20 Minutes, 30/4/2008:
Tout n'est pas clair dans le projet Borloo, assure Jean-Marie Carton, qui suit le dossier pour la Confédération artisanale des petites entreprises du bâtiment (Capeb). Deux précisions sont attendues qui pourraient signifier la fin du chauffage électrique. Déjà, les normes doivent préciser si la consommation d'énergie (en kwh par heure et mètre carré) est «nette» («énergie primaire»). Dans ce cas, elle comptabilise l'énergie nécessaire à la fabrication de l'énergie utilisée dans le logement pour le chauffage etc («énergie finale»). Une nuance importante. En énergie primaire, un convecteur électrique est incompatible avec la norme basse consommation (50 kwh) car la fabrication d'électricité requiert beaucoup plus d'énergie que le gaz, par exemple. Mais en énergie finale, il passe. L'autre point crucial concerne les émissions de CO2 produites par chaque kwh. Le projet de loi Grenelle évoque un objectif de réduction sans donner de chiffres. Or il y a actuellement débat sur le taux de CO2 à attribuer au kwh d'électricité. Si celui-ci est revu à la hausse, le chauffage électrique est doublement condamné.
UFC - Que choisir, 9/3/2008:
L'énergie nucléaire, une bonne solution pour se chauffer sans participer au réchauffement climatique ? Possible, mais pas dans toutes les situations de consommation.
Tous les partisans de l'énergie nucléaire
le disent, son énorme avantage, c'est qu'elle ne contribue
pas au réchauffement climatique [lire: Nucléaire: L'escroquerie du discours sur l'effet de serre]. Elle
produit un kWh qui émet très peu de CO2. D'où
l'intérêt du chauffage électrique dans l'Hexagone.
Une note conjointe du RTE, le Réseau de transport d'électricité,
et de l'Ademe, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise
de l'énergie, classée interne mais communiquée
par l'association Agir pour l'environnement, vient pourtant de
remettre cet argument en question.
Pendant les pics de consommation, le kWh électrique destiné
au chauffage émet entre 500 et 600 g de CO2, soit des émissions
très supérieures aux 180 g de CO2/kWh annoncés
par EDF. L'explication est simple. Si le nucléaire sait
couvrir les besoins de base, il est incapable de répondre
aux pointes de consommation, notamment liées au chauffage
et à la climatisation. Il faut donc produire l'électricité
autrement, et on recourt aux centrales thermiques, très
émettrices : 800 g de CO2/kWh pour le fioul, 900 g pour
le charbon.
Lire: On ne sortira pas du nucléaire sans les
centrales à charbon, fioul, gaz
Lire: L'extrait de la lettre d'information du Comité Stop Nogent-sur-Seine n°82:
Dans l'après-crise pétrolière
de 1973, le gouvernement Messmer, bafouant les principes élémentaires
de la démocratie, décidait d'un avenir énergétique
de la nation basé sur l'atome; alors qu'outre-Atlantique,
vers la même époque, le pays le plus nucléarisé
du monde commençait à prendre le chemin inverse.
De grandes campagnes ont été engagées pour
remplacer des consommations habituelles d'énergies fossiles
par des usages non-spécifiques de l'électricité.
Le meilleur résultat fut obtenu avec le chauffage. Pour
l'époque, l'idée de réduire la dépendance
énergétique pouvait paraître séduisante,
elle pouvait aussi réduire la pollution atmosphérique,
bien que l'argument n'ait pas fait partie des préoccupations
du moment.
Indépendance énergétique oui, mais!
Il a d'abord fallu acheter à l'américain Westinghouse
le droit de copier ses plans pour construire les 54 réacteurs
EDF des paliers 900 et 1300 MWe; puis l'exploitant a dû
s'endetter lourdement (240 milliards de francs dans les années
80), dont 90 milliards sur les marchés extérieurs
(plus que la dette extérieure nette de la France), provoquant
la rareté de l'argent et ses conséquences (taux
d'intérêts élevés, réduction
des prêts à la consommation et à l'investissement,
perte de compétitivité, aggravation du chômage,
augmentation de l'impôt et des charges sociales, etc.).
