Le Monde, 27/7/07:
Le "mémorandum d'entente" sur le nucléaire, signé lundi 25 juillet à Tripoli par le président de la République, Nicolas Sarkozy, et le numéro un libyen, Mouammar Kadhafi (Le Monde du 27 juillet), ouvre la voie à une coopération dans toutes les applications du nucléaire civil. Il intéresse les groupes français du secteur, surtout Areva, EDF et le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), mais il a réveillé toutes les inquiétudes. Les risques de prolifération ont été dénoncés par les Verts et les associations écologistes français. Dans le quotidien économique Handelsblatt, le secrétaire d'Etat allemand aux affaires étrangères, Gernot Erler, a critiqué un accord impliquant son pays à travers Siemens, détenteur de 34 % du constructeur de réacteurs Areva NP.
En raison des délais de certification
et de construction, la Libye ne disposera pas d'une centrale avant
six à huit ans. M.
Sarkozy estime que la manière de
traiter la Libye sera scrutée à la loupe par le
monde arabe. La priver du nucléaire, c'est s'exposer à
"une guerre des civilisations", a-t-il prévenu.
" Si on ne donne pas l'énergie du futur aux pays
du sud de la Méditerranée, comment ils vont se développer
? s'est-il interrogé. Et s'ils ne se développent
pas, comment on va lutter contre le terrorisme ?" Il
a reconnu que tout risque
de prolifération n'est pas écarté en ajoutant
qu'il existe, en cas de crise, "un système permettant
de désactiver une centrale nucléaire depuis l'extérieur". [Belle blague !!!]
L'accord pour la construction d'une centrale alimentant en électricité
une usine de dessalement d'eau de mer - une activité très
"énergivore" qui aurait pu être couplée
à une centrale thermique - n'a pas été rendu
possible par la seule libération des infirmières
bulgares. Il supposait surtout que la Libye, signataire du traité
de non-prolifération en 1975, renonce d'abord à
son programme d'armes de destruction massive, notamment nucléaires.
Tripoli l'a fait fin 2003 sous la pression des Etats-Unis et de
la Grande-Bretagne et a accepté le contrôle de l'Agence
internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur ses installations
de recherche.
"TEMPS DES POLITIQUES"
La coopération Paris-Tripoli ne part
pas de rien. Des discussions sur le nucléaire "durent
déjà depuis plusieurs années", a
indiqué, jeudi, le ministère des affaires étrangères.
En mars 2006, le CEA a signé un accord portant sur le dessalement
de l'eau de mer utilisant l'énergie nucléaire et
sur la production de radio-isotopes (médecine, industrie).
Récemment, une équipe d'Areva s'est rendue à
Tripoli pour y présenter ses activités. "C'était
une rencontre exploratoire, précise un porte-parole.
Aujourd'hui, c'est le temps des politiques. Demain, ce sera
celui des industriels."
Dans l'immédiat, le groupe d'Anne Lauvergeon s'intéresse
à d'éventuels gisements d'uranium dans le Sud libyen.
"Le contexte géologique est le même"
qu'au Niger, où Areva exploite d'importantes mines, a indiqué
M. Sarkozy. Le groupe discute aussi du rachat des 1 600 tonnes
d'uranium stockées par Tripoli dans le cadre de son programme
militaire.
De nombreux pays du pourtour méditerranéen (Egypte,
Algérie, Maroc, Turquie) et du golfe Persique ont l'intention
de se doter de centrales nucléaires. Et la concurrence
va s'exacerber entre les français (EDF, Areva), les américains
(General Electric), les japonais (Toshiba-Westinghouse) et les
russes (Atomenergoprom). Areva et EDF n'ont "que quelques
années d'avance" sur leurs concurrents, prévient
le PDG d'un grand groupe d'énergie.
Les pays en pointe dans l'industrie nucléaire civile (Etats-Unis,
Russie, France, Japon) tentent de concilier deux objectifs : exporter
leurs produits (réacteurs, cycle combustible-retraitement)
sans déclencher de phénomène de prolifération.
D'où l'idée lancée par les présidents
américain et russe, George Bush et Vladimir Poutine, de
créer des centres de référence dans les pays
"sûrs" où les nations émergentes
voulant accéder au nucléaire civil puissent se fournir
en uranium faiblement enrichi avant de leur renvoyer le combustible
usagé pour retraitement.
