Dernières nouvelles d'Alsace, 20/6/2009:
Parce que la détermination du risque sismique progresse en fonction des connaissances scientifiques, les normes de sûreté des installations nucléaires doivent suivre cette évolution. L'autorité de sûreté nucléaire française (ASN) et son homologue suisse ont organisé un séminaire sur ce thème à Strasbourg.
Un des arguments récurrents des opposants à la centrale nucléaire de Fessenheim tient à l'activité sismique de la plaine rhénane et le séminaire scientifique qui s'est tenu mercredi à Strasbourg peut être interprété comme un apport d'eau à leur moulin. « On s'aperçoit que les certitudes des années 70 sont dépassées et que le risque sismique à Fessenheim a été sous-évalué, souligne Nicole Roelens, présidente de Stop Fessenheim. Et la révision de la réglementation en cours interviendra après la prochaine visite décennale. Fessenheim sera encore une fois en retard dans la prise en compte du risque sismique. »
Combiner probabilités et déterminisme. Pour la visite prévue cet automne, qui doit déterminer si oui ou non la centrale nucléaire de Fessenheim peut poursuivre son activité pour dix années supplémentaires, ce sera la règle fondamentale de sûreté datant de 2001 qui devra être respectée. Une version appelée à être révisée pour tenir compte des avancées scientifiques et techniques dans l'évaluation des aléas sismiques. « Cette révision n'interviendra que quand les concepts scientifiques seront suffisamment mûrs, indique Olivier Gupta, directeur général adjoint de l'ASN, tout en évoquant une concertation publique à la fin de l'année. Mais nous procédons à une réévaluation de sûreté tous les dix ans en France, ce qui est un rythme bien plus soutenu que dans les autres pays ».
De manière générale, les scientifiques présents au séminaire ont réévalué les risques et appelé l'industrie nucléaire européenne à évoluer, notamment pour prendre en compte « l'ensemble des incertitudes » et intégrer une approche probabiliste (estimation de la probabilité de la survenue d'un incident) dans ses études qui jusque là ne se faisaient que sur les seuls critères déterministes (caractéristiques physiques de résistance à des tremblement de terre, maîtrise des conséquence, etc.).
Pour revenir à Fessenheim, la question
qui se posera lors de la visite décennale est la suivante
: « Est-ce qu'on prend un risque en appliquant la réglementation
de 2001 ? » Sans préjuger de la réponse, Olivier
Gupta reprend les observations entendues lors du séminaire.
« Les experts sont d'accord pour dire que la réévaluation
de l'aléa sismique est absorbée par les marges »,
c'est-à-dire que dans la conception de ses centrales, l'industrie
nucléaire a inclus des marges de risque suffisantes « qui font qu'on a raisonnablement
confiance ».
Libération Strasbourg, 1/7/2008:
EDF prévoit un investissement de 10 millions d'euros pour "restaurer les marges de protection sismique" de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus ancienne du parc français, dont les prochaines visites décennales par l'Autorité de sûreté nucléaire sont programmées en 2009 et 2010 pour les deux réacteurs du site.
Ces travaux ont démarré le 14 avril, après trente ans de service pour la centrale. L'ensemble des travaux prévus avant les visites décennales, qui ont pour but de valider le fonctionnement en toute sécurité des réacteurs pour dix années supplémentaires, est estimé à 80 millions d'euros, selon la direction.
Les travaux spécifiques contre le risque sismique, entrepris dans les bâtiments électriques et sur certains équipements, permettront notamment de vérifier des joints entre bâtiments, de renforcer des supports de réseaux de ventilation et de tuyauterie et de rénover le système de détection incendie, a expliqué mardi Jean-Philippe Bainier, directeur de la centrale, lors d'une conférence de presse. "On est dans une démarche d'amélioration par rapport aux normes de conception et de construction antisismiques d'il y a 30 ans", a-t-il indiqué.
La centrale de Fessenheim a été construite pour résister à un séisme égal au double du séisme de Bâle de 1356, d'une magnitude de 6,4 sur l'échelle de Richter. Depuis sa mise en service en 1977, six séismes de magnitudes 3,4 à 5,5 y ont été enregistrés, mais aucun n'a remis en cause les calculs prévisionnels des sismologues et des ingénieurs, a expliqué Pierre Labbé, expert EDF en ingénierie sismique. "L'idée est que tout doit rester élastique dans la centrale, et qu'en cas de séisme, on n'ait pas même un carreau de cassé", a-t-il dit.
Pour Jean-Marie Brom, administrateur du réseau Sortir du nucléaire et ancien élu Vert au conseil municipal de Strasbourg, "la sécurité de la centrale de Fessenheim est parfaitement illusoire", au contraire. "Le problème de base est que les techniciens, comme les scientifiques, sont encore dans l'ignorance de beaucoup de paramètres concernant les tremblements de terre", estime-t-il.
Pour l'association écologique allemande Bund, "construire une centrale nucléaire à Fessenheim était irresponsable, continuer à l'exploiter est scandaleux". Les militants de l'association Stop Fessenheim, qui tentent d'obtenir la fermeture et le démantèlement de la centrale, préparent en ce moment le grand rassemblement antinucléaire prévu à Paris le 12 juillet.
Dans son bilan de l'année 2007, l'Autorité de sûreté nucléaire, chargée du contrôle de l'exploitation des centrales françaises, avait estimé à propos de Fessenheim que son état était "globalement satisfaisant", tout en pointant des écarts dans l'application des règles générales d'exploitation (voir l'article du 22 mai).
5/2/2008 - Le
directeur du site nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) Jean-Philippe
Bainier a assuré mardi que la centrale résisterait
à un séisme majeur alors qu'une étude suisse
estime que "l'aléa sismique" a été
sous-estimé par l'exploitant EDF. Les cantons de Bâle-Ville
et du Jura ont demandé en décembre que la résistance
de la centrale française soit réévaluée
en s'appuyant sur une étude selon laquelle EDF, la société
d'exploitation, aurait "sous-estimé le potentiel de
force sismique" dans la région. "Cette étude
fait partie d'un débat nécessaire", a estimé
mardi le directeur du site. Mais il a rappelé que la centrale
a été construite pour résister à un
séisme qui aurait deux fois l'intensité du plus
fort séisme survenu alentour, à savoir celui de
Bâle en 1356. Selon M. Bainier, il n'y aurait "pas
de rejet radioactif au-dessus de seuil autorisé" en
cas de séisme. "Il n'y aura rien, sauf un possible
arrêt des réacteurs", a-t-il indiqué,
ajoutant que les calculs de EDF sont conformes à la réglementation
française. Répondant à la presse, il a estimé
qu'il n'y avait pas de nécessité de procéder
à un renforcement du sol ou des bâtiments abritant
les réacteurs pour parer aux effets d'un séisme
majeur. Il a toutefois annoncé que "les cloisons du
bâtiment électrique du site seront renforcés",
soulignant que cette opération avait été
prescrite dès 2003 par l'Autorité de sûreté
nucléaire (ASN). Elle doit intervenir cette année
dans le cadre de la révision décennale qui prend
aussi en compte le risque sismique. Ce risque est - avec l'âge
de l'installation - un des thèmes de campagne des opposants
français suisses et allemands à la centrale mise
en service il y a 30 ans et qui est la plus ancienne centrale
nucléaire du parc français. Alors que les anti-nucléaires
continuent de réclamer sa fermeture, elle fera l'objet
de visites décennales "approfondies" de plusieurs
mois, à partir d'octobre 2009 pour le premier réacteur
à eau pressurisé et au printemps 2010 pour le second.
A l'issue de ces visites, l'ASN donnera son avis sur la poursuite
de l'exploitation pour au moins dix ans [lire à propos de la prolongation à 40 ans de la durée
de vie de des centrales EDF] des deux tranches de 900 Mégawatts.
Le Matin (Suisse), 24/12/2007:
La prolongation de l'exploitation des réacteurs nucléaires alsaciens, de la plus vieille centrale atomique de France, sera combattue par les autorités jurassiennes
La centrale nucléaire de Fessenheim - la plus ancienne en activité dans l'Hexagone - donne des signes de vieillesse qui effraient les Jurassiens dont le territoire est situé à 60 km à vol d'oiseau. Ses réacteurs ont été mis en service en 1977. Ils ont reçu une autorisation de fonctionnement de 20 ans et une prolongation de 10 ans. A Bâle, l'on se manifeste aussi alors qu'en France le débat est ouvert sur un nouveau prolongement du bail d'exploitation.
En 2004 déjà, le Gouvernement jurassien avait demandé au conseiller fédéral Moritz Leuenberger d'intervenir auprès de ses collègues français au sujet de la sécurité de cette centrale atomique. Des incidents, heureusement toujours mineurs, continuent de se multiplier. Quarante «petits problèmes» ont été constatés en 2005 et 49 l'an dernier. En novembre 2007, quatre ouvriers ont subi une contamination interne légère. Trois mois plus tôt, un incendie s'était déclaré lors d'essais pratiqués sur un réacteur.
