Riche en pétrole et en gaz naturel,
l'Iran mène un programme nucléaire que justifie mal la seule production d'électricité.
En 1995, le gouvernement iranien annonce qu'il a signé
des contrats d'un montant de 4,5 milliards de francs avec le ministère
russe de l'Énergie atomique, afin de construire une centrale
nucléaire près de la ville de Bushehr, sur le golfe
Persique. Aussitôt les États-Unis réagissent
: le secrétaire d'État américain Warren Christopher
fait campagne pour éviter que les Russes n'aident ainsi
l'Iran à constituer un arsenal nucléaire. Il n'a
pas gain de cause [...]. Le projet de Bushehr est déconcertant:
pourquoi l'Iran, qui a d'énormes réserves de gaz
naturel et d'autres combustibles fossiles, investit-il plusieurs
milliards de francs dans une centrale nucléaire qui produira
de l'électricité à un coût supérieur
à celui d'une centrale thermique? Naturellement la centrale
de Bushehr pallierait la grave pénurie d'électricité
qui gêne le développement du pays, et sa construction
s'accompagnerait de la formation d'ingénieurs capables
de faire fonctionner des réacteurs nucléaires (civils,
producteurs d'électricité, mais aussi militaires,
producteurs de plutonium). À plus court terme, le projet
de Bushehr serait une excellente couverture pour des activités
de contrebande: le ministère russe de l'Énergie
atomique enverra jusqu'à 3 000 techniciens et 7 000 tonnes
d'équipements pour la réalisation du projet, créant
ainsi un trafic suffisamment intense pour couvrir des transferts
clandestins d'équipements, de matériels et de compétences.
[Suite]
Ria Novosti, 5/2/2012: Un séisme de magnitude 5,0 a frappé dimanche le sud-ouest de l'Iran, région où se trouve la centrale nucléaire de Bouchehr, rapporte le service géologique américain. Des secousses ont été localisées à 76 km au sud-est de la ville de Bouchehr, l'épicentre se situait à dix kilomètres de profondeur. Aucune information n'a été communiquée sur d'éventuels dégâts par les médias iraniens. La centrale de Bouchehr, la première du pays, doit atteindre sa capacité maximale de 1.000 MW le 20 mars 2012. Entamée en 1974 par l'Allemagne, la construction de la centrale de Bouchehr a été achevée par la Russie conformément à un contrat signé en 1995. La compagnie Atomstroïexport était en charge du chantier. Début octobre 2010, la Russie a livré du combustible nucléaire à Bouchehr. Le 12 septembre dernier, le premier bloc énergétique, d'une puissance de 1.000 mégawatts, a été mis en service et connecté au réseau électrique national.
Ria Novosti, 5/2/2012: L'Iran attaquera tout pays dont le territoire sera
utilisé pour une intervention militaire contre la République
islamique, a déclaré dimanche Hossein Salami, commandant
adjoint du Corps des Gardiens de la révolution islamique,
cité par les médias occidentaux. "Tout territoire
utilisé par l'ennemi pour des opérations contre
la République islamique sera attaqué par nos forces
armées", a annoncé le général
Salami. La tension monte entre Téhéran et plusieurs
pays occidentaux, Etats-Unis en tête, sur fond de divergences
concernant le programme nucléaire iranien. L'Occident soupçonne
l'Iran de chercher
à se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme
nucléaire civil, ce que Téhéran dément.
Face à la poursuite des activités nucléaires
iraniennes, l'Union européenne, deuxième client
pétrolier de l'Iran derrière la Chine, a récemment
gelé ses importations de pétrole iranien, se joignant
aux Etats-Unis pour frapper au coeur de l'économie de la
République islamique. L'Iran a à son tour menacé
de fermer le détroit d'Ormuz au transit de pétrole.
12/1/2010 - Un scientifique nucléaire iranien de haut rang, Massoud Ali Mohammadi, a été tué mardi dans l'explosion d'une moto piégée près de son domicile de Téhéran, ont annoncé les autorités. M. Mohammadi était un "professeur dans le domaine de l'énergie nucléaire", a déclaré le procureur général de Téhéran, Abbas Jafari Dolatabadi, cité par l'agence Isna.
Selon l'agence Borna News, dépendant de l'agence officielle Irna, qui cite des "sources informées", M. Mohammadi était "un haut scientifique nucléaire du pays". Ce matin, ce professeur d'université était en train de monter dans sa voiture lorsqu'il a été tué par l'explosion de la moto qui était garée à côté", a expliqué le procureur de Téhéran. "Son corps a été transféré à la médecine légale et une enquête a été ouverte pour identifier les responsables de l'explosion et les motifs", a-t-il ajouté.
Les médias iraniens ont immédiatement accusé des "contre-révolutionnaires" et Israël d'être à l'origine de cet attentat, qui a eu lieu dans le quartier de Gheytarieh (nord de Téhéran), où habitait la victime. "Massoud Mohammadi était un professeur révolutionnaire et engagé qui est devenu martyr dans un attentat terroriste commis par des contre-révolutionnaires et les éléments de l'oppression mondiale", a affirmé la télévision d'Etat en persan.
Citant des "responsables bien informés", la chaîne de télévision officielle en arabe Al-Alam a estimé que, "compte tenu du type de l'explosion, l'attentat pourrait avoir été commis par les +hypocrites+ (les Moudjahidine du peuple, ndlr) ou avoir été planifié par le régime sioniste", à savoir Israël. Le mode opératoire de cet attentat --l'explosion d'un véhicule piégé déclenché à distance, selon les médias-- a été fréquemment employé par les Moudjahidine du peuple lors de la lutte contre le régime durant les premières années de la révolution islamique. Selon un voisin de la victime interrogé par l'AFP, l'explosion a été "très puissante" et a fait voler en éclat les vitres des voitures et maisons à proximité.
Cet attentat intervient alors que l'Iran est menacé de sanctions internationales pour sa politique nucléaire, et notamment pour son refus de renoncer à l'enrichissement d'uranium dont les Occidentaux craignent qu'il ne vise à doter la République islamique de l'arme nucléaire. Il intervient également dans un contexte politique très tendu, alors que le pouvoir a durement réprimé au cours des derniers mois l'opposition interne au régime, qui conteste la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad en juin.
Le 27 décembre, huit personnes ont été tuées lors de manifestations de l'opposition et plusieurs centaines d'autres ont été blessées ou arrêtées. Le pouvoir a mis en cause les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, ainsi qu'Israël et les Moudjahidine du peuple, dans le cadre de ces violences.
Le Figaro, 6/1/2010:
Téhéran a construit des tunnels pour dissimuler et protéger son programme nucléaire d'attaques aériennes.
Le 25 octobre 2009, lorsque les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) parviennent sur le site nucléaire iranien de Fordo, dont l'existence avait été dévoilée un mois auparavant, ils découvrent, effarés, des infrastructures sommaires, à moitié enterrées dans la montagne, truffées de batteries de missiles et de nids de mitrailleuses, défendues par des unités peu avenantes de gardiens de la révolution. Drôle d'ambiance pour un site industriel en plein désert, inachevé et censé faire partie d'un programme nucléaire purement civil.
Sommé de s'expliquer à Vienne au siège du «chien de garde nucléaire» de l'ONU, le régime chiite dégaine une explication préparée d'avance : Fordo pouvant à tout moment être attaquée par l'aviation israélienne, il convenait de protéger le site et d'en dissimuler l'existence, malgré les obligations de transparence auxquelles Téhéran est soumis du fait des accords de garanties nucléaires signés avec l'AIEA.
Cette justification, déjà employée dans le cas de Natanz, l'autre site d'enrichissement d'uranium dont l'existence avait été dévoilée en août 2002 et qui abriterait plus de 8 000 centrifugeuses, entre dans le cadre d'une stratégie de «défense passive», qui complique singulièrement la tâche des stratèges occidentaux.
Le programme nucléaire iranien, disséminé aux quatre coins du territoire, a été en grande partie enterré avec ses équipements les plus sophistiqués, notamment les centrifugeuses, qui permettent d'enrichir l'uranium, dissimulées dans de gigantesques souterrains aux entrées bien gardées.
À Ispahan, site de conversion de l'uranium, l'étape qui précède l'enrichissement, la montagne a été creusée comme du gruyère, et pas moins de six accès ont été inventoriés par les services secrets occidentaux. L'opposition iranienne en exil, contestée pour ses révélations parfois fantaisistes et sa dépendance vis-à-vis de la CIA, évaluait en 2005 à 14 le nombre de chantiers souterrains liés à des sites militaires ou à la production d'armements. Elle vient en décembre de revoir cette projection à la hausse, la faisant passer à 19.
Cibler les gardiens de la révolution
Ces myriades de tunnels constituent probablement l'argument le plus solide dont dispose l'Iran face à la frustration des Occidentaux et la colère d'Israël, intimement persuadé que le régime chiite lui voue une haine mortelle.
Pour Washington comme pour Tel-Aviv, la perspective de frappes aériennes revêt un faible intérêt stratégique, en l'absence de missiles de haute précision capables de perforer ces tunnels et y semer la dévastation. Outre leur énorme coût politique supposé, des raids surprises n'endommageraient que légèrement les infrastructures visées.
«(Les tunnels) compliquent la précision de votre tir, opine Richard Russell, ancien analyste de la CIA cité par le New York Times. Nous avons l'habitude de cibles situées en surface. Lorsqu'elles sont souterraines, elles deviennent de véritables trous noirs. Vous n'êtes jamais sûrs de ce qui peut s'y trouver.»
Privée de ce recours virtuel à la force, corollaire indispensable à une politique d'apaisement et un accord commercial espéré sur la fourniture d'uranium à l'Iran, l'Administration américaine envisage très sérieusement de réduire la voilure si de nouvelles sanctions devaient être promulguées au Conseil de sécurité des Nations unies.
Tandis que la contestation du régime
se poursuit en Iran, la Maison-Blanche préfère renoncer
à endiguer l'importation de pétrole raffiné,
pour mieux cibler les activités financières et commerciales
des gardiens de la révolution, véritables maîtres
d'oeuvre du programme nucléaire.
20/10/2009 - L'Iran juge inutile la présence de la France à la réunion de Vienne sur la livraison de combustible nucléaire à Téhéran, à laquelle participent également les Etats-Unis et la Russie, a affirmé mardi le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki. La République islamique a proposé à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de solliciter (en son nom) des pays tiers pour la livraison de combustible destiné à son réacteur de recherche de Téhéran, selon M. Mottaki.
"L'Agence a contacté quelques pays, et les Etats-Unis et la Russie ont accepté de participer aux négociations pour fournir le combustible", a déclaré à la presse le ministre iranien. "Les négociations vont être menées avec ces deux pays en présence de l'Agence. Nous n'avons pas besoin de beaucoup de combustible et nous n'avons pas besoin de la présence de beaucoup de pays. Il n'y a aucune raison pour la France d'être présente", a-t-il poursuivi.
L'Iran a entamé lundi à Vienne, sous l'égide de l'AIEA, la négociation d'un accord avec les Etats-Unis, la Russie et la France sur l'enrichissement à l'étranger d'uranium à usage civil, afin d'apaiser les tensions autour de son programme nucléaire controversé. L'uranium enrichi à 20% doit servir de combustible pour le réacteur de recherche de Téhéran.
L'enrichissement de l'uranium constitue le volet le plus controversé du programme nucléaire de la République islamique, dans la mesure où l'uranium enrichi peut aussi permettre la fabrication d'une bombe atomique.
20/10/2009 - Le reprise de la réunion de Vienne sur l'enrichissement à l'étranger d'uranium iranien était retardée mardi matin après l'annonce par le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, affirmant que la France n'avait "aucune raison" d'y participer.
La réunion, débutée lundi au siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), devait reprendre à 10H00 locales (08H00 GMT), mais n'avait toujours pas débuté à 11HOO (09H00 GMT). Dans la matinée, Manouchehr Mottaki avait déclaré depuis Téhéran ne voir "aucune raison pour la France d'être présente" à cette réunion rassemblant l'Iran, les Etats-Unis, la Russie et la France sous l'égide de l'AIEA.
Les quatre pays doivent discuter des modalités
de livraison d'ici un an à l'Iran d'uranium enrichi à
19,75% pour son réacteur de recherche de Téhéran,
bientôt à court de combustible. En échange,
l'Iran doit remettre une partie des 1.500 kg d'uranium qu'il a
faiblement enrichi malgré les sanctions du Conseil de sécurité
de l'ONU.
25/9/2009 - Le nouveau rebondissement dans la crise nucléaire iranienne est l'aboutissement d'années de coopération entre les services de renseignement américains, britanniques et français qui, comme toutes les histoires d'espions, soulèvent d'innombrables questions.
Comment les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont-ils su? Pourquoi, alors qu'ils savaient depuis bien longtemps, ont-ils attendu vendredi pour révéler avec fracas que l'Iran construisait en secret une nouvelle usine susceptible, selon eux, de servir à fabriquer la bombe atomique?
Qu'est-ce qui a poussé le président américain Barack Obama, son homologue français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique Gordon Brown à rompre vendredi avec les préoccupations économiques du sommet du G20 à Pittsburgh (est des Etats-Unis) pour dénoncer ensemble une nouvelle violation par l'Iran de ses obligations? Ces trois pays ont laissé nombre de questions sans réponse.
Ce qu'Américains, Français et Britanniques s'accordent à dire sous couvert d'anonymat, c'est qu'il y a longtemps que leurs services de Renseignement savaient. M. Obama lui-même a été mis au courant après son élection en novembre 2008, mais avant son investiture, dans les briefings qu'il recevait alors au même titre que le président encore en place.
La date de début de construction, sous une montagne, diffère selon les sources: avant l'accession à la présidence en 2005 de Mahmoud Ahmadinejad ou après, en 2006. Américains, Britanniques et Français ne s'étendent pas sur la question extrêmement sensible de leurs sources. Ils ne disent pas si l'Iran dissimulerait d'autres sites. Mais un haut responsable américain explique que l'Iran a été victime du soupçon constant qu'il suscite.
Quand un groupe d'opposition iranien a révélé en 2002 que la République islamique menait clandestinement un programme nucléaire à Natanz et Ispahan, l'Iran a été forcé de placer ces sites sous inspection internationale. "Il était évident pour tout le monde (...) que si les Iraniens voulaient se procurer l'option de l'arme nucléaire, le recours à Natanz était une approche vraiment très peu attirante (...) L'option évidente consistait à construire une autre usine secrète et souterraine d'enrichissement et nos services de renseignement (...) ont cherché une telle usine pendant des années. Comme on pouvait s'y attendre, nous l'avons trouvée", a-t-il dit.
Selon les Occidentaux, l'usine ne sera pas opérationnelle avant quelques mois. Elle pourrait accueillir environ 3.000 centrifugeuses, les machines procédant à l'enrichissement. C'est trop peu pour un usage civil. En revanche, l'usine aurait la "bonne taille" pour une finalité militaire, dit un responsable américain.
C'est parce que les Iraniens ont appris récemment que les Occidentaux savaient que ces derniers ont rendu l'affaire publique, dit-il. Les Iraniens ont écrit lundi à l'agence onusienne veillant à la non-prolifération pour se mettre en règle a posteriori, précise-t-il. L'activité diplomatique de la semaine semble accréditer cette explication.
Quand M. Obama a rencontré mardi le président chinois Hu Jintao, il ne lui a pas parlé de l'usine iranienne. Il l'a fait mercredi avec le président russe Dmitri Medvedev, partenaire tout aussi important quand il s'agit de contrer le nucléaire iranien, dit l'administration américaine. Des responsables français invoquaient, eux, la nécessité de dire aux Iraniens, preuves à l'appui et à un moment critique de la crise nucléaire: maintenant, ça suffit.
Dans moins d'une semaine, jeudi à Genève,
a lieu une rencontre cruciale entre Américains, Britanniques,
Français, Chinois, Russes et Allemands d'une part, Iraniens
de l'autre. Et les Occidentaux reconnaissent que la divulgation
de vendredi leur confère un moyen de pression considérable.
9/4/2009 - Mahmoud Ahmadinejad doit inaugurer dans la journée la première usine iranienne de production de combustible nucléaire, annonce un responsable iranien. L'Iran célèbre ce jeudi une Journée nationale du nucléaire, au cours de laquelle le président iranien, lors d'un discours à Ispahan, devait annoncer que Téhéran maîtrise le dernier stade de la production du combustible nucléaire. "Il s'agit du premier complexe de production de combustible (...) 100% iranien et le président va l'inaugurer", a déclaré à Reuters Vajihollah Asadi, directeur dans cette installation proche d'Ispahan.
Iran-Resist, 9/2/09:
Iran/nucléaire: Bruno Tertrais, idole éphémère
des mollahs de Téhéran
26/11/2008 - Cinq
mille centrifugeuses fonctionnent désormais dans le cadre
du programme iranien d'enrichissement d'uranium, a annoncé
mercredi Gholamreza Aghazadeh, directeur de l'agence nationale
de l'énergie atomique. "Nous avons maintenant 5.000
centrifugeuses actives. La suspension de l'enrichissement nucléaire
ne fait pas partie de notre vocabulaire", a-t-il déclaré,
selon l'agence de presse officielle Irna. L'Agence internationale
de l'énergie atomique (AIEA) a fait savoir en novembre
que 3.800 centrifugeuses étaient en service en Iran et
que 2.200 nouvelles entraient peu à peu en fonction. Le
chiffre de 3.800 a été atteint dès septembre,
mais l'AIEA n'a pas été en mesure d'expliquer la
lenteur relative de la progression de ce programme d'enrichissement
que les puissances occidentales jugent suspect. Téhéran
affirme qu'il est exclusivement à usage civil.
14/11/2008 - Les directeurs politiques des ministères des Affaires étrangères des "Six" se sont réunis jeudi à Paris pour évoquer le dossier nucléaire iranien, a annoncé le gouvernement français. L'Allemagne et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité - Chine, Etats-Unis, Russie, France et Grande-Bretagne - tentent depuis des mois de convaincre Téhéran de renoncer à son programme nucléaire. La réunion de jeudi, à laquelle était associé un représentant de l'Union européenne, n'a débouché sur aucune avancée ou décision majeures. "La réunion a permis aux participants de faire le point sur la situation actuelle et de discuter de la façon d'avancer (...) Les Six poursuivront leurs consultations sur les prochaines étapes dans les semaines à venir", dit le communiqué du ministère français des Affaires étrangères. Un haut responsable français, qui s'exprimait sous le sceau de l'anonymat, a déclaré avant la réunion qu'aucune avancée notable n'était attendue avant la prise de fonction du président élu américain Barack Obama, en janvier.
2/10/2008 - L'Iran continuera à enrichir de l'uranium "tant qu'il n'y aura pas d'instrument international légalement contraignant" qui garantisse son approvisionnement en combustible nucléaire, a indiqué jeudi l'ambassadeur d'Iran auprès de l'AIEA, Ali Asghar Soltanieh. Interrogé pour savoir si la mise en place d'un tel instrument suffirait à ce que son pays suspende l'enrichissement, M. Soltanieh, qui participait à une conférence à Bruxelles, a précisé qu'il faudrait d'abord vérifier qu'il est bien respecté. "Ce n'est pas assez d'avoir un morceau de papier, mais c'est une première étape", a-t-il indiqué à quelques journalistes après la conférence. "L'étape suivante est de voir s'il est réellement appliqué", a-t-il précisé. M. Soltanieh a souligné que sans mécanisme de garantie "internationalement négocié et reconnu", l'Iran poursuivrait l'enrichissement par "mesure de précaution", en raison d'un "grave déficit de confiance" envers les Occidentaux. Il a ainsi souligné qu'Américains, Allemands et l'usine d'enrichissement d'Eurodif (France) avaient par le passé manqué à leurs engagements envers Téhéran en matière de fournitures nucléaires. Alors que des négociations menées par le diplomate en chef de l'UE Javier Solana pour tenter de convaincre Téhéran de renoncer à l'enrichissement piétinent depuis des mois, l'ambassadeur iranien a par ailleurs appelé une nouvelle fois à des "négociations sur une base d'égalité, sans pré-conditions". Six puissances (France, Grande-Bretagne, Allemagne, Etats-Unis, Russie, Chine) font depuis des mois miroiter à l'Iran une ouverture de pourparlers sur une vaste offre de coopération économique et politique, conditionnée à une suspension de l'enrichissement. Sans succès jusqu'ici. L'ambassadeur iranien a également estimé que l'Iran se sentait "humiliée" par les Américains et "quelques pays européens" qui, à chaque fois que l'Iran a accédé à leurs demandes de vérification sur son programme nucléaire, ont exigé un peu plus. "Nous n'avons même pas le droit de réfléchir à la technologie nucléaire et à l'enrichissement", a-t-il dit. Le Suédois Hans Blix, ex-inspecteur de l'ONU en Irak et actuel président de la commission sur les armes de destruction massive, qui participait également à cette conférence, a donné partiellement raison à l'ambassadeur iranien. Il a jugé lui aussi que les Etats-Unis, en exigeant que l'Iran suspende l'enrichissement avant de consentir à des négociations, ne respectaient pas "l'égalité de traitement" et contribuaient à alimenter un sentiment d'"humiliation" en Iran. M. Blix a également estimé que, puisque de multiples inspections n'avaient pas réussi à apporter la preuve que les Iraniens poursuivaient un programme d'enrichissement à des fins militaires, les Occidentaux cherchaient maintenant à prouver qu'ils en ont "l'intention". Une recherche "futile" selon lui. L'Iran fait l'objet de sanctions de l'ONU pour son refus de suspendre l'enrichissement d'uranium, dont les Occidentaux soupçonnent qu'il alimente un programme secret d'arme atomique. Sur la base d'un récent rapport de l'AIEA dénonçant l'absence de progrès dans les discussions visant à préciser la véritable nature du programme nucléaire iranien, les Occidentaux auraient souhaité alourdir les sanctions de l'ONU déjà en vigueur. Mais la Russie, qui dispose d'un droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU, s'y est opposée.
Le Monde, 28/7/2008:
Les diplomates occidentaux habitués des négociations avec les Iraniens le savent : une des facettes de la culture perse est l'art de ratiociner, d'ergoter à l'infini sur les détails sans jamais aborder le coeur du sujet. Pour gagner du temps. Ce jeu intellectuel pourrait être divertissant s'il ne s'agissait de l'horloge et de l'arme nucléaires. Or le temps qui passe comporte des risques. Bien des indices - le raid israélien du 6 septembre 2007 contre le réacteur nucléaire syrien d'Al-Kibar, les exercices aériens réunissant une centaine d'avions de combat de Tsahal en juin, les manoeuvres navales et les tirs de missiles iraniens en juillet - incitent à penser que le risque d'une confrontation militaire avec l'Iran ne s'éloigne pas.
Les pourparlers de Genève du 19 juillet ont été sans surprise : il n'y a "aucune chance", a dit l'un de ses négociateurs, que l'Iran renonce à l'enrichissement de l'uranium, c'est-à-dire à un absolutisme nucléaire qui conforte le nationalisme d'une partie de la population. Même si un âpre débat semble se dérouler dans les cercles du pouvoir iranien, Téhéran montre ainsi son peu d'intérêt à accorder à une administration Bush en fin de parcours le "cadeau" d'un gel, à défaut d'un abandon, de son programme nucléaire.
Parier que davantage de concessions pourront être obtenues d'une administration Barack Obama ou John McCain, c'est prendre les risques d'un joueur d'As Nas, cet ancêtre du jeu de poker interdit par la révolution islamique. Le temps gagné par l'Iran ne joue pas en faveur d'Israël. Les Israéliens sont convaincus que les Iraniens poursuivent sans relâche leur programme d'enrichissement de l'uranium et la modernisation de leur arsenal balistique. Même si on exagère la détermination politique de l'Iran à exercer des représailles contre Israël et les forces américaines dans la région, Tel-Aviv ne peut prendre à la légère le risque de déclencher un embrasement. C'est pourquoi Israël préférerait que les Etats-Unis prennent l'initiative de détruire une partie des nombreuses installations nucléaires iraniennes.
Le temps électoral que vit l'Amérique n'est pas le plus propice à l'ouverture d'un troisième front militaire, en sus de l'Irak et de l'Afghanistan. Mais les dirigeants faibles prennent souvent des décisions folles : si M. Bush est discrédité, ce n'est rien en comparaison des scandales qui éclaboussent en Israël le premier ministre Ehoud Olmert. Si l'Amérique temporise, Israël, s'il acquiert la double conviction que l'Iran se rapproche dangereusement du "seuil nucléaire" et qu'une administration Obama fera preuve de pusillanimité envers l'Iran, ordonnera à son aviation d'agir. La démonstration de Tsahal en juin, avec toutes les caractéristiques d'une attaque fictive contre les sites iraniens, avait valeur d'avertissement. Comme si le raid sur Al-Kibar n'avait pas suffi.
Celui-ci est une application de la "doctrine Begin", énoncée par l'ancien premier ministre israélien pour justifier sa décision de détruire le réacteur nucléaire irakien Osirak, le 7 juin 1981. Elle tient en peu de mots : "Nous avons choisi ce moment : maintenant, pas plus tard, parce que plus tard pourrait être trop tard, peut-être pour toujours." M. Olmert a suivi ce conseil en envoyant sept chasseurs-bombardiers détruire Al-Kibar.
Si rien ne permet de confirmer la thèse israélienne selon laquelle il était urgent d'agir, il y a plus important : l'efficacité de cette opération militaire n'est rien comparée à son succès diplomatique et médiatique. Bruno Tertrais, expert sur les questions nucléaires à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), parle du "silence assourdissant" de la communauté internationale qui a salué ce raid israélien : aucune condamnation américaine ou européenne, aucune critique du Conseil de sécurité des Nations unies...
DU CRÉDIT À L'OPTION MILITAIRE
L'impunité dont a bénéficié l'Etat juif s'explique par l'image détestable de la Syrie dans le monde arabe. Les pays du Golfe n'étaient pas mécontents de la leçon infligée à Damas, tout comme ils verraient d'un bon oeil la destruction du potentiel nucléaire de leur voisin iranien. "L'attaque israélienne était un excellent exemple de la doctrine de la guerre préventive défendue par Begin, Bush et les néoconservateurs", fait observer l'expert américain sur les questions de prolifération Joseph Cirincione.
"Mais, ajoute-t-il, c'est un dangereux précédent : comment allons-nous réagir si un autre pays suit la même stratégie ? L'Inde peut-elle frapper une installation suspecte pakistanaise ou chinoise ? La Russie peut-elle, de façon préventive, frapper une base de missiles en Pologne ?" Israël a ses raisons historiques pour ne pas faire confiance à un système international long à réagir. Il n'empêche : le silence de la communauté internationale ne peut que redonner du crédit à l'option militaire, et enhardir un gouvernement israélien lassé des atermoiements occidentaux à franchir son Rubicon.
En prenant des risques : les sites nucléaires iraniens, nombreux, disséminés, enterrés, représentent un défi stratégique sans commune mesure avec la destruction relativement simple des sites d'Osirak et Al-Kibar. Les Israéliens estiment qu'à choisir, il vaut mieux un Proche-Orient en ébullition qu'un Iran nucléaire. Parce que celui-ci entraînerait inévitablement une prolifération généralisée : l'Arabie saoudite, l'Algérie, l'Afrique du Sud, la Turquie, le Brésil, bien d'autres nations, s'engouffreraient dans la brèche.
Refuser le manichéisme d'Israël impose d'en rester à une stricte application du traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Cela signifie plusieurs conséquences : ne pas jouer l'apaisement avec la Syrie, en acceptant de facto - par exemple lors du défilé du 14 Juillet à Paris - les "frasques" nucléaires du président Bachar Al-Assad ; ne pas conclure de juteux contrats nucléaires avec l'Inde, comme le font les Etats-Unis, en fermant les yeux sur le fait que le combustible livré à New Delhi servira à renforcer l'arsenal nucléaire de la "plus grande démocratie du monde" ; ne pas chercher à tout prix un accord avec la Corée du Nord, en oubliant de lui demander des comptes sur son stock d'armes atomiques et sa coopération nucléaire clandestine avec le Pakistan et la Syrie. Au moment où le fragile TNP fête son 40e anniversaire, le risque est grand de revenir aux années 1960, avant la non-prolifération, lorsque dix ou vingt Etats nucléaires paraissaient émerger. "Si c'était le cas, souligne Joseph Cirincione, comme le disait le président Kennedy, "il n'y aura de repos pour quiconque''."
Laurent Zecchini
26/7/2008 - Plus de 5.000 centrifugeuses sont actuellement en service pour enrichir l'uranium, a déclaré samedi le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, suggérant ainsi que son pays a poursuivi l'extension de son programme nucléaire.
Les déclarations du chef de l'Etat risquent d'irriter les six puissances impliquées dans le dossier du nucléaire iranien (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne) qui ont proposé à la République islamique un ensemble de mesures incitatives pour la convaincre de renoncer à ses activités sensibles. A l'issue d'une réunion, le 19 juillet, à Genève avec le négociateur en chef iranien sur le dossier du nucléaire, des responsables occidentaux ont déclaré que Téhéran avait deux semaines pour répondre à l'offre qui lui avait été faite par les grandes puissances. L'Iran a jusqu'à présent toujours refusé de geler ou de suspendre ses activités d'enrichissement en préalable à l'ouverture de négociations préliminaires ou officielles sur les mesures d'incitations proposées par les Six. "Aujourd'hui, nous avons plus de 5.000 centrifugeuses actives", a déclaré Ahmadinejad cité par la télévision publique iranienne.
L'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA) avait indiqué en mai que Téhéran possédait 3.500 centrifugeuses servant à enrichir l'uranium sur le site de Natanz. L'uranium enrichi peut être utilisé comme combustible dans des centrales produisant de l'électricité mais il peut également servir à fabriquer une arme atomique.
"DROIT ÉVIDENT AU NUCLÉAIRE"
Les Occidentaux soupçonnent la République islamique de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil, ce que les autorités iraniennes démentent. Le Conseil de sécurité de l'Onu a déjà imposé trois trains de sanctions à l'encontre de la République islamique en raison de son refus de cesser l'enrichissement d'uranium. Londres et Washington ont averti lundi l'Iran qu'il risquait de faire face à un renforcement des sanctions internationales s'il venait à rejeter l'offre des Six.
"L'Iran ne négocie avec personne
son droit évident au nucléaire", a déclaré
Ahmadinejad dans la ville de Mashhad. Selon la radio publique,
il a affirmé que les Occidentaux avaient fait marche arrière
et "acceptaient que l'Iran continue l'enrichissement d'uranium
avec ses 6.000 centrifugeuses actuelles". Le président
iranien a souligné que la présence lors de la réunion
de la réunion de Genève du sous-secrétaire
d'Etat américain William Burns, signe d'une évolution
de la politique de Washington vis à vis de l'Iran, constituait
un "succès".
14/2/2008 - Nicolas
Sarkozy a reçu jeudi à l'Elysée le directeur
général de l'AIEA Mohammed El-Baradeï pour
encourager l'agence onusienne à "poursuivre ses travaux
d'enquête en Iran dans la durée et avec détermination".
Selon un communiqué de l'Elysée, le président
français a rappelé au chef de l'Agence internationale
de l'énergie atomique (AIEA) les préoccupations
et les demandes de la communauté internationale vis-à-vis
des activités nucléaires et balistiques de l'Iran"
et "les propositions de négociations des Six (Etats-Unis,
Russie, Chine, France, Grande-Breatgne, Allemagne, NDLR) en faveur
d'un règlement de cette crise, y compris dans le domaine
de la coopération nucléaire civile". Nicolas
Sarkozy a par ailleurs "rappelé la politique de la
France en faveur de l'accès au nucléaire civil de
tous les pays respectueux des normes internationales". Les
deux hommes "ont constaté l'importance cruciale du
nucléaire civil dans les politiques énergétiques
et en faveur du développement durable. Ils ont relevé
la convergence des objectifs de la France et de l'Agence",
indiquait-on de même source. "L'intérêt
de progresser sur le développement d'instruments collectifs,
comme les assurances de fourniture de combustible et la création
dune banque de combustible à l'AIEA a été
relevé", selon le communiqué. Nicolas Sarkozy
avait réaffirmé mercredi lors du dîner annuel
du Conseil représentatif des institutions juives de France
(CRIF) la position de la France dans le dossier du nucléaire
iranien. "Tant que l'Iran choisit le fait accompli, nous
n'avons pas d'autre choix que de renforcer son isolement: cela
passe par de nouvelles sanctions au conseil de sécurité
et de l'Union européenne, et par la nécessaire retenue
des entreprises vis-à-vis de relations économiques
et financières avec ce pays", a-t-il déclaré
à cette ocacsion. Le chef de l'Etat a redit sa conviction
que le nucléaire civil "est la principale énergie
du futur" et "ne peut être réservé
aux seuls pays occidentaux".
8/2/2008 - L'ambassadeur
des Etats-Unis auprès de l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA), Gregory Schulte, a mis en garde l'Iran vendredi
contre toute mise en route d'une nouvelle génération
de centrifugeuses pour ses activités controversées
d'enrichissement d'uranium. "Tout test par l'Iran de centrifugeuses
plus modernes représenterait une escalade dans le non-respect
par ce pays de ses obligations de geler toute activité
liée à l'enrichissement", a-t-il déclaré
à l'AFP. M. Schulte a toutefois refusé de confirmer
des informations de presse selon lesquelles Téhéran
aurait effectivement commencé de tels tests, et a précisé
attendre le rapport sur le sujet que doit rendre ce mois-ci le
directeur général de l'AIEA, Mohamed ElBaradei.
"Nous n'avons pas d'information sur la nature technique d'éventuelles
nouvelles centrifugeuses iraniennes, mais nous estimons qu'un
test serait destiné à accroître les capacités
potentielles d'enrichissement de l'Iran", a-t-il souligné.
Selon ces informations, Téhéran aurait débuté
sur son site de Natanz des tests à vide de centrifugeuses
de type P-2, lesquelles seraient deux à trois fois plus
efficaces que les quelque 3.000 centrifugeuses de type P-1 qu'exploitait
la République islamique en novembre. Le Conseil de sécurité
de l'ONU étudie de nouvelles sanctions envers Téhéran
après l'échec de deux précédentes
séries de mesures destinées à contraindre
l'Iran à geler ses activités d'enrichissement d'uranium,
soupçonnées par les Occidentaux de servir à
doter ce pays de l'arme atomique. Une mise en route de nouvelles
centrifugeuses "serait une raison de plus de s'inquiéter
de la nature du programme nucléaire iranien et des intentions
de ses dirigeants, et une raison de plus pour le Conseil de sécurité
d'agir", a estimé M. Schulte. Selon un diplomate occidental
désirant conserver l'anonymat, "l'Iran, en s'empressant
de développer de nouvelles technologies, sape un peu plus
la confiance à un moment où il devrait faire tout
son possible pour la rétablir". L'AIEA, qui tente
depuis quatre ans d'établir la nature du programme nucléaire
iranien, a refusé vendredi de s'exprimer sur le sujet,
tout comme l'ambassadeur d'Iran auprès de l'agence, Ali
Asghar Soltanieh.
Libération, 18/12/2007:
L'Iran devrait avoir d'ici environ six mois sa première centrale nucléaire en activité. Elle le doit à un changement d'attitude de Moscou qui, depuis plusieurs années, traînait ostensiblement des pieds pour la terminer et livrer le combustible nucléaire nécessaire à son fonctionnement. Une première livraison aurait déjà dû intervenir au plus tard en mars 2006. Elle avait été sans cesse retardée, les autorités russes inventant tous les prétextes possibles pour ne pas honorer leurs engagements. Mais hier, le constructeur russe Atomstroyexport a fait savoir qu'il avait commencé à livrer les premiers conteneurs d'uranium «scellés au préalable par des inspecteurs de l'Agence internationale pour l'énergie atomique [AIEA, ndlr]». Ces conteneurs sont arrivés dimanche à la centrale, près du port de Bouchehr, sur le golfe Persique. Ils ont été placés dans un entrepôt spécial, toujours sous garantie de l'AIEA. Au total, 163 blocs principaux et 17 de réserve contenant de l'uranium U-235 enrichi à 3,62 % doivent être livrés «par étapes sur deux mois». Atomstroyexport a aussi annoncé que la livraison du combustible précédait de six mois la mise en service du réacteur. Téhéran attend 82 tonnes de combustible pour la première année de fonctionnement.
