Atlantico, 31 octobre 2011:
Michel Claessens présentait il y a quelque temps le projet de réacteur nucléaire ITER sur Atlantico. Yves Lenoir, conseiller de Corinne Lepage sur les questions énergétiques, répond point par point et dénonce les risques encourus.
Lorsque le directeur de la communication de la Commission Européenne - selon sa fiche autobiographique - Michel Claessens, monte au créneau pour faire l'apologie du projet de machine à fusion atomique ITER, on se sent interpellé. Si l'on prend le temps de chercher à savoir à qui on a vraiment affaire, un Dr ès Science chimie physique, alors on se dit que c'est vraiment du sérieux et qu'il faut regarder de plus près ce qu'écrit notre homme.
Le titre, « ITER : ce grand absent du débat sur le nucléaire, symbole d'une politique française court-termiste », surprend à plusieurs égards, et méconnaît la logique de la controverse politique en cours concernant la sortie ou non du nucléaire. Développons un peu ces préliminaires. La stratégie énergétique française est tout sauf court-termiste. Elle s'inscrit dans une suite de décisions prise à partir de la fin des années 1950 quand le CEA, en liaison avec le centre de recherche de Karlsruhe, lança un programme visant la réalisation de surgénérateurs au plutonium.
[...]
Il rappelle, tel un perroquet bien dressé, qu'ITER, réacteur où fusionner les noyaux de deutérium et de tritium, ne produira pas de déchet radioactif de haute intensité à vie longue. La belle affaire ! Le risque atomique n'est pas réductible à ce type de déchet ! ITER, s'il fonctionnait un jour, serait un surgénérateur à tritium, isotope radioactif de l'hydrogène de période 12,5 ans, pratiquement impossible à bien confiner car, comme tout gaz léger, il a la manie de diffuser au travers d'à peu près n'importe quelle matière comportant des microfissures, n'importe quel joint etc. C'est pour cette raison que les centrales atomiques, où il s'en produit par fissions ternaires, ont des autorisations de rejets très élevées, ainsi que les usines de retraitement. Par ailleurs les neutrons de très haute énergie qui véhiculent l'énergie des fusions vont immanquablement produire (outre la surgénération du tritium) une activation massive de toutes les structures du réacteur.
Ces structures seront donc très vite
hautement radioactives et présenteront ainsi un risque
radiologique considérable, bien plus que celui dû
aux réacteurs atomiques de fission, dont le démantèlement
pose pourtant des problèmes de radioprotection tels que
l'on ne cesse d'en retarder l'exécution (on envisage maintenant
d'attendre un siècle après l'arrêt définitif).
Ces quelques défauts passés sous silence concerneraient
cependant plutôt la production effective d'énergie
de fusion. Ce qu'on peut escompter d'ITER n'est pas de cette dimension,
mais bien plus inquiétant à bien des égards.
Le rapport Dautray (2002),
du nom de l'ancien directeur scientifique du CEA (plusieurs pointures
au dessus de Michel Claessens), pose des questions d'autant plus
gênantes qu'elles sont sans réponses, tant théoriques
que pratiques, ce qui signifie que ITER fonce dans un certain
brouillard conceptuel.
Selon Robert Dautray, la preuve de la faisabilité scientifique
de la fusion contrôlée comporte :
« démonstration de l'ignition du mélange
pendant environ 1 000 s ;
démonstration de la possibilité de récupérer
l'énergie ;
démonstration du fonctionnement en continu ;
démonstration de la possibilité de multiplier
les neutrons (utilisation du béryllium, l'un des plus puissants
poisons existant dans la nature) pour la surgénération
du tritium dans des couvertures de Lithium6, sans trop perdre
de tritium pour garder un rapport supérieur à un
(le reste part se faire absorber dans les structures) ;
mise au point des matériaux nécessaires ;
récupération et purification du tritium ;
fonctionnement, exploitation, maintenance et remplacement
des composants ou des élément défaillants,
malgré le niveau élevé de radioactivité
;
étude de sûreté, de la radioprotection,
tant pour les travailleurs que pour les populations et l'environnement,
et traitement des déchets ;
étude des problèmes de protection contre la
prolifération [avec des neutrons rapides on fait du plutonium
ultra pur à partir de l'uranium appauvri, facilement et
sans frais, le by-product tant attendu de la surgénération
du plutonium] ;
tout cela se fera sur plusieurs (à cause de la radioactivité)
machines devant, pour beaucoup, fonctionner à la puissance
maximale d'expérimentation, i.e. entre 1 000 et 3 000 MWth,
à cause de la non-linéarité des phénomènes
[les essais à basse puissance ne permettent pas d'extrapoler
les résultats obtenus]. »
Dans sa conclusion Dautray se laisse à
poser quelques questions de bon sens, clairement hors de portée
de l'esprit de notre mercenaire atomique :
« [tel encadré pointant des problèmes cruciaux]
interdit-il de penser que la faisabilité scientifique complète,
telle que décrite ci-dessus puisse advenir avant un nombre
fort élevé de décennies ? Mais à cette
distance dans le temps, aucune prévision de technologie,
de durée, ni de succès éventuel, n'a de sens
solide Doit-on considérer que le premier point de l'encadré
n'est même plus programmé faute d'un financement
suffisant ? Faut-il parler de faisabilité technique ? Ou
bien, les éléments techniques nécessaires
devront-ils être déjà, pour la plupart, dans
la démonstration de faisabilité scientifique ? Etc,
il déroule ses questions implacablement et commence sa
péroraison par un understatement tout dans sa façon
d'être : À ce niveau d'avenir incertain, la complexité
de ces équipements, le couplage étroit de la capacité
de penser le futur avec les technologies d'aujourd'hui, n'est-il
pas préférable de s'arrêter, de dire qu'on
est dans l'inconnu quand on veut prévoir si loin et donc
de dire aussi que pour le moment la fusion thermonucléaire
ne peut pas encore être comptée, avec certitude,
parmi les sources industrielles qui contribueront dans les décennies
qui viennent à maîtrise les changements climatiques
? » (cf. Gazette Nucléaire 201-202, automne 2002).
Quittons les généralités
et concluons ces quelques considérations scientifico-techniques
par les questions qu'une thèse soutenue récemment
pose à un spécialiste des plasmas et de la magnéto-hydro-dynamique,
MHD, la science de base pour décrire les phénomènes
ayant leur siège dans un réacteur de fusion atomique,
Jean-Pierre Petit.
Tout tourne autour du comportement
fondamentalement instable des machines telles qu'ITER, les tokamaks.
Leur pilotage expérimental, entaché d'innombrables
aléas, relève en fait de l'empirisme le plus complet.
On sait depuis le début, les années 50, que le confinement
du plasma est foncièrement instable. Tous les tokamaks
ont été plus ou moins gravement endommagés
suite au déclenchement de ces instabilités, qui
conduisent à des phénomènes de disruption.
On entend par là un effondrement de la température
du plasma qui passe en un millième de seconde de 100 millions
de degrés à quelques dizaines de milliers de degrés.
Passons sur les détails : personne n'est à même d'expliquer le phénomène, de le prédire avec certitude et de le maîtriser. Ce qu'il importe de comprendre relève de connaissances partagées par tout le monde : si l'énergie du plasma s'effondre, c'est qu'elle sort, sous une forme ou une autre. Le transfert se fait selon diverses modalités toutes plus destructrices les unes que les autres : des forces générées par les courants induits atteignent plusieurs centaines de tonnes et tordent les parois et leurs structures comme des fétus de paille. On observe aussi un jet d'électrons relativistes qui volatilise le matériau de la région touchée. ITER devant contenir mille fois plus d'énergie que ses prédécesseurs, les dommages encourus ne seront plus gérables.
Les coups de foudre, immanquables,
atteindront 15 millions d'ampères. À ce niveau de
puissance la couche de béryllium de 1 cm d'épaisseur
sera volatilisée et dispersera ce matériau hautement
toxique et le tritium radiotoxique contenu dans le réacteur.
Les dégâts ne s'arrêteront pas là. Les
modules tritigènes, où circule un mélange
liquide lithium plomb brefroidi dans des échangeurs à
eau seront certainement endommagés, avec un risque élevé
de contact lithium-eau conduisant à une combustion strictement
impossible à éteindre (le risque maximal des batteries
lithium-polymère), entraînant la destruction complète
de la machine.
Le phénomène de disruption représentait une gêne mineure dans les « petites » machines réalisées avant ITER. Cela se payait en temps de réparation et par un accroissement du coût de fonctionnement. Mais plus les tokamaks grossissaient et plus les destructions engendrées par ce phénomène s'aggravaient. Avec ITER, c'est la sécurité des employés et des populations alentours qui sera menacée. L'extrême rapidité de l'accident rendra impossible toute mesure de mise à l'abri. Mais le pire est au delà : la destruction du système d'électro-aimants supraconducteurs : l'énergie magnétique stockée dans ses immenses bobines vaudra 51 GJ, équivalente à l'énergie cinétique du porte-avion Charles De Gaulle, 38 000 tonnes, lancé à 186 km/h !
Curieux que notre Dr ès Science soit passé complètement à côté de ces résultats scientifiques dont l'examen fait partie de sa mission d'information, pardon de com', de propagande « éclairée » : n'a-t-il pas publié en 2009 un ouvrage intitulé « Science et communication : pour le meilleur ou pour le pire ». Bref un théoricien averti en cette matière aussi paradoxale que la « langue d'Esope » Pour conclure, l'observateur naïf que je suis, ne peut s'empêcher de tirer de l'histoire des recherches sur la fusion contrôlée dans un plasma deux enseignements qui devraient préoccuper au plus haut point tout responsable d'une judicieuse allocation des ressources publiques et des bonnes décisions à prendre :
- La part des recherches sur la fusion contrôlée durant la période 1974 à 2003 représente, bon an mal an, 10% du montant de l'ensemble des recherches publiques mondiales du secteur de l'énergie. Rien n'indique que c'était moins, avant et depuis. Le projet de fusion contrôlée constitue donc la plus grande escroquerie scientifico-technique de tous les temps. Perseverare diabolicum
- Lorsqu'en 1956, le premier tore à plasma, ZETA, construit en Grande-Bretagne fut expérimenté, le lobby de la haute physique fit courir le bruit qu'il promettait la fusion contrôlée à l'horizon d'une dizaine d'années. Chaque nouveau tokamak était plus puissant que ses prédécesseurs et battait des records dont la signification pratique pourrait être discutée ; et à chaque fois l'horizon de la production d'électricité par fusion reculait.
[La fusion thermonucléaire un
rêve déjà vieux de plus de 50 ans...
à lire:
- A quand
l'énergie de fusion ? Science
& Vie n°597, juin 1967.
- Il
n'y aura pas de "fusion propre",
Sciences & Avenir n°346, décembre 1975.
- Fusion :
un petit pas de plus à Fontenay-aux-Roses,
Science & Vie n°703, avril 1976.
- Les petits
pas de la fusion, Science & Vie
n°798, mars 1984.
- Encore
un milliard de dollars pour la fusion
de Science & Vie n°879 de décembre 1990.]
Aujourd'hui, avec son optimisme peu convaincant M. Claessens annonce qu'ITER devrait être opérationnel en 2020, et qu'à partir de 2027, quand seront mis en oeuvre les vrais combustibles de fusion, nous devrions savoir si ITER produira un bilan net d'énergie. Mais ITER n'est pas conçu pour produire de l'énergie récupérable sous forme d'électricité.
Ce privilège est réservé à une machine 10 fois plus grosse, déjà dans les cartons, DEMO. Il faut travailler les politiques au corps longtemps à l'avance pour les habituer à espérer et à payer le moment venu. En l'occurrence la belle devise de Guillaume d'Orange est amputée de sa première stance, et ne reste que la seconde, point n'est besoin de réussir pour persévérer ! Celle que tout homme médiocre peut faire sienne. « Si tout va bien », c'est à dire si les résultats obtenus avec ITER peuvent être présentés de façon aussi flatteuse que ceux de ses prédécesseurs, DEMO sera lancé vers 2050 pour une démonstration autour de 2080 à 2090. [...]
L'Usine Nouvelle, 21/5/2010:
Alors que la phase principale de construction
du réacteur ITER ne doit démarrer qu'en 2012 à
Cadarache, les difficultés financières s'accumulent,
dénonce l'eurodéputée Europe Ecologie du
Sud-Est Michèle Rivasi.
La fusion nucléaire a un prix. Reste à savoir lequel.
Les nouvelles estimations du début de cette année
ont pratiquement triplé les coûts de construction
du réacteur de recherche ITER.
Elles s'élèvent maintenant à la somme considérable
de 16 milliards d'euros, dont 7,2 milliards à charge de
l'Europe. La Commission européenne déclare qu'il
manque à ce jour 1,4 milliard d'euros pour financer la
seule partie européenne de ce projet, et ce, pour la seule
période 2012-2013. Un montant similaire supplémentaire
sera aussi nécessaire pour 2014-2015. « Avec la crise
financière en Europe, plus personne ne veut payer»,
prévient Michèle Rivasi dans un communiqué.
« La seule solution est donc de stopper ce projet, économiquement
désastreux et techniquement
dangereux. C'est maintenant ou jamais !».
L'Union européenne cofinance à hauteur de 45,46%
la construction de ce réacteur expérimental à
fusion thermonucléaire. Les autres pays partenaires internationaux
participent chacun pour 9% au coût de la construction :
la Chine, du Japon, de la Corée, de la Russie et des Etats
Unis. La France, quant à elle a promis de payer 20% de
la charge européenne en échange de sa construction
en PACA.
Ana Lutzky
Les Echos17/11/2009:
Une révision du projet de 2001 s'impose pour adapter le projet au site de Cadarache mais aussi à la nouvelle donne : crise financière, inflation des coûts et progrès dans la connaissance de la fusion.
Le conseil d'ITER, qui va se réunir mercredi et jeudi à Cadarache, devrait discuter du calendrier dans le cadre du scénario global pour ce projet international destiné à prouver que la fusion nucléaire peut fournir de l'énergie au monde. "Nous devons encore finaliser un calendrier (...) peut-être que l'objectif de 2018 peut susciter des discussions", explique le directeur général d'Iter, Kaname Ikeda. "Nous avons fait tout le nécessaire pour préparer ces décisions" et malgré la crise financière, le projet ITER (réacteur expérimental de fusion) a été confirmé dans toute son étendue au conseil de juin au Japon, insiste-t-il.
Le conseil des sept partenaires (Chine, Corée, Etats-Unis, Europe, Inde, Japon, Russie) a adopté en juin dernier une nouvelle approche par étapes, avec la date de 2018 comme "base de travail" pour un premier plasma. "Si les parties décidaient que 2018 est finalement trop risqué, nous pouvons introduire de la flexibilité", dit M. Ikeda. "Si le calendrier est modifié, les coûts seront modifiés, ce n'est pas encore décidé". Mais "il faut adopter le calendrier" dès que possible, ajoute-t-il.
Officiellement lancé voilà trois
ans, le projet ITER avait
été évalué en 2001 à quelque
5 milliards d'euros mais sa facture a depuis doublé pour
atteindre 10 milliards d'euros pour la seule construction. A quoi
il faut ajouter 5 autres milliards pour
le fonctionnement. Il doit être financé en nature
à 90% par les membres qui fourniront les pièces
du Tokamak, la machine de 23.000 tonnes où s'effectuera
la fusion. "Nous sommes dans une période de préparation
intense et nous avons besoin de formaliser le lancement de la
construction", commente un responsable du projet sous couvert
de l'anonymat. "Tout le monde sait que le planning est très
tendu, la plupart des pays disent que c'est quand même possible"
mais "l'Europe a indiqué que le coût de sa contribution
était en accroissement significatif", ajoute-t-il.
L'Europe veut un ITER à des coûts raisonnables
L'Union européenne, principal contributeur (environ 45%), doit notamment assurer la construction de 39 bâtiments. Les premiers coups de pioche se font attendre sur l'esplanade de 40 hectares achevée en mai. L'UE veut "s'assurer du succès durable d'ITER à des coûts raisonnables et avec un niveau de risques acceptables", explique Catherine Ray, porte-parole pour la Science et la Recherche à la Commission. "Nous avons besoin d'un calendrier réaliste, nous devons être certains de fonder nos décisions sur des estimations de coûts crédibles, incluant des mesures pour contenir les coûts, et de nous assurer que les organisations responsables du projet seront capables de le mettre en oeuvre", ajoute-t-elle.
Une révision du projet initial, élaboré en 2001, s'imposait pour l'adapter au site de Cadarache, retenu en 2005, mais aussi parce que le monde a changé : crise financière, flambée du coût des matières premières, avancées dans la connaissance de la fusion. Tous les membres ont désormais leurs agences domestiques, y compris depuis l'an dernier la Chine qui pourrait accueillir le conseil de juin. Un tiers des accords sont déjà signés avec les agences, selon M. Ikeda, ce qui leur permet de préparer et lancer des appels d'offres.
Plus de 700 personnes travaillent maintenant sur le site, dont 400 employées par ITER Organization contre 7 voilà trois ans. En 2013, elles seront 3.000 à 4.000. L'agence ITER France, chargée de viabiliser 90 hectares sur les 180 dévolus à ITER, est dans les temps, avec 100 millions d'euros dépensés sur 150. Au total, les entreprises françaises ont déjà bénéficié de 365 millions d'euros de contrats.
Libération, 7/7/2009:
(photo et extrait de Science et Vie rajoutés par
Infonucléaire)
Rétrovision. Dans les années 50, on se donnait vingt ans pour maîtriser la fusion thermo-nucléaire. Le lancement du réacteur Iter, conçu dans cette perspective, vient d'être repoussé...
Le 18 juin, les dirigeants d'International
Thermonuclear Experimental Reactor (Iter), ce réacteur
en cours de construction à Cadarache dans les Bouches-du-Rhône,
qui doit servir à étudier la fusion nucléaire
(la condensation de deux noyaux légers en un plus lourd
qui libère une quantité considérable d'énergie)
ont annoncé un doublement du coût prévisionnel
et un retard de deux ans pour les premières expériences,
prévues pour 2018. Il y a décidément bien
des lunes entre le projet et sa réalisation. Car voici
plus d'un demi-siècle que des physiciens annoncent la maîtrise
imminente de l'énergie du soleil.
«Je me hasarde à prédire que, d'ici vingt
ans, on aura trouvé le moyen de libérer sous contrôle
l'énergie thermonucléaire», déclare,
par exemple, le très respecté physicien indien Homi
Bhabha à l'ouverture de la première Conférence
internationale atomique qu'il préside à Genève,
en août 1955.
Match retour. Quelques mois plus tard, le physicien russe Igor Kourtchatov porte un mélange de deutérium et de tritium (le plus favorable à l'amorçage d'une réaction de fusion) à une température de 1 000 000° C pendant quelques millièmes de secondes grâce à de très puissantes décharges électriques. «Enfermée comme un écureuil dans sa cage», comme le dit Kourtchatov, la fine colonne de plasma est tenue à l'écart des parois du tube, qui ne résisteraient pas une telle chaleur. La presse soviétique chante ces «mèches de tissu solaire» et ces «fils ténus de matière stellaire» et son homologue occidentale n'hésite pas à affirmer que l'URSS est sur le point de maîtriser la fusion nucléaire.
Alors que l'URSS a doublé les Etats-Unis dans la course à l'espace en lançant avec succès le Spoutnik en octobre 1957, la compétition pour la maîtrise de la fusion relève du match retour. Fin janvier 1958, le Nobel de physique britannique John Cockcroft annonce que sa machine, jusque-là secrète, Zeta (Zero Energy Thermonuclear Assembly) a porté à 5 000 000° C un mélange de deutérium et de tritium. Surtout un flux de neutrons a été détecté dans le plasma et Cockcroft se dit «certain à 90 %» qu'il a été produit par la fusion thermonucléaire. Un communiqué conjoint de l'Atomic Energy Commission américaine et de la Britain's Atomic Energy Authority annonce que les deux pays sont sur le point de maîtriser la fusion en laboratoire. «Cela ne prendra pas moins de dix ans. Cela pourrait en prendre cinquante. Mais le plus raisonnable est une vingtaine d'années», affirme Cockcroft. Trois mois plus tard, il se rétracte piteusement.
Science et Vie n°539, août 1962.
Dans les années 1960, la recherche sur la fusion se poursuit dans un relatif désintérêt du grand public comme des décideurs. Mais en 1968, les chercheurs soviétiques parviennent à un saut qualitatif majeur grâce aux machines Tokamak, heureuse contraction du terme russe désignant une «chambre toroïdale avec bobines magnétiques».
Records. C'est le début d'une nouvelle période euphorique, servie par la crise énergétique de 1973. Des machines Tokamak sont mises en chantier un peu partout dans le monde et accumulent les records de température ou de durée d'obtention du plasma. L'Energy Research and Department Administration américain annonce, en 1975, que le break even, point à partir duquel la machine produit plus d'énergie qu'elle n'en consomme, sera atteint au début des années 1980 et prévoit, pour les décennies 1990, la construction d'un réacteur expérimental de 500 MW.
Mais le contre-choc pétrolier de 1986, rend soudainement moins urgente la recherche de sources d'énergies alternatives et met fin à la course aux puissances des Tokamaks. L'URSS, l'Europe et les Etats-Unis optent, en 1987, pour la coopération internationale proposée par Mikhaïl Gorbatchev. C'est le début du projet Iter qui, après quinze ans de péripéties diplomatiques qui voient les ambassadeurs remplacer les physiciens, est définitivement lancé en 2005. La fusion thermonucléaire est décidément une technologie d'avenir qui le restera longtemps.
La fusion thermonucléaire un rêve déjà vieux de plus de 50 ans...
A lire:
- 5 000 000 de degrés - Comment les Anglais ont domestiqué l'énergie H Sciences et Avenir n°133, mars 1958.
- A quand l'énergie de fusion ? Science & Vie n°597, juin 1967.
- Il n'y aura pas de "fusion propre", Sciences & Avenir n°346, décembre 1975.
- Fusion : un petit pas de plus à Fontenay-aux-Roses, Science & Vie n°703, avril 1976.
- Les petits pas de la fusion, Science & Vie n°798, mars 1984.
Et l'extrait suivant de Science & Vie n°879 de décembre 1990:
PARIS (18 juin 2009) - Le "réacteur" expérimental de fusion Iter, un projet mondial
en construction à Cadarache (France), commencera à
fonctionner en 2018 mais ne sera pleinement opérationnel
que 8 ans plus tard [bel
optimisme!!!], a annoncé jeudi le
conseil d'administration du projet, réuni au Japon.
Le Conseil Iter, qui regroupe l'UE, la Chine, l'Inde, le Japon,
la Corée du Sud, la Russie et les Etats-Unis "a validé
une approche par étapes de la construction d'Iter, comprenant
un premier plasma fin 2018 et le début de l'exploitation
en deutérium-tritium (hydrogène stable - radioactif)
en 2026", selon un communiqué.
Le financement d'Iter n'a pas été abordé
au cours de ce conseil d'administration. Mardi, le quotidien économique français Les
Echos a rapporté que le coût de construction du réacteur
de fusion atteindrait 10 milliards d'euros, au lieu des 5 milliards
prévus initialement. Une somme à
laquelle s'ajouteront 5 milliards d'euros pour le fonctionnement.
"Nous sommes encore en train de calculer le coût final
du projet. Le financement sera présenté en novembre
au cours de la prochaine réunion du conseil", a indiqué
depuis le Japon le directeur de la communication d'Iter, Neil
Calder.
L'étendue des projets
à réaliser par Iter, qui doit démontrer la
faisabilité scientifique et technique de l'énergie
de fusion, a été arrêtée
l'an dernier.
Actuellement, l'énergie nucléaire utilise l'énergie
dégagée par la fission de noyaux d'atomes, tandis
que la fusion, qui a lieu au coeur des étoiles, libère
beaucoup d'énergie lorsque des noyaux d'atomes légers
s'assemblent pour former des noyaux plus lourds.
La fusion a lieu dans des plasmas (gaz radioactifs) chauffés
à des températures extrêmement élevées
et qu'il est très difficile de conserver au-delà
de quelques minutes.
Pour "réduire sensiblement les risques opérationnels",
le conseil d'administration d'Iter a décidé que
"les composants de base de la machine seront assemblés
et testés progressivement avant l'intégration des
composants internes" au réacteur.
Au Japon, "les Etats membres se sont mis d'accord pour qu'Iter
ne soit pas complètement fini avant son démarrage,
comme c'est le cas pour tous les grands équipements scientifiques",
a expliqué M. Calder.
Il a cité les problèmes du Grand collisionneur de
hadrons (LHC) à Genève, le plus puissant accélérateur
de particules au monde mis en route l'an dernier, arrêté
pour un an quelques jours après sa mise en service à
cause d'une panne qui a endommagé certains de ses aimants
supraconducteurs.
France-Info, 15/6/2009:
A la Une de l'Eco
Le réacteur de fusion nucléaire Iter, qui va être construit à Cadarache, devrait coûter plus de 10 milliards d'euros, soit deux fois plus que prévu. Les sept pays qui financent le projet devront valider la rallonge demain lors d'un conseil qui a lieu au Japon. C'est ce que révèlent " Les Echos ".
Jean-Marc Vittori, d'où vient ce
surcoût ?
Jean-Marc Vittori (Les Echos) : Iter est un beau projet. Les physiciens
veulent fabriquer un soleil sur terre pour produire de l'énergie
non polluante dans la seconde moitié du siècle,
à partir de deux isotopes de l'hydrogène. Beau,
mais compliqué. Il faut pouvoir baigner le carburant à
plus de 100 millions de degrés et contrôler le mouvement
à la perfection. Ca coûte très cher. D'autant
plus que pour des raisons techniques, il va falloir faire plus
gros que prévu au départ. Les matériaux comme
le titane ont beaucoup renchéri. Et il faut des pièces
très particulières, comme par exemple 10.000 tonnes
d'aciers refroidis à moins 269 degrés pour forger
les structures mécaniques du réacteur.