Risques sismique sous-évalués
Le 13 décembre passé, un autre danger a été rendu public. Les risques sismiques avaient été sous-évalués au moment de la construction de la centrale atomique. «Les Etats de Bâle-Ville et du Jura ont pris connaissance d'une expertise qu'ils avaient commandée. Les analystes démontrent que cette centrale atomique ne correspond plus aux normes sismiques actuelles» indique le président du gouvernement jurassien Laurent Schaffter qui se dépêche d'ajouter: «Les résultats ne sont pas rassurants, mais il n'y a pas de quoi s'alarmer». Bâlois et Jurassiens s'associeront pour, en janvier prochain, obtenir des autorités françaises que la résistance de la centrale atomique aux séismes soit réévaluée au vu des risques de tremblement de terre qui touche la région bâloise. Pour mémoire un séisme avait entièrement détruit Bâle en 1356 et les spécialistes estiment qu'un tremblement de terre pourrait survenir dans le fossé rhénan tous les 1000 à 1500 ans, un séisme s'étant déjà produit en l'an 250.
De l'autre côté de la frontière, l'on sent une volonté pour des raisons économiques de prolonger l'exploitation de Fessenheim. «S'il n'obtient pas des assurances précises, l'exécutif du Jura pourrait choisir de se mettre dans le camp de ceux qui luttent pour la fermeture de Fessenheim compte tenu des dangers que cette centrale représente pour notre canton».
Jean-Pierre Molliet
7/8/2007 - Une inspection a mis en évidence une défaillance dans la gestion d'un séisme éventuel à la centrale nucléaire de Saint-Alban (Isère), a fait valoir l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) dans une lettre à l'exploitant, EDF. Dans cette lettre datée du 2 juillet, citée mardi dans un communiqué du réseau "Sortir du Nucléaire", l'ASN note "un constat d'écart notable sur la gestion du risque de séisme", le chef d'exploitation de cette centrale "n'étant pas en mesure" de déterminer "si l'activité sismique a été supérieure au (...) seuil à partir duquel un repli sans délai est à réaliser pour la mise en sécurité des réacteurs". Dans cette centrale, a constaté le gendarme français du nucléaire, "la consigne définissant la conduite à tenir en cas de séisme n'a pas été modifiée à la suite du remplacement" du système qui "centralise les mesures d'activité sismique", et le chef d'exploitation n'est donc pas en mesure de respecter les nouvelles mesures. Le réseau "Sortir du Nucléaire", qui revendique 800 associations, déclare dans son communiqué qu'il est "incroyable" que "depuis près d'un an, les instruments ne permettent pas de déterminer si la centrale (de St-Alban) doit être immédiatement arrêtée" en cas de séisme. "On ne peut aussi que pointer la faiblesse des contrôles" puisqu'il a "fallu près d'un an à l'ASN pour découvrir le problème", souligne le réseau. Au lendemain du tremblement de terre qui a endommagé à la mi-juillet la centrale nucléaire japonaise de Kashiwazaki-Kariwa, "Sortir du Nucléaire" avait répété que, selon lui, les centrales nucléaires d'EDF ne sont pas adaptées au risque sismique. EDF avait réaffirmé de son côté que ses centrales nucléaires "sont conçues pour résister à un séisme deux fois plus important que le séisme le plus grave relevé en 1.000 ans dans les régions où elles sont implantées", et qu'elle "mène régulièrement de vastes programmes pour vérifier que ses installations répondent aux normes sismiques en vigueur".
Communiqués de presse Sortir du nucléaire, 7/8/2007:
- Les instruments ne permettent pas de déterminer si la centrale doit être immédiatement arrêtée !
- La centrale de Saint-Alban est justement une des plus mises en cause dans les documents confidentiels révélés le 16 juillet par le Réseau "Sortir du nucléaire" !
Alors que le séisme du 16 juillet au Japon a démontré la vulnérabilité des centrales nucléaires, d'importantes défaillances face au risque sismique viennent d'être mises à jour à la centrale nucléaire de Saint-Alban (Isère).
Lors d'une inspection menée le 19 juin 2007, les inspecteurs de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ont constaté que "le chef d'exploitation n'est pas en mesure de déterminer en cas de séisme si l'activité sismique a été supérieure au 1/2 séisme de dimensionnement, seuil à partir duquel un repli sans délai est à réaliser pour la mise en sécurité des réacteurs".
L'ASN reconnaît qu'il s'agit là d' "un constat d'écart notable sur la gestion du risque de séisme"
Il se trouve que cette centrale a été l'objet en septembre 2006 d'un "remplacement du système d'instrumentation de l'enceinte qui centralise les mesures d'activité sismique", mais que "la consigne définissant la conduite à tenir en cas de séisme n'a pas été modifiée" en conséquence. Ce n'est que 10 mois plus tard, au cours d'une inspection, que l'ASN se rend compte du problème que, par contre, EDF a été totalement incapable de constater.
Il est donc légitime de... se féliciter qu'un séisme n'ait pas eu lieu en Isère depuis septembre 2006. Or, justement, la centrale nucléaire de Saint-Alban est une des plus mises en cause dans les documents confidentiels qui ont été rendus publics par le Réseau "Sortir du nucléaire" le 16 juillet dernier.
En particulier, alors qu'EDF estime à 0,08g les accélérations de sol en cas de séisme, l'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) les estime à 0,2g (soit près de 3 fois plus !)
Une fois de plus, on ne peut que rester pantois face à l'inconsistance d'EDF qui s'apparente parfaitement à celle de son homologue japonais TEPCO qui, elle aussi, a falsifié des documents de sûreté et voir actuellement sa centrale de Kashiwasaki, la plus grande du monde, fermée pour une durée indéterminée (et certainement définitivement).
On ne peut aussi que pointer la faiblesse des contrôles (il a fallu près d'un an à l'ASN pour découvrir le problème) et, comme toujours, l'absence de médiatisation par l'ASN de ce grave problème. C'est une nouvelle preuve que la Loi sur la Transparence nucléaire, votée en 2006, n'est que poudre aux yeux. Une fois de plus, c'est le Réseau "Sortir du nucléaire" qui prend ses responsabilités et fait connaître la gravité de la situation.
Le Réseau "Sortir du nucléaire" rappelle que, contrairement à une idée reçue, un séisme en France peut être excessivement puissant (c'est la fréquence des séismes qui est modéré). Faut-il vraiment attendre un "Tchernobyl en France" pour décider de sortir du nucléaire ?
Liens :
- voir (dernière page) les différences
d'appréciation concernant Saint-Alban entre EDF et l'IRSN
http://www.sortirdunucleaire.org/actualites/dossiers/seismes2/confidentiel.pdf
- Inspection de l'ASN :
http://www.asn.fr/sections/dernieres_actus/agressions-externes/downloadFile/file/INS-2007-EDFSAL-0007.pdf
Le Monde, 21/7/2007:
Le Réseau Sortir du nucléaire a mis en ligne sur son site Internet, jeudi 19 juillet, des documents confidentiels d'EDF datant de 2003 sur la sûreté des centrales nucléaires françaises face au risque sismique. Il dénonce la manière dont ce risque est évalué et intégré par l'opérateur et accuse EDF de l'avoir minimisé pour ne pas avoir à entreprendre des travaux de mise en conformité évalués à 1,9 milliard d'euros. En mai 2003, le réseau écologiste avait déjà accusé EDF d'avoir abaissé les valeurs de l'intensité des séismes de référence en France et exigé la fermeture des centrales du Bugey et de Fessenheim dans l'est du pays. EDF réaffirme pour sa part que ses centrales nucléaires "sont conçues pour résister à un séisme deux fois plus important que le séisme le plus grave relevé en 1 000 ans dans les régions où elles sont implantées." L'opérateur assure mener, sous le contrôle de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), "de vastes programmes pour vérifier que ses installations répondent aux normes sismiques en vigueur". Aucune centrale n'a jamais été arrêtée pour des raisons sismiques et, selon Fabien Féron, directeur adjoint des centrales nucléaires à l'ASN, les 58 installations françaises "sont jugées suffisamment sûres".
19/7/2007 - Le
réseau "Sortir du Nucléaire" réaffirme
que les centrales nucléaires d'EDF ne sont pas adaptées
au risque sismique et a décidé de publier sur son
site web des données confidentielles de l'électricien
sur le sujet. Ces données "datent de 2003 mais elles
restent d'une brûlante actualité puisque la remise
à niveau des réacteurs n'a pas eu lieu", a
estimé le réseau écologiste dans un communiqué
publié jeudi. Il
s'agit de données sismiques, dont certaines portent la
mention "Figure confidentielle, à ne transmettre à
l'extérieur d'EDF sous aucun prétexte", concernant
l'ensemble des centrales nuclaires françaises, et diffusées sur le site http://www.sortirdunucleaire.org Elles montrent,
selon Sortir du nucléaire, qu'EDF a minimisé les
risques sismiques pour ses centrales nucléaires afin d'éviter
d'avoir à entreprendre des travaux de mise en conformité
évalués à 1,9 milliard d'euros. En mai 2003,
le réseau écologiste avait accusé EDF d'avoir
abaissé les valeurs de l'intensité des séismes
de référence en France, et exigé la fermeture
des centrales du Bugey et de Fessenheim dans l'est du pays. "Aujourd'hui,
l'affaire rebondit parce qu'une centrale nucléaire a été
mise en difficulté par un séisme au Japon",
indique Sortir du nucléaire. EDF réaffirme pour
sa part que ses centrales nucléaires "sont conçues
pour résister à un séisme deux fois plus
important que le séisme le plus grave relevé en
1.000 ans dans les régions où elles sont implantées".
