les manutentionnaires qui transportaient la source jusqu'au lieu de stockage des déchets. Ce n'est qu'après un mois que la cause réelle a été évoquée. La source a été retrouvée plus de deux mois après son détournement.
Un accident grave a eu lieu près de Tallin (Estonie, 21 octobre 1994), après qu'une source de césium 137, vraisemblablement d'origine militaire, ait été dérobée dans le centre de stockage de Tammiku et soit restée dans une maison pendant 27 jours [voir vols de sources radioactives]. Le décès rapide de l'acteur principal, âgé de 25 ans, est attribué à une toxémie d'origine traumatique. Il a fallu qu'un jeune garçon de 14 ans présente des brûlures et une aplasie pour que l'étiologie soit évoquée par le pédiatre. La source, dont l'activité n'a pu être précisée, a été récupérée dans des conditions précaires. En tout, sept personnes ont été exposées à des doses significatives, et cinq ont subi des dommages graves (IAEA, 1998a).
Trois années plus tard, des gardes-frontière
du centre d'entraînement de Lilo (Géorgie) [à
20 km à l'est de Tbilissi], ont été exposés
à des sources militaires de césium 137, dont onze
ont pu être identifiées. L'irradiation
a duré approximativement un an, de mi-1996 à avril
1997 et a été formellement reconnue en août
1997 (IAEA, 2000b ; Peter et al., 2001). Les quatre victimes les plus
gravement atteintes, toutes avec des brulures multi-focales, ont
été traitées en France et sept autres en
Allemagne. Certaines ont bénéficié, pour
la première fois dans le cas de brulures radiologiques,
de greffes de peau artificielle, couronnées de succès.
Le nombre de sources retrouvées
sur le terrain [Après une fouille
systématique, 15 sources de césium ont été
retrouvées sur cette ancienne base militaire russe.] permettent de penser que de nombreuses
autres recrues ont pu être exposées.
[A la suite de cet accident, d'autres sources abandonnées
ont été identifiées dans le cadre de missions
de l'AIEA, en particulier en 1998 à proximité du
village de Matkhoji, situé à 300 km à l'ouest
de Tbilissi.
Voir le documentaire "Géorgie: Les secrets d'une contamination"
(Youtube, 15 mn, basse définition) Une enquète
de la rédaction de 90 minutes sur les sources radioactives
abandonnée par l'Armée rouge dans cette ex-république
soviétique.
A Sarov (Russie, 17 juin 1997), dans le centre militaire d'Arzamas-16, des erreurs de manipulation sur un assemblage d'uranium causèrent une excursion critique ; l'employé fut exposé à un flux neutronique élevé, prépondérant par rapport à l'exposition gamma (IAEA, 2001). La dose moyenne fut estimée à environ 15 Gy, avec un gradient très important suivant les régions du corps, certaines pouvant avoir reçu jusqu'à 60 Gy. Moins de trois jours après l'accident, la victime est morte d'insuffisance cardiaque.
[Istambul, (Turquie fin 1998), une source
provenant d'un appareil de radiothérapie (environ 15 TBq)
a été trouvée dans une décharge industrielle
par cinq ferrailleurs qui ont tenté de l'ouvrir. Les cinq
ferrailleurs ont reçu une dose évaluée entre
3 et 6 grays au corps entier. La source a été identifiée
(et confinée) plus de trois semaines plus tard, ce qui
a entraîné l'irradiation de dix autres personnes.]
A Yanango (Pérou, 20 février
1999), une source d'iridium 192 d'environ 1 TBq, perdue sur
un chantier, a été ramenée au domicile d'un
employé et ne fut retrouvée qu'au bout de 10 heures
(IAEA, 2000a). Les doses aux tissus de la cuisse et du périnée
furent estimées entre 10 et 30 Gy. La gravité des
lésions de la cuisse a justifié son évacuation
en France, ou des traitements de pointe apportèrent une
amélioration transitoire mais ne purent empêcher
une rechute dramatique au bout de six mois, avec apparition de
lésions des tissus profonds du bassin, que ni la clinique
ni la reconstitution dosimétrique ne laissaient prévoir.
Un an après l'accident, la victime était dans un
état désespéré.
A [Samut Prakarn] (Thaïlande) une source de radiothérapie de cobalt 60, non utilisée depuis son achat en 1974, a été volée les 25 et 26 janvier 2000 dans un entrepôt, puis rapidement revendue [voir vols de sources radioactives]. L'activité de la source était alors d'environ 16 TBq. Pendant près de trois semaines, les quatre voleurs, deux jeunes ferrailleurs, le patron d'une boutique d'occasions et six membres de sa famille furent exposés à de fortes doses, plus ou moins localisées. Dix d'entre eux furent hospitalisés pour hémorragies et brulures graves (Suzuki, 2000). La relation de cause à effet fut établie très tardivement. Trois personnes, âgées de 18, 23 et 44 ans, décédèrent au cours du deuxième mois après le vol de la source. Les informations sur les autres blessés furent contradictoires ; sans doute afin d'éviter une panique parmi la population, et devant le nombre très élevé de personnes pouvant avoir été exposées, les autorités thaïlandaises ont été particulierement silencieuses. Il a été néanmoins établi qu'une dizaine de victimes nécessitèrent des soins intensifs et que certains durent subir des amputations. Quarante-quatre personnes, dont 5 femmes enceintes, ont présenté des signes éventuellement attribuables à l'irradiation. Un contrôle hématologique a été pratiqué chez plus de mille personnes ; 19 d'entre elles présentaient une leucopénie. Cet accident a été considéré comme une catastrophe nationale [...].
A une dizaine de kilometres au nord du Caire (Égypte, 5 mai 2000), une source d'iridium 192 d'environ 1,5 TBq, perdue dans le sable près du village de Mit Halfa par une entreprise de soudure, a été trouvée par un agriculteur de 61 ans (El Naggar, 1997). Neuf personnes de sa famille furent alors exposées pendant sept semaines (débit de dose de 150 mGy à 1 mètre de distance). L'aplasie, la fièvre et les éruptions cutanées furent d'abord attribuées à une virose. Ce n'est qu'après la mort de l'agriculteur et de son fils de 9 ans (30 et 42 jours après le début de l'irradiation) que la relation de cause à effet fut évoquée. Les autres membres de la famille les plus irradiés furent la mère de famille, ses deux filles, son fils de 22 ans et une de leurs tantes, qui reçurent entre 3 et 4 Gy. L'exposition prolongée de 150 habitants du village fut de l'ordre de 25 a 150 mSv ; des analyses biologiques furent pratiquées chez 400 personnes. Les intervenants, au nombre d'une centaine, reçurent des doses entre 15 et 100 mSv.
Extrait de Radioprotection 2001
Vol. 36, n° 4, pages 431 à 450
"Les accidents d'irradiation, 1950-2000
leçons du passé"
J.-C. NÉNOT.
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