Les pays participants vont-ils payer la
facture ?
Jean-Marc Vittori (Les Echos) : C'est vrai que dans le contexte
actuel de crise, certains participants risquent de renâcler.
Il faudra donc peut-être redistribuer les cartes. Mais les
grands projets coûtent toujours très cher. Ce fut
le cas pour le tunnel sous la Manche, l'Airbus A380 ou le nouveau
réacteur EPR d'Areva. Les experts parlent même du
" facteur pi ", car ces immenses chantiers reviennent
souvent plus de trois fois plus cher que prévu.
16/4/2009 - Le secteur stratégique du nucléaire aidera la France à sortir de la crise, a estimé jeudi Luc Chatel en visitant le site de construction d'Iter, le futur réacteur expérimental à fusion thermonucléaire. Le projet Iter vise à reproduire l'énergie du soleil et des étoiles dans un espace confiné. Son coût est de 10 milliards d'euros répartis à égalité entre la construction et l'exploitation. Quelque 350 personnes travaillent aujourd'hui directement pour Iter. Elles seront 500 à la fin de l'année et entre 3.000 et 4.000 en 2013. La sous-traitance devrait représenter 600 personnes fin 2009. A ce jour, plus de 308 millions d'euros de contrats de prestations et travaux pour Iter ont été attribués à des entreprises françaises, dont près de 80% en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. "Le nucléaire, et l'énergie d'une manière générale en France, c'est un secteur stratégique qui nous aidera à sortir de la crise", a souligné Luc Chatel, secrétaire d'Etat à l'Industrie. "Je suis venu soutenir une filière industrielle qui est capital pour la France". François Gauché, directeur de l'agence Iter France, a souligné que le chantier s'inscrivait "dans les délais et dans les coûts prévus". La plateforme de 40 hectares sur laquelle sera implanté le site est en cours d'achèvement après deux ans de travaux. "Cela représente deux millions de m3 de déblais, soit l'équivalent de la pyramide Chéops", a précisé Fraçois Gauché. Les collectivités de la région PACA apportent un financement de 467 millions d'euros sur dix ans au projet Iter. Pendant les vingt ans de la phase d'exploitation, Iter devrait faire directement travailler 1.000 personnes et favoriser plus de 3.200 emplois indirects en France.
Enerpresse, 2/2/2009:
Le prototype de réacteur à fusion devrait coûter bien plus cher que les 10 milliards d'euros initialement consentis, révèle The Guardian dans son édition de vendredi. Selon le quotidien britannique, le budget initial n'a pas pris en compte le coût des mesures anti-séismes que nécessite l'installation de la machine dans la zone sismique de Cadarache. Bien évidemment, l'envolée du prix des matières premières, qu'a connue le monde ses dernières années, n'était pas non plus dans la tête des dirigeants d'Euratom, dans les années 1990. «Il y aura une inflation des coûts», a reconnu Octavio Quintana Trias, le patron d'Euratom, qui a d'ailleurs mandaté une équipe pour établir le niveau de ces surcoûts. Selon des scientifiques britanniques, la dérive pourrait osciller entre 30 et 100% du montant initial de la facture.
L'Express, 27/11/2008:
Le commissaire européen à la Recherche, Janez Potocnik, tire la sonnette d'alarme : Euratom, la Communauté européenne de l'énergie atomique, risque de se retrouver sur la paille à cause de l'envolée des coûts du réacteur thermonucléaire expérimental international Iter. La contribution européenne pour la construction de ce prototype à Cadarache (Bouches-du-Rhône) avait été évaluée en 2001 à 3,3 milliards d'euros, le reste étant à la charge des six autres membres du projet (Chine, Inde, Japon, Corée, Russie et Etats-Unis). Or, selon les chiffres, encore confidentiels, actualisés par les experts, Euratom pourrait avoir à verser le double, soit plus de 6 milliards d'euros. Cette dépense supplémentaire sera, certes, étalée sur dix ans, Iter devant être opérationnel en 2018, mais le plus gros des dépenses sera concentré sur la période 2010-2014. Le budget alloué à Euratom par l'UE pour le projet jusqu'en 2013 est à peine supérieur à 2 milliards d'euros.
Le Temps (Suisse), 13/10/2008:
ENERGIE. La construction du réacteur expérimental de fusion nucléaire ITER a commencé en France. Mais son budget risque d'augmenter de 30% de plus que prévu. Une conférence à Genève fait le point.
Si la population de la planète double, la consommation d'énergie pourrait tripler. Pour parer à ces besoins énormes, il "existera" d'ici 2050 une énergie propre, sûre et abondante: la fusion nucléaire.
C'est en tout cas ce que pensent les dizaines de scientifiques réunis du 13 au 18 octobre à Genève pour une conférence placée sous l'égide de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Un colloque qui sert aussi à fêter un anniversaire : «C'est à Genève, en 1958, que s'est tenue la Conférence internationale pour les applications pacifiques de l'énergie atomique», rappelle Minh Quang Tran, directeur général du Centre de recherche en physique des plasmas (CRPP) à l'EPFL.
L'une de ces applications pourrait être la fusion nucléaire. L'idée est de reproduire sur Terre, en milieu confiné, les processus qui ont lieu dans le Soleil, et d'en tirer de l'énergie sous forme de chaleur, puis d'électricité. Pour concrétiser cette vision, les présidents Mitterrand, Reagan et Gorbatchev ont jeté, en 1985 déjà, les bases d'ITER.
Ce gigantesque réacteur [non ce n'est même pas un prototype de réacteur, rien de prévue pour la production d'électricité !] expérimental de fusion de type «tokamak» doit apporter la preuve de la viabilité de cette technologie. Le projet, qui réunit sept partenaires (UE - à laquelle est associée la Suisse -, Etats-Unis, Russie, Japon, Chine, Inde, Corée du Sud) a été approuvé en 2006. Et la construction de l'installation pharaonique vient de commencer à Cadarache, dans le sud de la France.
En 2001, le budget avait été fixé à 5 milliards d'euros pour sa construction, et autant pour son exploitation. Or aujourd'hui, ce chiffre risque bien d'exploser. La raison? «Depuis sept ans, de nombreuses avancées ont été effectuées dans le domaine de la physique, de la technologie, des matériaux, explique Carlos Alejaldre, vice-directeur général d'ITER. Nous avons fait revoir le design du réacteur. Et voulons y inclure ces développements.» Pour quel surcoût? «C'est difficile à estimer...» Certains experts, dans les revues Nature et Science, évoquent un dépassement pouvant aller jusqu'à 30% du budget total. Des dépenses supplémentaires qui font déjà grincer les partenaires du projet.
Les modifications proposées sont multiples. La plus importante concerne le confinement du plasma, cette «soupe de particules» portée à 100 millions de degrés dans laquelle aura lieu la fusion nucléaire. Or récemment, les physiciens ont découvert que ce nuage de gaz pouvait, sur ses bords, émettre des «bulles», appelées instabilités. Et que ces «petites éruptions» chaotiques, au rythme d'une par seconde, pouvaient rapidement endommager le réacteur.
«C'est un gros problème, concède Ambrogio Fasoli, directeur exécutif du CRPP. Mais nous venons aussi de trouver la parade. Sans savoir toutefois ni comment ni pourquoi, elle fonctionne. Nous allons donc étudier ce phénomène à l'EPFL.» Le CRPP, qui emploie 160 personnes, dispose en effet depuis 1992 de son tokamak, le TCV, qui a coûté 52 millions. Il est ainsi devenu un des centres mondiaux qui valideront les technologies installées sur ITER. «Qui reste une machine avant tout expérimentale», tient à préciser Carlos Alejaldre.
«Obligation morale». Certains physiciens continuent d'ailleurs à penser que la technologie de fusion est si complexe qu'elle ne pourra jamais être appliquée à large échelle. Et - pire - qu'ITER risque de finir comme le SSC, l'immense accélérateur de particules américain, devisé à 4,4 milliards de dollars, mais dont la construction a été stoppée après que son budget eut presque triplé.
Carlos Alejaldre rejette cette idée: «Parmi les scientifiques, plus personne ne doute qu'ITER pourra remplir ses objectifs. Plus rien ne peut arrêter ITER. C'est même une obligation morale que de tenter de trouver des réponses au problème énergétique.»
Et d'ajouter que le Conseil d'ITER prendra la décision d'accepter ou non ces modifications de design lors d'une de ses deux prochaines séances, en novembre ou en juin. Une chose est sûre aujourd'hui déjà: la mise en service de ce colossal instrument de science interviendra en 2018 au plus tôt, avec deux ans de retard sur l'agenda prévu.
La Recherche, 1/9/2008:
Quatre-vingts modifications dans la conception du réacteur expérimental de fusion ITER vont entraîner un surcoût non encore précisé.
ITER coûtera-t-il bien plus cher que prévu? Le futur réacteur expérimental de fusion nucléaire en construction à Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône, devait coûter 10 milliards d'euros : 5 pour sa construction, et 5 pour son exploitation. Son but : prouver la faisabilité scientifique et technique de la fusion nucléaire pour produire de l'énergie. Mais les scientifiques en charge du projet ont réclamé plusieurs changements dans la conception de ce réacteur. Ces modifications ont été acceptées par le conseil, l'organe exécutif d'ITER, lors d'une réunion à Aomori au Japon. Et qui dit changements dit surcoût.
Le dépassement du budget de construction atteindrait 30%, mais Stephen Dean, président de la fondation Fusion Power Associates, estime dans le journal Nature (1) que le coût total pourrait en réalité doubler. Car il faut aussi compter avec la forte hausse du coût des matières premières, notamment du cuivre des gigantesques aimants servant à confiner le plasma. Mais si le conseil a approuvé le nouveau cahier des chargea d'ITER, il n'en a pas approuvé le surcoût. «Le chiffrage final sera issu d'une procédure longue et compliquée, indique Neil Galder, directeur de la communication d'ITER. Nous avons demandé une évaluation indépendante des coûts par un groupe d'experts internationaux, qui devra aussi proposer des pistes d'économies. Il rendra son rapport en novembre. »
Personne, cependant, ne remet en question la nécessité de modifier la conception du réacteur. La précédente datait de 2001, avant que le projet soit rendu au point mort, puis relancé en version simplifiée en 2005 (2). Depuis, des progrès ont été faits tant en physique des plasmas que dans l'ingénierie des réacteurs. Ce sont ainsi pas moins de quatre-vingts modifications qui ont été réclamées, concernant notamment le système de chauffage du plasma par micro-ondes, l'ajout de nouveaux aimants pour mieux contrôler les instabilités du plasma, ou encore le diverteur, un dispositif destiné à extraire le combustible usé.
Les délais ont aussi été revus à la hausse. La date de production du premier plasma, prévue pour 2016, a été retardée à 2018. En effet, deux ans ont été nécessaires pour mettre en place l'organisation juridique, financière et administrative de cette énorme coopération internationale. Car le nombre de pays impliqués augmente la complexité du projet: chacun des sept partenaires dispose d'une «agence domestique », chargée d'assurer sa contribution au programme, qui dispose de son personnel, de son budget, et négocie les contrats en vue d'assurer sa contribution en nature. Cela n'entraîne pas toujours une gestion très rationnelle. Un huitième partenaire devrait, par ailleurs, bientôt rejoindre le consortium: le conseil d'ITER a approuvé l'ouverture de négociations avec le Kazakhstan.
Les gouvernements des pays impliqués dans ITER remettront-ils la main au porte-monnaie ? Rien n'est moins sûr. En décembre 2007, le Congrès américain a déjà pris la décision de ne pas inclure dans le budget 2008 les 145 millions de dollars dus pour ITER...
(1) G. Brumfeld, Nature, 453, 829, 2008.
(2) Cécile Michaut, La Recherche, septembre 2005, p.24.
23/6/2008 - Le directeur général d'Iter, le Japonais Kaname Ikeda, s'est dit "confiant" lundi dans la poursuite de la participation des Etats-Unis au projet de réacteur expérimental de fusion thermonucléaire Iter, malgré la suspension de leur contribution financière en 2008. "Nous sommes confiants dans le maintien de la participation des Etats-Unis" au projet Iter, a déclaré M. Ikeda lors d'une conférence de presse à Cadarache (Bouches-du-Rhône), le site où sera construit le futur réacteur expérimental. Iter est un projet international de longue haleine réunissant les pays de l'Union européenne, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, le Japon, la Corée du Sud et l'Inde. Il est destiné à démontrer la possibilité d'une fusion thermonucléaire, comparable à ce qui se passe à l'intérieur du soleil. Le 17 janvier, le directeur de la communication d'Iter international, Neil Calder, avait indiqué que les budgets américains de recherche avaient été diminués, entraînant une suspension de la contribution américaine en 2008. "Cette année, cela n'a pas d'impact mais cela en aurait l'année prochaine", a estimé M. Ikeda. Il a souligné que les Etats-Unis continuent à "soutenir" les membres américains de l'organisation Iter international, qui gère ce projet depuis le site de Cadarache, et "participent aux réunions d'Iter". Les discussions budgétaires pour 2009 seront très importantes mais risquent d'être retardées par l'élection présidentielle aux Etats-Unis. "Il est vraiment nécessaire de maintenir la participation des Etats-Unis et de leur communauté scientifique", a insisté M. Ikeda après une visite des premiers travaux réalisés par la France à Cadarache. La France a été choisie pour le siège d'Iter après une âpre bataille avec le Japon. Elle doit viabiliser le site et a entrepris de gigantesques travaux de terrassement avec plus de 2,3 millions de m3 de terre déplacés. Le coût total d'Iter est évalué à 10 milliards d'euros répartis entre les différents participants.
11/6/2008 - La France respectera ses engagements et terminera les travaux d'aménagement routiers pour acheminer les composants du futur réacteur de fusion thermonucléaire Iter à Cadarache (Bouches-du-Rhône) mi-2009, a indiqué mercredi le directeur de la mission Iter, Colin Miège. "L'engagement de la France sur cet aspect-là sera rempli. L'itinéraire routier adapté sera terminé bien avant le passage des premiers convois" amenant les composants d'Iter, a déclaré M. Miège, lors d'une visite de ce chantier, une des premières réalisation concrètes de ce projet international réunissant Union européenne, Etats-Unis, Japon, Chine, Russie, Corée du sud et Inde. La France avait été choisie en 2005 pour accueillir le site Iter aux dépens du Japon, également candidat. Des pièces du futur réacteur pouvant peser jusqu'à 900 tonnes et mesurer 61 mètres de long devront être acheminées du port de Marseille jusqu'à Cadarache à partir de fin 2009, début 2010. La France réalise un itinéraire routier spécial qui nécessite un investissement de 91 millions d'euros. Les travaux ont débuté début 2008 et mobilisent pour l'instant 150 personnes, principalement employées par des entreprises de la région Provence-Alpes-Côte d'azur. Au total, 400 personnes seront employées. Ils comprennent notamment la construction ou l'élargissement de ponts et de voies, notamment près de la Durance, le déplacement de certains réseaux électriques ou d'irrigation pour laisser la place aux convois exceptionnels qui rouleront de nuit, parfois à seulement 5 km/h. Ces travaux complexes doivent également prendre en compte la faune et la flore. Des chauves-souris qui nichaient sous les ponts ont dû être déplacées vers des nichoirs voisins. "L'impact environnemental est limité puisqu'on a choisi d'emprunter en grande partie des routes existantes", a indiqué M. Miège. Les écologistes auraient souhaité un acheminement des composants d'Iter par dirigeable, ce qui est infaisable selon la mission Iter. Le projet de recherche Iter est destiné à démontrer la possibilité d'une fusion thermonucléaire (ce qui se passe à l'intérieur du soleil) contrôlée. L'entrée en service du réacteur expérimental est prévue en 2016.
17/1/2008 - Les Etats-Unis vont suspendre cette année leur participation financière au projet international Iter, le futur réacteur de fusion thermonucléaire, en raison de la baisse du budget américain de la recherche, a annoncé jeudi Neil Calder, directeur de la communication d'Iter international, confirmant des informations du Figaro. "La communauté scientifique américaine a découvert avec stupéfaction fin décembre, que le budget de la recherche scientifique, au lieu d'être augmenté comme elle l'espérait, a été diminué de 400 millions de dollars", a déclaré M. Calder. Sur cette somme, 160 M de dollars devaient être consacrés au projet Iter au titre de la contribution américaine pour 2008. "Il n'y pas que le projet Iter de touché", ajouté Neil Calder, en précisant que près de 500 personnes ont perdu leur travail dans des labos américains du fait de cette décision du congrès. S'agissant d'Iter, cette décision "ne va pas entrainer une hausse de la contribution des autres partenaires", a encore indiqué M. Calder, expliquant que "ce n'est pas une contribution cash qui est retirée du projet, mais des équipements qui devaient être construits par les Américains qui vont être retardés". Selon lui, "les négociations continuent entre le gouvernement américain et le département de l'énergie pour voir si des possibilités de changer cette situation existent". "Cette situation est préoccupante, mais nous ne devons pas en tirer la conclusion que les Etats-Unis vont quitter Iter" a-t-il dit. La participation américaine au budget d'Iter est de 9% du total évalué à 10 milliards d'euros répartis entre Europe, Chine, Russie, Japon, Corée du sud, Inde, Etats-Unis. L'union européenne est le plus gros contributeur avec 46% du total. Alors que les premiers travaux vont commencer, l'entrée en service du réacteur est prévue pour 2016. L'exploitation de la machine qui va être construite en Provence à Cadarache, durera 20 ans. Le projet Iter est destiné à démontrer la possibilité d'une fusion thermonucléaire (comparable à ce qui se passe à l'intérieur du soleil) contrôlée.
Le Monde, 9/11/2007:
La dernière étape juridique préalable
à la construction du réacteur ITER (International
Thermonuclear Experimental Reactor), destiné à l'étude
de la fusion nucléaire, a été franchie, mercredi
7 novembre.
Au cours d'une visite éclair à Cadarache (Bouches-du-Rhône),
la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche,
Valérie Pécresse, a signé "l'accord
de siège" entre la France et l'Organisation internationale
ITER, représentée par son directeur général,
le Japonais Kaname Ikeda. Cet accord fixe les obligations et droits
respectifs, en matière notamment de sûreté
nucléaire et de statut des personnels.
Deux ans après la décision des partenaires du projet
- Chine, Corée du sud, Etats-Unis, Europe, Inde, Japon
et Russie - d'installer ce grand instrument en France, un an après
la signature du traité international liant les sept parties,
les travaux de terrassement vont donc pouvoir débuter,
au printemps 2008, sur un terrain du Commissariat à l'énergie
atomique (CEA) de 180 hectares, où un simple pieu marque
aujourd'hui l'emplacement du futur réacteur.
L'équipe, de seulement 7 personnes il y a un an, compte
désormais 290 collaborateurs de 16 nationalités.
Elle devrait monter à un millier de permanents quand commencera
l'exploitation d'ITER, prévue fin 2016, pour une durée
de vingt ans.
UNE RÉALISATION "PHARAONIQUE"
ITER vise à contrôler, dans une enceinte géante
confinée par des champs magnétiques, la réaction
de fusion nucléaire qui s'opère dans les étoiles,
en libérant une grande quantité d'énergie.
Le projet représente un investissement de 10 milliards
d'euros.
Ce réacteur expérimental
ne produira pas d'électricité. Si les nombreux obstacles
technologiques auxquels se heurte encore la maîtrise de
la fusion sont surmontés, un prototype électrogène
pourrait prendre la relève vers 2030. Suivi peut-être
- mais pas avant 2050 - de réacteurs industriels.
"ITER est d'abord
un rêve, partagé par 34 nations
représentant plus de la moitié de la population
de la planète : celui d'offrir à l'humanité
une nouvelle source d'énergie, presque inépuisable
et bien plus respectueuse de l'environnement que tous les combustibles
fossiles dont nous abusons tant aujourd'hui", s'est enthousiasmée
Mme Pécresse, en estimant que ce projet "participe
d'une exigence devenue désormais universelle, celle du
développement durable".
Cet engouement n'est pas partagé par tous. Samedi 10 novembre,
le réseau "Sortir du nucléaire" organise
un rassemblement à Marseille, pour protester contre une
réalisation "pharaonique" aux chances de succès
"quasi nulles". Il réclame "que les sommes
immenses prévues pour ce projet soient reversées
vers les plans d'économie d'énergie et de développement
des énergies renouvelables".
Le Figaro, 8/11/2007:
L'organisation internationale a défini hier avec la France les modalités de mise en oeuvre du projet.
De notre envoyée spéciale à Cadarache (Bouches-du-Rhône)
Au milieu des 180 hectares de garrigue déboisés de Cadarache, à l'épicentre du site où va être implanté le futur réacteur expérimental de fusion nucléaire Iter, flottent désormais sept drapeaux, représentant les partenaires (*) de ce projet pharaonique. Symboles de la coopération internationale, ils ont assisté hier, comme autant de paires d'yeux, à la signature de l'«accord de siège» entre la France et l'organisation internationale Iter. «Non seulement nous donnons au monde la première marque tangible de l'existence de l'organisation Iter [...], mais nous franchissons aussi un nouveau pas vers la réalisation d'un rêve, un pas décisif», a lancé le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Valérie Pécresse, à cette occasion.
Ce rêve, c'est celui de parvenir à reproduire l'énergie des étoiles par le biais de la fusion nucléaire. Le principe est de faire fusionner des noyaux d'hydrogène à 100 millions de degrés. Un projet fou, auquel travaillent d'arrache-pied les scientifiques du monde entier [depuis déjà plus de 40 ans], avec l'espoir de trouver une solution à la crise énergétique mondiale. D'où l'idée de mettre en commun les efforts de recherche de tous les pays intéressés. Après les expériences menées avec succès ici ou là par une vingtaine de tokamaks, l'idée est cette fois de construire un prototype unique pour démontrer la faisabilité scientifique et technique de la fusion à grande échelle. Telle est la vocation d'Iter, dont la puissance sera dix fois supérieure au JET, le plus puissant réacteur de fusion actuel établi en Grande-Bretagne.
Premiers essais en 2016. Signé en novembre 2006, le projet a finalement, au terme d'une âpre bataille avec le Japon, élu domicile dans le sud de la France. Le traité venant d'entrer en vigueur le 24 octobre dernier, l'organisation Iter peut se mettre en place. D'où la signature hier de ce contrat avec la France, pour préciser les engagements respectifs de chacun, notamment le respect de la sûreté nucléaire pour Iter et la mise à disposition du terrain de 180 hectares pour l'État français. Le premier conseil d'Iter se tiendra les 27 et 28 novembre.
Si la première pierre du bâtiment doit être posée en 2009, le chantier a déjà démarré, comme en témoignent pelleteuses et baraquements. La viabilisation du site par l'Agence Iter France devrait être terminée d'ici à fin 2007 et les grands appels d'offres bientôt conclus (plus de 200 contrats, dont 130 pour le matériel et 90 d'ingénierie). «L'État va pouvoir lancer en décembre l'itinéraire grand gabarit, route de 110 km reliant Fos-sur-Mer à Cadarache, par lequel transiteront 300 convois en cinq ans pour acheminer les équipements fournis par les partenaires internationaux, qui seront installés de 2012 à 2014», explique Hubert Derache, sous-préfet d'Aix-en-Provence. Une école internationale devant accueillir à la rentrée 2009 un millier d'élèves (pour 3 200 employés en phase d'exploitation) a déjà ouvert ses portes à Manosque, avec 100 élèves.
La machine doit procéder à ses premiers essais en 2016. Mais rien ne garantit que les scientifiques parviennent un jour à produire un courant continu avec la fusion à des conditions rentables. «Il faudra au moins vingt ans pour le savoir», affirmait son directeur général, le Japonais Kaname Ikeda, lors de la signature du traité, aucune exploitation n'étant envisageable avant 2050.
Certains comme le réseau Sortir
du nucléaire , qui appelle à manifester contre Iter
samedi à Marseille stigmatisent le caractère
aléatoire du projet, au coût exorbitant (10 milliards
d'euros). Tout comme la conquête de l'espace, Iter a donc
tout d'une véritable aventure scientifique.
3/10/2007 - Les
travaux de défrichement de la zone qui va accueillir le
projet international Iter, à Cadarache (Bouches-du-Rhône),
ont débuté mais la construction des premières
installations ne devrait commencer qu'à la mi-2008, ont
indiqué mercredi les responsables du projet.
Après la phase de négociations internationales qui
a abouti à l'accord signé à Paris le 21 novembre
2007, Iter (International Thermonuclear Experimental Reactor)
est rentré dans une phase active sur le site choisi en
juin 2005 pour accueillir ce
projet de recherche destiné à démontrer
la possibilité d'une fusion thermonucléaire
contrôlée.
Arrivé avec une dizaine de personnes, il y a un an, le
directeur général d'Iter, le Japonais Kaname Ikeda,
travaille "avec 170 personnes aujourd'hui" et "100
personnes sont en cours de recrutement", a-t-il expliqué
devant la commission locale d'information (CLI) de Cadarache,
réunissant élus locaux et responsables associatifs
de la région.
Les travaux de défrichement de la zone qui, au total, doit
s'étendre sur environ 35 hectares, ont largement débuté
au cours de l'année 2007 et des structures préfabriquées
ont été installées. La phase des travaux
de ce gigantesque chantier débutera en 2008. Au total,
la construction du site doit durer 10 ans pour une exploitation
prévue de 20 ans.
PARIS (21/11/2006) - Les
représentants des sept parties prenantes au projet Iter
ont signé l'accord permettant la construction du réacteur
expérimental de fusion nucléaire Iter, à
Cadarache, dans le sud de la France.
Les trois textes constitutifs ont été signés
à l'Elysée, en présence de Jacques Chirac,
par des représentants de Chine, de Corée du Sud,
des Etats-Unis, d'Inde, du Japon et de Russie.