"EDF mène régulièrement de vastes programmes
pour vérifier que ses installations répondent aux
normes sismiques en vigueur", a indiqué un porte-parole,
précisant que ces programmes "sont effectués
sous le contrôle permanent et rigoureux de l'Autorité
de sûreté nucléaire."
JDD, 19/7/2007:
La polémique qui a enflé au Japon sur la sûreté des installations nucléaires face aux risques sismiques, suite au séisme de lundi, a rebondi en France. En effet, le réseau "Sortir du nucléaire", se fondant sur des documents confidentiels émanant d'EDF, assure que les centrales nucléaires françaises ne sont pas adaptées aux risques sismiques. Et publie les documents sur son site.
Les documents que "Sortir du nucléaire" a réussi à se procurer et consultables sur leur site datent de 2002 et 2003. Ils sont, pour certains, estampillés "Figure confidentielle. A ne transmettre à l'extérieur d'EDF sous aucun prétexte". On trouve également des données de l'Institut de radioprotection de sûreté nucléaire (IRSN) et un courriel émanant d'une responsable d'EDF. Ils concernent les données sismiques, les différents risques de séismes calculés et les suites à y donner en France. Des documents explosifs, si l'on en croit "Sortir du nucléaire", un réseau de 800 associations. Selon eux, ces données prouvent qu'EDF a minimisé volontairement les risques sismiques pour éviter de réaliser les travaux de mise en conformité préconisés par l'IRSN. "Des falsifications grossières", selon Stéphane Lhomme, le porte-parole du réseau, joint par téléphone jeudi."EDF a plusieurs façons de faire. Soit elle 'magouillent' en redécoupant la définition des zones sismiques sur lesquelles sont implantées ses centrales. Soit l'entreprise revoit à la baisse l'intensité de certains séismes, présents pourtant dans SISFRANCE, la base de sonnées des sismologues", détaille-t-il.
Et de prendre un exemple parlant, avec la centrale nucléaire de Belleville dans le Cher, où EDF a pris comme référence "un séisme de 1079 sur lequel on a forcément peu de données plutôt que celui de 1933, qui impliquait des mesures plus contraignantes". Des accusations confirmées d'ailleurs en 2003, par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui s'est fendue - sous la pression des premières révélations de "Sortir du nucléaire" - d'un courrier de rappel à l'ordre à EDF. "Lors de l'instruction qui a eu lieu entre l'IRSN et vos services, l'IRSN a remarqué que les intensités épicentrales de la plupart des séismes de référence avaient été revu à la baisse par rapport à celles qui sont proposées par SISFRANCE", remarque le courrier de l'ASN.
Un responsable d'EDF: "Des actions de lobbying sont-elles possibles?"
Autre type d'arrangement avec les chiffres, la profondeur de l'épicentre. Le porte-parole précise qu'EDF calcule les risques avec un épicentre qui se situerait par principe à 30km de profondeur d'une centrale, quand les experts estiment qu'en France, ils se trouvent majoritairement entre 10 et 20 km de profondeur. "C'est aussi simple que cela, ils trifouillent les chiffres et disent ensuite qu'au niveau de la sécurité sismique, tout va bien", insiste Lhomme. Il fait valoir, documents à l'appui et consultables sur leur site internet (http://www.sortirdunucleaire.fr), les divergences profonde entre l'IRSN, chargé d'évaluer les risques sismiques et les experts d'EDF, pour tout le parc nucléaire français (19 centrales, 57 réacteurs).
Avec des différences notables en termes d'appréciation des risques. Suite aux préconisations de l'IRSN, EDF a estimé que les travaux à mener leur coûteraient au moins 2 milliards d'euros. "Sans compter le coût de l'arrêt des centrales durant les travaux. Sans oublier que certains travaux sont impossibles à réaliser sur des centrales trop vieilles, enchaîne Stéphane Lhomme. Leur réaction ? Engager une intense action de lobbying auprès de l'ASN, l'instance de tutelle de l'IRSN, pour les réduire au silence. Ça a marché". Un document fourni sur le site de l'association, émanant par un responsable d'EDF fait effectivement état des suites à donner à l'inspection de l'IRSN, en des termes troublants. "Nous savions que la menace planait (de travaux à engager, selon 'Sortir du nucléaire') (...) Il faut mobiliser stratégiquement au dessus des experts pour lever la contrainte. (...) Des actions de lobbying ou contrefeu (autres experts) sont-elles possibles ? ", s'interroge ce haut responsable d'EDF.
Stéphane Lhomme: "Il faut que les citoyens puissent se saisir de ce dossier"
Le réseau pointe plusieurs sites particulièrement sensibles. Celui de Fessenheim, en Alsace, "située sur une faille", rappelle Lhomme. Celui de Blayais, en Gironde aussi, "construit sur des zones marécageuses. Selon des études, avec ses sols, les secousses sont démultipliées ". EDF, pour sa part, fait la sourde oreille. Et a affirmé encore dernièrement que ses centrales "sont conçues pour résister à un séisme deux fois plus important que le séisme le plus grave relevé en 1000 ans dans les régions où elles sont implantées". Mais le porte-parole fait remarquer que les responsables de la centrale de Kariwa au Japon, qui a subi plus d'une cinquantaine d'incidents, dont une fuite d'eau radioactive et désormais fermée, suite au séisme de magnitude de 6,8 sur l'échelle de Richter lundi, tenait le même discours. "Les experts nucléaires sont les mêmes partout. Là-bas aussi les risques ont été minimisés. Ce qui est arrivé crédibilise nos accusations. Si un épicentre se trouve plus près que prévu d'une centrale, on va au devant de risques très graves, de l'incendie à la rupture du circuit de refroidissement, et jusqu'à un accident nucléaire. C'est une épée de Damoclès au dessus de nos têtes".
Et c'est pour cela, ajoutés aux démentis répétés d'EDF, que le réseau "Sortir du nucléaire", qui détenait ces documents depuis plusieurs années pour la plupart, a décidé de les publier intégralement sur leur site. "Parfois, les gens nous disent 'ce n'est pas possible, ils ne peuvent pas faire ça'. Mais tout est sur le site. Il faut que les citoyens puissent se saisir de ce dossier. C'est important". Et de conclure, fataliste, "en 2006, le Parlement a voté une loi sur la transparence nucléaire. Mais c'est nous qui la faisons".
18/7/2007 - Certains
réacteurs des centrales nucléaires d'EDF présentent
un défaut au niveau des générateurs de vapeur
"pouvant avoir des conséquences pour la sûreté",
a annoncé mercredi dans un communiqué l'Autorité
de sûreté nucléaire (ASN). Cette "anomalie",
selon l'autorité de contrôle du nucléaire
en France, concerne le "taux de colmatage" chez "certains
réacteurs de 900 MWe et 1300 MWe". Elle est classée
au niveau 1, le plus bas de l'échelle [médiatique] internationale
de gravité des événements nucléaires
INES (International Nuclear Event Scale, graduée de 0 à
7). Un générateur de vapeur est un échangeur
thermique entre l'eau du circuit primaire, portée à
haute température (320°C) dans le coeur du réacteur,
et l'eau du circuit secondaire qui se transforme en vapeur et
alimente la turbine pour la production d'électricité.
Il comporte environ 3.300 tubes, maintenus par des structures
internes, parmi lesquelles les plaques entretoises. Le colmatage
"consiste en une obturation progressive, par des dépôts
d'oxydes, des passages aménagés entre les tubes
et les plaques entretoises pour la circulation de l'eau",
explique l'ASN dans un communiqué. Des contrôle effectués
par EDF à la demande de l'ASN ont montré des taux
de colmatage pouvant "atteindre 80% de la surface des espaces
aménagés pour laisser passer l'eau", EDF estimant
en outre que "le colmatage progresse d'environ 5% par an".
"A ce jour, parmi les centrales du palier 900 MWe, celles
de Cruas et Chinon ont été identifiées par
EDF comme présentant les taux de colmatage les plus élevés.
Pour le
palier 1300 MWE, le réacteur Saint-Alban 1 est le plus
affecté", précise l'ASN. Selon le communiqué,
Electricité de France estime, "sur la base de premières
études, (que) le colmatage des générateurs
de vapeur des réacteurs de 900 MWe et 1300 MWe jusqu'aux
niveaux observés permet un fonctionnement des réacteurs
dans des conditions de sûreté acceptables".
Nouvelobs, 18/7/2007:
Le maire de Kashiwazaki a ordonné mercredi 18 juillet la fermeture de la centrale nucléaire Kariwa en raison de dysfonctionnements survenus après le séisme de lundi, notamment des fuites qui se sont révélées plus importantes que prévues. Existe-t-il des précédents sur des incidents comparables en France ?