Pied levé. Contrairement au site d'enrichissement d'uranium de Natanz ou à la future centrale à eau lourde d'Arak, celle de Bouchehr n'est pas considérée comme un facteur de prolifération. «Pour deux raisons, souligne Bruno Tertrais, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique,son réacteur est à eau légère et Téhéran s'est engagé auprès de Moscou pour que le combustible destiné à l'alimentation soit renvoyé en Russie une fois utilisé. Cela constitue une double sécurité.» A l'origine, Bouchehr devait être construite par la compagnie allemande Kraftwerke Union. En 1979, lorsque Khomeiny prend le pouvoir, l'Allemagne interrompt ses travaux. Survient la guerre Irak-Iran, qui verra le bombardement de la centrale. En 1992, l'Allemagne avait refusé de les reprendre sous la pression des Etats-Unis qui invoquaient des risques de prolifération de technologie nucléaire sensible. La Russie la remplaçait alors au pied levé en concluant, en 1993, un accord de coopération dans le nucléaire civil. En janvier 1995, elle signait un contrat pour la reprise de la construction pour un coût d'un milliard de dollars. Un programme ensuite revu à la baisse.
Controversé. Bientôt, des difficultés survenaient entre les deux partenaires, faisant de Bouchehr, l'Arlésienne du Golfe. En fait, Moscou retardait l'achèvement de la construction pour forcer Téhéran à montrer plus de transparence sur son programme nucléaire controversé. La centrale lui sert alors de levier de pression. «C'était une stratégie assez fine. Si Moscou y a mis fin, ce n'est pas un revirement pour autant. A un moment ou un autre, les Russes se devaient d'honorer le contrat. Ils avaient tiré sur la corde aussi loin qu'ils le pouvaient. S'ils continuaient, ils risquaient d'apparaître comme un partenaire non fiable», ajoute Tertrais. A l'heure où d'autres gros contrats se profilent En contrepartie, Moscou a appelé l'Iran à «prouver le caractère pacifique de son programme nucléaire» et à «arrêter ses travaux d'enrichissement d'uranium», en notant que l'approvisionnement de Bouchehr en combustible était «assuré pour toute sa durée d'exploitation». Emboîtant le pas au Kremlin, la Maison Blanche a martelé hier que la livraison d'uranium russe à l'Iran constituait une raison de plus pour que Téhéran suspende ses activités nucléaires les plus sensibles.
Le régime islamique a aussitôt
répliqué qu'il poursuivrait son enrichissement d'uranium
- contre la volonté de la communauté internationale
- afin d'alimenter sa future centrale de Darkhoyen (sud). «Cette
centrale aura besoin de combustible», a déclaré
le chef de l'organisation iranienne de l'énergie atomique,
Gholamreza Aghazadeh. Pour le ministre israélien des Affaires
stratégiques, Avigdor Lieberman, une telle annonce est
bien la preuve que Téhéran veut se doter à
tout prix de l'arme nucléaire.
18/12/2007 - Les premières livraisons de combustible nucléaire russe à l'Iran retirent à Téhéran son argument selon lequel il doit mettre au point ses propres capacités de production d'uranium enrichi, a estimé mardi l'ancien chef des inspecteurs nucléaires de l'ONU, Hans Blix. "Si la Russie avait refusé de livrer du combustible à Bouchehr, je pense que les Iraniens auraient pu dire +vous voyez, nous avons raison, nous ne pouvons faire confiance à personne et il nous faut nos propres capacités+" de production, a déclaré M. Blix en duplex depuis Stockholm. "De ce point de vue-là, je comprends ces livraisons", a-t-il poursuivi, disant ne "rien voir dans les résolutions du Conseil de sécurité qui puisse faire obstacle" à ces exportations russes. La Russie a annoncé lundi qu'elle avait commencé à livrer du combustible nucléaire à l'Iran pour la centrale de Bouchehr, "sous le contrôle" de l'AIEA, et réitéré l'appel à Téhéran à cesser tout enrichissement d'uranium. M. Blix, ancien chef des inspecteurs nucléaires de l'ONU, a réitéré son appel à assurer un équilibre entre la "carotte" et le "bâton" avec l'Iran soupçonné de vouloir se doter de l'arme nucléaire. "Nous devons voir quelles sont les incitations positives, les carottes que nous pourrions utiliser avec l'Iran" notamment en "proposant l'ouverture de relations diplomatiques" avec les pays qui n'en ont pas avec Téhéran et par "des garanties de non attaque". "Le réacteur de Bouchehr doit être sous contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Bouchehr ne m'inquiète pas", a déclaré de son côté à Moscou Rolf Ekeus, ancien chef des inspecteurs en désarmement de l'ONU. "Avec les livraisons de combustible, l'Iran n'a pas de besoin urgent d'enrichir de l'uranium, c'est un argument très valable. Sa logique est forte", a déclaré pour sa part Uzi Arad, un ancien agent du Mossad et ex-conseiller en politique extérieure du Premier ministre israélien. "Je n'ai presque aucun doute sur le fait que l'Iran a tout, sauf peut-être l'uranium enrichi" pour fabriquer l'arme nucléaire, a déclaré de son côté l'expert russe Vladimir Dvorkine de l'académie des sciences qui a participé à la préparation de traités internationaux sur les armements.
17/12/2007 - L'Iran va poursuivre son enrichissement d'uranium, contre la volonté du Conseil de sécurité de l'ONU et malgré la livraison de combustible russe pour sa centrale de Bouchehr, afin d'alimenter sa future centrale nucléaire de Darkhoyen (sud), selon le chef de l'organisation iranienne de l'énergie atomique. "Nous avons une centrale autochtone avec une capacité de 360 mégawatts à Darkhoyen qui est en construction, et cette centrale aura besoin de combustible", a dit Gholam Reza Aghazadeh sur la télévision d'Etat. C'est la première fois qu'un responsable iranien précise l'emplacement de cette future centrale, dont l'Iran avait annoncé en mai dernier que sa construction avait commencé. "Selon le plan établi, le combustible de cette centrale sera fourni par (l'usine d'enrichissement d'uranium de) Natanz", a dit M. Aghazadeh, en précisant que la construction de la centrale prendra "plusieurs années". Le responsable a ainsi rejeté l'appel de Moscou à suspendre son enrichissement d'uranium. Dans un communiqué lundi, le ministère russe des Affaires étrangères a appelé Téhéran à "prouver le caractère pacifique de son programme (...) en arrêtant ses travaux d'enrichissement d'uranium". D'autant plus que la centrale de Bouchehr est désormais "assurée de recevoir du combustible russe pour toute sa durée d'exploitation". Moscou a commencé la livraison dimanche du combustible russe pour cette centrale, unique en Iran, dont la Russie assure la construction. Téhéran risque par ailleurs une troisième résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, assortie de sanctions, si il ne cesse pas son enrichissement d'uranium.
Le Monde, 15/12/2007:
La France est engagée dans un effort diplomatique visant à relancer la pression internationale sur l'Iran, après la publication, le 3 décembre, du rapport des agences de renseignement américaines sur "les intentions et les capacités nucléaires" de la République islamique. L'élément frappant est que, dans son approche, Paris semble adopter une attitude plus virulente et active encore que l'administration Bush. Les responsables français tentent en effet de convaincre les Etats-Unis de s'appuyer sur les éléments les plus compromettants du rapport du Renseignement national sur les activités iraniennes, afin d'exposer une violation flagrante du traité de non-prolifération (TNP) de 1968, dont l'Iran est signataire. L'idée est de se donner les moyens de remobiliser les grandes puissances, Russie et Chine comprises, autour du processus de sanctions lancé depuis 2006 contre l'Iran à l'ONU, et dont l'élan a pu sembler s'essouffler depuis la publication du rapport américain. Paris a en effet suggéré que l'administration américaine transmette à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) les éléments de renseignements prouvant que l'Iran a mené jusqu'en 2003 un programme nucléaire de nature militaire. Ce constat de l'existence, durant une période, d'un volet militaire, est contenu dans le rapport des renseignements américains. Il va ainsi plus loin que toutes les observations formulées, à ce jour, par l'AIEA, agence technique de l'ONU chargée de surveiller le respect du TNP par les Etats. Les responsables français estiment qu'en fournissant ces preuves à l'AIEA, Washington donnerait le moyen à l'Agence de constater une violation de l'article II du TNP. Celui-ci interdit aux Etats partie de "fabriquer" ou "acquérir" de quelque manière "des armes nucléaires ou autres dispositifs nucléaires explosifs". Mais l'idée de transférer des éléments de preuve à l'AIEA a suscité des hésitations à Washington. Pour deux raisons. D'une part, la confiance des responsables américains envers Mohamed ElBaradei, le directeur de l'AIEA, s'est fortement émoussée depuis que ce dernier a multiplié les prises de positions critiquant les "faucons" américains et la politique d'Israël. La coopération nouée entre M. ElBaradei et l'Iran sur un "plan de travail", lancé cet été, n'a rien fait pour calmer cette hostilité. D'autre part, les Américains craignent que toute remise de preuves n'expose leurs sources de renseignement, et mette potentiellement en péril la sécurité de personnes qui leur ont transmis secrètement des données. Le 5 décembre, deux jours après la publication du rapport américain, George Bush et Nicolas Sarkozy se sont entretenus par téléphone à propos de l'Iran. A-t-il été question de l'idée française de transférer des données à l'AIEA ? Selon le porte-parole de l'Elysée, la conversation a en tout cas conforté le président français dans sa politique de fermeté face à l'Iran. M. Sarkozy a estimé ce jour-là, à propos des conclusions du rapport américain, que "si cela est confirmé, les préoccupations internationales depuis 2002 sur les finalités des activités nucléaires en Iran seraient encore renforcées". Les responsables français sont en pointe en Europe aujourd'hui sur le dossier, tout en prenant grand soin d'associer les Britanniques et la chancellerie allemande d'Angela Merkel à leur réflexion. Cela s'intègre dans la volonté manifestée depuis plusieurs mois par Nicolas Sarkozy de mener une politique sans concession face au problème de la prolifération en Iran, qu'il a décrit comme une des "plus graves crises" pesant sur l'ordre international. Paris semble avoir comme préoccupation de remédier à la confusion semée par le rapport du renseignement américain. Le texte affirme en effet avec "un haut degré de confiance" qu'"à l'automne 2003, Téhéran a arrêté son programme nucléaire militaire" - ce qui a été analysé parfois comme un quitus accordé à Téhéran. Mais le rapport ajoute, "avec une confiance modérée", que "Téhéran n'a pas redémarré son programme nucléaire militaire à la date de la mi-2007". Selon Israël, ce redémarrage a eu lieu. "Il serait utile, et même du devoir des Américains, de transmettre les éléments de preuve d'activités nucléaires militaires à l'AIEA", commente-t-on côté français, "et il serait du devoir de l'AIEA de prendre ces éléments en compte". Par le passé, Washington a régulièrement transmis des documents à l'AIEA sur les activités de l'Iran. Mais un épisode a récemment achevé de compliquer la relation avec l'Agence : après le bombardement israélien effectué le 6 septembre en Syrie sur un site où, selon des sources américaines, se construisait un réacteur nucléaire de type nord-coréen, M. ElBaradei a publiquement contesté cette version et mis au défi les Etats-Unis et Israël de lui en fournir des preuves - qu'il dit ne pas avoir reçues à ce jour. On estime à Paris que le rapport du renseignement américain sur l'Iran contient des éléments accablants, et qu'il convient de les utiliser pour "rebondir" diplomatiquement. Une relance de l'AIEA sur le dossier iranien, sur la base de preuves nouvelles, pourrait stimuler le processus de sanctions à l'ONU, où une nouvelle résolution est à l'étude. L'objectif semble, en somme, de compenser la disparition d'un élément psychologique qui a cessé de peser sur le régime iranien : la possibilité d'une action militaire américaine.
Chronologie
23 décembre 2006 : dans sa résolution 1737, le Conseil
de sécurité des Nations unies adopte une première
série de sanctions visant les avoirs et les facilités
de déplacement de responsables de la République
islamique d'Iran en représailles à la poursuite
d'un programme d'enrichissement de l'uranium.
24 mars 2007 : dans sa résolution 1747, le Conseil impose une interdiction des exportations d'armes de l'Iran. Il élargit la liste des responsables du régime iranien soumis au gel de leurs avoirs.
25 octobre : la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, annonce l'inscription sur la liste noire du Trésor américain de la force Al-Qods, accusée de soutenir le terrorisme, et du corps des Gardiens de la révolution, accusé de contribuer à la prolifération d'armes de destruction massive.
En outre, trois banques d'Etat, dont la banque Melli, la plus grande d'Iran, sont inscrites sur cette liste qui interdit à toute institution financière soumise aux réglementations américaines de faire des affaires avec ces entités.
3 décembre : un rapport des 16 agences
américaines de renseignement estime que l'Iran a suspendu
depuis 2003 ses efforts pour se doter de l'arme nucléaire.
Ce texte souligne que le régime de Téhéran
pourrait en être capable entre 2010 et 2015.
La lauréate iranienne du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi a critiqué lundi la position de son gouvernement sur le dossier nucléaire, en recommandant le respect des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU pour éviter un risque de guerre contre l'Iran.
Téhéran, 19 novembre 2007 - «Nous croyons que l'utilisation de l'énergie nucléaire est le droit de chaque nation, mais nous avons d'autres droits tels que la sécurité, la paix et le bien-être», a dit Mme Ebadi lors d'une conférence de presse. «Nous ne devrions pas insister si fortement sur un droit au risque de perdre les autres d'un coup», a ajouté l'avocate, récompensée par le Nobel en 2003. Aucune autre personnalité iranienne n'a osé jusqu'ici lancer d'appel aussi explicite aux autorités pour qu'elles respectent l'exigence par le Conseil de sécurité d'une suspension par l'Iran de son enrichissement d'uranium. Shirin Ebadi avait lancé un premier appel en ce sens à la fin juin. Depuis, plusieurs responsables politiques réformateurs et conservateurs modérés ont souligné les risques croissants d'une intervention militaire américaine contre l'Iran. Téhéran fait l'objet de deux séries de sanctions de l'ONU et encourt le risque de nouvelles mesures s'il persiste dans son refus de suspendre son programme nucléaire. Le Centre des défenseurs des droits de l'Homme, que préside Mme Ebadi, a appelé le gouvernement à respecter les exigences de l'ONU, en prônant la création par les citoyens iraniens d'un conseil national pour la paix. Elle a recommandé à la population de former un mouvement, sous la forme d'un «conseil national pour la paix, chargé de donner son avis sur ce qui doit être fait dans cette situation sensible». Ce conseil «pourrait condamner toute menace de forces étrangères, et appeler la République islamique à observer les résolutions du Conseil de sécurité et à respecter les traités internationaux afin d'écarter les risques pour la paix», a-t-elle dit.
LONDRES (16/11/07) -
Prévue lundi, la réunion des cinq membres permanents
du Conseil de sécurité de l'Onu et de l'Allemagne
en vue de l'adoption d'un nouveau train de sanctions condamnant
la poursuite du programme nucléaire iranien a été
annulée en raison de la défection de la Chine, a-t-on
appris vendredi de sources diplomatiques européennes. Pékin
a fait savoir que la date arrêtée ne lui convenait
pas, a-t-on précisé. Etats-Unis, Grande-Bretagne,
France, Russie, Chine et Allemagne devaient se retrouver le 19
novembre au niveau des directeurs politiques pour examiner le
rapport publié jeudi par l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA) et entendre Javier Solana, porte-parole de la
diplomatie européenne, chargé des discussions sur
le dossier nucléaire iranien. "Je pense que le prétexte
de difficultés de déplacement est en partie vrai
mais qu'il existe aussi un lien avec la résistance (de
la Chine) sur la question plus large des sanctions", a commenté
un diplomate européen ayant requis l'anonymat.
Moscou, qui comme Pékin, s'oppose à de nouvelles
mesures de rétorsion envers l'Iran, a en outre annoncé
que le combustible nucléaire russe destiné à
la centrale iranienne de Bushehr, première du genre, serait
inspecté du 26 au 29 novembre par l'AIEA. "Nous sommes
prêts à fournir aux experts de l'AIEA tout ce dont
ils ont besoin pour faire leur travail", souligne Constantin
Grabelnikov, directeur adjoint de l'usine de Novossibirsk, chargée
de la livraison, dans un communiqué diffusé vendredi.
Moscou a fait savoir que le combustible serait livré six
mois avant la mise en service de la centrale, dont les ingénieurs
russes achèvent la construction, mais aucune date n'a encore
été arrêtée. Des retards de paiement
ont entraîné le report de sa mise en service jusqu'en
2008 au moins.
INCERTITUDES
Dans son rapport, l'AIEA se félicite des réponses
apportées par Téhéran au sujet de ses activités
nucléaires passées, mais souligne que d'autres questions
essentielles restent en suspens.
L'agence souligne en outre que l'Iran a poursuivi son programme
d'enrichissement d'uranium, en dépit des injonctions de
l'Onu, et note que le nombre de ses centrifugeuses, outils nécessaires
à l'enrichissement, a été décuplé
en un an. Aussitôt après la publication de ses conclusions,
la Maison blanche a réaffirmé sa détermination
à infliger de nouvelles sanctions à l'Iran. L'hostilité
de la Chine et de la Russie reste toutefois un obstacle majeur
à l'adoption d'une troisième résolution en
ce sens au Conseil de sécurité de l'Onu. La France,
qui prône elle aussi la fermeté, propose par conséquent
que l'UE procède comme les Etats-Unis, en adoptant des
mesures de rétorsion unilatérales, mais semble se
heurter à l'opposition de l'Allemagne. Le rapport de l'AIEA
"montre que l'Iran, sous la pression de la communauté
internationale, a apporté de nouveaux éléments
de réponse aux questions de l'AIEA (...) mais que ces réponses
demeurent partielles", a souligné lors de son point
de presse quotidien Pascale Andréani, porte-parole du Quai
d'Orsay. "Des incertitudes importantes demeurent, voire augmentent,
en ce qui concerne l'existence de centrifugeuses de nouvelle génération,
inconnues jusqu'ici, et auxquelles l'AIEA n'a pas eu accès",
a-t-elle ajouté.
Réagissant elles aussi aux conclusions de l'AIEA, les autorités
israéliennes, qui n'ont pas hésité à
intervenir militairement en 1981 pour priver Saddam Hussein du
réacteur "Osirak" de conception française,
ont exhorté leurs partenaires à se montrer fermes.
"L'Etat d'Israël pense qu'il incombe à la communauté
internationale de faire savoir clairement au gouvernement iranien
que son programme nucléaire est inacceptable et qu'il soit
cesser immédiatement", a déclaré Mark
Regev, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
A Téhéran, où on fait une tout autre lecture
du rapport de l'AIEA, on juge au contraire qu'il démontre
l'honnêteté de la République islamique. "L'Amérique
doit présenter ses excuses à la grande Nation iranienne
pour avoir menti à l'opinion publique mondiale", a
lancé l'ayatollah Ahmad Khatami, membre influent du clergé
iranien, s'adressant aux fidèles rassemblés pour
la prière du vendredi.
JERUSALEM (16 novembre, 2007) - Israël s'est dit déçu vendredi que
le rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique
(AIEA) n'ait pas "exposé" l'ambition de Téhéran
de se doter de l'arme nucléaire. "Ce rapport omet
d'exposer les intentions du (président iranien Mahmoud)
Ahmadinejad qui sont bien connues de l'AIEA et de son président
Mohamed ElBaradei", a déclaré le vice-ministre
des Affaires étrangères, Mjalli Wahbeh. "ElBaradei
réalise que la coopération de l'Iran est sélective
et il sait que l'Iran veut continuer à enrichir de l'uranium",
a-t-il ajouté. "Tout délai supplémentaire
accordé par la communauté internationale à
l'Iran lui donnera plus de temps pour développer une bombe.
La communauté internationale doit agir pour contraindre
l'Iran à arrêter son programme et à se plier
aux résolutions du Conseil de sécurité",
selon lui. Dans un communiqué à Jérusalem,
le ministère des Affaires étrangères souligne
que le rapport "confirme que l'Iran continue de se livrer
à des violations des résolutions du Conseil de sécurité
de l'ONU et poursuit son programme nucléaire". "Ce
rapport confirme la nécessité pour la communauté
internationale de prendre des mesures décisives, y compris
un durcissement des sanctions au Conseil de sécurité
et à l'extérieur" de cette instance, ajoute
le texte. L'AIEA a estimé dans son rapport publié
jeudi que l'Iran a fait des "progrès substantiels"
pour révéler la nature et l'étendue de son
programme nucléaire controversé mais que cela restait
insuffisant. "Cependant sa coopération a été
plutôt réactive que dynamique", a estimé
l'AIEA, qui a regretté que Téhéran ne prenne
pas suffisamment d'initiatives. Israël et de nombreux pays
occidentaux, les Etats-Unis en tête, soupçonnent
l'Iran de vouloir acquérir l'arme nucléaire sous
le couvert du développement de son programme nucléaire
civil, ce que Téhéran dément. Les cinq membres
permanents du Conseil de sécurité ont décidé
qu'une troisième résolution imposant des sanctions
à l'Iran serait soumise à l'approbation du Conseil
si le rapport de M. ElBaradei et celui que doit présenter
fin novembre le diplomate en chef de l'Union européenne
Javier Solana "ne faisaient pas état d'un résultat
positif de leurs efforts". M. Wahbeh a joint sa voix à
celles qui, en Israël, appellent au renvoi de M. ElBaradei,
accusé d'être trop souple à l'égard
de Téhéran. "ElBaradei enfouit sa tête
dans le sable et expose ainsi la région et le monde entier
à une réelle menace. Cela soulève de nombreuses
questions", a-t-il dit. Le 10 novembre, le vice-Premier ministre
israélien Shaoul Mofaz a affirmé que toutes les
options étaient "sur la table" pour stopper le
programme nucléaire iranien, évoquant l'éventualité
d'un recours à la force.
Selon des experts étrangers, Israël qui a refusé
de signer le Traité de Non-Prolifération des armes
nucléaires, dispose d'au moins 200 ogives nucléaires
ainsi que de missiles longue portée et de sous-marins pouvant
tirer des missiles balistiques.
Le Monde, 15/11/2007:
Washington, Paris et Londres lui reprochent de se compromettre avec les Iraniens. Pris dans une guérilla diplomatique, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique revendique un rôle politique
Il n'a pas pu prévenir la guerre américaine
contre l'Irak de Saddam Hussein, en 2003. Réussira-t-il
à empêcher des frappes aériennes contre les
installations nucléaires de l'Iran des mollahs ? L'Egyptien
Mohammed ElBaradei, 65 ans, directeur de l'Agence internationale
de l'énergie atomique (AIEA), peut être décrit
comme le héraut de la paix dans le monde. Lui, du moins,
voit les choses ainsi. Sans excès de modestie. Mais aussi,
dit-il, "sans l'illusion que j'y arriverai seul", ajoutant
: "Au moins, en parlant haut, on peut faire une différence."
Il parle de plus en plus haut et fort, Mohammed ElBaradei. Le prix Nobel de la paix qu'il a remporté en 2005
l'a conforté dans le sentiment d'être investi d'une
mission. Celle de bloquer les desseins de ceux qu'il appelle les
"neocrazies", les néodingues. Dans cette catégorie,
il range les derniers partisans du néoconservatisme autour
de George Bush et tous ceux qui considèrent, en Occident,
que le recours aux armes est une option envisageable face à
la perspective d'un Iran s'approchant du seuil nucléaire
- chose qui préfigurerait une nucléarisation de
l'ensemble du Proche-Orient, la poudrière de la planète.
Est-il le Cassandre des temps modernes ? Derrière une mise élégante et un caractère peu expansif, M. ElBaradei cache des méthodes à poigne, une autorité parfois décrite comme cassante. A Vienne, sur les rives du Danube, où se dressent les tours de béton et d'acier de l'AIEA, certains employés de l'agence n'acceptent de parler de lui qu'à condition que le rendez-vous soit entouré de la plus haute discrétion...
Il a tendance à fonctionner en vase clos, avec un petit cercle, écoutant peu les conseils. Il a écarté en avril le chef de ses équipes d'inspection en Iran, dont le travail heurtait le régime. M. ElBaradei a aussi choisi de passer sous silence certaines entraves faites au travail des inspecteurs en Iran, comme le fait qu'ils n'aient plus accès à la salle de contrôle de l'usine de Natanz, où s'enrichit l'uranium. Il compose. S'accommode. Par calcul ou par faiblesse ? Il a été pris d'une grande inquiétude : que l'AIEA soit expulsée d'Iran, comme elle l'avait été en 2002 de Corée du Nord. Et d'une angoisse plus grande encore, qui l'aurait saisi fin 2006 : la guerre serait-elle devenue inévitable, les extrêmes s'étant renforcés de part et d'autre, en Iran et aux Etats-Unis, dans une terrible spirale de la surenchère ?
Au fond, ce que prône Mohammed ElBaradei pour éviter la guerre est un "grand marchandage" entre Washington et Téhéran, susceptible de répondre aux "préoccupations de sécurité de l'Iran", qui sont, selon lui, au coeur du programme nucléaire. Il ne croit pas en l'existence d'un "danger clair et imminent" : "Je n'ai vu personne dire que l'Iran dispose maintenant de matériel nucléaire militaire utilisable." Cela ne pourrait pas se produire, selon lui, avant trois à huit ans. Il est partisan d'un dialogue poussé à l'extrême avec la République islamique. Il critique la politique de sanctions internationales, qui, "seules, ne vont pas résoudre cette crise".
Aux Etats-Unis, en France, au Royaume-Uni, en Israël, ses adversaires disent en privé qu'il a passé les bornes. Qu'il opère en solo. Que son ego l'a emporté sur son jugement. Qu'il fait le "pharaon". Que, de juge, il est devenu partie. On lui reproche une tendance à la compromission avec les Iraniens. Fin manoeuvriers, ceux-ci l'auraient berné. Les diplomates occidentaux qui observent son action depuis des mois avec perplexité considèrent qu'il s'est "égaré". Ils l'ont mis en garde, l'ont houspillé. Les dernières bribes de confiance se sont envolées. Mais il garde le soutien appuyé de la Russie, de la Chine et des pays non-alignés.
La querelle qui l'entoure est assez grave. L'arbitre qu'il est censé être, le contrôleur du respect par les Etats des obligations, qu'ils ont contractées en signant le traité de non-prolifération (TNP) de 1968, peut-il se permettre d'avoir une autorité érodée dans des grandes capitales ? M. ElBaradei est pris dans une guérilla diplomatique. Son message n'a pas toujours été clairement compris. Il en est conscient. Les accusations qui l'assaillent l'ont affecté. Pour les désamorcer, il assure ne vouloir jouer en rien "l'apaisement" avec l'Iran, ne pas avoir relâché la vigilance.
On ne devine pas toutes ces tensions lorsqu'on le rencontre. Affable, l'air détendu, assis sur un canapé dans son bureau aux larges baies vitrées qui s'ouvrent sur Vienne, Mohammed ElBaradei argumente longuement, soucieux de persuader. Issu d'une famille de la bourgeoisie égyptienne, il est juriste de formation. Après une carrière discrète de diplomate en Egypte puis à New York, au sein de l'ONU, il est arrivé à la tête de l'AIEA en 1997. Sans disposition naturelle, à ses débuts, à se projeter sous les feux médiatiques. Contrairement à son comparse de 2003, Hans Blix, alors chef des équipes d'inspecteurs de l'ONU en Irak, M. ElBaradei est spontanément réservé.
Une sourde rancoeur l'anime contre l'administration Bush. Elle trouve son origine dans la dispute qui a éclaté en 2003 à l'ONU à propos de l'Irak. Mohammed ElBaradei avait alors eu le courage de crier à la manipulation du renseignement américain, notamment à propos de supposées fournitures d'uranium à Saddam Hussein en provenance du Niger.
"L'Irak a été important, reconnaît-il. J'étais au coeur de la bataille. Treize jours avant la guerre, j'ai dit au Conseil de sécurité : donnez-moi trois mois, c'est un investissement dans la paix. Cela ne s'est pas fait. On a eu la guerre." Cette guerre-là ne cesse de l'accabler : "Le nombre de tués chaque mois en Irak est l'équivalent des victimes du 11-Septembre. Sept cent mille morts depuis le début du conflit ! Toutes d'innocentes victimes civiles. Empêcher que des massacres soient commis est de mon devoir, non seulement comme directeur de l'AIEA, mais en tant que simple citoyen."
Il arrive que des diplomates occidentaux lui reprochent d'agir en Egyptien bien plus qu'en patron d'une agence technique de l'ONU. Lui s'insurge contre ce procès d'intention. Rappelle qu'il a passé "plus de trente-cinq ans" de sa vie en Occident, et que New York, avec son brassage culturel, est pour lui "un microcosme du monde tel qu'il devrait être". Mais il se dit aussi, par ses origines mêmes, "très familier" des "deux perceptions" du monde qui se confrontent depuis le 11-Septembre, "un sentiment de persécution dans une partie du monde arabo-musulman, et un sentiment de suspicion en Occident".
Il semble y réfléchir beaucoup. "Si le discours de l'Iran est populaire au Moyen-Orient, dit-il, ce n'est pas parce que ce pays a des armements, mais parce qu'un pourcentage très élevé de la population de ces Etats est en colère, se sent humilié, ressent de l'injustice. La solution n'est pas l'emploi de la force. Il faut de l'éducation, des institutions, de la société civile, rétablir une dignité et un respect. Il faut commencer par résoudre la question palestinienne."
M. ElBaradei a pris de front, cette année, ceux qui considèrent qu'il devrait s'en tenir à un rôle de technicien chargé de fournir un diagnostic sur l'avancée des travaux nucléaires iraniens. Lui, revendique sans ambages un rôle "politique". Il se voit en négociateur de haut vol. Un rôle que peu de dirigeants en Occident ont souhaité qu'il endosse - hormis le ministre allemand des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, et, d'une façon plus discrète, le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana.
Son interlocuteur-clé, côté iranien, a été jusqu'en octobre le chef du Conseil suprême de sécurité nationale, Ali Larijani. Un personnage subtil et cultivé, mais qui, au fond, ne dévia jamais d'une ligne intransigeante, et dont la démission n'a fait qu'accroître les incertitudes sur l'issue de la crise. M. ElBaradei a négocié cet été avec M. Larijani un "plan de travail" avec la République islamique, qui vise à faire la lumière sur près de deux décennies d'activités nucléaires clandestines. Il devait rendre, ces jours-ci, un rapport à ce sujet. Il s'attachera probablement à prolonger les négociations. Ce qui aura pour conséquence de bloquer l'adoption de nouvelles sanctions à l'ONU, où les Russes et les Chinois sont ses alliés objectifs.
Ses détracteurs, à Washington, Paris et Londres, perçoivent le "plan" - auquel ils ont dû se résoudre - comme une manoeuvre de diversion, un dangereux subterfuge. Au prétexte de promouvoir la diplomatie, du temps est accordé aux Iraniens dans leur course à la matière fissile. Si l'on suit cette logique, l'action de M. ElBaradei accroît paradoxalement le danger de scénario militaire. Car en mettant l'Iran à l'abri de nouvelles sanctions de l'ONU, il conforte son illusion d'invulnérabilité et rapproche le moment où certains, à Washington ou en Israël, perdront patience.
A la description de ce scénario qu'il veut précisément éviter, M. ElBaradei répond en invoquant le droit international : l'usage de la force, sans feu vert du Conseil de sécurité ou sans motif clair d'autodéfense, est prohibé par la charte de l'ONU.
Médiateur controversé dans le dossier le plus brûlant, et sur lequel de sombres nuages s'accumulent, Mohammed ElBaradei joue gros. Il tente le tout pour le tout, sans illusion. Avec, sans doute, l'espoir de gagner du temps jusqu'au départ de George Bush. Si le pire se produit, au moins aura-t-il laissé une marque. Pour l'histoire ? Dans son bureau au style moderne et dépouillé, une petite reproduction attire l'attention. C'est Le Cri, d'Edvard Munch. L'expression de l'angoisse s'il en est.
Le Monde, 15/11/07:
Mossein Moussavian, ancien porte-parole de
l'équipe de négociateurs du dossier nucléaire
iranien, sous la présidence du réformateur Mohammad
Khatami, a été accusé, mercredi 14 novembre,
d'avoir fourni des "informations" à des pays
étrangers, dont la Grande-Bretagne, selon le ministre iranien
des renseignements, Gholamhossein Mohseni-Ejeie. M. Moussavian
a été arrêté en mai, puis libéré
sous caution. "L'accusation a été prouvée",
a dit M. Mohseni-Ejeie, ajoutant que, pour lui, M. Moussavian
"était coupable", mais qu'il appartenait au juge
d'en décider. Après le remplacement du négociateur
sur le dossier nucléaire Ali Larijani en octobre par Saïd
Jalili, un proche du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad
a entrepris une reprise en main. Lundi, il a accusé ses
adversaires politiques de faire pression sur le juge chargé
du dossier. "Les traîtres ont fait pression pour acquitter
un espion, a-t-il dit, la nation iranienne ne permettra pas à
certains de sauver les coupables (...) en usant de leur influence
économique et politique."
7/11/2007 - Le président Mahmoud Ahmadinejad a déclaré
mercredi que l'Iran avait atteint le cap de 3.000 centrifugeuses,
une étape symbolique qui permet théoriquement d'obtenir
suffisamment d'uranium hautement enrichi pour une bombe atomique
en moins d'un an. "Aujourd'hui nous
avons atteint 3.000 machines (pour l'enrichissement d'uranium,
ndlr)", a dit le président iranien devant une foule
rassemblée dans la ville de Birdjand, dans la province
orientale du Khorassan du sud. Le chiffre de 3.000 centrifugeuses
constitue un module permettant d'obtenir, à condition de
fonctionner de manière optimale, suffisamment d'uranium
hautement enrichi pour une bombe atomique en moins d'un an. M.
Ahmadinejad n'a pas précisé si la totalité
des centrifugeuses fonctionnaient effectivement. L'Agence internationale
de l'énergie atomique (AIEA) avait annoncé fin août
que l'Iran faisait tourner 1.968 centrifugeuses et que 656 autres
étaient testées ou en cours d'installation. Elle
avait aussi remarqué que les techniciens injectaient des
quantités relativement faibles de gaz d'hexafluorure d'uranium
dans ces machines, ce qui laisserait supposer que ces installations
ne fonctionnent pas de façon optimale. Le programme d'enrichissement
d'uranium est au coeur de la crise sur le dossier nucléaire
iranien. Le président français Nicolas Sarkozy a
affirmé mardi que l'hypothèse d'un Iran doté
de l'arme nucléaire était "inacceptable".
C'est pourquoi, a-t-il dit, "il n'y a pas d'autre solution
que des sanctions onusiennes et européennes et en même
temps, il faut rester disponible pour le dialogue, la main tendue".
La chancelière allemande Angela Merkel a ajouté
"que l'Allemagne, si l'Iran ne cède pas, est disposée
à de nouvelles sanctions plus sévères".
Le Conseil de sécurité des Nations unies a exigé
dans trois résolutions, dont deux assorties de sanctions,
une suspension de l'enrichissement. Les cinq membres permanents
du Conseil et l'Allemagne ont averti qu'ils chercheraient à
obtenir une nouvelle résolution accroissant les sanctions
si Téhéran ne se pliait pas à leurs exigences.
Le président iranien, dont l'autorité reste moindre
que celle du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a
de nouveau rejeté tout compromis. "L'Iran n'accordera
aucun crédit à ces résolutions" éventuelles
à venir, à dit M. Ahmadinejad, qui avait qualifié
les précédentes de "bouts de papier".
Il a aussi nié l'efficacité des sanctions, assurant
que la "nation iranienne se fichait des sanctions".
"Ce peuple ne bougera pas d'un iota sur ses droits, particulièrement
ses droits au nucléaire", a-t-il ajouté. L'Iran
considère que le développement de son programme
nucléaire est "un droit" inaliénable.
Mais les grandes puissances estiment que les doutes sur la nature
de ce programme nécessitent la suspension de ses activités
les plus sensibles. L'enrichissement d'uranium permet d'obtenir
aussi bien le combustible pour une centrale nucléaire que
la matière première d'une bombe atomique. Téhéran
assure que son programme d'enrichissement a un objectif purement
civil, mais l'AIEA a expliqué ne pas être en mesure
à ce stade d'en confirmer la nature pacifique. L'Iran s'est
engagée en août à éclairer l'agence
d'ici la fin de l'année sur des éléments
clés de ce programme. Le directeur de l'AIEA Mohammed ElBaradei
doit rendre un rapport à la fin-novembre sur l'état
de cette coopération. Israël, qui milite pour des
sanctions plus dures contre l'Iran, a mis en cause l'impartialité
de M. ElBaradei, de crainte que son rapport ne soit pas assez
dur contre Téhéran. Le porte-parole de la diplomatie
israélienne Mark Regev a accusé l'Agence mardi de
faire "le jeu des Iraniens en apportant leur contribution
à la stratégie iranienne qui consiste à traîner
les pieds". Les grandes puissances ont convenu d'attendre
ce rapport, ainsi que celui du Haut représentant pour la
diplomatie de l'UE Javier Solana, avant de décider si elles
présentent une nouvelle résolution au Conseil de
sécurité.