L'Union européenne était représentée
par le président de la Commission européenne et
président d'Euratom, José Manuel Barroso, et par
le commissaire européen chargé de la Science et
de la Recherche, Janez Potocnik.
Le coût du projet selon ses promoteurs est estimé
à plus 10 milliards d'euros, dont 4,6 milliards pour la
construction du réacteur entre 2005 et 2015. La part de
la France est de 10% pour la construction et de 7% pour l'exploitation.
31/3/2006 - Les
pays participant au projet international de réacteur thermonucléaire
expérimental ITER se réunissent vendredi et samedi
à Tokyo pour mettre les dernières touches à
un accord final qui pourrait être signé fin mai,
a-t-on appris de source officielle.
Il s'agit de la sixième réunion préparatoire
depuis que les partenaires du projet (UE, Etats-Unis, Japon, Russie,
Chine, Corée du Sud) ont approuvé en juin 2005 l'implantation
du site principal d'ITER à Cadarache (sud de la France),
au détriment de la ville nippone de Rokkasho-mura (nord
de l'Archipel).
Cette réunion est l'une des dernières prévues
avant la signature de l'accord final.
Les participants débattront en session plénière,
et ils auront aussi des entretiens bilatéraux, afin notamment
de préciser le statut d'ITER ainsi que la répartition
exacte du financement et des attributions de chaque partenaire.
Le Japon, hôte de la réunion, qui s'est battu bec
et ongles pour obtenir ITER sur son territoire, n'a finalement
cédé qu'en échange d'importantes concessions.
Tout en ne finançant le projet qu'à hauteur de 10%,
il disposera de près de 20% des contrats industriels liés
à la construction et obtiendra 20% des effectifs.
Tokyo a également obtenu le privilège de nommer
le directeur général du site. Il a choisi fin 2005
son ex-ambassadeur en Croatie, Kaname Ikeda.
Le processus de désignation de son bras droit n'est pas
terminé.
"Le choix du numéro deux du site sera un des sujets
chauds en discussion vendredi et samedi à Tokyo",
a précisé à l'AFP un proche du dossier.
Deux candidats seraient encore en lice après les auditions
d'une dizaine de postulants conduites la semaine dernière
par la Commission européenne.
Toutefois, le nom de ce "directeur opérationnel"
ne sera pas forcément décidé pentant la rencontre
de Tokyo, selon la même source.
Il faudra 10 ans pour construire ITER, un gigantesque projet de
10 milliards d'euros qui court jusqu'à 2035, destiné
à valider la possibilité de produire de l'énergie
en grande quantité à partir de la fusion nucléaire.
3/3/2006 - L'Assemblée
nationale a entériné jeudi soir les dispositions
législatives visant à permettre l'implantation du
projet de réacteur nucléaire Iter en France, dans le cadre de l'examen
du projet de loi sur la recherche.
Les députés ont adopté, dans les mêmes
termes que les sénateurs, un article du projet de loi prévoyant
des adaptations législatives nécessaires pour que
le projet Iter "puisse prendre corps dans les meilleures
conditions et dans le respect du calendrier arrêté
entre tous les partenaires".
Ils ont décidé d'autoriser la création par
décret d'une structure particulière - une sorte
de "Iter France" - au sein du Commissariat à
l'énergie atomique (CEA), le recours à une "procédure
simplifiée" pour l'acquisition par l'Etat de terrains
pour la future route desservant le site d'Iter, et le défrichage
par le CEA de terrains nécessaires à la réalisation
du projet.
L'objectif d'Iter est de démontrer la faisabilité
scientifique et technologique de la production d'énergie
par la fusion d'atomes d'hydrogène. Il faudra dix ans pour
construire le réacteur expérimental à Cadarache
(Bouches-du-Rhône), un gigantesque projet qui s'étend
jusqu'à 2035.
Selon le rapporteur du projet de loi, Jean-Michel Dubernard (UMP),
le coût de la construction du réacteur est estimé
à 4,6 milliards d'euros sur dix ans et le coût prévisionnel
de fonctionnement avoisinerait 5,7 milliards pour une période
de 20 ans. 3.000 scientifiques, issus de tous les pays partenaires,
viendront s'installer autour du site qui génèrera
près de 4.000 emplois indirects. [Bravo! 4 000 emplois en 20 ans.]
Sept partenaires sont impliqués dans la construction d'Iter
: UE, Japon, Etats-Unis, Chine, Russie, Corée du Sud et
Inde.
Le Monde, 27/9/05:
Nos deux collègues Gérard Belmont et Stéphane Pasquiers répondent à un certain nombre d'arguments prêtés aux "détracteurs d'ITER" (Le Monde du 3 septembre). Mais ils ne répondent pas aux interrogations liées à la façon de résoudre les problèmes avant que la fusion puisse devenir une source industrielle d'énergie : stabilité du plasma de deutérium et de tritium ; tenue des matériaux de couverture aux neutrons extrêmement énergétiques produits dans une réaction de fusion ; production du tritium in situ pour un fonctionnement en continu.
ITER étudiera la stabilité du plasma, un problème difficile et intéressant, mais il n'est pas prévu qu'il aborde les deux autres. Or cette question des matériaux est cruciale. Personne ne sait, pour le moment, comment la résoudre. Rappelons de quoi il s'agit. La fusion produit des neutrons très énergétiques qui bombardent les parois de l'enceinte de confinement et y induisent une radioactivité "alpha". Cette radioactivité produit de l'hélium, qui migre dans la paroi, se ramasse en bulles de gaz et la fait gonfler. Elle perd alors son étanchéité. Pourtant il est essentiel de maintenir le plasma sous un ultravide poussé si l'on veut le chauffer jusqu'aux températures où les réactions de fusion peuvent démarrer (200 millions de degrés). Idéalement, il faudrait inventer un matériau révolutionnaire qui serait poreux pour que l'hélium puisse s'échapper sans le détériorer mais, en même temps, qui resterait parfaitement étanche pour confiner le plasma sous ultravide.
Poreux et étanche : c'est évidemment contradictoire et personne ne connaît la solution. Ce problème est tellement complexe qu'il est prévu de l'étudier avec une machine spéciale, Ifmif (International fusion materials irradiation facility), que les négociateurs d'ITER ont finalement prévue au Japon, mais dans un avenir incertain. Ce problème de matériau est bien sûr connu depuis longtemps. Faute de le résoudre, la fusion ne produira jamais d'électricité commercialisable. Or Ifmif coûte environ dix fois moins qu'ITER. Pourquoi ne pas avoir commencé par là ?
Quant au tritium, contrairement à ce qu'on lit parfois, il n'existe pas dans la nature. Il devrait être produit en quantités industrielles. Pour cela, il est prévu que les neutrons de la fusion cassent des noyaux de lithium dans une sorte d'immense sandwich toroïdal qui serait inséré à l'intérieur de DEMO, un futur réacteur dont la construction est envisagée après qu'ITER aura produit des résultats (dans vingt ou trente ans).
Mais une seule centrale de 1 gigawatt électrique, comparable à une centrale nucléaire classique (à fission), aurait besoin d'au moins 50 kg de tritium par an, alors que le total des réserves mondiales de tritium est de l'ordre de 20 kg. On voit bien qu'il s'agit d'une autre étape, celle du réacteur de démonstration DEMO, dont il faudrait attendre qu'il ait fait toutes ses preuves avant d'envisager la construction d'une véritable série de réacteurs futurs, qui puissent contribuer d'une manière non négligeable à la production mondiale d'énergie.
Quelques mots du financement. La France contribue à ce projet via la région PACA, qui finance la construction à hauteur de 10 %, mais aussi via Euratom. Cela fait en tout 17 % du projet, soit 85 millions d'euros par an pendant dix ans. Et non 30 millions d'euros comme l'indiquent MM. Belmont et Pasquiers. Le fonctionnement de la machine coûtera sans doute autant. Certes, c'est très peu par rapport aux enjeux de l'énergie à l'échelle mondiale : avec ses profits annuels (environ 10 milliards d'euros), la société Total pourrait se construire deux ITER par an ! Quant à la guerre en Irak, elle a déjà coûté 500 milliards de dollars. Mais - et cela illustre bien la misère de nos laboratoires -, le coût d'ITER pour la France est supérieur à l'ensemble de tous les moyens financiers dont dispose l'ensemble de tous les laboratoires de physique en France (environ 50 millions d'euros). Notre crainte que les dépenses pour ITER soient comptabilisées dans l'effort de recherche français et viennent en déduction du soutien qu'il faut apporter à ces laboratoires pour qu'ils aient une chance de rester compétitifs à l'échelle mondiale est d'autant plus justifiée que l'on se souvient amèrement des effets produits, en son temps, par la construction de la station spatiale internationale, autre projet pharaonique, dont l'utilité est si peu justifiée qu'on est en train de l'abandonner alors qu'elle n'est qu'à moitié construite.
On le voit, la communauté scientifique n'est pas unanime au sujet de ce projet, et il ne s'agit pas seulement de la communauté des physiciens français. Certains pensent qu'ITER représente, à l'heure actuelle, le seul chemin raisonnable ; d'autres estiment que tant que la bonne technologie n'est pas trouvée, il faut explorer plusieurs pistes à la fois et ne pas écraser, par un projet démesuré, les autres chemins d'étude de la fusion contrôlée ; d'autres encore, dont nous sommes, insistent pour qu'on ne sous-estime pas des problèmes qui peuvent paraître secondaires tant que l'on s'intéresse à la physique du plasma mais qui deviennent cruciaux dès lors que l'on envisage un passage à l'échelle industrielle. Ces différents points de vue ne surprennent que ceux qui ont pris pour de l'information scientifique la "com" faite par les porteurs du projet au cours des phases récentes de négociation internationale.
ITER n'est pas une machine de développement technologique : c'est un projet à finalité technologique, encore à l'état de recherche fondamentale. La fusion - à supposer que les problèmes de matériaux soient résolus -, ne semble pas être envisageable avant le XXIIe siècle. Or l'évolution du climat appelle des solutions urgentes.
En effet, les conséquences de la consommation actuelle d'énergie sur le climat ne font plus de doute. 80 % de l'énergie primaire consommée dans le monde est d'origine fossile (pétrole, gaz, charbon). L'augmentation résultante de la teneur de l'atmosphère en gaz à effet de serre conduira à un réchauffement moyen compris entre 2 et 6 degrés, à l'horizon 2 100, suivant les scénarios envisagés. Il semble bien que ce réchauffement, qui augmente les échanges d'eau entre l'équateur et les pôles, s'accompagne d'une amplification de la violence des événements extrêmes : tempêtes, cyclones. Il est donc urgent de diminuer la consommation d'énergies fossiles. Même les recommandations de Kyoto sont timides quant aux risques.
Outre qu'il est indispensable de cesser de gaspiller l'énergie, les deux voies de production propre les plus prometteuses sont le solaire et la quatrième génération de centrales nucléaires à fission. Le solaire est très peu développé (moins de 1 % de l'énergie primaire consommée actuellement), mais il est très abondant : la consommation totale de l'humanité correspond à un dix-millième de l'énergie qui nous parvient du soleil. Outre le solaire thermique et photovoltaïque, d'autres technologies sont explorées pour résoudre le problème du stockage, notamment en Espagne. La France est absente de ces recherches.
La quatrième génération de centrales nucléaires aura l'immense mérite de brûler tous ses déchets lourds, ce qui lui permettrait non seulement de devenir propre mais aussi de fonctionner pendant des milliers d'années, surtout en utilisant la très prometteuse filière au thorium. C'est là que les efforts devraient porter, c'est là qu'ils sont singulièrement insuffisants.
Pour conclure, un bref rappel historique. La fission nucléaire a été découverte en décembre 1938 par Hahn, Strassmann et Meitner. Son interprétation théorique a été éclaircie quasi immédiatement par Meitner et Frisch. La décision américaine de construire un réacteur n'a été prise qu'au début 1942, après Pearl Harbour. En décembre 1942, le premier réacteur divergeait à Chicago sous la direction d'Enrico Fermi : la réaction en chaîne anticipée par Szilard était non seulement possible, elle était sous contrôle. Le nom de Wigner, Prix Nobel de physique pour ses travaux théoriques concernant le rôle des symétries en physique quantique, est associé à la mise au point de nombreuses questions d'apparence technologique, qu'il fallait savoir formuler avant de les résoudre. Au total, il ne s'est écoulé que trois ans entre la découverte de la fission et la mise au point du premier réacteur, laquelle n'a pris en réalité que quelques mois.
Par comparaison, l'idée de la fusion
thermonucléaire est là depuis cinquante ans, et
le fonctionnement en continu du réacteur DEMO, qui représente
une étape post-ITER, ne semble pas possible avant cinquante
autres années. Ce n'est évidemment pas la qualité
des personnes qui est en cause mais la difficulté des problèmes
à résoudre. A quoi sert de les cacher ?
Jacques Treiner
est professeur à l'université Pierre-et-Marie-Curie.
Sébastien Balibar est directeur de recherches au
CNRS, Ecole normale supérieure.
MOSCOU 28 juin 2005 - Les partenaires du projet Iter ont signé une
déclaration par laquelle ils choisissent le site français
de Cadarache pour accueillir ce réacteur expérimental
de fusion nucléaire. Il s'agit d'un programme de 10 milliards
d'euros sur 30 ans.
Ce choix met fin à un an de bataille franco-japonaise.
Le site français a en effet été préféré
au projet présenté par le Japon. Le projet Iter
implique la Chine, l'Union européenne, le Japon, la Russie,
la Corée du Sud et les Etats-Unis.
Le président français Jacques Chirac s'est «félicité»
du choix de Cadarache. «Cet accord ouvre la voie à
la réalisation, en France, de cet équipement essentiel
pour la recherche sur les énergies qui n'émettent
pas de gaz à effet de serre», indique l'Elysée.
«Cet accord prend pleinement en compte les intérêts
de l'ensemble des partenaires du projet», pense aussi M.
Chirac.
Ce dernier remercie la Commission européenne et l'ensemble
des pays de l'UE pour leur «soutien sans faille» dans
les négociations. L'UE était soutenue par Moscou
et Pékin, alors que Washington et Séoul appuyaient
Tokyo.
Le Japon s'est également dit satisfait, car il a su «préserver
ses intérêts nationaux» malgré la décision
de construire le réacteur en France, a affirmé le
ministre nippon des Sciences, Nariaki Nakayama.
Le choix de Cadarache a en revanche été dénoncé
par des associations antinucléaires. L'association écologiste
internationale Greepeace fustige «l'engouement aveugle»
que suscite selon elle ce projet.
«A l'heure où il est universellement reconnu que
l'enjeu se situe dans la réduction par quatre de nos émissions
de gaz à effet de serre d'ici 2050», Greenpeace juge
«aberrant» que ce projet mobilise compétences
et milliards d'euros «dans un programme de recherche qui
n'aboutira pas à des résultats concrets, s'il aboutit
un jour, avant la deuxième moitié du siècle».
De son côté, la fédération d'associations
«Sortir du nucléaire» dénonce un «gouffre
financier» et une technologie «inutile», ainsi
que les «compensations pharaoniques» accordées
au Japon pour prix de son accord.
Selon des sources proches du dossier, Tokyo a obtenu un réajustement
des financements du projet par lequel le «pays hôte»
devrait assurer 50% du coût de la construction du réacteur
(estimé à 4,2 milliards d'euros) contre 10% pour
le pays «non hôte».
TOKYO (22 juin 2005) -
Le Japon a informé l'Union européenne de sa décision
de renoncer à accueillir le réacteur expérimental
Iter (International Thermonuclear Experimental Reactor) au profit
de la France et de son site de Cadarache (Bouches-du-Rhône),
a rapporté mercredi un journal japonais. Un
porte-parole du gouvernement japonais a démenti qu'une
décision a été prise. "Le gouvernement
est toujours en train de négocier les détails",
a déclaré Seiken Sugiura, le secrétaire-général
adjoint du gouvernement. "Quant à savoir si le Japon
'abandonne', l'enjeu n'est pas que le projet soit entièrement
à eux ou entièrement à nous. Il y a des discutions
sur les coûts", a-t-il ajouté. Toutefois, selon
les médias nippons, Tokyo devrait annoncer officiellement
son abandon le 28 juin lors d'une réunion en Russie. Selon
le quotidien national "Mainichi", le projet, qui représente
plus de 10 milliards d'euros, sera implanté à Cadarache
(Bouches-du-Rhône), après que des dirigeants japonais
ont cédé au profit de leurs homologues européens.
En échange, Tokyo attend de prendre une place de choix
dans le projet pour ses fournisseurs et ses scientifiques, affirme
le quotidien, sans citer de sources. Le choix du futur site d'Iter
fait débat depuis plusieurs mois au sein du consortium
international chargé de le financer. Seuls les sites de
Cadarache (Bouches-du-Rhône) et Rokkasho-Mura restent en
compétition pour accueillir le projet. Le Japon, avec l'appui
des Etats-Unis et de la Corée du Sud, souhaite que le projet
soit installé à Rokkasho-Mura dans le nord de l'archipel,
les Européens, soutenus par la Russie et la Chine, à
Cadarache. En décembre dernier, les partenaires du projet
-Union européenne, Etats-Unis, Japon, Russie, Corée
du Sud et Chine- n'avaient pu se mettre d'accord sur la désignation
du site du futur Iter.
8/6/2005 - Dans la compétition acharnée pour le site d'ITER, des voix s'élèvent au Japon pour céder le projet à la France au profit d'un autre méga-projet international. Mais Tokyo refuse pour le moment de lâcher la proie pour l'ombre, dans un match où pèsent les calculs américains. Des politiciens et des scientifiques exhortent Tokyo à faire une croix sur l'accueil du réacteur de fusion nucléaire ITER au Japon pour se concentrer sur le prochain grand défi scientifique: "l'accélérateur de particules linéaire international" (ILC) sur lequel planchent depuis des années des équipes asiatiques, européennes et américaines. Or, ce futur gigantesque site international d'expérimentation scientifique, visant à recréer les conditions énergétiques de la création de l'univers, suscite le grand intérêt des Etats-Unis. "Dans les calculs des Américains, on ne peut pas exclure qu'ils aient soutenu le Japon pour ITER afin de pouvoir légitimement revendiquer ultérieurement l'installation chez eux de l'ILC. De telles hypothèses avaient déjà émergé il y a deux ans", a affirmé à l'AFP un connaisseur du dossier à Tokyo. Les Japonais bénéficient de l'appui des Etats-Unis et de la Corée du Sud pour accueillir ITER à Rokkasho-mura, un village du nord de l'Archipel. L'Union européenne, elle, se bat, avec le soutien de la Russie et de la Chine, pour le site français de Cadarache. En revanche, l'UE ne devrait pas postuler pour recevoir l'ILC, bénéficiant d'un autre accélérateur de particules international (LHC) qui entrera en fonction en 2007. Selon des sources concordantes, les Etats-Unis ont poussé la candidature japonaise à ITER pour éviter la concurrence de Tokyo sur l'ILC qu'ils souhaitent accueillir. "L'ILC est notre première priorité en termes de sites majeurs de physique énergétique", a affirmé en avril un directeur du département américain de l'Energie, le professeur Robin Staffin. "Les projets ITER et ILC ont des visées scientifiques différentes et ne sont absolument pas liés", insiste le porte-parole d'un organisme qui travaille sur l'élaboration de l'ILC au Japon. Toutefois, si le Japon perdait ITER, les Etats-Unis pourraient réduire leur engagement dans le projet de réacteur nucléaire pour des raisons budgétaires. "Tant que tout n'est pas signé, ce risque existe toujours", reconnaît une source européenne. La circonspection est de mise puisque le 24 mai, la Chambre des représentants a adopté un amendement proposé par le président de la commission des Sciences Sherwood Boelhert "pour empêcher les Etats-Unis de s'engager dans ITER avant le 1er mars 2006", arguant que le financement du site ne devait pas se faire au détriment des activités de recherches aux Etats-Unis. "Nous pensions que Tokyo n'avait plus qu'à gérer un problème de diplomatie intérieure pour faire admettre son renoncement à accueillir ITER. Mais cela traîne en longueur et la résistance est peut-être plus forte que d'aucuns le pensaient", a confié à l'AFP une source au fait du sujet. En outre, le revers européen essuyé par le président Jacques Chirac, qui avait annoncé la victoire de Cadarache, complique la donne en redonnant espoir à la candidature japonaise. "Nous suivons cette situation de près", répond le directeur du bureau de recherche et dévelopement du ministère japonais des Sciences et Techniques, Masato Kitani. "Notre position n'a pas variée et nous défendons toujours aussi vigoureusement l'accueil d'ITER au Japon. Une importante réunion est prévue la semaine prochaine (lundi 13 à Tokyo) qui montrera que les autorités locales, le gouvernement et les industriels japonais se mobilisent en ce sens", a-t-il déclaré à l'AFP.
1/6/2005 - Les députés-maires Maryse Joissains-Masini (Aix-en-Provence) et Daniel Spagnou (Sisteron) demandent au Président de la République Jacques Chirac de se rendre "dans les prochaines semaines" sur le site de Cadarache où devrait être installé le réacteur Iter. "D'aucuns voudraient profiter du +Non à la constitution+ pour remettre en cause la candidature française à l'accueil d'Iter", affirment-ils dans un communiqué les maires. Ils soulignent qu'un responsable japonais "s'est autorisé à douter du soutien que pourrait apporter au projet Iter un peuple européen trop préoccupé par les questions d'emploi". Les deux élus provençaux "en appellent à la mobilisation unanime de tous les responsables, élus et socio-professionnels, de la région, pour réaffirmer la volonté des Français d'accueillir ce projet en Provence". "A cette fin, ils viennent de réitérer leur invitation au Président de la République, à venir personnellement sur le site dans les prochaines semaines", ont indiqué les cabinets des maires. Cette invitation intervient après les résultats du référendum de dimanche lors duquel 77,03 % des électeurs de Saint-Paul-lès-Durance, commune où est situé Cadarache, se sont prononcés pour le non. "En dépit des avertissements", la population "n'a toutefois pas mesuré l'interprétation et l'exploitation qui pourraient être faites de son vote au-delà des frontières", ont estimé les deux maires. "Ce projet engage les nations qui le portent sur un demi-siècle. Le résultat d'un référendum ne saurait le remettre en cause", ont-ils affirmé.
30/5/2005 - Le gouvernement japonais a posé deux nouvelles conditions pour qu'il renonce à accueillir le réacteur expérimental de fusion nucléaire Iter au profit du site français de Cadarache, a rapporté lundi le quotidien économique Nihon Keizai Shimbun (Nikkei). L'exécutif nippon demande qu'une partie des fonds employés pour le projet Iter soient utilisés pour financer des travaux d'amélioration du site de recherche de la fusion nucléaire de Naka (centre), et que le réacteur de la génération suivante soit conçu au Japon et financé à 50% par l'Union européenne et à 50% par Tokyo, assure le journal. Toujours d'après le Nikkei, un accord définitif entre l'Union européenne et le Japon pour le choix de Cadarache tarde à venir, car des arrangements restent à trouver avec la Corée du sud et avec la préfecture japonaise d'Aomori (nord), candidate à l'accueil d'Iter. La Corée du sud souhaite coopérer à la construction du réacteur au Japon mais ne pourra pas le faire si la France est choisie, Un responsable de la préfecture d'Aomori a par ailleurs estimé lundi que la France ferait mieux, plutôt que de militer pour accueillir Iter, de se pencher sur le problème du chômage à l'origine, d'après lui, de la victoire du non lors du référendum sur la Constitution européenne. Selon ce responsable local, le vice-gouverneur Takeshi Ebina, le résultat du référendum reflète "le désir (des Français) d'un changement pour une politique orientée vers l'emploi". "Le taux de chômage dans l'Union européenne est très élevé, et nous doutons fortement que le peuple européen soutienne vraiment le projet Iter, qui leur coûtera 650 milliards de yens" (4,8 milliards d'euros), a analysé le responsable, cité par l'agence de presse Kyodo.
27/5/2005 - L'Union
européenne et le Japon sont d'accord pour que le pays qui
n'accueillera pas le réacteur expérimental de fusion
nucléaire Iter obtienne le poste de secrétaire général
du projet et fournisse 20% des effectifs, affirme vendredi le
journal nippon Yomiuri Shimbun. Le pays laissé pour compte
(France ou Japon) hébergera par ailleurs des laboratoires
de recherche liés à Iter, selon l'accord technique
signé le 5 mai dernier à Genève entre l'UE
et le Japon, dont le quotidien proche du gouvernement japonais
publie des détails. D'après le Yomiuri, qui estime
qu'Iter sera "probablement" construit en France, cet
accord sera officiellement annoncé fin juin à l'occasion
d'une réunion ministérielle en Russie entre les
six partenaires (UE, Japon, Etats-Unis, Chine, Russie et Corée
du Sud) impliqués dans le projet.
7/5/2005 - Dernier
prix Nobel japonais de physique, le professeur Masatoshi Koshiba
est l'un des scientifiques qui remettent en cause le bien-fondé
du projet de réacteur expérimental international
de fusion nucléaire Iter, enjeu d'une vive compétition
entre le Japon et l'UE.
Dans un entretien 'an dernier, le
Pr Koshiba, 78 ans, avait expliqué ses réserves,
accusant les promoteurs d'Iter de vouloir faire prendre des vessies
pour des lanternes. Citant un proverbe
chinois --"Tête de mouton, mais viande de chien"--,
ce spécialiste de physique fondamentale reprochait aux
tenants du projet de le présenter comme "la source
d'énergie de la prochaine génération",
ce qu'il n'est pas, selon lui. Ambitionnant de produire une énergie
propre et sûre en recréant sur Terre les mécanismes
à l'oeuvre au coeur des étoiles, le projet Iter
devrait entrer dans sa phase opérationnelle en 2014 et
être exploité pendant 20 ans, avec un budget estimé
à quelque dix milliards d'euros.