Jean-Michel Bezat
4/09/2007 - Un ingénieur allemand a été condamné à 18 ans de prison avec sursis mardi en Afrique du Sud après avoir plaidé coupable d'implication dans un trafic international de technologie nucléaire. Gerhard Wisser, qui réside en Afrique du Sud, était accusé de liens avec un réseau dirigé par Abdul Qadeer Khan, le "père" de la bombe atomique pakistanaise qui a reconnu avoir transmis des secrets nucléaires à des pays frappés d'embargo international. [lire: Le Pakistan, l'Inde et la bombe] Dans le cadre d'une transaction avec le ministère public, Wisser a plaidé coupable de faux, de fabrication et exportation d'autoclaves et d'autres composants susceptibles d'être intégrés à des programmes d'armement nucléaire au Pakistan et en Libye. Trois autres chefs d'accusation ont été abandonnés. En acceptant de coopérer avec les autorités, il a aussi renoncé à 3,8 millions de dollars (2,8 millions d'euros) et à six millions de rands (825.000 dollars) de revenus provenant de ses activités illicites. L'Autorité nationale chargée des poursuites (NPA) a donné son accord pour que la peine de Wisser soit assortie d'un sursis de cinq ans.
24/8/2007:
Le président
Sarkozy pour que la Libye accède au nucléaire civil
WASHINGTON (13/3/07) -
Les Etats-Unis sont proches de la conclusion avec la Libye d'un
accord de coopération sur un centre de médecine
nucléaire mais n'ont pour l'instant aucun projet de développement
plus large dans l'énergie atomique, contrairement à
ce que Tripoli a suggéré, indique-t-on lundi de
source gouvernementale américaine.
Jana, l'agence officielle de presse libyenne, a rapporté
dans la journée que Washington allait aider la Libye à
développer un programme nucléaire civil aux termes
d'un accord qui sera prochainement signé. Mais un responsable
américain spécialiste des questions de non-prolifération
nucléaire a déclaré que cette dépêche
"exagérait beaucoup les choses".
"Ce que nous avons dit aux Libyens quand ils se sont débarrassés
de leur programme nucléaire militaire, c'est que nous étions
ouverts à des discussions avec eux sur certains aspects
civils de l'énergie nucléaire", a-t-il ajouté,
parlant à condition de rester anonyme.
"Nous avons discuté avec eux d'un centre de médecine
nucléaire et nous sommes engagés dans des discussions
sérieuses sur notre souhait de les aider dans ce projet",
a-t-il dit.
La médecine nucléaire a recours à des matériaux
radioactifs, les radio-isotopes, introduits dans le corps du patient
pour établir des diagnostics.
Le responsable américain a ajouté que l'administration
Bush s'attendait à ce que cet accord spécifique
- négocié par le département d'Etat et le
département de l'Energie - soit signé par les autorités
libyennes à la fin de la semaine dernière et a été
surprise que cela n'ait pas été le cas.
L'agence Jana a évoqué un accord beaucoup plus vaste
portant notamment sur la construction d'une centrale nucléaire
pour produire de l'électricité, d'une aide au développement
des capacités de dessalement d'eau et de projets conjoints
de recherche et de formation d'ingénieurs libyens aux Etats-Unis.
La Libye a accepté en 2003 de renoncer à son programme
d'armement nucléaire afin de rompre son isolement sur la
scène internationale.
Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a toutefois déploré
début mars que son pays n'ait pas bénéficié
des compensations promises alors par les pays occidentaux pour
prix de son renoncement au nucléaire militaire.
"Ils ont dit que si nous abandonnions notre programme militaire,
ils nous aideraient à développer une capacité
nucléaire à des fins pacifiques, mais cela ne s'est
pas produit", regrettait alors le dirigeant libyen.
Kadhafi avait notamment dressé un parallèle entre
la Libye, d'une part, et l'Iran et la Corée du Nord, d'autre
part.
Les Etats-Unis cherchent actuellement à obtenir de ces
deux derniers pays l'abandon de leurs programmes nucléaires.
La Libye a annoncé en février la signature d'un
protocole d'accord avec la société française
Areva pour l'exploration d'uranium dans son vaste désert.
LONDRES (3 mars 2007) - Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a déploré
que son pays n'ait pas bénéficié des compensations
qui lui avait été promises par les pays occidentaux
après avoir renoncé en 2003 à son programme
d'armement nucléaire.
A l'occasion du 30e anniversaire de la proclamation de la Djamahiriah
("système de masse"), Kadhafi a déclaré
dans un entretien à la BBC diffusé vendredi soir
que les occidentaux n'avaient pas aidé la Libye à
transformer son programme nucléaire militaire en un programme
civil comme ils s'y étaient engagés.
"Cela aurait du être un exemple à suivre. Mais,
la Libye est déçue car les promesses faites par
les Américains et la Grande-Bretagne en échange
de l'abandon de nos capacités nucléaires n'ont pas
été tenues", a déclaré Kadhafi
selon le site internet de la BBC.