TEHERAN (30/10/07) - Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a affirmé mardi que des sanctions économiques unilatérales contre l'Iran ne contribueraient pas à une solution à la crise liée au programme nucléaire iranien, à l'issue d'une brève visite à Téhéran. Des sanctions unilatérales contre l'Iran "ne contribuent pas à la poursuite des efforts collectifs" pour trouver une issue à la crise liée au programme nucléaire de la République islamique, a déclaré M. Lavrov, cité par Interfax, après un entretien avec le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad. "La Russie est en faveur d'un règlement pacifique des questions liées au programme nucléaire iranien. Nous allons suivre résolument les décisions qui ont été adoptées par le Conseil de sécurité de l'ONU. Et nous confirmons notre attachement aux actions collectives", a indiqué le ministre russe. Les nouvelles sanctions américaines visent le corps des Gardiens de la révolution, accusé de contribuer à la prolifération d'armes de destruction massive ainsi qu'une unité d'élite de l'armée iranienne, la force Al-Quds, accusée de soutenir le terrorisme. Trois banques d'Etat sont également dans le collimateur, ainsi que des particuliers et des agences gouvernementales. Les Occidentaux accusent l'Iran de chercher à utiliser son programme d'enrichissement d'uranium pour la fabrication de l'arme atomique. Mais Téhéran dément et assure que son programme est uniquement pacifique. Au cours de sa visite, M. Lavrov s'est aussi prononcé en faveur d'une coopération "plus active" de Téhéran avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour lever les inquiétudes de la communauté internationale et "restaurer la confiance envers le caractère civil" de son programme nucléaire. M. Lavrov était arrivé en début de soirée à Téhéran. Sa visite intervient deux semaines après le déplacement historique du président russe, Vladimir Poutine, le premier d'un chef du Kremlin depuis 1943. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait alors déclaré au président russe qu'il "examinerait" une proposition de ce dernier, sans autre précision. L'ancien responsable du dossier nucléaire, Ali Larijani, avait précisé que la "suggestion particulière" du président russe concernait le programme nucléaire de l'Iran, mais le président Ahmadinejad avait affirmé qu'il n'existait pas de proposition concernant le dossier nucléaire. Ces dernières semaines, le président russe s'est démarqué de la position des Occidentaux en la matière. En visite au Portugal la semaine dernière pour participer au sommet Russie-Union européenne, M. Poutine a durement critiqué la position américaine et les nouvelles sanctions décidées par Washington contre Téhéran. "Pourquoi envenimer la situation, la conduire dans une impasse, menacer de sanctions ou même d'action militaire?", a-t-il lancé. "Vous pouvez courir dans tous les sens comme un fou agitant un rasoir mais ce n'est pas le meilleur moyen de régler le problème". Le président iranien, cité mardi par l'agence Irna, a quant à lui de nouveau dénoncé les sanctions américaines. "Les Etats-Unis pensent qu'ils peuvent obliger l'Iran à reculer avec des sanctions unilatérales et utilisent certains éléments intérieurs qui affirment que les gens ont des problèmes économiques, mais nous avons identifié ces perturbateurs économiques et nous allons bientôt les éliminer", a-t-il dit. Enfin, le directeur adjoint de l'AIEA, Olli Heinonen, et les responsables nucléaires iraniens ont repris leurs discussions sur des centrifugeuses P1 et P2. L'AIEA attend des détails sur l'obtention par l'Iran des composants des centrifugeuses de type P1, dont près de 3.000 fonctionnent à l'usine d'enrichissement de Natanz (centre), et sur les recherches concernant le modèle P2.
Siavosh GHAZI
NouvelObs, 30/10/07:
Téhéran critique vivement Hervé Morin
Le Monde, 29/10/07:
L'Algérie apporte son soutien à l'Iran sur le dossier
nucléaire
Libération, 29 octobre 2007:
Cacophonie sur le nucléaire iranien
NouvelObs, 28/9/07:
L'information démentie venait du
Conseil national de la résistance iranienne, vitrine des
moudjahidine du peuple, considérés comme une organisation
terroriste par l'UE et les Etats-Unis.
Un haut responsable du nucléaire iranien, Javad Vaïdi,
a démenti l'existence d'un site nucléaire souterrain
secret, comme l'avait affirmé un responsable du Conseil
national de la résistance iranienne (CNRI, opposition),
a rapporté, vendredi 28 septembre, la télévision
d'Etat.
"Ces accusations sans fondement et erronées visent
à détruire le climat positif (...) créé
par la coopération de l'Iran avec l'Agence internationale
de l'énergie atomique (AIEA) et le voyage du président
(Mahmoud Ahmadinejad) à New York", a déclaré
Javad Vaïdi, l'adjoint pour les affaires internationales
d'Ali Larijani, secrétaire du Conseil suprême de
la sécurité nationale, selon un communiqué
lu par la télévision d'Etat.
Complexe de Natanz
Le CNRI a affirmé jeudi que Téhéran serait
en train de construire, dans le centre du pays, un nouveau site
nucléaire souterrain à vocation militaire, relié
au complexe de Natanz.
"Le site est protégé des attaques aériennes.
En cas de bombardement de Natanz, il ne sera pas touché",
a expliqué un responsable du CNRI, Mehdi Abrichamtchi,
lors d'une conférence de presse à Paris. "Le
centre atomique est formé d'un vaste espace souterrain
relié à deux tunnels parallèles, situés
sous la chaîne de montagne Karkass, et connecté par
un troisième tunnel" au complexe nucléaire
de Natanz, situé à 5 km plus au nord, a-t-il affirmé.
L'embouchure des tunnels mesure 6 mètres de diamètres,
a-t-il précisé.
"Opérationnel dans 6 mois"
Toujours selon Medhi Abrichamtchi, "pour conserver le secret
du site", l'endroit a été déclaré
"zone militaire". Le régime aurait également
"acheté les terres et les grands vergers de la région".
Le plan de ce site a été élaboré il
y a deux ans. Mehdi Abrichamtchi affirme qu'il sera opérationnel
"dans six mois". "L'information que nous avons
reçu de l'intérieur du régime montre que
c'est un site pour une activité nucléaire militaire",
principalement "pour améliorer encore l'enrichissement
d'uranium", assure-t-il. Le 9 juillet, un groupe d'analyse
américain, l'Institut pour les sciences et la sécurité
internationale (ISIS) avait fait état d'images satellitaires
de travaux de construction de tunnels près de Natanz. Le
CNRI avait été le premier en 2002 à rendre
public l'existence de sites nucléaires iraniens secrets
dans les villes d'Arak et Natanz.
Le Conseil est la vitrine des Moudjahidine du peuple iranien,
considérés comme une organisation terroriste par
l'Union européenne et les Etats-Unis.
NouvelObs, 28/9/07:
L'ONU ne prendra aucune résolution contre l'Iran d'ici là, a indiqué Bernard Kouchner, le chef de la diplomatie française, à l'issue d'une réunion entre les Six à New York.
LONU ne planchera pas sur une nouvelle résolution
sur l'Iran avant novembre, a indiqué Bernard Kouchner,
vendredi 28 septembre, à l'issue d'une réunion des
chefs de la diplomatie des Six à New York. Aucune sanction
renforcée pour juguler le programme nucléaire iranien
n'est donc prévue.
Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité
de l'ONU (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France)
et l'Allemagne n'ont donc pas trouvé de compromis satisfaisant.
Cette réunion se tenait à l'invitation de la secrétaire
d'Etat américaine, Condoleezza Rice.
Accord avec l'AEIA
Les Etats-Unis faisaient pression pour une troisième résolution
à l'automne du Conseil de sécurité contre
l'Iran, qui refuse de suspendre sa production d'uranium enrichi.
En revanche, la Russie et la Chine s'opposent à une prise
de sanction, préférant attendre les réponses
de Téhéran à l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA). L'AEIA a conclu en août un accord avec
l'Iran, par lequel le pays s'engage à répondre aux
questions de l'agence sur son programme nucléaire.
Les Occidentaux, après avoir critiqué cet accord,
ont fini par soutenir l'initiative de l'AIEA. Mais la France et
les Etats-Unis n'ont pas délivré l'Iran de son obligation
de suspendre ses activités d'enrichissement, qui pourraient
à terme lui permettre de se doter de l'arme nucléaire.
Sanctions financières
Après la réunion ministérielle des Six, Condoleeza
Rice a rencontré séparément ses homologues
allemand Frank-Walter Steinmeier, britannique David Milliband
et français, pour discuter avec eux de la possibilité
d'imposer de nouvelles sanctions contre l'Iran, notamment dans
le secteur financier. Signe de leurs profondes divisions, les
ministres des Six n'ont pas tenu de conférence de presse
commune.
Le Monde, 19/9/07:
Interrogée dans l'avion qui la conduisait
au Proche-Orient, la secrétaire d'Etat américaine
Condoleezza Rice a reproché, mercredi 19 septembre, à
l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de
sortir de son registre dans la crise nucléaire iranienne,
et s'est prononcée en faveur de la poursuite des pressions
diplomatiques à l'encontre de Téhéran.
"Nous pensons que la voie diplomatique peut fonctionner,
mais elle marchera à la fois avec des mesures incitatives
et en montrant les dents", a-t-elle déclaré,
soulignant à nouveau que "toutes les options"
restaient envisageables."L'AIEA n'est pas dans le registre
de la diplomatie. Elle est une agence technique dotée d'un
conseil des gouverneurs dont les Etats-Unis sont membres",
a souligné Mme Rice.
"DES TAS DE CHOSES DONT L'AIEA DEVRAIT S'INQUIÉTER"
Elle a rappelé que Mohamed ElBaradei, qui a obtenu en 2005
le prix Nobel de la paix, travaillait sous l'autorité de
l'ONU. "Le rôle de l'AIEA est de mener des inspections,
de rapporter des activités, de s'assurer que les divers
accords que les Etats ont signés sont respectés",
a-t-elle poursuivi.
M. ElBaradei a récusé lundi à Vienne la perspective
d'une option militaire contre l'Iran."Nous devons toujours
nous souvenir que l'usage de la force ne peut être envisagé
[que quand] toutes les autres options sont épuisées.
Je ne crois pas du tout que nous en soyons là", avait-il
affirmé. Mme Rice, visiblement irritée, a rappelé
que c'est au Conseil de sécurité de l'ONU et à
lui seul de décider des obligations à imposer à
l'Iran. "Il y a des tas de choses dont l'AIEA devrait s'inquiéter.
En ce qui concerne l'Iran, c'est de faire une déclaration
claire, un rapport clair sur ce que les Iraniens sont en train
de faire", a-t-elle poursuivi.
Le Monde, 1/10/07:
Le journaliste américain Seymour Hersh,
auteur de plusieurs articles sur la stratégie militaire
de la Maison Blanche en Iran, affirme, dans le New Yorker
paru lundi 1er octobre, que Washington pourrait abandonner l'idée
d'un bombardement de grande envergure visant des installations
nucléaires au profit de frappes "ciblées"
contre des infrastructures des Gardiens de la révolution.
Citant de nombreuses sources gouvernementales et sécuritaires
sous couvert d'anonymat, Hersh affirme que la modification des
plans américains s'est opérée cet été,
sous l'impulsion du vice-président Dick Cheney. "Le
but des plans était une large campagne de bombardement,
avec des cibles comprenant des sites nucléaires connus
ou suspectés ainsi que des cibles militaires. Maintenant,
on insiste sur des frappes 'chirurgicales' contre des installations
des Gardiens de la révolution à Téhéran
et ailleurs d'où sont lancées, selon l'administration,
des attaques contre les Américains en Irak", écrit
Hersh.
LES PRÉPARATIFS ONT AUGMENTÉ "DE MANIÈRE
SIGNIFICATIVE"
Le journaliste estime que ce recadrage stratégique résulte
de trois causes. "Premièrement, le président
et ses conseillers ont conclu que leur campagne pour convaincre
le public américain que l'Iran était un danger nucléaire
imminent n'a pas marché, contrairement à celle menée
avant la guerre en Irak (...). Deuxièmement, la
Maison Blanche a finalement adopté le consensus, partagé
par la communauté de renseignements américaine,
que l'Iran est encore à cinq ans d'obtenir une bombe. Enfin,
il y une reconnaissance grandissante, à Washington et au
Proche-Orient, que l'Iran est le grand vainqueur géopolitique
de la guerre en Irak."
Si les préparatifs pour une intervention militaire ont
augmenté "de manière significative",
selon les dires du journaliste "ils envoient tout
le monde vers la cellule iranienne", affirme un ancien
responsable de la CIA , une action militaire américaine
ne peut pas être qualifiée d'imminente. Ainsi, Hersh
précise qu'au cours de son enquête, on lui a répété
à de nombreuses reprises que "le président
n'a pas signé 'l'ordre exécutif' nécessaire
pour entreprendre une opération militaire en Iran".
"Et un ordre de ce calibre pourrait même ne jamais
être signé", ajoute-t-il.
"MENER UNE ACTION MILITAIRE EN IRAN LE PLUS VITE POSSIBLE"
Pourtant, le gouvernement américain n'a pas cessé
de lancer des mises en garde à l'encontre de Téhéran,
que ce soit sur le nucléaire ou sur la situation irakienne.
Dernièrement, M. Bush avait dénoncé, lors
d'un discours en août, le lien entre les extrémistes
chiites et Téhéran, demandant au régime iranien
"de mettre fin à ces actions". "Jusqu'à
ce qu'ils le fassent, nous prendrons les mesures nécessaires
pour mettre nos troupes en sécurité." Quant
au rôle de l'Iran en Irak, la mesure la plus concrète
a été l'adoption d'un texte, le 26 septembre, appelant
à désigner les Gardiens de la révolution
comme groupe terroriste.
"La position du président, et son corollaire
si beaucoup des problèmes américains en Irak peuvent
être imputés à Téhéran, alors
la solution est d'affronter les Iraniens se sont solidement
imposés au sein de l'administration", note l'auteur
de l'article. Parmi les plus fervents adeptes de cette option,
on retrouve M. Cheney qui, selon un ancien responsable des renseignements,
cherche désespérément à "mener
une action militaire en Iran le plus vite possible",
alors que M. Bush doit quitter la présidence dans moins
de quatorze mois.
"GUERRE RÉGIONALE DE VINGT ANS"
D'autres figures de premier plan, comme le général
David Petraeus, ont également apporté des éléments
démontrant la présence grandissante de Téhéran
sur le sol irakien, confortant par la même occasion l'administration
dans son choix. "Personne ne s'était rendu compte
du degré de participation de l'Iran", a-t-il affirmé
dans son rapport présenté en septembre. Selon lui,
Téhéran mène "une guerre par procuration
contre l'Etat irakien et les forces de la coalition".
Seule inconnue, la réaction du régime iranien à
une campagne de bombardement sur son sol. L'ancien conseiller
à la sécurité nationale, Zbignew Brzezinski,
cité dans l'article, prédit "une guerre
régionale de vingt ans". "Cette fois,
contrairement à l'Irak, nous allons jouer le rôle
de victime. Le but du jeu semble d'essayer à forcer les
Iraniens à jouer plus gros que leur mise."
Luc Vinogradoff
VIENNE (17 septembre 2007) - Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Mohamed ElBaradei, a récusé lundi la perspective d'un éventuel recours à la force contre l'Iran sur son programme nucléaire, jugeant que les "autres options" étaient loin d'être épuisées. "Nous devons toujours nous souvenir que l'usage de la force ne peut être envisagé (que quand) toutes les autres options sont épuisées. Je ne crois pas du tout que nous en soyons là", a-t-il déclaré à la presse au premier jour de l'assemblée générale des 144 pays membres de l'AIEA à Vienne. M. ElBaradei s'exprimait au lendemain des propos du chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, où celui-ci estimait que le monde devait se "préparer au pire", c'est-à-dire à la possibilité d'une "guerre" avec l'Iran, si Téhéran persistait dans son refus de suspendre son programme nucléaire.
28/8/2007 - L'Iran
a répondu aux questions de l'Onu sur son utilisation du
plutonium et l'Agence internationale de l'énergie atomique
considère le dossier clos, selon le texte d'un accord entre
Téhéran et l'AIEA diffusé lundi. Il s'agirait
du premier dossier majeur refermé par l'AIEA depuis le
début de son enquête sur le programme nucléaire
iranien il y a quatre ans.
D'après l'AIEA, des éclaircissements fournis par
l'Iran en juillet et en août cadrent avec les observations
faites sur place par les inspecteurs de l'agence. "En conséquence,
le problème est résolu", écrit l'agence
basée à Vienne en Autriche. L'AIEA souhaite toutefois
encore obtenir la possibilité d'inspecter librement plusieurs
installations nucléaires iraniennes.
D'autres questions demeurent à résoudre et seront
traitées les unes après les autres, ont déclaré
des diplomates à Reuters.
L'AIEA cherche encore notamment à obtenir des explications
de l'Iran au sujet des nouvelles centrifugeuses P-2 destinées
à l'enrichissement de l'uranium, ainsi que sur des documents
montrant comment modeler le coeur d'uranium d'une bombe atomique.
VIENNE (24/7/2007) - Des
pourparlers techniques ont commencé mardi matin à
Vienne entre l'Agence internationale de l'énergie atomique
(AIEA) et l'Iran pour permettre à l'AIEA de mieux évaluer
la nature, purement pacifique ou non, de son programme nucléaire,
a indiqué un diplomate proche de l'Agence.
La délégation iranienne est conduite par Javad Vaïdi,
l'adjoint du négociateur en chef pour les affaires nucléaires
Ali Larijani, et par l'ambassadeur d'Iran auprès de l'agence
onusienne, Ali Asghar Soltanieh, a constaté l'AFP.
Comme lors de la dernière rencontre à Téhéran
le 12 juillet, la délégation de l'AIEA est dirigée
par Olli Heinonen, directeur adjoint et chef des inspecteurs de
l'agence, indique-t-on auprès de l'AIEA.
Les deux parties avaient fait état à Téhéran
de discussions "constructives" à l'issue de leur
rencontre il y a douze jours.
L'Iran a aussi donné parallèlement le 13 juillet
son accord à de prochaines inspections par l'AIEA du site
du futur réacteur à eau lourde d'Arak (centre) destiné
à produire du plutonium.
Les discussions à huis-clos, mardi et peut-être mercredi,
"seront techniques", il ne faut "pas trop en attendre",
a cependant prévenu un diplomate proche de l'agence onusienne.
Le directeur général de l'AIEA, Mohamed ElBaradei,
a jugé "positive" la semaine dernière
en Malaisie, l'autorisation à se rendre à Arak,
et s'est félicité que "pour la première
fois", Téhéran accepte de discuter de ses intentions
nucléaires.
"Plus tôt nous pourrons dire que le programme iranien
est exclusivement destiné à des fins pacifiques,
mieux cela sera pour l'Iran et pour la communauté internationale",
a-t-il ajouté.
L'Iran affirme que son programme nucléaire a un objectif
purement civil et qu'il n'a pas l'intention de se doter de l'arme
nucléaire, contrairement aux craintes de nombreux pays
en tête desquels les Etats-Unis et Israël.
Washington a du reste accueilli avec scepticisme l'accord entre
Iran et AIEA sur Arak.
Selon une source diplomatique, l'Agence de Vienne veut toujours
élucider l'historique des programmes iraniens.
Les questions concernent notamment la découverte sur des
équipements de traces de contamination anciennes avec de
l'uranium hautement enrichi (UHE), de plans de centrifugeuses sophistiquées pour
enrichir l'uranium, ou d'autres pour mouler des hémisphères
d'uranium métallique ayant des applications militaires.
M. Soltanieh avait précisé il y a dix jours que
les experts des deux parties voulaient fixer d'ici à un
mois un cadre "de règles précises sur les méthodes
d'inspection du site d'enrichissement d'uranium de Natanz",
où tournent des centaines de centrifugeuses.
Téhéran refuse de suspendre son programme d'enrichissement,
ce qui lui a déjà valu par deux fois des sanctions
du Conseil de sécurité de l'ONU.
Selon un diplomate à Vienne cependant, "l'heure est
à la détente entre l'Union européenne et
Iran" et il ne sera pas question de nouvelles sanctions avant
septembre. Mais, a-t-il relevé, les critiques craignent
toujours que l'Iran ne profite de la prolongation de discussions
pour avancer son programme d'enrichissement.
Ali Larijani et Javier Solana, haut représentant de l'UE
pour la politique extérieure, doivent aussi se retrouver
prochainement après trois séries de rencontres en
Turquie, en Espagne et au Portugal.
LISBONNE (23/6/2007) - Le Haut représentant de la politique étrangère
européenne Javier Solana et le principal négociateur
iranien sur le nucléaire Ali Larijani ont entamé
samedi à Lisbonne des discussions pour tenter d'éviter
une aggravation de la crise liée au refus de Téhéran
de suspendre son enrichissement d'uranium.
Ces discussions préparatoires à d'éventuelles
négociations interviennent alors que les grandes puissances
envisagent l'adoption d'une nouvelle résolution contre
l'Iran, renforçant les sanctions déjà en
vigueur.
La rencontre entre MM. Solana et Larijani, la deuxième
en moins d'un mois, s'est ouverte peu après 17H00 (16H00
GMT) au siège du ministère portugais des Affaires
étrangères.
Une conférence de presse est prévue à l'issue
des entretiens.
"Nous voulons créer les conditions pour entamer les
négociations", a déclaré peu après
l'ouverture de la rencontre Cristina Gallach, porte-parole de
M. Solana. Selon elle, cette phase "préparatoire"
s'est prolongée "parce que malheureusement l'Iran
n'a pas répondu aux demandes de la Communauté internationale",
qui exige notamment que Téhéran suspende son programme
d'enrichissement de l'uranium.
"Nous sommes réalistes. C'est une question très
difficile. Nous l'abordons avec réalisme et ténacité
et en même temps avec la volonté d'avancer vers les
négociations. Nous devons maintenir les voies du dialogue
ouvertes", a-t-elle ajouté.
Vendredi soir, M. Larijani s'était entretenu à Vienne
avec le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique
(AIEA), Mohamed ElBaradei.
Il s'est engagé à définir, dans les deux
mois, un plan de travail avec l'AIEA, qui réclame de pouvoir
vérifier si le programme nucléaire iranien n'est
effectivement qu'un programme civil, comme l'affirme Téhéran,
et n'a pas d'objectifs militaires comme le soupçonne Washington.
M. Larijani a en revanche une nouvelle fois écarté
toute discussion sur la question centrale de l'enrichissement
d'uranium, estimant que "toute approche hostile envers une
nation dont les scientifiques ont été capables de
développer un tel niveau de connaissances scientifiques
n'est pas correcte".
Or, pour la communauté internationale, les négociations
avec Téhéran sont conditionnées à
une suspension de l'enrichissement, qui s'accompagnerait d'une
suspension des sanctions de l'ONU.
Vendredi soir, M. Larijani avait néanmoins dit espérer
aboutir à un "accord politique" avec le représentant
européen.
Lors de sa précédente rencontre avec le négociateur
en chef iranien, le 31 mai à Madrid, M. Solana avait remis
sur la table une offre du groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France,
Grande-Bretagne, Russie et Allemagne) proposant une large coopération
à l'Iran en échange notamment d'une suspension de
l'enrichissement d'uranium.
Mais depuis lors, Téhéran n'a eu de cesse de répéter
que son droit à enrichir l'uranium n'était pas négociable.
Selon le Washington Post de samedi, Washington comme Londres ont
d'ores et déjà rédigé des projets
de résolution, qui prévoient notamment des interdictions
de voyager, un gel des avoirs bancaires ainsi que des inspections
des navires et avions cargos iraniens, en cas d'échec des
discussions de Lisbonne.
Si l'ONU décide de nouvelles sanctions contre Téhéran,
"nous ferons un autre plus grand pas" dans le domaine
nucléaire, avait averti jeudi M. Larijani dans un entretien
à Newsweek.
Selon un haut diplomate proche de l'AIEA, l'Iran, qui exploitait
plus de 1.300 centrifugeuses pour l'enrichissement d'uranium à
la mi-mai dans son centre de Natanz, pourrait en avoir installé
3.000 d'ici la fin fin juillet.
Une telle installation permettrait, à condition de fonctionner
dans des conditions optimales, d'obtenir suffisamment d'uranium
hautement enrichi pour une bombe nucléaire dans un délai
maximal d'un an.
NouvelObs, 11/6/07:
Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique souhaite que la confrontation avec l'Iran au sujet du nucléaire soit "désamorcée".
Mohamed ElBaradei, directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a demandé lundi 11 juin que soit "désamorcée la confrontation avec l'Iran" au sujet du nucléaire lors de l'ouverture de la conférence de l'agence à Vienne, en Allemagne.
"Je suis de plus en plus perturbé par l'impasse actuelle et la menace d'une confrontation - une impasse à laquelle il faut rapidement mettre fin et une confrontation qui doit être désamorcée", a-t-il déclaré.
Au cours de la conférence d'une semaine qui réunit les gouverneurs des 35 pays membres de l'AIEA, Mohamed ElBaradei va revenir sur son rapport du mois dernier établissant que l'Iran continuait à développer sa filière d'enrichissement d'uranium, en dépit de deux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU sanctionnant ces activités.
Le directeur de l'AIEA a rappelé qu'il
continuait "à croire que le dialogue et la diplomatie
sont, en fin de compte, le seul moyen de trouver la solution négociée
envisagée dans les résolutions du Conseil de Sécurité"
de l'ONU sur le sujet. "Plus tôt on aura créé
les conditions pour avancer dans cette direction, le mieux ce
sera", a-t-il ajouté.
Deux sanctions imposées par l'ONU
Deux sanctions ont déjà été imposées
à l'Iran par le Conseil de sécurité pour l'obliger
à cesser ses activités d'enrichissement de l'uranium,
un procédé qui permet de produire du combustible
pour les centrales nucléaires et qui entre dans la fabrication
d'armes atomiques.
Cependant, selon Mohamed ElBaradei "les faits sur place indiquent que l'Iran poursuit le perfectionnement de ses connaissances en matière d'enrichissement et qu'il étend la capacité de ses installations d'enrichissement" à Natanz.
L'Iran continue également "la construction de son réacteur à eau lourde d'Arak", qui peut produire du plutonium, constituant comme l'uranium enrichi un élément potentiel pour entrer dans la fabrication de bombes, affirme-t-il.
Le négociateur iranien sur le dossier nucléaire Javad Vaïdi a de soncôté rencontré lundi à Vienne, au ministère autrichien des Affaires étrangères, Robert Cooper, l'adjoint du Haut représentant de l'Union européenne pour la diplomatie, Javier Solana. Selon une source diplomatique, la rencontre prévue entre Javad Vaïdi et Mohamed ElBaradei a été annulée.
11/6/07 - Washington a réitéré vouloir trouver une solution diplomatique à la crise mais n'a pas complètement exclu une intervention militaire. Des forces navales américaines ont déjà pris position dans le Golfe récemment.
Le Monde, 26/5/07:
L'Iran tente de désamorcer la crise du dossier nucléaire
et en appelle à Nicolas Sarkozy
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad
a affirmé que l'Iran allait développer son programme
nucléaire "jusqu'à l'extrême", malgré
les menaces de nouvelles sanctions de l'ONU, a rapporté
vendredi l'agence officielle Irna.
25/5/07 - "La technologie nucléaire
de l'Iran se développe chaque jour et ira jusqu'à
l'extrême possible", a déclaré M. Ahmadinejad
lors d'un discours dans la province d'Ispahan (centre).
"Aujourd'hui, le peuple iranien possède la technologie
nucléaire et celle du cycle pour la production du combustible
nucléaire", a-t-il ajouté.
"Les grandes puissances utilisent tous leurs moyens pour
empêcher le progrès de l'Iran mais le peuple iranien,
avec force et résistance, balayera les obstacles mis sur
sa route par ces puissances et poursuivra sa route vers les sommets
du progrès", a-t-il dit.
"Les grandes puissances doivent renoncer à leur méthodes
grossières comme l'adoption de résolutions contre
l'Iran et présenter des excuses au peuple iranien",
a déclaré M. Ahmadinejad, répétant
une nouvelle fois que l'Iran ne "reculera pas d'un iota"
dans sa volonté de développer son programme nucléaire.
"Si vos missiles, porte-avions et bombardiers pouvaient faire
quelque chose, ils vous auraient aidés à sortir
du bourbier irakien", a-t-il ajouté en allusion à
l'arrivée de deux porte-avions américains dans le
Golfe.
Les porte-avions américains USS John C. Stennis et USS
Nimitz, sont entrés mercredi dans les eaux du Golfe, soit
le plus grand déploiement militaire américain depuis
2003.
Selon M. Ahmadinejad, les Etats-Unis et leurs alliés sont
entrés en Irak dans le but d'encercler l'Iran mais aujourd'hui
"ils ont besoin de l'aide du peuple iranien pour être
sauvés".
Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique
(AIEA), Mohamed ElBaradei, a constaté mercredi dans un
rapport que Téhéran avait refusé de suspendre
ses activités nucléaires sensibles, comme l'exige
le Conseil de sécurité des Nations unies.
L'AIEA a aussi souligné que l'Iran se refusait toujours
à éclaircir des zones d'ombre de son programme atomique,
avait réduit sa communication d'informations sur ce dernier,
et suspendu unilatéralement un accord de vérification
du réacteur à eau lourde en construction à
Arak (centre).
24 mai 2007 - Mohammed
El Baradeï, président de l'Agence internationale pour
l'énergie atomique, a déclaré que selon lui,
"si l'Iran choisissait de se doter de l'arme nucléaire,
il pourrait le faire d'ici trois à huit ans"
Empêcher Téhéran de poursuivre l'enrichissement
d'uranium à l'échelle industrielle, c'est donc l'objectif
prioritaire de l'AIEA. D'autres propos de Mohammed El Baradeï
ont surpris ce weekend. Actuellement invité d'une conférence
sur le nucléaire au Luxembourg, il a affirmé à
la presse espagnole que l'exigence d'une suspension totale des
activités d'enrichissement d'uranium de l'Iran était
dépassée par la réalité des faits
aujourd'hui. Ces propos ont surpris la France, notamment, qui
s'est exprimée pour une poursuite des sanctions contre
l'Iran. Mahmoud Ahmadinejad,
le président iranien, a déclaré lui que son
pays ne pouvait pas se permettre d'arrêter son programme
nucléaire "même pour un instant". Il a
ajouté que l'Iran était très prêt d'atteindre
ses "buts ultimes".
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad
a averti lundi à Abou Dhabi que l'Iran riposterait avec
force à une éventuelle attaque américaine,
dans le cadre de la crise autour du programme nucléaire
iranien.
ABOU DHABI (14 mai 2007) - "Ils
(les Américains) savent que s'ils venaient à commettre
cette erreur, la réaction du peuple iranien sera dure et
ils le regretteront", a-t-il dit lors d'une conférence
de presse à Abou Dhabi, au terme d'une visite officielle.
Les propos du chef de l'Etat iranien qui s'exprimait en persan,
étaient traduits en anglais par un interprète officiel
iranien. M. Ahmadinejad, qui s'exprimait trois jours après
que le vice-président américain Dick Cheney eut
averti que les Etats-Unis ne permettraient pas à l'Iran
d'acquérir l'arme nucléaire, a écarté
l'éventualité d'une attaque américaine. "Ils
ne peuvent pas attaquer l'Iran. Le peuple iranien est en mesure
de riposter. Il est capable de bien se protéger et se défendre",
a-t-il dit. Il a répété que le programme
nucléaire de l'Iran, que les Etats-Unis soupçonnent
de chercher à se doter de l'arme nucléaire, se déroulait
"dans le cadre de la loi" et que Téhéran
maintenait son "droit à acquérir l'énergie"
nucléaire. Il a minimisé l'avertissement que Dick
Cheney avait formulé vendredi alors qu'il inspectait un
porte-avions américain croisant dans les eaux du Golfe,
en face de l'Iran. "(Son) message ne contient rien de nouveau",
a-t-il commenté. [...]
(29/4/07) - L'Iran a rejeté dimanche l'idée selon laquelle il pourrait consentir à une suspension partielle de ses activités d'enrichissement de son uranium afin de sortir de la crise internationale suscitée par son programme nucléaire. L'Iran assure que sa technologie nucléaire vise exclusivement à produire de l'électricité mais les puissances occidentales pensent qu'il souhaite fabriquer une bombe atomique, et deux résolutions frappant Téhéran de sanctions ont d'ores et déjà été adoptées par l'Onu. Interrogé sur une éventuelle suspension partielle du programme nucléaire iranien, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mohammad Ali Hosseini, a déclaré lors d'une conférence de presse: "Ce qui a été dit concernant la suspension n'est pas correct, et n'est pas vrai." Il a qualifié de positives et constructives les discussions de la semaine dernière, en Turquie, entre le négociateur en chef de l'Iran sur le dossier nucléaire, Ali Larijani, et le porte-parole de la politique extérieure de l'UE, Javier Solana. A l'issue de sa rencontre avec Solana, Larijani a déclaré que l'Iran et l'UE s'approchaient d'un "point de vue unique" sur certains points des négociations, qui reprendront dans deux semaines, mais il n'a fourni aucune précision.
Le Figaro, 18 avril 2007:
Selon un document officiel de l'Agence internationale
de l'énergie atomique, Téhéran a commencé
à alimenter ses centrifugeuses pour produire de l'uranium
enrichi.
C'est une nouvelle qui devrait accroître la tension
diplomatique qui nourrit les relations entre l'Iran et la communauté
internationale. Téhéran a déjà assemblé
1.300 centrifugeuses dans son usine d'enrichissement d'uranium
de Natanz et a commencé à les alimenter pour enrichir
l'uranium. C'est ce que révèle un diplomate citant
un document confidentiel de l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA).
L'Iran dispose de huit cascades de 164 centrifugeuses chacune
dans le site souterrain de Natanz et "de l'UF6 (hexafluorure
d'uranium) est en train d'être injecté", a affirmé
ce diplomate citant ce document envoyé mercredi par l'AIEA
aux 35 membres de son conseil d'administration. Le gaz UF6 est
injecté dans des centrifugeuses pour produire de l'uranium
enrichi.
Mardi, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie
atomique (OIEA), Gholamreza Aghazadeh, avait déjà
déclaré que l'Iran utilisait tous les moyens pour
"installer des centrifugeuses (d'enrichissement d'uranium,
ndlr) à Natanz", dans une déclaration à
l'agence Isna.
Le 9 avril dernier, l'Iran avait annoncé que son
programme d'enrichissement d'uranium était passé
au stade industriel et le chef du Conseil suprême de la
sécurité nationale, Ali Larijani, avait même
affirmé que 3.000 centrifugeuses étaient installées
à Natanz.
Cette annonce intervient le jour même où l'AIEA a
annoncé mercredi qu'elle renonçait à installer
des caméras de surveillance sur le site nucléaire
souterrain iranien de Natanz tout en estimant qu'elle avait les
moyens de vérifier que Téhéran ne cherche
pas à développer un armement nucléaire.
Le Monde, 16/4/07:
Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad,
a réaffirmé, lundi 16 avril, la détermination
de son pays à acquérir la technologie nucléaire.
"Le peuple iranien résistera jusqu'au bout et ne
bougera pas d'un iota", a-t-il expliqué, lors
d'un discours retransmis par la télévision d'Etat.
"Vous ne pouvez pas créer la moindre faille dans la
détermination de l'Iran en utilisant les institutions internationales
que vous avez conçues", a-t-il souligné,
en référence aux résolutions du Conseil de
sécurité de l'ONU infligeant des sanctions à
la République islamique.
Dimanche, le gouvernement iranien a lancé deux appels d'offres,
qui arriveront à expiration le 10 août, pour la construction
de deux centrales nucléaires, "de 1 000 à
1 600 mégawatts (MW) à Bouchehr",
à l'endroit même où les Russes doivent achever
la construction d'une première centrale de 1 000 MW. L'Iran
a déjà pris "des contacts avec des sociétés
russes et européennes", a indiqué le directeur
pour la production et le développement de l'énergie
nucléaire à l'Organisation iranienne de l'énergie
atomique. Le coût de chaque centrale s'établirait
entre 1,4 et 1,7 milliard de dollars, et leur construction s'étalerait
sur neuf à onze ans, selon lui.
Ces annonces interviennent alors que l'Iran est sous une pression
croissante de la communauté internationale pour suspendre
ses activités nucléaires sensibles, et que l'achèvement
de sa première centrale nucléaire par la Russie
a encore subi un retard.
MOSCOU (11/04/2007) -
La Russie, qui est un des alliés les plus proches de Téhéran,
s'est élevée mercredi contre les essais de missiles
que l'armée iranienne aurait effectués à
proximité de la centrale nucléaire de Bushehr, sans
en informer les scientifiques russes qui y travaillent.
