Réalisé par Emmanuel
Amara et Romain Icard. |
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Le Journal du Dimanche, 30 Mai 2010:
En Bourgogne, 235.000 tonnes de déchets
radioactifs sont entassées en pleine ville, à côté
du stade de Gueugnon. Une présence qui embarrasse Areva,
mis en cause.
Elles reposent sous terre, bien cachées à
l'abri des regards. Pas de traces, pas d'odeur; ni vu ni connu.
Officiellement, il n'y a rien à craindre ni à voir
à Gueugnon, juste ses forges bâties sous Louis XIV
et son club de football. A cinq minutes du centre-ville, au moins
235.000 tonnes de déchets radioactifs peuplent pourtant
le sous-sol de la cité bourguignonne, juste à côté
du stade Jean-Laville (14.000 places pour une population de 8.000
personnes). Le Football-Club de Gueugnon connut longtemps son
heure de gloire, trente-sept saisons en 2e division, une en 1ère
(1995-1996), plus une victoire en finale de la Coupe de la Ligue
en 2000. Le voici qui stagne aujourd'hui en 3e division et traîne
comme un boulet l'affaire du parking sud, sous lequel sont cachées
un dixième des 235.000 tonnes.
235.000 tonnes
de déchets
radioactifs reposent sous terre.
De 1955 à 1980, la ville héberge
une usine de traitement de minerais et de pré-concentrés
d'uranium appartenant à la Cogema (aujourd'hui Areva).
Quand l'usine ferme, les déchets sont jetés dans
des gravières et vaguement recouverts Les anciens se souviennent
de têtes de mort affichées aux abords et des consignes
données aux enfants de ne pas y aller. De maigres fils
de fer qui n'empêchent personne de passer sont installés,
les têtes de mort disparaissent avec le temps. Les habitants
viennent flâner sur les rives toutes proches de l'Arroux,
un affluent de la Loire. Des pêcheurs y taquinent le goujon,
la municipalité trace un parcours santé autour de
la zone de stockage...
Elus et habitants finissent par oublier la présence des
déchets au grand soulagement d'Areva. Jusqu'à l'apparition
d'une association locale, Vigilance pour l'Environnement de Gueugnon
(VPEG). Avec l'aide de la Criirad (Commission de recherche et
d'information indépendantes sur la radioactivité),
seul laboratoire français indépendant, VPEG convie
début 2009 une équipe de France 3 qui enquête
sur les sites de stockage français (51 millions de tonnes
de résidus d'extraction de l'uranium entreposées
dans 21 sites, selon la Criirad). Comme par enchantement, une
clôture métallique verte de 2 m de haut sort alors
de terre et vient enfin encadrer la zone de stockage. Mais juste
à côté, tout près du stade, un expert
de la Criirad mesure la radioactivité et s'écrie:
"Y en a partout! C'est l'horreur!" Au bord de
la rivière tant appréciée des pêcheurs,
le flux de rayonnement atteint 16.000 coups par seconde, soit
100 fois plus que la norme. Jusque-là, pendant trente ans,
les expertises commandées par Areva n'avaient jamais rien
relevé...
"Nettoyer en totalité aurait bloqué la
zone pendant un, peut-être deux ans"
L'une des zones les plus dangereuses se situe au niveau
du parking sud du stade. A l'été 2009, Areva entreprend
sa rénovation. "Ils ont proposé deux solutions,
explique Bernadette Lesme, présidente de VPEG. Nettoyage
total des déchets avec transfert vers le centre de stockage
d'à côté ou nettoyage partiel." Areva
s'engage à prendre en charge le coût des travaux,
700.000 euros pour la première solution, moitié
moins pour la seconde. "Aussi incroyable que cela paraisse,
quand Areva a logiquement exprimé sa préférence
pour la moins coûteuse, le maire a dit OK", s'étrangle
Roland Desbordes, le directeur de la Criirad.
