Il navigue dans les océans de la planète 245 réacteurs nucléaires, soit plus de la moitié des quelque 440 réacteurs des centrales nucléaires civiles qui produisent de l'électricité sur Terre, selon un rapport de "l'Observatoire des armes nucléaires françaises".
Ces réacteurs, dont l'existence est peu connue du grand public, servent à propulser sous-marins, porte-avions, croiseurs et autres brise-glace sur toutes les mers.
Ils permettent aux cinq grandes puissances nucléaires - Etats-Unis, URSS, Grande-Bretagne, France et Chine - d'avoir des navires totalement autonomes et de faire de leurs sous-marins les "premiers moyens de projection de force et de puissance", rappelle "l'Observatoire des armes nucléaires françaises" qui dresse dans son dernier numéro l'"Inventaire de la propulsion nucléaire navale" mondiale.
Outre l'autonomie des bâtiments de surface, "l'utilisation du nucléaire permet à un sous-marin de rester indéfiniment sous l'eau", explique de son côté la Marine nationale.
Avec 82 exemplaires dont 54 sous-marins d'attaque, 18 sous-marins lanceurs d'engins (SNLE) et neuf porte-avions, les Etats-Unis se taillent la part du lion (45%) dans le monde de la propulsion nucléaire navale.
La Russie - qui a 25 SNLE, 24 sous-marins d'attaque et sept brise-glace nucléaires - vient en deuxième position avec 36,8%, "mais un grand nombre de ces navires ne sont plus sortis en mer depuis de nombreuses années", écrit l'auteur du rapport Jean-Marie Collin.
La France et la Grande-Bretagne totalisent environ 15% de cette flotte, avec respectivement 4 et un SNLE, 6 et 5 sous-marins d'attaque. La France dispose en outre du porte-avions Charles-de-Gaulle, en service depuis le début de l'année.
La Chine détient pour sa part 3,3% de la flotte nucléaire mondiale, ce qui fait d'elle "la première flotte nucléaire de l'Asie du sud-est".
"Cette flotte de guerre devrait lui permettre de s'imposer en mer de Chine comme une force imposante et redoutable. De même, l'océan Pacifique, chasse gardée des Etats-Unis, devrait voir l'arrivée plus fréquente de bâtiments de guerre chinois", pronostique l'Observatoire.
Celui-ci, dépendant du Centre de Documentation et de Recherche pour la Paix et les Conflits (CDRPC), "se situe dans la perspective de l'élimination des armes nucléaires, conformément aux voeux du Traité de non-prolifération nucléaire".
Il s'inquiète donc des "conditions de sécurité et du démantèlement des sous-marins à propulsion nucléaire". Ainsi, sur 142 sous-marins nucléaires russes démantelés au cours des dernières décennies, "52 portent toujours le combustible dans leurs réacteurs" et "c'est une formidable bombe à retardement qui gît dans la mer de Barents", selon lui.
L'Observatoire reconnaît cependant que ces réacteurs ont "un bel avenir devant eux: "la Chine va renforcer ses moyens, l'Inde va atteindre son objectif de contrôler l'Océan indien, le Brésil devrait mener lui aussi à terme son programme de construction de sous-marin nucléaire".
La France a de son côté choisi de faire des SNLE "la composante majeure de la dissuasion qui reste à la base de notre stratégie", rappelait en mars le chef d'état-major de la Marine, l'amiral Jean-Louis Battet dans la revue de l'OTAN "Nato's nations".
Les autres moyens nucléaires de la Marine - le porte-avions Charles-de-Gaulle et les sous-marins d'attaque - restent respectivement une "pièce maîtresse de tout dispositif" de projection et l'un des "principaux outils de maîtrise de l'espace aéromaritime", selon lui.