Plusieurs capitales occidentales accusent l'Iran de chercher à
se doter de l'arme nucléaire sous couvert de programmes
nucléaires civils, ce que Téhéran dément.
La centrale de Bushehr est la première centrale nucléaire
iranienne. Elle est construite avec l'aide de la Russie.
Sergueï Novikov, porte-parole de l'agence atomique russe
Rosatom, a déclaré que l'armée iranienne
avait réalisé le 6 avril, à 5h00 du matin,
des essais de missiles anti-aériens près de la centrale
où travaillent 2.000 Russes.
""Les spécialistes russes n'ont pas été
informés de ces exercices et ont été réveillés
par le bruit des tirs d'artillerie, qui bien sûr, à
notre avis, créent des tensions sur le site et perturbent
leur travail"", a-t-il dit par téléphone.
L'Iran a réalisé ces derniers mois des manoeuvres
militaires présentées comme défensives sur
son territoire. Elles incluaient des essais de missiles.
Les manoeuvres les plus récentes qui avaient été
annoncées, et qui devaient prendre fin en mars, incluaient
des exercices navals dans la région du Golfe et qui pouvaient
couvrir une zone proche de la ville portuaire de Bushehr.
La Russie a précisé avoir contacté Téhéran
pour faire part de sa préoccupation quant aux exercices
militaires.
Une équipe de négociateurs russes est actuellement
en Iran pour évoquer des sujets relatifs à la centrale
de Bushehr. Ce dossier a été l'objet d'une courte
crispation entre Moscou et Téhéran en raison de
retards de paiements iraniens en début d'année.
Libération, 10 avril 2007:
L'Iran choisit l'escalade nucléaire
Le pays défie la communauté internationale avec
l'annonce d'une production industrielle d'uranium enrichi.
Le Monde, 10/4/07:
L'Iran affirme produire du combustible nucléaire à
échelle industrielle
"Bravant un ultimatum du Conseil de sécurité
de l'ONU, l'Iran a proclamé, lundi 9 avril, sa "fierté"
d'avoir rejoint "le club des pays nucléaires",
en se dotant de la capacité de "produire du combustible
nucléaire à l'échelle industrielle"
et de celle de "produire en masse des centrifugeuses"
pour enrichir l'uranium. Cette annonce, faite par le président
de la République, Mahmoud Ahmadinejad, et le président
de l'organisation de l'énergie atomique iranienne, Gholam
Reza Aghazadeh, ne s'est toutefois assortie d'aucune preuve tangible
des progrès accomplis."
[...] "Notre nation défendra ses droits jusqu'au
bout", a déclaré, lundi, M. Ahmadinejad,
ajoutant que l'Iran pourrait "revoir" la "voie
pacifique qu'il a choisie jusqu'à présent"
si des "mesures" étaient adoptées
contre lui. "Si (les grandes puissances) exercent
de nouvelles pressions, nous n'aurons pas d'autre choix que de
reconsidérer notre appartenance au TNP", le traité
de non-prolifération nucléaire, a aussi prévenu
Ali Larijani, président du Conseil national de sécurité
et principal négociateur du dossier nucléaire iranien.
L'Iran est désormais, aux yeux de M. Larijani, en meilleure
position pour traiter avec la communauté internationale.
"Maintenant que le cycle du combustible nucléaire
est bouclé, nous sommes prêts à négocier
pour parvenir à un accord avec les pays occidentaux, afin
de dissiper leurs craintes concernant le programme nucléaire
iranien sans mettre fin à notre développement scientifique",
a-t-il déclaré.
Le Monde, 26/3/07:
NEW YORK (Nations unies) CORRESPONDANT
L'Iran a choisi l'escalade, dimanche 25 mars,
en répliquant à de nouvelles sanctions adoptées,
samedi, au Conseil de sécurité de l'ONU, par une
décision de "limiter" sa coopération
avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
"Après cette résolution illégale
du Conseil de sécurité, il n'y aura même pas
une seconde d'arrêt dans la marche nucléaire pacifique
et légale du peuple iranien", a prévenu
le président de la République islamique, Mahmoud
Ahmadinejad.
Le Conseil de sécurité a unanimement adopté
la résolution 1747 qui interdit à l'Iran d'exporter
des armes et ordonne le gel des avoirs de 28 personnes et entités
liées aux programmes nucléaires et balistiques suspects.
Le texte renforce des sanctions adoptées le 23 décembre
2006 et vise notamment les Gardiens de la révolution, un
pilier du régime. La résolution donne à l'Iran
60 jours pour geler son programme d'enrichissement d'uranium,
soupçonné de servir à la mise au point d'une
arme nucléaire, avant de faire face à de nouvelles
sanctions.
"Téhéran a décidé de limiter
(sa) coopération (avec l'AIEA) jusqu'à
ce que le dossier nucléaire iranien soit transféré
du Conseil de sécurité vers cette agence",
a déclaré le porte-parole du gouvernement, Gholamhossein
Elham. Au lieu d'annoncer par avance à l'agence atomique
toute décision de construire de nouvelles installations
nucléaires, comme il s'y était volontairement engagé,
l'Iran se contenterait désormais de les déclarer
six mois avant leur mise en service, a-t-il expliqué, qualifiant
de "mineurs" les arrangements modifiés.
Mais, selon un ancien inspecteur de l'ONU spécialiste du
dossier, David Albright, cité par l'agence Associated Press,
la décision pourrait ouvrir la voie à la construction
par l'Iran d'"une installation de secours" pour
enrichir de l'uranium dans un lieu clandestin, à l'abri
d'éventuelles frappes américaines ou israéliennes
contre ses installations connues.
REPRENDRE CONTACT
A New York, le ministre des affaires étrangères
iranien a prévenu le Conseil de sécurité
que son action aurait "ses propres conséquences".
"La nation iranienne n'oubliera pas ceux qui ont soutenu
et ceux qui ont rejeté (cette résolution) et
va revoir ses relations internationales", a pour sa part
annoncé, sur son site Internet, le président Ahmadinejad.
La Chine et la Russie, d'importants partenaires commerciaux de
l'Iran, ont, comme de nombreux autres pays, soutenu les sanctions,
auxquelles ils s'étaient opposés jusqu'en décembre.
Le président vénézuélien Hugo Chavez
est un des seuls chefs d'Etat à s'être rangé
au côté de l'Iran face, a-t-il dit, à "la
folie de l'empire américain". M. Chavez a accusé
Washington de préparer une action militaire contre Téhéran.
Les ministres des affaires étrangères des cinq membres
permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis,
France, Royaume-Uni, Russie) et de l'Allemagne, à l'origine
de la nouvelle vague de sanctions, se sont engagés, dans
un communiqué, à "chercher une solution
négociée" avec l'Iran en proposant de "nouvelles
discussions".
Le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, a annoncé,
dimanche, qu'il allait chercher à reprendre contact avec
le négociateur iranien chargé du nucléaire,
Ali Larijani.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon,
s'est pour sa part félicité de l'unanimité
du Conseil de sécurité et a appelé l'Iran
à "appliquer pleinement" la résolution
1747 pour "restaurer la confiance de la communauté
internationale dans la nature pacifique de son programme nucléaire".
"Une solution négociée renforcerait le régime
international de non-prolifération", a ajouté
M. Ban, qui a dit "espérer que le dialogue reprenne".
Philippe Bolopion
MOSCOU (26 mars 2007) - L'Iran a effectué son premier versement à l'entreprise d'Etat russe chargée de construire la centrale nucléaire de Bushehr, un projet régulièrement reporté, a annoncé lundi Atomstroiexport. "Le fait que nos partenaires iraniens aient surmonté leurs difficultés est positif", a déclaré l'entreprise dans un communiqué, précisant que ce règlement était "loin" de représenter le dédommagement complet pour le projet de la centrale nucléaire de Bushehr. Moscou et Téhéran étaient à couteaux tirés au sujet du financement de cette usine, la Russie ayant annoncé au début du mois que le combustible ne serait pas livré à l'Iran comme c'était prévu. Ces retards de paiement avaient poussé la Russie, qui construit la centrale dans le nord de l'Iran, à repousser le lancement du réacteur prévu en septembre. L'Iran a toujours démenti manquer à ses obligations et accusé la Russie de céder à la pression des Etats-Unis qui souhaitent accentuer la pression pour empêcher Téhéran de posséder l'arme nucléaire. Cette dispute intervenait alors que le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté samedi à l'unanimité une résolution imposant de nouvelles sanctions à l'Iran en raison de son refus de suspendre son programme d'enrichissement d'uranium.
Le Monde, 24/3/07:
Face à Téhéran, Washington et les pays arabes
sunnites soutiennent le nucléaire égyptien
TEHERAN (21 mars 2007) - Le guide suprême de la révolution islamique
en Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, a affirmé mercredi que
Téhéran poursuivrait ses activités nucléaires
en dehors des lois internationales en cas de nouvelles sanctions
du Conseil de sécurité des Nations unies, et menacé
les Etats-Unis de représailles en cas d'attaque américaine.
"Jusqu'à aujourd'hui, tout ce que nous avons fait
a été en accord avec les lois internationales",
a déclaré Ali Khamenei. "Mais s'ils agissent
de manière illégale, nous pouvons en faire autant,
et nous n'y manquerons pas".
Le guide suprême de la révolution n'a pas précisé
ce qu'il entendait par les termes "agir de manière
illégale", alors que débutent les consultations
aux Nations unies sur de nouvelles sanctions contre l'Iran pour
se refus de suspendre son programme nucléaire.
Ali Khamenei a également menacé les Etats-Unis en
cas d'attaque contre son pays. "S'ils veulent traiter avec
nous par des mesures et l'emploi de la coercition et de la violence,
ils doivent savoir que la nation et les autorités iraniennes
utiliseront toutes leurs capacités pour frapper les ennemis
qui attaquent", a-t-il assuré.
Il a enfin souligné que les sanctions déjà
votées contre l'Iran ne s'étaient pas révélées
efficaces et que de nouvelles mesures seraient tout aussi infructueuses.
"Nous avons obtenu la (technologie) nucléaire malgré
les sanctions. Les sanctions pourraient même, dans certaines
circonstances, être bénéfiques pour nous en
créant une nouvelle source de motivation", a-t-il
expliqué.
VIENNE (20 mar) - La
Russie va retirer ses experts de la centrale nucléaire
de Bushehr qu'ils aidaient à construire dans le sud de
l'Iran, ont annoncé mardi des responsables américains
et européens. Environ 2.000 spécialistes russes
se trouvaient sur le site. Cette décision illustre les
tensions actuelles entre Téhéran et Moscou, jusqu'ici
proche du régime iranien sur le dossier nucléaire,
et pourrait conduire à de nouvelles sanctions des Nations
unies plus sévères contre l'Iran pour son refus
de suspendre son programme d'enrichissement d'uranium. Selon un
diplomate européen accrédité à l'Agence
internationale de l'énergie atomique (AIEA), basée
à Vienne, et un responsable américain s'exprimant
sous le couvert de l'anonymat, un nombre important de techniciens,
ingénieurs et experts russes sont rentrés à
Moscou la semaine dernière, alors que Russes et Iraniens
échouaient à régler des différends
financiers portant sur le réacteur de Bushehr. Sergueï
Novikov, porte-parole de Rosatom, l'agence fédérale
nucléaire russe, a confirmé que le nombre de scientifiques
russes présents à Bushehr avait considérablement
diminué récemment. Il a justifié cette diminution
par des retards de paiements iraniens, mais a refusé de
dire combien de Russes étaient restés en Iran. Le
réacteur de Bushehr (sud de l'Iran) est achevé à
95%, mais Moscou a annoncé récemment que le reste
des travaux était reporté car Téhéran
ne s'était pas acquitté de ses règlements
mensuels depuis janvier. Ces retards ont également conduit
le gouvernement russe de suspendre ses livraisons d'uranium enrichi,
retardant sine die le lancement de la première centrale
nucléaire iranienne. Le défaut de paiement iranien
allégué pourrait causer des dommages "irréversibles"
au projet, a prévenu Moscou. Si la Russie avance des motifs
financiers pour justifier le retard de plusieurs mois de la livraison
de combustible nucléaire, une autre source diplomatique
européenne y voyait plutôt une manoeuvre politique
liée au programme nucléaire iranien. Moscou aurait
même envisagé lors des négociations sur la
résolution 1737 du Conseil de sécurité des
Nations unies, fin 2006, d'introduire dans le texte un motif de
non livraison. La télévision d'Etat iranienne n'a
d'ailleurs pas mâché ses mots mardi. "Le double
langage des responsables russes sur le nucléaire iranien
montre que les Russes ne sont pas des partenaires fiables dans
le domaine de la coopération nucléaire", a-t-elle
estimé. "Il est clair que la Russie a cessé
la construction de ce site sous la pression et pour des raisons
politiques." Vitali Tchourkine, émissaire en chef
de Moscou au Conseil de sécurité, a assuré
qu'"il n'y a eu aucun ultimatum d'aucune sorte de la Russie
à l'Iran". "Nous ne lions pas nos discussions
sur les résolution du Conseil de sécurité
et ce qui concerne" Bushehr, a-t-il affirmé.
Le Conseil discute d'une nouvelle résolution sur le nucléaire
iranien. Elle pourrait être adoptée dès mercredi
et prévoirait, selon la source diplomatique européenne
citée plus haut, un allongement de la liste des entités
et individus soumis à des sanctions, l'interdiction pour
l'Iran d'exporter et de transférer des armes, et un appel
à la vigilance et la retenue des pays en ce qui concerne
la vente d'armes lourdes à l'Iran ainsi que le soutien
financier aux transactions, y compris civiles. Téhéran
disposerait d'un délai de 60 jours pour suspendre l'enrichissement
d'uranium à but potentiellement militaire, après
quoi une troisième résolution aggravant encore les
sanctions pourrait être discutée.
Le temps est un facteur important car la situation politique iranienne
semble évoluer, le président radical Mahmoud Ahmadinejad
étant de plus en plus contesté par la population
et les autres dirigeants du pays.
Le Monde, 20/3/07:
La Russie dément avoir lancé un ultimatum à
l'Iran sur le nucléaire
BUSHEHR, Iran (13 mars 2007) - Le chef des négociateurs iraniens sur le nucléaire
Ali Larijani a déploré mardi la décision
de Moscou de ne pas effectuer une livraison prévue d'uranium
enrichi à son pays et de retarder ainsi le lancement de
la première centrale nucléaire iranienne à
Bushehr (sud).
Le refus russe "montre qu'il n'y a aucune garantie sur les
livraisons de carburant nucléaire", a regretté
M. Larijani, cité par l'agence de presse iranienne officielle
IRNA, tout en appelant Moscou à honorer ses obligations:
"La Russie doit tenir ses promesses dans les temps".
Lundi, l'agence nucléaire fédérale russe,
Rosatom, a annoncé sa décision de reporter sa livraison
de carburant nucléaire à l'Iran -prévue dans
le courant du mois- en raison, selon elle, d'arriérés
de paiement iraniens sur les travaux de construction de la centrale
de Bushehr (sud) actuellement réalisés par les Russes.
Interrogé par l'Associated Press, le porte-parole de Rosatom,
Sergueï Novikov, a précisé que le démarrage
du réacteur nucléaire de Bushehr, prévu en
septembre, serait retardé d'au moins deux mois parce que
les Iraniens n'ont fait aucun versement depuis le 17 janvier.
"Le financement a deux mois de retard, et cela entraîne
un retard correspondant dans le programme", a-t-il déclaré.
"Sans argent, il est impossible de poursuivre les travaux
de construction."
Téhéran a rejeté ces accusations en affirmant
avoir rempli toutes ses obligations financières. Certains
responsables ont laissé entendre que Moscou cherchait plutôt
une excuse pour retarder la mise en route de cette centrale nucléaire
sous la pression de la communauté internationale.
Toutefois, mardi, M. Larijani, a rejeté ces informations.
"Nous n'avons pas reçu de tel message de la part de
la Russie", a-t-il dit.
Le Monde, 12/3/07:
Le lancement de la centrale nucléaire iranienne de Bouchehr, prévu en septembre, va être "probablement" retardé de "deux mois", a indiqué lundi 12 mars la porte-parole du constructeur russe Atomstroïexport.
"Les retards de paiement [de la part des Iraniens] ont entraîné un report des échéances dans le calendrier", a déclaré Irina Essipova. "Le retard prendra probablement deux mois selon les estimations des experts", a-t-elle ajouté. Téhéran doit acquitter mensuellement 25 millions de dollars au titre de sa coopération nucléaire avec la Russie.
Le 19 février, déjà, la Russie avait annoncé son intention de ralentir sa coopération avec l'Iran pour l'achèvement de la centrale nucléaire de Bouchehr. Téhéran avait alors démenti tout retard de paiement, indiquant sa volonté de payer son dû en euros, ce que les Russes refusent.
LA RUSSIE REFUSE D'ENTRER DANS LE "JEU
ANTI-AMÉRICAIN"
Ce retard pourrait être dû à la volonté
de Moscou de se démarquer de l'Iran sur le nucléaire.
Plus tôt dans la journée du 12 mars, la Russie a
mis en garde Téhéran, soulignant qu'elle ne jouerait
pas son "jeu anti-américain", et qu'elle
ne tolérerait pas que l'Iran se dote d'une bombe, ont rapporté
trois agences russes citant une source proche du pouvoir.
La Russie "subit des pertes en termes d'image sur la scène
internationale et ils [les Iraniens] ne démordent
pas" de leur intransigeance sur le nucléaire,
a déclaré cette source citée par les agences
Itar-Tass, Interfax et Ria Novosti.
"Un Iran avec une bombe atomique ou un potentiel pour
sa création est inacceptable pour nous et nous n'allons
pas jouer avec eux le jeu anti-américain", a poursuivi
cette source. "Si l'Iran ne répond pas aux questions
de l'AIEA, qu'il soit responsable de ses actes", a-t-elle
ajouté. "Malheureusement, les Iraniens abusent
de notre attitude constructive et n'ont rien fait pour nous aider
à convaincre nos collègues que leurs actes sont
conséquents".
PEKIN (6 mars 2007) -
Le ministre chinois des Affaires étrangères a appelé
l'Iran mardi à intensifier sa coopération avec l'Agence
internationale de l'énergie atomique (AIEA), exhortant
dans le même temps le Conseil de sécurité
à rechercher une solution diplomatique à la crise
nucléaire iranienne. "Nous saluons, soutenons et appelons
l'Iran à accroître sa coopération avec l'Agence
internationale de l'énergie atomique", a dit Li Zhaoxing
au cours d'une conférence de presse.
Li a réaffirmé le soutien de Pékin à
une résolution pacifique du conflit qui oppose l'Iran,
les Etats-Unis et les puissances européennes qui soupçonnent
Téhéran de travailler à un programme nucléaire
militaire.
Pendant ce temps aux Nations Unies, les représentants des
grandes puissances mondiales tardent à trouver un accord
sur une proposition de résolution visant à sanctionner
l'Iran pour son refus de suspendre son programme d'enrichissement
d'uranium.
Les représentants des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine,
de la France et de l'Allemagne se sont rencontrés à
trois reprises la semaine dernière pour discuter d'un renforcement
des sanctions à l'égard de l'Iran, qui, selon un
rapport de l'AIEA rendu public au début du mois, loin de
suspendre son programme d'enrichissement nucléaire, continue
au contraire à le développer.
La libre Belgique, 3/3/2007:
L'Iran lance un nouveau billet de banque avec un logo nucléaire
Le Figaro, 21 février 2007:
Les bruits de bottes contre l'Iran s'intensifient
Radio-Canada, 20 fév 2007:
La BBC rapporte mardi que les États-Unis
planifient d'inclure les infrastructures militaires dans leur
liste de cibles potentielles, s'ils devaient lancer une attaque
aérienne sur l'Iran.
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Le réseau britannique
soutient que dans l'éventualité d'une telle attaque,
les frappes américaines viseraient des bases aériennes
et navales iraniennes. Des entrepôts de missiles et des
centres de commandement militaire seraient également dans
la ligne de mire des forces armées des États-Unis.
Certains sites sont clairement visés, dont la centrale
d'enrichissement d'uranium de Natanz.
Même si aucune menace immédiate n'a été
formulée, Washington aurait élaboré ce plan
en dernier recours si les négociations avec les Nations
unies échouaient. Le Conseil de sécurité
a donné à l'Iran jusqu'au 21 février prochain,
soit mercredi, pour cesser ses activités nucléaires.
Les États-Unis insistent pour rappeler qu'ils n'ont pas
l'intention d'attaquer l'Iran, mais seulement de convaincre les
pays de suspendre sa production d'uranium.
Deux scénarios pourraient entraîner une attaque sur
le pays: une confirmation que l'Iran développe l'arme nucléaire,
ou un assaut meurtrier de Téhéran sur les forces
américaines en Irak.
Téhéran pose ses conditions
À un jour de la fin du délai accordé par
l'ONU à l'Iran pour geler son programme nucléaire,
Téhéran ne montre aucun signe d'empressement à
se plier à cette obligation. Il conditionne même
son acceptation à un engagement des pays occidentaux de
geler leurs activités d'enrichissement d'uranium.
« Suspendre notre programme nucléaire pour entamer
les négociations ne pose pas de problème, mais la
justice veut que ceux qui veulent négocier avec nous suspendent
leur programme également », a déclaré
le président Mahmoud Ahmadinejad.
Pour tenter de dénouer l'impasse, le principal négociateur
iranien sur le nucléaire, Ali Larijani, devait rencontrer
mardi le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique,
Mohamed ElBaradei. Les deux hommes doivent discuter de la proposition
de « pause » présentée par
M. ElBaradei, qui prévoit une suspension de l'enrichissement
par l'Iran et une levée des sanctions décidées
par le Conseil de sécurité.
Dans un entretien publié mardi dans le Financial Times,
il déclarait que l'Iran aurait d'ici six mois à
un an acquis le savoir-faire pour enrichir de l'uranium à
une échelle industrielle. Cela dit, le pays est encore
« loin d'avoir la capacité de fabriquer une
bombe », a-t-il ajouté.
Rappelons que le Conseil de sécurité de l'ONU avait
donné 60 jours à l'Iran pour suspendre complètement
ses activités nucléaires militaires.
20/2/2007 - Sommé
par l'ONU de geler son programme nucléaire d'ici demain,
l'Iran ne semble pas enclin à transiger malgré la
menace de sanctions renforcées. Le président Mahmoud
Ahmadinejad a toutefois déclaré aujourd'hui que
Téhéran était prêt à suspendre
l'enrichissement d'uranium... si les pays occidentaux faisaient
de même.
«Suspendre notre programme nucléaire pour entamer
les négociations ne pose pas de problème mais la
justice veut que ceux qui veulent négocier avec nous suspendent
leur programme également. Alors nous pourrons dialoguer
dans une atmosphère d'équité», a affirmé
M. Ahmadinejad devant une foule de plusieurs milliers de personnes
rassemblées dans le nord du pays.
«Comment se fait-il que vos installations de production
(de carburant nucléaire) tournent 24 heures sur 24 et que
vous vous sentiez menacés par notre complexe nouvellement
installé au point que nous devions le fermer pour discuter ?»,
a souligné le président iranien. «Nous n'avons
jamais recherché l'affrontement et la tension. Nous avons
toujours été favorables au dialogue, mais au dialogue
dans des conditions équitables.»
Dans la résolution 1737 adoptée le 23 décembre
2006, le Conseil de sécurité des Nations unies donnait
60 jours à l'Iran, jusqu'au 21 février, pour suspendre
complètement et durablement ses activités nucléaires
suspectes qui pourraient relever de l'armement et non d'un programme
civil, comme le soutient Téhéran. Sinon, le régime
islamique s'expose à un renforcement des sanctions économiques.
Un rapport sur la situation sera présenté demain
au siège de l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AEIA), à Vienne.
«Si vous voulez parler en position de pouvoir et utiliser
le levier oppressant d'institutions internationales, vous devez
savoir que vous vous échouerez face à l'unité
et la résistance de la nation iranienne», a prévenu
le président Ahmadinejad.
Ali Akbar Dareini
20 février 2007:
La construction de la centrale nucléaire de bouchehr a
pris du retard
Cyberpresse, 17 février 2007:
"Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei,
a affirmé samedi que le programme nucléaire iranien
était «l'avenir et le destin» de l'Iran, balayant
les critiques de ceux qui considèrent que ce programme
coûterait cher au pays."
La Tribune, 13/2/07:
Un document interne du Haut représentant
de l'Union européenne pour les affaires extérieures
en vue de la réunion, lundi, des ministres européens
des Affaires étrangères par les services admet qu'il
est "difficile de croire" l'Iran accepte des négociations
sérieuses sur son programme nucléaire, selon le
Financial Times.
Et, si la bourde de Chirac sur le nucléaire
iranien visait seulement à préparer l'opinion à
l'inéluctable ? Selon le Financial Times, l'Union européenne
a admis qu'il était peu probable que l'Iran accepte des
négociations sérieuses sur son programme nucléaire
et que la communauté internationale était impuissante
à empêcher Téhéran de développer
la bombe atomique.
Il est "difficile de croire" que l'Iran reprenne les
discussions sur son programme nucléaire au cours des mois
prochains, dit un document préliminaire interne, datant
du 7 février, préparé pour la réunion
lundi des ministres européens des Affaires étrangères
par les services du Haut représentant de l'UE pour les
affaires extérieures, Javier Solana dont le FT a eu connaissance.
Au cours de cette réunion, les ministres européens
ont laissé la "porte ouverte" à des discussions
avec Téhéran sur le dossier nucléaire, tout
en donnant leur feu vert à l'application au niveau européen
des sanctions internationales contre l'Iran. Malgré les
démentis de l'Iran qui avance des intentions purement civiles,
la communauté internationale craint en effet que ces activités
nucléaires n'alimentent un programme militaire secret de
Téhéran.
Le document préliminaire exprime cependant son scepticisme
sur les chances d'efficacité des sanctions, et conclue
sur l'impuissance internationale à empêcher l'Iran
de développer les infrastructures techniques nécessaires
pour construire sa propre bombe atomique. "En pratique, les Iraniens ont poursuivi leur
programme à leur propre rythme, le facteur limitant étant
les difficultés techniques plus que les résolutions
de l'ONU ou de l'Agence internationale de l'énergie atomique
(AIEA)", explique-t-il, selon le quotidien.
"Les tentatives d'amener l'administration iranienne à
la table des négociations n'ont pas été fructueuses
jusque-là... Les problèmes avec l'Iran ne seront
pas résolus grâce à de seules sanctions économiques",
fait-il encore valoir. "Nous devons nous attendre qu'à
un certain moment l'Iran acquiert la capacité d'enrichir
suffisamment d'uranium pour en faire un programme d'armement",
prévient le document.
Télevision Suisse Romande, 12/2/07:
Micheline Calmy-Rey a rencontré lundi à Berne Ali Larijani, principal négociateur du nucléaire iranien. Selon des diplomates, la Suisse pourrait proposer un projet de compromis à Téhéran, prévoyant de faire tourner ses centrifugeuses à vide, sans uranium. Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a indiqué que le contenu de la rencontre était "de nature confidentielle". M.Calmy-Rey a exhorté Téhéran à faire preuve de la plus grande transparence dans ce dossier. La Suisse reconnaît le droit à l'utilisation pacifique de la technologie nucléaire.
NouvelObs, 11/2/07:
Alors que le chef des négociateurs iraniens a annoncé que l'Iran "était disposé" à reprendre les négociations, le président Ahmadinejad a confirmé, à Téhéran, la poursuite de son programme nucléaire.
Au dernier jour de la Conférence sur la sécurité de Munich, le chef des négociateurs iraniens pour le dossier nucléaire, Ali Larijani, a annoncé, dimanche 11 février, que l'Iran "était disposé" à reprendre les négociations, pour "régler" le contentieux nucléaire et "ne pas aggraver la situation dans la région". Téhéran aurait informé l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de son intention. "Nous annonçons que la volonté politique de l'Iran a pour but de régler par la négociation" le contentieux nucléaire, car "nous ne voulons pas aggraver la situation dans la région", a déclaré Ali Larijani.
28e anniversaire de la Révolution islamique
Mais au même moment à Téhéran,
devant des centaines de milliers d'Iraniens rassemblés
à l'occasion du 28e anniversaire de la Révolution
islamique, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad confirmait
la poursuite du programme nucléaire de son pays.
Dans son discours, le président Ahmadinejad n'a toutefois
pas annoncé l'installation d'un nouvel assemblage de 3.000
centrifugeuses dans son usine d'enrichissement d'uranium de Natanz,
comme cela avait été anticipé par les observateurs.
"Ce 11 février 2007, la nation iranienne a réussi
à franchir des passages ardus et a stabilisé son
droit incontestable (au nucléaire, NDLR)", a déclaré
le chef de l'Etat, sans plus de précisions.
Avancement le 9 avril
Le président iranien a également
souligné que l'état d'avancement de la technologie
nucléaire de son pays serait progressivement rendu public
d'ici le 9 avril, date qui marque le premier anniversaire de l'annonce
par Téhéran qu'il avait réussi pour la première
fois à enrichir de l'uranium.
Dans la capitale, l'immense foule descendue dans les rues scandait
des slogans de soutien au programme nucléaire iranien:
"l'énergie nucléaire est notre droit",
"Mort à l'Amérique". Des haut-parleurs
expliquaient aux manifestants que ce rassemblement était
organisé en "réponse de la nation iranienne
à un Conseil de sécurité illégal et
invalide".
Ispahan (3 février 2007) - Une délégation de plusieurs ambassadeurs de pays membre du mouvement des Non-alignés et de la Ligue arabe sont arrivés samedi à l'usine de conversion d'Ispahan, alors que l'Iran doit faire prochainement une importante annonce sur le nucléaire. La délégation comprend les ambassadeurs auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de Cuba, Malaisie et Afrique du Sud, représentant le mouvement des Non-alignés (NAM), d'Égypte et du Brésil pour le groupe des 77 etde Syrie pour la ligue arabe. De nombreux journalistes iraniens et étrangers ont également été emmenés sur place pour une visite guidée. L'usine de conversion d'uranium (UCF) d'Ispahan produit du tetrafluorure d'uranium (UF4) et de l'hexafluorure d'uranium (UF6), qui est ensuite utilisé à l'usine d'enrichissement de Natanz (centre) pour obtenir de l'uranium enrichi. Le conseil de sécurité des Nations unies a demandé dans sa résolution du 23 décembre la suspension des activités de conversion et d'enrichissement d'uranium. Mais Téhéran a refusé de s'y soumettre. Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, devrait faire une annonce sur le programme nucléaire iranien, le 11 février, dans le cadre des célébrations de l'anniversaire de la révolution islamique de 1979.
TEHERAN (22 janvier 2007) - L'Iran a exercé ses premières représailles
après les sanctions contre son programme nucléaire,
en décidant d'interdire l'accès à son territoire
à 38 inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie
atomique. "C'est le premier pas destiné à limiter
la coopération avec l'agence" onusienne de sécurité
nucléaire, a déclaré lundi le chef de la
commission du Parlement pour la Sécurité nationale,
Allaeddin Boroudjerdi. Une commission spéciale a dressé
une liste de 38 inspecteurs qui "ne sont pas autorisés
à pénétrer en Iran, et cette restriction
a été officiellement notifiée à l'AIEA",
a-t-il expliqué.
Les seuls obstacles à leur travail consistaient jusqu'ici
en des visas tardifs ou des restrictions d'accès à
certaines installations. La situation a changé avec l'adoption
le 23 décembre par le Conseil de sécurité
de l'ONU de sanctions contre les programmes nucléaire et
balistique iraniens, à cause du refus de Téhéran
de suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium.
En retour, le Parlement iranien a adopté le 27 décembre
une loi enjoignant au gouvernement de "réviser (sa)
coopération" avec l'AIEA. M. Boroudjerdi n'a apporté
aucun détail sur la composition de la liste des 38 inspecteurs,
si ce n'est qu'elle n'a "pas été établie
selon un critère de nationalité". Il n'a pas
précisé non plus la date d'entrée en vigueur
et le délai d'application de cette restriction. En visite
à Paris jeudi, le directeur de l'AIEA Mohammed ElBaradei
avait fait part de son inquiétude sur les conséquences
qu'auraient les sanctions de l'ONU, évoquant les risques
d'"escalade".
Dimanche, Iraniens et Américains ne semblaient pas prêts
à céder du terrain. Le président iranien
Mahmoud Ahmadinejad a affirmé qu'"aucun responsable
du pays n'a le droit de reculer" sur le programme nucléaire.
De son côté, le sous-secrétaire d'Etat américain
Nicholas Burns a averti que si l'Iran "ne suspend pas d'ici
le 21 février ses activités nucléaires à
Nantaz (son centre d'enrichissement d'uranium), il sera confronté
à une seconde série de sanctions".
La résolution 1737 prévoyant des sanctions contre
Téhéran a enjoint à M. ElBaradei de présenter
un rapport dans un délai de 60 jours, sur le respect ou
pas par l'Iran des exigences du Conseil. Lundi, les 27 pays de
l'Union européenne ont annoncé leur intention de
"mettre en oeuvre dans leur intégralité et
sans délai" les sanctions adoptées à
l'ONU. Le chef de la diplomatie britannique, Margaret Beckett,
a souligné qu'il fallait "appliquer intégralement
la résolution de l'ONU, afin de maintenir la pression sur
l'Iran pour qu'elle accepte l'offre de la communauté internationale
de revenir à la table des négociations". Les
déclarations de fermeté américaines sont
sous-tendues par la menace d'une action militaire. "Nous
disposons de toutes les options, mais nous préférons
une solution diplomatique", a dit M. Burns dimanche. Les
Etats-Unis n'ont jamais exclu l'usage de la force pour entraver
la progression du programme nucléaire iranien.
Fort opportunément, le corps d'élite des Gardiens
de la révolution a annoncé dimanche la tenue d'exercices
militaires, comprenant des tirs de missiles à courte portée.
Ces forces sont "totalement prêtes à affronter
n'importe quelle menace étrangère", a dit lundi
un commandant des Gardiens de la révolution, au premier
jour de cet exercice.
Pierre CELERIER
VIENNE (17 janvier 2007) - L'Iran a invité des émissaires de pays
en développement accrédités auprès
de l'Agence internationale de l'énergie atomique a visiter
ses installations nucléaires pour montrer son ouverture
sur la question de ses programmes nucléaires, ont annoncé
des diplomates.
L'Iran a fait savoir lundi qu'il comptait parvenir à produire
du combustible nucléaire à l'échelle industrielle.
Mais dans le même temps, il s'est engagé à
continuer de coopérer avec les inspecteurs de l'AIEA, tout
en cherchant à se trouver des alliés dans sa confrontation
avec les puissances occidentales. Téhéran a invité
les émissaires du Mouvement des non-alignés (MNA)
auprès de l'AIEA ainsi que les chefs de file du Groupe
des 77 et les représentants de la Ligue arabe à
Vienne à effectuer une visite en Iran du 2 au 6 février,
a annoncé un diplomate iranien. "Ils ont été
invités à visiter nos installations nucléaires
du 2 au 6 février", a déclaré mardi
le diplomate sous le sceau de l'anonymat. Un émissaire
du MNA auprès de l'AIEA a fait savoir que le Mouvement
avait accepté l'invitation. Le MNA constitue un bloc important
au sein du conseil des gouverneurs de l'AIEA, qui sera prochainement
appelé à s'exprimer sur la poursuite des projets
de l'Agence en Iran. Les émissaires cubain, égyptien
et malaisien seront dans la délégation qui se rendra
en Iran, a-t-on affirmé de source diplomatique.
17 janvier 2007 - La Russie a livré de nouveaux systèmes de missiles anti-aériens à l'Iran. De nouvelles commandes d'armes défensives de Téhéran seront étudiées, a déclaré mardi le ministre russe de la Défense, Sergueï Ivanov. "Nous avons fourni les systèmes modernes anti-aériens à courte portée TOR-M1 conformément à nos contrats", a dit M. Ivanov à des journalistes. "Nous développons notre coopération militaire et technique avec l'Iran conformément au droit international et nous continueront à le faire", a-t-il souligné. "L'Iran n'est pas soumis à des sanctions et s'il veut acheter du matériel (...) défensif pour ses forces armées, pourquoi pas ?" La coopération russo-iranienne dans le domaine des armements et dans celui de l'énergie nucléaire civile est source de tensions entre Moscou et Washington. "Nous ne pensons pas qu'il s'agisse d'un signal approprié à transmettre à Téhéran à ce stade, en particulier au moment où ils (les Iraniens) sont sous le coup de sanctions onusiennes pour avoir cherché à se doter de l'arme atomique et alors qu'ils continuent à braver les résolutions du Conseil de sécurité", a déploré Tom Casey, porte-parole du département d'Etat américain.