C'est qu'il faut faire vite. En septembre, la ville accueille
le match France- Ukraine Espoirs. Et comme le reconnaît
Areva, jointe par le JDD, "nettoyer en totalité
aurait bloqué la zone pendant un, peut-être deux
ans". Dominique Lotte, le maire (PS) se défend:
"La commission locale d'information et de surveillance
avait validé la proposition du nettoyage partiel et je
me voyais mal demander à Areva de tout enlever. Pour en
faire quoi? Pour les refiler à qui?" En juillet
dernier, Areva entreprend donc les travaux. Une entreprise de
sous-traitance creuse la roche radioactive. Présent ces
jours-ci sur le chantier, un ouvrier laisse éclater sa
colère: "L'année dernière, on était
dans le trou à creuser! Deux heures après la fin
de ma journée de travail, à 80 km delà, mes
vêtements étaient toujours radioactifs. Le mal est
fait depuis cinquante ans! Toute cette merde qui est là"
Areva se défend en affirmant qu'aucun niveau élevé
de radioactivité n'a été observé sur
les ouvriers.
72.000 ans pour que la radioactivité des déchets
diminue de moitié
Ce qui n'est pas le cas du parking. En septembre 2009, des
tests montrent que sous l'effet du nouveau goudron répandu
sur le parking, la radioactivité a été multipliée
par deux! "Le numéro 1 mondial du nucléaire
qui nous dit en juin avoir trouvé la réponse pour
éviter les fuites radioactives et deux mois plus tard se
montre incapable de mesurer les effets du goudron sur les déchets"
raille Christine Bernard, chef de file de l'UMP locale. Areva
sort alors de son chapeau une autre solution miracle, une membrane
que des ouvriers sont en train de poser, ces jours-ci, sur les
2.500 m2 du parking. Promis juré, enfouie sous 20 cm de
gravats, celle-ci étouffera totalement les émanations
du radon 222, dont les propriétés cancérigènes
ont été reconnues par l'Organisation mondiale de
la santé. Le maire de Gueugnon y croit: "On essaie
de solutionner le problème à moyen terme. Sachant
que si les tests ne sont pas satisfaisants une fois les travaux
terminés, il n'y aura pas de parking."
A entendre Areva, l'élu qui, comme l'écrit Le
Journal de Saône-et-Loire, a en tête "derrière
le souci sanitaire de veiller à l'image de la ville",
peut enfin dormir tranquille. Il n'y aurait plus aucun souci avec
le nucléaire à Gueugnon: le centre de stockage est
propre, délimité et interdit au public; le parking
sera bientôt flambant neuf; les eaux de l'Arroux et les
poissons qui la peuplent sont blancs comme neige, tests scientifiques
à la clé. Ces mêmes tests qui n'avaient rien
relevé en trente ans...
Cet optimisme fait hurler les militants de Vigilance pour l'Environnement:
"On ne lâchera rien, prévient Bernadette
Lesme. Ils ont tenté de nous enfumer plusieurs fois, mais
on est toujours là." Le directeur de la Criirad
estime qu'il faudrait attendre 72.000 ans pour que la radioactivité
des déchets diminue de moitié. "Pour l'instant,
on manque de recul pour connaître les effets sur la santé
publique, mais à long terme les déchets vont évidemment
poser problème. La membrane va forcément se dégrader,
céder au niveau des soudures, souffrir des intempéries."
VPEG et la Criirad ont entamé une action en référé
et un recours en annulation devant le tribunal administratif de
Dijon. Avec l'espoir de voir le parking interdit d'accès
à la population, à défaut d'être jamais
vidé de ses déchets radioactifs.
Alexandre Duyck,
envoyé spécial à Gueugnon (Saône-et-Loire).
Lire:
- Le
Limousin radioactif
- Les atomes du Limousin...
- Les vaches pondent
des oeufs
Les poules ont des dents
Les déchets RADIOACTIFS
En LIMOUSIN et ailleurs
Sont SANS DANGER
Ou comment redire quelques vérités oubliées...