Pour le prix Nobel de physique 2002, Iter ne remplit pas "un
certain nombre de conditions, à savoir la sûreté
et les coûts économiques", pour s'affirmer comme
une prochaine source d'énergie quasi inépuisable.
En effet, "dans Iter, la
réaction de fusion produit des neutrons de grande énergie,
de 14 MeV (mégaélectronvolts)",
niveau jamais atteint encore, expliquait M. Koshiba. "Si
les scientifiques ont déjà fait l'expérience
de la manipulation de neutrons de faible énergie, ces neutrons
de 14 MeV sont tout à fait nouveaux et personne à l'heure actuelle ne sait comment
les manipuler", avertissait-il.
Aujourd'hui, soulignait le professeur honoraire de l'Université
de Tokyo, la fission nucléaire libère des neutrons
d'une énergie moyenne d'un ou deux MeV seulement. Pour
M. Koshiba, les scientifiques doivent d'abord résoudre
ce problème des neutrons de 14 MeV "en construisant
des murs ou des absorbeurs" avant de pouvoir affirmer qu'il
s'agit d'une énergie nouvelle et durable.
Or, c'est, selon lui, une solution très coûteuse.
"S'ils doivent remplacer les absorbeurs tous les six mois,
cela entraînera un arrêt des opérations qui
se traduira en un surcoût de l'énergie", critiquait
le physicien. Mais "ce projet n'est plus aux mains des scientifiques,
il est dans celles des hommes politiques et des hommes d'affaires.
Les scientifiques ne peuvent plus rien changer", déplorait-il.
Et le professeur Koshiba,
ironique, disait souhaiter "que le gouvernement français
ait l'honneur d'accepter Iter dans son propre pays". Le gouvernement de Tokyo refuse jusqu'à présent
de concéder la défaite sur le lieu d'implantation
d'Iter mais selon Paris et la presse japonaise, il est quasiment
assuré que le réacteur sera installé à
Cadarache, dans le sud de la France.
Tokyo pourrait accepter que le projet de réacteur expérimental de fusion nucléaire Iter soit situé en Europe
2 Mai 2005 - "Le Japon est d'accord pour accepter la possibilité qu'Iter soir en Europe, une chose qui jusque là était impossible pour eux", a déclaré lundi Jeannot Krecqé, ministre de l'Economie du Luxembourg. L'UE et le Japon s'opposent depuis des mois sur le choix stratégique du site d'Iter, projet qui rassemble aussi USA, Russie, Chine et Corée du Sud. L'UE se bat, avec le soutien des Russes et des Chinois, pour le site de Cadarache, dans le sud de la France, tandis que les Japonais, qui bénéficient de l'appui des Etats-Unis et jusqu'à présent de la Corée du sud, défendent chez eux celui de Rokkasho-mura au Japon. "On a bon espoir d'aboutir dans les prochaines semaines à un accord", a ajouté Jeannot Krecqé, qui représente la présidence du Conseil de l'UE. Il a aussi indiqué que "pour la première fois" dans les discussions engagées entre la présidence de l'UE et le Japon, l'UE avait senti "au moins une ouverture d'esprit". A Luxembourg, le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi avait déclaré auparavant espérer un accord "aussi rapidement que possible" avec l'Union européenne. Le 12 avril, en l'absence d'accord, le Japon et l'UE s'étaient donné trois mois de sursis pour tenter de sauver le projet original à six et parvenir à un règlement politique.
TOKYO (27 mars 2005) - Le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi a déclaré dimanche que Tokyo n'avait "nullement l'intention" de renoncer à la candidature de la ville de Rokkasho-Mura pour implanter le futur réacteur nucléaire Iter, en compétition avec le site français de Cadarache. Avec le président Jacques Chirac, "nous sommes convenus de poursuivre nos pourparlers en la matière pour arriver à une solution qui soit intéressante pour les deux parties", a-t-il simplement déclaré lors d'une conférence de presse commune avec le président français Jacques Chirac à Tokyo. Malgré ce refus catégorique du Japon de renoncer à sa candidature pour rallier celle du site de Cadarache (Bouches-du-Rhône), le président français s'est voulu optimiste quant à la possibilité de parvenir à un accord. "Les propositions du Japon sur les pays hôtes et les pays non hôtes me paraissent de nature à permettre un accord entre l'Union européenne et le Japon", a-t-il souligné, sans plus de précisions. L'UE a décidé d'engager les travaux pour installer le futur réacteur thermo-nucléaire Iter (International thermo-nuclear experimental reactor) à Cadarache d'ici la fin de l'année. Le site japonais de Rokkasho-Mura, dans le nord de l'archipel, a reçu le soutien des Etats-Unis et de la Corée du Sud, tandis que le projet européen est appuyé par la Russie et la Chine.
Le Figaro, 26/3/2005:
Deux sites sont en concurrence
L'Europe veut commencer la construction du réacteur expérimental Iter à Cadarache (Bouches-du-Rhône) avant la fin de l'année 2005, d'après une des conclusions du sommet de Bruxelles qui s'est tenu cette semaine. Pour la première fois depuis le début de ce grand projet de recherche destiné à maîtriser, d'ici à plusieurs décennies, la fusion nucléaire l'énergie des étoiles pour produire de l'électricité, l'UE a donné à la Commission européenne une date limite pour les négociations avec le Japon : fin juin. Si, d'ici à juillet 2005, le Japon ne renonce pas à sa candidature de Rokkasho-mura, dans le nord de l'Archipel, l'Europe est prête à s'engager seule dans ce programme de 10 milliards d'euros étalés sur trente années, avec le soutien de la Russie et de la Chine. Cette éventualité avait déjà été avancée en novembre dernier, mais aucune échéance n'avait été fixée pour les discussions avec le Japon. Le sujet sera au menu des discussions bilatérales pendant la visite de Jacques Chirac. La candidature japonaise est soutenue depuis 2003 par les Etats-Unis et la Corée du Sud. Au sein du consortium des six partenaires internationaux Iter, seule une décision par consensus est possible. Depuis des mois, les positions japonaise et européenne paraissent figées, sans espoir d'accord. Pour le Japon, qui ne dispose d'aucune réserve énergétique à long terme, Iter et la maîtrise de la fusion nucléaire, source presque inépuisable d'énergie produisant peu de déchets radioactifs, est un enjeu majeur. Mais d'un autre côté, les Japonais ne pourraient certainement pas se passer de l'expertise européenne dans le domaine de la fusion. Deux des meilleurs réacteurs expérimentaux dans ce domaine très technique sont en effet européens : le Jet à Culham, en Grande-Bretagne, et Tore-Supra à Cadarache, en France. Si l'Europe décide en juillet de faire bande à part, la France devra prendre en charge une plus grosse partie des frais de construction, estimé autour de 4,5 milliards d'euros. L'UE espère en fait que d'autres partenaires rejoindront ensuite son initiative, pour aider à mieux partager les coûts de fonctionnement. L'enjeu du site d'implantation du réacteur n'est pas de savoir qui va être le premier à récolter les fruits d'Iter, puisque toutes les données scientifiques seront partagées entre les six partenaires du consortium. En revanche, une grande partie des 10 milliards d'euros nécessaires à la construction et au fonctionnement du réacteur pendant trente ans profitera aux industriels du pays retenu. Certaines études estiment cet impact à 10 000 emplois sur la durée du projet.
Cyrille Vanlerberghe
4/3/2005 - Le
Japon a jugé vendredi prématurée la proposition
européenne de compromis politique pour sortir de l'impasse
sur la localisation du futur réacteur expérimental
de fusion nucléaire Iter, estimant que les discussions
techniques n'étaient pas terminées. Le commissaire
européen à la Recherche, Janez Potocnik, a appelé
jeudi à un compromis politique avec les Japonais, jugeant
que les discussions techniques ne pouvaient pas aller plus loin.
"C'est prématuré", a affirmé Satoru
Otake, chargé du dossier Iter au ministère de la
science et des technologies. "Les discussions techniques
ne sont pas terminées, elles se poursuivent", a-t-il
expliqué. Dans l'âpre compétition internationale
qui se livre pour accueillir Iter, l'Union européenne (UE)
se bat, avec le soutien des Russes et des Chinois, pour le site
de Cadarache dans le sud de la France.
Les Japonais, qui bénéficient de l'appui des Etats-Unis
et de la Corée du Sud, défendent chez eux celui
de Rokkasho-mura. Le projet Iter est estimé à 10
milliards d'euros sur 30 ans, dont 4,57 milliards d'euros pour
la seule construction du réacteur qui doit durer dix ans.
Fin novembre, l'UE avait réaffirmé sa volonté
de lancer la construction d'Iter à Cadarache sans le Japon
si aucun accord n'était rapidement trouvé avec Tokyo.
Désireux tout de même de trouver un compromis avec
tous les partenaires du projet, les 25 et la Commission européenne
avaient cependant insisté, en cas d'accord général
sur Cadarache, sur la nécessité d'un "partenariat"
privilégié avec Tokyo et d'une "approche élargie"
des recherches sur la fusion prévoyant des activités
complémentaires à Iter. Mais la position adoptée
en novembre avait été qualifiée d'"extrêmement
regrettable" par les autorités japonaises et les négociations
se poursuivent depuis.
3/3/2005 - Le
commissaire européen à la Recherche, Janez Potocnik,
appelle à un compromis politique avec les Japonais pour
sortir de l'impasse sur la localisation du futur réacteur
expérimental de fusion nucléaire Iter, estimant
que les discussions techniques ne pouvaient pas aller plus loin.
"Les discussions techniques sont maintenant allées
aussi loin que possible", selon un discours du commissaire
prononcé à Culham au Royaume-Uni et diffusé
à Bruxelles. "J'ai proposé à nos partenaires
japonais de s'assoir ensemble pour trouver un compromis acceptable
à un haut niveau politique", a-t-il ajouté,
précisant que sa proposition n'avait pas encore trouvé
de réponse.
Dans l'âpre compétition internationale qui se livre
pour accueillir Iter, l'UE se bat, avec le soutien des Russes
et des Chinois, pour le site de Cadarache dans le sud de la France.
Les Japonais, qui bénéficient de l'appui des Etats-Unis
et de la Corée du Sud, défendent chez eux celui
de Rokkasho-mura. "Nous n'avons fait l'économie d'aucun
effort pour trouver un consensus entre les six différents
partenaires dans le but de réaliser Iter à Cadarache",
a estimé jeudi M. Potocnik, rappelant le "rôle
spécial" que reconnaît l'UE au Japon dans le
projet Iter. Fin novembre, l'UE avait réaffirmé
sa volonté de lancer la construction d'Iter à Cadarache
sans le Japon si aucun accord n'était rapidement trouvé
avec Tokyo.
Désireux tout de même de trouver un compromis avec
tous les partenaires du projet, les 25 et la Commission européenne
avaient cependant insisté, en cas d'accord général
sur Cadarache, sur la nécessité d'un "partenariat"
privilégié avec Tokyo et d'une "approche élargie"
des recherches sur la fusion prévoyant des activités
complémentaires à Iter. Mais la position adoptée
en novembre avait été qualifiée d' "extrêmement
regrettable" par les autorités japonaises et les négociations
se poursuivent depuis. Le projet Iter est estimé à
10 milliards d'euros sur 30 ans, dont 4,57 milliards d'euros pour
la seule construction du réacteur qui doit durer dix ans.
1/2/05 - Les discussions entre le Japon et l'UE se poursuivent pour tenter de sortir de l'impasse sur le site du futur réacteur nucléaire expérimental Iter, a-t-on appris mardi de sources officielles à Tokyo, mais, selon la presse nippone, les Japonais ont rejeté la dernière offre européenne. "Nous gardons tous les canaux de communication ouverts et opérationnels. Nos discussions avec l'UE continuent", a dit à l'AFP un responsable du ministère japonais de la Sciences et de la Technologie, ayant requis l'anonymat. Ce haut fonctionnaire s'est abstenu de commenter un article du quotidien économique Nihon Keizai (Nikkei) selon lequel le Japon a rejeté la dernière proposition de compromis de l'UE présentée en décembre. Tokyo a signifié son refus lors d'une rencontre au niveau des experts à la mi-janvier à Tokyo, a précisé le Nikkei, généralement bien informé. L'offre européenne consisterait à "partager les attraits et les charges" du projet dans le cadre d'une collaboration industrielle qui permettrait d'offrir des compensations aux entreprises du pays non retenu pour héberger Iter. Dans cette âpre compétition internationale, le site européen de Cadarache (sud de la France), soutenu par les Russes et les Chinois, est opposé à celui de Rokkasho-mura au Japon, qui bénéficie pour l'heure de l'appui des Etats-Unis et de la Corée du Sud. "Nous ne sommes pas au courant d'un rejet japonais", a affirmé Etienne Reuter, le directeur du service de presse de la délégation de la Commission européenne au Japon. Fin novembre, l'UE a réaffirmé sa volonté de lancer la construction d'Iter à Cadarache sans le Japon si aucun accord n'était rapidement trouvé avec Tokyo. Une décision qualifiée alors d'"extrêmement regrettable" par les autorités japonaises.
20/12/04 - Le Japon n'a aucune intention de céder face aux tactiques "hautaines" de l'Union européenne (UE) visant à imposer à ses partenaires la France comme pays d'accueil du futur réacteur nucléaire expérimental Iter, a affirmé à l'AFP un des négociateurs nippons à Tokyo.
Dans cette âpre compétition internationale, le site européen de Cadarache (sud de la France), soutenu par les Russes et les Chinois, est opposé à celui de Rokkasho-mura au Japon, qui bénéficie pour l'heure de l'appui des Etats-Unis et de la Corée du Sud.
Fin novembre, l'UE a réaffirmé
sa volonté de lancer la construction d'Iter à Cadarache
sans le Japon si aucun accord n'est trouvé rapidement avec
Tokyo.
Une décision qualifiée alors d'"extrêmement
regrettable" par les autorités japonaises. "Si
les Européens pensent que nous allons céder devant
leurs tactiques de négociation hautaines, ils font une
grave erreur", vitupère dans une interview le directeur
général du département Recherche et Développement
au ministère de la Science et de la Technologie, Toichi
Sakata. "Si l'UE veut y aller sans le Japon, qu'elle y aille
! Cela ne va pas nous émouvoir. Ni le Japon, ni les Etats-Unis,
ni la Corée du Sud", souligne-t-il en des termes inhabituellement
virulents pour un haut fonctionnaire japonais. "La raison
pour laquelle nous n'avons pas encore trouvé de solution
tient au soutien obstiné des Européens à
Cadarache. Nous pensons que c'est la meilleure proposition qui
doit l'emporter et celle du Japon est meilleure que la contre-proposition
de l'UE", soutient M. Sakata.
Le projet Iter, dont le site d'accueil doit être décidé en principe par consensus, est estimé à 10 milliards d'euros sur 30 ans, dont 4,57 milliards d'euros pour la seule construction du réacteur qui doit durer dix ans.
La manne est estimée à 1.200 milliards de yens (8,6 milliards d'euros) pour la région de Rokkasho-mura, selon un responsable de la préfecture d'Aomori, à 600 km au nord de Tokyo.
Pour M. Sakata, les négociateurs européens se sont montrés "suffisants et dominateurs" lors des précédentes réunions. "Après avoir observé le style de négociation des Européens, les Etats-Unis, nos solides alliés, ont des doutes sur la réelle capacité de l'UE à mener à bien le projet Iter", estime le haut fonctionnaire japonais.
M. Sakata ajoute que le Japon poursuit les discussions avec l'UE mais qu'il n'est pas pressé de signer un accord défavorable. "Pour le Japon, il n'y a pas de date limite et nous n'allons pas faire de compromis", assure-t-il. "Pourquoi devrait-on trouver un accord rapidement ? Iter ne sera pas prêt avant cinquante ans. Le projet ne disparaîtra pas si nous ne signons pas d'accord dans les prochains mois", insiste M. Sakata.
La fusion nucléaire consiste à produire de l'énergie en reproduisant la fusion de noyaux d'atomes, à l'instar de ce qui se passe au coeur du soleil.
L'UE estime que le projet verra plus rapidement le jour à Cadarache, plateforme de recherche en France regroupant 400 spécialistes de la fusion nucléaire parmi 3.500 scientifiques.
Cependant, M. Sakata affirme que Rokkasho-mura
est plus qualifié que Cadarache en termes de sécurité,
d'engagement financier du gouvernement et de niveau de recherche
scientifique. "Pour construire le réacteur Iter, il
faut acheminer des centaines de marchandises très lourdes,
certains conteneurs pesant jusqu'à 1.000 tonnes.
Rokkasho-mura se trouve à seulement 5 km d'un port, Cadarache
à 100 km, ce qui pose de sérieux risques de transport",
argumente M. Sakata. "De plus, l'engagement financier du
Japon pour Iter est très clair. Mais honnêtement,
je dois dire que l'engagement européen ne l'est pas. Sans
un tel engagement, comment peut-on être certain d'achever
la construction du réacteur Iter ?", s'interroge-t-il.
M. Sakata qualifie d'"irréaliste" l'hypothèse avancée par l'UE de solliciter de nouveaux pays pour remplacer le Japon et ses alliés.
Le Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir a néanmoins demandé au gouvernement de conduire une réflexion sur un projet tripartite Japon-USA-Corée du Sud.
L'Est Républicain, 4/12/2004:
Le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) Christian Frémont qui a réuni hier à Marseille un « comité de pilotage » sur la mise en place du programme Iter, considère que la décision d'implanter le réacteur expérimental de fusion nucléaire à Cadarache (Bouches-du-Rhône) est prise.
« On peut considérer que la décision de réaliser Iter à Cadarache est prise par l'Union européenne », a déclaré le préfet au cours d'une conférence de presse, à l'issue de la réunion du comité de pilotage en présence d'élus locaux, affirmant qu'il ne fallait plus parler de « projet Iter », mais de « programme Iter ». « La décision a été prise le 26 novembre. Il n'y a pas de temps à perdre. C'est pourquoi j'ai réuni le comité de pilotage », a commenté le préfet.
Divers élus de PACA concernés par le projet ont évoqué hier les retombées économiques du projet pour la région, et les questions d'aménagement du territoire, notamment la construction d'une route à grand gabarit conduisant au site, d'une école internationale et de logements, un « sujet très difficile », a dit le préfet, dans une région caractérisée par la flambée des prix de l'immobilier.
Liberation, 27 novembre 2004:
Mettre le Soleil en bouteille. Et se servir de sa chaleur pour produire de l'électricité à gogo. Projet de science-fiction. Rêve d'ingénieur dont la genèse intellectuelle remonte aux années 30, lorsque Hans Bethe élucide la chaîne complexe de réactions nucléaires qui fait briller les étoiles.
Principe ? De quatre faire un. Quatre noyaux d'hydrogène (des protons) fusionnent en un noyau d'hélium (deux protons et deux neutrons). Du coup, le Soleil maigrit - car le noyau d'hélium ne fait que 3,97 fois la masse d'un hydrogène - de 500 millions de tonnes par seconde depuis quatre milliards d'années. Cette perte, comme l'a démontré Albert Einstein (E = mc2), se mue en énergie. Et voilà pourquoi le Soleil brille.
Défi. Copier la recette stellaire s'annonce coton. Le mariage des noyaux s'y opère contraint et forcé par les 500 000 bars et les 15 millions de degrés régnant en son coeur. Facile pour le Soleil, il lui suffit d'être très massif, gravitation et forces nucléaires s'unissant pour fabriquer un réacteur thermonucléaire autocontrôlé. D'où la longue perplexité des ingénieurs devant le défi. Ils savent déclencher le feu stellaire dans les bombes H (pour hydrogène) en utilisant une bombe A (à l'uranium ou au plutonium) comme amorce. Mais cette piste ne peut mener qu'à l'explosion, pas au contrôle. Pourtant, dès 1946, deux Britanniques déposent un brevet pour un réacteur en forme de tore (une couronne) abritant un gaz chauffé par radio-fréquences. En 1958, une conférence internationale déclassifie toutes les recherches sur la fusion, jusqu'alors secrètes, permettant aux physiciens américains, russes et européens de confronter leurs concepts. Mais la recherche patine. Le plasma - un gaz chauffé au point que noyaux et électrons se séparent - résiste à toutes les tentatives de le contrôler par des aimants. La percée a lieu en 1968, à l'institut Kurtchatov de Moscou avec un plasma de 10 millions de degrés.
Champs magnétiques. Les physiciens soviétiques adoptent une configuration particulière de champs magnétiques, baptisée tokamak (tore, chambre et magnétisme). Elle emprisonne le plasma par deux champs magnétiques complémentaires, le premier l'obligeant à parcourir une boucle et le second corrigeant les dérives des particules pour les contraindre à suivre ce cercle magique.
Le tokamak s'impose dans tous les laboratoires qui se livrent une course aux performances et à la taille. Car l'énergie des étoiles ne permet pas de jouer petit bras... un peu comme si Clément Ader avait dû construire un Airbus A-380 pour prouver que l'on pouvait faire voler un avion. Déclencher et entretenir la fusion exige des températures de plusieurs dizaines de millions de degrés afin de compenser densités et pressions beaucoup plus faibles que dans le Soleil. Même avec du deutérium et du tritium, cousins lourds de l'hydrogène (dotés d'un et deux neutrons supplémentaires) qui fusionnent plus facilement. L'Europe construit le JET (Joint European Torus) à Culham, le plus gros des Tokamaks actuels et record (17 MW) de puissance fusion produite avec un mélange deuté-rium/tritium. La France joue la carte des aimants supraconducteurs, une spécialité du Commissariat à l'énergie atomique, qui génèrent un champ magnétique de longue durée sans perte d'énergie ni échauffement. Tore Supra à Cadarache, détient depuis décembre 2003 le record de durée (six minutes et demie) d'un plasma d'hydrogène. De son côté, le Japon exploite depuis 1988 le JT60 (à Naka) tandis que les Etats-Unis travaillaient avec le TFTR (Princeton) entre 1982 et 1997.
Avec Iter, les physiciens espèrent démontrer la faisabilité «scientifique» de la fusion. A l'image de la pile de Fermi, en 1942 aux Etats-Unis, dont les 6 tonnes d'uranium métallique, 34 tonnes d'oxyde d'uranium et 400 tonnes de graphite développaient... 0,5 watt. Dans son plasma de deutérium et tritium de plus de 800 m3, chauffé à cent millions de degrés, la puissance thermonucléaire d'Iter devrait atteindre 500 MW durant quelques minutes. Une démonstration attendue vers 2030, en fin de vie d'Iter, après plusieurs années à expérimenter des plasmas d'hydrogène pour maîtriser leurs turbulences. Passer à un prototype de réacteur - où la fusion serait auto-entretenue sur longue durée - risque de prendre autant de temps. Et empruntera probablement la voie de développements technologiques imprévisibles, le rêve des physiciens étant de tomber sur de bonnes «surprises», soit dans la maîtrise du plasma soit dans les matériaux nouveaux afin d'éviter le gigantisme. C'est tout le paradoxe d'une machine dont l'objectif élémentaire - produire de la chaleur - cache la nouveauté radicale : une source d'énergie totalement inédite sur Terre. Si son potentiel séduit - puissance élevée, continuité de la production, faible pollution radioactive (Non, c'est faux, lire ci-dessous le texte de Raymond Sené), durabilité - il suppose de débloquer verrous technologiques et mé-connaissances fondamentales.
Sylvestre HUET
TOKYO (9 novembre 2004) - Le Japon a affiché mardi sa résolution
à accueillir le réacteur de fusion nucléaire
expérimental Iter, répliquant aux propos tenus lundi
par un haut responsable de l'UE sur les chances de voir le projet
international échoir au site de Cadarache, dans le sud
de la France."Nous ne comprenons pas pourquoi l'Union européenne
a tenu soudainement ces propos. S'agit-il peut-être seulement
d'une spéculation optimiste de sa part ou bien d'une technique
de négociation ?", a déclaré mardi un
porte-parole du département de fusion nucléaire
au ministère japonais de la Science et de la Technologie.
Le Japon et la Commission européenne étaient réunis
lundi à Vienne pour négocier la construction d'Iter,
pour laquelle le site japonais de Rokkasho-mura (nord) est en
concurrence avec le site français de Cadarache. Le même
jour à Bruxelles, la Commission européenne s'est
dite confiante dans les chances du site de Cadarache pour accueillir
le réacteur Iter.
"Nous sommes optimistes pour obtenir un résultat favorable
pour Iter à Cadarache", a déclaré Fabio
Fabbi, porte-parole du commissaire européen à la
Recherche Louis Michel. Une réunion élargie est
prévue mardi dans la capitale autrichienne avec les autres
parties au dossier, Etats-Unis, Russie, Corée du Sud et
Chine.
Le porte-parole japonais du département de fusion nucléaire
a ajouté, mardi matin à Tokyo, que le Japon n'avait
pas renoncé à accueillir le projet Iter sur son
site de Rokkasho-mura. "Nous allons pousser dans ce sens
à la réunion de Vienne", a-t-il dit, ajoutant
que Tokyo n'était pas prêt à accepter le principe
d'une compensation en échange de son retrait.
L'UE -la France en particulier- peut compter sur l'appui de la
Chine et de la Russie. Le Japon, de son côté, est
soutenu par les Etats-Unis et la Corée du Sud.
Le projet Iter est estimé à 10 milliards d'euros
sur trente ans, dont 4,7 milliards d'euros pour la seule construction
du réacteur, qui doit durer dix ans. Quelque 40% de ces
coûts de construction doivent être pris sur le budget
communautaire. La France avait confirmé fin septembre qu'elle
était prête à doubler sa participation financière
au projet, pour la porter à 914 millions d'euros, soit
20% du coût de construction.