Libération, 15/1/2007:
Ahmadinejad soigne son «frère» Chávez
La Libre Belgique, 15/1/2007:
L'Iran se cherche un axe antiaméricain
TEHERAN (15 janvier 2007) - L'Iran a annoncé lundi être en train d'installer 3.000 centrifugeuses, confirmant ainsi avoir pris du retard dans son programme nucléaire puisque les centrifugeuses auraient dû être installées fin 2006. "Nous nous acheminons vers la production de combustible nucléaire, ce qui nécessite 3.000 centrifuges et plus", a déclaré le porte-parole du gouvernement Gholamhossein Elham lors d'une conférence de presse. "Ce programme est en cours d'exécution et sera achevé". Au cours du week-end dernier, l'Iran a démenti des informations européennes selon lesquelles son programme d'enrichissement de l'uranium était calé. L'uranium enrichi sert à alimenter les réacteurs nucléaires, et à un niveau d'enrichissement supérieur, utilisé dans les centrales nucléaires. L'année dernière, Téhéran avait annoncé que l'installation de 3.000 centrifugeuses dans sa centrale de Natanz, dans le centre du pays, serait terminée d'ici à fin 2006.
10 janvier 2007:
Des conservateurs aussi critiquent la politique nucléaire
d'Ahmadinejad
Téhéran, 9 janvier 2007 - L'Iran a arrêté un «espion»
qui envoyait des informations concernant le nucléaire aux
Moudjahidine du peuple, principal groupe de l'opposition armée,
ont rapporté mardi les médias iraniens. «Cet
individu a été recruté en 2001 (...) il recueillait
des informations et les envoyait aux monaféghine»
(«hypocrites», terme utilisé pour désigner
les Moudjahidine), a indiqué Ahmad Tavakoli, un important
député conservateur, cité par l'agence semi-officielle
Fars. «Il sera bientôt jugé», a-t-il
ajouté, sans préciser sa date d'arrestation. La
radio d'État a affirmé que cet «espion communiquait
des informations nucléaires aux monaféghine».
L'individu en question travaillait au Centre de recherches du
parlement mais son identité n'a pas été révélée.
Ces dernières années, les autorités ont annoncé
l'arrestation de plusieurs «espions». Les Moudjahidine
du peuple ont révélé en 2003 l'existence
de l'usine d'enrichissement d'uranium de Natanz et l'usine de
conversion d'Ispahan.
3/1/07: L'Iran
est aujourd'hui un pays nucléaire, et très bientôt
nous presserons le bouton pour la production de combustible nucléaire
à usage industriel", a
déclaré le président iranien Mahmoud Ahmadinejad,
mercredi 3 janvier, lors d'un discours dans la province du Khouzestan,
rapporte l'agence officielle IRNA. Il n'a fourni aucun détail
sur la date ou l'ampleur de la production envisagée.
L'Iran est sous le coup de sanctions du Conseil de sécurité
des Nations unies, votées le 23 décembre à
cause de son refus de suspendre ses activités d'enrichissement
d'uranium. Or la production d'uranium enrichi à usage industriel
suppose un fonctionnement continu de la chaîne d'enrichissement,
avec une qualité constante et en grande quantité.
L'Iran, qui promettait d'installer d'ici mars 2007 jusqu'à
3 000 centrifugeuses dans son usine d'enrichissement d'uranium
de Natanz, n'y disposait en octobre que de deux cascades de 164
centrifugeuses chacune, selon l'Agence internationale de l'énergie
atomique. Le président iranien a quant à lui annoncé
que le pays visait à terme une capacité industrielle
de production avec 60 000 centrifugeuses.
M. Ahmadinejad a répété que l'Iran "ne
bougerait pas d'un iota sur son droit au nucléaire",
et a une nouvelle fois minimisé l'importance de la résolution
de l'ONU. "Les puissances brutales devraient savoir que
quelle que soit le bruit qu'elles font, elles devront se plier
à la volonté du peuple iranien et reconnaître
les droits de l'Iran", a-t-il dit.
Tageblatt, 27/12/2006
Le parlement iranien a voté mercredi une loi obligeant le gouvernement à »accélérer le programme nucléaire et réviser la coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique», en réaction à la décision du Conseil de sécurité d'imposer des sanctions contre l'Iran.
Lire l'article.
Moscou (25 décembre 2006) - Moscou a appelé lundi Téhéran
à «étudier attentivement» la résolution
adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU
et à prendre une décision privilégiant les
«négociations» dans la crise du nucléaire
iranien.
«Nous espérons que nos collègues iraniens
étudieront attentivement le texte de la résolution
et pèseront le pour et le contre d'une coopération
avec le Conseil de sécurité et avec l'AIEA, et qu'au
final l'emporte la recherche d'une solution qui doit être
celle des négociations», a déclaré
un vice-ministre des Affaires étrangères, Sergueï
Kisliak, cité par l'agence Interfax.
Près de quatre mois après l'expiration de la date
butoir -le 31 août- fixée à l'Iran par la
résolution 1696 pour suspendre l'enrichissement sous peine
de sanctions, le Conseil de sécurité de l'ONU a
adopté samedi une résolution sanctionnant l'Iran
pour son refus de suspendre ses activités nucléaires
sensibles.
Adoptée à l'unanimité, la résolution
1737 impose à l'Iran des sanctions économiques et
commerciales dans des domaines soigneusement délimités:
enrichissement de l'uranium, retraitement, projets liés
aux réacteurs à eau lourde et développement
des missiles balistiques.
TEHERAN (24 décembre 2006) - L'Iran va entamer dimanche l'installation de 3.000
centrifugeuses pour enrichir de l'uranium dans une centrale nucléaire
en réponse à la résolution de l'ONU votée
samedi lui imposant des sanctions, a annoncé le principal
négociateur pour le nucléaire iranien Ali Larijani
au quotidien Kayhan.
Le Conseil de sécurité
de l'ONU a adopté samedi, au bout de deux mois de négociations
acharnées entre Occidentaux d'un côté, Russes
et Chinois de l'autre, une résolution sanctionnant l'Iran
pour son refus de suspendre ses activités nucléaires
sensibles.
Adoptée à l'unanimité, la résolution
1737 impose à l'Iran des sanctions économiques et
commerciales dans des domaines soigneusement délimités:
enrichissement d'uranium, retraitement, projets liés aux
réacteurs à eau lourde et développement des
missiles balistiques.
Rédigée par les trois pays européens qui
négocient avec l'Iran sur ce dossier (France, Grande-Bretagne
et Allemagne), la résolution réitère l'exigence
maintes fois exprimée par la communauté internationale
que l'Iran suspende immédiatement ses activités
sensibles.
Elle avertit Téhéran que le Conseil sera prêt
à prendre d'autres mesures s'il ne s'y conforme pas dans
les deux mois, ce que permettra d'établir un rapport du
directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique
(AIEA).
Ces éventuelles mesures supplémentaires nécessiteront
toutefois une nouvelle résolution du Conseil de sécurité,
aux termes du l'article 41 du Chapitre VII de la Charte de l'ONU,
qui prévoit des sanctions n'impliquant pas l'emploi de
la force armée.
En réaction, l'Iran a aussitôt annoncé qu'il
poursuivrait son programme nucléaire et son projet d'installer
3.000 centrifugeuses dans une usine d'enrichissement d'uranium.
"Cette nouvelle résolution ne constituera pas une
entrave aux progrès de l'Iran dans le domaine du nucléaire",
a déclaré le porte-parole du ministère des
Affaires étrangères, Mohammad Ali Hosseini.
Les Etats-Unis ont réclamé d'autres sanctions contre
l'Iran. "Nous ne pensons pas que cette résolution
suffise en elle-même. Nous voulons que la communauté
internationale aille au-delà. Nous n'allons certainement
pas mettre tous nos oeufs dans le panier onusien", a affirmé
Nicholas Burns, secrétaire d'Etat adjoint pour les Affaires
politiques, chargé du dossier iranien.
L'AIEA a annoncé qu'elle allait continuer à enquêter
sur le programme nucléaire iranien. L'agence onusienne
"va appliquer les aspects de la résolution (...) qui
concernent son travail", a fait savoir son directeur Mohamed
ElBaradei dans un communiqué. Le Conseil de sécurité
de l'ONU réclame un rapport au chef de l'AIEA dans les
60 jours pour savoir si l'Iran s'est conformé à
la résolution. Si Téhéran se conforme à
la 1737, les sanctions seront suspendues, voire levées.
Près de quatre mois ont passé depuis l'expiration
de la date butoir, le 31 août, fixée à l'Iran
par une précédente résolution du Conseil
de sécurité, la 1696, pour suspendre l'enrichissement
d'uranium sous peine de sanctions. Amendé plusieurs fois,
le texte de la résolution était en discussion depuis
sa première mise en circulation au Conseil de sécurité
le 23 octobre. La Russie, qui a d'importants intérêts
économiques en Iran où elle construit notamment
la centrale nucléaire de Bouchehr, a durement bataillé
pour atténuer les sanctions contre Téhéran.
Pressés d'aboutir avant Noël, les Européens
avaient fait mercredi une concession importante à Moscou
en supprimant du texte une interdiction de voyager à l'étranger,
qui devait viser douze Iraniens liés aux programmes nucléaire
et balistique de leur pays. Cette mesure a été transformée
en une simple restriction aux voyages de ces personnes, beaucoup
moins contraignante, sur l'insistance de la Russie.
Un gel des avoirs financiers à l'étranger à
l'encontre de ces douze Iraniens et de onze entités impliquées
dans les mêmes activités a cependant été
maintenue. Les Etats-Unis, qui ont laissé les Européens
être maîtres d'oeuvre du projet, auraient préféré
un texte plus musclé. En février, l'Iran avait cessé
d'appliquer le protocole additionnel au Traité de non prolifération
(TNP), qui permet un large accès aux installations nucléaires,
après l'adoption par le Conseil de sécurité
d'une résolution pressant Téhéran de geler
l'enrichissement d'uranium.
Avant le vote à l'ONU, le président russe Vladimir
Poutine s'est entretenu du texte au téléphone avec
son homologue américain George W. Bush.
Ils ont convenu de l'"importance" de maintenir une "position
commune" sur la question du programme nucléaire iranien,
a indiqué la Maison Blanche.
L'Iran a, quant à lui, menacé samedi, à quelques
heures du scrutin, de riposter en bloquant le travail des inspecteurs
de l'AIEA, après avoir ces dernières semaines répété
que rien ne l'arrêterait dans son programme nucléaire.
20 décembre 2006 - Les six pays chargés du dossier nucléaire
iranien à l'ONU ont de nouveau tenté mardi, sans
succès, d'aplanir leurs divergences sur les moyens de sanctionner
l'Iran pour son refus de suspendre ses activités nucléaires
sensibles, ont indiqué les diplomates. Ils se reverront
mercredi.
"Nous avons toujours des problèmes difficiles à
résoudre", a déclaré à la presse
l'ambassadeur de Russie Vitaly Tchourkine, précisant qu'il
s'agissait essentiellement de l'interdiction de voyager à
l'étranger envisagée contre des Iraniens associés
au programmes nucléaire et balistique de leur pays.
"Nous estimons qu'elle ne cadre pas avec le concept de la
résolution, elle n'apportera rien de positif en matière
de non-prolifération, c'est juste un irritant inutile",
a-t-il ajouté.
Interrogé pour savoir si la résolution serait adoptée
pendant la semaine, c'est-à-dire avant Noël comme
le souhaitent les Occidentaux, il a répondu: "Je ne
m'intéresse pas beaucoup aux vacances".
Les Six (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et
Allemagne) discutent d'un projet de résolution présenté
par les Européens qui prévoit des sanctions commerciales
contre l'Iran dans les domaines sensibles touchant au nucléaire
et aux missiles balistiques.
Il prévoit également une interdiction de voyager
à l'étranger et un gel des avoirs financiers contre
douze personnes et onze entités impliquées dans
ces activités en Iran. La Russie, qui rechigne à
imposer des sanctions trop dures à l'Iran, pays dans lequel
elle a d'importants intérêts économiques,
s'oppose à cet élément du projet.
Télévision Suisse Romande, 20/12/2006:
Alors que les 6 pays chargés du dossier nucléaire iranien à l'ONU n'avaient toujours pas réussi mardi à trouver un accord sur sanctions contre l'Iran, ce pays a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU de condamner le "développement clandestin et la possession d'armes nucléaires" par Israël. Téhéran demande des sanctions envers l'Etat hébreu s'il ne renonce pas à son arsenal. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a paru admettre récemment qu'Israël possède l'arme atomique. C'est ce qu'un ambassadeur d'Iran a mis en avant dans une lettre au président pour décembre pour justifier sa demande.
Jerusalem Post, 19 décembre, 2006:
L'Iran prévoit de célébrer sa "victoire nucléaire" en février 2007, a informé lundi 17 décembre le porte-parole du gouvernement iranien Gholamhossein Elham, cité par l'agence de presse officielle IRNA. L'Iran va "annoncer le succès et l'établissement d'une technologie nucléaire pacifique, et de la puissance du pays" en 2007, lors des cérémonies du 1er au 11 février précédant la fête nationale, a-t-il déclaré. Elham a appelé les "organisations internationales et certains pays" à renoncer à leur attitude hostile vis-à-vis de la République islamique, assurant que "Téhéran ne déviera jamais de la voie" qu'elle s'est tracée. Le porte-parole a mis en évidence que l'Iran envisageait de reconsidérer ses relations avec l'AIEA si le Conseil de sécurité de l'ONU imposait des sanctions contre lui.
Le Monde, 11/12/06:
Les ambassadeurs des six pays chargés
du dossier nucléaire iranien à l'ONU Chine,
Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne
se sont réunis, lundi 11 décembre, pour discuter
d'une version amendée du projet de résolution présenté
le 23 octobre au Conseil de sécurité par les Européens,
remanié pour tenir compte des préoccupations russes.
La France devait présenter le projet dans l'après-midi
devant le Conseil de sécurité réuni en séance
plénière, avant que les négociations ne démarrent.
Ces discussions préliminaires étaient simplement
destinées à faire le point sur les positions des
différentes parties.
Les diplomates restaient prudents sur les chances d'aboutir de
ce texte, après des semaines de piétinements dus
à des désaccords concernant les sanctions à
imposer à Téhéran. "Nous voulons
un vote avant la fin de l'année, de préférence
avant Noël", a déclaré un autre diplomate
occidental. Réitérant le souhait de maintenir l'unité
du Conseil, il a ajouté : "L'unanimité a
un prix que nous sommes prêts à payer mais jusqu'à
un certain point".
Le nouveau texte, extrêmement technique, prévoit
des sanctions économiques et commerciales contre l'Iran
dans les domaines jugés sensibles, les "activités
d'enrichissement, de retraitement et celles liées aux réacteurs
à eau lourde ou au développement de systèmes
de lancement d'armes nucléaires". Il prévoit
également des sanctions individuelles interdiction
de voyager et gel des avoirs financiers à l'étranger
contre des Iraniens personnes physiques ou morales
associés à ces activités. Une liste
est annexée à la résolution, contenant les
noms de douze personnes et de onze entités impliquées
dans les programmes nucléaires et balistiques iraniens.
La position de la Russie sur ce volet du projet n'était
pas connue lundi, Moscou ayant auparavant souhaité la suppression
de toute sanction individuelle. L'ambassadeur de Chine, Wang Guangya,
a émis quelques réserves sur les sanctions individuelles
qui, a-t-il averti, seront toujours considérées
par l'Iran comme "une humiliation".
LA RUSSIE ESTIME QUE LE TEXTE TIENT COMPTE DE SES PROPOSITIONS
L'ambassadeur de Russie, Vitaly Tchourkine, a estimé que
le nouveau texte "n'a pas un caractère punitif
mais vise à une solution diplomatique du problème".
Son ministre, Sergueï Lavrov, avait salué lundi la
nouvelle version du projet, estimant qu'elle tient compte des
"propositions russes". A la demande de Moscou,
le nouveau texte ne mentionne plus la centrale nucléaire
civile iranienne de Bouchehr, à laquelle la Russie coopère.
De son côté, le président iranien, Mahmoud
Ahmadinejad, a répété que son pays riposterait
à toute sanction internationale qui lui serait infligée
à cause de son programme nucléaire. "Compte
tenu de votre insistance à affronter la nation iranienne,
nous considérons un tel geste comme un acte hostile et
nous y riposterons", a déclaré M. Ahmadinejad,
quelques heures avant les discussions de New York.
TEHERAN (9 décembre 2006) - L'Iran promet une montée en puissance de son
programme d'enrichissement d'uranium. Son président Mahmoud
Ahmadinejad a annoncé samedi le début de l'installation
de milliers de centrifugeuses dans le centre de l'Iran, "première
étape vers une production industrielle".
En février dernier, Téhéran avait annoncé
pour la première fois avoir enrichi de l'uranium à
partir d'un premier groupe de 164 centrifugeuses et avait promis
de passer à un programme à grande échelle
d'ici la fin de l'année.
Le président iranien met donc ses menaces à exécution,
tout en répétant que ce programme nucléaire
a une finalité uniquement civile. "Nous avons commencé
à installer 3.000 centrifugeuses", a déclaré
M. Ahmadinejad, cité par l'agence semi-officielle Fars,
considérée comme proche des ultraconservateurs du
régime.
"Il s'agit de la première étape vers une production
industrielle. Nous serons en mesure de produire notre propre combustible
nucléaire quand nous en aurons installé 60.000",
a-t-il ajouté devant des étudiants à Téhéran.
Et le président de souligner que le programme nucléaire
iranien avance au rythme prévu. "Lorsque nous avons
construit ces centrifugeuses, ils (les Américains et leurs
alliés européens, NDLR) ont dit que l'Iran ne serait
pas capable de les assembler", a-t-il déclaré.
"Aujourd'hui, un mois est passé depuis le lancement
de notre deuxième cascade."
L'étape suivante, annoncée par l'Iran, est de parvenir
à un réseau national de 54.000 centrifugeuses, un
nombre qui permettrait de produire suffisamment d'uranium enrichi
pour alimenter un réacteur nucléaire de 1.000 mégawatts,
tel que celui construit avec l'assistance des Russes à
Bouchehr, dans le sud de l'Iran, qui doit entrer en service l'année
prochaine.
Le président Ahmadinejad s'était réjoui le
mois dernier que l'Iran puisse maîtriser dans un proche
avenir, probablement en février, le cycle du combustible
nucléaire, de l'extraction de l'uranium jusqu'à
son enrichissement.
Evoquant l'impasse des discussions entre les six pays chargés
du nucléaire iranien sous l'égide de l'ONU (Etats-Unis,
Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne), il a estimé
que "la résistance de la nation iranienne durant l'année
écoulée les a forcés à reculer de
dizaines de pas sur cette question", selon l'agence Fars.
Cette annonce intervient alors que les Etats-Unis et leurs alliés
européens cherchent à s'entendre au Conseil de sécurité
de l'ONU sur une résolution imposant des sanctions à
Téhéran en raison de son refus de suspendre ses
activités d'enrichissement de l'uranium. Toutefois, les
discussions entre les Six semblent dans l'impasse, la Russie et
la Chine s'opposant à l'action ferme prônée
par les Etats-Unis, la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne.
6 décembre 2006:
Toujours pas de consensus sur le nucléaire iranien
Le Monde, 5/12/06:
"Je ne sais pas si on aura un accord
ce soir", a reconnu, mardi 5 décembre, Philippe
Douste-Blazy, le ministre des affaires étrangères
français. Les six pays chargés du dossier nucléaire
iranien aux Nations unies Etats-Unis, Russie, Chine, France,
Allemagne, Royaume-Uni devaient en effet se réunir,
mardi à Paris, pour tenter de trouver un accord sur des
sanctions à imposer à Téhéran, qui
refuse toujours de suspendre son programme d'enrichissement d'uranium.
Mais les désaccords sont profonds, et la réunion
devrait être suivie d'un dîner, laissant une chance
supplémentaire aux responsables politiques de se mettre
d'accord.
Alors que les appels se multiplient pour que les Six surmontent
leurs divergences après plusieurs réunions infructueuses,
le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a lui haussé
le ton mardi. Il s'est adressé en particulier aux Européens,
les prévenant que leurs relations avec Téhéran
seraient menacées en cas d'"acte d'hostilité"
qui mettrait en cause "le droit de la nation iranienne"
au nucléaire. Le principal négociateur iranien sur
ce dossier, Ali Larijani, a renchéri, avertissant que "si
cette résolution a pour but de stopper le programme nucléaire
iranien, ça ne servira à rien".
Le sous-secrétaire américain Nicholas Burns, qui
représente les Etats-Unis à la réunion, s'est
montré aussi peu optimiste que M. Douste-Blazy, prédisant
qu'il n'y aurait pas de "percée" majeure.
"PRÉSERVER LA CRÉDIBILITÉ DU CONSEIL
DE SÉCURITÉ"
Le projet mis au point par les Européens prévoit
des sanctions économiques contre l'Iran dans les domaines
liés au nucléaire et aux missiles balistiques, ainsi
que des sanctions individuelles interdiction de voyager
et gel des avoirs financiers à l'étranger
contre les Iraniens associés à ces activités.
Mais la Russie, soutenue par la Chine, a estimé jusqu'à
maintenant que le texte européen était trop dur.
Opposée à toute sanction individuelle et souhaitant
que les mesures ne soient prises que pour un temps limité,
la Russie a proposé des amendements. A l'inverse, les Etats-Unis
voudraient durcir le texte, au moins dans sa formulation, malgré
les réticences de la Russie et de la Chine qui entretiennent
d'importants liens commerciaux avec l'Iran. "Nous avons
vraiment besoin que la Russie et la Chine passent à la
vitesse supérieure", a expliqué M. Burns.
Les Européens se disent d'autant plus déterminés
à faire avancer le dossier à l'ONU qu'ils ont présenté
récemment aux Russes, aux Chinois et aux Américains
un projet de texte censé prendre en compte "les
préoccupations des uns et des autres".
Trouver un compromis devient urgent : selon un diplomate français,
il s'agit désormais de "préserver la crédibilité
du Conseil de sécurité" face à l'Iran.
Plus de trois mois se sont écoulés depuis l'expiration
de la date butoir le 31 août fixée à
l'Iran par la résolution 1696 du Conseil de sécurité
pour suspendre l'enrichissement sous peine de sanctions.
VIENNE (23 novembre 2006) - L'Agence internationale de l'énergie atomique
(AIEA) a écarté jeudi une demande d'assistance iranienne
pour la construction d'un réacteur nucléaire à
eau lourde à Arak, les Occidentaux craignant que le plutonium
produit ne serve à l'arme nucléaire. La décision
a été adoptée par consensus par les 35 Etats
du Conseil des gouverneurs de l'AIEA, en séance plénière,
après trois jours de discussions techniques à Vienne
ayant permis un compromis entre pays occidentaux et non-alignés.
"Le projet est gelé", a déclaré
le directeur général de l'AIEA Mohamed ElBaradei,
en estimant que "la décision du Conseil des gouverneurs
est tout à fait liée à la confiance dans
la nature pacifique (ou non) du programme nucléaire de
l'Iran". Les choses pourraient changer "si la confiance
était rétablie", selon lui. L'organe exécutif
de l'AIEA a approuvé une aide technique à 831 projets
dans le nucléaire civil, dont sept autres propositions
non controversées de l'Iran, mais il n'a donc pas retenu
la demande d'aide pour "renforcer les équipements
de sécurité" du réacteur en construction
à Arak (environ 200 km au sud de Téhéran).
L'ambassadeur américain Gregory Schulte a souligné
que "le projet Arak n'est ni repoussé, ni reporté.
Il a été entièrement enlevé du programme
de l'AIEA"."Cette décision par consensus reflète
l'inquiètude persistante du Conseil concernant la nature
du programme nucléaire iranien", parce que les "réacteurs
à eau-lourde conviennent bien à la production de
quantités significatives de plutonium, un élément
clé pour fabriquer des armes nucléaires", a
encore dit M. Schulte aux journalistes .
Usine de production
d'eau lourde d'Arak dans le centre de l'Iran.
L'Iran se passera de l'aide de l'AIEA pour Arak, avait déclaré
le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki, jeudi matin
à Téhéran, avant même la décision
de Vienne. "C'est un des devoirs de l'Agence d'apporter son
aide, et s'ils ne l'apportent pas nous ferons le travail nous-mêmes",
a dit le ministre. L'ambassadeur iranien Ali Asghar Soltanieh
a renchéri à Vienne: la construction sera même
accélérée pour "raisons humanitaires"
parce que les "hôpitaux de son pays ont désespérément
besoin des radio-isotopes" que fournira le réacteur.
Téhéran assure que celui-ci n'est destiné
qu'à des usages pacifiques, notamment pour la recherche
médicale. Les Occidentaux redoutent que cette structure,
dont la mise en service est prévue en 2009, ne soit utilisée
à des fins militaires. Les non-alignés craignaient
en revanche qu'un rejet de la demande iranienne ne crée
un précédent préjudiciable à d'autres
projets d'aide technique dans le monde. Dans le cadre d'un compromis,
la demande d'aide technique à l'AIEA pour Arak n'a pas
été rejetée mais mise de côté,
ce qui a amené un diplomate iranien à parler "de
seulement un report". Aussi bien l'AIEA que le Conseil de
sécurité, préoccupés de non-prolifération,
ont déjà demandé aux Iraniens de "reconsidérer"
la construction d'Arak. Selon des experts, ce réacteur
d'une puissance de 40 mégawatts pourrait produire jusqu'à
12,5 kg de plutonium par an, soit de quoi fabriquer de deux à
trois bombes nucléaires. L'Iran risque par ailleurs des
sanctions du Conseil de sécurité après avoir
refusé de suspendre son enrichissement d'uranium - l'autre
source fissile possible de la bombe nucléaire - comme l'avait
exigé une résolution du Conseil. Mohamed ElBaradei
critique la coopération insuffisante de Téhéran
avec ses inspecteurs et demande des explications complètes
sur ses activités passées. Cependant, a dit M. ElBaradei,
Téhéran vient de faire "un pas dans la bonne
direction" en acceptant que les inspecteurs onusiens puissent
prélever des échantillons sur des installations
de l'ancien site militaire de Lavizan et en leur garantissant
un meilleur accès aux documents de l'usine d'enrichissement
de Natanz.
Le Devoir, 21 novembre 2006:
Iran : Bush aurait ignoré la CIA
MOSCOU (17/11/06) - C'est
à l'Agence internationale de l'énergie atomique
(AIEA) et non pas au Conseil de sécurité des Nations
unies qu'il appartient de diriger les efforts pour résoudre
la crise nucléaire iranienne, a estimé vendredi
le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï
Lavrov, cité par l'agence RIA-Novosti.
Réaffirmant la préférence de Moscou pour
la négociation plutôt que les sanctions, Lavrov a
déclaré au cours d'une conférence de presse
en Inde que les changements proposés par la Russie dans
le projet de résolution européen visaient à
s'assurer que la voie de la négociation n'est pas abandonnée,
selon les agences russes.
NEW YORK (8 novembre 2006) - Les six grandes puissances qui discutent du dossier iranien à l'ONU se sont séparées mardi sans trouver d'accord sur les moyens de sanctionner l'Iran pour son refus de suspendre l'enrichissement d'uranium, ont indiqué plusieurs diplomates.
La
centrale nucléaire iranienne de Bouchehr en Iran le 27
juin 2006.
Lors d'une nouvelle réunion informelle, à la mission
française auprès de l'ONU, les ambassadeurs des
cinq "Grands" du Conseil de sécurité (Chine,
Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et de l'Allemagne
n'ont pu s'entendre sur un projet de résolution présenté
par les Européens et auquel Moscou et Washington veulent
apporter des amendements, respectivement pour l'édulcorer
et pour le renforcer.
L'ambassadeur de Chine, Wang Guangya, a qualifié les discussions
de "non concluantes", indiquant qu'il existait des divergences
"inconciliables". "Nous ne sommes pas dans une
discussion sérieuse. Je crois que nous avons besoin de
plus de temps. Il doit y avoir davantage de réflexion dans
les capitales", a-t-il ajouté.
Mais son homologue russe, Vitaly Tchourkine, tout en confirmant
l'existence d'un désaccord, a estimé qu'il n'existait
pas de "différences fondamentales" entre le texte
européen et les amendements russes. "L'atmosphère
était plutôt bonne (...) Il est possible d'avoir
encore des discussions constructives sur le texte qui est sur
la table", a-t-il dit.
Ce texte, discuté depuis deux semaines entre les "six",
a été débattu mardi, ainsi que les amendements
russes et américains, pour la première fois en séance
plénière du Conseil. Le projet prévoit des
sanctions économiques et commerciales contre l'Iran dans
les domaines liés au nucléaire et aux missiles balistiques.
Il prévoit également des sanctions individuelles
-interdiction de voyager et gel des avoirs financiers à
l'étranger- contre les Iraniens associés aux activités
nucléaires. Mais il ne vise pas les activités liées
à la construction de la centrale nucléaire civile
iranienne de Bouchehr, à laquelle la Russie coopère,
exemption indispensable pour obtenir l'accord éventuel
de Moscou à la résolution.
Avant les consultations à quinze, l'ambassadeur américain,
John Bolton, avait estimé les demandes d'amendements russes
non conformes à la décision prise par les ministres
des Affaires étrangères des "six", l'été
dernier à Londres. "Nous ne pensons pas que le texte
russe soit conforme à ce sur quoi les ministres des Affaires
étrangères s'étaient mis d'accord",
avait-il dit. Mais M. Tchourkine l'avait contredit peu après:
"Notre approche, nos propositions sont totalement conformes
à ce qui avait été entendu entre les ministres".
A Londres, les ministres s'étaient entendus pour donner
une date limite à l'Iran pour suspendre ses activités
d'enrichissement, sous peine de sanctions. La résolution
1696 du Conseil avait ensuite donné jusqu'au 31 août
à l'Iran pour suspendre cet enrichissement, ce que Téhéran
n'a pas fait.
Les Etats-Unis poussent à l'adoption rapide de sanctions
mais les diplomates prévoient des négociations longues
et difficiles, la Russie et la Chine rechignant à imposer
des sanctions trop strictes à l'Iran, avec lequel elles
entretiennent d'importants liens économiques et commerciaux.
"Les discussions en sont encore à un stade très
préliminaire. Il reste encore beaucoup de travail (...),
aucun calendrier n'a été établi", a
déclaré l'ambassadeur du Pérou, Jorge Voto-Bernales,
qui préside le Conseil en novembre. Il a indiqué
que les Européens avaient proposé de présenter
au Conseil un texte plus précis lorsque des progrès
substantiels auront été effectués entre les
"six". "Les amendements russes rétrécissent
le champ des sanctions tandis que les propositions américaines
l'élargissent", a indiqué à l'AFP un
diplomate occidental.
Les discussions à six devraient reprendre avant la fin
de la semaine, selon plusieurs diplomates, mais aucune date n'a
toutefois été fixée.
Hervé COUTURIER
TEHERAN (5 novembre 2006) - Deux inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA) ont visité l'usine d'enrichissement d'uranium,
où l'Iran vient d'installer sa seconde chaîne de
centrifugeuses, a déclaré un responsable nucléaire
iranien, cité dimanche par l'agence officielle Irna. Cette
visite intervient alors que les grandes puissance examinent un
projet de résolution préparé par les Européens
visant à imposer des sanctions contre les programmes nucléaire
et balistique de l'Iran, après son refus de suspendre son
enrichissement d'uranium. "Les deux inspecteurs arrivés
vendredi ont visité l'usine d'enrichissement Natanz et
l'usine de conversion d'Ispahan", a déclaré
ce responsable ayant requis l'anonymat. Ils ont également
pu visiter la seconde cascade de 164 centrifugeuses installée
le 28 octobre par l'Iran. Selon ce responsable, les deux inspecteurs
doivent préparer le rapport que doit présenter le
directeur de l'AIEA, Mohamed ElBaradei, pour la prochaine réunion
du conseil des gouverneurs de l'agence prévue fin novembre.
1 novembre 2006 -
L'Iran organise à partir de jeudi d'importantes manoeuvres
militaires avec pour la première fois des tirs de missiles
balistiques Shahab-3, en pleine crise nucléaire avec la
communauté internationale.
Ces manoeuvres, intitulées «Grand Prophète
II», ont pour objectif de «montrer la puissance et
la volonté du pays à se défendre face aux
menaces», a déclaré le général
Yahya Rahim Safavi, commandant des gardiens de la révolution.
Elles se tiendront pendant dix jours dans 14 provinces d'Iran,
dont celles bordant le Golfe et la mer d'Oman. «Nous allons
lancer des missiles Shahab-2 et Shahab-3 avec une charge à
fragmentation ayant une portée de plus de 1.000 km»,
a déclaré M. Rahim Safavi.
Le missile Shahab-3 a une portée
de 2.000 kilomètres, selon l'Iran. Ce sera la première
fois que cette arme, qui avait subi jusqu'ici seulement des tirs
d'essai, sera utilisée dans des manoeuvres réelles.
Ces dernières interviennent alors que les États-Unis
et cinq autres pays (Australie, France, Italie, Grande-Bretagne,
Bahreïn) ont lancé lundi un exercice naval de lutte
contre la prolifération nucléaire dans le Golfe,
à proximité des eaux iraniennes. «Il s'agit
de manoeuvres de propagande sans intérêt militaire»,
a déclaré M. Rahim Safavi, a propos des manoeuvres
de lutte contre la prolifération organisées par
les États-Unis et leurs alliés. Les manoeuvres des
gardiens de la révolution sont également organisées
alors que les grandes puissances, dont les États-Unis,
la Russie et la Chine, ont commencé à discuter d'un
projet de résolution présenté par les trois
Européens (Allemagne, France, Royaume-Uni) qui prévoit
un embargo sur tout matériel ou équipement pouvant
contribuer aux programmes nucléaire et de missiles balistiques
de l'Iran, ainsi que sur toute fourniture d'assistance ou de formation
technique ou financière liée à ces programmes.
Les Occidentaux se heurtent aux réticences de la Russie
et de la Chine, qui entretiennent des relations économiques
significatives avec l'Iran.
Le général Rahim Safavi a mis en garde contre toute
tentative d'action militaire contre son pays. «Si les forces
non régionales veulent mettre en danger la sécurité
et les intérêts de l'Iran, les gardiens de la révolution
et les bassidjis (milices islamistes) utiliseront toute leur capacité
pour attaquer les ennemis», a-t-il dit. Selon M. Rahim Safavi,
«différents types d'avions (...) des dizaines d'autres
types de missiles, notamment des missiles Fateh et Zolfaghar avec
une portée de 150 km, seront utilisés lors de ces
manoeuvres». Il a aussi ajouté que les forces terrestres
des gardiens de la révolution menèrent des «opérations
héliportées dans la région de Hormozgan (où
est situé le détroit d'Ormuz) et dans certaines
îles du Golfe Persique».
Les forces iraniennes procèderont à cette occasion
à des tirs de missiles terre-mer dans le Golfe et en mer
d'Oman. «L'objectif des manoeuvres est de défendre
le territoire, les passages stratégiques mais aussi de
faire face à d'éventuels troubles», a ajouté
M. Rahim Safavi. Le détroit d'Ormuz est la principale voie
d'exportation du pétrole produit dans le Golfe. «Ces
manoeuvres ne représentent pas une menace pour les pays
voisins», a encore dit le général iranien,
en assurant que «tous les pays voisins sont des amis et
nos ennemis sont aussi les leurs». Les gardiens de la révolution
avaient organisé en avril les manoeuvres «Grand Prophète»,
lors desquelles ils avaient testé de nouveaux missiles
et des avions de combat.
Siavosh Ghazi
TEHERAN (19 octobre 2006) - Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a
répété jeudi que l'Iran ne cédera
pas d'un pouce sur son programme nucléaire sensible, tout
en affirmant qu'Israël était un régime "illégitime
et frauduleux (...) qui ne pourra pas survivre". "Le
monde doit savoir que le peuple iranien ne reculera pas d'un pouce
sur ses droits" en matière nucléaire, a déclaré
M. Ahmadinejad lors d'un discours prononcé à Islamshahr,
ville ouvrière de la périphérie de Téhéran,
diffusé en direct par la télévision d'Etat.
"L'enrichissement d'uranium et la maîtrise du cycle
du combustible nucléaire font partie des principales revendications
du peuple iranien", a-t-il ajouté. "Si l'arme
atomique est une mauvaise chose, pourquoi vous en fabriquez ?
Si le cycle du combustible nucléaire est une bonne chose,
il l'est pour tout le monde", a affirmé M. Ahmadinejad,
en ajoutant que l'Iran était "partisan du dialogue
et de la négociation".
Par ailleurs, il a lancé une nouvelle diatribe contre Israël
en affirmant que "le régime sioniste est illégitime
et frauduleux et ne pourra pas survivre". "Les grandes
puissances ont créé ce régime frauduleux
et lui ont permis de commettre tous les crimes pour préserver
leurs intérêts", a-t-il ajouté à
la veille d'une importante manifestation de soutien aux Palestiniens
organisée à Téhéran.
