Dans le Canard du 20 octobre 2004 on trouve un long article de Louis-Marie Horeau sur l'EPR titré " Les vraies fausses raisons de relancer le nucléaire ". C'est une critique banale de la décision gouvernementale, indiquée dès le sous-titre : " La France n'en a pas besoin mais il lui faut une "vitrine" pour l'exportation ".
Ce qui est curieux c'est la conclusion de l'article
(qui se veut antinucléaire en étant contre l'EPR
?) : " En consacrant les quinze années qui viennent
au développement de l'EPR, qui n'est qu'un développement
des réacteurs classiques, la France risque de louper d'autres
trains. Notamment celui des nouvelles technologies, comme les
réacteurs à haute température, qui paraissent
prometteurs du point de vue technique autant qu'économique
".
Ainsi ce que le Canard reproche à l'économie
nucléaire française c'est son passéisme.
L'avenir c'est le progrès et le progrès ce ne sont
pas des bricolages du genre de l'EPR mais des technologies nucléaires
de pointe. Bref, l'EPR n'est pas un réacteur pour l'avenir
par contre il y a des technologies modernes du nucléaire
qui sont importantes pour le futur.
Ce que Horeau reproche à Raffarin c'est que ce dernier
ne se place pas dans le durable et le durable ce seraient les
réacteurs nucléaires de la 4ème génération.
En somme pour le Canard il est stupide de relancer le vieux
nucléaire mais il faut se préparer à lancer
un nouveau nucléaire (écologique ?), un nucléaire
durable ! Des nucléocrates au Canard !
Pour le Canard, ceux qui veulent sortir du nucléaire
sans EPR, sans 4ème génération, ne sont probablement
que des demeurés passéistes...
Nous avons déjà signalé
quelques stupidités publiées dans le journal d'information
Le Monde. En voici une autre. Dans le numéro daté
du 12 novembre 2004 figure un article à la gloire d'AREVA
et de la sherpa du nucléaire Anne Lauvergeon patronne d'AREVA.
Un graphique détaillant les " réacteurs nucléaires
en service dans le monde ". Pour chaque pays nucléarisé
il était donné le nombre de réacteurs en
service " dont [ceux] d'origine française ou franco-allemande
". Là une surprise pour les Etats-Unis : 104 réacteurs
en service dont " 92 d'origine française ou franco-allemande
".
D'après la publication Elecnuc du CEA les Etats-Unis
ont en fonctionnement 35 réacteurs BWR (réacteurs
à eau bouillante) fabriqués par la General Electric
Company, 69 PWR (réacteurs à eau pressurisée)
dont 48 fabriqués par Westinghouse Electric Corp., 14 par
la Combustion Engineering Co et 7 par B & W, toutes américaines.
Le journaliste, Pascal Gallinier, pense-t-il que finalement Westinghouse
a construit ses réacteurs sous licence française
?
C'était en 1974 dans les " Points
de vue " du 23 octobre largement diffusés au CEA (Commissariat
à l'énergie atomique).
" Ce qui compte en la matière, c'est que la structure
de l'engin soit sûre par elle-même, comme un
chauffe-eau électrique, engin voué comme on sait
ou comme on ne sait plus à l'explosion mais qui n'explose
pas, parce qu'il a été conçu pour ne pas
exploser. Le public doit comprendre que l'utilisation d'une chaudière
nucléaire peut être d'un maniement qui ne présente
aucune espèce d'inconvénient (souligné
par nous), qu'une telle chaudière ne peut pas s'emballer,
qu'elle peut s'arrêter lorsqu'il n'y a plus de refroidisseur,
à qui il ne peut rien arriver (souligné
par nous) parce que son combustible a été calculé
au plus loin de ses capacités maximum, () ".
" Ces propos de Monsieur André Giraud ont été
recueillis pour Enerpresse par Patrick de Lavilleon et Claude
Pennec ".
Monsieur André Giraud a été un personnage
important pour le développement de l'énergie nucléaire.
Il était polytechnicien du Corps des Mines (de la bande
à Guillaumat, Besse, et autres). Il a animé dans
les années 50 le Comité PEON (production d'énergie
d'origine nucléaire) pour convaincre les industriels de
se lancer dans l'industrie nucléaire, qu'ils ne craignaient
rien car l'Etat (EDF service public) leur garantissait un amortissement
rapide des investissements nécessaires, et surtout l'absence
de toute responsabilité civile en cas d'accident (voir
la Lettre d'information 93/94 juillet-octobre 2002).
Monsieur André Giraud a été administrateur
général du CEA, puis ministre de la recherche et
de l'industrie, puis ministre de la défense.
En 1974 c'était le départ de l'électronucléarisation
massive de la France (rapport du ministre d'Ornano). On voit par
ce texte l'incompétence notoire (à moins qu'il ne
s'agisse que d'une escroquerie !) d'un des responsables les plus
importants de la nucléocratie française. L'accident
nucléaire, pour ce polytechnicien en haut de la hiérarchie,
n'était pas possible, alors que la loi votée par
le Parlement en 1968 mentionnait la nécessité de
mettre en place une législation d'exception pour le nucléaire
compte tenu de l'importance tout à fait exceptionnelle
des accidents nucléaires posssibles.