(document Word)
- Le gaz radioactif Radon: Une supercherie institutionnalisée pour
se refaire une virginité (document Word)
- La carte
des anciennes mines d'uranium publiée par l'IRSN et
les cartes de la CRIIRAD
La Montagne, 8/1/2010:
De l'eau du robinet
radioactive dans une commune de Haute-Vienne
13/2/2009 - L'émission de France 3 "Pièces à conviction", diffusée mercredi, a présenté "de façon calomnieuse" la gestion des anciens sites miniers français d'uranium par Areva, estime ce groupe."Le réaménagement et le suivi environnemental des anciennes mines sont effectués suivant une méthodologie rigoureuse et reconnue, tant par les autorités nationales qu'au niveau international", a affirmé Areva dans un communiqué. En France, l'extraction du minerai d'uranium s'est achevée en 2001, à la suite de l'épuisement des gisements, a précisé le groupe. L'uranium extrait provenait de 210 mines réparties sur l'ensemble du territoire et plus de la moitié de ces sites avaient été exploités par d'autres opérateurs qu'Areva (associations de collectivités, pétroliers, autres mineurs), a-t-il ajouté. Or, "l'Etat a confié à un seul acteur le réaménagement des anciens sites miniers d'uranium français", a souligné Areva, précisant avoir "assumé volontiers cette responsabilité parce qu'elle fait appel à sa connaissance reconnue de l'uranium naturel et à ses engagements en matière de responsabilité sociale".France 3 s'est félicité pour sa part d'avoir "ouvert un débat national sur les déchets d'uranium en France", avec cette émission suivie par plus de 3 millions de téléspectateurs. Areva avait saisi le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) à propos de cette émission, en faisant état d'un "magazine à charge" contre lui.
Le Monde, 12/2/2009:
Une enquête diffusée sur France 3 révèle des lacunes dans la gestion, par Areva, des résidus radioactifs
Avant même sa diffusion, mercredi 11 février, sur France 3, le magazine " Pièces à conviction " aura mis en émoi le monde du nucléaire. Intitulée Uranium, le scandale de la France contaminée, cette enquête décrit les lacunes entourant la gestion, par Areva, des 210 sites miniers d'uranium français, dont le dernier a fermé en 2001. Les 166 millions de tonnes de " stériles " (roches à trop faible teneur en uranium pour être exploitées), mais aussi les 50 millions de tonnes de résidus issus des usines d'extraction, stockés sur 17 sites miniers, constituent un héritage encombrant.
L'émission décrit des situations préoccupantes : utilisation de stériles radioactifs comme remblais dans des zones fréquentées par le public ; fuites dans l'environnement de radioéléments issus des résidus ; construction sur des zones " réhabilitées " de bâtiments qui se révèlent contaminés au radon, un gaz radioactif... Le documentaire s'interroge aussi sur l'état de santé des mineurs chargés de l'extraction des roches radioactives : les décès par cancer du poumon sont 40 % plus élevés que dans une population comparable, et ceux par cancer du rein deux fois plus nombreux.
COMPTEURS GEIGER
L'enquête s'appuie notamment sur le travail de fourmi de particuliers qui, armés de compteurs Geiger, arpentent les environs des anciennes mines pour identifier les zones où les stériles ont été réutilisés par des entrepreneurs de travaux publics. Elle s'est aussi beaucoup nourrie de l'expertise de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), un laboratoire de mesure indépendant.
Les associations ont obtenu quelques succès. Autour du site des Bois-Noirs (Loire et Allier), Areva a dû traiter plusieurs sites où des bâtiments, construits sur des remblais radioactifs, présentaient des taux de radon alarmants. Mais elles ont aussi perdu des batailles, comme en 2005, lorsque Areva, accusée de polluer l'environnement dans le Limousin, a été mise hors de cause par la justice.
Bruno Chareyron, directeur scientifique de la Criirad, est las de ce jeu du chat et de la souris. Il réclame une réglementation nationale fixant un niveau de risque résiduel acceptable. Il estime que, même s'il s'agit le plus souvent de " très faibles doses ", les méthodes de mesure et les seuils retenus par l'administration ne sont pas adéquats. Ses préconisations ? Informer le public de la présence de ces matières radioactives ; se donner les moyens de conserver sur le long terme les informations concernant les sites ; traiter ceux-ci, " sachant que leur responsable, Areva, est connu et solvable ".
Coïncidence ? Quelques jours avant la diffusion de " Pièces à conviction ", l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a mis en ligne une base de données sur les sites miniers incriminés. L'IRSN a aussi publié, lundi 9 février, un rapport sur les anciens sites miniers du Limousin. A partir de 1984, la Cogema (dénomination antérieure d'Areva) a mis en place un système visant à encadrer l'utilisation des stériles, interdisant leur usage dans les bâtiments. Cette démarche " pertinente ", note l'IRSN, présentait des limites : " Manque de précisions concernant certaines cessions, absence de vérification sur les lieux de réutilisation en particulier. " Pour la période antérieure, la situation est plus nébuleuse.