En visite à Moscou, le Premier ministre israélien
Ehud Olmert a tenté mercredi de convaincre le président
russe Vladimir Poutine d'agir pour stopper le programme nucléaire
iranien, mais la Russie semble peu favorable à des sanctions
économiques contre Téhéran. "Nous sommes
à un moment critique et toute la communauté internationale
doit serrer les rangs pour stopper l'Iran dans son intention de
se doter d'armes nucléaires", a déclaré
M. Olmert au cours de son entretien mercredi au Kremlin avec M.
Poutine. L'Etat hébreu redoute que l'Iran, qui appelle
à "rayer" Israël de la carte, n'accède,
sous couvert d'un programme nucléaire civil, à des
armes nucléaires.
L'Union européenne a constaté mardi l'échec
des négociations nucléaires avec Téhéran
après le refus iranien de suspendre son programme d'enrichissement
d'uranium, soulignant que cela ne lui laissait "pas d'autre
choix" que de reprendre les discussions sur de possibles
sanctions contre Téhéran au Conseil de sécurité
de l'ONU.
L'Iran a averti mercredi les grandes puissances qu'une résolution
de l'ONU le punissant pour son programme nucléaire "radicaliserait"
la situation, aussi bien dans la région que dans les relations
de Téhéran avec l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA). "Il est prouvé que la politique du
bâton et de la carotte est un échec et toute nouvelle
résolution repoussera la possibilité d'une entente",
a déclaré Ali Larijani, principal négociateur
du dossier nucléaire iranien, à l'agence Mehr. Téhéran
a également menacé d'expulser les inspecteurs de
l'AIEA les empêchant de surveiller le programme nucléaire
iranien.
Les puissances occidentales espèrent faire circuler très
prochainement au Conseil de sécurité de l'ONU un
projet de résolution prévoyant des sanctions à
l'égard de l'Iran pour son programme nucléaire,
selon des sources diplomatiques. Selon ces sources, les trois
pays européens (France, Grande-Bretagne et l'Allemagne)
et les Etats-Unis examinent actuellement un projet de résolution
et communiqueront le résultat de ces discussions à
la Russie et à la Chine. Ensuite un texte sera soumis probablement
la semaine prochaine au Conseil de sécurité.
Siavosh GHAZI
Le Figaro, 19 octobre 2006:
Dans la crise nucléaire, Paris estime
n'avoir plus d'autre choix que la voie des sanctions de l'ONU.
LE 12 SEPTEMBRE, le président
iranien Mahmoud Ahmadinejad dépêchait un émissaire,
Hachémi Samareh, à Paris pour rencontrer Jacques
Chirac. Quelques jours plus tard, le chef de l'État français
amorçait une énième tentative pour résoudre
la crise nucléaire iranienne, à la tribune des Nations
unies, en proposant un double préalable à une reprise
des négociations : une suspension du processus conduisant
à des sanctions, contre une suspension de l'enrichissement
de l'uranium par Téhéran.
Son offre s'est heurtée à un mur. L'Iran n'a pas,
non plus, donné de suite positive à l'ensemble de
mesures incitatives proposées, cet été, par
les Six (France, Allemagne, Russie, Chine, Grande-Bretagne, États-Unis),
en échange d'une suspension de ses activités nucléaires.
Coincée entre une Amérique qui suit une ligne dure
avec Téhéran et une République islamique
peu conciliante, la France tente de garder la porte du dialogue
ouverte. Mais sa patience atteint ses limites. « Le
refus des Iraniens (de suspendre l'enrichissement d'uranium)
ne nous laisse aujourd'hui aucun autre choix que de suivre
la voie du Conseil de sécurité »,
déclarait avant-hier à la presse le chef de la diplomatie
française, Philippe Douste-Blazy.
«Une tentative de division des Européens»
Lors d'une réunion des Vingt-Cinq à Luxembourg,
la France et les autres pays de l'Union se sont déclarés
prêts à soutenir des sanctions onusiennes contre
l'Iran. « Nous avons trop traîné. Pour
que les Iraniens réalisent que leur défiance a un
prix, ils doivent être confrontés à des sanctions »,
souligne un diplomate européen.
Depuis le récent échec des pourparlers entre Javier
Solana, le porte-parole de la diplomatie européenne, et
Ali Laridjani, le principal négociateur iranien, les Six
se sont ainsi mis d'accord sur le principe de sanctions progressives,
dont la forme, qui continue à faire l'objet de différends
entre les pays membres du Conseil de sécurité, doit
être maintenant discutée à l'ONU.
Téhéran aura pourtant tenté une dernière
pirouette en proposant, il y a deux semaines, que la France, au
travers des sociétés Eurodif et Areva, supervise
la production d'uranium enrichi sur le territoire iranien. « Une
tentative de diviser les Européens », souffle
un expert. Mais si les Iraniens ont tenté de jouer la carte
française, c'est parce que « les Français
leur ont offert une balle », analyse Mohammad Reza
Djalili, professeur à l'Institut universitaire de hautes
études internationales de Genève. Et de rappeler
l'intervention de Douste-Blazy, relative au « rôle
stabilisateur de l'Iran », en pleine crise libanaise
l'été dernier.
Les officiels iraniens aiment rappeler « les intérêts
économiques » de la France en Iran, via
Total, Peugeot, Renault, pour ne citer que les plus grandes entreprises
implantées en Iran. Ils laissent entendre qu'en l'absence
des Américains - pour cause d'embargo décrété
par Washington - les projets économiques français
ont le champ libre et qu'ils sont les bienvenus.
Pour Frédéric Tellier, spécialiste de l'Iran
à l'Institut de relations internationales et stratégiques
(Iris), c'est certainement une des raisons de la prudence française,
mais ce n'est pas la seule. « Quand Chirac reçoit
Samareh, c'est pour tenter de trouver des alternatives à
une option militaire et à des sanctions »,
dit-il. « Le président de la République
a le sentiment que ce dossier risque de se résumer à
une alternative coûteuse pour la France, c'est-à-dire
des sanctions sans effet, tout en sacrifiant à la fois
une série d'intérêts économiques mais
aussi une crédibilité diplomatique reconstruite
depuis les années de crise avec Téhéran »,
poursuit-il. Mais la marge de tolérance des Français
commence à se réduire.
D. M.
TEHERAN (18 octobre 2006) - Ali Larijani, responsable iranien des négociations
dans la crise nucléaire, a brandi la menace de représailles
- notamment en suspendant les inspections de l'Agence internationale
de l'Energie atomique - si les Nations unies imposent des sanctions
à l'Iran.
Les propos de Larijani ont été rapportés
par la télévision nationale au lendemain de l'appui
apporté par les ministres des Affaires étrangères
de l'Union européenne à des sanctions limitées
à l'encontre de Téhéran, qui a poursuivi
son programme d'enrichissement d'uranium en dépit de la
suspension exigée par le Conseil de sécurité.
"L'Iran ne restera pas les bras croisés s'il subit
des pression pour qu'il renonce à ses droits nucléaires.
La voie du Conseil de sécurité, les sanctions (...)
est une voie telle que la partie adverse doit s'attendre à
un geste réciproque de l'Iran", a averti larijani.
"Le Parlement iranien a préparé un plan sur
la base duquel les inspections de l'Agence internationale de l'Energie
atomique pourraient être suspendues face au comportement
hasardeux de l'Occident", a-t-il poursuivi.
Larijani n'est pas allé jusqu'à affirmer catégoriquement
que les inspections de l'AIEA seraient suspendues si des sanctions
étaient imposées
Le député Hamidreza Haji Babaie s'est montré
plus explicite en assurant qu'en cas de sanctions, "le Parlement
contraindrait le gouvernement à réduire au minimum
la coopération avec l'Agence internationale de l'énergie
atomique", en commençant par interdire ses inspections.
Les pays européens seront perdants s'ils emboîtent
le pas des Etats-Unis sur la voie des sanctions, avait peu auparavant
averti Ali Larijani, cité par l'agence de presse Mehr.
"Si le Conseil de sécurité adopte une nouvelle
résolution, nous ne serons sans aucun doute plus favorables
à la poursuite des discussions", a-t-il ajouté.
BRUXELLES (13 octobre 2006) - Les ministres européens des Affaires étrangères
devraient confirmer mardi la suspension des négociations
avec l'Iran sur le nucléaire faute de résultat,
et le retour au Conseil de sécurité de l'ONU de
ce dossier, ont indiqué vendredi plusieurs diplomates européens.
Les ministres vont déclarer mardi que "les négociations
avec l'Iran (sur le nucléaire) sont terminées en
raison du manque de résultat", a indiqué l'un
de ces diplomates, en soulignant qu'une déclaration en
ce sens figurait dans les conclusions que devraient adopter les
ministres mardi à Luxembourg. Toutefois, selon plusieurs
autres diplomates et le projet de conclusions, la déclaration
que devraient faire les 25 est plus nuancée et laisse la
porte ouverte à une reprise des négociations. L'Union
européenne estime que "la poursuite des activités
d'enrichissement par l'Iran ne laisse pas d'autre choix à
l'Union européenne que de soutenir les consultations sur
des mesures" punitives au Conseil de sécurité
de l'ONU, indique ce projet de conclusions. L'UE "note cependant
que la porte des négociations reste ouverte", "réaffirme
son engagement à arriver à une solution négociée",
et "presse l'Iran de suivre la voie positive qui lui est
offerte", ajoute-t-il. Le Haut représentant de l'UE
pour la politique extérieure Javier Solana, qui menait
depuis juin les négociations avec l'Iran au nom des grandes
puissances, doit faire le point avec les 25 sur le dossier nucléaire
lors de la réunion de Luxembourg.Les grandes puissances
ont demandé en vain à Téhéran -- en
faisant miroiter une importante aide économique et politique
en cas d'accord-- de suspendre toute activité d'enrichissement
d'uranium. Elles soupçonnent l'Iran de vouloir se servir
de cet enrichissement pour se doter de l'arme atomique. M. Solana
avait dressé un constat d'échec sur ses négociations
la semaine dernière, relançant les discussions sur
d'éventuelles actions contre Téhéran au conseil
de sécurité des Nations unies. Il avait également
indiqué qu'il ne prévoyait plus de rencontre avec
le négociateur iranien sur le nucléaire Ali Larijani.
4 octobre, Ouest France:
En sortant de son chapeau l'idée d'un
consortium franco-iranien d'enrichissement de l'uranium installé
sur son territoire, le régime des mollahs joue les illusionnistes.
Deux sociétés françaises, Areva et Eurodif,
en garantiraient le caractère non militaire. Spécialistes
mondialement connues des applications nucléaires de pointe,
les intéressées tombent des nues. Elles n'ont pas
été consultées.
Surprise, la France renvoie la balle dans le camp de Javier Solana.
Responsable de la politique étrangère de l'Union
européenne, ce dernier mène les pourparlers avec
l'Iran au nom des « grandes puissances »
(les cinq membres permanents du Conseil de sécurité
- États-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France -
plus l'Allemagne).
Car la manoeuvre est claire. Téhéran tente d'enfoncer
un coin pour rompre l'unité des Six. Entre, d'un côté,
les Américains, qui poussent aux sanctions, de l'autre
les Russes et les Chinois, qui n'y sont pas favorables, la France
occupe une position médiane. Il n'a pas échappé
aux Iraniens que Jacques Chirac, depuis la mi-août, fait
pression sur ses partenaires pour que la voie du dialogue reste
ouverte bien que Téhéran n'ait pas répondu
aux exigences qui lui étaient fixées.
Sur la même ligne que Paris, Javier Solana juge, par précaution
diplomatique, la proposition iranienne « intéressante ».
Sans doute en a-t-il été question entre lui et le
négociateur iranien, Ali Larijani, avec lequel il s'est
entretenu, jeudi, par téléphone. Conversation « constructive »
sur les détails, mais décevante sur l'essentiel :
l'Iran refuse tout net de suspendre ses opérations d'enrichissement
de l'uranium pendant la période des négociations.
C'était la seule exigence des Six. L'impression prévaut
désormais que l'ouverture dont Téhéran semblait
faire preuve, il y a trois semaines, n'est plus à l'ordre
du jour. De toute évidence, Ali Larijani est bridé
par les idéologues proches du président Mahmoud
Ahmadinejad. Certes, il est encore possible que les Iraniens finissent
par composer. Mais tout indique qu'ils n'en feront rien, par fierté
nationale et défi à l'Occident.
Dès lors, la menace de sanctions contre l'Iran revient
sur le tapis. Les ministres des grandes puissances vont en discuter,
sans doute avant la fin de la semaine. Le catalogue des mesures
possibles est prêt. Il faudra choisir les plus appropriées,
en commençant, cela va de soi, par un embargo sur les fournitures
destinées aux industries nucléaire et balistique.
On peut douter, pourtant, que les Six soient, avant longtemps,
capables de faire mieux qu'un froncement de sourcils symbolique.
Leur unité tenait tant que la négociation restait
une voie plausible. Leurs intérêts divergents risquent
de les séparer si l'on en vient aux sanctions. Les Russes
construisent la seule centrale iranienne. Les Chinois sont de
plus en plus dépendants du gaz et du pétrole dont
l'ancienne Perse regorge. Ils devraient s'opposer à des
sanctions trop pénalisantes.
En priant Washington de ne pas se mêler du conflit entre
la Russie et la Géorgie, Moscou montre les dents. Les Russes
font savoir que, si on ne les laisse pas faire le ménage
dans leur arrière-cour caucasienne, ils pourraient bloquer
un peu plus le dossier iranien. On finirait par oublier que, pendant
ce temps, la République islamique, derrière ses
faux-semblants, avance, chaque jour, un peu plus sur le chemin
de la « bombe ».
Joseph LIMAGNE
TEHERAN (28/9/06) - Le
président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré
mercredi que la position de l'Iran ne bougerait pas "d'un
iota" sur son droit à poursuivre un programme nucléaire
pacifique.
Mahmoud Ahmadinejad a répété qu'il ne céderait
à aucun compromis alors que les discussions entre le chef
des négociateurs sur le nucléaire iranien Ali Larijani
et le haut-représentant de l'Union européenne pour
la politique étrangère Javier Solana, qui se tiennent
depuis mercredi à Berlin, ont été décrite
comme "très intense" par un dirigeant européen.
"Dans les négociations, ils nous ont dit de suspendre
l'enrichissement (d"uranium), même pour une journée
sous le prétexte d'un problème technique, afin qu'ils
puissent poursuivre les discussions", a rapporté la
télévision nationale iranienne citant des propos
tenus mercredi par le président iranien.
"Notre réponse, c'est que personne n'a le droit d'ignorer
les droits de la nation iranienne", aurait-il commenté.
Mahmoud Ahmadinejad a ajouté que les Etats-Unis et leurs
alliés européens voulaient forcer l'Iran à
suspendre l'enrichissement d'uranium mais n'y parviendraient pas.
"Ils veulent créer une propagande sur ce sujet et
dire au monde qu'ils ont forcé l'Iran à suspendre
(l'enrichissement), mais ils se trompent. La nation iranienne
ne reculera pas d'un iota sur ses droits", a déclaré
le président iranien, selon les propos rapporté
par la télévision nationale.
Les entretiens entre Javier Solana et Ali Larijani, qui doivent
se poursuivre jeudi, sont les dernières discussions en
date sur l'offre des Six, qui a proposé à l'Iran
une série de mesures incitatives en échange d'un
gel de ses activités d'enrichissement de l'uranium pour
une reprise des négociations sur son programme nucléaire.
Le Conseil de sécurité des Nations unies avait donné
à Téhéran jusqu'au 31 août pour geler
l'enrichissement d'uranium, ce que l'Iran, sous la menace d'éventuelles
sanctions, n'a pas fait.
MOSCOU (26 septembre 2006) - La Russie et l'Iran ont signé un accord mardi
à Moscou pour une mise en exploitation de la centrale nucléaire
de Bouchehr (Sud de l'Iran) en septembre 2007, a annoncé
le porte-parole de l'Agence fédérale russe de l'énergie
atomique (Rosatom) à l'AFP.
"La société russe Atomstroïexport et l'Organisation
iranienne de l'énergie atomique (OIEA) ont signé
un accord additionnel au contrat sur la construction de la centrale
de Bouchehr qui prévoit le lancement de la centrale en
septembre 2007", a indiqué le porte-parole de Rosatom,
Sergueï Novikov.
La centrale nucléaire de Bouchehr, le 27 juin 2006.
Selon cet accord, "la centrale commencera
à produire de l'énergie en novembre 2007 et le combustible
nucléaire pour l'approvisionner y sera livré au
plus tard six mois avant le lancement de la centrale, c'est-à-dire
en mars 2007", a précisé M. Novikov.
L'accord a été signé à l'issue d'entretiens
lundi et mardi à Moscou entre le chef de Rosatom Sergueï
Kirienko et le vice-président iranien Gholamreza Aghazadeh,
qui dirige l'Organisation iranienne de l'énergie atomique,
a précisé M. Novikov.
M. Aghazadeh s'est aussi entretenu mardi au Kremlin avec le secrétaire
du Conseil de Sécurité russe Igor Ivanov sur le
problème nucléaire iranien, a encore indiqué
le porte-parole.
"Il faut élaborer des accords respectant entièrement
le droit de l'Iran à l'énergie nucléaire
civile et levant en même temps les inquiétudes de
la communauté internationale en ce qui concerne le respect
de la non-prolifération", a déclaré
M. Ivanov, cité par l'agence Interfax, lors de cet entretien.
Avant de se rallier au calendrier russe sur une entrée
en exploitation à l'automne 2007, M. Aghazadeh avait d'abord
pressé lundi la Russie d'achever plus vite la construction
de la centrale, affirmant que cela était possible "dans
une période de six mois".
Le représentant de la diplomatie européenne, Javier
Solana, doit rencontrer cette semaine le responsable iranien des
négociations pour le dossier nucléaire, Ali Larijani,
afin de relancer les négociations sur le programme nucléaire
iranien.
Le Figaro, 26 septembre 2006:
Israël aurait pris langue avec l'Arabie saoudite
MOSCOU (25 septembre 2006) - Le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie
atomique Gholamreza Aghazadeh, en visite lundi à Moscou,
a pressé la Russie d'achever rapidement le projet de centrale
nucléaire de Bouchehr, menaçant de le reprendre
en mains, sans la participation des Russes.
M. Aghazadeh a rencontré son homologue Sergueï Kirienko
pour discuter de la date de démarrage de la centrale, un
projet de près d'un milliard de dollars critiqué
par Washington, et de l'envoi du combustible nucléaire
pour l'approvisionner. Mais à l'issue d'entretiens de plus
de deux heures, les deux responsables ont quitté le bâtiment
de l'Agence fédérale russe de l'Energie atomique
(Rosatom) sans faire de déclaration. "Les négociations
ne sont pas finies. MM. Aghazadeh et Kirienko vont continuer leurs
discussions lors d'un dîner ce soir. Et leurs entretiens
reprendront demain", a indiqué le porte-parole de
Rosatom, Sergueï Novikov, à l'issue de la rencontre.
Un adjoint de M. Aghazadeh, Mohammad Saïdi, avait auparavant
annoncé que la partie iranienne comptait discuter pendant
cette visite "des moyens de supprimer les obstacles existant
à l'achèvement rapide de la centrale atomique".
"Bien que la Russie, à l'époque d'(Alexandre)
Roumiantsev (ex-directeur de l'Agence fédérale russe
de l'énergie atomique Rosatom en 2001-05 ndlr), ait donné
à l'Iran un engagement écrit sur la date de l'envoi
du combustible, il ne s'est pas concrétisé",
a regretté M. Saïdi. M. Aghazadeh, cité par
l'agence russe Ria Novosti se référant à
une discussion avec des médias iraniens avant son arrivée
à Moscou, s'est dit "convaincu que six mois sont suffisants
pour mettre en exploitation la centrale alors que les Russes estiment
qu'il faut encore un an". "Les Iraniens peuvent achever
eux-mêmes la construction de la centrale de Bouchehr si
les Russes n'en sont pas capables", a ajouté le responsable
iranien, cité par Ria Novosti. Rosatom estimait la semaine
dernière que la centrale devait être achevée
"en septembre 2007" et commencer à produire de
l'énergie "en novembre 2007". "La Russie
peut livrer du combustible nucléaire à l'Iran en
mars prochain, six mois avant la date du lancement de la centrale
en septembre", avait alors indiqué le porte-parole
de Rosatom, Sergueï Novikov. La Russie a conclu avec l'Iran
en 1995 un accord pour livrer la centrale nucléaire de
Bouchehr (sud), mais ce projet a pris du retard, notamment sous
la pression des autorités américaines. "La
centrale est aujourd'hui de facto achevée, mais il faut
encore apaiser les tensions dans le monde concernant le programme
nucléaire iranien", a expliqué un responsable
russe, sous couvert de l'anonymat. Les Américains ne désarment
pas dans leurs critiques. En avril, le sous-secrétaire
d'Etat américain Nicholas Burns a encore appelé
la Russie et tous les autres pays à cesser toute coopération
avec l'Iran, "même en ce qui concerne les projets nucléaires
civils tels que la centrale de Bouchehr". Mais la Russie
a toujours rejeté les demandes américaines d'abandonner
ce chantier, assurant que ce projet ne menaçait pas le
régime de non-prolifération des armes nucléaires
et qu'il était réalisé sous contrôle
de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique).
La Russie a notamment conclu avec l'Iran, sous la pression de
Washington, un accord afin que le combustible nucléaire
d'origine russe pour Bouchehr soit retourné en territoire
russe une fois usagé, afin d'éviter des risques
de détournement à des fins militaires. Le projet
de la centrale de Bouchehr a été lancé dans
les années 70 par une filiale de l'allemand Siemens. Celle-ci
s'est retirée au moment de la révolution islamique
de 1979. Moscou a pris le relais en signant un contrat avec Téhéran
en 1995 pour terminer la construction de la centrale.
Victoria LOGUINOVA
25 septembre 2006:
"Les pays arabes ont échoué vendredi dernier
à faire adopter par l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA) une résolution mettant en cause le programme
nucléaire d'Israël"
Le NonvelObs, 21/9/06:
Le nucléaire israélien mis en cause à l'AEIA
?
VIENNE (18 septembre 2006) - Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Mohammed ElBaradei a recommandé lundi à Vienne des négociations entre l'Iran et l'Union européenne (UE) sur le nucléaire, parallèlement à des propositions françaises en ce sens. L'Iran a pour sa part laissé la porte ouverte à un dialogue tout en menaçant de remettre en cause sa coopération avec les inspecteurs internationaux en cas de sanctions du Conseil de sécurité de l'Onu à son encontre. "J'espère toujours que par l'ouverture du dialogue entre l'Iran et ses partenaires européens on créera les conditions pour engager une négociation qui n'a que trop tardé", a déclaré M. ElBaradei aux délégués de 140 Etats membres à l'ouverture de la 50e assemblée générale annuelle de l'AIEA, l'agence de sûreté nucléaire des Nations unies.
Washington accuse l'Iran de tenter de développer l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil et réclame des sanctions onusiennes car l'Iran n'a pas gelé ses activités d'enrichissement d'uranium au 31 août, comme l'exigeait le Conseil de sécurité. L'uranium enrichi peut servir à la fabrication d'armes nucléaires et la poursuite de l'enrichissement par Téhéran a été constatée fin août par les inspecteurs de l'AIEA.
La négociation "vise à obtenir un règlement complet, qui d'une part répondra aux inquiétudes de la communauté internationale quant à la nature pacifique du programme nucléaire iranien, et d'autre part répondra aux inquiétudes de l'Iran en matière économique, politique et de sécurité", a estimé M. ElBaradei.
Le président français Jacques Chirac a lui aussi prôné lundi matin la poursuite du dialogue avec Téhéran. Avant son départ pour l'Assemblée générale de l'Onu à New York, M. Chirac a proposé que les cinq membres du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et l'Allemagne "renoncent à saisir le Conseil de sécurité" et que "l'Iran renonce à l'enrichissement de l'uranium" pour permettre la négociation. C'est la première fois qu'un dirigeant européen signifie clairement que la suspension de l'enrichissement de l'uranium n'est plus un "préalable" à l'ouverture de négociations entre les Six et Téhéran. Le chef de la délégation de Chine à Vienne, Sun Qin, a de son côté renouvelé "le voeu de la communauté internationale d'un règlement pacifique par la diplomatie". Mais un diplomate de l'UE a regretté les déclarations du président français, qui "affaiblissent notre position". "Elles tuent le processus de négociation de l'UE3", les trois pays européens (Allemagne, France, Grande-Bretagne), qui avaient fait une offre conditionnelle à l'Iran sur son programme dès l'automne 2004, a-t-il dit sous couvert de l'anonymat.
Pour l'Iran en tout cas, "il ne doit y avoir aucun doute que toute action hostile du Conseil de sécurité entraînera une réduction de la coopération avec l'Agence (AIEA)", a affirmé lundi à Vienne son vice-président Gholamreza Aghazadeh, également chef du programme nucléaire iranien. Il a toutefois ouvert la porte à des négociations, car "l'Iran croit qu'un accord est possible par la négociation". La question sera au centre de multiples entretiens cette semaine à New York, en marge de l'Assemblée générale. Le Haut représentant de l'UE pour la politique extérieure, Javier Solana, pourrait notamment reprendre des discussions directes avec le principal négociateur iranien Ali Larijani, interrompues depuis une semaine. Les deux hommes avaient fait état de "progrès" et de "discussions constructives", il y a huit jours à Vienne. M. Larijani avait alors évoqué une possible suspension de deux mois, sous conditions, de l'enrichissement.
L'assemblée générale de l'AIEA doit entre autres aborder cette semaine un projet de "banque du combustible nucléaire" civil, avec soutien russo-américain, pour éviter que de nombreux pays n'enrichissent eux-mêmes l'uranium. Le secrétaire américain à l'Energie, Samuel Bodman, a estimé sur ce point lundi: "Nous sommes tous d'accord qu'un cadre international pour une fourniture garantie de combustibles s'impose afin de répondre aux besoins énergétiques de la planète et d'avancer nos objectifs de non-prolifération".
Daniel ARONSSOHN
Vienne, 18 septembre 2006 - L'Iran a de nouveau menacé lundi de «réduire»
sa coopération avec l'AIEA en cas de sanctions du Conseil
de sécurité de l'Onu sur son programme nucléaire,
tout en ouvrant la porte à des négociations, lors
d'une conférence à Vienne. «Il ne doit y avoir
aucun doute que toute action hostile du Conseil de sécurité
de l'Onu entraînera une réduction de la coopération
avec l'Agence (internationale de l'énergie atomique - AIEA)»,
a déclaré le vice-président iranien Gholamreza
Aghazadeh, qui est aussi le chef du programme nucléaire
iranien. Il a exprimé ainsi des menaces déjà
formulées par Téhéran, devant les représentants
des 140 pays membres de l'AIEA au premier jour de l'assemblée
générale annuelle de l'agence onusienne de sûreté
nucléaire. «Une telle approche unilatérale,
menée de façon agressive par un ou deux États
est vouée à causer des pertes et des dommages à
tout le monde», a-t-il ajouté, alors que Washington
se fait de plus en plus pressant pour réclamer des sanctions
contre l'Iran soupçonné de développer l'arme
nucléaire sous couvert d'un programme énergétique.
M. Aghazadeh a toutefois ouvert la porte à des négociations.
«L'Iran croit qu'un accord est possible par la négociation»,
a-t-il déclaré. Le chef de l'AIEA Mohammed ElBaradei
avait déclaré à l'ouverture de l'assemblée
générale à Vienne qu'il espérait toujours
la reprise de négociations entre Iran et l'Union européenne
pour résoudre le différend sur les activités
nucléaires iraniennes. Le
président français Jacques Chirac a également
prôné lundi matin la poursuite du dialogue avec l'Iran.
Avant son départ pour l'Assemblée
générale de l'Onu à New York, il a proposé
sur la radio française Europe 1 que les Six (les cinq membres
permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, plus
l'Allemagne) «renoncent à saisir le Conseil de sécurité»
et que «l'Iran renonce à l'enrichissement de l'uranium»
pour permettre la négociation. L'uranium enrichi peut servir
de carburant pour la production d'énergie mais peut aussi
être utilisé pour la fabrication de bombes nucléaires.
L'Iran n'a pas gelé ses activités d'enrichissement
d'uranium au 31 août, comme l'exigeait le Conseil de sécurité
de l'Onu. La poursuite des activités d'enrichissement a
été constatée par l'AIEA.
Le Soir (Be), 3 septembre 2006:
Le parlement iranien va commencer à
examiner une proposition de loi pour suspendre les inspections
de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Parallèlement,
l'Iran refuse toute suspension de son enrichissement d'uranium
avant des négociations sur son programme nucléaire.
Le parlement iranien va commencer à examiner une proposition
de loi pour "suspendre" les inspections de l'Agence
internationale de l'énergie atomique (AIEA), a déclaré
dimanche un responsable parlementaire.
La proposition de loi pour suspendre l'entrée des inspecteurs
de l'AIEA en Iran a été déposée au
parlement, a déclaré ce responsable, ayant requis
l'anonymat. L'Iran a averti samedi les grandes puissances qu'il
réviserait sa politique de coopération avec l'AIEA,
chargée d'inspecter ses installations nucléaires,
si le conseil de sécurité de l'ONU décidait
de sanctions à son encontre.
La commission des Affaires étrangères et de la
sécurité nationale du parlement va commencer l'examen
de cette proposition de loi, a ajouté le responsable.
Allaeddine Boroujerdi, le président de la Commission des
Affaires étrangères a expliqué que cette
dernière a préparé une proposition de
loi qui prévoit que si malgré toutes les souplesses
et la coopération de l'Iran avec l'AIEA et les pays 5+1,
le Conseil de sécurité décide de priver l'Iran
de ses droits légaux, le gouvernement suspende toutes les
inspections actuellement en cours.
Selon la télévision iranienne, une cinquantaine
de députés ont signé cette proposition de
loi. Le représentant de l'Iran auprès de l'AIEA,
Ali Asghar Soltanieh, avait estimé samedi que si le
conseil de sécurité décide de sanctions ou
de mesures punitives, il ne fait pas de doute que la République
islamique d'Iran révisera sa politique de coopération
avec l'AIEA.
L'Iran risque des sanctions de l'ONU après avoir refusé
de suspendre son enrichissement d'uranium, comme l'exigeait une
résolution du Conseil de sécurité arrivée
à échéance le 31 août.
Pas de suspension sans négociations
Parallèlement, l'Iran refuse toute suspension de son enrichissement
d'uranium avant des négociations sur son programme nucléaire,
a déclaré dimanche le secrétaire général
de l'ONU Kofi Annan, à l'issue d'un entretien avec le président
iranien Mahmoud Ahmadinejad.
Le président m'a assuré que l'Iran était
prêt à négocier et à trouver une solution
à la crise (...), (mais) il n'accepte pas la suspension
avant des négociations, a dit M. Annan lors d'un point
de presse.
L'Iran a refusé de suspendre son enrichissement d'uranium
comme l'exigeait une résolution du Conseil de sécurité
des Nations Unies, et risque de ce fait des sanctions.
3/9/06 - Téhéran
juge que le Conseil de sécurité n'a pas le droit
de demander à l'Iran d'arrêter ses activités
d'enrichissement d'uranium. La résolution 1696 adoptée
à cet effet n'a pas « de base légale »,
croit Ali Asghar Soltanieh, représentant de l'Iran à
l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Dans une entrevue accordée au réseau américain
CNN, il a estimé que les statuts de l'AIEA ou du Traité
de non-prolifération nucléaire (TNP) ne permettaient
en aucune façon de demander à une nation d'arrêter
ses activités nucléaires.
Le bras de fer diplomatique se poursuit donc. Le président
iranien, Mahmoud Ahmadinejad, qui recevait dimanche le secrétaire
général des Nations unies, Kofi Annan, a encore
une fois répété qu'il était hors de
question que son pays ne se plie aux exigences internationales
avant que des négociations en bonne et due forme aient
lieu.
Par contre, M. Annan a mentionné que le président
iranien lui avait confirmé son intention de trouver une
solution négociée à la crise.
En visite aux Etats-Unis, l'ancien président réformateur
de l'Iran, Mohammed Khatami, a commenté de façon
laconique la situation. Même s'il souhaite que le dialogue
se poursuive, il estime que l'Amérique, qui veut imposer
des sanctions économiques à l'Iran, « a
accès à des outils internationaux qui lui permettent
de soumettre les autres pays » à son autorité.
NouvelObs, 1/9/06:
L'Iran "ne cèdera pas d'un iota"
Libération, 31/8/06:
L'Iran n'a pas respecté l'ultimatum de l'Onu
VIENNE (31/8/06) -
L'Agence internationale de l'énergie atomique a constaté
jeudi dans son rapport que l'Iran, ne cédant pas aux exigences
de la communauté internationale, n'a montré aucun
signe de gel de son programme d'enrichissement de l'uranium.
Selon ce document de six pages, "l'Iran n'a pas suspendu
ses activités d'enrichissement" et trois années
d'inspections n'ont pas pu confirmer "la nature pacifique
du programme nucléaire iranien, en raison du manque de
coopération de Téhéran".
D'après ce document, les inspecteurs de l'AIEA ont découvert
des traces d'uranium hautement enrichi dans un site impliqué
dans des travaux à possible usage militaire. Le rapport
ne précise pas toutefois si cet uranium pouvait servir
à la fabrication d'armes.
Il fait par ailleurs état de documents suspects, susceptibles
d'indiquer comment donner à des matériaux fissiles
la forme d'une charge militaire. Les autorités iraniennes
n'ont pas autorisé les inspecteurs de l'AIEA à procéder
aux vérifications nécessaires.
Les inspecteurs, d'autre part, n'ont pas pu procéder aux
investigations souhaitées dans le complexe de Natanz (centre),
où Téhéran avait informé l'AIEA de
son intention d'installer 3.000 centrifugeuses dans des salles
souterraines d'ici la fin 2006, pour atteindre à terme
54.000 centrifugeuses. Les autorités iraniennes, enfin,
ont tardé à délivrer les visas d'entrée
nécessaires aux inspecteurs, et notamment à Olli
Heinonen, directeur général adjoint de l'AIEA chargé
du dossier iranien.
NouvelObs, 6/8/06:
Nucléaire : l'Iran conteste l'ONU
"Téhéran a indiqué qu'elle poursuivra
son programme nucléaire malgré la résolution
de l'ONU."
2/08/2006 - Répondant
à une résolution de l'Onu appelant à la suspension
des activités nucléaires de Téhéran,
le président iranien a répété mardi
que son pays était en droit de produire du combustible
nucléaire.
«Le peuple iranien considère comme son droit de tirer
parti de la technologie pour produire du combustible nucléaire
à des fins pacifiques», a dit Mahmoud Ahmadinejad
lors d'une réunion publique à Bojnurd, dans le nord-est
de l'Iran.
La Conseil de sécurité de l'Onu a voté lundi
une résolution exigeant que l'Iran suspende avant le 31
août ses activités d'enrichissement et de retraitement
de l'uranium.
Passé le délai d'un mois, le Conseil étudiera
«les mesures appropriées» prévues par
l'article 41 du chapitre VII de la charte de l'Onu, des sanctions
économiques.
«Ceux qui pensent pouvoir manier le discours de la menace
et de la force contre l'Iran se trompent», a affirmé
Ahmadinejad dans son discours, retransmis en direct à la
télévision d'Etat.
Les diplomates et les experts font toutefois valoir que l'économie
iranienne serait profondément déstabilisée
en cas de sanctions.
TEHERAN (1 aout 2006) - Des responsables iraniens ont jugé "sans valeur", "inacceptable" et "injustifiée" la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU adoptée lundi donnant un mois à Téhéran pour suspendre son enrichissement d'uranium, au risque d'éventuelles sanctions s'il n'obtempérait pas. "De telles résolutions n'ont aucune valeur aux yeux des peuples du monde", a déclaré mardi le président du Parlement iranien Gholam-Ali Hadad-Adel, cité par l'agence Isna.
Le mardi 18 juillet 2006:
L'Iran pourrait adopter une loi suspendant
son adhésion au Traité de non-prolifération
nucléaire (TNP) si le Conseil de sécurité
de l'ONU exerçait des pressions sur Téhéran
pour geler ses activités nucléaires, a averti mardi
un haut responsable parlementaire. «Si le Conseil de sécurité
veut adopter une résolution imposant un arrêt de
l'enrichissement d'uranium, le parlement soulèvera, sans
nul doute, la question de la suspension de l'adhésion de
l'Iran au TNP», a déclaré Allaeddine Boroudjerdi,
cité par l'agence Isna. «Nous espérons que
le Conseil de sécurité ne prendra pas de décisions
irraisonnées susceptibles de changer l'attitude de l'Iran»,
a déclaré M. Boroudjerdi, président de la
commission de la sécurité nationale et des affaires
étrangères.