24/9/04 - Le
Japon défend toujours l'idée d'une coopération
regroupant les six pays partenaires du projet de réacteur
de fusion nucléaire expérimental Iter alors que
l'Union européenne n'exclut pas de faire cavalier seul,
a-t-on souligné vendredi de source scientifique nippone.
"Notre position de principe est que les six partenaires (Corée
du sud, Chine, Etats-Unis, France, Japon et Russie) devraient
mener le projet Iter en commun", a déclaré
à l'AFP un chercheur japonais de haut rang spécialisé
dans la fusion nucléaire, sous couvert de l'anonymat. Selon
ce responsable, les autorités japonaises sont au courant
du fait que l'Union européenne pourrait désormais
envisager de conduire seule le projet Iter, sans toutefois n'en
avoir eu confirmation des principaux intéressés.
Deux sites sont candidats à l'accueil du projet Iter: Cadarache
dans le sud-est de la France et Rokkasho-mura dans le nord-est
du Japon. Pour augmenter la pression sur les adversaires de Cadarache,
l'ancien commissaire européen chargé de la Recherche,
le Belge Philippe Busquin --remplacé récemment par
son compatriote Louis Michel-- a suggéré début
septembre, avant son départ de la Commission, que l'UE
prenne l'initiative de lancer elle-même le projet, avec
"toutes les parties qui le souhaiteront". Dans une lettre
à la présidence néerlandaise de l'Union,
dévoilée mercredi par le quotidien français
"la Tribune", le commissaire européen soulignait
notamment que "plusieurs partenaires donnent une préférence
très forte" au site de Cadarache, et "qu'ils
soutiendraient une initiative de l'Union pour débloquer
la situation". L'UE a toutefois pris garde de ne pas provoquer
de rupture avec ses cinq partenaires. "Nous pensons qu'il
y a toujours possibilité de trouver un accord avec les
cinq autres partenaires sur le consortium Iter", notamment
"avec les Japonais", a indiqué le porte-parole
de M. Michel.
Selon des sources diplomatiques concordantes, la présidence
néerlandaise veut arriver à trancher d'ici la fin
du mois de novembre le conflit portant sur la localisation du
réacteur, qui oppose les partisans de CadaracheChine, Russie),
aux partisans de Rokkasho-mura (Japon, Corée du Sud, Etats-Unis).
L'offensive diplomatique s'appuiera notamment sur une réunion
des six partenaires du projet qui devrait avoir lieu à
la mi-octobre à Vienne, sous l'égide de l'Agence
internationale de l'énergie atomique (AIEA). Mais avant
d'envisager un cavalier seul, les Européens préfèreraient
attendre l'issue des élections présidentielles américaines
en novembre, la période électorale rendant peu probable
un changement d'attitude des Etats-Unis sur ce dossier, selon
une source diplomatique.
22/9/04 - La Commission européenne est prête à étudier l'hypothèse que l'UE se lance seule, avec les alliés qui le souhaitent, dans la construction du réacteur de fusion expérimental Iter, aujourd'hui bloquée par un conflit international sur sa localisation, a-t-on indiqué mercredi de source communautaire.
L'Union européenne, soutenue par la Chine et la Russie, défend une implantation à Cadarache, dans le sud de la France, tandis que le Japon, soutenu par la Corée du sud et les Etats-Unis, veut implanter le réacteur à Rokkasho-Mura, dans le nord du pays.
Le commissaire à la Recherche Philippe Busquin a envoyé une lettre à la présidence néerlandaise pour suggérer que les 25 donnent mandat à la Commission d'étudier l'hypothèse d'un lancement d'Iter par l'Europe et ses alliés, pour sortir du blocage, a indiqué une source communautaire, confirmant des informations parues mercredi dans le quotidien économique français La Tribune.
"Il s'agit pour l'UE de prendre l'initiative" de lancer le programme Iter avec ses alliés comme la Russie, la Chine, et d'autres pays potentiellement intéressés comme le Canada ou l'Inde, en laissant la porte ouverte aux partisans actuels du site japonais, a-t-on expliqué de source communautaire.
La Commission souhaite que les 25 envisagent cette hypothèse dès le conseil des ministres de la Recherche de vendredi à Bruxelles, pour pouvoir prendre une décision définitive lors du conseil suivant, en novembre, a-t-on indiqué de même source.
Le problème principal est de trouver des financements alternatifs pour le projet, dont le coût est estimé à 10 milliards d'euros dont 4,5 milliards d'euros pour la construction du réacteur.
Selon la Tribune, le ministre de la Recherche français François d'Aubert a proposé à la Commission européenne de porter la participation française à 914 millions d'euros, contre 457 millions d'euros dans le projet initial.
Les coûts d'Iter pourraient être également revus à la baisse, selon le quotidien.
Libération, 13/7/2004:
Les négociateurs d'Iter, réacteur expérimental sur la fusion thermonucléaire sont, tels des joueurs d'échecs, bloqués. L'un d'eux osera-t-il, cet été, renverser la table ? En juin, les six acteurs - Union européenne, Etats-Unis, Japon, Russie, Chine et Corée du Sud - étaient réunis à Vienne pour s'accorder sur un des deux sites en compétition pour l'accueillir : Cadarache (Bouches-du-Rhône), présenté par l'Union européenne, soutenu par les Russes et les Chinois ; Rokkasho-Mura, présenté par le Japon, soutenu par les Etats-Unis et la Corée. Sans succès.
Pourtant, le design de la machine est prêt : un tokamak où des champs magnétiques confineront un gaz d'hydrogène, puis de deutérium et de tritium, ses isotopes lourds (dotés d'un ou deux neutrons de plus). L'objectif ? Obtenir, durant quelques minutes, des réactions de fusion nucléaire dégageant cinq à dix fois l'énergie initiale. Le coût ? Dix milliards de dollars sur trente ans, pas moins de 10 % pour chaque partenaire, pas plus de 50 % pour celui qui héberge Iter.
Riposte. Reste le lieu. Depuis un an, le ton monte entre l'Union européenne et le Japon, «poussés» par les Etats-Unis. Spencer Abraham, le secrétaire d'Etat américain à l'énergie a déclaré le site de Rokkasho-Mura «supérieur à celui de Cadarache»... après s'être mêlé au débat européen en appuyant le site espagnol.
Pour les Européens, les deux implantations ne se valent pas. La moitié des physiciens et ingénieurs du domaine travaillent en Europe, qui exploite les deux meilleures machines actuelles, le Joint European Torus à Culham (Royaume-Uni) et Tore Supra à Cadarache. La comparaison des rapports techniques sur les deux sites n'aurait pas tourné à l'avantage des Japonais... qui ont refusé leur divulgation. L'UE propose de créer au Japon un centre de recherche sur les matériaux innovants nécessaires à cette filière, et de prendre en charge 50 % de cet «Iter élargi». Riposte japonaise : «D'accord avec votre idée, mais Iter chez nous, le deuxième centre à Cadarache et nous montons à 50 %.»
Fermeté de roc. Un vrai poker où le renoncement serait, pour le gouvernement japonais, un affront durement ressenti alors que l'Europe montre une fermeté de roc. Avec les Etats-Unis qui, vicieusement, demandent aux deux enchérisseurs de mettre noir sur blanc leur nouvel engagement. Pour amadouer les Japonais, les Européens ont fait, discrètement, des propositions de coopérations dans d'autres domaines de haute technologie. Espace, physique des particules, nucléaire... Sans succès. Sans, non plus, que les Japonais entreprennent de démarche symétrique. Pat, alors ? Pas certain.
L'espoir de voir les Etats-Unis adopter une simple neutralité, conduisant le Japon à s'assouplir, est ténu. Mais le déblocage pourrait être plus brutal.
A l'inverse des échecs, il reste une solution de force aux partenaires qui en prendront le risque : s'affranchir des règles fixées au début de la négociation. La conviction de tous étant qu'il n'y aura qu'une seule machine de ce type dans le monde, il ne serait pas étonnant que l'un des deux acteurs, décidé à mettre le paquet, se lance seul, ou avec un ou deux autres des acteurs minoritaires, en espérant être rejoint par la suite. Une rupture des règles du jeu pas très diplomatique, mais où le premier qui dégainera aura de grandes chances de l'emporter au final.
Surprise. Ce schéma, l'Europe l'a suivi avec succès pour la physique des particules, avec le Large Hadron Collider (en construction au Cern, près de Genève) rallié par les Etats-Unis après l'abandon de leur propre projet, plus coûteux. Une décision plus facile à prendre au Japon qu'en Europe où gouvernements et Commission doivent se mettre d'accord au prix d'une délicate discussion. Qui osera ? Cela pourrait être la surprise de l'été. Même s'il est plus probable que le bras de fer se poursuive à l'automne.
Sylvestre HUET
BRUXELLES (16 juin 2004) - L'Europe est prête à s'aligner financièrement
sur l'offre de contribution supplémentaire que le Japon
envisagerait de faire pour la construction du réacteur
expérimental de fusion nucléaire Iter à condition
d'accueillir le projet.
Un "feu vert" en ce sens a été donné
à la Commission européenne lors d'une réunion
informelle des ministres et hauts responsables de l'UE chargés
de la Recherche lundi à Bruxelles, a-t-on indiqué
de même source.
Ont notamment participé à la
discussion la ministre irlandaise Mary Harney, dont le pays assure
la présidence de l'Union, le Français François
d'Aubert, l'Italienne Letizia Moratti, David King, conseiller
scientifique du Premier ministre britannique Tony Blair, et le
commissaire européen Philippe Busquin.
Les travaux visaient à consolider la position commune de
l'Union européenne sur le dossier Iter, dans la perspective
de la prochaine réunion des partenaires du consortium Iter
qui se tiendra au niveau des experts vendredi à Vienne.
L'UE, la Russie, la Chine, les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon participent à l'ambitieux projet Iter, dont l'objectif à terme est de produire sur Terre les mécanismes de la fusion à l'oeuvre dans les étoiles.
Toutefois les six partenaires achoppent depuis des mois sur le choix du site. L'UE, Moscou et Pékin soutiennent la candidature de Cadarache, près de Marseille (sud-est de la France). Washington et Séoul soutiennent les ambitions du Japon avec Rokkashomura (nord-est).
Selon le quotidien nippon des affaires Nihon Kenzai, Tokyo serait prêt à proposer vendredi de débourser 100 milliards de yens (740 M EUR) supplémentaire pour la construction du futur réacteur à condition de l'accueillir sur son sol.
Les Européens sont d'autant moins enclins à abandonner le morceau qu'une évaluation confidentielle réalisée en interne au sein du consortium en février dernier démontre à leurs yeux la "supériorité technique" du site de Cadarache sur Rokkashomura, selon la même source communautaire.
Le document, dont l'AFP a obtenu une copie, souligne entre autres le coût moindre que représenterait une installation du réacteur Iter à Cadarache, ainsi qu'au plan de la sécurité, les risques moins élevés en matière sismique par rapport à Rokkashomura.
La candidature de la France, préférée l'an dernier à celle de l'Espagne pour défendre les couleurs de l'Union européenne dans le dossier Iter, a été handicapée depuis au sein du consortium par l'opposition des Etats-Unis, enclins à sanctionner par ce biais l'opposition de Paris à la guerre en Irak.
L'UE espère toutefois encore infléchir
la position de Washington, à la lumière du dégel
relatif des relations franco-américaines, illustré
par les retrouvailles des présidents Jacques Chirac et
George W. Bush lors des cérémonies du 60e anniversaire
du débarquement de Normandie le 6 juin et du soutien apporté
par Paris à la résolution américano-britannique
sur la reconstruction de l'Irak votée la semaine passée
aux Nations unies.
Le bien-fondé d'Iter contesté
par le dernier Nobel de physique japonais
TOKYO 30 janvier 2004 - Dernier prix Nobel japonais de physique, le professeur
Masatoshi Koshiba remet en cause le bien-fondé du projet
de Réacteur thermonucléaire expérimental
international (Iter), accusant ses promoteurs de vouloir faire
prendre des vessies pour des lanternes.
Citant un proverbe chinois - "Tête de mouton, mais
viande de chien" -, le Pr Koshiba, 77 ans, spécialiste
de physique fondamentale, reproche aux partisans d'Iter de présenter
le projet comme "la source d'énergie de la prochaine
génération", ce qu'il n'est pas, selon lui.
Ambitionnant de produire une énergie propre et sûre en recréant sur Terre les mécanismes à l'oeuvre au coeur des étoiles, le projet Iter devrait entrer dans sa phase opérationnelle en 2014 (non 2050 au plus tôt) et être exploité pendant 20 ans, avec un budget estimé à quelque dix milliards d'euros.
Le prix Nobel de physique 2002 estime qu'Iter ne remplit pas "un certain nombre de conditions, à savoir la sûreté et les coûts économiques", pour s'affirmer comme une prochaine source d'énergie quasi inépuisable.
En effet, "dans Iter, la réaction de fusion produit des neutrons de grande énergie, de 14 MeV (mégaélectronvolts)", niveau jamais atteint encore, explique M. Koshiba, qui est âgé de 77 ans. "Si les scientifiques ont déjà fait l'expérience de la manipulation de neutrons de faible énergie, ces neutrons de 14 MeV sont tout à fait nouveaux et personne à l'heure actuelle ne sait comment les manipuler", avertit le professeur honoraire de l'Université de Tokyo. Actuellement, souligne-t-il, la fission nucléaire libère des neutrons d'une énergie moyenne d'un ou deux MeV seulement.
Pour M. Koshiba, les scientifiques doivent d'abord résoudre ce problème des neutrons de 14 MeV "en construisant des murs ou des absorbeurs" avant de pouvoir affirmer qu'il s'agit d'une énergie nouvelle et durable. C'est, effirme-t-il, une solution très coûteuse. "S'ils doivent remplacer les absorbeurs tous les six mois, cela entraînera un arrêt des opérations qui se traduira en un surcoût de l'énergie", critique le physicien.
"Ce projet n'est plus aux mains des scientifiques, mais dans celles des hommes politiques et des hommes d'affaires. Les scientifiques ne peuvent plus rien changer", déplore-t-il avant d'ajouter : "j'ai peur".
L'Union européenne, la Russie, la Chine, les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon participent au projet Iter (International Thermonuclear Experimental Reactor). Deux sites sont en vive concurrence pour accueillir l'installation : Cadarache, dans le sud-est de la France, et Rokkasho-Mura, dans le nord du Japon. L'Union européenne, Moscou et Pékin soutiennent la candidature française tandis que Washington et, apparemment, Séoul, lui préfèrent le site nippon.
Réunis une première fois à Washington le 20 décembre, les six partenaires n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur le choix du site. Une deuxième réunion devrait avoir lieu fin février. En attendant la décision finale, la France et le Japon se livrent à une intense campagne de pressions.
"Je souhaite que le gouvernement français ait l'honneur d'accepter Iter dans son propre pays", ironise M. Koshiba. "Les scientifiques français sauront peut-être mieux gérer ces neutrons de 14 MeV. Après tout, le France est déjà activement impliquée dans le traitement des matériaux radioactifs dans ses centrales nucléaires".
"Je pense, conclut-il, que, certainement, les scientifiques et les ingénieurs français ont plus de connaissances et d'expérience que ceux des autres pays pour s'attaquer à ce nouveau problème de neutrons 14 MeV", conclut-il.
Voici pour les lecteurs
de la Gazette
un texte (plus long car donnant plus d'explications) paru dans
le Nouvel Economiste du 5 décembre 2003.
En fait de soleil, c'est plutôt
le miroir aux alouettes, ce bluff des nucléocrates s'appuyant
sur le programme Atom for Peace et la prophétie d'Eisenhower
faite à Genève dans les années 50, "l'énergie
nucléaire va fournir à l'humanité de l'énergie
gratuite en quantité illimitée".
Il s'agissait à l'époque
de l'énergie de fission.
Pour faciliter la compréhension
des problèmes, faisons un peu de technique.
La fusion consiste, à l'inverse
de la fission (casser des "gros noyaux") à rapprocher
suffisamment deux atomes légers pour qu'ils en donnent
un plus gros (la somme des masses des produits finaux de la réaction
étant plus faible que la somme des masses des produits
initiaux, la différence est convertie en énergie).
Pour que cette opération de rapprochement présente
un intérêt, il faut des conditions très particulières
: envoi d'un grand nombre d'atomes (la densité) l'un contre
l'autre, avec la plus grande vitesse possible (la température)
et pendant le plus long temps possible (le temps de confinement).
Avec ces trois paramètres a été défini
un critère, le critère de Lawson, qui doit indiquer
à partir de quand le système est censé fonctionner.
Depuis longtemps les physiciens nucléaires
savent faire "à l'unité" ces réactions
(deutérium + tritium), mais comment arriver à la
fusion "entretenue" productrice d'énergie? Comment
parvenir à utiliser ce fameux tritium sans tout contaminer?
Donc que signifie fonctionner? Qu'appelle-t-on
énergie produite? L'énergie libérée
par réaction multipliée par le nombre de réactions
ou l'énergie envoyée sur la ligne électrique,
déduction faite de la consommation de la machine, sans
oublier la cafetière électrique de l'ingénieur
de sûreté radioprotection d'astreinte?
À ce niveau apparaissent deux
petits "détails" permettant de faire comprendre
les principaux mensonges concernant la fusion : elle utiliserait
un combustible quasi illimité qui se trouve dans l'eau
de mer et elle serait propre au point de vue radioactif.:
· Le premier, et non le moindre, est qu'il faut non seulement
du deutérium, l'isotope de masse 2 de l'hydrogène
mais aussi du tritium, l'isotope de masse 3 de l'hydrogène,
radioactif. S'il est possible d'extraire le deutérium de
l'eau de mer (à quel coût énergétique?
(*)), par contre le tritium, isotope radioactif de l'hydrogène
de courte période (12,26 ans) se trouve en très
faible quantité dans la nature, d'où la nécessité
d'en fabriquer, en grandes quantités en faisant réagir
les neutrons avec le fluide caloporteur, du lithium en l'occurrence.
Puis il faudra l'extraire, le stocker avant de l'injecter dans
l'enceinte en fonction des besoins.
Pour un réacteur de 1000 MW, 15 à 20 kg de tritium
seront nécessaires pour 2 à 3000 heures de fonctionnement
(20 kg de tritium représentent
une activité de 200 millions de curies
soit 7,4.1018 Bq, - des milliards de milliards de Bq). L'installation
va donc être contaminée par le tritium, car ce radioélément,
tout comme l'hydrogène dont il a les mêmes propriétés
physico-chimiques, diffuse facilement à travers les métaux
et n'est pas du tout
inoffensif pour la santé contrairement aux discours
traditionnels.
· Le second est que les neutrons
doivent traverser la structure de la chambre de combustion si
on veut espérer récupérer de l'énergie.
Ces neutrons vont activer
les matériaux, créant de très importantes
quantités de radioéléments de période
plus ou moins longue. Sur le plan de la radioactivité,
ces réacteurs, si un jour ils fonctionnent, n'auront rien
à envier aux réacteurs à fission.
De plus, chaque année une portion
de l'enceinte, circuits magnétiques compris devra être
changée en raison l'usure très rapide (environ 5
cm par an,) de sa paroi intérieure et constituera un volume
important de déchets de très haute activité,
de durée de vie plus ou moins longue.
En résumé, ce type de réacteur,
présenté par ses promoteurs comme écologique
(!), sans déchets radioactifs (pas de "cendres"
contenant des produits de fission) va produire une nuisance radioactive
au moins égale, si ce n'est plus importante, que les réacteurs
actuels.
Comprenons bien qu'il s'agit de la description futuriste d'un
réacteur.
En effet, pour le moment les machines
(JET, TORE SUPRA et même ITER) ne sont pas des réacteurs
et l'on n'a jamais employé de tritium dans ces appareils
de recherche sauf dans le JET, au dernier moment juste avant de
l'arrêter définitivement. La raison en est la radioactivité.
Il est en effet impossible de changer les paramètres et
de faire des recherches avec un appareil où du tritium
aurait été injecté. Sa radioactivité
et l'activation des matériaux de structure par les neutrons
produits interdisent les accès pour manipulations et ce
sont des robots qui feraient la maintenance. Or, ITER comme ses
prédécesseurs est un outil de recherche, pas
un réacteur destiné à fournir de l'électricité.
Maintenant où en sont les recherches
? Régulièrement, par le plus grand des hasards,
au moment où vont se décider les lignes budgétaires,
la presse fait écho à l'annonce de percées
technologiques sur un paramètre essentiel. Mais les chercheurs
oublient de préciser que ce record a été
obtenu au détriment des autres paramètres. (Serait-ce
un sujet de recherche, essentiellement de recherche de crédits
!!!)
Aujourd'hui les responsables du projet
au Commissariat à l'Énergie Atomique, assurent que
la plupart des briques technologiques ont été validées
sur diverses petites machines, estimant que les risques technologiques
se limitent à l'intégration de toutes ces briques.
Leur enthousiasme aurait dû être modéré
par la lecture d'un rapport présenté devant l'Académie
des Sciences fin 2001 par leur ancien Haut Commissaire Robert
DAUTRAY (1). Il explique que la fission a pu se développer
grâce à "la linéarité des phénomènes"
car "tous les problèmes scientifiques et techniques
sont découplés par la linéarité et
peuvent être étudiés à part et simultanément
dans des installations modestes". Par contre "la fusion
thermonucléaire, au contraire, est un phénomène
fondamentalement non-linéaire, et ceci vis-à-vis
de toutes les fonctions physiques en jeu Il faut donc explorer
les uns après les autres tous les niveaux de puissance,
y découvrir de nouveaux phénomènes".
Sa conclusion est "pour le moment
la fusion thermonucléaire ne peut pas encore être
comptée avec certitude parmi les sources industrielles
d'énergie n'est-ce pas plutôt un sujet d'étude
de physique important auquel il faut assurer un soutien constant,
persévérant et à long terme, comme on le
fait dans bien d'autres domaines de la physique dans le cadre
général des recherches".
Il est clair que pour un physicien c'est
un sujet de recherche passionnant, mais il faut raison garder.
Ce n'est pas demain que ce processus physique va contribuer au
bilan énergétique de l'humanité.
De fait il y contribue déjà
par le soleil, mais il s'agit là d'un confinement gravitationnel,
et à moins de construire une machine de la taille du soleil
Ce qui n'est pas honnête c'est
de faire croire, par média interposés, qu'il suffit
de construire "la nouvelle" machine pour aboutir. Nous
avons eu droit aux mêmes discours avant le lancement du
JET (Joint European Torus, à Culham - UK), puis de TORE-SUPRA
(Cadarache). Aujourd'hui il s'agit d'ITER.
En 1980, le directeur adjoint du JET,
Paul Rebut écrivait (2) : "Le but du JET est d'obtenir
un plasma proche de l'ignition la puissance produite par la réaction
D-T devrait être alors voisine de 100MW. Atteindre cet objectif
indiquerait que les problèmes de base de la physique d'un
réacteur thermonucléaire ont été surmontés.".
Aujourd'hui, en 2003, on annonce que
le JET a produit 16 MW en 1997. 16 MW atteint pour un objectif
de 100 MW, est-ce à dire que les problèmes de base
n'ont pas été totalement surmontés ?
Et
de toute façon ces 16 MW ne sont que l'énergie stockée
dans le plasma, pas un KW d'énergie n'a été
récupéré, et nul part on ne donne la quantité
d'énergie dépensée pour obtenir ce résultat.
Puis nous pouvions lire dans la Revue
Générale Nucléaire (janvier-février)
en 1991, sous la plume du Directeur des Sciences de la Matière
au C.E.A. "Des progrès substantiels ont été
réalisés dans les problèmes clés de
la physique de la fusion que sont le confinement et le contrôle
des impuretés qui régissent les divers processus
de perte d'énergie ". "L'objectif à moyen
terme est la réalisation d'un dispositif nouveau . Cet
appareil aura nécessairement une taille importante, sa
puissance de fusion pourra dépasser 1000MW. Malgré
son coût élevé, sa réalisation est
indispensable pour apporter la preuve scientifique et technique
de la disponibilité de la fusion. C'est l'aboutissement
des recherches des 30 dernières années qui sans
cela perdraient leur justification."
Aujourd'hui,
dans son rapport annuel 2002 (3), le CEA claironne à propos
de TORE SUPRA : "en juillet 2002, le record mondial a
ainsi été atteint, avec 4 mn de durée de
décharge, ce qui correspond à une énergie
extraite de 750 MégaJoules.",
Depuis TORE SUPRA a même atteint
6mn de décharge ce qui correspond à 1000 Mégajoules.
De quel paramètre parle-t-on?
De quelle énergie? Pour le béotien, 750 Mégajoules
pendant 4 mn, c'est environ 3MW (et 1000 Mégajoules pendant
6 mn c'est encore environ 3MW), donc pas de quoi pavoiser
au vu des déclarations précédentes. En particulier
au plan énergétique car ces quelques MW ont demandé
l'apport d'environ 10 fois plus d'énergie (entre 45 et
70 MW)
Et pour en finir avec le sujet, le CEA
écrit dans ce même rapport : "Toutefois,
apporter la démonstration de la faisabilité scientifique
de la production d'énergie par la fusion, nécessite
la construction d'une installation plus grande c'est le projet
ITER."
Les arguments n'ont pas changé,
est-ce dans un soucis d'économies ?
En matière de fusion thermonucléaire
il n'y a pas urgence sauf celle de faire un réel bilan
des recherches menées depuis plus de 40 ans.
En tout état de choses, il
serait beaucoup plus approprié d'investir massivement dans
un programme d'économies d'énergie par la mise en
oeuvre de procédés industriels moins "énergivores"
et d'utilisations rationnelles et pertinentes de toutes les sources
actuellement disponibles.