Les réserves d'uranium du sous-sol national étant
relativement limitées et peu rentables par rapport à
celles d'autres pays, il est aujourd'hui nécessaire importer
95% du précieux métal (1). Contrairement à
ce que raconte la pub mensongère de Cogéma, l'uranium
est loin d'être un combustible 100% français. La
supposée indépendance énergétique
n'est donc économiquement pas aussi géniale que
ça.
L'aberration thermodynamique
Une chaudière de chauffage pour des locaux d'habitations
ou d'activités fonctionne avec un rendement d'au moins
85%. Faire bouillir de l'eau avec un combustible classique, ou
son équivalent nucléaire, pour la transformer en
vapeur qui actionne des turbines qui entraînent un alternateur,
s'effectue avec un rendement d'un tiers; les deux autres tiers
de l'énergie primaire étant rejetés (gaspillés)
dans l'environnement.
Déchets radioactifs, stériles miniers et résidus
de traitement
Et tout ceci sans oublier les déchets radioactifs dont
la toxicité moyenne peut être estimée, en
ordre de grandeur, à un million de fois supérieure
à celle des produits chimiques (1 gramme de produits de
fission = 1 tonne de toxicité chimique). La "Science"
devait résoudre le problème, mais la Science ne
possède pas, à ce jour, le moindre élément
de connaissance lui permettant d'affirmer qu'elle sera "Un
jour" capable d'y trouver une solution acceptable; et en
prime les centaines de tonnes de stériles et résidus
de traitement du minerai d'uranium de France, d'Afrique, d'Australie,
du Canada ou d'ailleurs, riches en radium, radon et leurs descendants,
dont la législation française ne veut même
pas entendre parler, et dont la réhabilitation des sites
pourrait nécessiter quelques centaines de milliards de
francs, si les autorités sanitaires faisaient un jour leur
travail. Et cela ne s'arrête pas là.
Mauvais rendement économique
Le chauffage est une activité à caractère
saisonnier et d'intensité aléatoire en fonction
des conditions météorologiques. Il est donc nécessaire
de dimensionner le parc de production d'électricité
aux besoins correspondant à des conditions climatiques
qui ne se rencontrent que quelques jours tous les dix ou vingt
ans, lors d'un hiver très froid, où la pointe de
consommation sera à son maximum. Il est aussi nécessaire
de dimensionner (et entretenir) le réseau de transport
(lignes haute tension), le parc de transformateurs et les réseaux
de distribution, pour absorber ces pointes de consommation. À
l'absurdité thermodynamique, il faut maintenant ajouter
le mauvais rendement économique, les parcs de production
et de transport d'électricité étant largement
sous utilisés.
Chauffage cher aussi pour ceux qui n'en sont pas équipés
Il y a environ une dizaine d'années, Y. Lenoir et J.-P.
Orfeuil avaient réalisé une étude sur la
question, d'où ils concluaient que si l'on imputait l'intégralité
des coûts excédentaires de l'électricité
à ceux qui utilisent cette énergie pour le chauffage,
le kilowattheure leur serait facturé deux fois plus cher.
En attendant, 3 usagers de l'électricité sur 4,
qui se chauffent avec des procédés plus classiques,
doivent accepter de payer une part significative de leurs factures
EDF pour permettre au quatrième de se chauffer à
l'électrique. L'estimation de la pointe d'hiver due à
la consommation par ce mode de chauffage est de plus de 20 gigawatts,
un tiers du dimensionnement des parcs de production, transport,
transformation et distribution. Le chauffage électrique
est donc aussi une injustice sociale. Au nombre des usagers "ordinaires"
de ce mode de chauffage, il faut malheureusement ajouter bon nombre
de locaux d'activités, à commencer par les administrations
qui ont largement investi dans ce domaine, allégeance au
lobby atomiste oblige; c'est le contribuable qui paie la facture.
Continuons
et très cher pour l'utilisateur
S'il est moins coûteux (pour le bâtisseur immobilier
ou le propriétaire) d'installer des radiateurs électriques
plutôt qu'une chaudière à gaz ou à
fioul, la facture énergétique est inversement plus
conséquente. Le kilowattheure fioul ou gaz est 2,5 fois
moins cher que l'électricité, moitié moins
cher si l'on inclut l'amortissement et l'entretien de l'installation.