" Jusqu'à présent, nous n'avons pas trouvé de situation de danger immédiat ou majeur ", rassure André-Claude Lacoste, " patron " de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Il note que les résidus seront incorporés au prochain Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs. Quant aux stériles, ils constituent selon lui un problème " plus diffus ", pour lequel la " mémoire locale " devra être mise à contribution.
Pour sa part, Areva, qui avait saisi le Conseil supérieur de l'audiovisuel contre une émission supposée " à charge ", se défend de négliger ces questions. " On n'est pas dans le caché, dans le non-su ", assure Yves Dufour, porte-parole des activités minières du groupe. Il en veut pour preuve la mise en place, dans le Limousin, d'un groupe d'expertise pluraliste (GEP), qui étudie la situation depuis 2006.
Yves Marignac, directeur de Wise-Paris, un expert peu suspect de complaisance vis-à-vis du nucléaire, participe activement au GEP, et note que celui-ci constitue en effet une " première ". Mais pour les résidus, " il est encore trop tôt pour dire si nous pourrons dégager des solutions satisfaisantes à long terme pour ces sites, lorsque l'exploitant s'effacera ", dit-il.
11/2/09 - Le
ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo s'engage à veiller
à une meilleure sécurisation dans moins d'un an
des déchets de mine d'uranium abandonnés dans une
interview que France 3 devait diffuser mercredi soir, dans le
cadre de l'émission "Pièces à conviction".
"Je demande juste à Areva, qui m'apparaît responsable
clairement, juridiquement et entièrement, de faire son
boulot. Je demande d'avoir le rapport d'enquête", déclare
Jean-Louis Borloo à la journaliste Elise Lucet, qui venait
de lui présenter une pierre hautement radio-active prélevée
sur un terrain accessible au public. "On va vérifier
avec les préfets, qui pourraient peut-être ne pas
être si malins que cela", ajoute le ministre.
Le magazine s'ouvre par un reportage dans une petite ville de
Saône-et-Loire, Gueugnon,
qui abritait dans le passé une usine de traitement d'uranium.
Sur une superficie de 12 hectares, près de 225.000 tonnes
de déchets radioactifs sont dispersés sur un terrain
ouvert à tout venant, qui a même accueilli un temps
un "parcours de santé".
Le ministre reproche d'abord à Elise Lucet de ne pas avoir
signalé ce danger dès qu'elle l'avait découvert.
"Ce n'est pas bien d'utiliser des éléments
excavés pour faire des remblais", déclare ensuite
Jean-Louis Borloo.
"Clôturer, mettre des panneaux, dans un an tout est
fait ?", interroge Elise Lucet. "Cela ira plus vite
que cela", lui répond le ministre, qui était
interrogé dans son bureau fin janvier, plusieurs jours
avant la diffusion de l'émission.
Le ministre reconnaît que l'exploitation des mines d'uranium
était auparavant "un domaine globalement réservé",
qui échappait au contrôle du gouvernement et du parlement.
"Le sujet des résidus des fermetures du passé,
qui a été traité de manière négligente,
sera traité", conclut Jean-Louis Borloo.
Hervé Morin.
La Dépêche du Midi, 12/2/2009:
15 mines d'uranium abandonnées : danger
Les pouvoirs publics veulent créer un nouveau sigle pour indiquer l'emplacement des sites nucléaires aux générations futures. Un sigle qui puisse résister à des dizaines de milliers d'années de tourmentes climatiques et humaines. Un sigle qui pourrait même résister à l'effacement des mémoires humaines. Parce qu'un homme vit cent ans (au maximum) et que certaines matières fissiles ont une demi-vie de plusieurs dizaines de milliers d'années. Bref, l'atome est plus résistant que l'homme.
Là réside le problème. Or, jusque dans les années soixante, quinze mines d'uranium ont été exploitées en Aveyron. Avec les résidus que cela implique. Parfois de manière marginale (aucune extraction, voire une ou deux tonnes). Et parfois de façon très intensive : c'est le cas de Bertholène, avec 750 tonnes extraites et des milliers de mètres cubes de « stériles ». Les « stériles », voilà le hic. Ils sont ce que l'exploitant abandonne sur le bord de la mine parce que les utiliser ne lui rapporte pas assez. Avec les « stériles », le rapport « coût-bénéfice » est dérisoire.