Il a souligné que, jusqu'à présent, l'Iran
a «respecté le TNP et le règlement de l'Agence
internationale de l'énergie atomique» (AIEA). Les
États-Unis ont annoncé la semaine dernière
qu'une résolution du Conseil de sécurité
serait présentée dès le début de cette
semaine, après la décision des cinq membres permanents
du Conseil de sécurité (Chine, États-Unis,
France, Grande-Bretagne, Russie) et de l'Allemagne de renvoyer
le dossier du nucléaire iranien devant le Conseil de sécurité.
L'Iran a repris en janvier ses activités d'enrichissement
d'uranium, destinées, selon les Iraniens, à produire
du combustible pour les centrales nucléaires civiles mais
qui peut également être utilisé pour la fabrication
de l'arme atomique.
Télévision Suisse Romande, 15/7/06:
L'Iran ne suspendra pas son enrichissement
Libération, 5 juillet 2006:
L'Iran annule une rencontre sur le nucléaire avec l'UE
MOSCOU/TEHERAN (29 juin 2006) - Les ministres des Affaires étrangères
du G8, réunis à Moscou, ont demandé à
l'Iran de répondre le 5 juillet aux propositions qui lui
ont été faites concernant son programme nucléaire,
ce que Téhéran a immédiatement refusé,
réclamant plus de temps.
Les chefs de la diplomatie des pays du G8 ont exprimé leur
déception devant l'absence de réponse de Téhéran
aux propositions qui lui ont été faites le 6 juin
par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité
- les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Chine et la
Russie - plus l'Allemagne.
Ils n'ont toutefois pas précisé à quelles
conséquences l'Iran s'exposait en cas de non respect du
délai du 5 juillet.
A cette date, le porte-parole de la diplomatie de l'Union européenne,
Javier Solana, doit rencontrer le principal négociateur
iranien sur le dossier nucléaire, Ali Larijani, pour lui
donner des précisions sur les mesures incitatives destinées
à convaincre Téhéran de renoncer aux aspects
sensibles de sa recherche nucléaire, soupçonnée
par les Occidentaux de préparer la fabrication d'une bombe
atomique.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré
la semaine dernière que son pays répondrait avant
le 22 août, ce qui a suscité l'exaspération
à Londres et à Washington.
Les Etats-Unis et l'Union européenne avaient demandé
à Téhéran de donner sa réponse avant
la tenue du sommet du G8 à Saint-Pétersbourg, du
15 au 17 juillet. "Nous avons besoin de plus de temps pour
discuter de l'offre" a déclaré un diplomate
iranien à Reuters.
Les ministres des Affaires étrangères du G8 n'ont
pas précisé quelles seraient les conséquences
pour l'Iran d'un refus de donner une réponse mercredi prochain
voire d'un refus des propositions qui lui sont faites.
Le groupe des Six à l'origine des propositions examinera
les éventuels avancées le 12 juillet, juste avant
le sommet du G8, a déclaré à des journalistes
un haut-fonctionnaire du Département d'Etat américain,
accompagnant la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza
Rice.
Les Six pourront ainsi "prendre une décision simple
sur l'orientation de tout cela", a-t-il dit, ajoutant que
la réunion du 12 constitue "un signal pour les Iraniens
qu'ils doivent faire un choix". En dépit de l'unité
affichée par le G8 à Moscou, confortée par
un appel de Pékin à une réponse rapide de
Téhéran, un refus iranien risquerait de semer la
division.
La Chine et la Russie sont opposées à des sanctions
des Nations unies à l'encontre de l'Iran. "Nous sommes
déçus de l'absence d'une réponse officielle
à la proposition positive. Nous espérons entendre
une réponse iranienne claire et substantielle à
ces propositions lors de la réunion prévue avec
Javier Solana... le 5 juillet afin de mettre rapidement un terme
à ces discussions" ont déclaré les ministres
des Affaires étrangères du G8 dans un communiqué
commun, à l'issue de leur réunion à Moscou.
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères
Jiang Yu a lui aussi appelé l'Iran, jeudi, à répondre
"aussi rapidement que possible" à l'offre qui
lui a été faite.
Les négociations sur les mesures incitatives sont conditionnées
au gel par l'Iran de ses opérations d'enrichissement d'uranium
et aux réponses apportées par Téhéran
à une série de questions sur son programme nucléaire.
L'Iran a refusé de suspendre ses opérations d'enrichissement.
Saul Hudson et Oleg Shchedrov
TEHERAN (22 juin 2006) - L'Iran cherche à gagner du temps, en annonçant
qu'il répondra seulement en août à l'offre
des grandes puissances visant à la suspension de son enrichissement
d'uranium, ont estimé jeudi des analystes et sources diplomatiques.
Les Etats-Unis estiment qu'une réponse iranienne à
l'offre de six grandes puissances d'ici à fin juin "aiderait"
à régler la crise nucléaire, a déclaré
jeudi à Budapest le conseiller à la sécurité
nationale, Stephen Hadley. L'objectif semble être d'abord
d'écarter l'échéance du sommet des chefs
d'Etat du G8, prévu à la mi-juillet, qui va se concentrer
inévitablement sur le dossier nucléaire iranien.
Mais ce délai reflète aussi pour certains la "difficulté
structurelle du régime à prendre une décision
stratégique", selon un diplomatique occidental, s'exprimant
sous couvert de l'anonymat.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a créé
la surprise mercredi en annonçant que l'Iran n'apporterait
pas de réponse à l'offre des grandes puissances
(Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie)
avant la fin du mois iranien de Mordad, qui s'achève le
22 août.
Les intéressés ont réagi promptement, par
la voix du président américain George W. Bush, qui
a jugé mercredi que "cela semble affreusement long
pour une réponse raisonnable". Il a rappelé
que les Iraniens avaient des "semaines, et non pas des mois"
pour se décider.
L'offre comporte des mesures incitatives, dont la négociation
est liée à la condition préalable d'une suspension
par Téhéran de son enrichissement d'uranium. Elle
a été présentée à l'Iran le
6 juin, et selon des sources diplomatiques à Vienne, il
lui a été clairement expliqué qu'une réponse
était attendue pour le 29 juin, quand se réunissent
à Moscou les chefs de la diplomatie préparant le
sommet du G8, prévu du 15 au 17 juillet.
Les Iraniens ont assuré qu'aucune échéance
ne leur avait été fixée pour répondre.
Mais selon le diplomate occidental, "ils ont bien compris
que nous attendons une réponse dans un espace de quelques
semaines et pas quelques mois".
"L'Iran cherche à dépasser l'échéance
du sommet du G8", a expliqué Sadegh Kharazi, ex-ambassadeur
d'Iran en France et proche de l'ancien président Akbar
Hachémi Rafsandjani. Car les grands pays industrialisés
pourraient y décider de durcir le ton contre Téhéran,
en envisageant éventuellement des sanctions, s'ils ont
le sentiment que la République islamique est déterminée
à ne pas céder sur son enrichissement.
De fait, selon M. Kharazi, "le pouvoir cherche une formule
avec laquelle l'Iran peut avoir des activités d'enrichissement
limitées et fournir en même temps des garanties objectives"
de non détournement de ce procédé à
des fins militaires. Le politologue iranien Saïd Leylaz fournit
la même analyse en estimant que "les Iraniens cherchent
à gagner du temps pour obtenir des Occidentaux d'accepter
des négociations sans une suspension".
Quelle que soit la réponse, le processus de décision
est compliqué par la difficulté de concilier les
avis parfois divergents des différents centres de pouvoir,
selon le diplomate occidental. "Il est probable que leur
attentisme s'explique en partie par des facteurs internes à
la structure du régime", souligne-t-il.
Un autre diplomate occidental estime pour sa part que "l'Iran
semble chercher à gagner du temps, mais il se peut aussi
qu'il y ait un véritable débat au sein du pouvoir
sur la question de la suspension". Interrogé, l'ex-porte-parole
du Conseil suprême de la sécurité nationale,
qui a la haute main sur le dossier, Ali Agha Mohammadi concourt
partiellement à cette analyse.
"Cela nécessite énormément de décisions
et aussi qu'on arrive à un consensus au sein du pouvoir
en tenant compte des intérêts nationaux", dit-il.
"Tout naturellement il y a des points de vue différents
au sein des commissions" chargées d'étudier
l'offre des grandes puissances, ajoute-t-il.
Dans tous les cas, que l'Iran réponde à temps ou
pas pour le sommet du G8, "son dossier sera au coeur de la
rencontre", remarque le deuxième diplomate occidental.
Et de souligner, comme son collègue, qu'au bout du compte
"la suspension de l'enrichissement n'est pas négociable".
Pierre CELERIER
TEHERAN (21/6/06) -
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a annoncé
mercredi que son pays répondrait mi-août aux mesures
incitatives proposées par les Six sur son programme nucléaire.
"Nous étudions ces mesures (...) Nous rendrons notre
avis à la mi-août", a-t-il déclaré
lors d'un discours devant plusieurs centaines de personnes dans
l'ouest de l'Iran diffusé en direct par la télévision
publique.
Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité
des Nations unies, plus l'Allemagne, ont proposé des mesures
incitatives économiques et technologiques à Téhéran
le 6 juin si le gouvernement iranien s'engage à suspendre
l'enrichissement d'uranium.
Libération, 20 juin 2006:
TEHERAN - Si
Téhéran met du temps à répondre à
la communauté internationale sur son programme nucléaire,
c'est faute de consensus et non par souci tactique, estiment diplomates
et analystes.
Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, Allemagne et France
ont offert le 1er juin des avantages "de grande portée"
à l'Iran s'il accepte de suspendre ses activités
d'enrichissement de l'uranium et de négocier.
L'Iran a accueilli cette offre comme un pas en avant mais tarde
à fournir aux Six une réponse dans le délai
de "quelques" semaines que ceux-ci ont fixé,
et Washington commence à exprimer des signes d'impatience.
Selon les analystes, Téhéran est séduit par
les "carottes" brandies, y compris les garanties - vaguement
formulées - des Six sur le rôle dans la sécurité
régionale qu'il revendique depuis longtemps.
"Ils prennent cela au sérieux et en débattent
aussi est-ce normal qu'ils aient des divergences d'opinion sur
la conduite à tenir", estime l'analyste Nasser Hadian,
un "ami" du président iranien Mahmoud Ahmadinejad.
Ce débat transparaît dans les propos tenus en privés
par les responsables iraniens, dont, selon Hadian, les opinions
s'échelonnent entre un "non ferme et un "oui
si".
"SERIEUX DEBAT EN COURS"
Les lignes de fracture traversent même l'équipe de
négociateurs qui avaient concédé en 2004
à la troïka européenne une suspension - éphémère
- des activités d'enrichissement le temps de négocier
des contreparties.
De source diplomatique occidentale, on prend note également
qu'il y a "un sérieux débat en cours",
mais on craint les effets d'une éventuelle contre-offre
iranienne sur l'unité chèrement acquise des Six.
Selon certains analystes, Téhéran pourrait être
tenté de chercher à arracher de nouvelles concessions
aux Six, ne serait-ce que parce qu'il estime que les Etats-Unis
sont trop englués en Irak pour se payer le luxe d'une autre
crise avec l'Iran.
Mais, dans le même temps, l'Iran demeure conscient qu'il
ne peut lui-même se permettre un choc frontal avec les Six
après avoir bénéficié de la bienveillance
de deux d'entre eux, la Chine et la Russie.
Ces deux membres permanents du Conseil de sécurité
ont en effet obtenu des Occidentaux, notamment des Etats-Unis,
en pointe dans cette affaire, qu'il renoncent pour le moment à
la voie des sanctions à l'Onu.
Les dirigeants iraniens "sont conscients que la balle est
maintenant dans leur camp" et qu'"ils pourraient tout
perdre en refusant purement et simplement les ouvertures qui leur
sont faites", estime un analyste iranien en vue, qui souhaite
garder l'anonymat.
Les discussions entre dirigeants iraniens sont d'autant plus âpres
que le régime islamique ne s'est pas privé de vendre
à son opinion publique l'idée que la maîtrise
du cycle nucléaire était un acquis irréversible.
Edmund Blair
ALGER (12/6/06) - Le
secrétaire du Conseil suprême de la sécurité
nationale de l'Iran et négociateur en chef du nucléaire
iranien, Ali Larijani, a réitéré, lundi à
Alger, le refus de son pays de suspendre l'enrichissement de l'uranium,
soulignant que Téhéran "n'acceptera aucune
condition préalable à toute négociation"
sur ses activités nucléaires.
Le gouvernement iranien "maintient toujours sa position d'enrichir
l'uranium", a déclaré lors d'une conférence
de presse Ali Larijani.
Arrivé dimanche soir à Alger, le responsable iranien
a toutefois indiqué que son pays restera "ouvert"
à toute négociation "constructive et raisonnable,
sans aucune condition préalable".
"Nous ferons preuve de disponibilité lors de discussions
afin qu'il n'y ait ni de malentendu ni confusion", a-t-il
affirmé, avant d'indiquer qu'un "contact direct"
irano-américain "ne sera possible que si Washington
change son comportement vis-à-vis des affaires territoriales
et devient raisonnable au lieu de nous défier et d'opter
pour la confrontation".
Ali Larijani a indiqué, par ailleurs, que les discussions
qu'il a eu avec le président algérien, Abdelaziz
Bouteflika, ainsi qu'avec le ministre algérien des Affaires
étrangères, Mohamed Bedjaoui, ont porté sur
les relations bilatérales et sur des questions internationales
d'intérêt commun, notamment celles ayant trait à
la situation dans les pays musulmans et arabes.
NouvelObs, 12/6/06:
Nucléaire iranien: les Six à nouveau divisés
TEHERAN (8 juin 2006) - Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a
déclaré jeudi que Téhéran était
prêt à discuter les "préoccupations mutuelles"
sur son programme nucléaire, tout en affirmant que l'Occident
avait cédé à la volonté iranienne.
"Au nom de la nation iranienne, j'annonce que la nation iranienne
ne tiendra jamais de négociations avec quiconque sur ses
droits manifestes, mais nous sommes pour des discussions sur des
préoccupations mutuelles pour résoudre les malentendus
dans l'arène internationale", a déclaré
le président iranien devant des milliers de personnes rassemblées
à Qazvin à l'ouest de Téhéran.
Les Occidentaux "ont été vaincus par votre
résistance et votre solidarité et ont été
forcés de reconnaître votre dignité et votre
grandeur", a-t-il ajouté.
Mahmoud Ahmadinejad n'a pas dit formellement si l'Iran acceptait
ou rejetait entièrement le plan présenté
mardi à Téhéran par les cinq membres permanents
du Conseil de sécurité de l'ONU plus l'Allemagne.
Pour ouvrir la voie à des négociations, ils proposent
des mesures incitatives en échange d'une suspension des
activités d'enrichissement d'uranium de l'Iran.
Libération, 7 juin 2006:
Téhéran joue la montre sur le dossier nucléaire
"Les propositions internationales jugées «positives»
mais «ambiguës»."
Le Monde, 7/6/06:
Pour la première fois depuis des mois,
une éclaircie semble s'être dégagée
sur le dossier nucléaire iranien. Téhéran
a en effet témoigné, mardi 6 juin, de l'intérêt
pour les nouvelles propositions de coopération qui lui
ont été faites afin de le convaincre de suspendre
les activités d'enrichissement de l'uranium pour son programme
nucléaire. "Ces propositions contiennent des points
positifs mais recèlent également des ambiguïtés
qui requièrent des éclaircissements", a
déclaré Ali Larijani, négociateur en chef
iranien sur les questions nucléaires.
Il venait de recevoir des mains de Javier Solana, le haut représentant
de l'Union européenne (UE) pour les relations extérieures,
l'offre de coopération plurielle élaborée
collectivement à Vienne la semaine dernière par
les cinq membres permanents du Conseil de sécurité
des Nations unies et l'Allemagne. "Nous espérons
qu'après une étude détaillée de cette
offre de nouvelles négociations auront lieu pour parvenir
à une conclusion équilibrée et logique",
a ajouté M. Larijani, qualifiant de "constructif"
l'entretien avec M. Solana.
"Ce qui importe en matière d'incitation, c'est
de soutenir les droits de l'Iran à effectuer des recherches
dans le domaine de la technologie nucléaire. Cette question
doit être très claire et sans ambiguïté
dans les négociations", déclarait de son
côté le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr
Mottaki, qui venait de s'entretenir avec le haut représentant
de l'UE. Cette première réaction iranienne a été
jugée " positive" par le président
américain George Bush. "Nous allons voir s'ils
prennent l'offre au sérieux. C'est à eux de choisir.
J'ai dit que les Américains s'assiéraient avec eux
s'ils acceptent de suspendre de façon vérifiable
l'enrichissement de l'uranium", a-t-il ajouté
lors d'un voyage au Texas.
Jusqu'à présent, la République islamique,
soupçonnée de chercher à développer
un programme nucléaire militaire - ce dont elle se défend
-, répète inlassablement que son droit à
l'enrichissement de l'uranium est reconnu par le Traité
de non-prolifération nucléaire dont elle est signataire.
Téhéran serait autorisé à convertir
de l'uranium dans le cadre du "plan de Vienne". Si les
grandes puissances refusent que l'Iran poursuive ses activités
d'enrichissement de l'uranium, des diplomates occidentaux indiquent,
en effet, que la République islamique pourrait en revanche
continuer à convertir l'uranium, phase préalable
dans le cycle de production de combustibles nucléaires.
Le plan de sortie de crise propose également une coopération
dans la construction de réacteurs nucléaires à
eau légère. Mais, selon des diplomates occidentaux,
il n'impliquerait pas que les Etats-Unis apportent une contribution
directe à ce projet de construction.
Washington, qui a rompu ses relations diplomatiques avec l'Iran
en 1980, pourrait en revanche accepter que des entreprises européennes
et russes opèrent en Iran sans s'exposer à des sanctions
américaines. D'après des diplomates qui suivent
le dossier nucléaire au siège de l'Agence internationale
de l'énergie atomique (AIEA), Téhéran pourrait
avoir accès à la fourniture de pièces détachées
pour des avions Boeing et Airbus - jusqu'à présent
interdite à cause des sanctions américaines imposées
à l'Iran. Une coopération dans le domaine de la
technologie agricole et un soutien européen à l'adhésion
de la République islamique à l'Organisation mondiale
du commerce sont aussi envisagés.
Le "plan de Vienne", qui n'a pas été rendu
public, comporte à la fois des mesures d'incitation et
des sanctions pour amener l'Iran à renoncer à enrichir
de l'uranium. Ces sanctions pourraient inclure un embargo sur
les armes.
Sa gardant de tomber dans un excès d'optimisme, le ministre
allemand des affaires étrangères, Franck-Walter
Steinmeier, n'a pas exclu que l'Iran réponde avant la fin
juin. Pour sa part, M. Solana a informé par téléphone
la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice,
que ses entretiens avec les responsables iraniens avaient été
"très utiles et constructifs", mais que
Téhéran avait besoin de temps pour répondre.
Dans la matinée, le porte-parole du département
d'Etat avait indiqué que les Occidentaux accorderaient
un délai de réponse à la République
islamique, précisant toutefois qu'il s'agissait "de
semaines et non de mois".
Jeudi, les experts de l'AIEA, qui viennent d'effectuer une visite
d'inspection sur le site iranien d'enrichissement de l'uranium
de Natanz, doivent remettre leur rapport au conseil des gouverneurs
de l'Agence. Dans leur rapport d'avril, ils constataient que Téhéran
continuait ses activités d'enrichissement.
Libération, 29 mai 2006:
Par Joschka Fischer ancien ministre des Affaires étrangères et vice-chancelier d'Allemagne entre 1998 et 2005.
La crise iranienne évolue rapidement
et de manière inquiétante. Il n'y a guère
de doute que l'Iran veuille se doter de l'arme nucléaire.
Au coeur du problème se trouve l'aspiration du régime
iranien à devenir une puissance musulmane hégémonique
au niveau régional afin de traiter à égalité
avec les grandes puissances de la planète. C'est précisément
cela qui distingue l'Iran de la Corée du Nord ; alors que
cette dernière cherche à se doter de l'arme nucléaire
pour conforter son isolation, l'Iran vise à dominer la
région, et peut-être même au-delà.
Pour parvenir à atteindre son but, l'Iran parie sur des
changements révolutionnaires dans la répartition
des pouvoirs au Moyen-Orient. Pour cela, il met à profit
son influence dans la région du Golfe, notamment en Irak,
et il instrumentalise non seulement Israël et le conflit
israélo-palestinien, mais également le Liban et
la Syrie. Cette combinaison d'une aspiration hégémonique,
d'une remise en question du statu quo régional et d'un
programme nucléaire est extrêmement dangereuse.
Israël interpréterait l'acquisition de la bombe par
l'Iran ou même sa capacité de la fabriquer comme
une menace vitale, ce qui obligerait l'Occident à intervenir.
Si l'Europe a une dette morale envers Israël, elle a également
des préoccupations quant à la situation sur la rive
orientale de la Méditerranée qui tient une place
de première importance dans sa stratégie de sécurité.
Et, si l'Iran dispose de l'arme nucléaire, il sera perçu
comme une menace par ses voisins, ce qui entraînera probablement
une course à l'armement dans la région et ajoutera
à son instabilité. Un Iran nucléarisé
posera un grave problème de sécurité à
l'Europe. Croire qu'elle restera à l'extérieur de
ce conflit est une dangereuse illusion.
Les enjeux de cette crise sont élevés, c'est pourquoi
l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France ont entamé, il
y a deux ans, des négociations avec l'Iran pour le persuader
de renoncer à se doter des moyens de fabriquer la bombe.
Cette initiative a échoué pour deux raisons. Premièrement,
la proposition européenne de relancer les échanges
commerciaux et de fournir à l'Iran les technologies dont
il a besoin, notamment dans le domaine du nucléaire civil,
était sans commune mesure avec la crainte iranienne d'un
changement de régime, ainsi qu'avec ses aspirations hégémoniques
et sa quête de prestige sur la scène internationale.
Deuxièmement, la guerre désastreuse déclenchée
par les Américains en Irak a conduit les dirigeants iraniens
à penser que la principale puissance occidentale était
affaiblie au point de dépendre de leur bonne volonté
et à estimer que l'Occident était peu enclin à
une sérieuse confrontation, ceci à cause du prix
du pétrole.
L'analyse du régime iranien risque de s'avérer une
dangereuse erreur, car elle pourrait conduire plus tôt qu'il
ne le pense à une confrontation brutale dont l'Iran n'a
aucune chance de sortir vainqueur. La question au coeur de ce
conflit est de savoir qui domine le Moyen-Orient : l'Iran ou les
Etats-Unis ? Les dirigeants iraniens sous-estiment le caractère
explosif de cette question pour les Etats-Unis en tant que puissance
mondiale et par conséquent pour le propre avenir de l'Iran.
Le débat ne porte pas sur l'option militaire, car la destruction
du programme nucléaire iranien par des frappes aériennes
américaines serait de mauvais augure. Il n'y a aucune garantie
qu'une tentative de détruire le potentiel nucléaire
iranien, pour l'empêcher de produire la bombe, soit couronnée
de succès. Une agression étrangère ne ferait
que légitimer les ambitions iraniennes en matière
d'armement nucléaire. Enfin, une attaque militaire marquerait
le début d'une escalade de la violence et du terrorisme
dans la région et peut-être même à une
bien plus grande échelle, un cauchemar pour toutes les
parties concernées.
Dans ces conditions, que faire ? Il reste encore une réelle
possibilité de trouver une issue politique si les Etats-Unis
et l'Europe proposent un contrat de la dernière chance
à l'Iran. En échange de l'arrêt à très
long terme de son activité d'enrichissement de l'uranium,
l'Iran et d'autres pays pourraient avoir accès à
la recherche et à la technologie nucléaire sous
la supervision étroite de l'Agence internationale pour
l'énergie atomique. Cette première étape
serait suivie de la pleine normalisation des relations commerciales
et politiques, avec des garanties de sécurité contraignantes
basées sur un accord de sécurité régional.
Il faut que les dirigeants iraniens sachent que le prix à
payer en cas de refus serait très élevé.
Avec le soutien sans faille de la communauté internationale,
l'Occident ferait tout pour isoler l'Iran sur le plan financier,
économique, technologique et diplomatique. L'Iran aura
donc à choisir entre la reconnaissance et la sécurité
d'une part et l'isolation totale d'autre part.
Mettre l'Iran devant cette alternative suppose que l'Occident
n'ait pas peur d'une hausse du prix du pétrole et du gaz.
Les deux autres possibilités ? l'émergence de l'Iran
en tant que puissance nucléaire ou une intervention militaire
pour l'en empêcher ? conduiraient aussi à une hausse,
sans parler des autres conséquences bien plus funestes.
La prise de conscience des terribles conséquences d'une
confrontation militaire et celles tout aussi terribles d'un Iran
nucléarisé doit inciter les Etats-Unis à
abandonner leur politique de refus de négociations directes
et leur espoir d'un changement de régime. Il ne suffit
pas que l'Europe agisse tandis que l'Amérique regarde en
spectateur l'évolution de la situation, ne prenant part
aux discussions que derrière le rideau et laissant l'Europe
se débrouiller toute seule. L'administration Bush doit
mener l'initiative occidentale lors de négociations directes
avec l'Iran. Si elles aboutissent, les Etats-Unis doivent aussi
accepter de fournir les garanties voulues. Dans cette confrontation,
le facteur décisif sera la crédibilité et
la légitimité internationale, ce qui ne pourra être
obtenu qu'avec un leadership américain pondéré,
de sang-froid, avec une vue à long terme.
La communauté internationale pourrait faire bloc autour
de cette proposition qui est une option intéressante pour
l'Iran. Qu'il accepte, l'arrêt de ses recherches nucléaires
à Natanz au cours des négociations serait le test
décisif de sa sincérité. Mais s'il refuse
ou ne respecte pas ses obligations, il s'isolerait totalement
et légitimerait pleinement des mesures à son encontre.
Ni la Russie ni la Chine ne pourront se permettre de faire bande
à part au sein du Conseil de sécurité. Mais
cette initiative ne peut réussir que si l'administration
américaine en prend la direction au sein des pays occidentaux
et s'assoit à >la table de négociation avec l'Iran.
Même dans ce cas, la communauté internationale devra
agir vite. Toutes les parties doivent avoir conscience que le
temps est mesuré pour une solution politique.
Le Figaro, 15 mai 2006:
Une réunion des ministres européens
des affaires étrangères doit finaliser lundi une
proposition d'aide économique et commerciale à destination
de l'Iran, à condition qu'il abandonne l'enrichissement
d'uranium. Téhéran a déjà fait savoir
qu'il refusait l'offre.
Dans la crise du nucléaire iranien, les jours et les annonces
se suivent et se ressemblent. Lundi, c'est à un nouveau
refus de Téhéran que se heurtent les Européens.
« Nous continuons notre chemin pour obtenir le droit absolu
de l'Iran » au nucléaire, a déclaré
le gouvernement iranien dans un communiqué. Une manière
de repousser l'offre de l'Union Européenne avant même
qu'elle ne soit formulée officiellement.
Mais quelle offre ? Les informations ont filtré ce week-end
à propos d'une nouvelle proposition européenne.
Javier Solana, le Haut représentant de l'Union pour la
politique extérieure, évoquait « un ensemble
de mesures généreux, un ensemble audacieux qui portera
sur des questions liées aux domaines nucléaire,
économique et, peut-être, si nécessaire, à
la sécurité».
Cette proposition devrait être formulée à
l'issue d'une réunion des ministres européens des
Affaires étrangères qui se tient lundi à
Bruxelles. Elle proposerait à l'Iran de «l'aider
à développer son secteur nucléaire civil,
ses échanges commerciaux» et de «reconnaître
ses préoccupations de sécurité», à
la seule condition que Téhéran cesse l'enrichissement
d'uranium, expliquait-on du côté de Bruxelles.
Offre « sans valeur »
La communauté internationale refuse que l'Iran ait accès
aux ressources nécessaires à la fabrication d'une
bombe atomique. Pour le moment, l'Iran a fait fi des résolutions
de l'ONU comme des recommandations de l'AIEA, et commencé
à enrichir de l'uranium, parvenant à obtenir un
taux de 4,8%. Un niveau suffisant pour les centrales civiles,
mais pas pour la fabrication d'une bombe.
Depuis le début des négociations, Téhéran
fait la sourde oreille. «Toute offre qui impliquera l'arrêt
de nos activités nucléaires pacifiques [l'enrichissement
d'uranium] est sans valeur». Alors le ballet diplomatique
se poursuit. Ce matin, ignorant volontairement l'offre européenne,
Téhéran appelle à un dialogue avec les Etats-Unis,
s'il se fait sur « un pied d'égalité, dans
un climat exempt de domination et dans des conditions de justice
et non d'impérialisme».
Pour l'instant, Washington refuse toute négociation directe
avec l'Iran, expliquant que les discussions doivent avoir lieu
au niveau de l'Onu. Et l'Europe ne désespère pas
non plus de se faire entendre. Jean Asselborn, ministre luxembourgeois
des Affaires étrangères, estime que « les
Iraniens vont s'apercevoir que les Européens sont courageux
et proposent une chose très importante, c'est une des dernières
chances pour résoudre le conflit d'un point de vue diplomatique»,
ajoute-t-il.
De son côté, Kofi Annan appelle à une solution
« urgente » et précise qu'il est « dans
l'intérêt de tout le monde de résoudre la
crise de manière pacifique».
Tageblatt, 12/5/06:
Ahmadinejad promet la "disparition" d'Israël, se
dit prêt au dialogue sur le nucléaire
RTBF, 11/5/06:
Les Occidentaux accordent quelques jours
de répit au régime iranien, dans le dossier du nucléaire.
Ils se donnent, en fait, un peu de temps pour revoir leur stratégie
visant à convaincre l'Iran de stopper ses activités
dans le domaine. Depuis deux jours les membres permanents du Conseil
de sécurité discutaient de cette question Iranienne,
sans parvenir à se mettre d'accord. Mercredi, les Etats-Unis
ont renvoyé la balle dans le camp des Européens.
La Troika européenne, autrement dit la France, l'Allemagne,
la Grande-Bretagne mais aussi les Etats-Unis, la Chine et la Russie,
devraient se retrouver le 19 mai prochain à Vienne. Jusqu'ici,
les Américains ont tenté vainement de faire passer
une résolution qui ouvre la voie à des sanctions,
voire même au recours à la force, si Téhéran
continue d'enrichir de l'uranium. Mais la Chine et la Russie,
qui ont un droit de véto au Conseil de sécurité,
s'opposent à l'option américaine.
En proposant à la Troika qui a longtemps négocié avec l'Iran, de trouver des solutions dans les semaines qui viennent, Washington semble faire des concessions. Mais il semble évident aussi que faute d'arriver à convaincre et de pouvoir jouer cavalier seul, Washington préfère calmer le jeu. La secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, estime que ces quelques jours de répit permettront aux options diplomatiques d'être totalement menées.
Difficile de dire pour le moment quel lapin les Européens pourraient sortir de leur chapeau pour sortir de l'impasse. Le ministre français des Affaires étrangères Philippe Douste Blazy a évoqué des propositions ambitieuses qui pourraient être faites à l'Iran dans le domaine de l'énergie nucléaire civile, au niveau commercial, voire même en matière de sécurité.
Bush rejette la lettre du président iranien :
Mercredi, le président américain
George W. Bush a répondu à son homologue iranien
en affirmant que sa la lettre ne répondait pas aux exigences
internationales d'un abandon par l'Iran d'activités nucléaires
ultra-sensibles. La lettre "semble ne pas répondre
à la principale question que le monde pose et qui est:
quand allez-vous renoncer à votre programme nucléaire ?",
a ainsi déclaré le président américain
au cours d'un entretien accordé à plusieurs journaux
de Floride.
Le Monde, 10/5/06 (critique):
L'Iran et son réseau
Le Temps (Suisse), 9 mai 2006:
Ce que l'Europe peut encore faire pour ramener l'Iran dans le
dialogue
TEHERAN (7 mai 2006) -
Le parlement iranien, le Majlis, a menacé dimanche, dans
une lettre adressée au secrétaire général
de l'ONU Kofi Annan, de forcer le gouvernement à se retirer
du Traité de non-prolifération nucléaire
(TNP) si les Etats-Unis continuent à faire pression sur
Téhéran pour que l'enrichissement d'uranium soit
suspendu.
Hamid Reza Asefi, porte-parole du ministère des Affaires
étrangères, a déclaré pour sa part
une nouvelle fois que la communauté internationale ne pouvait
rien faire pour contraindre l'Iran à suspendre l'enrichissement
d'uranium. S'exprimant devant la presse, il a assuré que
les oppositions au programme nucléaire iranien étaient
liées à "des motivations politiques".
"Les pays qui présentent le projet de résolution
(la Grande-Bretagne et les Etats-Unis) ont des motivations politiques",
a déclaré M. Asefi. "Il est clair que toute
action du Conseil de sécurité de l'ONU laissera
un impact négatif sur notre coopération avec l'AIEA"
(Agence internationale de l'énergie atomique).
"Une intervention du Conseil de sécurité de
l'ONU entraînerait le passage de la coopération à
la confrontation. Nous leur recommandons de ne pas faire ça",
a-t-il souligné.
28/4/2006 - Le
directeur général de l'AIEA, Mohamed ElBaradei,
remet aujourd'hui au Conseil de sécurité de l'Onu
un rapport sur le programme nucléaire de l'Iran qui devrait
conclure que Téhéran n'a pas suspendu l'enrichissement
d'uranium, comme il lui avait été enjoint à
la fin mars. Le chef de l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA) rendra également compte de la coopération
de la république islamique avec les inspecteurs de l'agence
de sûreté nucléaire des Nations Unies.
La remise de ce rapport crucial survient au lendemain d'un nouvel
appel lancé par les Etats-Unis et la France. Les deux puissances
ont exhorté le Conseil de sécurité, dont
ils sont membres permanents, à agir rapidement et fermement
face au refus de l'Iran de se plier à ses exigences sur
son programme nucléaire alors qu'il lui a été
fixé le 28 avril comme date-butoir pour le faire.
La demande du Conseil de sécurité n'a pas été
assortie de menaces de sanctions mais les Etats-Unis ont indiqué
qu'ils chercheraient à en obtenir, avec l'appui de la France
et de la Grande-Bretagne, si l'Iran ne pliait pas.
L'Iran reste pourtant inflexible dans son refus. Hier, le président
iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a une nouvelle fois martelé
que son pays "ne se soumettrait pas à l'injustice
et à la pression".
28 avril 2006 - Alors
que l'ultimatum de l'Onu expire aujourd'hui, le président
iranien Mahmoud Ahmadinejad a répété que
son pays n'accorderait aucune attention aux exigences internationales
concernant son programme nucléaire controversé.
"Ceux qui veulent empêcher les Iraniens d'être
dans leur droit devraient savoir que nous nous fichons totalement
de ces résolutions", a déclaré le président
de la République islamique l'Etat lors d'un rassemblement
public dans le nord-ouest de l'Iran. Ces propos, rapportés
par l'agence de presse officielle Irna, ont été
tenus à quelques heures de la présentation au Conseil
de sécurité de l'Onu d'un rapport de l'Agence internationale
de l'énergie atomique (AIEA) sur le programme iranien.
Ce rapport devrait confirmer que l'Iran n'a pas cessé d'enrichir
de l'uranium, ce qui pourrait enclencher un processus de sanctions
contre Téhéran. Le directeur général
de l'AIEA devrait également déclarer que les autorités
iraniennes n'ont pas coopéré avec les enquêteurs
de son agence, comme le demandait le Conseil de sécurité.
Le président iranien a annoncé le 11 avril
que l'Iran était entré dans le club des pays possédant
la technologie nucléaire et qu'il allait passer à
un stade industriel de l'enrichissement de l'uranium.
25 avril 2006 - L'Iran
est prêt à transférer à d'autres pays
son expérience dans la technologie nucléaire, a
dit mardi le Guide suprême iranien l'ayatollah Ali Khamenei,
cité par l'agence officielle Irna. Evoquant les «capacités
dans le domaine nucléaire des scientifiques iraniens»,
la plus haute autorité de l'Etat a ajouté que «la
République islamique d'Iran est prête à transférer
cette expérience, la connaissance et la technologie de
ses scientifiques» à d'autres pays.
L'ayatollah Khamenei s'exprimait lors d'une rencontre avec le
président soudanais Omar el-Béchir, qui a estimé
que «les succès de l'Iran dans l'obtention d'une
technologie nucléaire pacifique sont une grande victoire
pour le monde islamique», selon Irna. «Les capacités
et la puissance de l'Iran représentent une augmentation
de la puissance du monde islamique», a ajouté M.