Régression sociale
L'occupant du logement, souvent locataire, se trouve dans l'obligation
de payer des factures EDF d'un montant incroyablement élevé,
ce qui ampute lourdement son modeste pouvoir d'achat. En conséquence,
il consomme moins d'autres produits ou services, ce qui n'arrange
en rien les problèmes de l'emploi. Dans la situation économique
et sociale actuelle, bon nombre de locataires chauffés
à l'électricité ne sont plus en situation
de régler leurs factures. Aussi, EDF a réussi à
imposer une priorité d'aide sociale pour ne pas subir les
pertes de recettes des impayés, formulaires pré-rédigés
et formation des assistantes sociales à l'appui. Plusieurs
enquêtes de l'UFC sur divers départements ont démontré
que les sommes ainsi absorbées pour le règlement
des factures EDF impayées pouvaient atteindre jusqu'à
50% du budget des aides sociales, au détriment de besoins
plus prioritaires comme l'alimentation ou la santé. Le
chauffage nucléaire, une calamité pour les pauvres!
Et devinez qui sera désigné comme volontaire d'office
pour "liquider" la pollution radioactive après
la prochaine catastrophe nucléaire les chômeurs bien
sûr! Poursuivons
Pollution atmosphérique par effets secondaires
Le chauffage électrique a pris des parts de marché
principalement aux dépens du fioul. Dans une distillerie
de pétrole, il est impossible de régler la production
pour obtenir tant de fioul, tant d'essence, tant de gaz La quantité
à distiller est donc fonction du principal besoin : l'essence
pour les bagnoles. Les pétroliers se retrouvaient donc,
en France, avec d'énormes quantités de fioul dont
ils ne savaient que faire. Ils peuvent pratiquer le cracking et
transformer le fioul en essence; mais si la distillation se pratique
à pression atmosphérique et 88 °C, le cracking
nécessite haute pression et haute température (haute
technologie et consommation importante d'énergie); autrement
dit, ça coûte cher, et les pétroliers n'aiment
pas ça. Or, à un détail de raffinage près,
le fioul et le gasoil sont des produits quasi identiques. D'où
la nécessité en France de développer le parc
de véhicules diesels (qui atteint près de 50% contre
20% chez nos voisins), pour absorber les excédents de fioul.
Si le fioul domestique pollue avec des fumées lourdes,
relâchées à hauteur de cheminées, facilement
dispersées et facilement lavées par la pluie, le
gasoil brûlé par les diesels produit dix fois plus
d'oxydes d'azote que l'essence des moteurs catalysés, et
émet dans l'atmosphère, à hauteur des narines
des bambins, quantités de particules fines très
toxiques et difficilement dispersables. En prime, l'été,
les oxydes d'azote réagissent avec le soleil pour engendrer
de l'ozone. Par effets secondaires, le chauffage électrique
nucléaire pollue donc l'atmosphère que nous respirons
dans nos villes, un peu plus l'été que l'hiver.
Ce n'est pas tout
Coûts secondaires
Le gasoil coûte plus cher à fabriquer que l'essence
et est moins taxé : 2,50 francs de taxes sur le gasoil,
environ 5 francs pour l'essence. Pertes de recettes pour l'État
estimées à 25 milliards de francs par an; somme
qui serait bien utile pour aider les pauvres à bouffer
et régler leurs factures de chauffage nucléaire.
La taxe sur les carburants des véhicules sert à
payer les frais annexes de ce mode de transport : construction
et entretien des routes, rémunération de la part
des flics utilisés pour la circulation, des pompiers pour
ramasser les morceaux, etc. En 1994, le ministère des Transports
estimait qu'un automobiliste roulant à l'essence en zone
rurale payait sensiblement ce qu'il devait à la société,
et qu'il coûtait plus cher s'il roulait en milieu urbain.