"Et donc ces pays (l'Iran
et la Corée
du Nord) disent "nous n'allons pas suivre l'exemple de
la Libye puisque la Libye a renoncé à son programme
sans bénéficier de compensations", a-t-il ajouté.
La Libye a accepté en 2003 de renoncer à son programme
d'armement nucléaire et elle a permis à des inspecteurs
internationaux d'avoir accès à ses installations.
Cette décision a permis à Tripoli de rompre son
isolement sur la scène internationale.
"Ils ont dit que si nous abandonnions notre programme militaire,
ils nous aideraient à développer une capacité
nucléaire à des fins pacifiques, mais cela ne s'est
pas produit", a affirmé le dirigeant libyen.
Les Etats-Unis ont dit qu'ils espéraient que la Corée
du Nord et l'Iran allaient suivre l'exemple libyen.
La Corée du Nord a accepté le mois dernier de prendre
des premières mesures en vue du démantèlement
de son programme nucléaire en échange d'un dispositif
d'aides qui pourraient s'élever à 300 millions de
dollars.
La communauté internationale fait également pression
sur l'Iran pour qu'il renonce à son programme nucléaire.
Washington et plusieurs pays européens soupçonnent
l'Iran de vouloir fabriquer clandestinement des armes atomiques,
ce que Téhéran dément, assurant que son programme
nucléaire ne vise qu'à produire de l'électricité.
Tageblatt, 27/7/06:
La Libye était sur le point de fabriquer
la bombe nucléaire avant l'abandon de son programme d'armes
de destruction massive en 2003, déclaré le numéro
un libyen le colonel Mouammar kadhafi, cité lundi par l'agence
officielle Jana.
»La Libye était sur le point de fabriquer une bombe
nucléaire: cela n'est plus un secret. Aussi bien les Américains
que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA)
étaient au courant» de ce projet, a dit le dirigeant
libyen devant de ingénieurs réunis à Tripoli.
»Nous avons dépensé beaucoup d'argent sur
des projets militaires mais pas dans de projets civils et de reconstruction,
nos espoirs sur l'édification d'un ensemble arabe étaient
grands, mais malheureusement tout cela a échoué»,
a dit le dirigeant libyen rappelant que son pays avait soutenu
les mouvements de libération en Afrique, en Amérique,
en Asie et même l'IRA.
»Ce soutien était indispensable à l'époque.
C'était au nom du nationalisme arabe, du socialisme et
de la révolution. Maintenant tout cela est révolu
et nous l'avons payé chèrement», a encore
dit le colonel kadhafi.
En décembre 2003, le colonel Kadhafi avait surpris le monde
en annonçant que son pays renonçait officiellement
à son programme d'armes de destruction massive.
Cette décision avait largement contribué à
l'amélioration des relations de la Libye avec l'Occident
et les Etats-Unis
Washington a annoncé Le 15 mai le rétablissement
des relations diplomatiques avec Tripoli, puis le retrait de la
Libye de sa liste de pays soutenant le terrorisme.
MANNHEIM (16 décembre 2005) - Un homme d'affaires allemand a été renvoyé
devant la justice pour participation au programme nucléaire
libyen, a indiqué vendredi le Parquet de Mannheim (sud-ouest).
Cet homme de 62 ans, qui avait été extradé
en juin de Suisse, où il vivait, est accusé d'avoir
enfreint la législation sur le commerce extérieur
et le contrôle des armes, qui encadre très strictement
la livraison de technologie sensible à l'étranger,
a précisé une porte-parole. Placé en détention
préventive, il récuse les accusations, selon la
même source.
L'Allemand, dont l'identité n'a pas été dévoilée,
a soutenu à partir de 1999 la Libye dans le développement
et la construction de centrifugeuses utilisées pour l'enrichissement
d'uranium. Il aurait fait produire en Afrique du Sud des pièces
pour ces centrifugeuses. Sa coopération aurait été
rémunérée à hauteur de douze millions
d'euros.
Les installations auraient pu produire 28 kilogrammes d'urianium
hautement enrichi par mois, alors qu'il n'en faut que dix environ
pour construire une bombe atomique moderne. Mais la livraison
n'a jamais eu lieu car la Libye a officiellement cessé
son programme atomique fin 2003 et rendu publiques ses activités.