(1) "L'énergie nucléaire civile dans le cadre
temporel des changements climatiques". Rapport à l'Académie
des Sciences. Robert Dautray. décembre 2001
(2) "L'énergie thermonucléaire". Cycle
de conférences Bernard Gregory. Paul Rebut. 21 octobre
1980
(3) CEA, Rapport annuel 2002 ( voir également www.cea.fr)
(*) Dans un texte du CEA j'ai lu récemment que la quantité de deutérium contenue dans un litre d'eau de mer "donnait autant d'énergie que 300 litres de pétrole". Il faut combien de litres de pétrole pour extraire le deutérium contenu dans ce litre d'eau de mer : électrolyse puis séparation isotopique (ou vis versa), et il aura fallu combien de litres de pétrole pour produire un égal nombre d'atomes de tritium ?
Gazette Nucléaire n°211/212, janvier 2004.
Certains ont voulu fermer les yeux et se dire qu'après CEDRA (centre d'enfouissement de déchets radioactifs) le CEA se calmerait Que nenni. Vous avez la poubelle à Cadarache, voici un nouveau projet pour la remplir!.
Après CEDRA, voilà ITER !
En apprentis sorciers, les physiciens, qui veulent recréer,
sur terre, les conditions du soleil, ont imaginé une centrale
gigantesque dont ils ne maîtrisent pas tous les aspects,
destinée à fonctionner selon des lois qu'ils connaissent
mal, avec des risques de perte de contrôle et d'explosion.
Ce projet s'appelle ITER et a une chance sur 4 d'être implanté
au CEA de Cadarache (autres candidats : Canada, Japon et Espagne).
Contrairement aux idées savamment entretenues nous pouvons
dans l'état des connaissances scientifiques actuelles affirmer
que la fusion n'est pas une recherche propre ni sans danger. Nos
craintes ne s'inscrivent pas dans un refus de la recherche en
général mais dans la remise en cause de la pertinence
de ce projet particulier.
ITER: une mystification scientifique
Le projet ITER nécessite
l'emploi de tritium extrêmement radioactif et polluant,
la fission de lithium également dangereuse produira une
forte irradiation du réacteur et 30 000 tonnes de déchets
radioactifs, dont 20 % ayant une période supérieure
à cent ans. Des incertitudes importantes
subsistent, sur la capacité de la structure à supporter
les contraintes mécaniques, sur la stabilité du
plasma, sur l'impact de l'énorme flux de neutrons qui risque
de détruire les matériaux environnants (la barrière
"fertile" au lithium) et de contaminer l'enceinte du
réacteur et l'environnement.
C'est ensuite un gouffre financier, 3,5 milliards d'euros, et
un processus décisionnel obscur, par des négociateurs
internationaux sans information réelle ni contrôle
des citoyens. Ces crédits de recherche nous sembleraient
mieux utilisés dans d'autres types de recherche sur les
énergies alternatives.
Cadarache : un site inadapté
L'installation du projet ITER à Cadarache nécessiterait
la création de nouvelles lignes électriques HT afin
d'acheminer une formidable quantité d'électricité
pour provoquer l'ignition, ainsi que l'élargissement des
routes au Pont de Mirabeau (site remarquable, déjà
entaché par l'autoroute).
La construction, prévue à La Verrerie, en dehors
de la zone déjà clôturée par le CEA,
détruirait les riches milieux de la forêt domaniale
de Cadarache déjà déstabilisés par
les sondages: chênaie centenaire, plantations faites depuis
moins de trente ans avec des fonds publics (engagement trentenaire
de l'Etat à conserver la vocation forestière), population
de mouflons, avifaune du confluent Durance-Verdon (une des plus
riches de Provence).
Mais surtout, le site de
Cadarache est soumis à risque sismique important et risquerait d'être une cible facile
pour les terroristes ou en cas de conflit, dans une région
densément peuplée.
CADARACHE EST EN TRAIN DE DEVENIR UNE
ZONE DES PLUS NUCLEARISEE DE FRANCE, DANS LA PLUS TOTALE PASSIVITE
ET COMPLICITE DES POUVOIRS PUBLICS.
LA VOIX DU NORD 21/12/03:
ITER : Cadarache toujours dans l'expectative
UN consensus n'a pas pu être trouvé hier sur le choix
du site qui accueillera le futur réacteur expérimental
de fusion nucléaire (ITER), au Japon ou en France, par
les six partenaires du projet réunis près de Washington.
« La décision est reportée, probablement mi-février
», a déclaré un émissaire du gouvernement
français, Pierre Lellouche, à l'issue de la réunion
ministérielle entre les six partenaires du projet à
Reston, près de Washington.
Le site de Cadarache, dans le sud-est de la France, est en concurrence
avec celui de Rokkasho-Mura, dans le nord du Japon, pour ce projet,
dont le coût total est évalué à 30
milliards d'euros sur trente ans, avec à la clé
d'importantes retombées économiques.
Alors que la réunion se poursuivait encore, un membre de
délégation présent à Reston expliquait
qu'il était « peu probable qu'un choix de site soit
fait aujourd'hui car il n'y a pas encore de consensus, les positions
semblent partagées trois contre trois ».
L'Union européenne, la Russie et la Chine soutiennent le
site de Cadarache, alors que les Etats-Unis, le Japon et la Corée
du Sud préfèrent le site japonais de Rokkasho-Mura.
Le choix du site doit se faire par consensus, et non à
l'issue d'un vote à la majorité.
La Corée du Sud s'abstient
Selon un membre d'une autre délégation, les choses
ont toutefois évolué en faveur du site français
au cours de la réunion, la Corée du Sud ayant décidé
de s'abstenir.
Le Canada, qui s'est pratiquement retiré d'ITER, ne participait
pas à la réunion.
Au début de la réunion, le secrétaire américain
à l'Energie, Spencer Abraham, avait souligné «
le caractère prometteur de la fusion ». « Pendant
la durée de vie d'un enfant né aujourd'hui, la demande
en énergie triplera par rapport à ce qu'elle est
aujourd'hui (...) si la fusion marche, elle arrivera au bon moment.
Elle sera là pour répondre au besoin croissant en
sources d'énergie propres dans le monde entier »,
a-t-il dit.
L'Union européenne était venue en force. La délégation
européenne, dirigée par le commissaire européen
à la Recherche Philippe Busquin, comprend également
la ministre française de la Recherche, Claudie Haigneré,
et la ministre italienne de l'Education et de la Recherche, Letizia
Moratti, dont le pays assure la présidence tournante de
l'Union européenne.
Le réacteur expérimental vise à produire
de l'énergie propre et sûre en reproduisant la fusion
qui a lieu dans les étoiles. Mais cette perspective n'est
pas pour tout de suite : les pères du projet ne prévoient
pas les premiers kilowatts/heure électriques avant l'horizon
2050.
Les deux sites font valoir une solide expérience du nucléaire.
Rokkasho-Mura abrite un grand complexe industriel comprenant une
usine de retraitement nucléaire qui doit ouvrir en juillet
2006, un centre d'entreposage de déchets vitrifiés,
une usine d'enrichissement d'uranium et un centre de stockage
de déchets de faible activité.
Le site de Cadarache, de son côté, abrite depuis
quarante ans des recherches internationales sur l'énergie
nucléaire, et mène depuis 1988 une préfiguration
d'ITER avec le réacteur expérimental « Tore
Supra » dans le cadre d'un programme européen des
recherches sur la fusion.
Le choix du site d'Iter reporté à
la mi-février (émissaire
français)
20/12/03 - La décision sur le
choix du site du futur réacteur expérimental de
fusion nucléaire (Iter), a été reportée,
probablement à la mi-février, a annoncé samedi
un émissaire du gouvernement français Pierre Lellouche.
"La décision est reportée, probablement mi-février",
a déclaré M. Lellouche à des journalistes
français, à l'issue de la réunion ministérielle
entre les six partenaires du projet à Reston (Virginie),
près de Washington.
Le site de Cadarache, dans le sud-est de la France, est en concurrence
avec celui de Rokkasho-Mura, dans le nord du Japon, pour ce projet,
dont le coût total est évalué à 30
milliards d'euros sur 30 ans, avec à la clé d'importantes
retombées économiques.
L'Union européenne, la Russie et la Chine soutiennent le
site de Cadarache, alors que les Etats-Unis, le Japon et la Corée
du Sud préfèrent le site japonais de Rokkasho-Mura,
selon un membre de délégation présent à
la réunion des ministres de la recherche ou de l'énergie
organisée à Reston (Virginie), près de Washington.
Le choix du site doit se faire par consensus, et non à
l'issue d'un vote à la majorité.
Le choix du site du réacteur expérimental
Iter le 20 décembre à Washington
8/12/03 - Les
ministres chargés de l'Energie de sept pays participant
au projet Iter choisiront le site qui accueillera le réacteur
de fusion expérimental lors d'une réunion le 20
décembre à Washington, a indiqué lundi le
ministère américain de l'Energie.
"Il s'agit d'une réunion ministérielle. Sept
délégations doivent y participer", a précisé
un porte-parole du ministère, Jeff Sherwood, sans donner
d'autres détails.
L'Union européenne, le Canada, la Russie, la Chine, le
Japon, la Corée du Sud et les Etats-Unis participent à
ce projet.
Le site français de Cadarache (sud-est de la France) est
en concurrence avec un site japonais, Rokkasho-mura, dans le nord
de l'archipel, pour accueillir le réacteur.
Lors d'une réunion préparatoire les 4 et 5 décembre
à Vienne au siège de l'Agence internationale de
l'énergie atomique (AIEA), les sept partenaires ont réglé
la question de la "participation financière"
de chacun, selon un communiqué commun.
Le projet Iter, dont le coût total est évalué
à 10 milliards d'euros sur 30 ans, avec à la clé
d'importantes retombées économiques, vise à
construire un grand réacteur de fusion expérimental
destiné à produire de l'énergie propre et
sûre en reproduisant la fusion qui a lieu dans les étoiles.
Iter: les Européens plaident à
Tokyo en faveur de Cadarache
TOKYO 8/12/03 - La
ministre française déléguée à
la Recherche et aux nouvelles technologies, Claudie Haigneré,
et le commissaire européen à la Recherche, Philippe
Busquin, ont plaidé lundi à Tokyo en faveur du site
de Cadarache (sud-est de la France) pour accueillir le projet
de réacteur de fusion expérimental Iter. Cadarache
est en concurrence avec un site japonais, Rokkasho-mura, dans
le nord de l'Archipel. Mme Haigneré comme M. Busquin, tous
deux en visite à Tokyo pour un "G8 de la science",
ont mis en avant les atouts de la candidature européenne.
"Nous avons toute la structure, l'environnement scientifique
et technique pour que ce projet puisse démarrer dès
demain avec une compétence, une expertise et des atouts
de sûreté qui entourent l'expertise française
depuis de nombreuses années ainsi que l'engagement financier
de l'ensemble des pays européens", a déclaré
Mme Haigneré lors d'un point-presse.
"Il existe déjà en Europe cette communauté
de fusion prête à accueillir l'implantation du réacteur
Iter et je pense qu'il s'agit d'un atout important pour la réalisation
concrète de ce projet que de pouvoir s'appuyer sur des
équipes et des équipements performants", a
ajouté Mme Haigneré.
Sur le plan du financement, "les offres européenne
et japonaise sont identiques: 48% de contribution pendant la phase
de construction et 42% pendant la phase d'exploitation",
a-t-elle souligné. De son côté, M. Busquin
a estimé que "les deux propositions les plus avancées,
du point de vue technique, financier et organisationnel, sont
celles de l'Europe et du Japon", la candidature du Canada
n'étant "pas appuyée politiquement". Il
a reconnu que la question du site était "importante
parce qu'elle est symbolique" tout en soulignant que la répartition
du projet parmi les partenaires internationaux était "un
facteur plus important". La décision finale est attendue
au terme d'une réunion les 19 et 20 décembre à
Washington. M. Busquin s'est dit confiant quant aux conditions
de financement de la candidature européenne. "Nous
apportons les conditions d'un financement qui (rend) le projet
réalisable complètement car il y aussi un engagement
dans le temps, à 20-25 ans au moins", a assuré
le commissaire européen.
Du côté japonais, les promoteurs du projet soulignent
que leur site, où est en cours de construction une centrale
de retraitement, a de nombreux avantages: la proximité
d'un port, un sol très rocheux et la présence d'une
grande base militaire américaine voisine qui signifie que
Rokkasho-mura a déjà les services disponibles pour
accueillir des chercheurs étrangers dans un environnement
confortable.
Toutefois, pour des raisons évidentes, le nucléaire
reste un dossier ultra sensible au Japon. Les Japonais ont été
traumatisés par l'accident nucléaire survenu en
septembre 1999 dans le nord de l'Archipel, à Tokaï-Mura, non loin de Rokkasho-mura,
le plus grave depuis Tchernobyl en 1986.
L'accident, dû à une erreur humaine de manipulation
excessive d'uranium, avait exposé plus de 600 riverains
à des radiations importantes et tué deux des ouvriers
de la centrale. Le Japon est disposé à payer la
majeure partie des coûts de construction d'Iter.
Le projet Iter, dont le coût total est évalué
à 10 milliards d'euros sur 30 ans, avec à la clé
d'importantes retombées économiques, associe l'Union
européenne, les Etats-Unis, le Canada, le Japon, la Russie,
la Chine et la Corée du Sud. Il vise à construire
un grand réacteur de fusion expérimental, afin de
produire dans un délai de 30 ans de l'énergie propre
et sûre à un stade pré-industriel, à
partir notamment de l'hydrogène, en reproduisant la fusion
qui a lieu dans les étoiles.
Cadarache, candidat européen à
Iter, établit un record de fusion
7/12/03 - Le
département de fusion du centre de recherche nucléaire
de Cadarache vient d'établir un nouveau record du monde
avec "Tore Supra", un Iter miniature, à quelques
jours de la décision sur le pays d'accueil du futur réacteur
expérimental, a-t-on appris dimanche auprès d'un
responsable du centre.
Les scientifiques français (CEA) et européen (Euratom)
sont parvenus jeudi à maintenir constante durant 6 minutes
et demie une décharge de plasma et à en extraire
plus de 1.000 mégajoules d'énergie thermique. (super 6 minutes pour 40 ans de recherche,
et combien d'énergie électrique consommée
pour ses 1.000 mégajoules d'énergie thermique ?)
Le précédent record, déjà établi
en septembre 2002 à Cadarache sur la même machine,
portait sur une décharge de plasma de 4 minutes et 25 secondes
dégageant une énergie de 750 mégajoules,
précisait dimanche le quotidien "La Provence".
Le site de Cadarache a été désigné
le 26 novembre à l'unanimité des ministres européens
de la Recherche pour porter les couleurs de l'Europe face à
la candidature japonaise de Rokkasho-Mura, dans le nord du Japon.
La décision finale sur le pays qui hébergera le
réacteur international sera prise le 18 décembre
prochain à Washington par les représentants des
partenaires du projet (UE, Etats-Unis, Canada, Japon, Russie,
Chine et Corée-du-sud).
Le Monde, 5/12/03:
Ils redoutent la sismicité du sous-sol.
"Cadarache : le site où il ne faut pas construire
ITER." Alors que s'ouvre le round final de la compétition
opposant le site de Cadara-che (Bouches-du-Rhône), proposé
par l'Europe, et celui de Rokkasho-Mura, présenté
par le Japon, pour accueillir le réacteur à fusion
thermonucléaire ITER, les écologistes français
montent au créneau. Le réseau Sortir du nucléaire,
revendiquant 650 associations membres, demande "l'annulation
du projet de construction" à Cadarache.
Motif : la sismicité du sous-sol provençal. Le
centre nucléaire de Cadarache, où travaillent 4
300 personnes, est proche de la faille géologique de la
moyenne Durance. Le site pressenti pour ITER n'en est distant
que de 7 km. Cette cassure de l'écorce terrestre, formée
voilà 250 millions d'années, s'étend sur
70 km, entre Peyruis (au nord) et Saint-Paul-lez-Durance (au sud),
en passant par Manosque. Ses déplacements, mesurés
par les instruments de l'Institut de radioprotection et de sûreté
nucléaire (IRSN), sont minimes : un dixième de millimètre
par an en moyenne.
Cela ne l'empêche pas d'avoir généré
plusieurs séismes destructeurs au cours des cinq cents
dernières années.
Durant cette période, relève l'IRSN, "la faille
de la moyenne Durance a provoqué, en moyenne, un séisme
de magnitude 5 à 5,5 par siècle". On trouve
les traces des dégâts occasionnés dans les
annales en 1509, 1708, 1812 et 1913. Des études de paléosismicité
menées par le Bureau de recherches géologiques et
minières (BRGM) ont montré qu'un tremblement de
terre plus violent, dont la magnitude avait pu atteindre 6,9,
s'était produit entre 11 000 et 28 000 ans avant J.-C.
Plus récemment, les mesures ont révélé
une sismicité régulière, avec une dizaine
de secousses par an dont la plus forte a atteint, en février
1996, une magnitude de 2,9.
NORMES RÉVISÉES
Des profils sismisques établis lors de recherches pétrolières
ont précisé le tracé de cette fracture. "A
l'est de la vallée de la Durance - où est installé
le centre nucléaire de Cadarache et où pourrait
être construit ITER -, il n'existe pas d'accident -géologique-
susceptible de générer un séisme majeur",
note l'IRSN. Certains protesteront qu'à une quarantaine
de kilomètres un violent séisme a secoué,
le 11 juin 1909, la région de Lambesc et de Saint-Cannat,
exposée au jeu des failles de Costes et de Trévaresse.
Les dommages furent considérables et le bilan humain de
46 victimes. Malgré cela, les sismologues estiment qu'il
vaut mieux prendre en compte les effets d'un séisme analogue
à celui qui a ravagé Manosque en 1509 et qui serait
généré à seulement 7 km d'ITER par
la faille de la moyenne Durance, plutôt qu'un tremblement
de terre plus violent qui se produirait dans la région
de Lambesc. L'Autorité de sûreté nucléaire
(ASN) juge que la région présente "un risque
sismique significatif". Elle a, en avril 2001, estimé
que six installations nucléaires anciennes du centre de
Cadarache devaient être "arrêtées pour
tenue au séisme insuffisante", selon un calendrier
allant jusqu'en 2015.
L'une de ces installations, l'ate-lier de fabrication de combustible
mixte uranium-plutonium (MOX), appartenant à la Cogema
et datant du début des années 1960, a été
fermée en juillet 2003 et son activité transférée
vers l'usine Melox de Marcoule (Gard). Pour les autres installations,
indique le Commissariat à l'énergie atomique (CEA),
qui les exploite, un échéancier des arrêts
a été fixé : station de traitement des déchets
et effluents entre 2004 et 2006 ; parc d'entreposage des déchets
radioactifs d'ici à 2006 ; magasin d'entreposage des matières
fissiles d'ici à 2009 ; entrepo-sage des déchets
Pégase et laboratoire d'examen des combustibles en 2015.
Toutes ces installations, indique le CEA, seront remplacées
par des unités respectant les normes parasismiques entrées
en vigueur au début des années 1980 et revues par
l'ASN en 2001. Ces normes s'appliqueront au réacteur ITER.
La règle définit "un séisme maximal
historiquement vraisemblable" - en l'occurrence celui de
Manosque de 1509 - et le majore d'un point sur l'échelle
MSK (nom de ses inventeurs, Medvedev, Sponheuer et Karmik), mesurant
non pas l'énergie (magnitude), mais les effets d'un séisme.
Pour Cadarache, l'indice de "séisme majoré
de sûreté" appliqué aux futurs bâtiments
est de IX, sur une échelle de XII degrés.
Avec la sismicité, les associations antinucléaires
espèrent trouver un défaut à la cuirasse
d'un réacteur dont ils rejettent le principe, qu'il soit
construit à Cadarache ou "à tout autre endroit".
A leurs yeux, ITER "est un projet pharaonique dont la
faisabilité n'a jamais été démontrée".
Son résultat serait d'assécher des crédits
de recherche qui pourraient être affectés aux énergies
renouvelables. La candidature de Rokkasho-Mura est sous le feu
de critiques similaires de la part des antinucléaires japonais.
Le choix du site d'ITER interviendra les 19 et 20 décembre
à Washington.
Jean-François Augereau et
Pierre Le Hir
Iter: pas de problème de sûreté
à Cadarache, selon le "gendarme du nucléaire"
3/12/03 - Le
site de Cadarache, près de Marseille, candidat pour accueillir
le futur réacteur expérimental de fusion nucléaire
Iter, ne présente pas a priori de risque pour la sûreté,
a indiqué mercredi le directeur général de
l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN)
André-Claude Lacoste.
La décision finale sur le pays qui hébergera le réacteur Iter (International Thermonuclear Experimental Reactor) doit intervenir à l'issue d'ultimes négociations qui réuniront les 19 et 20 décembre à Washington les sept partenaires du projet (UE, Etats-Unis, Canada, Japon, Russie, Chine et Corée du Sud). Cadarache est en concurrence avec le site japonais de Rokkasho-mura, au nord de l'archipel nippon.
"Ce sera au futur exploitant (ndlr, le Commissariat à l'énergie atomique si Cadarache est retenu) de mener les études de sûreté", a expliqué M. Lacoste devant la presse. "Nous avons examiné un premier dossier du CEA : nous ne voyons pas d'élément bloquant", a ajouté le patron de l'Autorité de sûreté.
"Des dispositions peuvent être prises par rapport au risque sismique très modéré qui existe à Cadarache", a-t-il précisé.
Selon le "gendarme du nucléaire",
le problème de résistance aux séismes dans
la région peut se poser pour les installations existantes.
"Pour d'éventuelles nouvelles installations, il est
très facile de prendre des dispositions", a assuré
M. Lacoste.
Le Figaro, 27/11/03:
La France en lice pour accueillir un réacteur
à dix milliards d'euros
Dans le double match qui opposait
hier la région Provence-Alpes-Côte d'Azur à
la Catalogne, la France a perdu la Coupe de l'America mais l'a
emporté sur Iter (1), le projet international de fusion
nucléaire (lire nos éditions d'hier). C'est «encore
plus important pour Marseille, la Provence et la France»
que la Coupe de l'America, a déclaré hier Jean-Claude
Gaudin, le maire de Marseille.
De quoi s'agit-il ? Rien moins que du plus important projet scientifique
international actuel, représentant un investissement de
10 milliards d'euros sur trente ans, auquel participent l'Europe,
les États-Unis, le Canada, la Russie, le Japon, la Chine
et la Corée du Sud. L'objectif : construire dès
l'année prochaine un réacteur expérimental
visant à reproduire l'énergie des étoiles
à partir de formes lourdes d'hydrogène que l'on
trouve en abondance notamment dans l'eau. Les physiciens espèrent
ainsi obtenir une source d'énergie inépuisable,
plus propre et moins dangereuse que le nucléaire classique.
Le conseil des ministres de la Recherche réuni hier à
Bruxelles a donc désigné, à l'unanimité,
le site de Cadarache (Bouches-du-Rhône) pour défendre
les couleurs de l'Europe comme hôte potentiel du futur réacteur
Iter. La partie n'est pas terminée, la France a remporté
hier «une victoire d'étape», comme l'a salué
Jean-Pierre Raffarin à l'Assemblée nationale.
Reste la finale à jouer. Le Japon est aussi candidat pour
accueillir le réacteur expérimental, à Rokkasho-mura.
Les ultimes négociations (portant notamment sur le tour
de table financier) doivent s'ouvrir le 4 décembre à
Washington. Le ministre français de la Recherche Claudie
Haigneré sera à cette date en visite au Japon dans
le cadre du «G8 Recherche». La décision finale
est attendue au terme d'une autre réunion, du 18 au 20
décembre, dans la capitale américaine.
L'Europe des Quinze est parvenue hier à un compromis de
dernière minute, affichant une unanimité bienvenue
avant la dernière phase de tractations.
L'Espagne a finalement retiré sa candidature après
avoir, ces derniers jours, multiplié les initiatives pour
promouvoir le site catalan de Vandellos. Le premier ministre espagnol
Jose Maria Aznar avait ainsi annoncé la semaine dernière
qu'il doublait la contribution financière de son pays au
projet Iter, la portant à 900 millions d'euros. Faute d'être
retenue, l'Espagne a obtenu en compensation d'héberger
le futur siège administratif d'Iter pour l'Europe, que
le réacteur soit construit en France ou au Japon.
«Nous avons donné une belle image de l'Europe»,
se réjouissait hier Claudie Haigneré. L'unanimité
obtenue hier «nous rend beaucoup plus forts pour défendre
notre candidature face au Japon». Il était acquis
depuis quelques jours qu'en cas de vote au conseil des ministres
la France obtiendrait la majorité qualifiée, grâce
au soutien des grands pays, Allemagne, Italie et Grande-Bretagne.
La France n'a pas ménagé ses efforts diplomatiques
depuis le début de l'année. Tandis que le ministre
de la Recherche s'est encore récemment entretenu en tête
à tête avec la plupart de ses homologues européens,
le président Jacques Chirac n'a pas hésité
à décrocher son téléphone, dit-on
au ministère, pour défendre la candidature française.
Et Jean-Pierre Raffarin s'était rendu le 17 novembre à
Cadarache. Le député UMP Pierre Lellouche a par
ailleurs été chargé par le gouvernement de
défendre le dossier français, notamment auprès
des partenaires américain et chinois.
Mais «l'atout essentiel de la France, résumait hier
Claudie Haigneré, c'est la qualité du site scientifique
de Cadarache». Cela fait près de cinquante ans que
des laboratoires de pointe du Commissariat à l'énergie
atomique
(CEA) sont implantés sur les 1 600 hectares verdoyants
de ce centre de 4 000 personnes, dans la vallée de la Durance.
Cadarache abrite en outre depuis quinze ans le réacteur
expérimental Tore Supra, précurseur miniature d'Iter,
autour duquel se sont noués des partenariats avec des scientifiques
russes et américains, rappelle le ministre de la Recherche.