SL - Jusqu'à
présent, il ne s'est pas produit ici de séisme dont
l'épicentre soit situé près d'une centrale
nucléaire. Donc, pas d'incidents semblables à la
situation actuelle au Japon. Mais pour autant, en plusieurs occasions,
la France est déjà passée à deux doigts
de la catastrophe.
Le 12 mai 1998, une fuite importante est survenue
au circuit de refroidissement d'un des réacteurs de la
centrale de Civaux, dans la Vienne, près de 350 m3
d'eau radioactive, d'après les autorités. Il a fallu
plusieurs jours à EDF pour reprendre le contrôle
de la centrale Quand on pense que le réacteur en question
venait d'entrer en service !
Je pense aussi à la centrale nucléaire du Blayais, non loin
de Bordeaux. Durant la nuit du 27 au 28 décembre 1999,
au coeur des fameuses tempêtes donc, celle-ci a été
gravement inondée par la Gironde. Les moteurs de secours
notamment, ont été sévèrement touchés.
On est vraiment passés cette fois là tout près
d'un désastre nucléaire.
Un autre problème
est la politique mise en oeuvre par EDF en cas d'accidents. C'est
exactement comme le Japon en fait, tant qu'il ne s'agit que de
petits incidents, ils communiquent sans problème. Mais
en cas d'incident majeur, une véritable omerta se met en
place. Par exemple, nous n'avons su pour le Blayais que 10 jours
plus tard, et encore, par des indiscrétions. Le 6 janvier
2000, le quotidien Sud-Ouest en a fait sa une "Très
près de l'accident majeur".
Les normes des centrales nucléaires françaises sont-elles suffisamment strictes pour faire face aux risques de catastrophes naturelles ?
SL - Après
l'inondation du Blayais, un rapport parlementaire a été
remis à l'Assemblée nationale en avril 2000. Il
a démontré que la plupart des centrales nucléaires
sont inondables, même si cela suppose des circonstances
exceptionnelles, telles qu'une crue ou une tempête. Le problème
est que, logiquement, on ne peut pas surélever les plate-formes
sur lesquelles ont été remblayées ces centrales.
A la base, celles-ci n'ont donc pas été érigées
suffisamment haut. Ne reste donc que les digues de protection.
[lire: Le risque inondation
des centrales nucléaires françaises: 16 sites sur 19 sont concernés !]
S'agissant des séismes : nous nous sommes procurés
des courriers internes d'EDF que nous avons rendus publics le
26 mai 2003. Ces documents montrent qu'il y a eu de graves désaccords
entre la compagnie et l'IRSN (Institut de radioprotection et de
sûreté nucléaire) concernant des données
sur les risques sismiques et l'impréparation des centrales.
EDF a alors exercé un gros lobbying pour imposer sa version
des faits face à celle de l'Institut, qui a été
contraint de se taire. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'ils
avaient calculé à 1,9 milliards d'euros le coût
des remises à niveau nécessaires.
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN),
le gouvernement, EDF tous sont d'accord pour dire de façon
unanime que le nucléaire est "quelque chose de fantastique"
pour la France. De plus, bon nombre de cadres et d'ingénieurs
circulent entre EDF, les cabinets ministériels, l'ASN,
l'IRSN, formant une petite confrérie. D'autant que la plupart
ont suivi la même formation, à l'Ecole des Mines. Autant de facteurs qui
favorisent le succès d'une entreprise de lobbying. Même
s'il reste des gens honnêtes, la preuve avec l'IRSN.
Donc, dans les faits, si un séisme se produisait et que
son épicentre était situé non loin d'une
centrale nucléaire, il n'y aurait pas grand-chose à
faire. D'autant que la procédure établie pour la
sécurité de ces installations ne prévoit
pas la simultanéité des problèmes qui en
découlent : incendie (comme à Kashiwazaki), inondations,
fuites, etc .
C'est la faille majeure de la sûreté nucléaire
française, qui, du reste, est un mythe, comme je le montre
dans mon livre, "L'insécurité nucléaire"
(éditions Yves Michel). Certes, le risque sismique est
moindre qu'au Japon, mais il existe, et la résistance de
nos centrales nucléaires est loin d'être aussi forte
que les nippones.
[Lire: Sûreté
des réacteurs:
- Des
principes à la réalité
- Le
rapport Tanguy (synthèse
sur la sûreté nucléaire à EDF en 1989)
- Extrait
1, extrait
2 et extrait
3 (en Realaudio 33
Kb) de "L'erreur humaine" sur Radio Lucrèce
(Roger Belbéoch 3/3/90)]
Qu'en est-il des risques d'attentats, et autres actions malveillantes ?
SL - Il existe
plusieurs possibilités : Dans le cas
d'un crash-suicide par un avion préalablement
détourné sur le réacteur d'une centrale,
on ne peut rien contre ça. L'armée avait déployé
des batteries de missiles antiaériens à La Hague,
mais les a retirées depuis. On nous assure que des chasseurs
Mirage pourraient intervenir en quelques minutes le cas échéant,
mais que feraient-ils ? Abattre un avion civil rempli de passagers
innocents ? En Allemagne, par exemple, la Cour Constitutionnelle
a interdit cette solution.
Ensuite, une entrée par effraction via un commando armé.
Des membres de diverses associations écologistes et/ou
anti-nucléaires ont prouvé à plusieurs reprises
que c'était possible. Et eux n'avaient pas de mauvaises
intentions. Il faudrait placer des soldats armés en permanence autour
de toutes les centrales, ce qui paraît compliqué.
Enfin, une attaque contre un convoi de transport de matériel
nucléaire (des déchets, du plutonium ou autres).
Des malfrats s'attaquent aux convoyeurs de fond à coups
de lance-roquettes, je pense donc que cette hypothèse est
loin d'être ridicule pour un groupe terroriste suffisamment
motivé.
Le 29 septembre 2003, notre Réseau a réussi à
stopper pacifiquement un convoi à la gare de Bordeaux,
cela montre que c'est réalisable. Bref, il existe de grandes
chances que si un attentat se produise, cela occasionne de gros
dégâts.
Libération, 17/7/2007:
Le séisme qui a frappé hier le Japon a provoqué un début d'incendie dans une centrale nucléaire · Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau «Sortir du nucléaire», prétend que la France ne serait pas à l'abri d'un tel risque.
- La carte des zones sismiques en France
Les centrales EDF ne sont d'après
vous pas adaptées au risque sismique français. Pourquoi
?
Les centrales ne sont pas aux normes tout simplement parce qu'EDF
refuse de payer pour les travaux de mise à niveau, quitte
à falsifier les données sismiques pour se couvrir.
Le budget nécessaire serait, d'après les documents
que nous avons obtenu chez EDF, de 1,9 milliards d'euros. Pour
la seule centrale de Fessenheim, par exemple, il faudrait investir
200 millions d'euros par réacteur. Or, dans des documents
internes que nous nous sommes procurés, EDF explique clairement
qu'il est hors de question de payer ces sommes. Il y est écrit
noir sur blanc les intentions d'EDF de faire du lobbying «au
plus haut niveau de l'Autorité de sûreté»,
ce qui passe par la recherche d'experts complaisants. Ce sont
des manipulations grossières.
Les documents sur lesquels vous fondez vos
accusations à l'encontre d'EDF datent de 2003. Qu'en est-il
aujourd'hui ?
Nos accusations sont toujours d'actualité, puisque les
travaux correspondants n'ont pas été faits. La situation
est même pire puisque depuis les centrales ont encore vieilli.
Que répond EDF à vos accusations?
Officiellement, ils se contentent de dire: «Nos centrales
sont conçues pour résister». Ils communiquent
le moins possible en attendant que l'actualité passe à
autre chose, c'est la politique du silence. Mais, alors que les
accusations que nous portons contre eux sont graves, ils ne nous
ont jamais attaqués pour diffamation. Ce qui veut bien
dire quelque chose.
Quels seraient les risques ?
Le problème, c'est qu'il n'y a à l'heure actuelle
pas de prise en compte des risques cumulés que peut provoquer
un séisme. Or, on peut imaginer qu'il y ait en même
temps un incendie, une rupture des canalisations des systèmes
de refroidissement, des morts parmi les employés, etc.
Mais la politique actuelle c'est de dire: tant que tout va bien,
tout va bien. Un peu comme dans une voiture: on ne se pose pas
vraiment la question de savoir si les airbags marchent jusqu'au
jour où on a un accident.
Quelles sont, selon vous, les centrales
qui présentent le plus de menaces ?
Fessenheim et Bugey présentent des risques car ce sont
les plus anciennes, et les travaux y sont quasiment irréalisables,
puisqu'il faudrait renforcer la plate-forme en elle-même.
Chinon et Civaux sont aussi dangereuses dans la mesure où
elles se situent dans la nouvelle zone sismique réévaluée
par le ministère de l'écologie fin 2005.
Quelles mesures faudrait-il alors prendre
pour ces centrales ?
Si on veut éviter un nouveau Tchernobyl, la seule mesure
raisonnable serait de les fermer. Sinon on peut toujours espérer
que le séisme se produira dans 2000 ans et pas dans une
semaine, et avec un épicentre éloigné, comme
cela a été le cas hier au Japon.