20 minutes, 1/06/2005:
La Libye plus respectable que jamais. Paris va « donner une suite favorable
à la demande de Tripoli » concernant un accord de
« coopération dans le domaine des applications pacifiques
de l'énergie nucléaire (...)
dont le contenu reste à définir », a déclaré
le porte-parole du Quai d'Orsay, Jean-Baptiste Mattei. Pour justifier
une coopération dans le nucléaire civil avec un
Etat qui fut longtemps au ban des nations, la France estime qu'il
faut aller de l'avant après la décision des Libyens
de « renoncer aux armes de destruction massive ».
Depuis cinq ans, le colonel Kadhafi mène une entreprise
de charme vis-à-vis des capitales occidentales. Désormais,
l'homme fort de Tripoli assure être pacifiste et, en tant
que « sage africain», comme il aime à se présenter,
a fait savoir fin 2003 qu'il allait désarmer. Un mois plus
tard, il adhérait à la convention pour l'interdiction
des armes chimiques, puis signait le protocole additionnel au
traité de non-prolifération nucléaire autorisant
les inspections inopinées. Parallèlement, il indemnisait
les victimes du double attentat libyen contre un Boeing américain
au-dessus de Lockerbie (Ecosse) en 1988 et contre un DC-10 français
au-dessus du désert du Ténéré (Niger)
en 1989.
Cette politique de réconciliation a amené les Européens
à lever leurs sanctions commerciales et leur embargo sur
les armes, en octobre dernier. Une levée suivie des visites
de Tony Blair, Jacques Chirac ou Silvio Berlusconi, tous trois
intéressés
par les trésors d'hydrocarbures du sous-sol libyen.
Clémence Lemaistre
LIBYE - 31 mai 2005 - La France a annoncé mardi qu'elle allait proposer à la Libye un accord de coopération dans le nucléaire civil, confirmant ainsi sa volonté de se réengager durablement dans ce pays, également courtisé par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. "Nous allons prochainement proposer un accord aux Libyens sur ce qui pourra être fait", a déclaré le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi, soulignant qu'il faudra "valoriser les capacités déjà existantes en tenant compte des besoins libyens". "Le principe de la coopération dans le domaine des applications pacifiques de l'énergie nucléaire est acquis, mais le contenu reste à définir, donc nous en sommes encore à un stade exploratoire", a souligné M. Mattéi, précisant qu'une mission française s'était rendue "récemment" en Libye. Il s'agit d'une des dernières décisions du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, notifiée à la Libye moins de 24 heures avant la démission mardi du premier ministre français. Lundi soir, l'agence de presse libyenne Jana avait indiqué que l'ambassadeur de France à Tripoli, Jean-Luc Sibiude, venait de remettre au chef de la diplomatie libyenne Abdelrahmane Chalgham une note officielle de la France sur ce dossier qui avait été abordé lors d'une visite du président Jacques Chirac en novembre. Le numéro un libyen, Mouammar Kadhafi, avait alors fait valoir que puisque la Libye avait renoncé aux armes de destruction massive, elle était en droit d'obtenir des transferts de technologie à des fins civiles. M. Mattéi a annoncé mardi que la France allait donner "une suite favorable" à cette demande "dans le plein respect des engagements internationaux respectifs des parties". La France est allée de l'avant "au regard de la décision stratégique" libyenne de renoncer aux armes de destruction massive (ADM) et des gestes concrets qui ont suivi, notamment le démantèlement de certaines installations clandestines et une coopération active avec l'Agence internationale de l'énergie atomique. Tripoli s'était engagé en décembre 2003 - à l'issue de neuf mois de négociations secrètes avec Washington et Londres dont Paris avait été tenu à l'écart - à renoncer aux ADM et à se soumettre à des inspections internationales.C'est l'invasion anglo-américaine de l'Irak, accusé de posséder des ADM, qui avait poussé la Libye à entamer ces négociations pour échapper à la menace pesant sur elle et mettre un terme à son isolement. L'accord conclu en août 2003 sur les compensations à verser par la Libye aux familles des 270 victimes de l'attentat de Lockerbie (Ecosse) avait ouvert la voie à la levée des sanctions. Les Occidentaux s'étaient ensuite succédé en Libye, grand pays producteur de pétrole, pour normaliser leurs relations et ouvrir un marché prometteur à leurs entreprises. Le premier ministre britannique Tony Blair y était allé en mars 2004, suivi en juin du secrétaire d'Etat adjoint américain pour le Proche-Orient, William Burns. La visite de M. Chirac était intervenue quelques mois plus tard, après le règlement du dossier d'indemnisation des victimes de l'attentat contre un DC-10 d'UTA qui avait 170 morts en 1989. Paris et Tripoli avaient renoué en février leur coopération en matière de défense, suspendues au début des années 80 lors de l'invasion du Tchad par la Libye. Mardi, Paris en a profité pour adresser un message à l'Iran, en soulignant que les Etats "respectueux de leurs engagements internationaux de non prolifération" pouvaient "légitimement bénéficier des technologies nucléaires civiles nécessaires à leur développement".