Tous ces travaux de terrassement de creusement, d'extraction ont laissé sur place ces « stériles », aujourd'hui encombrants. Pour le business, pas assez de minerai pour être rentable. Mais ces « stériles » ne le sont pas pour la nature. Ces dizaines de milliers de tonnes de terre brassée sont lessivées par la pluie et entraînent souvent des matières radioactives dans les ruisseaux, les rivières. Et, au final, dans les organismes humains. Avec la publication d'un inventaire des sites abandonnés -quasiment contrainte par l'émission «Pièce a conviction» diffusé hier soir sur France 3 qui va aborder la question- c'est tout un pan de la mémoire minière qui remonte à la surface.
Exemple : la seule des quinze mines de l'Aveyron
surveillée rejette ses effluents à Bertholène
dans les « Belaures », un affluent de l'Aveyron Les
gosses qui taquinent le poisson à Layoule sont-ils exempts
de tout risque ? Rien n'est moins sûr. En tout cas, dans
une époque où l'opinion aspire à la sûreté,
seule l'association « France Nature environnement »
dispose des données recueillies et ne les publie pas. Quinze
mines d'uranium ont été exploitées en Aveyron.
Quels en sont les effets induits ? Il est légitime de se
poser la question. C'est une direction toulousaine de l'Industrie
de la Recherche et de l'Environnement qui est chargé du
suivi de ces « stériles ». Dormons tranquilles.
Communes concernées
Bertholene : fermé en 1994. 745 tonnes d'uranium extrait
Brousse-le-Château (Broquies, Le Rouble): aucune information.
Entraygues (Margabal): fermé en 1960 1,5 T d'uranium extrait.
Estaing (Coursière): fermé depuis ? 1,2 T d'uranium extrait.
Eysperac (Falguière): fermé en 1960. 5T d'uranium extrait.
Eysperac (Cabanel): fermé en 1960. 3T d'uranium extrait.
Florentin la Capelle (Prévinquières): fermé en 56. Pas d'information.
Gages (Bennac. La Lussague): fermé en 1968. Pas d'information
Graissac (Les Plagnes):fermé en 1979.1,4 T d'uranium extrait.
Le Nayrac (Vic Conquette): absence totale d'informations.
Montrozier (Lussagues): fermé depuis? 1,6 T d'uranium extrait.
Saint Martin (Le Roube): fermé en 1981. Pas d'information.
Senergues: fermé depuis 1960. 1,5 T d'uranium extrait
12/2/2009 - PARIS - France 3, qui a diffusé mercredi soir un magazine consacré aux déchets d'uranium, s'est félicité d'avoir "ouvert un débat national sur les déchets d'uranium en France" avec cette émission suivie par plus de 3 millions de téléspectateurs, selon un communiqué diffusé jeudi. Le magazine d'enquêtes de la chaîne "Pièces à conviction", présenté par Elise Lucet, proposait des enquêtes et un débat sur une question de santé publique et d'environnement : "Uranium, le scandale de la France contaminée".Au cours de l'émission, le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo s'est s'engagé à veiller à une meilleure sécurisation dans moins d'un an des déchets de mine d'uranium abandonnés. "Je demande juste à Areva, qui m'apparaît responsable clairement, juridiquement et entièrement, de faire son boulot. Je demande d'avoir le rapport d'enquête", a-t-il dit. Fin janvier, le groupe Areva avait annoncé son intention de saisir le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) à propos de cette émission, exprimant son "sentiment que le magazine est d'ores et déjà bouclé, à charge contre le groupe Areva".
Ouest-France, 10/2/2009:
La commissaire enquêteur a émis un avis défavorable à la réutilisation des stériles radioactifs à Gorges. Décision du préfet d'ici trois mois.