16/7/2007 - Les centrales nucléaires françaises ne sont pas adaptées aux tremblements de terre, affirme le réseau Sortir du Nucléaire, qui accuse EDF de falsifier des données à ce sujet. Le puissant séisme qui a secoué lundi le nord-ouest du Japon "illustre le danger qui menace la France", où "les réacteurs nucléaires ne sont pas adaptés au risque sismique", écrit dans un communiqué le collectif, qui réunit plus de 800 associations. Le tremblement de terre au Japon, qui a fait trois morts et un demi-millier de blessés, a provoqué un incendie limité dans la centrale nucléaire de Kashiwazaki Kariwa, la plus grande du monde. La secousse mesurait 6,8 sur l'échelle de Richter. Sortir du Nucléaire estime à 42 sur 58 le nombre de réacteurs menacés en France et accuse EDF ne refuser de payer "les deux milliards d'euros de travaux nécessaires" pour les protéger du risque sismique. "EDF a falsifié des données sismiques afin de s'éviter des travaux onéreux... et pourtant indispensables pour la sûreté des centrales nucléaires", déclare l'organisation, qui site notamment les centrales de Chinon (Indre-et-Loire), Belleville (Cher) et Blayais (Gironde). "Faut-il attendre un 'Tchernobyl français' pour que les mesures qui s'imposent (fermeture des réacteurs nucléaires) soient enfin prises ?", s'interrogent les auteurs du communiqué.
16/7/2007 - Les centrales nucléaires sont conçues pour résister à des séismes bien plus importants que le maximum envisageable, souligne Philippe Pradel, directeur de l'Energie nucléaire au Commissariat à l'énergie atomique (CEA), interrogé après le séisme survenu au Japon.
Q - Le Japon est situé dans une zone
à très forte activité sismique: est-ce bien
raisonnable d'avoir dans ce pays 55 réacteurs nucléaires
?
R - C'est vrai qu'il y beaucoup de
tremblements de terre au Japon mais d'un autre côté
il y a un dimensionnement de conception des centrales nucléaires
qui est à un niveau très élevé. Les
installations sont conçues pour s'arrêter. C'est
la première barrière mais il y a des défenses
en profondeur bien plus importantes. Les structures résistent.
Les terrains sont choisis. On ne construit pas n'importe où
au Japon.
Q - Quels sont les risques encourus pour
une centrale nucléaire en cas de séisme ?
R - Il y a d'abord le fait d'être
connecté à un réseau électrique qui
pourrait défaillir. C'est la raison pour laquelle, systématiquement
au delà d'un certain niveau les centrales s'arrêtent
automatiquement. Au delà, il y a le problème de
la tenue générale des structures et des équipements
qui est prise en compte dès le dimensionnement à
partir d'une analyse historique de tous les séismes connus.
On prend des marges par rapport au maximum vraisemblable et on
calcule de façon fiable les installations pour résister
à un séisme bien plus important que le plus haut
jamais enregistré dans la région. Ensuite, on teste
les structures aux vibrations sismiques afin de vérifier
leur comportement.
Q - En France, le réseau Sortir du
nucléaire estime depuis 2003 que les réacteurs nucléaires
d'EDF ne sont pas adaptés au risque sismique et qu'EDF
veut éviter d'engager des travaux pour remettre à
niveau ses centrales. Qu'en pensez-vous?
R - Les allégations de Sortir
du nucléaire sont fausses. Les centrales sont dimensionnées
depuis l'origine. En France, c'est exactement la même démarche
qu'au Japon. Il y a une analyse historique de tous les séismes,
une définition du séisme maximum vraisemblable et
un dimensionnement des centrales à un niveau beaucoup plus
élevé. Il s'agit de sollicitations au moins deux
fois plus fortes que le maximum vraisemblable. C'est une marge
considérable. La France est soumise à très
peu de séismes mais même dans les régions
qui n'ont jamais connu de séismes, comme par exemple le
bassin parisien, les installations sont dimensionnées pour
un séisme minimum qui est néanmoins très
important.
24/11/2005 - La nouvelle carte de France du risque sismique (PDF), publiée cette semaine par le ministère de l'Ecologie, repose la question de la sûreté des centrales nucléaires, estime jeudi le Réseau Sortir du nucléaire (voir: Séisme sur les centrales nucléaires - 42 réacteurs sur 58 menacés !).
Cette carte "repose la question des centrales nucléaires en général et de celle de Chinon (Indre-et-Loire) en particulier", écrit dans un communiqué le réseau anti-nucléaire (voir: Séisme sur la centrale nucléaire de Chinon, au coeur d'une affaire de falsification).
Publiée lundi, la carte fait apparaître des zones où le risque sismique était jusqu'à présent largement sous-estimé, notamment une grande région centre-ouest axée autour de la Vendée, le Jura et le département du Nord.
"On découvre subitement que la centrale de Chinon est dans une zone +où le risque sismique était jusqu'ici largement sous-estimé+", selon le réseau associatif, qui rappelle que les chiffres retenus par EDF pour l'évaluation du risque sismique "sont fortement contestés" par des experts officiels, notamment ceux de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
Le Réseau Sortir du nucléaire demande "une commission d'enquête composée d'experts internationaux indépendants", et la fermeture conservatoire immédiate des centrales de Chinon, Civaux (Vienne), Bugey (Ain), et Fessenheim (Haut-Rhin), "les plus menacées par le risque sismique", ainsi que "la fermeture conservatoire des centrales du Blayais (Gironde), Paluel et Penly (Seine-Maritime), et Flamanville (Manche), menacées par le risque Tsunami".
Dernières Nouvelles d'Alsace, 18/12/2004 :
La terre a de nouveau tremblé dans notre région. Le Comité pour la sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin (CSFR), en tant qu'association siégeant à la Commission de surveillance de la centrale nucléaire de Fessenheim, et sous la plume de son secrétaire général, Jean-Jacques Rettig, apporte son éclairage attentif quant aux problèmes de sécurité de la centrale face aux tremblements de terre.
Les deux réacteurs sont construits sur
une plate-forme située plus bas que la ligne d'eau du canal.
En cas de séisme, la digue de ce canal peut être
détruite ou fortement endommagée, permettant ainsi
l'inondation du site. A la centrale du Blayais, en Gironde, lors
de la tempête de décembre 1999, une telle situation
a failli conduire à l'accident nucléaire majeur.
La centrale nucléaire de Fessenheim est construite sur
une faille active.
Pour un séisme il y a toujours quatre inconnues :
- on ne peut prévoir quand il aura lieu ;
- ni où se situera son épicentre ;
- ni de quelle profondeur partiront les phénomènes
sismiques ;
- ni de quelle magnitude sera le séisme.
Nous sommes en possession de documents d'EDF, dont des courriels
entre responsables de la branche nucléaire. Il y est question
des divergences entre l'IRSN (Institut de radioprotection et de
sûreté nucléaire) et EDF, à propos
de la non-conformité de dix sites nucléaires (tout
spécialement Bugey et Fessenheim) à la Règle
fondamentale de sûreté face à l'aléa
sismique.
Les risques
En voici quelques extraits :
- « Des menaces très
importantes apparaissent notamment sur les réacteurs de
Bugey et de Fessenheim... ».
- « Pour l'ensemble des paliers, dans l'hypothèse
où les spectres de l'IRSN nous seraient imposés,
le coût des études et modifications, hors indisponibilité
d'exploitation, a été estimé à 1 900
millions d'euros ».
- « Deux dossiers importants concernent le séisme
: souplesse planchers BAS/BL, séisme événement,
tenue de la SDM ».
- « BERSSIN (service de l'IRSN) a clairement pointé
les écarts expliquant les différences entre les
spectres EDF et IRSN selon nouvelle RFS (Règle fondamentale
de sûreté) : en résumé, cela concerne
soit la méthodologie d'application de la RFS, soit l'interprétation
des cartes sismotectoniques (nous n'avons pas les mêmes)
».
- « Ecarts pour Fessenheim : EDF : 0,13 g ; IRSN : 0,28
g ».
- « Considérant
de plus qu'il y a une conception ancienne, peu robuste ou même
partielle pour Fessenheim, le risque est très fort pour
les deux sites » (Bugey et Fessenheim).
- « Nous savions que la menace planait ».
- « Il faut mobiliser stratégiquement au-dessus des
experts pour lever la contrainte ».
- « Il faut trouver une échappatoire à cette
menace. Dans la démarche projetée, c'est une étude
d'impact qui doit définir jusqu'où il serait acceptable
industriellement de réévaluer le séisme.
Et donc de déroger, pour certains sites (ex : CPO), à
l'application de la Règle fondamentale de sûreté
».
- « Une position ferme d'industriel est à défendre
».
- Les travaux de mise en conformité de Fessenheim, avec
la Règle fondamentale de sûreté, face aux
risques sismiques reviendraient, selon les propres calculs d'EDF,
à « 200 millions d'euros par tranche » (un
réacteur), donc à 400 millions d'euros pour les
deux, hors pertes par indisponibilité d'exploitation.