Le Monde, 2/02/05 :
Des tests américains effectués sur des échantillons fournis l'an passé par Tripoli révèlent que ceux-ci ne proviendraient pas du Pakistan, comme cela avait été d'abord envisagé, mais "de Corée du Nord, avec une certitude d'au moins 90 %".
La Corée du Nord a sans doute vendu de l'uranium enrichi à la Libye, selon des tests américains effectués sur des échantillons fournis l'an passé par Tripoli, et pourrait avoir fait de même avec la Syrie et l'Iran, selon des informations publiées mercredi 2 février par le New York Times.
Les tests sur le matériel libyen ont été conduits au Laboratoire national d'Oak Ridge, après que Tripoli eut accepté en décembre 2003 de démanteler ses programmes nucléaire, chimique et biologique militaires en échange d'une levée des sanctions à son encontre.
Toujours selon le New York Times, ces tests ont montré que les échantillons d'uranium enrichi ne provenaient pas du Pakistan, comme cela avait été d'abord envisagé, mais "de Corée du Nord, avec une certitude d'au moins 90%".
LA SOLUTION DIPLOMATIQUE PRIVILÉGIÉE
Cette information, qui provient de sources proches des services de renseignement, est de nature à relancer le débat sur l'ampleur de la menace représentée par le programme nucléaire nord-coréen, estime le journal. Le quotidien cite ainsi un ancien responsable non identifié du Pentagone, selon lequel cette découverte est de nature à "changer toute l'équation en ce qui concerne la Corée du Nord".
"Elle suggère que nous n'avons pas le temps de nous asseoir autour d'une table et d'attendre le résultat des négociations", affirme-t-il, en ajoutant : "C'est une conclusion effrayante car vous ne savez pas à qui d'autre les Nord-Coréens peuvent avoir vendu" de l'uranium enrichi.
Pourtant, le président américain, George W. Bush, devrait réaffirmer, mercredi, dans son discours sur l'état de l'Union, qu'il privilégie une solution diplomatique pour empêcher l'Iran et la Corée du Nord de développer des armes nucléaires, a indiqué un responsable de son administration.
Le ministre des affaires étrangères sud-coréen , Ban Ki-moon, a déclaré mardi s'attendre à un retour de la Corée du Nord à la table des négociations sur ses ambitions nucléaires après le discours sur l'état de l'Union.
Pyongyang s'est dit prêt à reprendre
le dialogue et à renoncer à l'arme nucléaire
en échange de concessions de Washington, après avoir
toutefois boycotté la dernière session de pourparlers
multilatéraux qui devait se tenir en septembre dernier
à Pékin.
Le Nouvelobs, 25/11/04 :
La France est prête à faire des
transferts de technologie à la Libye dans le cadre des
contrôles internationaux, a dit le porte-parole de l'Elysée
Jérôme Bonnafont, à l'issue d'un entretien
mercredi 24 novembre à Tripoli du président français
Jacques Chirac et du numéro un libyen Mouammar Kadhafi.
Le colonel Kadhafi a fait valoir que puisque la Libye avait renoncé
aux armes de destruction massive (ADM), "elle souhaitait
que des transferts de technologie lui permettent de développer
son industrie civile dans un but pacifique", a rapporté
le porte-parole. Interrogé pour savoir si ces transferts
de technologie pouvaient concerner le nucléaire civil,
Jérôme Bonnafont a rappelé que "la France
était ouverte aux transferts de technologie envers tous
les pays qui respectent les normes du droit international, en
particulier en matière de non-prolifération".
Le porte-parole a ajouté que "la France était
prête à coopérer à un programme civil
soumis aux contrôles
de l'AIEA", l'Agence internationale de l'énergie atomique
chargée d'empêcher les pays dotés d'une industrie
nucléaire civile de développer des programmes militaires.
Dans une interview publiée mercredi par le journal français
Le Figaro, le colonel Kadhafi s'était déclaré
"un peu déçu" que l'Europe, les Etats-Unis
et le Japon n'aient pas récompensé la Libye pour
sa renonciation au programme d'armes nucléaires et chimiques.