Donc, quand un automobiliste roule avec un diesel en milieu urbain,
le contribuable doit mettre la main au portefeuille chaque fois
que l'automobiliste met du gasoil dans son réservoir. Si
l'on prend l'exemple de Paris où 54% des foyers ne possèdent
pas de bagnoles, ces piétons doivent payer des impôts
pour aider les automobilistes diesels à leur polluer les
poumons. C'est fou ce que l'on peut faire avec du chauffage électronucléaire!
Et dire que certains écolos accordent le label vert aux
bagnoles électriques, autre usage non spécifique
de l'électricité, dont le rendement énergétique
global est de 40% inférieur au moteur à essence
sans compter la détaxe quasi totale sur le "carburant"
de ce mode de propulsion.
L'entreprise qui nous doit la lumière
est décidément bien opaque dans les conséquences
de son choix énergétique. Pour que ça change
rapidement, laissons traîner quelques idées : faire
payer aux propriétaires de logements chauffés à
l'électronucléaire, la moitié des factures
d'électricité de leurs locataires; diminuer de 20%
la valeur immobilière de ces logements; baisser le budget
des administrations d'une valeur égale à leurs factures
d'électricité; le gasoil à 10 francs le litre
pour aider les pauvres (équité des taxes par rapport
à l'essence + dommages et intérêts pour les
arriérés de taxes impayés), etc. L'électricien
national, entreprise publique à caractère industriel
et commercial, n'a décidément pas brillé
en un demi-siècle de gestion du service public. À
l'heure de la construction de l'Europe, compétitivité
et libéralisme risquent d'aggraver le problème.
Le parc nucléaire n'est économiquement pas privatisable
: personne ne voudrait acheter; mais les parcs de transport et
distribution de l'électricité, si; la production
hydroélectrique et thermique classique aussi. Laissons
faire, et les requins qui se sont déjà approprié
la production et la distribution d'eau potable s'accapareront
EDF-GDF. Au vu des carambouilles qu'ils ont déjà
mené dans le secteur de l'eau, on imagine vite ce qui adviendra
du gaz et de l'électricité. L'État, pour
sa part, a totalement failli dans son rôle de tutelle de
l'entreprise publique, en laissant le lobby atomiste mettre la
main sur l'électricien national, y diffuser son idéologie
scientiste et y placer ses sbires aux postes décisifs;
pire, il s'en est fait le complice. Au Danemark, le pays où
l'électricité est moins chère (hors taxes),
les consommateurs sont l'équivalent des propriétaires
des compagnies d'électricité qu'ils gèrent
eux-mêmes; on n'y a fait ni nucléaire, ni chauffage
électrique. Alors, ni État, ni libéralisme;
pour être bien servi, mieux vaut se servir soi- même,
plaçons les consommateurs à la tête de l'entreprise
du gaz et de l'électricité. On pourra même
les aider à se diversifier dans les réseaux de chaleur,
particulièrement économes et pratiques pour les
usagers, et ça créera des emplois. On veut même
bien revendre le parc nucléaire à Cogéma
pour 1 franc symbolique, les dettes avec. Pour le long terme,
c'est une affaire rentable, et ça obligera les atomistes
à gérer leurs m eux-mêmes, sans l'apport financier
des consommateurs.
1) En 1996, la consommation française était de près
de 10500 tonnes d'uranium métal, dont 3500 tonnes pour
les clients étrangers de Cogéma.1000 tonnes ont
été extraites en France (400 t en 97), 4000 t provenaient
de divers pays d'Afrique (Niger, Gabon, ), 3500 t d'Australie
et 2000 t du Canada.