Raisons financières
EDF cherche à fuir ses responsabilités
pour des raisons financières, alors qu'elle mène
une politique agressive de rachat d'entreprises à l'étranger.
Dans ce bras de fer entre
EDF et l'IRSN, les populations de la région sont prises
en otages. Si on additionne tous les autres points faibles et
à risques de cette installation nucléaire, qui travaille
et travaillera dans les années à venir à
perte, tout en faisant planer d'énormes dangers sur nous
tous, il y a urgence à arrêter les frais et à
fermer définitivement les deux réacteurs.
Cela ne fera même pas 3 % de la production électrique
française en moins.
L'alternative est parfaitement possible et la reconversion économique
de Fessenheim et alentours peut être réalisée
en très peu de temps..., sans départ d'EDF de la
commune de Fessenheim.
Il faut agir, Mesdames et Messieurs les politiques, avant qu'il
ne soit trop tard. Ce n'est pas qu'à Paris mais également
à Strasbourg, Colmar, Mulhouse... qu'il s'agit de décider
du sort de notre région et de ses habitants..., même
quand il est question de nucléaire.
Nous ne voulons pas être les « Malgré nous
» d'une industrie dangereuse et archaïque.
J.J.R.
Dernières Nouvelles d'Alsace du 15/10/03:
Les géologues Denise Nury et Jacques
Muller ont dressé un tableau peu idyllique du nucléaire
dans l'Est de la France.
La centrale nucléaire de Fessenheim
ne serait pas au meilleur emplacement en cas de problèmes
sismiques. Les normes de sécurité ne seraient pas
à la hauteur du danger. Le stockage des déchets
ultimes et hautement toxiques reste problématique. La conférence
animée par deux géologues à Colmar a donné
froid dans le dos.
Le tableau brossé est sombre. Le constat est sans complaisance.
L'avenir ne serait pas radieux. Invités à l'IUT
de Colmar afin de s'exprimer sur le « nucléaire et
les risques sismiques dans l'Est de la France » par les
organisations siégeant à la commission locale de
surveillance de Fessenheim, les deux conférenciers n'ont
pas mâché leurs mots pour dénoncer avec vigueur
l'hérésie de la production d'énergie par
le nucléaire. Denise Nury, géologue docteur ès
sciences de l'université d'Aix-Marseille, maître
de conférence honoraire à l'IUFM d'Aix-Marseille
et Jacques Muller, géologue docteur ès sciences
des universités de Bordeaux et de Neuchâtel, directeur
de recherche honoraire au CNRS ont présenté les
dangers que la centrale nucléaire de Fessenheim pouvait
faire encourir à la population en cas de séisme.
Le site est en effet placé sur une faille active du fossé
tectonique alsacien. « Aucun politique, ni aucun ingénieur
n'a pensé à faire des recherches sur les failles
avant la construction de la centrale alors que des cartes répertoriant
celles-ci sont disponibles depuis un siècle... »,
a assuré Jacques Muller. « Lors des révisions
décennales sur les problèmes sismiques, une étude
supplémentaire par un cabinet indépendant a été
demandé par la commission locale de surveillance. Cette
proposition a été rejetée par... EDF et la
DRIRE. Une commande a néanmoins été passée
avec le conseil général », a expliqué
Jean-Paul Lacote d'Alsace Nature. La DRIRE aurait néanmoins
donné son accord depuis. EDF a aussi depuis peu l'obligation
d'instaurer de nouvelles normes de sécurité en matière
sismique. Celles-ci auraient un coût de l'ordre de 400 millions
d'euros pour le site de Fessenheim. Un document de 11 pages émanant
d'un courrier interne d'EDF a d'ailleurs été distribué
à l'assemblée.
Scénario catastrophe...
Les normes de protection pour les centrales nucléaires
retiennent le séisme ayant la plus grande intensité
jamais atteinte à leur proximité. A Fessenheim,
la référence est donc celle du séisme historique
de Bâle de 1356. Celui-ci avait atteint une intensité
de IX et une magnitude évaluée à 7,4. D'après
les conférenciers, le site nucléaire étant
éloigné de plus de 30 kilomètres de cet épicentre,
la magnitude serait minorée d'un point. « Ce qui
est une hérésie totale puisque l'on ne sait pas,
ni où, ni quand le prochain séisme se déclenchera
et de quelle magnitude il sera ! » Et si le pire arrivait,
Jacques Muller a décrit un scénario catastrophe
:« Si le coeur tient, ce dont nous ne sommes même
pas sûrs, le réseau de refroidissement, le matériel
électronique, les conduites électriques, les systèmes
d'alerte seraient endommagés. On ne pourrait plus tenir
le coeur. » Que faire des déchets ultimes ?
Les géologues ont également étendu le débat
au problème du stockage des déchets ultimes et hautement
toxiques. Le futur site
de Bure, en Meuse, inquiète déjà les
spécialistes.« Le trou a même été
creusé avant le début des sondages et de l'établissement
du profil sismique... L'enfouissement n'est pas une bonne chose.
Car on ne sait pas gérer les déchets. Quand tout
sera devenu tellement radioactif et que l'on ne pourra plus accéder,
que fera-t-on ? », questionne Jacques Muller. Pour le géologue,
la solution la plus logique serait de « construire des bunkers
ultrasurveillés en surface afin de dissuader toutes vues
terroristes. Ce serait aussi la seule façon de nous mettre
en face de nos responsabilités et de faire arrêter
le nucléaire. » Arrêter le plus rapidement
possible le nucléaire est la solution préconisée
par les deux conférenciers mais pour cela, il faut des
énergies de substitution et une demande moins forte. «
Est-ce que chacun est prêt à perdre un peu de confort,
à faire des sacrifices ? Il y a encore beaucoup d'effort
pour faire évoluer les mentalités. » Vivien
Montag
PARIS, 26 juin 2003 - Les Verts ont affirmé jeudi que les risques sismiques étaient "sous-estimés" en France pour plus de dix centrales nucléaires, parlant de situation globalement "scandaleuse" et estimant qu'il s'agit du problème "le plus grave" du nucléaire français depuis 20 ans.
Jean-Pierre Dufour, physicien nucléaire, directeur de recherche au CNRS et vice-président (Verts) du conseil régional d'Aquitaine, a demandé au cours d'une conférence de presse au siège des Verts que l'exploitation de ces centrales soit temporairement suspendue afin que l'on procède à une analyse précise de leur situation.
Il a cité particulièrement la centrale du Blayais, construite sur le marais à 45 km de Bordeaux, celle de Cadarache (Bouches-du-Rhône), selon lui sur un site sismique reconnu, et celle de Fessenheim (Haut-Rhin).
Ces centrales, construites pour supporter jusqu'à une intensité de 8 (dégâts importants, fissures dans les murs) sur l'échelle EMS (qui mesure les effets au sol), sont fragilisées par leur présence sur des terrains mous tels qu'argiles, sables, graves ou vases, a-t-il estimé.
A la suite des tremblements de terre de Kobé (1995) et de San Francisco (1989), les scientifiques ont constaté que les "effets de sol" augmentent fortement les amplitudes d'oscillation (magnitude) et donc l'intensité du séisme qui peut croître de 2 ou 3 degrés.
Ainsi, selon M. Dufour, la secousse de 7 en 1972 à Oléron (à 75 km du Blayais) dépasserait largement dans la réalité l'intensité de 8. Les Verts estiment aussi que le site envisagé pour l'éventuelle construction du réacteur EPR (Réacteur européen à eau sous pression), en zone alluvionnaire, semble "non pertinent".
En outre, pour M. Dufour, "les risques naturels ont été sous-estimés" du fait de standards français moins appropriés que ceux de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique). Des séismes d'intensité 8 "ne peuvent être considérés comme des événements rares", estime-t-il.
Outre la suspension de l'exploitation de plusieurs centrales, les Verts demandent que les résultats des travaux des chercheurs de l'IRSN (Institut de radio-protection et de sûreté nucléaire) soient publiés et que soit remis à plat l'ensemble du dispositif de contrôle.
Cette semaine, s'appuyant sur un document de
l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN)
demandant à EDF de modifier à la hausse les données
prises en compte pour les risques de séisme pour plusieurs
sites, le réseau "Sortir du nucléaire" avait accusé
EDF d'avoir "falsifié des données" pour
éviter une mise aux normes onéreuse.
Communiqué de presse du jeudi 26 juin 2003:
Le Réseau « Sortir du nucléaire » écrit
au Président de la République
La Nouvelle République 25/6/03:
Les centrales nucléaires françaises, notamment celles du Centre-ouest, ne seraient pas aux normes antisismiques accuse un réseau écologiste. Chinon aurait même falsifié des documents : la direction dément.
Comme il l'avait fait à l'automne 2002 après le tremblement de terre en Italie, le réseau « Sortir du nucléaire » a proféré hier de nouvelles accusations contre le parc nucléaire français quelques semaines après le séisme qui a provoqué la mort de plus de deux mille Algériens. Cette fédération qui revendique l'adhésion de 650 associations et groupes écologistes et antinucléaires accuse en effet EDF d'avoir « falsifié des données » sur les séismes pour éviter une mise aux normes onéreuse de ses centrales. En 2002, elle avait déjà estimé que les systèmes de sécurité de onze centrales nucléaires françaises (dont celles du Centre-Ouest) « sont déficients et pourraient être inopérants en cas de séisme de très forte intensité ».