Christiane Huchet, commissaire enquêteur, a émis un avis défavorable concernant la réutilisation des stériles, faiblement radioactifs, à Gorges. Ces stériles ont été générés lors de l'exploitation de l'uranium, entre 1953 et 1991. On n'utilisait que les matériaux riches en uranium. Le reste était stocké sur place. C'est ce stock - 1,76 million de tonnes - que l'entreprise Aubron-Méchineau, demande à réutiliser. Notamment, pour faire des sous-couches sur les routes. La commissaire enquêteur motive son avis négatif par « la large publicité diffusée par les médias autour de cette enquête [...], les nombreuses réactions de la population. » Ainsi que par des arguments touchant au fond du dossier, comme « la crainte de l'aspect diffus de dispersions de poussière radioactives malgré des plantations de haies et différentes dispositions prises par la société » ou encore « la radioactivité naturelle présente dans les sols granitiques de la région, la volonté de l'application stricte du principe de précaution. » Pour Moine et Sèvre, association opposée au projet, « cet avis est une satisfaction qui va dans le sens du principe de précaution. Nous espérons que la décision du préfet ira dans le même sens. » Pour l'association, « si ce projet était autorisé, ce serait aller à contre-courant de toutes les mesures en France qui décontaminent et dépolluent les sites radioactifs. » Contacté, Roland Jégou, responsable de l'entreprise Aubron-Méchineau, ne souhaite pas réagir. Il préfère attendre la décision du préfet. Ce dernier a maintenant trois mois pour se prononcer. Mercredi 11 février, France 3 diffuse, à 20 h 30, dans Pièces à conviction une enquête sur les mines d'uranium, exploitées entre 1945 et 2001. Il devrait être question de Gorges.
Le Post, 9/2/2009:
Sur Le Post, Elise Lucet raconte les coulisses de "Pièces à conviction" diffusée mercredi, qui met à jour la contamination de la France par les déchets des mines d'uranium. Le numéro de "Pièces à Conviction" qui sera diffusé mercredi 11 février à 20h35 sur France 3 risque de faire parler de lui, ou plutôt d'Areva.
En effet, l'équipe d'Elise Lucet s'est intéressée aux déchets nucléaires des mines d'uranium qui ont été enfouis dans des lieux où nous nous balladons tous: des parkings, des stades de foot, ou encore des parcours de santé. On apprend également que de multiples cours d'eau sont contaminés.
Intitulé "Uranium, le scandale de la France contaminée", le reportage de France 3 dénonce un "scandale sanitaire", dont les victimes ne savent parfois pas qu'elles sont en danger. La thèse du reportage est claire: des mines d'uranium françaises n'étant plus en activité depuis longtemps pourraient encore être dangereuses et personne ne s'en préoccupe.
Il y a une dizaine de jours déjà, l'émission a fait parler d'elle: Areva a décidé de saisir le CSA, reprochant à France 3 d'avoir communiqué sur le contenu de l'émission avant d'avoir interviewé Areva. Ce qui était prévu le lendemain. L'entreprise avait précisé: "Areva (ex-Cogema) soutient le contraire (sur la dangerosité des déchets ndlr), estimant extrêmement improbable l'hypothèse d'une exposition prolongée évoquée par l'émission."
Ce lundi, l'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a rendu un rapport sur l'exploitation des sols et roches issus des anciennes mines d'uranium de la Cogema (aujourd'hui Areva NC) dans le Limousin. Le rapport estime que cette "exploitation n'est pas assez encadrée ni vérifiée". En outre le rapport précise que "le bilan décennal d'Areva n'a pas fait état de la présence de matériaux irradiants dans l'environnement", relève l'IRSN qui "considère que les informations dont dispose Areva NC ne sont pas suffisantes pour exclure tout impact".
Interview d'Elise Lucet:
Comment vous est venue l'idée de
traiter ce sujet sur les déchets nucléaires ?
"Nous avons pour habitude de traiter des sujets d'actu chaude
comme la crise mais nous enquêtons aussi sur des dossiers
dont tout le monde se fout. En juin, nous en avons discuté
avec la boîte de production Ligne de Mire. J'avais déjà
parlé de ce problème il y a 14 ans dans une autre
émission mais je n'imaginais pas qu'aujourd'hui on en était
à ce point avec 25 départements touchés et
200 millions de tonnes de résidus."
"Devant l'ampleur de ce scandale et la volonté farouche de la Cogema puis d'Areva de faire comme s'il ne s'était rien passé, on a décidé d'enquêter. Et plus on enquêtait, plus on se rendait compte qu'il y avait une omerta. Mais nous sommes une émission de service public et notre mission est d'informer les gens et de lever le voile."
