Pour Areva, l'Uranium Appauvri n'est pas un déchet,
mais "une matière première en devenir"...

A lire : Quelques commentaires sur le dossier COGEMA pour l'enquète publique du projet d'entreposage à Bessines de sesquioxyde d'Uranium Appauvri
Roger Belbéoch - 1994.

Désormais, les matières seront stockées dans les installations de Bessines-sur-Gartempe (en attendant une remontée des cours du minerai). Ce sont pas moins de 260 000 tonnes de ce matériau, déchet de l'industrie nucléaire, qui seront stockées à terme sur le site. Les associations qui s'étaient battues contre cet entreposage, initialement limité à 199 000 tonnes ne manquent pas de souligner que les réacteurs dit de 4ème génération, pour lesquels cette matière était prévue, viennent d'être abandonnés (la 4ème génération c'était le retour des surgénérateurs de type SuperPhénix). 


Les "installations" de Bessines-sur-Gartempe... le stockage se fait dans ce qui semble être de simples hangars agricoles!!!

 

 


La Montagne, 20/5/2008:

L'uranium n'est (presque) plus un déchet

Le site Areva de Bessines-sur-Gartempe au centre d'une première mondiale

Leader mondial en matière d'énergie nucléaire, la France est le premier pays qui va enrichir de l'uranium appauvri. Avec Bessines pour plaque tournante.

Si certains avaient cru et/ou espéré que la Cogema (aujourd'hui Areva) allait délaisser son site de Bessines après 2001, quand la mine toute proche de Jouac ferma, ils en ont été pour leurs frais. Non seulement Areva a maintenu une importante activité, notamment de sécurisation, mais l'entreprise française, leader mondial de l'énergie nucléaire, l'a développé. Les vastes hangars de Bessines ont d'abord accueilli des containers d'uranium appauvri, dont la livraison commença en novembre 1998 .

Et, ce mercredi à 9h10, partira le premier train contenant ce même uranium appauvri, destiné à être... enrichi. Une première mondiale. Une précision d'importance, avant tout : cet uranium appauvri n'est en aucun cas issu des centrales nucléaires. Les déchets de ces dernières sont d'abord traitées à La Hague, dans la Manche, puis stockées au même endroit et dans l'Aube, ou sur les sites des centrales elles-même.

Deux trains par mois. L'uranium appauvri de Bessines provient des usines de traitement et constitue en quelque sorte le résidu du minerai qui ne peut être destiné aux centrales. Son taux de radioactivité est faible, inférieur à celui du minerai naturel. Et l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime dans une récente étude que sa dangerosité est limitée. Dix ans durant, donc, Areva a accueilli des containers de cet uranium, et les stocka, pour un total de 125.000 tonnes. Progrès technologiques aidant, Areva est aujourd'hui capable de valoriser ce produit, contredisant ainsi les arguments de ses opposants, qui ont toujours prétendu que Bessines accueillait des "déchets ultimes".

Gazéifié et filtré, l'uranium va donc être enrichi (dans les usines Areva de Narbonne et Pierrelatte dans la Drôme) et pourra ainsi repartir dans le circuit nucléaire, à destination des centrales. La France est le premier pays au monde à mettre en oeuvre cette technique. Un "ultime" problème. C'est demain que le premier train quittera Bessines. Il y en aura deux par mois, sachant que les convois d'uranium appauvri continuent d'arriver à raison de deux par mois également, puisque Bessines est loin d'avoir atteint le maximum de sa capacité de stockage (200.000 tonnes).

Puisque seuls 18 % de l'uranium appauvri pourra être enrichi, le reste reviendra à Bessines avant de repartir à nouveau. En théorie, ce circuit peut se faire plusieurs fois. Restera ensuite à résoudre le problème du déchet qu'on pourra cette fois qualifier d'ultime. Reprendre l'exploitation ?... Dans un premier temps, Areva a prévu d'enrichir 12.000 tonnes en 2008, puis 6.000 en 2009. Sur ces 18.000 tonnes, 3.350 seront valorisées une première fois. Cette nouvelle technologie est d'autant plus intéressante que le cours de l'uranium est remonté.

Mieux : alors que la France a stoppé l'extraction minière en mai 2001 avec la fermeture de la mine de Jouac, et qu'elle achète aujourd'hui à l'étranger son précieux minerai, « il n'est pas exclu qu'on reprenne l'exploitation de mines, y compris ici à Bessines », explique Laurent Blaszczyk, porte parole d'Areva-Bessines. Voilà qui ne manquerait pas de piment et pourrait profiter à l'économie du département.