Autre point fort de l'Europe : «Elle a démontré
sa capacité à gérer des grands projets internationaux
comme le Cern (physique des particules) ou Ariane», plaide
le ministre.
La communauté des physiciens soutenant Iter tente péniblement
de rassembler moyens financiers et soutiens politiques depuis
vingt ans. La phase de réalisation est désormais
imminente. Le réacteur prototype devrait entrer en service
en 2013-2014. Mais l'industrialisation de «l'énergie
des étoiles» n'est pas envisagée avant une
cinquantaine d'années.
(1) Iter: International Thermonuclear Experimental Reactor.
Fabrice Nodé-Langlois
Iter: les anti-nucléaires ne sont pas
convaincus
26/11/03 - Deux
organisations écologistes et anti-nucléaires se
sont déclarées mercredi hostiles au projet de réacteur
nucléaire Iter, estimant notamment que ce programme se
ferait au détriment de la recherche sur les énergies
renouvelables.
Les ministres européens de la Recherche ont fait le choix
de Cadarache
(Bouches-du-Rhône) pour défendre les couleurs de
l'Union européenne dans la compétition internationale
pour l'accueil du réacteur de fusion nucléaire Iter.
Selon le réseau "Sortir du nucléaire",
qui revendique quelque 650 associations membres, Iter "n'est
en aucun cas le choix d'un réacteur nucléaire de
plus mais c'est un choix de budget en moins". "Le budget
recherche-énergie n'étant pas extensible, cela sera
autant de moins pour les filières dans lesquelles nous
sommes déjà lamentablement à la traîne
(énergies renouvelables et efficacité énergétique),
estime le réseau anti-nucléaire dans un communiqué.
Selon "Sortir du nucléaire", "l'expérimentation
d'Iter sera, en outre, grosse consommatrice d'énergie.
Plusieurs réacteurs nucléaires classiques tourneront
en permanence. (...) Sans produire un centime d'euro d'énergie,
Iter s'annonce déjà comme un producteur massif de
déchets nucléaires indirects et de déchets
radioactifs directs (notamment le tritium) par l'activation de
l'enceinte par les neutrons issus des réactions".
Selon Greenpeace, Iter et la recherche sur la fusion nucléaire
représentent "un projet démentiel".
"La fusion nucléaire pose exactement les mêmes
problèmes que la fission nucléaire, y compris la
production de déchets radioactifs et les risques d'accidents
nucléaires et de prolifération", écrit
l'organisation écologiste.
Greenpeace dénonce le fait que l'Europe "s'obstine
à poursuivre une option énergétique néfaste,
qui n'est pas susceptible de fonctionner à court terme,
alors que d'autres options écologiquement acceptables existent
déjà".
"Si les mêmes fonds étaient alloués aux
renouvelables qu'à la construction d'Iter, on pourrait
construire près de 10.000 mégawatts de capacité
énergétique éolienne offshore a travers le
monde", affirme Greenpeace.
LIBERATION, 27/11/03:
Iter, c'est vieux comme Reagan et Gorbatchev.
Ce projet d'une machine mondiale où l'on domestiquerait
la fusion nucléaire date de 1985. L'Union soviétique
propose le projet, qui est accepté par les Etats-Unis,
le Japon et l'Europe en 1986. Pacifique la technologie est impropre
aux applications militaires et avec des enjeux commerciaux lointains,
la fusion ressemble aux missions spatiales. La symbolique compte
autant que la technologie dans la prise de décision. Mais
technologies et finances se vengent.
Au début des années 1990, physiciens et ingénieurs
tirent les plans. Les plus optimistes envisagent une machine très
puissante. «Aussi vaste que Saint-Pierre de Rome»,
explique à l'époque Robert Aymar (du Commissariat
à l'énergie atomique), qui dirige l'équipe
chargée de concevoir Iter. Le réacteur préfigurerait
un système industriel. Mais d'autres, Américains
surtout, dénoncent une approche jugée prématurée.
Ils proposent de découper le problème, afin d'étudier
séparément les différents verrous technologiques
avant de passer à la machine complète.
La polémique fait rage entre spécialistes. Les finances
tranchent le débat.
En 1996, le Congrès américain ampute d'un tiers
le budget consacré à la fusion, et ce pour plusieurs
années. Du coup, les Etats-Unis se retirent du projet.
L'équipe de Robert Aymar propose, en 1998, une machine
moins chère, plus petite, où la fusion ne serait
entretenue que durant 400 secondes. En janvier 2003, les Etats-Unis
rejoignent le projet, mais pour 10 % du coût.
Les Chinois font de même. C'est cette machine, moins ambitieuse,
qui sera construite à Cadarache ou au Japon.
Iter, c'est un vieux rêve : domestiquer le feu du Soleil.
La fusion des noyaux d'hydrogène, formant de l'hélium,
dégage une formidable énergie qui fait briller les
étoiles. Ou les bombes H. Exacts contraires de la fission
nucléaire, utilisée dans plus de 400 réacteurs
industriels en service pour produire de l'électricité...
et à Hiroshima. Mais si la mise au point des réacteurs
civils à fission a suivi de près celle des bombes
du même nom, la fusion s'est révélée
plus difficile. Alors qu'il est possible de réaliser des
réacteurs à fission miniature ou de puissance dérisoire,
la fusion ne marche qu'au prix de pressions ou de températures
gigantesques. Au coeur du Soleil, 15 millions de degrés.
Dans la chambre à vide d'Iter, à pression normale,
il faudra chauffer le gaz à 100 millions de degrés
pour que les noyaux d'hydrogène lourd (le deutérium
et le tritium) consentent à se marier. Il faut donc réaliser
une machine singulière, selon le principe du Tokamak, inventé
par les physiciens soviétiques.
Un Tokamak, c'est un tore comme une chambre à air de pneu
entouré de puissants aimants configurés de telle
sorte qu'ils créent un piège magnétique.
Le gaz est confiné à l'intérieur. Une fois
piégé, il faut le chauffer, par de fortes impulsions
de radiofréquences. Puis maîtriser les turbulences
du plasma et en récupérer l'énergie (chaleur
et neutrons).
L'extrême difficulté des technologies a démenti
l'optimisme des ingénieurs qui, il y a trente ans, nous
promettaient pour l'an 2000, grâce à la fusion, une
électricité sans limites de combustible et propre.
N'y comptons pas avant 2050.
Sylvestre HUET
Projet Iter: les Verts disent "non"
26/11/03 - Les
Verts, par la voix de leur porte-parole Yann Werhling, ont indiqué
mercredi qu'ils "ont décidé de dire non au
projet Iter qui s'inscrit dans la conception dépassée
d'un progrès d'abondance illimitée illusoire".
"Des investissements massifs doivent être faits dans
le secteur des économies d'énergie et des énergies
renouvelables", dit M. Wehrling dans un communiqué.
"Or les projets pharaoniques qui font les unes des journaux
(EPR, Iter, Mégajoule, transmutation des déchets,
réacteurs du futur ...) mobilisent des crédits considérables
tandis que les énergies renouvelables bénéficient
de subventions minables et connaissent un développement
dérisoire en France, tandis que les crédits pour
l'ADEME (Agence De l'Environnement et de la Maîtrise de
l'Energie) sont en constante diminution", ajoute M. Werhling.
Iter: le ministre espagnol de la Recherche
justifie le revirement de Madrid
26/11/03 - Le
ministre espagnol de la Recherche Juan Costa a justifié
mercredi le retrait par l'Espagne de sa candidature à l'accueil
du futur réacteur de fusion nucléaire expérimental
Iter par la nécessité de renforcer la position de
l'UE dans la compétition internationale autour du projet.
La décision unanime des Européens de soutenir le
dossier de Cadarache (sud de la France) "est une décision
extrêmement importante, (...) fantastique", a déclaré
à la presse M. Costa.
"On aurait pu ne pas forger une décision unanime.
Si cela avait été le cas, cela n'aurait pas eu la
même importance au plan politique, cela n'aurait pas autant
de poids par rapport à la concurrence internationales",
a-t-il souligné.
A une semaine de l'ouverture le 4 décembre à Washington
des ultimes négociations internationales pour désigner
le pays hôte de l'Iter, "cette unanimité à
laquelle nous sommes parvenus nous place dans les conditions les
meilleures", a-t-il estimé.
"Du point de vue strictement espagnol, je suis sûr
que c'est un excellent accord. Je n'ai aucun doute là-dessus",
a ajouté M. Costa, en réponse à la "consternation"
exprimée par l'opposition socialiste espagnole devant le
revirement de Madrid.
Le gouvernement de droite de José Maria Aznar s'était
livré ces derniers jours à un important forcing
diplomatique dans l'espoir que l'UE choisisse le site catalan
de Vandellos (nord-est de l'Espagne) pour défendre ses
couleurs dans le projet Iter, avant de s'effacer mercredi à
Bruxelles en faveur du dossier français.
"Je n'aurais pas dit cela il y a quelques heures. Mais je
dois reconnaître que la France dispose d'une excellente
candidature avec Cadarache. Cela fait 50 ans que la France développe
cette communauté scientifique dans le domaine de l'énergie
nucléaire", a défendu Juan Costa.
"Même si on est adversaire dans la partie, à
la fin de la partie il faut se montrer pragmatique, raisonnable
et présenter la réalité telle qu'elle est",
a-t-il dit.
"La France, l'Espagne ensemble assumeront la responsabilité
de dynamiser et de coordonner un projet au niveau international,
avec l'ensemble des Etats membres de l'Union européenne",
a-t-il conclu.
Cadarache: "victoire d'étape"
due à la "mobilisation collective" (Raffarin)
26/11/03 - Jean-Pierre
Raffarin a salué mercredi à l'Assemblée le
choix du site français de Cadarache, près de Marseille,
pour défendre les couleurs de l'Union européenne
pour l'accueil du futur réacteur de fusion expérimental
Iter, une "victoire d'étape" acquise grâce
à la "mobilisation collective".
"Cadarache porte nos espoirs pour ce grand projet scientifique,
premier grand projet mondial : plus de 10 milliards d'euros d'investissements,
des milliers d'emplois et une mobilisation de la communauté
scientifique exceptionnelle", a dit le Premier ministre en
réponse au député UMP Bernard Deflesselles.
M. Raffarin a exprimé son "sentiment de gratitude
vis-à-vis de l'attitude de nos amis espagnols qui ont su
faire preuve du sens de l'intérêt général
en faisant que l'Europe se rassemble sur un seul projet pour gagner
la compétition mondiale".
"Il s'agit d'un projet scientifique, d'un projet industriel
mais aussi d'un projet humanitaire parce qu'il sert le développement",
a-t-il ajouté.
Les ultimes négociations internationales sur le choix du
pays hôte d'Iter doivent s'ouvrir le 4 décembre à
Washington. La décision finale est attendue au terme d'une
autre réunion les 19 et 20 décembre dans la capitale
américaine.
Dans cette nouvelle étape, la France sera opposée
au Japon, qui défend la candidature de Rokkasho-Mura (nord)
Iter: l'UE prouve "sa capacité
à parler d'une seule voix" (présidence italienne)
26/11/03 - La
décision unanime des Européens de soutenir la candidature
de Cadarache (France) dans la compétition internationale
pour l'accueil du futur réacteur de fusion expérimental
Iter "a démontré la capacité de l'UE
à parler d'une seule voix", a estimé mercredi
la présidence italienne de l'Union.
"Nous sommes véritablement en présence d'un
partenariat commun France-Espagne auquel toute l'Europe, toute
la communauté scientifique européenne est associée",
a déclaré à Bruxelles la ministre italienne
chargée de la Recherche, Letizia Moratti.
Mme Moratti s'exprimait lors d'une conférence de presse
commune avec ses homologues français et espagnol, Claudie
Haigneré et Juan Costa, et le commissaire européen
à la Recherche Philippe Busquin.
Les ministres européens ont tranché mercredi l'âpre
bataille que se livraient depuis des mois la France et l'Espagne
pour défendre les couleurs de l'UE dans le projet Iter,
en apportant un soutien unanime à la candidature provençale
de Cadarache, près de Marseille (sud de la France).
En compensation du retrait du dossier de Vandellos (Catalogne),
l'Espagne a obtenu l'assurance d'accueillir la future agence qui
gérera les contributions européennes à l'Iter
et d'obtenir un des deux postes de direction dévolus à
l'UE dans le consortium international qui aura la maîtrise
du projet.
"C'est un grand moment pour l'Europe", s'est lui aussi
réjoui devant la presse le commissaire Busquin. "Que
l'Europe soit unanime pour soutenir
(une) candidature est essentiel et un point fort", a-t-il
estimé, à une semaine de l'ouverture des ultimes
négociations internationales pour désigner le pays
hôte du futur réacteur Iter.
Le projet Iter, dont le coût total est évalué
à 10 milliards d'euros sur 30 ans avec à la clé
d'importantes retombées économiques, associe l'UE,
les Etats-Unis, le Canada, le Japon, la Russie, la Chine et la
Corée du Sud.
Il vise à construire un grand réacteur de fusion
expérimental, afin de produire dans un délai de
30 ans de l'énergie propre et sûre à un stade
pré-industriel, à partir notamment de l'hydrogène,
en reproduisant la fusion qui a lieu dans les étoiles.
Une ministre française fait confiance
au site de Cadarache pour accueillir Iter
26/11/03 - La
ministre française de la Recherche Claudie Haigneré
s'est dite confiante mercredi dans les chances de la France d'accueillir
le futur réacteur de fusion expérimental Iter, à
l'issue mi-décembre de la compétition internationale
engagée pour désigner le pays hôte du projet.
Mme Haigneré a salué au passage le "fair-play"
de l'Espagne, qui a retiré la candidature du site catalan
de Vandellos (nord-est) pour soutenir finalement le dossier de
Cadarache, près de Marseille (sud de la France), appelé
à défendre les couleurs de l'Union européenne.
"C'est une équipe européenne qui gagne aujourd'hui",
a déclaré à la presse la ministre française,
après le choix unanime en faveur de Cadarache de ses collègues
européens réunis à Bruxelles.
"Je crois qu'on s'est donné une très bonne
chance ce matin avec cette décision à l'unanimité
d'une équipe qui porte pour l'Europe un projet important,
difficile", a-t-elle estimé.
Le projet Iter, dont le coût total est évalué
à 10 milliards d'euros sur 30 ans avec à la clé
d'importantes retombées économiques, associe l'UE,
les Etats-Unis, le Canada, le Japon, la Russie, la Chine et la
Corée du Sud.
Il vise à construire un grand réacteur de fusion
expérimental, afin de produire dans un délai de
30 ans de l'énergie propre et sûre à un stade
pré-industriel, à partir notamment de l'hydrogène,
en reproduisant la fusion qui a lieu dans les étoiles.
Iter: Nicole Fontaine se réjouit
"infiniment" du choix du site de Cadarache
26/11/03 - La
ministre déléguée à l'Industrie, Nicole
Fontaine, se réjouit "infiniment du choix à
l'unanimité" du site de Cadarache pour défendre
les couleurs de l'Union européenne dans la compétition
internationale pour l'accueil du réacteur Iter, a-t-elle
déclaré mercredi à l'AFP.
Le choix du site de Cadarache (Bouches-du-Rhône), près
de Marseille, pour accueillir ce réacteur de fusion expérimental
"témoigne de la reconnaissance de la part de tous
nos partenaires européens de la vitalité de la recherche
scientifique française, de son expéreience nucléaire
et de ses potentialités industrielles", a-t-elle souligné.
Cadarache était, en Europe, en concurrence avec le site
catalan de Vandellos.
Mme Fontaine estime également que "Cadarache est très
très bien placé" par rapport au Japon dans
les ultimes négociations internationales sur le choix du
pays hôte d'Iter.
Ce projet, dont le coût total est évalué à
10 milliards d'euros sur 30 ans avec à la clé d'importantes
retombées économiques, associe l'Union européenne,
les Etats-Unis, le Canada, le Japon, la Russie, la Chine et la
Corée du Sud.
Il vise à construire un grand réacteur de fusion
expérimental, afin de produire dans un délai de
30 ans de l'énergie propre et sûre à un stade
pré-industriel, à partir notamment de l'hydrogène,
en reproduisant la fusion qui a lieu dans les étoiles.
Les Européens réunis à
Bruxelles pour choisir leur candidat au réacteur Iter
26/11/03 - Les
ministres de la Recherche de l'UE ont entamé en fin de
matinée mercredi à Bruxelles une réunion
cruciale pour le choix de la future candidature européenne
à l'accueil du réacteur de fusion expérimental
Iter, auquel aspirent à la fois la France et l'Espagne.
Une concurrence farouche oppose les deux pays dans la défense
de leurs champions respectifs: le site marseillais de Cadarache
(sud) pour la France, celui de Vandellos en Catalogne (nord-est)
pour l'Espagne.
Pressés par le temps, les Quinze se doivent de trancher
rapidement qui l'emportera.
Les ultimes négociations internationales sur le choix du
pays hôte d'Iter, pour lequel le candidat européen
sera en concurrence avec le Japon, doivent en effet s'ouvrir le
4 décembre à Washington. La décision finale
est attendue au terme d'une autre réunion les 19 et 20
décembre dans la capitale américaine.
Le projet Iter, dont le coût total est évalué
à 10 milliards d'euros sur 30 ans avec à la clé
d'importantes retombées économiques, associe l'Union
européenne, les Etats-Unis, le Canada, le Japon, la Russie,
la Chine et la Corée du sud.
Il vise à construire un grand réacteur de fusion
expérimental, afin de produire dans un délai de
30 ans de l'énergie propre et sûre à un stade
pré-industriel, à partir notamment de l'hydrogène,
en reproduisant la fusion qui a lieu dans les étoiles.
LIBERATION, 26/11/03:
Saint-Paul-lès-Durance envoyé
spécial
La tension monte à Cadarache chez les chercheurs. Engagés
depuis de longues années dans le projet Iter (1) de réacteur
de recherche international sur la fusion, ils attendent le verdict
de la réunion qui se tient aujourd'hui à Bruxelles.
Les quinze ministres européens de la Recherche doivent
trancher en faveur du site Vandellos en Espagne ou Cadarache dans
les Bouches-du-Rhône qui représentera l'UE face au
Japon et au Canada.
«L'implantation d'Iter est fondamentale pour le futur du
site, explique Jean Jacquinot, directeur du département
de recherche sur la fusion contrôlée au CEA de Cadarache.
Si notre site est choisi, nous serons les mieux placés
pour répondre aux appels d'offre des programmes de recherche
qu'Iter lancera.» D'où l'agacement du chercheur face
au «coup de poker» de José Maria Aznar, le
premier ministre espagnol : «promettre au dernier moment
que l'Espagne paiera la totalité de la part européenne
en cas de victoire de Vandellos, ce n'est pas très élégant».
Le suspense ne se limite pas au cercle des chercheurs français.
Ni l'énervement. «Je considère que le gouvernement
français n'a pas été à la hauteur
!, s'emporte Alain Hayot, vice-président (communiste) du
Conseil régional de Paca, et responsable de la Recherche.
Un Premier ministre qui ne vient visiter le site que dix jours
avant une décision d'une telle importance, c'est tout de
même très léger.» En Paca, tous les
responsables locaux, de droite comme de gauche, se battent depuis
longtemps en faveur de Cadarache. Et sont prêts à
mettre la main au portefeuille. Ainsi, des 900 millions d'euros
de contribution française (sur les 4,7 milliards correspondant
à la phase de construction d'Iter), l'Etat ne fournirait
que 450 millions, l'autre moitié étant prise en
charge par six collectivités territoriales (quatre départements,
le conseil régional et la communauté d'agglomération
du Pays d'Aix). Avec 152 millions d'euros pour le seul conseil
régional. «Pour nous, c'est énorme !»,
souligne Alain Hayot.
Même s'il est prêt à convenir que les conséquences
de l'installation d'Iter à Cadarache «seraient extraordinaires»
pour l'ensemble de l'économie en Paca.
(1) International Thermonuclear Experimental Reactor.
Pierre DAUM
Le monde, 26/11/03:
Le projet de réacteur à fusion thermonucléaire ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor), qui a débuté voilà bientôt vingt ans, devrait enfin toucher au but. Les ministres de la recherche des Quinze devraient se réunir mercredi 26 novembre à Bruxelles pour choisir, entre les deux sites européens en compétition, Cadarache (Bouches-du-Rhône) et Vandellos (Catalogne), celui que l'Europe défendra face à la candidature présentée par le Japon.
Voici, en sept questions, tout ce qu'il faut savoir sur la fusion thermonucléaire et le projet ITER.
Qu'est-ce que la fusion thermonucléaire ?
"La seconde mamelle de l'énergie nucléaire", plaisante un physicien. Une formidable source d'énergie, complète un autre, car c'est elle qui fait briller les étoiles. De plus, contrairement à sa cousine, la fission nucléaire mise en oeuvre, par exemple, dans les réacteurs nucléaires producteurs d'électricité d'EDF, elle est moins polluante et, pourrait-on dire, moins brutale.
En effet, quand la fission brise des atomes lourds - uranium et plutonium - pour libérer sa force, la fusion, elle, joue les architectes et assemble des atomes légers de deutérium et de tritium - des isotopes de l'hydrogène - pour produire de l'hélium - un gaz rare -, des particules - des neutrons - et de l'énergie.
Dans la réalité, les choses sont plus délicates. Car si l'homme est capable, depuis plus d'un demi-siècle, de libérer violemment les forces de la fission (armes atomiques) et celles de la fusion (armes thermonucléaires), il n'a cependant réussi à domestiquer que la première. La seconde se dérobe encore car elle réclame pour s'épanouir dans les laboratoires des températures de 100 à 200 millions de degrés, quand le Soleil la pratique avec seulement 10 à 15 millions de degrés.
Comment fonctionne un réacteur à fusion ?
Il n'existe pas sur Terre de "chaudron" capable de supporter les températures des plasmas (gaz ionisés) brûlants où naissent les réactions de fusion. Sauf à fabriquer une enceinte possédant des parois immatérielles sculptées par de puissants champs magnétiques.
C'est le cas des Tokamaks inventés dans les années 1960 par les Russes et de ceux, considérablement améliorés, construits par les Américains (TFTR), les Japonais (JT-60), les Européens (JET) et les Français (TFR et Tore-Supra). A titre d'exemple, 20 millions de degrés ont été obtenus à Tore-Supra entre 1973 à 1976. Depuis, le Joint European Torus (JET) a atteint brièvement les 300 millions de degrés ! Mais il a fallu pour cela inventer de complexes systèmes de chauffage du plasma, qui vont de sa compression par des champs magnétiques à son chauffage par injection d'atomes neutres très véloces, en passant par l'émission d'ondes à haute fréquence comme dans un micro-ondes.
Une température élevée suffit-elle ?
Non. Pour que les réactions de fusion s'auto-entretiennent au sein d'un réacteur et qu'elles produisent plus d'énergie qu'elles n'en consomment pour naître, les physiciens doivent satisfaire à trois conditions connues sous le nom de critère de Lawson.
D'abord, la température du plasma - gaz ionisé de deutérium et de tritium - doit être d'au moins cent millions de degrés. Ensuite, ce plasma doit être suffisamment dense. Enfin, on doit être capable de maintenir ces deux premières conditions pendant un temps, dit temps de confinement, suffisamment long : des centaines de secondes. Aujourd'hui, chaque machine privilégie l'un de ces critères mais aucune ne parvient à maximiser les trois en même temps. Ce qu'ITER se propose de faire.
Quels sont les avantages de cette forme d'énergie ?
Les principaux atouts de cette filière énergétique sont de trois ordres. D'abord, l'abondance des réserves de combustibles brûlés par la fusion. Ensuite, la sûreté du fonctionnement de ce type de réacteur, dont le principe exclut tout emballement. A la moindre fuite, la machine refroidit, et la fusion, faute de calories, s'arrête. Enfin, la faible quantité de déchets radioactifs générés par la fusion, dont l'essentiel est retenu dans les structures de l'installation. 90 % d'entre eux sont de faible ou moyenne activité. Même le tritium consommé par la machine n'a qu'une demi-vie de quinze ans.
Pourquoi ITER est-il un projet mondial ?
Les difficultés techniques à surmonter et le coût des recherches sur la fusion - on estime que 40 milliards d'euros y ont été consacrés depuis les années 1960 - sont tels qu'aucun pays ne peut y faire face seul. C'est pourquoi se sont associés dans ce projet l'Union européenne, les Etats-Unis, la Russie, le Japon, la Chine, le Canada et la Corée du Sud.
L'Europe est candidate pour accueillir ITER. Le Japon est lui aussi en lice avec le site de Rokkasho-Mura. Le Canada, qui proposait le site de Clarington, s'est retiré récemment de la compétition.
Que coûtera cette installation ?
Le projet est estimé à 4,7 milliards d'euros pour la construction, prévue sur dix ans, et à 4,8 milliards d'euros pour l'exploitation, programmée sur vingt ans.
Le partenaire qui accueillera ITER (Europe ou Japon) paiera 40 % à 45 % de la partie commune du coût de construction du réacteur, les Etats-Unis, la Chine, la Russie et la Corée du Sud 10 % chacun, la part du Canada n'étant pas arrêtée. Il prendra aussi en charge une partie non commune, de 900 millions d'euros, correspondant aux aménagements spécifiques au site retenu.
Si l'Europe l'emporte, le pays choisi (France ou Espagne) doit payer 50 % de ces 900 millions d'euros, le complément étant financé par le programme européen Euratom. La France s'est engagée à hauteur de 447 millions d'euros, apportés par les collectivités territoriales de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur. L'Espagne vient de proposer de payer seule les 900 millions d'euros. Si Cadarache est retenu, la France paiera au total (participation à Euratom comprise) 824 millions d'euros.
Le chantier d'ITER générera plusieurs milliers d'emplois. Un millier de chercheurs et d'ingénieurs assureront ensuite son fonctionnement.
Comment sera choisi le site ?