Cette fois-ci, « Sortir du nucléaire » estime que « EDF a falsifié des données sismologiques établies afin de s'éviter des travaux onéreux et pourtant indispensables pour la sûreté des centrales nucléaires ».
Données accablantes pour 32 réacteurs
Comme à chaque fois, le réseau anti-nucléaire s'appuie notamment sur des documents publiés ou diffusés sur son site internet par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), dirigée par André-Claude Lacoste. Les écologistes assurent que ces informations sont « noyées parmi une foule de données banales ». En ce qui concerne l'accusation d'aujourd'hui, elle est extraite d'un document de quatre pages, publié le 17 juin sur le site du « gendarme du nucléaire » qui demande à EDF de revoir à la hausse les données prises en compte pour les risques de séisme.
« L'ASN demande à EDF de retenir pour certains sites les hypothèses avancées par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) conduisant au final à retenir des spectres sismiques plus sévères. L'ASN demande à EDF de modifier en conséquence les études sismiques de plusieurs sites », écrit l'Autorité de sûreté.
Selon « Sortir du nucléaire », ces « données accablantes concernent 32 des 58 réacteurs » en service dans les centrales nucléaires françaises parmi lesquels ceux de Chinon (Indre-et-Loire), Belleville (Cher), Saint-Laurent (Loir-et-Cher), Dampierre (Loiret), Blayais (Gironde), Bugey (Ain), et Fessenheim (Haut-Rhin) sont à ses yeux « les plus en danger ».
Mais l'accusation la plus sévère concerne la centrale tourangelle qui aurait, selon les affirmations de « Sortir du nucléaire » « baissé d'office la valeur de l'intensité des séismes de référence : il s'agit là d'une falsification aussi incroyable que grossière [&] Incroyablement, le directeur de l'ASN laisse à EDF jusqu'au 31 juillet 2003 pour remédier à cette situation. »
Contactées par « La Nouvelle République », les directions des CPN concernés ont accueilli sans émotion ces « révélations ». Selon elles, il s'agit d'un problème de séisme de référence et de l'évolution technologique des instruments de mesure. Car depuis 1997, la France est la seule à vérifier périodiquement la conformité des installations nucléaires : ces contrôles, de plus en plus précis, permettent une appréciation maximaliste des règles fondamentales de sécurité. Au vu d'études récentes, l'Autorité a été amenée, le 2 juin, à durcir la réglementation dans le domaine de la résistance des centrales au risque sismique. C'est à partir de ces demandes exigeant d'EDF l'application de nouvelles normes, que « Sortir du nucléaire » a formulé ses accusations.
En conclusion, le réseau écologiste
exige la fermeture administrative des sites « dangereux
» et rappelle que « quinze réacteurs nucléaires
sont actuellement fermés au Japon, suite à des falsifications
de documents concernant la sécurité : ce qui est
possible au Japon doit aussi l'être en France ».
Communiqué de presse du Réseau
Sortir du Nucléaire du lundi 23 juin 2003
Séismes et centrales nucléaires : la vérité
éclate.
EDF a falsifié des données sismologiques
DERNIERES NOUVELLES D'ALSACE, 6/6/03:
Le séisme du 22 février dernier n'a pas affecté la centrale nucléaire de Fessenheim. Mais un réexamen de sûreté va être engagé et des mesures nouvelles pourraient être prises pour renforcer sa résistance aux secousses.
La terre a tremblé, la centrale a résisté.
Selon EDF, l'important séisme qui a secoué la région,
le 22 février, d'une magnitude locale de 5,8, a certes
été ressenti par les opérateurs qui travaillaient
ce soir-là en salle de conduite du site nucléaire,
situé à environ 90 km de l'épicentre, mais
les instruments qui mesurent les accélérations sont
restés muets, le seuil de captation fixé n'ayant
pas été atteint.
L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire
(IRSN) l'a confirmé hier devant la commission locale de
surveillance, réunie à Colmar : « Il n'y a
eu déclenchement ni des alarmes, ni des enregistrements
», a indiqué Jean-Mathieu Rambach, relevant cependant
que « les seuls enregistrements consécutifs au séisme
sont ceux des accélérographes de crête situés
sur le dôme du bâtiment du réacteur numéro
2 ». Mais il s'agissait d'instruments isolés et indépendants
des déclencheurs de sécurité. « En
plus de vingt ans d'exploitation, les installations de Fessenheim
ont subi sans dommage deux séismes », avec celui
de Sierentz, en 1980, a fait observer l'ingénieur. Les
vérifications menées par EDF n'ont rien révélé
d'anormal. Les appareils de mesure des vibrations dues au séisme
se sont révélés en parfait état de
marche. Les tranches, en particulier les pompes du circuit primaire
de cette centrale équipée de deux réacteurs
à eau sous pression, n'ont pas subi de dommages. La recherche
de fuites sur la digue du grand canal d'Alsace, placée
sous surveillance renforcée, n'a rien donné. La
centrale alsacienne a donc continué à fonctionner
à plein régime.
3 visites décennales en 2004 et 2005
Depuis sa mise en service en 1978, Fessenheim,
de conception parasismique, a fait l'objet de plusieurs réexamens
de sa sûreté et, à la lumière de l'évolution
des normes et données scientifiques, des travaux ont été
menés pour renforcer la tenue de certains matériels
et structures. Une nouvelle vérification de l'adéquation
de la résistance des installations aux secousses va être
engagée, en vue des troisièmes visites décennales
- véritable check-up de la centrale - prévues en
2004 et 2005. Elle se fera sur la base de nouvelles règles
de sûreté, formulées en 2001, et à
l'aide de modélisations plus détaillées de
la résistance des équipements. L'IRSN a rappelé
hier qu'il importait « de bien identifier les séismes
susceptibles de produire des effets ». Une note rédigée
en mars dernier souligne qu'il faut notamment « définir
les séismes de référence à prendre
en compte pour dimensionner » une installation nucléaire,
dès sa conception et durant son exploitation.
Or, devant la commission locale de surveillance, hier, un expert
de l'Institut de physique du globe de Strasbourg, Michel Granet,
a souligné« la grande méconnaissance de l'historicité
du phénomène sismique. Notre connaissance, limitée
aux 1 000 dernières années, est insuffisante ».
Dans un fossé rhénan où « le risque
d'occurrence d'un séisme potentiellement destructeur est
réel », rien ne dit qu'un séisme d'une intensité
inédite (inconnue) ne se produira pas demain. La centrale
de Fessenheim y résisterait-elle ? Inquiets, les Verts
dénoncent « les pratiques scandaleuses par lesquelles
EDF cherche à mégoter sur la sécurité
de ses vieilles centrales finissantes ». Dénonçant
« un lobbying » qui n'a « cure des sérieux
risques sismiques établis par les experts », ils
reprochent à l'exploitant de « privilégier
coûte que coûte la production contre les impératifs
de sécurité. »
Nathalie Chifflet
- EDF fait enterrer un rapport alarmiste
Communiqué du Réseau «
Sortir du nucléaire » du 10 mai 2003 :
Nucléaire : les séismes
priés d'attendre juin 2005 !
En novembre dernier, le Réseau «
Sortir du nucléaire » mettait en lumière la
non conformité de 34 réacteurs nucléaires
français sur 58 par rapport au risque sismique.
Six mois plus tard, le 6 mai 2003, l'Autorité de sûreté
nucléaire fait enfin connaître ses conclusions concernant
une des causes de danger : la non conformité des ponts
mobiles qui risquent tout simplement de s'effondrer
sur les équipements du système de contrôle
et d'arrêt d'urgence des réacteurs !
Les travaux de remise à niveau, pourtant reconnus nécessaires,
devront être faits pour octobre 2004 pour les centrales
nucléaires de Paluel, Flamanville, Belleville, Nogent et
Cattenom, et même juin 2005 pour les centrales nucléaires
de Golfech et Penly !
On peut donc en déduire que les séismes sont priés
de ne pas se manifester en France avant juin 2005 !
La préparation de la privatisation d'EDF est d'ores et
déjà la cause de restrictions budgétaires
irresponsables de la part d'EDF et, fait incroyable, couvertes
par l'Autorité de sûreté nucléaire.
celle-ci, faut-il le rappeler, n'est pas indépendante et
est principalement sous la tutelle du très pro-nucléaire
ministère de l'industrie.
Le Réseau "Sortir du nucléaire" dénonce
cette mise en danger délibérée de la population
française et même européenne.
Contact : Stéphane Lhomme 06.64.10.03.33
Document consultable sur le site web de l'Autorité
de sûreté nucléaire :
www.asn.gouv.fr/data/information/19_2003_ni268.asp
Réseau "Sortir du nucléaire":
- 34 réacteurs nucléaires
français hors normes !
- 34 réacteurs hors normes
suite...
- Le Réseau Sortir du Nucléaire
exige la fermeture DEFINITIVE du site de Cadarache MAINTENANT
- « Sûreté
nucléaire » : le grand bluff !