Vos reportages sont clairement à
charge. Même si un porte-parole d'Areva est sur le plateau,
on n'entend pas Areva dans les reportages hormis par la voix du
responsable de la communication qui ne dit pas grand chose...
"Non, notre reportage
n'est pas à charge, il est réaliste. Pendant un
mois, nous avons sollicité Areva quotidiennement. On nous
répondait qu'Anne Lauvergeon (la présidente du directoire
d'Areva ndlr) n'avait pas le temps. Mais je pense qu'elle ne souhaitait
pas s'exprimer. D'ailleurs, nous avons été très
surpris qu'Areva saisisse le CSA alors que nous les avions quotidiennement
au téléphone..."
"Et puis sur le terrain, quand nous sommes avec des personnes d'Areva, elles ne souhaitent pas être filmées. Ce n'est pas une volonté de notre part, mais ce qu'il faut comprendre, c'est qu'Areva s'en est tirée pendant deux décennies en ne communiquant pas. Nous on les dérange, donc ils ont quand même répondu par l'intermédiaire de leur porte-parole sur le plateau."
Justement, vous dites que le sujet dérange,
à France Télévisions, vous n'avez pas eu
de souci ?
"Non, aucun. Nous étions libre politiquement et nous
n'avons jamais reçu une injonction de qui que ce soit."
Vous avez rencontré Jean-Louis Borloo,
que dit-il ?
"On a surpris Jean-Louis Borloo en amenant au ministère
des cailloux radioactifs qu'on a ramassés à Gueugnon
et sur le parking de la station de ski. Il était un peu
faché qu'on ne l'informe pas avant. Jean-Louis Borloo avait
l'impression que le dossier était sous contrôle.
Mais il a eu l'air de se rendre compte de la réalité
et a affirmé que cette situation était inacceptable."
Pensez-vous qu'il y ait une réelle
volonté politique d'enrayer ce problème ?
"Oui, il a une volonté de Borloo, de dominique Voynet
et de Corinne Lepage (tous trois ministres de l'environnement
ndlr). Mais la pression de ce lobby historique qu'est le nucléaire
est très forte. Les acteurs du nucléaire n'ont pas
l'habitude de référer aux journalistes ou aux ministres,
mais à l'Elysée."
Quand vous êtes allée sur le
terrain, que vous disaient les gens, ils étaient au courant
?
"Ils savent, mais depuis peu de temps. Les habitants de Gueugnon
par exemple ont appris qu'il y avait des déchets nucléaires
il y a un an environ. Ils sont effarés et ont l'impression
d'avoir été floués, d'autant que Gueugnon
a l'image d'une ville saine et sportive."
Ne trouvez-vous pas que les reportages sont
un peu trop alarmistes ?
"Je ne crois pas. On a mésestimé ce problème
pendant si longtemps. Nous ne sommes pas une bande d'anti-nucléaires
farouche, mais quand on met en place une politique énergétique
fondée sur le nucléaire comme l'a fait la France,
la moindre des choses est d'en gérer l'héritage
et ne pas faire comme si."
Justement, comment le porte-parole d'Areva
a-t-il réagi ?
"Il a tenté de montrer qu'un morceau de granite crépitait
autant au compteur geiger (ce qui permet de mesurer la radioactivité
ndlr) que les cailloux que nous avons ramenés de notre
reportage mais il retournait son morceau de granite dans tous
les sens pour qu'il crépite! Par contre, il a effectivement
reconnu qu'Areva a mésestimé le problème
depuis des années car il y avait des déchets hautement
nucléaires qui devaient être traités mais
il n'a pas cessé de nous dire malgré tout que ce
n'était pas dangereux. Areva se base sur des normes internationales
qui sont assez laxistes et ils ne veulent pas entendre parler
des nouvelles normes. Ils ont choisi les normes plutôt que
le principe de précaution."
Qu'attendez-vous de la diffusion de votre
émission ?
"Il ne s'agit pas de semer la psychose ni de dire aux gens
qu'ils vont mourir demain mais il faut les informer. Les citoyens
français sont pris pour des imbéciles et j'espère
qu'il y aura une prise de conscience, comme cela a été
le cas pour l'amiante. Avec notre émission, nous ouvrons
une brêche, et ce sera compliqué de la refermer comme
ça pour Areva. Il va falloir penser à tenir un discours
responsable et donner à la population les moyens de se
protéger."