Au sein de l'Europe, faute de consensus, les ministres de la recherche voteront, mercredi 26 novembre, pour départager Cadarache et Vandellos. Le scrutin pourrait s'effectuer à la majorité simple ou, plus probablement, à la majorité qualifiée, nécessitant 62 voix sur 87. L'Allemagne, la France, l'Italie et le Royaume-Uni ont chacun 10 voix, l'Espagne 8, la Belgique, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal 5, l'Autriche et la Suède 4, le Danemark, l'Irlande et la Finlande 3, le Luxembourg 2. Si nécessaire, un conseil européen extraordinaire sera convoqué le 3 décembre. Une réunion des partenaires internationaux d'ITER est prévue le 4 décembre à Vienne et le choix final du site doit intervenir mi-décembre.
Jean-François Augereau et
Pierre Le Hir
Premières expériences en 2013
ITER pourrait être mis en service en 2013 et exploité pendant vingt ans. Ce réacteur expérimental ne produira pas d'électricité. Sa mission : s'approcher le plus possible de ce que les Anglo-Saxons appellent le "break even", ce point de passage au-delà duquel les réactions nucléaires de fusion produisent plus d'énergie qu'elles n'en consomment.
A titre d'exemple, le JET, la machine la plus performante au monde, produit pendant une seconde 16 mégawatts (MW) d'énergie de fusion à la condition de lui injecter 25 MW de chauffage ! A ce prix, c'est du mécénat. Mais, avec ITER, on injectera 40 MW en espérant produire 400 MW, et ce pendant 400 secondes. Des performances suffisamment ambitieuses pour qu'il soit possible en 2025 de construire son successeur, DEMO, un réacteur de démonstration de 800 mégawatts dont le fonctionnement serait payé par l'électricité qu'il produira. Le passage aux réacteurs industriels n'est cependant pas espéré avant 2050.
Une énergie presque inépuisable
La fusion devrait offrir à l'humanité
une source d'énergie quasi inépuisable. Les réserves
connues de lithium dans la croûte terrestre, élément
à partir duquel sera fabriqué le tritium nécessaire
aux réactions de fusion, sont d'au moins un millier d'années.
Quant au deutérium, il est si abondant que celui que contient
le seul lac de Genève suffirait à assurer les besoins
en électricité de la planète pour des milliers
d'années. Comme il existe d'autres réactions de
fusion - différentes de la réaction deutérium-tritium
-, mais plus délicates à maîtriser, ce sont
des millions d'années de réserves qui sont présentes
dans les océans. Fait remarquable, il suffit de 1 kg
de deutérium et de 10 kg de lithium pour produire
1 000 MW électriques alors que, pour la même
énergie, un réacteur nucléaire réclame
500 kg d'uranium et une centrale thermique 5 000 tonnes
de fuel ou 10 000 tonnes de charbon.
25/11/03 - La
fusion nucléaire contrôlée, que deux sites
européens, en France
(Cadarache) et en Espagne (Vandellos), se sont dits prêts
à mettre en oeuvre, représente la quête ultime
des physiciens pour doter l'humanité d'une source d'énergie
nucléaire plus propre et illimitée.
Les ministres de la Recherche de l'Union européenne tenteront
mercredi à Bruxelles de trancher entre la France et l'Espagne
sur l'épineux dossier de la candidature européenne
à l'accueil du futur siège du projet de réacteur
de fusion expérimental Iter. Les partenaires du projet
(UE, Japon, Etats-Unis, Canada, Chine, Russie et Corée
du Sud) rendront leur décision définitive lors d'une
réunion prévue à Washington les 19 et 20
décembre.
Solution de rechange à la fission nucléaire, la
fusion nucléaire contrôlée a l'ambition de
reproduire ce qui se passe au coeur du soleil. Pendant des années,
les scientifiques ont tenté sans succès jusqu'ici
d'obtenir ce processus par lequel les noyaux de deux atomes de
deutérium (forme lourde de
l'hydrogène) se fondent pour former du tritium (autre forme
de l'hydrogène) en dégageant une grande quantité
d'énergie.
La fission nucléaire, mise en jeu dans les centrales électronucléaires,
se traduit au contraire par la fragmentation d'un atome pour obtenir
de l'énergie. Alors que la fission des noyaux lourds d'uranium
est réalisée depuis 1942, la fusion, malgré
plus de trente ans d'efforts, est loin d'être maîtrisée,
même si elle semble maintenant techniquement possible.
Alors qu'il est aisé de "casser" des noyaux lourds
(d'uranium-235 ou de plutonium-239), par bombardement de neutrons,
les réactions de fusion nécessitent, pour vaincre
la répulsion des atomes entre eux, des températures
de l'ordre de 200 millions de degrés. A ces températures,
la matière est à l'état de plasma, état
par ailleurs le plus répandu dans l'Univers.
Les physiciens ont retenu de chauffer ce plasma dans des chambres
à vide de forme cylindrique inventées par les Russes,
des tokamaks (acronyme formé à partir des mots russes
courant, chambre et magnétique). Le plasma circule autour
d'un bobinage et est confiné par un autre champ magnétique
pour éviter d'être en contact avec les parois.
Le deutérium est quasiment inépuisable: il peut
être facilement extrait de l'eau (qui en contient jusqu'à
40 milligrammes par litre). Le tritium, lui, s'il n'existe pas
dans la nature, peut être obtenu aisément par irradiation
du lithium à l'intérieur même du tokamak.
25/11/03 - L'heure
de vérité va sonner mercredi pour l'avenir de la
candidature de l'Union européenne à l'accueil du
futur réacteur de fusion expérimental Iter, à
une semaine de l'ouverture des ultimes négociations internationales
sur ce projet aux importantes retombées économiques.
Les ministres de la Recherche des Quinze, réunis à
Bruxelles, vont devoir trancher l'âpre bataille que se livrent
depuis plusieurs mois la France et l'Espagne pour défendre
les couleurs de l'UE dans la compétition.
La lutte s'annonce serrée entre les deux candidatures en
lice: le site catalan de Vandellos, au nord-est de l'Espagne,
et celui de Cadarache, près de Marseille (sud de la France).
En cas d'échec à les départager, une nouvelle
réunion extraordinaire serait indispensable pour arracher
in extremis une décision le 3 décembre, à
la veille d'un premier rendez-vous international à Washington
avec les autres postulants au projet.
"Le moment est venu de trancher. Les délais pour arriver
à un accord au niveau international sont très réduits",
s'impatiente-t-on à la présidence italienne de l'UE.
De fait, les Européens auraient initialement dû rendre
leur verdict en septembre dernier, à l'aune d'un rapport
d'évaluation de leurs deux sites.
Mais les experts se sont abstenus de départager les deux
sites candidats, renvoyant la patate chaude aux ministres.
Pour compenser le retard d'infrastructures de Vandellos par rapport
à Cadarache, l'Espagne a soutenu jusqu'à la semaine
passée l'idée d'engager les deux sites dans la compétition
internationale, avant de céder à des partenaires
craignant de diluer les chances européennes de décrocher
la timbale.
Mais elle n'a pas rendu les armes, bien au contraire: Madrid compte
sur le projet Iter pour combler le fossé qui la sépare
des Européens les plus avancés en matière
de recherche et développement et le chef du gouvernement
espagnol José Maria Aznar a jeté tout son poids
dans la bataille.
"Pour l'Espagne, héberger le projet Iter à
Vandellos est très important", a écrit M. Aznar
le 20 novembre à son homologue italien Silvio Berlusconi
et au président de la Commission européenne Romano
Prodi.
Jouant à fond la carte financière, il a annoncé
un doublement, de 450 à 900 milllions d'euros, de l'investissement
prévu par son pays dans le projet.
L'annonce surprise a placé la barre très loin au-dessus
des 400 millions d'euros de financements publics promis par la
France.
De son côté, Paris se veut serein. La ministre française
de la Recherche Claudie Haigneré a réaffirmé
jeudi dernier sa "grande confiance" dans le dossier
de Cadarache, "celui qui donne le plus de chance à
l'Europe".
A l'appui de la candidature provençale, les experts ont
pointé en septembre la présence sur place d'une
importante installation nucléaire réduisant "les
risques de retard ou d'augmentation des coûts si des problèmes
techniques imprévus apparaissent" dans la phase de
construction d'Iter.
Outre l'UE, le Japon est également en lice pour accueillir
Iter (International Thermonuclear Experimental Reactor) à
Rokkasho-mura (nord).
En revanche, la candidature du site canadien de Clarington est
désormais considérée comme caduque.
La désignation définitive du pays qui hébergera
le réacteur doit avoir lieu une semaine avant Noël
à Washington.
Le projet Iter, auquel participent l'UE, les Etats-Unis, le Canada,
le Japon, la Russie, la Chine et la Corée du sud, vise
à construire un grand réacteur de fusion expérimental,
afin de produire dans un délai de 30 ans de l'énergie
propre et sûre à un stade pré-industriel,
à partir notamment de l'hydrogène, en reproduisant
la fusion qui a lieu dans les étoiles.
Son coût total est évalué à 10 milliards
d'euros sur 30 ans.
25/11/03 - L'Espagne
a lancé une ultime offensive diplomatique pour tenter de
remporter le duel qui l'oppose à la France pour accueillir
le projet scientifique ITER à Vandellos (Catalogne, nord-est),
a-t-on appris mardi de sources gouvernementales.
Pendant que M. Aznar rendait visite lundi à Londres à
son ami Tony Blair, la ministre des Affaires étrangères,
Ana Palacio, se réunissait avec le président portugais
José Manuel Durao Barroso et son homologue Teresa Gouveia,
pour expliquer la nouvelle offre de l'Espagne, Madrid ayant proposé
de doubler sa contribution financière à la construction
d'Iter si sa candidature est retenue au niveau européen,
selon une source diplomatique.
De même source, Mme Palacio doit se rendre ce mardi après-midi
à Rome pour y rencontrer le chef du gouvernement italien
Silvio Berlusconi, pour un entretien sur la prochaine conférence
intergouvernementale (CIG) et aussi le projet Iter.
Pour sa part, le ministre de la Science et de la Technologie,
Juan Costa, est parti mardi au Danemark, avant de se rendre en
Suède pour y rencontrer ses homologues danois et suédois
et présenter également la nouvelle offre espagnole
pour l'Iter. Celle-ci permettrait notamment à d'autres
partenaires européens de diminuer leur contribution financière
à ce projet international, estime-t-on au ministère
espagnol de la Science.
Enfin, le secrétaire d'Etat de politique scientifique et
technologique, Pedro Morenes, a accompagné lundi une délégation
de parlementaires espagnols pour une visite chez le commissaire
européen chargé de la recherche, Philippe Busquin.
Le site espagnol de Vandellos est en concurrence avec le site
français de Cadarache (sud) pour la désignation
de la candidature européenne au projet Iter. Une fois désignée
par l'UE, celle-ci devra ensuite se mesurer à la candidature
japonaise de Rokkasho-mura (nord).
Le projet Iter (International Thermonuclear Experimental Reactor),
auquel participent l'UE, les Etats-Unis, le Canada, le Japon,
la Russie, la Chine et la Corée du sud, vise à construire
un grand réacteur de fusion expérimental, afin de
produire dans un délai de 30 ans de l'énergie propre
et sûre à un stade pré-industriel, à
partir de l'hydrogène, en reproduisant la fusion qui a
lieu dans les étoiles.
20/11/03 - Le
Canada, candidat pour accueillir près de Toronto le futur
siège du réacteur de fusion expérimental
Iter, n'a aujourd'hui "pas d'offre sur la table", faute
de financement fédéral, et risque fort de ne pas
être dans la course, a indiqué jeudi à l'AFP
Murray Stewart, président d'Iter Canada.
"A l'heure actuelle, nous n'avons pas d'offre sur la table",
a-t-il affirmé, estimant qu'à moins d'un retard
dans le processus de sélection, le Canada "ne sera
pas dans la course".
La France, l'Espagne et le Japon sont également candidats
et, après un réunion à Vienne début
décembre, les partenaires de ce projet (UE, Japon, Etats-Unis,
Canada, Chine, Russie et Corée du Sud) doivent faire leur
choix lors d'une réunion prévue à Washington
les 19 et 20 décembre.
Mais le gouvernement canadien n'a pas encore donné son
feu vert à sa part de financement et le projet est handicapé
par la transition politique, alors que le Premier ministre actuel
Jean Chrétien doit céder la place à son successeur
Paul Martin le 12 décembre.
L'installation du réacteur sur le site de Clarington représenterait
pour le Canada un investissement de 2,3 milliards de dollars canadiens
(1,75 md USD), dont la province hôte de l'Ontario a accepté
en mai de payer la moitié, selon M. Stewart.
Mais le gouvernement fédéral n'a pas donné
sa réponse pour l'autre moitié.
"Nous sommes entrés en contact avec tout le monde,
y compris Paul Martin", a dit M. Stewart, reconnaissant avoir
"un sérieux problème".
Le Canada s'est porté candidat pour accueillir le réacteur
en juin 2001.
Iter Canada est une organisation à but non lucratif qui
regroupe notamment des représentants de l'industrie, des
universités et des différents niveaux de gouvernement.
Le projet Iter (International Thermonuclear Experimental Reactor)
vise à construire un grand réacteur de fusion expérimental,
afin de produire dans un délai de 30 ans de l'énergie
propre et sûre à un stade pré-industriel.
20/11/03 - La
ministre française de la Recherche, Claudie Haigneré,
a affiché jeudi à Madrid sa "grande confiance"
dans le choix, autour du 27 novembre, par les Quinze du site français
de Cadarache pour accueillir le projet scientifique Iter.
"Des discussions avec mes collèges, et avec les gouvernements
des pays des Etats membres, je peux dire que j'ai une grande confiance
dans l'acceptation, non seulement l'acceptation, mais le choix
de Cadarache par la plupart des pays européens pour représenter
les chances européennes à l'accueil d'Iter",
a déclaré Mme Haigneré à des journalistes,
à Madrid.
Face à la concurrence du site espagnol de Vandellos (Catalogne,
nord-est), la ministre française a souligné "l'importance
de l'environnement scientifique, technique, de gestion de grands
projets complexes" du site de Cadarache.
"J'exprime ici non seulement la conviction française
mais la conviction de la plupart des communautés scientifiques
des Etats membres (de l'UE). Et ces communautés scientifiques
disent: le site de Cadarache est pour nous un site qui donne toutes
les garanties de succès d'Iter en Europe et dans le cadre
mondial dans lequel il se situe, c'est-à-dire l'Europe
par rapport aux autres candidats comme le Japon, en particulier",
a ajouté Mme Haigneré.
La ministre française s'exprimait en marge de la commémoration
du 75e anniversaire de la Casa de Velazquez, institution culturelle
française en Espagne, dédiée à la
promotion des arts, de la culture et de la recherche en sciences
humaines.
Le projet Iter (International Thermonuclear Experimental Reactor)
vise à construire un grand réacteur de fusion expérimental,
afin de produire dans un délai de 30 ans de l'énergie
propre et sûre à un stade pré-industriel,
à partir notamment de l'hydrogène, en reproduisant
la fusion qui a lieu dans les étoiles.
CADARACHE (Bouches-du-Rhône) 17/11/03 - Jean-Pierre Raffarin a réaffirmé lundi sur le terrain le soutien du gouvernement français à la candidature du Centre d'études nucléaires de Cadarache pour accueillir le futur Réacteur thermonucléaire expérimental international (ITER), à dix jours de la sélection d'un site par l'Union européenne. Accompagné par la ministre de la Recherche Claudie Haigneré, le Premier ministre a visité le site proposé par la France et le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), une colline boisée à environ 50 km au nord de Marseille. Lors d'une rencontre avec des responsables du CEA et des élus locaux, il a promis une "mobilisation complète" des pouvoirs publics français en faveur de cette candidature. "Le CEA constitue un modèle de recherche d'excellence mondiale et de synergie avec le monde industriel. Si la France veut ITER sur son sol, c'est pour partager notre savoir-faire, nos compétences", a déclaré Jean-Pierre Raffarin. "Nous ne nous battons contre personne. Nous valorisons un site, une expérience, une capacité. Nous pensons que c'est le meilleur projet", a-t-il ajouté. Tel est le message que le député UMP Pierre Lellouche, qui accompagnait le Premier ministre à Cadarache, a été chargé de faire passer auprès des gouvernements européens. Le projet ITER, auquel souhaitent participer, outre l'Union européenne, les Etats-Unis, le Japon, la Russie, le Canada et la Corée du Sud, est destiné à étudier la possibilité de produire de l'énergie "propre" (sans rejets radioactifs) et renouvelable à partir de la fusion thermonucléaire. Cette énergie gigantesque à l'oeuvre au coeur du soleil n'a trouvé jusqu'ici d'application que dans le domaine militaire. L'enjeu d'ITER est de contrôler et de domestiquer la fusion d'isotopes de l'atome d'hydrogène pour produire de l'électricité. Cela représente un investissement de près de cinq milliards d'euros sur 10 ans, un coût de fonctionnement de cinq autres milliards d'euros sur les 20 années suivantes et au moins 5.000 emplois pendant 30 ans. "C'est le plus grand projet de coopération scientifique à l'échelle mondiale", a souligné Jean-Pierre Raffarin. "C'est le projet qui peut vraiment révolutionner la deuxième moitié du siècle en nous apportant l'énergie du futur, quasi inépuisable et sans nuisance significative." L'UE doit choisir le 27 novembre entre Cadarache et un site proposé par l'Espagne, Vandellos, en Catalogne.
"BILLARD A MULTIPLES BANDES"
Le site européen retenu sera ensuite en compétition,
pour une décision finale attendue fin 2003, avec celui
de Rokkasho-Mura, au Japon. Un temps candidat, le Canada ne semble
plus pour sa part dans la course. La France fait notamment valoir
la longue tradition du centre de recherche de Cadarache dans le
domaine nucléaire - c'est là notamment qu'est actuellement
construit un réacteur d'essai pour la prochaine génération
de navires à propulsion nucléaire. Quelque 4.300
personnes travaillent déjà au centre de Cadarache,
dont 300 dans le domaine de la fusion nucléaire, autour
d'un réacteur expérimental, Tore Supra. Pierre Lellouche
devait entamer sa "tournée" dès lundi
après-midi à Strasbourg par une rencontre avec le
commissaire européen à la recherche, le Belge Philippe
Busquin. "Je pense que nous avons de loin les meilleurs atouts
scientifiques et technologiques pour que l'Europe puisse l'emporter
contre les autres candidatures et notamment la candidature japonaise,
qui est la plus rude, au deuxième tour", a-t-il dit
à Reuters. "Nous avons 50 ans d'expérience
sur ce site et une très grosse avance technologique en
Europe en matière nucléaire et dans le domaine de
la fusion en particulier." "Pour gagner face au Japon,
il faut que cela soit Cadarache", a-t-il ajouté. "Ça
sera très difficile parce que les Espagnols ne manquent
pas de soutien. Nous avons un très gros travail de mobilisation
de nos partenaires à faire. Si c'est la France qui est
choisie, nous battrons les Japonais, sinon l'Europe risque d'être
battue au second tour. Donc, pour moi, c'est un gros mois de lobbying
non stop qui commence." Selon des sources politiques et scientifiques
françaises, la compétition entre la France, l'Espagne
et le Japon s'apparente à du "billard à multiples
bandes". Officiellement neutres, les Etats-Unis ont discrètement
apporté leur soutien à l'Espagne qui, contrairement
à la France, a soutenu l'intervention militaire américaine
en Irak. Mais Washington préférerait en fait qu'ITER
s'installe au Japon. Les Américains, qui s'étaient
retirés du projet en 1998, sont prêts à le
financer à hauteur de 500 millions d'euros, ce qui est
à peu de chose près équivalent à la
seule part des collectivités locales françaises
concernées si ITER vient à Cadarache. Jean-Pierre
Raffarin a d'autre part profité de son passage à
Cadarache pour tenter de rassurer les chercheurs français
qui se plaignent de la baisse de leurs crédits. "Nous
ferons de la recherche la priorité des bénéfices
de la croissance qui revient", a-t-il déclaré.
Emmanuel Jarry
29/10/03 - Jean-Pierre
Raffarin a confirmé mercredi à l'Assemblée
nationale "l'engagement de la France" pour obtenir que
le site de Cadarache
(Bouches-du-Rhône) soit choisi pour accueillir le siège
du projet de réacteur de fusion expérimental Iter.
"Je suis sûr que c'est ce dont la France a besoin,
pour ce début de XXIe siècle", "en ce
qui concerne l'énergie dont il faudra bien doter la planète",
a déclaré le Premier ministre en réponse
au député Richard MalliéBouches-du-Rhône).
"La France a une carte aujourd'hui à jouer (...) Dans
chacun des contacts que nous avons au niveau international, nous
présentons ce dossier pour gagner une à une les
adhésions et les soutiens au projet français Iter.
Le gouvernement est mobilisé sur ce sujet", a dit
M. Raffarin.
Le projet Iter (International Thermonuclear Experimental Reactor)
vise à construire un grand réacteur de fusion expérimental,
afin de produire dans un délai de 30 ans de l'énergie
propre et sûre à un stade pré-industriel,
à partir notamment de l'hydrogène, en reproduisant
la fusion qui a lieu dans les étoiles.
L'UE, le Japon, les Etats-Unis, le Canada, la Chine, la Russie
et la Corée du Sud participent à ce projet.
L'Union européenne doit décider au plus tard le
27 novembre quel(s) site(s) européen elle présentera
pour accueillir le siège. Le site de Cadarache, près
de Marseille est en concurrence avec celui de Vandellos (nord-est
de
l'Espagne) pour représenter l'Europe dans cette compétition
internationale.
Manif le lundi 21/10/02 devant le CEA. Certains ont voulu fermer les yeux et se dire qu'après CEDRA (centre d'enfouissement de déchets radioactifs) le CEA se calmerait Que nenni. Vous avez la poubelle à Cadarache, voici un nouveau projet pour la remplir!.
Après CEDRA, voilà ITER !
En apprentis sorciers, les physiciens, qui veulent recréer,
sur terre, les conditions du soleil, ont imaginé une centrale
gigantesque dont ils ne maîtrisent pas tous les aspects,
destinée à fonctionner selon des lois qu'ils connaissent
mal, avec des risques de perte de contrôle et d'explosion.
Ce projet s'appelle ITER et a une chance sur 4 d'être implanté
au CEA de Cadarache (autres candidats : Canada, Japon et Espagne).
Contrairement aux idées savamment entretenues nous pouvons
dans l'état des connaissances scientifiques actuelles affirmer
que la fusion n'est pas une recherche propre ni sans danger. Nos
craintes ne s'inscrivent pas dans un refus de la recherche en
général mais dans la remise en cause de la pertinence
de ce projet particulier.
ITER: une mystification scientifique
Le projet ITER nécessite l'emploi de tritium extrêmement
radioactif et polluant, la fission de lithium également
dangereuse produira une forte irradiation du réacteur et
30 000 tonnes de déchets radioactifs, dont 20 % ayant une
période supérieure à cent ans. Des incertitudes
importantes subsistent, sur la capacité de la structure
à supporter les contraintes mécaniques, sur la stabilité
du plasma, sur l'impact de l'énorme flux de neutrons qui
risque de détruire les matériaux environnants (la
barrière "fertile" au lithium) et de contaminer
l'enceinte du réacteur et l'environnement.
C'est ensuite un gouffre financier, 3,5 milliards d'euros, et
un processus décisionnel obscur, par des négociateurs
internationaux sans information réelle ni contrôle
des citoyens. Ces crédits de recherche nous sembleraient
mieux utilisés dans d'autres types de recherche sur les
énergies alternatives.
Cadarache: un site inadapté
L'installation du projet ITER à Cadarache nécessiterait
la création de nouvelles lignes électriques HT afin
d'acheminer une formidable quantité d'électricité
pour provoquer l'ignition, ainsi que l'élargissement des
routes au Pont de Mirabeau (site remarquable, déjà
entaché par l'autoroute).
La construction, prévue à La Verrerie, en dehors
de la zone déjà clôturée par le CEA,
détruirait les riches milieux de la forêt domaniale
de Cadarache déjà déstabilisés par
les sondages: chênaie centenaire, plantations faites depuis
moins de trente ans avec des fonds publics (engagement trentenaire
de l'Etat à conserver la vocation forestière), population
de mouflons, avifaune du confluent Durance-Verdon (une des plus
riches de Provence).
Mais surtout, le site de Cadarache est soumis à un risque
sismique important et risquerait d'être une cible facile
pour les terroristes ou en cas de conflit, dans une région
densément peuplée.
CADARACHE EST EN TRAIN DE DEVENIR UNE ZONE DES PLUS NUCLEARISEE
DE FRANCE, DANS LA PLUS TOTALE PASSIVITE ET COMPLICITE DES POUVOIRS
PUBLICS.
Au vu de l'ensemble de ces éléments,
les organisations signataires dénoncent un tel projet qui,
sous couvert de recherche et de promotion de l'énergie
nucléaire, néglige l'information et la consultation
des populations, les incertitudes scientifiques et les risques
potentiels pour l'environnement.
L'heure du choix approche. Le 21 octobre, une délégation
de l'agence internationale à l'énergie atomique
(IAEA), à l'issue de la 19ème conférence
sur l'énergie de fusion qui se tiendra à Lyon du
14 au 19 octobre, viendra visiter Cadarache dans ce but, avant
la tournée internationale officielle programmée
en décembre. Un des arguments majeurs des tenants du projet
est l'absence d'opposition rencontrée autour du site français.
Nous appelons donc à manifester sur le rond-point situé devant le CEA à partir de 14 h le 21 octobre.
Signataires : associations APRIIRAD, Médiane, collectif STOP MELOX et MOX, syndicats SNICEF-CGC, CGT-Forêts, SNUPFEN-CFDT, FO, SNTF, Les Verts