C'était en 1981 avant Tchernobyl.
" La gestion du risque technologique majeur apparaît
bien proche des situations exceptionnelles de l'état de
guerre ; mais ce modèle militaire s'accompagne d'une stratégie
dont l'objet est alors non pas de préparer la victoire
mais de gérer la déroute "
J. J. Salomon " Prométhée empêtré
" Ed. Anthropos, 1981.
C'est suffisamment clair, nous n'avons pas eu besoin de notre
Petit Robert.
J. J. Salomon est professeur au Conservatoire des Arts et Métiers.
Il a fondé et longtemps animé la " Division
des politiques de la science et de la technologie à l'OCDE
". Ce n'est pas une figure de proue du mouvement écologiste.
Il a fait partie d'un groupe officiel n'ayant eu qu'une existence
éphémère (pas assez souple vis-à-vis
du pouvoir ?).
Page 13 " Voyages écologiques en
avion ?
" Voici le genre d'informations que nous recevons à
Silence. Le WWF-Suisse organise un concours pour la promotion
de son label sur le bois certifié (les forêts tropicales
seront exploitées de manière durable ! ) et offre
comme premier prix un voyage en Amazonie. Evidemment le voyage
se fait en avion à croire que ce n'est pas le WWF qui anime
le site sur internet sur l'empreinte écologique où
l'on peut découvrir que c'est l'avion qui détruit
le plus sûrement la planète.
Ceci n'est qu'un exemple : nous avons reçu la même
semaine une annonce pour un stage de construction en paille en
Inde, un voyage pour la découverte de la botanique en Afrique
du Sud, ou encore un congrès sur le développement
local au Maroc.
Les " retraites " dans le désert sont aussi à
la mode : voir Terre du Ciel qui fait directement de la publicité
pour une compagnie aérienne. Ne parlons pas des milliers
de personnes qui vont de forums sociaux en manifestations anti-G8
; etc.
Il serait peut-être temps de réfléchir aux
moyens que l'on emploie pour soi-disant "sauver la planète"
! "
A Stop-Nogent nous sommes tout à fait d'accord
avec cette analyse.
Page 26, Un titre percutant :
" Thermique contre nucléaire "
" Si le Danemark a pu se passer
du nucléaire en le refusant dès 1979, c'est parce
qu'il a préféré, avant les énergies
renouvelables, développer les centrales thermiques au gaz
et au charbon. Ces centrales assurent encore aujourd'hui 58% de
la production d'électricité.
L'Allemagne a construit 38 réacteurs nucléaires,
mais a aussi continué à développer des centrales
thermiques gaz ou charbon. Alors qu'aujourd'hui la fermeture des
centrales nucléaires s'y fait parallèlement à
la montée en puissance des énergies renouvelables
(toits solaires et fermes éoliennes), les centrales thermiques
fournissent encore 52% de l'électricité.
En France, les scénarios de sortie du nucléaire
n'envisagent généralement pas le recours au thermique
comme solution transitoire pour accélérer la fermeture
des réacteurs. Le principal argument avancé dans
la mouvance écolo tourne autour des émissions de
gaz par les centrales thermiques. C'est oublier un peu vite que
l'essentiel des gaz à effet de serre provient des transports,
du chauffage et de l'industrie. En effet, remplacer tous nos réacteurs
nucléaires par des centrales gaz augmenterait un peu nos
émissions de gaz mais cela peut nous éviter d'autres
émissions beaucoup plus dangereuses et irréversibles
: un nuage radioactif du type Tchernobyl.
Un scénario rapide de sortie du nucléaire pourrait
consister à remettre en route les centrales thermiques
qui tournent actuellement au ralenti en France (près d'une
trentaine), à lancer un vaste plan d'économies d'énergie,
puis à lancer un plan de développement des énergies
renouvelables pour fermer les centrales thermiques. En faisant
les choses dans cet ordre là, il devient possible de fermer
les réacteurs en quelques années et non en 15 à
30 ans comme on l'entend dans les débats anti-nucléaires.
Pour en savoir plus :
Stop-Nogent, 81 rue du Temple, 75003 Paris, Tél : 01
45 83 85 50. "
Stop-Nogent pas tout à fait d'accord... Un lapsus
?
Disons tout de suite que personne de Stop-Nogent n'a participé
à la rédaction de cet article. Alors, merci à
Silence pour avoir donné nos coordonnées
et, globalement, la position du comité.
Il y a quand même un gros os : " () remplacer tous
nos réacteurs par des centrales gaz () ". [gaz,
souligné par nous]. Or le thermique classique (appelé
aussi thermique à flamme), en France, c'est essentiellement
des centrales à charbon et fioul. Il y a très peu
d'électricité produite par des centrales à
gaz : turbines à combustion, quelques unités de
cogénération produisant électricité
et chaleur. Bientôt une centrale 800 MW à cycle combiné
à Dunkerque à gaz naturel et gaz de haut-fourneau
de la Sollac. (Voir la Lettre d'information du Comité
Stop-Nogent 96/97
janvier-avril 2003 et 99/100, août-décembre 2003
Le thermique
classique :situation alarmante du parc EDF)