Fin de l'embargo sur les armes
"Un pays qui se débarrasse de ses armes de destruction
massive devrait au moins obtenir des garanties quant à
sa sécurité nationale de la part de la communauté
internationale", a-t-il dit. Il faudrait peut-être
l'aider "à transformer ce matériel militaire
en matériel à usage civil. Et lui donner la technologie
pacifique en contrepartie de son abandon de la technologie militaire",
avait-il ajouté. La Libye a annoncé en décembre
2003 qu'elle abandonnait ses programmes de recherche sur les ADM,
ce qui a permis une normalisation complète de ses relations
avec la communauté internationale. Après la levée
des sanctions internationales, l'Union européenne a mis
fin en octobre à son embargo sur les armes. L'entretien
du président français et du Guide de la Jamahiriya
libyenne a eu lieu au premier jour de la visite officielle de
Jacques Chirac en Libye. Il s'est déroulé dans la
tente de Mouammar Kadhafi plantée au-milieu de son palais
de Bab Azizia, en réalité une vaste caserne dont
un des bâtiments a été détruit par
l'aviation américaine en 1986. Ce premier contact, en présence
des ministres et des délégations, a été
consacré uniquement aux questions bilatérales, les
sujets internationaux devant l'être après le dîner
officiel. Jacques Chirac a souhaité établir "un
partenariat politique régulier" entre la France et
la Libye pour discuter des crises en Afrique mais aussi de questions
de sécurité comme la lutte contre le terrorisme
et l'immigration clandestine", a rapporté Jérôme
Bonnafont. Le président français a également
souhaité développer les relations économiques
"dans les domaines de l'énergie, de l'aéronautique
ou des télécommunications", ainsi que la coopération
culturelle, a ajouté le porte-parole.
La Libye a bénéficié
de nombreuses complicités pour son programme nucléaire
clandestin
VIENNE (28 mai 2004) - Des Etats et des individus répartis sur trois
continents ont fourni à la Libye des équipements
et de l'expertise nucléaire, selon un rapport interne à
l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) communiqué
à l'Associated Press.
Ce document de l'agence onusienne basée à Vienne ne désigne pas nommément les pays impliqués. Mais des diplomates proches de l'étude affirment qu'il y est fait allusion à l'ancienne URSS, à l'Afrique du Sud, au Pakistan, à Doubaï et à la Malaisie, soit en tant qu'Etats ayant apporté leur soutien à la Libye, soit en tant que pays d'accueil d'individus ayant vendu des composants ou des savoir-faire nucléaires à la Libye.
D'après le rapport, La Libye a bien coopéré avec l'AIEA depuis qu'elle a admis en décembre qu'elle possédait un programme d'armement nucléaire et qu'elle s'est engagée à le démanteler. Le document ajoute que des inspections supplémentaires sont nécessaires.
Washington présente le matériel
nucléaire saisi en Libye
OAK RIDGE, Tennessee (15 mars 2004)
- La Maison blanche a présenté
lundi à la presse, dans un parc de stationnement du Tennessee,
des pièces relevant du programme nucléaire militaire
de la Libye.
"Ce n'est que la partie émergée de l'iceberg", a déclaré le secrétaire américain à l'Energie Spencer Abraham en montrant aux journalistes des pièces de centrifugeuse et d'autres matériels saisis en Libye, rassemblés sous une tente blanche dans le complexe d'Oak Ridge où furent mises au point les bombes atomiques américaines de la Seconde Guerre mondiale.
"C'est une opération de grande importance, a dit Abraham. L'essentiel tient au fait que tous les ingrédients étaient réunis pour le développement d'un programme nucléaire."
Les pièces exposées ont été transférées de Libye au Tennessee à la fin du mois de janvier, aux termes d'un accord surprise par lequel Tripoli a renoncé à ses armes de destruction massive.
NOUVELLE CARGAISON ATTENDUE CETTE SEMAINE
Bush a cité la Libye en exemple à des pays comme l'Iran, la Syrie et la Corée du Nord, afin de leur montrer qu'ils pourraient agir pacifiquement dans le même sens. Pour récompenser Tripoli de sa coopération, Washington a assoupli les sanctions qui pesaient sur les déplacements d'Américains en Libye et sur les relations diplomatiques bilatérales.
Seul un petit nombre de pièces "déclassifiées" ont été présentées aux journalistes au complexe "Y-12" d'Oak Ridge. Des gardes armés de fusils d'assaut étaient postés à l'intérieur du chapiteau et à intervalle régulier en bordure d'un périmètre faisant face à des collines et à des bâtiments de brique rouge.
Sous la tente installée au milieu du grand parking, quatre composants extérieurs de centrifugeuses "P1" de plus de 1,50m de haut étaient disposés sur une plate-forme près d'un dispositif d'aluminium qu'Abraham a présenté comme "le principal système de circuits reliant l'ensemble des centrifugeuses".
Abraham a dit que le programme libyen comportait 4.000 centrifugeuses et visait à porter ce nombre à 10.000 environ.