Europe 1, 29/1/2009:
Le 11 février, le nouveau numéro du magazine "Pièces à conviction" sur France 3 évoquera "le scandale de la France contaminée". Pour défendre la thèse que des millions de tonnes d'uranium sont dispersées dans toute la France. Ce sujet fait polémique, le groupe Areva a fait appel au CSA car il juge que l'enquête est "contraire à la déontologie".
Le groupe Areva a annoncé jeudi son intention de saisir le Conseil supérieur de l'audiovisuel à propos de l'émission de France 3, "Picèes à conviction". Dans un communiqué, Areva, qui a eu connaissance par la presse de la teneur des reportages proposés, estime "pour le moins surprenant, voire contraire à la déontologie, que son point de vue soit présupposé et rendu public avant même qu'il ne se soit exprimé". Les producteurs de l'émission ont cependant prévu un entretien avec le porte-parole du groupe, qui doit être enregistré vendredi et inséré dans l'émission. Se référant aux informations de presse, Areva exprime "le sentiment que le magazine est d'ores et déjà bouclé, à charge contre le groupe Areva". Lionel de Coninck, rédacteur en chef de "Pièces à conviction", a assuré qu'il ne s'agissait "en aucun cas de présupposer ce qui va être dit dans l'émission". Selon lui, ce qui a été dit dans le reportage de la position d'Areva est "basé sur ce que dit Areva depuis des dizaines d'années sur le sujet".
Le sujet de la controverse : l'émission qui défend l'idée selon laquelle, en toute discrétion, dans nos campagnes, à proximité des villages ou des villes, des déchets radioactifs extrêmement dangereux ont été disséminés, ou ensevelis méthodiquement, depuis des dizaines d'années. Pire encore, ils ont parfois servi à construire des routes, des parkings, et même des logements, des écoles ou des aires de jeu pour les enfants, sans aucune mise en garde sur les risques encourus. C'est cette situation que France 3 évoquera dans son magazine "Pièces à conviction" le 11 février prochain. Avec une édition intitulée "Le scandale de la France contaminée".
Le magazine s'ouvrira sur un reportage à Gueugnon, en Saône-et-Loire. Sur le parking d'un stade, le détecteur de radiation d'un spécialiste de la Criirad (Commission de Recherche et d'Information Indépendante sur la Radioactivité) crépite à tout va. Là, sur une superficie de 12 hectares, près de 225.000 tonnes de déchets radioactifs ont été dispersés sur un terrain ouvert à tout venant. Ironie du sort, ce terrain a même accueilli un "parcours de santé". Gueugnon est "la toute dernière ville ayant découvert qu'elle était concernée par ce problème des déchets radioactifs", selon Elise Lucet, présentatrice du magazine.
Au total, selon les enquêteurs du magazine, entre 1945 et 2001 plus de 300 millions de tonnes de déchets radioactifs, résidus des 210 mines exploitées en France, ont été abandonnées sans mesure de protection ou de surveillance particulière. L'enquête fait également état de liens étroits entre ceux qui sont officiellement chargés de mesurer la radioactivité dans la nature et les anciens pollueurs. Négligence ou véritable "omerta" des pouvoirs publics ? Une pierre radioactive à la main en guise d'argument, Elise Lucet se propose de demander des explications à Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, qui sera interrogé séparément.
Malgré le fait que les mines d'uranium françaises ne soient plus en activité depuis plusieurs années, cette pollution qu'il s'agisse de minerais "stériles" (trop pauvre en uranium pour devenir du combustible nucléaire) ou d'autres résidus de l'activité minière, peut s'avérer dangereuse à long terme, assurent les enquêteurs du magazine. Areva (ex-Cogema) soutient le contraire, estimant extrêmement improbable l'hypothèse d'une exposition prolongée évoquée par l'émission. Sa présidente, Anne Lauvergeon, n'a pas souhaité apparaître dans l'émission et a laissé à un porte-parole le soin de répondre à Elise Lucet lors du débat prévu sur le plateau. Anne Lauvergeon, d'autre part, sera récompensée par le trophée des "Créateurs sans frontières" pour son action en faveur du rayonnement de la France à l'étranger. Ironique pour quelqu'un qui participe à l'irradiation intérieure de la France.