L'Autorité de sûreté nucléaire:
- Le point sur la situation
Le Figaro 05 novembre 2002:
- Tremblements de terre : polémique sur la résistance
des centrales
- Du plutonium sur une faille géologique (voir: Risque
sismique à Cadarache)
Libération 03 novembre 02:
- Des écologistes s'inquiètent du nucléaire
en cas de séisme
BATIACTU, 4/11/2002:
Le tremblement de terre en Italie a réveillé les vieilles craintes d'un séisme de grande ampleur en France. Onze centrales nucléaires ne seraient pas sécurisées.
Le séisme du jeudi 31 octobre en Italie, à San Giuliano di Puglia, a coûté la vie à 29 personnes, dont 26 enfants d'une même classe, dont l'école s'est effondrée. Ce triste bilan, dont les raisons n'ont pas encore été définies, malgré l'arrivée samedi d'une équipe d'enquêteurs, a ramené sur le devant de la scène le débat sur la sécurité nationale en cas de tremblement de terre.
L'ONG "Sortir du nucléaire" a indiqué dans un communiqué, le 3 novembre, que les systèmes de sécurité de onze centrales nucléaires françaises, soit pour 34 des 58 réacteurs nucléaires du territoire, sont déficients, et pourrait être inopérants en cas de séisme. L'association indique tenir ces informations de l'Autorité de Sûreté nucléaire elle-même, qui les aurait fait paraître en octobre, mais " noyées parmi une foule de données banales dans le site Internet de l'Autorité. Elles sont pourtant d'un importance exceptionnelle pour la sécurité des populations ".
L'association distingue deux situations. Dans la première, ce sont sept centrales dont le système de refroidissement des réacteurs ne serait plus assuré : Le Blayais, Chinon, Dampierre, Saint-Laurent, Tricastin, Fessenheim et Bugey. Dans la deuxième, des " anomalies pourraient rendre le système de commande à distance inopérant ", en particulier en cas de séisme, dans les centrales de Cattenom, Flamanville, Golfech et Saint-Alban. Pour l'association, de telles déficiences pourraient conduire à une catastrophe, si l'épicentre se trouvait à proximité d'une centrale. Cependant, la carte de la répartition de ces centrales à risques, rapprochée à celle de l'activité sismique en France réduit les dangers. Néanmoins, les centrales de Flamanville, Bugey, Tricastin, Fessenheim et Saint-Alban se trouvent bien dans des zones sismiques.
Pour la protection des " ouvrages à risque spécial ", comme les centrales nucléaires ou les barrages, la France s'est doté d'un ensemble de mesures législatives contraignantes. A la traîne pendant les années 1960, elle a rattrapé son retard grâce à l'ensemble de lois votées en 1992, et qui forment la législation parasismique dite P.S. 92.
Ces lois concernent les constructions très récentes car les normes ne sont appliquées pour les ouvrages recevant du public que depuis 1982 et pour les habitations individuelles que depuis 1994. Or, le renouvellement des habitations se fait en moyenne au rythme de 1% par an. Il faut donc 100 ans pour renouveler toutes les habitations du pays. Il est donc nécessaire de renforcer les ouvrages construits avant l'établissement des règles parasismiques. Les installations nucléaires sont quant à elles soumises à la règle fondamentales de Sûreté de 1981, régie par la Direction de la Sûreté des Installations Nucléaires et par l'Autorité de tutelle. Mais si les textes sont précis et contraignants, ils n'ont de valeur que s'ils sont appliqués, remarque le réseau Sortir du nucléaire.
" Il est avéré qu'aucune mesure efficace ne peut être mise en oeuvre en cas de catastrophe nucléaire. Nous avons donc eu de la chance depuis 20 ans, mais la sécurité des populations ne doit pas dépendre du hasard ", ajoute le réseau, qui demande en conséquence la fermeture de ces onze sites.
Pour lire les textes de l'Autorité de
Sûreté Nucléaire:
www.asn.gouv.fr/data/evenement/44_2002_ano.asp
www.asn.gouv.fr/data/evenement/39_2002_ano1.asp
Pour lire le communiqué:
www.sortirdunucleaire.org/novembre2002/cp031102.htm
Aymeric Staub
PARIS 4/11/02 - Dans onze centrales nucléaires françaises, des défauts pourraient menacer la sécurité des réacteurs en cas de tremblement de terre, a-t-on appris lundi sur le site internet de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
L'ASN, organisme gouvernemental chargé de contrôler la sécurité nucléaire en France, rapporte sur son site que dans sept centrales -Blayais, Chinon, Dampierre, Saint-Laurent, Tricastin, Fessenheim et Bugey- le refroidissement des réacteurs "pourrait ne plus être assuré" en cas de fort séisme, à cause de défauts des systèmes de sécurité. L'ASN ne donne toutefois aucune indication sur la magnitude préliminaire d'un tel tremblement de terre.
Pour quatre autres centrales -Cattenom, Flamanville, Golfech et Saint-Alban- ce sont des "robinets importants pour la sûreté" qui sont déclaré non-conformes: "des anomalies pourraient rendre le système de commande à distance inopérant en cas de séisme", peut-on lire sur le site de l'ASN.
Dans un communiqué daté de samedi, le réseau d'associations "Sortir du nucléaire" dénonce "l'incroyable discrétion à laquelle sont soumises ces informations" publiées sur internet les 3 et 28 octobre, et "noyées parmi une foule de données banales".
Pour l'organisation, les "onze centrales
nucléaires concernées doivent être immédiatement
fermées". Elles regroupent 34 des 58 réacteurs nucléaires français,
rappelle "Sortir du nucléaire".
VALENCE, 4 nov 02 - La centrale nucléaire du Tricastin dans la Drôme a confirmé lundi que des travaux seraient engagés dans les mois qui viennent, afin de restaurer la tenue au séisme de très forte intensité, après les informations publiées par le réseau "sortir du nucléaire".
"La centrale du Tricastin est en train de planifier ces travaux de remise en conformité" et "cette planification fera l'objet d'un engagement auprès de l'autorité de sûreté nucléaire (ASN)", a déclaré le directeur délégué de la centrale, Bernard Vincent.
Le réseau "sortir du nucléaire", citant des informations de l'ASN, a affirmé dimanche que les systèmes de sécurité de onze centrales nucléaires françaises, regroupant 34 réacteurs, étaient "déficients et pourraient être inopérants en cas de séisme".
L'ASN a confirmé lundi, dans un communiqué reçu par l'AFP, qu'une dizaine d'anomalies, sur les aspects touchant à la résistance des installations aux séismes, avaient été détectées. Ces anomalies ont été classées de niveau 1 sur l'échelle [médiatique] INES des incidents nucléaires (qui compte sept niveaux).
La plupart des mesures demandées par l'ASN pour mettre les centrales en conformité ont d'ores et déjà été appliquées par EDF.
BORDEAUX, 4 nov 02 - Les Verts de Gironde ont demandé lundi la fermeture de la centrale nucléaire du Blayais dont le système de sûreté, pourrait s'avérer déficient en cas de séisme, selon des informations extraites par l'association "sortir du nucléaire" du site Internet de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
"Les Verts Gironde considèrent que cette centrale nucléaire continue de cumuler trop de risque pour toutes les populations environnantes", affirme un communiqué publié lundi.
De son côté, Michel Maschi, le directeur de la centrale s'est efforcé de rassurer la population en multipliant les interventions sur les radios et télévisions locales.
"La centrale du Blayais comme toutes les centrales est conçue pour résister à un séisme le plus fort observé depuis mille ans, à savoir le 10 août 1759 dans et le 25 janvier 1899" a-t-il dit sans préciser l'intensité de ces deux séismes.
Reconnaissant que l'Autorité de sûreté nucléaire avait cependant émis un "doute" sur la capacité de l'installation à résister "à un séisme d'une intensité double" à ceux relevés depuis mille ans, M. Maschi a affirmé que, de ce fait, "des études avaient été lancées". "On va mettre en oeuvre des modifications pour pouvoir renforcer et dégager des marges supplémentaires", a-t-il dit.
TchernoBlaye
exige la fermeture administrative immédiate de la centrale
nucléaire du Blayais
PARIS, 4 nov 02 - Le porte-parole national des Verts Denis Baupin, a demandé lundi à la ministre de l'Ecologie Roselyne Bachelot de dire "la vérité sur la sûreté du parc nucléaire", après les informations publiées par le réseau "Sortir du nucléaire".Selon "Sortir du nucléaire", les systèmes de sécurité de onze centrales nucléaires françaises, regroupant 34 réacteurs, "sont déficients et pourraient être inopérants en cas de séisme".Dans un communiqué, Denis Baupin estime que "Sortir du nucléaire vient de jeter un pavé dans la mare nucléaire en révélant que les systèmes de sécurité de nombreuses centrales deviendraient inopérants en cas de séisme".Il s'étonne que "Roselyne Bachelot reste silencieuse". "Il lui revient, ajoute-t-il, de répondre à l'attente des Français qui veulent connaître la vérité sur la sûreté du parc nucléaire".