Une centrifugeuse est un cylindre à rotation rapide permettant d'enrichir de l'uranium afin qu'il puisse servir de combustible nucléaire.
La cargaison initiale, d'un poids de 25 tonnes, comprenait des documents relatifs aux programmes d'armes nucléaires et de missiles libyens auxquels a contribué le père de la bombe atomique pakistanaise, Abdul Qadeer Khan. Le réseau centré sur Khan avait fourni à la Libye, à l'Iran et à la Corée du Nord des technologies permettant de fabriquer des armes atomiques.
Un autre chargement en provenance de Libye, contenant tout le matériel restant censé relever du programme nucléaire militaire, doit arriver cette semaine dans un port de la côte est des Etats-Unis, ont indiqué des responsables. Cette cargaison de 500 tonnes comprend aussi bien des missiles que des rampes de lancement et du matériel d'une ancienne usine d'enrichissement d'uranium.
La Libye a traité une petite
quantité de plutonium, selon l'AIEA
VIENNE (20 février 2004) - Utilisant une technologie et un savoir-faire acquis
sur le marché noir, la Libye a pu traiter une petite quantité
de plutonium, a annoncé vendredi l'Agence internationale
à l'énergie atomique (AIEA).
Selon des diplomates citant un rapport de l'AIEA, la Libye a pu "séparer une petite quantité de plutonium". Le rapport ne parle que de "grammes", soit une quantité bien moindre que les quelque trois kilos nécessaires pour fabriquer une bombe atomique.
Reste que cette révélation semble montrer que Tripoli était plus avancée dans sa volonté de se doter d'armes nucléaires que l'AIEA ne l'avait d'un prime abord estimé.
Ce rapport de dix pages a été préparé par le directeur général de l'AIEA Mohamed el-Baradei en prévision de la rencontre des gouverneurs de l'agence le mois prochain, et dont des diplomates ont rendu compte à l'Associated Press sous couvert d'anonymat.
Tripoli a également "importé des matériels nucléaires et mené un vaste éventail d'activités nucléaires dont elle n'a pas rendu compte" à l'AIEA, en violation des accords passés, selon ce rapport.
La majeure partie de l'activité était concentrée sur l'enrichissement d'uranium, qui est, outre la production de plutonium, l'un des moyens de fabriquer les matériaux fissiles utilisés dans les têtes nucléaires.
La Libye n'a notamment pas déclaré des importations d'UF6 (uranium enrichi) en 1985, 2000 et 2001, poursuit le rapport, qui fait allusion au réseau de marché noir nucléaire du scientifique pakistanais Abdul Qadeer Khan.
Le rapport salue enfin la bonne volonté de coopération de la Libye, qui a annoncé en décembre, après des mois de tractations secrètes avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, qu'elle renonçait à se doter d'armes de destruction massive et était prête à fournir toutes informations sur ses programmes.
La Libye a reçu de l'uranium enrichi
du Pakistan en 2001, selon le cerveau financier du trafic
KUALA LUMPUR (20 février 2004) -
La Libye a reçu de l'uranium enrichi du Pakistan en 2001
pour son programme nucléaire, a annoncé la police
malaisienne vendredi citant le cerveau financier du réseau
international de trafic nucléaire agissant au nom du père
du nucléaire pakistanais Abdul Qadeer Khan.
Dans un rapport rendu public, Buhary Syed Abu Tahir, le cerveau financier présumé du réseau international de trafic nucléaire dirigé par Khan, a précisé q'une "certaine quantité" d'uranium avait été envoyée par avion en Libye à bord d'un avion de ligne pakistanais.
Par ailleurs, il a déclaré à la police malaisienne que le scientifique lui a demandé d'envoyer deux conteneurs de pièces usagées de centrifugeuse du Pakistan en Iran en 1994 ou 1995.
Tahir est en Malaisie où il est interrogé par la police dans le cadre de l'enquête ouverte sur ses activités au profit de Khan en Malaisie. La police a rendu publiques les conclusions de cette enquête vendredi.
Ouverture d'une enquête sur une société
malaisienne qui aurait fourni de la technologie nucléaire
à la Libye
KUALA LUMPUR, Malaisie 5 février
- Une société malaisienne
dirigée par le fils du Premier ministre Abdullah Ahmad
Badawi fait l'objet d'une enquête pour son rôle dans
la fourniture de pièces détachées pouvant
servir au programme d'armement nucléaire de la Libye, a
annoncé le chef de la police malaisienne.