5/2/2008 - Le gaz naturel est "l'énergie de chauffage la mieux placée" par rapport aux autres énergies non renouvelables en terme d'émissions de carbone, y compris l'électricité, a estimé jeudi l'Association française du gaz (AFG). Le chauffage au gaz naturel "émet moins de dioxyde de carbone (CO2) que le chauffage électrique direct", a fait valoir le président de l'AFG, François Varagne lors d'une conférence de presse. Selon l'AFG, le gaz en utilisation directe pour le chauffage émet 230 grammes de CO2 par kilowatt-heure (KWh), alors que "le contenu en CO2 du KWh supplémentaire d'électricité pour le chauffage s'établit à 600 grammes de CO2/KWh". Le contenu en CO2 de l'électricité en France, produite à près de 80% à partir d'énergie nucléaire --qui n'émet donc presque pas de CO2--, est actuellement calculé d'après une méthode élaborée en 2005 par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et du groupe EDF. Selon ce calcul, basé sur le fonctionnement du système électrique de 2000 à 2004, le chauffage électrique émet 180 g de CO2/KWh. Mais un autre calcul a été élaboré cet automne par l'Ademe et le gestionnaire du réseau de transport d'électricité RTE, basé sur les évolutions futures du système électrique. Ce dernier, que l'AFG voudrait voir appliquer, aboutit à une émission de 500 à 600 g de CO2/KWh. Pour que le gaz "puisse jouer son rôle", l'AFG demande que les émissions de CO2 soient évaluées "sur une base incontestable" et réclame des aides publiques pour les solutions "les plus performantes". Selon l'association, le gaz naturel émet 25 à 30% moins de CO2 que le fioul et 40 à 50% de moins que le charbon, moins d'oxyde d'azote que les autres combustibles, et "pratiquement pas de soufre, de particules, de métaux et de composés organiques". L'AFG soutient aussi que le prix du KWh de gaz "restera compétitif par rapport au prix du KWh électrique européen" dans la mesure où la production d'électricité fait de plus en plus appel aux centrales à cycle combiné (associant une turbine à gaz et à une turbine à vapeur).
Le Monde, 22/12/2007:
L'électricité nucléaire est une fée, c'est bien connu. Cela fait des lustres qu'EDF en exalte les vertus : écologique par ses très faibles émissions de CO2, sécurisée par un parc de centrales dont le combustible (uranium) est abondant et peu soumis aux aléas géopolitiques ; compétitif face à la flambée des prix des énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole). L'entreprise publique a été si persuasive qu'elle a convaincu 7 millions de foyers de s'équiper de chauffages électriques - un nombre sans équivalent en Europe.
L'EDF en a peut-être fait un peu trop. Ce suréquipement est en partie responsable des pics de consommation historiques enregistrés, lundi 17 et mardi 18 décembre, dénoncent les écologistes. "Cette situation est la conséquence du "tout-nucléaire" imposé en France depuis trente ans", dénonce le réseau Sortir du nucléaire. Pour "légitimer" l'existence d'un parc de 58 réacteurs, l'Etat et EDF ont incité les ménages français à opter pour le chauffage électrique.
Une note de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et du Réseau de transport d'électricité (RTE) jette le doute sur la fiabilité du bilan carbone de ce type de chauffage qui continue d'équiper nombre de logements neufs. Son contenu en CO2 est de 500 à 600 grammes par kilowattheure (kWh) - contre 180 grammes, selon les calculs d'EDF réalisés sur d'autres bases. L'avantage se réduit.
Comment expliquer un tel écart ? Il existe une exception française en matière énergétique. La production de base est faite par le nucléaire et l'hydraulique, qui n'émettent pas de CO2. Mais en période de très forte consommation, la "pointe" est assurée par les centrales thermiques (au charbon, au fioul et demain au gaz) qui relâchent beaucoup plus de dioxyde de carbone. Sans oublier que la France importe de plus en plus de courant d'Allemagne dont les centrales émettent plus de gaz à effet de serre. Tout cela se retrouve dans le bilan carbone des chauffages électriques très sollicités par grand froid.
Ces données inédites de RTE et de l'Ademe sont importantes. Elles permettent aux pouvoirs publics, aux collectivités locales et aux producteurs d'électricité d'orienter leurs choix et de trouver le meilleur "mix" entre économies d'énergie, incitations fiscales en faveur de tel ou tel mode de chauffage et développement des énergies renouvelables.
Ce bilan carbone va-t-il se dégrader ? Certes, la France a décidé de renforcer son parc d'éoliennes. Mais il ne faut pas compter dessus en période de surconsommation tant la production de ces "moulins à vents" est aléatoire. Restent les centrales au gaz ou au charbon - plus sûres mais plus "carbonées" - dont les projets se multiplient (EDF, GDF, Suez, Endesa, Poweo) dans l'Hexagone.