L'inspecteur général de la police Mohamed Bakri Omar a précisé que la société Scomi Precision Engineering ou SCOPE, une filiale du groupe Scomi, a construit des composants d'une centrifugeuse dont les services internationaux de renseignement affirment qu'ils ont envoyés en Libye à la fin de 2003.
Les centrifugeuses sont utilisées pour enrichir l'uranium avec plusieurs utilisations possibles y compris la production d'armes.
Dans une déclaration écrite relayée par l'agence officielle Bernama, Mohamed Bakri ajoute que la branche spéciale de la police malaisienne a commencé son enquête après que la CIA et le MI6 britannique ont informé la Malaisie en novembre dernier que des boîtes de pièces détachées portant le nom de SCOPE ont été retrouvées dans cinq conteneurs saisis à bord d'un bateau au large de l'Italie en octobre alors qu'il faisait route vers la Libye.
Scomi est une société pétrolière et de gaz contrôlée par Kamaluddin Abdullah, l'un des fils du Premier ministre malaisien.
Un avion transportant des matériels
nucléaires libyens arrive aux Etats-Unis
WASHINGTON 28 janvier 2004 - Un avion américain transportant des composants
du programme d'armement nucléaire libyen est arrivé
samedi aux Etats-Unis, montrant que le maître de Tripoli
Moammar Kadhafi tient ses engagements de mettre un terme à
ses programmes d'ADM.
Ce matériel sera sans doute déchargé et évalué à l'usine d'armements nucléaires d'Oak Ridge, a précisé un responsable de l'administration Bush à l'Associated Press. L'avion transportait notamment du matériel d'enrichissement de l'uranium, des éléments de centrifugeuse et des kits de guidage pour missiles longue portée, a expliqué Scott McClellan, porte-parole de la Maison Blanche. Les "documents les plus sensibles" portant sur le programme nucléaire libyen sont arrivés la semaine dernière, a-t-il précisé, ajoutant que Tripoli avait également commencé à détruire des munitions chimiques.
"Le monde peut voir que le colonel Kadhafi respecte ses engagements", a déclaré Scott McClellan. Reste qu'il ne s'agit là "que du début du démantèlement des armes libyennes".
La présidence américaine n'a fourni aucun signe montrant qu'elle serait prête à alléger les sanctions économiques pesant sur la Libye. Le Département d'Etat n'a pas non plus dit que la Libye serait retirée de la liste des pays soutenant le terrorisme. Selon un haut responsable qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat, la Libye n'a pas encore fourni de preuves qu'elle ne soutenait pas le terrorisme.
Cette "livraison" intervient alors qu'une délégation américaine a rencontré le colonel Kadhafi lundi à Tripoli. Tom Lantos, représentant démocrate membre de la Commission des relations internationales, a fait savoir qu'il comptait appeler le gouvernement Bush à montrer sa confiance envers le dirigeant libyen en mettant fin à l'embargo sur les voyages à destination de la Libye.
Après l'annonce spectaculaire de Kadhafi, qui a déclaré en décembre, après des mois de tractations secrètes, renoncer à se doter d'armes de destruction massive, Washington avait fait savoir que l'étape suivante était désormais de comprendre clairement à quel stade en était la Libye. Les Américains comptent notamment faire toute la lumière sur les informations selon lesquels la majorité de la technologie nucléaire dont dispose la Libye proviendrait du Pakistan.
Tripoli a remis des plans d'armes nucléaires
aux inspecteurs de l'AIEA
VIENNE 23 janvier 2004 - La Libye a remis des plans d'armes nucléaires
aux inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA), a annoncé vendredi l'agence des Nations
unies basée à Vienne.
"On nous a montré des dessins d'armes nucléaires que les Libyens avaient en leur posession", a déclaré Mark Gwozdecky, porte-parole de l'AIEA. "Nous avons placé ces plans sous scellés et ils sont en lieu sûr". (Remarque: des plans de la bombe atomique ont été publiés dans les années 70 par la revue Science & Vie, ils sont donc disponibles dans les bonnes bibliothèques...)
Selon un diplomate qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat, cette annonce marque "la première fois que quelqu'un reconnaît" que la Libye avait l'intention de construire une arme nucléaire. Il a précisé que les plans ne montrent pas un système complet comme un missile, mais plutôt une partie, comme une ogive. Des membres de l'équipe américano-britannique doivent emmener ces plans hors de Libye dans les prochains jours pour les examiner en détail, a-t-il ajouté.
Des inspecteurs de l'AIEA sont arrivés en Libye, ainsi qu'une équipe distincte d'experts britanniques et américains pour faire l'inventaire du programme nucléaire militaire libyen dans le cadre du démantèlement des armes de destruction massive que Tripoli a reconnu posséder le mois dernier.