Béchir. Les pays opposés au programme nucléaire
iranien craignent entre autres que la République islamique
ne facilite la prolifération de la technologie nucléaire,
à l'instar du Pakistan, où le réseau du scientifique
A. Q. Khan a apporté son aide à l'Iran. Téhéran
a annoncé le 11 avril avoir procédé avec
succès à de l'enrichissement d'uranium. La maîtrise
de cette technique permet théoriquement d'obtenir aussi
bien du combustible nucléaire que la charge fissile pour
une bombe atomique.
OSLO (3 avril 2006) - L'Iran
ne disposera pas de l'arme nucléaire d'ici les cinq prochaines
années, ce qui laisse du temps pour une résolution
pacifique de la crise entre Téhéran et l'Occident,
a estimé lundi à Bergen l'ancien chef des inspecteurs
en désarmement de l'ONU, le Suédois Hans Blix.
Le Conseil de sécurité des Nations unies exige de
l'Iran qu'il suspende ses activités d'enrichissement d'uranium,
mais Téhéran a répondu que ses activités
n'étaient "pas réversibles".
M. Blix, qui participe à une conférence sur l'énergie
à Bergen, dans l'ouest de la Norvège, ne pense pas
que les Etats-Unis iront jusqu'à envahir l'Iran. "Mais
il y a un risque que les Etats-Unis utilisent des bombes ou des
missiles contre plusieurs sites en Iran", a-t-il déclaré,
cité par l'agence de presse norvégienne NTB. "Les
réactions seraient alors fortes et contribueraient à
accroître le terrorisme".
L'ancien inspecteur en désarmement avait conclu, avec raison,
à l'absence d'armes de destruction massive en Irak. Les
Etats-Unis avaient justifié l'invasion en Irak en mars
2003 par la supposée détention de ces armes par
Saddam Hussein.
Dans le dossier iranien, dit-il, "nous avons le temps avec
nous. L'Iran ne peut pas avoir une bombe (nucléaire) dans
les cinq prochaines années". Hans Blix, qui fut également chef de l'Agence
internationale pour l'énergie atomique (AIEA), a enjoint
aux Etats-Unis, confrontés au même problème
avec la Corée du Nord, de prendre leur temps.
"Les Etats-Unis se sont donnés du temps et négocient
avec la Corée du Nord, alors que l'Iran s'est vu fixer
une date limite à très courte échéance.
Les Etats-Unis et les autres grandes puissances devraient négocier
et proposer des 'carottes', comme ils l'ont fait avec la Corée
du Nord", observe-t-il.
NEW YORK (30.03.2006) - L'Iran refuse de suspendre ses activités d'enrichissement
d'uranium, a déclaré l'ambassadeur iranien auprès
de l'AIEA, Aliasghar Soltanieh, à Vienne. Il s'exprimait
au lendemain d'une injonction en ce sens du Conseil de sécurité
de l'ONU.
"La décision de l'Iran sur l'enrichissement, en particulier
dans les domaines de la recherche et du développement,
est irréversible", a déclaré le représentant
iranien à l'Agence internationale de l'énergie atomique
(AIEA), qui était interrogé sur les suites que Téhéran
entendait donner à la demande du Conseil de sécurité.
"Il n'est pas possible de décider d'une suspension",
a-t-il souligné, ajoutant que l'Iran ne pouvait pas continuer
"à priver (ses) scientifiques de recherche et de développement".
Mercredi à New York, les quinze membres du Conseil de sécurité
ont donné 30 jours à l'Iran pour suspendre ses activités
d'enrichissement d'uranium, dans une déclaration adoptée
à l'unanimité après trois semaines de négociations.
Le Conseil qui statuait pour la première fois depuis que
l'AIEA, l'agence de sûreté nucléaire de l'ONU,
l'eut saisi le 4 février, n'a toutefois pas précisé
quelles mesures il pourrait prendre si Téhéran n'obtempérait
pas.
Cette saisine représente une "erreur historique"
qui fait payer à l'Iran "un prix élevé
pour de la simple recherche et développement", a estimé
M. Soltanieh. Il a souligné que l'AIEA n'avait relevé
en Iran aucun détournement de matériaux nucléaires
à des fins militaires. (ATS)
BERLIN (30.03.06) -
Les ministres des Affaires étrangères des cinq membres
permanents du Conseil de sécurité, ainsi que de
l'Allemagne, se réuniront jeudi à Berlin pour discuter
des suites à donner au dossier nucléaire iranien
alors que le Conseil de sécurité a exigé
de Téhéran qu'il suspende son programme nucléaire,
dans une déclaration votée mercredi à l'unanimité.
On ne s'attendait toutefois pas à des avancées significatives
lors de cette réunion d'une heure et demie, qui devrait
s'attacher aux différentes possibilités d'engager
l'Iran dans un processus diplomatique.
Un haut responsable européen a fait valoir que des discussions
multilatérales impliquant les six pays et l'Iran restaient
une alternative. Il s'agit d'une proposition confidentielle présentée
ce mois-ci par la Grande-Bretagne, qui espère obtenir en
retour le soutien de la Russie et de la Chine pour des résolutions
contraignantes du Conseil de sécurité, y compris
des sanctions contre Téhéran.
Cette possibilité n'est pas favorisée par les Etats-Unis,
qui selon un de ses responsables préféreraient voir
la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France continuer de mener
ses négociations avec l'Iran, comme la "troïka"
européenne l'avait fait jusqu'à l'année dernière
avant de rompre les contacts lorsque Téhéran a commencé
ses activités d'enrichissement.
"Dès le début, notre position a été
que nous ne pensons pas utile que d'autres pays rejoignent (la
troïka) dans le dialogue, car cela a le potentiel de diluer
la position occidentale sur l'Iran", a déclaré
ce responsable américain sous couvert d'anonymat.
De son côté, le chef de la diplomatie russe, Sergeï
Lavrov, continuait d'insister sur "des méthodes exclusivement
politiques et diplomatiques".
Le responsable américain n'a d'ailleurs pas rejeté
catégoriquement des discussions directes avec l'Iran, ajoutant
même que des contacts annoncés entre Washington et
Téhéran au sujet de la situation en Irak pourraient
déboucher sur des discussions sur le nucléaire -même
si les autorités américaines ont formellement exclu
ce mélange des genres.
NATIONS UNIES (18/3/06) - L'ambassadeur de Russie à l'ONU a rejeté
vendredi des propositions qui auraient amené le Conseil
de sécurité de l'ONU à demander rapidement
un rapport sur la coopération de Téhéran
concernant son programme nucléaire présumé,
affirmant à moitié en plaisantant qu'une action
trop rapide pourrait conduire au bombardement de l'Iran d'ici
le mois de juin.
Andreï Denisov s'exprimait juste avant une réunion
du Conseil de sécurité au cours de laquelle des
diplomates prévoyaient d'examiner une liste révisée
de propositions britanniques, françaises et américaines
en vue de rédiger une déclaration sur l'Iran. Les
dernières propositions, obtenues par l'Associated Press,
retiennent beaucoup d'éléments auxquels se sont
déjà opposés la Russie et la Chine.
Un des points qui pose problème pour la Russie, c'est une
proposition demandant au directeur de l'Agence internationale
de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed El-Baradeï,
de présenter dans les deux semaines à l'ONU un rapport
sur la coopération de Téhéran. Moscou affirme
que c'est beaucoup trop tôt.
"Imaginons que nous l'adoptions et qu'aujourd'hui, nous diffusions
cette déclaration, alors qu'est-ce qui se passerait au
bout de deux semaines?", s'est interrogé M. Denisov.
"A une telle allure, nous commencerons à bombarder
en juin", a-t-il lancé.
Les ambassadeurs britannique, français et américain
ont cependant souligné qu'ils pourraient faire preuve de
flexibilité sur le délai de deux semaines. Des diplomates
indiquaient ainsi qu'il pourrait être porté à
30-45 jours pour accommoder la Russie et la Chine.
"Nous avons signalé qu'il y a flexibilité à
condition que nous adoptions ce texte bientôt, mais plus
cela dure, moins nous aurons de temps", a déclaré
l'ambassadeur britannique à l'ONU, Emyr Jones-Parry..
Les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations
unies sont réunis à New York pour une première
session officielle au sujet du nucléaire iranien, depuis
le transfert du dossier au Conseil par l'AIEA. Les réunions
devraient être reconduites mardi.
NouvelObs, 12/3/06:
Téhéran menace de quitter le TNP
12 mars 2006 - La
proposition de Moscou d'un enrichissement d'uranium iranien en
Russie n'est plus à l'ordre du jour, avec l'envoi du dossier
nucléaire iranien à l'ONU. Les conditions ont changé.
Le porte-parole de la diplomatie iranienne, Hamid Reza Assefi,
avait rappelé mercredi que "si le dossier de l'Iran
va au Conseil de sécurité des Nations unies, il
est naturel que la proposition soit retirée de l'agenda".
VIENNE (8 mars 2006) -
L'AIEA a ouvert la voie mercredi soir à des actions possibles
du Conseil de sécurité de l'Onu contre l'Iran sur
son programme nucléaire, alors que les Iraniens menaçaient
de prendre des mesures de représailles.Le conseil des gouverneurs
de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA),
achevant une session de trois jours, a examiné le rapport
du directeur général de l'AIEA, Mohammed ElBaradei,
sur l'Iran, rapport qui est automatiquement transmis au Conseil
de sécurité de l'Onu.
Selon les Etats-Unis, satisfaits de la tournure des événements,
le Conseil de sécurité se réunira à
partir de la semaine prochaine à New York sur la question.
Alors que les Américains et Européens soulignaient
que le temps était venu pour l'organe onusien d'agir pour
obliger l'Iran à obtempérer en renonçant
à enrichir l'uranium, le chef de la délégation
iranienne a agité la menace.
"Les Etats-Unis ont les moyens de causer du mal et des souffrances
(à l'Iran) mais ils sont aussi susceptibles d'éprouver
la douleur et le mal. S'ils (les Américains) choisissent
cette voie, et bien allons-y!", a déclaré à
l'AFP Javad Vaïdi, numéro deux du Conseil suprême
de la sécurité nationale.
Il répondait au vice-président américain
Dick Cheney qui avait averti mardi que l'Iran s'exposait à
des "conséquences sérieuses" s'il refusait
de se conformer aux exigences internationales.
"Nous avons deux options. Celle du compromis et de la coopération
et celle de la confrontation. Nous espérons que la première
l'emportera. Mais dans tous les cas, nous continuerons nos activités
de recherche" en matière d'enrichissement, a encore
dit M. Vaïdi.
Interrogé sur l'utilisation de l'arme du pétrole,
il a affirmé que l'Iran "n'utilisera pas l'arme du
pétrole pour l'instant car nous ne voulons pas la confrontation
avec les autres pays. Mais si la situation change, nous serons
obligés de changer notre attitude et notre politique".
Toutefois, Mohamed ElBaradei, précisant qu'il allait envoyer
"aujourd'hui ou demain son rapport au Conseil de sécurité",
a demandé à toutes les parties de "baisser
le ton" pour favoriser une solution diplomatique.
"Tout le monde recherche un accord politique. Ce qu'il nous
faut à ce stade c'est que les gens baissent le ton",
a déclaré à la presse M. ElBaradei, à
la fin de la réunion.
"Le Conseil de sécurité est la poursuite des
efforts diplomatiques", a-t-il ajouté.
"Le temps est venu pour le Conseil de sécurité
de l'Onu d'agir", a pour sa part déclaré l'ambassadeur
américain à Vienne Gregory Schulte, en affirmant
que l'Iran avait théoriquement assez de gaz d'uranium pour
fabriquer à terme après enrichissement dix bombes
nucléaires.
"Dans un premier temps nous envisageons un appel lancé
à l'Iran pour qu'il coopère avec l'Agence",
a-t-il dit aux 35 pays du Conseil des gouverneurs.
Des sanctions ne viendraient que plus tard, car "nous croyons
que la démarche du Conseil de sécurité doit
être progressive et menée en pleine consultation
et coordination de tous ses membres".
L'Union européenne, a également demandé à
l'Iran de "cesser toutes ses activités d'enrichissement
d'uranium et coopérer pleinement avec les inspections,
comme l'exige l'AIEA".
"La crise de confiance dans la nature et les objectifs du
programme iranien demeure entière", a affirmé
à Paris le ministre français des Affaires étrangères,
Philippe Douste-Blazy.
Selon lui, "une nouvelle fois, l'Iran n'a pas saisi la main
que les Européens et leurs principaux partenaires, notamment
la Russie, lui ont tendue".
Son collègue allemand Frank-Walter Steinmeier a insisté
sur "l'obligation d'oeuvrer à une solution diplomatique:
la saisine du Conseil de sécurité de l'Onu ne signifie
pas la fin de la diplomatie, au contraire".
Enfin, le ministre russe des Affaires étrangères,
Sergueï Lavrov, a affirmé depuis New York qu'"il
n'y avait pas de solution militaire à la crise" et
a émis des doutes sur l'efficacité d'éventuelles
sanctions contre Téhéran.
A Vienne, le représentant russe a "regretté
la façon dont l'Iran a réagi à la résolution"
de l'AIEA début février, ajoutant que "l'offre
russe est toujours sur la table".
Le plan russe prévoit la suspension de toutes les activités
d'enrichissement par l'Iran, la signature du protocole additionnel
permettant des inspections poussées et le transfert de
l'enrichissement industriel en Russie.
VIENNE 08
mars 2006 - Un accord politique reste possible sur le dossier
du nucléaire iranien, a déclaré mercredi
à Vienne le directeur de l'AIEA Mohamed ElBaradei en demandant
à toutes les parties de "baisser le ton". "Tout
le monde recherche un accord politique. Ce qu'il nous faut à
ce stade c'est que les gens baissent le ton", a déclaré
à la presse M. ElBaradei, à la fin de la réunion
du conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA) sur l'Iran. "C'est une question qui va prendre
du temps. Il s'agit d'un cas complexe", a ajouté M.
ElBaradei.
L'Iran a immédiatement réagi en menaçant
les Etats-Unis de "souffrance et de mal" s'ils prenaient
des mesures contre le programme nucléaire iranien. M. ElBaradei
a déclaré que les intervenants à la réunion
du Conseil des gouverneurs avaient "souligné que (l'envoi
du dossier iranien au Conseil de sécurité) était
une nouvelle phase diplomatique". Il a ajouté qu'envoyer
le dossier au Conseil de sécurité était une
tentative de "trouver une solution pour ramener les partenaires
à la table des négociations". "Le Conseil
de sécurité est la poursuite des efforts diplomatiques.
Nous ne devons pas oublier que la première responsabilité
du Conseil de sécurité est de régler les
conflits par des moyens pacifiques", a-t-il ajouté.
Télévision Suisse Romande, 3/3/06:
VIENNE - Les trois pays mandatés
par l'Union européenne ne sont parvenus à aucun
accord avec l'Iran au sujet de son programme nucléaire.
La rencontre organisée à Vienne a échoué.
"Malheureusement, nous n'avons
pas été en mesure de parvenir à un accord
aujourd'hui", a déclaré le chef de la diplomatie
allemande, Frank-Walter Steinmeier.
Ce dernier était accompagné de son homologue français
Philippe Douste-Blazy et d'un responsable britannique représentant
le secrétaire au Foreign Office Jack Straw. Ils ont rencontré
à Vienne le principal négociateur iranien dans le
domaine nucléaire, Ali Larijani.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) doit
se réunir lundi. Elle pourrait recommander à l'ONU
de prendre des mesures contre Téhéran, soupçonné
par la communauté internationale - Etats-Unis en tête
- de vouloir se doter de la bombe atomique.
NouvelObs:
MOSCOU (2/3/06) -
L'absence de progrès enregistrés à Moscou
dans les pourparlers russo-iraniens sur le projet d'enrichissement
de l'uranium iranien en Russie a suscité jeudi la colère
du chef de la délégation de Téhéran.
Il a accusé Washington de vouloir saboter les discussions
en appuyant le renvoi du dossier devant le Conseil de sécurité
des Nations unies.
Dans le même temps était annoncée une rencontre
vendredi à Vienne entre les ministres des Affaires étrangères
de la "troïka" européenne (Allemagne, France,
Grande-Bretagne) et les négociateurs iraniens. Des retrouvailles
réclamées par Téhéran, alors que l'Agence
internationale de l'énergie atomique (AIEA) doit examiner
le dossier iranien lundi prochain, avec à la clé
de possibles sanctions dont déciderait à terme le
Conseil de sécurité.
A Paris, on disait ignorer si l'Iran avait de nouvelles propositions
à formuler. "Nous ne fermons pas la porte à
des contacts (...) Nous verrons bien ce qu'ils ont à nous
dire", indiquait-on de source diplomatique. "Les Iraniens
veulent apparemment nous dire quelque chose; voyons ce que c'est."
De même source, on rappelait cependant qu'il n'était
pas question de reprendre les négociations avec Téhéran.
La position de la "troïka" reste la même,
à savoir que l'Iran doit suspendre toutes ses activités
nucléaires sensibles.
Pour Ali Larijani, qui dirige la délégation iranienne
à Moscou, les discussions avec les autorités russes
sur leur offre d'enrichir en Russie l'uranium iranien doivent
continuer, mais le transfert du dossier devant l'instance onusienne
"tuerait" cette initiative.
"L'Amérique ment, elle cherche à faire capoter
l'offre russe", a-t-il lancé devant la presse. "L'insistance
des Américains à transférer le dossier du
nucléaire iranien au Conseil de sécurité
de l'ONU signifie la destruction de la proposition russe."
Démentant un éventuel échec des négociations,
M. Larijani a précisé que son équipe avait
proposé mercredi un "package" à la partie
russe. "Il faut laisser aux diplomates le temps de l'examiner",
a-t-il ajouté.
La Russie exige de l'Iran le rétablissement du moratoire
sur ses activités d'enrichissement de l'uranium pour qu'aboutisse
sa proposition de création d'une "joint venture"
russo-iranienne. Mais M. Larijani a réaffirmé le
refus de Téhéran d'accéder à cette
demande, appuyé à distance par le président
iranien lui-même. "Il est évident que nous ne
sommes pas disposés à négocier nos droits
inaliénables", a déclaré Mahmoud Ahmadinejad,
en visite en Malaisie.
Bien que le refus iranien empêche tout espoir d'accord,
des responsables russes et iraniens ont à nouveau discuté
jeudi, avant d'interrompre leurs pourparlers dans l'après-midi
sans faire état d'avancées, a rapporté l'agence
de presse Interfax, citant une source proche des négociations.
La délégation iranienne s'est ensuite envolée
pour Vienne, en Autriche, pour des pourparlers avec les ministres
des Affaires étrangères de la "troïka"
vendredi, a annoncé la porte-parole du Conseil de sécurité
russe, Kseniya Roshchnina.
A Washington, le département d'Etat américain a
souligné jeudi que l'Iran n'avait à s'en prendre
qu'à elle-même concernant le renvoi du dossier devant
le Conseil de sécurité.
Le porte-parole adjoint Adam Ereli a réaffirmé le
soutien américain à la proposition d'enrichissement
de la Russie et aux négociations européennes avec
l'Iran.
"Les Américains nous mettent des bâtons dans
les roues", a accusé pour sa part Ali Larijani, assurant
que son pays accepterait sans rechigner les inspections de l'AIEA
si l'agence onusienne autorisait la poursuite de son programme
nucléaire "à vocation civile".
Judith Ingram
MOSCOU (27 février 2006) - La Russie et l'Iran vont poursuivre leurs pourparlers
sur le nucléaire iranien dès mardi à Moscou,
alors qu'un premier accord annoncé dimanche par Téhéran
suscite les plus grandes réserves et que se rapproche la
date d'un possible renvoi du dossier devant le Conseil de sécurité
de l'ONU .
Le numéro deux du Conseil de sécurité iranien,
Ali Hosseïni-Tash, "sera à Moscou demain pour
des entretiens au Conseil de sécurité russe",
a annoncé lundi soir un haut responsable russe sous couvert
d'anonymat.
Ces négociations font suite à un accord de principe
russo-iranien annoncé dimanche sur la création d'une
société conjointe d'enrichissement de l'uranium
iranien en Russie.
De retour de Téhéran, le négociateur russe
Sergueï Kirienko a relativisé la portée de
l'accord de principe sur lequel il venait de s'entendre avec ses
interlocuteurs iraniens.
"Il reste peu de temps pour atteindre les accords ultérieurs
(nécessaires), mais il y en a. Je suis convaincu que c'est
possible", a déclaré M. Kirienko, cité
par l'agence Itar-Tass, faisant référence à
une réunion cruciale de l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA) le 6 mars à Vienne.
L'accord a également été accueilli avec scepticisme
par Washington
"Etant donné le passé (des Iraniens), vous
comprenez que nous soyons sceptiques", a déclaré
le porte-parole de la Maison Blanche, Scott McClellan.
L'AIEA pourrait, le 6 mars, décider de renvoyer formellement
le dossier nucléaire iranien devant le Conseil de sécurité
des Nations unies. Les Occidentaux soupçonnent Téhéran
de vouloir se doter de l'arme nucléaire sous couvert de
programme nucléaire civil.
Selon une "source à Moscou bien au fait des négociations
russo-iraniennes", citée par Itar-Tass, la Russie
est "prudemment optimiste", les deux parties n'ayant
pas observé "de progrès substantiels"
dimanche. Jusqu'au 6 mars, "tout peut arriver", estime
toutefois ce responsable.
Pour dénouer la crise, la Russie propose d'enrichir l'uranium
iranien sur son territoire.
Mais l'Iran doit s'engager parallèlement à cesser
toute activité d'enrichissement, un point fondamental des
négociations sur lequel aucun progrès n'a été
obtenu dimanche. Ce procédé permet aussi bien d'obtenir
le combustible pour une centrale nucléaire que la charge
fissile d'une arme atomique.
L'Iran a réaffirmé lundi sa volonté de poursuivre
ses activités dans ce domaine à des fins de recherche.
"Il n'y a aucune raison pour l'Iran de reculer", même
dans la perspective d'une condamnation par le Conseil de sécurité,
a déclaré M. Hosseïni-Tash.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a réagi
très fermement en exigeant de Téhéran un
moratoire sur l'enrichissement de l'uranium en Iran.
La proposition russe fait partie de "l'effort général
pour lever les questions concernant le programme nucléaire
iranien", a dit M. Lavrov.
"Nous sommes convaincus que, parmi les autres composantes
de cet effort, il faut un moratoire sur l'enrichissement de l'uranium
en Iran", a-t-il martelé.
La presse russe s'est félicitée pour sa part de
la "percée" obtenue dimanche tout en soulignant
que rien n'était joué et que les négociations
pouvaient encore achopper d'ici au 6 mars.
Si les quotidiens Izvestia et Gazeta (libéral) qualifiaient
l'annonce iranienne de "sensationnelle", pour Nezavissimaïa
Gazeta la Russie "n'a obtenu de l'Iran que des promesses".
"La proposition de Moscou est le seul moyen de sauver l'Iran
de sanctions internationales", a souligné pour sa
part Vremia Novosteï.
Le Figaro, 17 février 2006:
Paris accuse l'Iran de préparer l'arme nucléaire
Télévision Suisse Romande, 17.02.2006:
L'Iran confirme la reprise de ses activités nucléaires
TEHERAN (14 février 2006) - L'Iran a confirmé mardi la reprise de ses travaux
d'enrichissement d'uranium dans l'usine de Natanz (centre), en
soulignant qu'il ne s'agissait pas, pour l'instant, d'un programme
industriel. "Les travaux ont recommencé" dans
l'usine de Natanz, a déclaré Javad Vaidi, un des
membres du Conseil suprême de la sécurité
nationale, chargé du dossier nucléaire, jugeant
"inacceptable" que Téhéran arrête
ses "recherches" sur l'enrichissement. "Il n'y
a pas encore de programme pour une production industrielle (...)
et d'enrichissement à un niveau industriel", a déclaré
M. Aghazadeh, ajoutant: "l'enrichissement à Natanz
sera limité à la recherche (...) qui nécessite
beaucoup de temps".
L'usine de Natanz comprend deux unités d'enrichissement.
L'une est un projet pilote vouée à la recherche,
et l'autre une installation à échelle industrielle,
en cours de construction.
Le conseil des gouverneurs de l'AIEA doit se réunir à
nouveau le 6 mars pour constater dans quelle mesure l'Iran s'est
conformé à ses demandes, et décider éventuellement
d'un renvoi du dossier iranien au Conseil de sécurité.
Dans l'intervalle, une délégation iranienne sera
à Moscou le 20 février, a indiqué M. Vaidi,
pour négocier un plan russe d'enrichissement d'uranium
iranien en Russie. Mais la viabilité de cette offre est
sujette à caution, les Iraniens insistant pour mener parallèlement
un enrichissement d'uranium sur leur territoire, ce qui est inacceptable
pour les Occidentaux.
A Moscou justement, la France et la Russie ont invité l'Iran
"à se conformer pleinement à la résolution
de février du Conseil des gouverneurs et aux demandes de
l'AIEA, y compris la pleine suspension de toutes les activités
liées à l'enrichissement et au recyclage".
Cette déclaration a été adoptée lors
d'une rencontre au Kremlin entre le président russe Vladimir
Poutine et le Premier ministre français Dominique de Villepin.
A Washington, la Maison Blanche a réclamé que l'Iran
revienne à une suspension totale de ses activités
d'enrichissement et cesse de "défier les exigences
de la communauté internationale".
TEHERAN (13 février 2006) - Le gouvernement iranien a affiché lundi sa
détermination à ne pas reculer sur son programme
nucléaire, en annonçant la levée des scellés
et la reprise d'activités liées à l'enrichissement
industriel d'uranium à l'usine de Natanz (centre) avant
une réunion de l'AIEA le 6 mars.Téhéran a
aussi annoncé le report des négociations, prévues
le 16 février avec Moscou, sur un plan russe d'enrichissement
d'uranium iranien en Russie. Un haut diplomate russe a aussitôt
affirmé que son pays restait prêt à accueillir
une délégation iranienne jeudi.
Lors d'un point de presse, le porte-parole du gouvernement iranien,
Gholam Hossein Elham, a répondu "Non, non", quand
on lui a demandé si l'Iran attendrait la réunion
de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA)
pour reprendre ses activités liées à l'enrichissement
industriel d'uranium.
Selon des diplomates à Vienne, l'Iran a commencé
les travaux pour enrichir l'uranium à des fins de recherches
à Natanz. "L'Iran a introduit du gaz dans des centrifugeuses",
a dit un diplomate.
Téhéran a également annoncé la levée
imminente des scellés et des caméras de surveillance
de l'AIEA dans ses sites nucléaires. "Aujourd'hui
ou demain, les douze inspecteurs de l'AIEA, qui sont arrivés
récemment en Iran, vont lever les scellés de l'usine
de Natanz et d'une partie des installations de conversion d'Ispahan
pour permettre techniquement la reprise de leurs activités",
a affirmé une source bien informée, cité
par l'agence semi-officielle Fars. "Ensuite, ils vont retirer
les caméras de surveillance qui avaient été
installées à Natanz et Ispahan dans le cadre du
protocole additionnel" qui permet des inspections poussées
de l'AIEA, a ajouté cette même source.
L'Iran a affiché ainsi sa défiance à l'égard
de l'agence onusienne, qui a décidé le 4 février
d'informer le Conseil de sécurité des Nations unies
du dossier iranien tout en demandant à l'Iran de suspendre
ses activités liées à l'enrichissement.
Samedi, le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad
a menacé implicitement de quitter le Traité de non-prolifération
nucléaire (TNP). Un tel geste soustrairait l'Iran à
tout contrôle de ses activités par l'AIEA.
Selon le président, la république islamique "a
poursuivi ses efforts nucléaires dans le cadre de l'AIEA
et du TNP, mais si nous voyons que vous voulez nous priver de
notre droit en vous basant sur ces mêmes règles,
sachez que le peuple révisera sa politique dans ce domaine".
La Corée du Nord, accusée par les Etats-Unis de
chercher à obtenir l'arme nucléaire, est le seul
signataire du Traité à l'avoir abandonné,
en 2003.
M. Elham est revenu sur ce sujet lundi: "Nous insistons pour
pouvoir bénéficier du droit à la technologie
nucléaire civile reconnu par le TNP, et les Occidentaux
doivent reconnaître ce droit absolu", a dit le porte-parole
en ajoutant que "s'ils font ça, on est attaché"
au TNP.
Dans ces conditions le plan russe d'enrichissement d'uranium iranien
semble pour le moins menacé. "Les négociations
n'ont pas été annulées mais la date de leur
tenue est une autre chose", a dit M. Elham, en précisant
qu'"aucune date nouvelle n'a été fixée".
"Notre proposition pour le 16 (février) reste en vigueur",
a aussitôt répondu à Moscou un vice-ministre
russe des Affaires étrangères, Sergueï Kisliak,
cité par l'agence Interfax.
M. Elham a expliqué que ce report s'expliquait par la prise
en compte de "nouveaux éléments", et notamment
le fait que "le gouvernement (iranien, ndlr) insiste sérieusement
sur l'enrichissement d'uranium à but pacifique à
l'intérieur du pays".
Cette condition met à mal le principe même de l'offre
russe, car elle est inacceptable pour les Occidentaux.
Ces derniers voient en effet dans l'offre de Moscou le moyen d'empêcher
l'Iran de procéder à l'enrichissement d'uranium
sur son propre territoire.
Ce procédé est crucial pour l'obtention du combustible
nucléaire pour une centrale, mais aussi de la charge fissile
d'une bombe atomique.
TEHERAN (11 février 2006) - Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a
rejeté samedi les pressions exercées par l'Occident
pour obtenir le gel des activités nucléaires sensibles
de son régime et laissé entendre qu'en représailles,
l'Iran pourrait se retirer du Traité de non-prolifération
nucléaire (TNP).
Devant des dizaines de milliers d'Iraniens rassemblés sur
la place Azadi de Téhéran pour le 27e anniversaire
de la Révolution islamique, l'ultra-conservateur Ahmadinejad
a répété ses attaques contre Israël,
estimant que le "véritable" Holocauste se déroule
"en Palestine où les sionistes tuent des Palestiniens
tous les jours". "Vous le trouverez aussi en Irak",
a ajouté le président iranien, qui avait suscité
une vague de condamnations au sein de la communauté internationale
en qualifiant l'Holocauste de "mythe".
Il a également accusé les "sionistes"
d'être à l'origine de la publication dans la presse
occidentale des caricatures de Mahomet qui ont suscité
de violentes protestations dans le monde musulman. "Je demande
à tous dans le monde de ne pas laisser un groupe de sionistes
qui a échoué en Palestine (allusion aux législatives
palestiniennes remportées récemment par le groupe
radical du Hamas, NDLR) insulter le prophète".
Mais Mahmoud Ahmadinejad a consacré surtout son discours
à fustiger les pressions occidentales sur le programme
nucléaire iranien. "La politique nucléaire
de la République islamique a pour l'heure été
pacifique", a-t-il déclaré. "Jusqu'à
présent, nous avons travaillé dans le cadre des
réglementations de l'agence (internationale de l'énergie
atomique, NDLR) et du TNP".
Cependant, "si l'on voit que vous voulez violer le droit
du peuple iranien en recourant à ces règles, sachez
que le peuple iranien réexaminera sa politique", a-t-il
lancé à l'adresse des Occidentaux. "Vous ne
devriez pas faire quoi que ce soit qui conduise à une telle
révision."
Le président iranien n'a pas explicité ses menaces,
mais il semblait faire allusion à un retrait du TNP et
de l'AIEA. "L'Occident cache sa face immonde derrière
des instances internationales, mais ces organes n'ont aucune réputation
parmi les nations. Vous avez détruit la réputation
du TNP".
Le Monde, 8/2/06:
L'Iran étudierait un puits permettant des essais nucléaires,
selon le "Washington Post"
RTBF, 5/2/2006:
L'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA) a décidé samedi à Vienne,
de transmettre au Conseil de sécurité de l'ONU,
le dossier nucléaire de Téhéran. Téhéran
a aussitôt réagi en annonçant qu'il suspendait,
à compter de ce dimanche, les inspections inopinées
de ses sites nucléaires sensibles.
L'unité des grandes puissances sur le dossier iranien pourrait
trouver ses limites au Conseil de sécurité. D'ores
et déjà, les ambassadeurs russes et chinois minimisent
la portée de la saisine du Conseil. Selon eux, il s'agit
uniquement d'informer l'ONU. Il faut dire que Moscou et Pékin
ont des intérêts importants en Iran, et ils n'hésiteront
pas à utiliser leur veto pour bloquer toute sanction économique
qu'ils jugent inappropriée.
Au contraire, les Européens et les Américains saluent la décision de l'AIEA, l'Agence internationale de l'énergie atomique, comme un pas décisif. Dans tous les cas, les cinq membres permanents du conseil de sécurité ont promis de ne prendre aucune action sur ce dossier pendant le mois de février. Au cours des prochains jours, ils vont simplement recevoir les différents rapports et résolutions de l'AIEA sur le programme nucléaire iranien.
En mars seulement commenceront les négociations qui promettent d'être difficiles. Elles dépendront beaucoup de l'attitude iranienne au cours des prochains jours. Selon les diplomates, l'action du Conseil sera progressive, graduée, et réversible. L'idée n'est pas de sanctionner l'Iran dont les ressources pétrolières sont indispensables à l'économie mondiale. L'objectif est plutôt de tordre le bras du régime iranien jusqu'à ce qu'il prouve qu'il ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire.
Riposte iranienne :
La réponse de l'Iran ne s'est pas fait attendre : Téhéran a annoncé son intention de reprendre ses activités d'enrichissement de l'uranium et de ne plus autoriser, à partir de ce dimanche, les équipes de l'ONU à effectuer des visites d'inspection surprise des installations iraniennes. Le ministre des Affaires étrangères iranien, a d'ailleurs confirmé, dimanche, la reprise de tout le programme nucléaire iranien qui avait été suspendu volontairement par Téhéran.
Mais si l'Iran a rejeté la transmission du dossier au Conseil de sécurité de l'ONU, il se dit toujours prêt à négocier avec la Communauté internationale sur son programme nucléaire. Un programme nucléaire, exclusivement, selon Téhéran, destiné à la production d'électricité.
Le Monde, 3/2/06:
Après la décision de l'AIEA, l'Iran met fin au contrôle
renforcé de son programme nucléaire
VIENNE (2 février 2006) - Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (IEA) a estimé jeudi que les initiatives visant à renvoyer l'Iran devant le Conseil de sécurité de l'ONU ne constituaient pas "une crise" mais une "occasion" de sortir de l'impasse relative au programme nucléaire de Téhéran. "Nous atteignons une phase critique mais ce n'est pas une crise", a ainsi déclaré Mohamed El-Baradeï aux journalistes alors que le conseil des gouverneurs de l'AIEA examinait un projet de résolution visant à transmettre le dossier au Conseil de sécurité de l'ONU.
Le Figaro, 1 février 2006:
Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Chine ont élaboré un projet de résolution demandant à l'AIEA de renvoyer l'Iran devant ce Conseil au sujet de son programme nucléaire. Ce texte devrait être discuté jeudi devant les 35 pays membres de l'Agence internationale de l'énergie atomique.
Mercredi, les cinq grands - Chine, Etats-Unis,
France, Grande-Bretagne, Russie - ont réitéré
leur position sur le nucléaire iranien, élaborant
un projet de résolution à destination de l'Agence
internationale de l'énergie atomique (AIEA) visant à
renvoyer l'Iran devant le Conseil de sécurité de
l'ONU.
Les auteurs du texte demandent au directeur général
de l'AIEA, Mohamed ElBaradei, « de faire rapport au Conseil
de sécurité des Nations unies » sur les mesures
que doit entreprendre l'Iran afin que « l'on puisse résoudre
au mieux les questions en suspens et établir la confiance
dans le caractère uniquement pacifique du programme iranien
».
La résolution juge « nécessaire que l'Iran en revienne à la suspension complète et prolongée de toutes ses activités liées à l'enrichissement et au retraitement de l'uranium, y compris la recherche et le développement ».
Projet amendé par la Russie
Selon un diplomate, le projet, rédigé par la troïka
européenne - Allemagne, France et Grande-Bretagne, aurait
été amendé à la demande de la Russie
pour supprimer toute référence à un article
de l'AIEA autorisant des sanctions. Moscou craint que des sanctions
aggravent la menace que fait peser sur le monde le programme nucléaire
iranien et poussent Téhéran à se doter rapidement
de la bombe atomique.
Il est demandé à l'Iran « d'aider l'AIEA à
éclaircir de possibles activités qui pourraient
avoir une dimension nucléaire militaire ». Le projet
doit être soumis mercredi à l'AIEA, dont les 35 pays
membres du conseil des gouverneurs se réunissent jeudi
sur le dossier iranien.
Londres laisse une « dernière occasion » à
Téhéran
Londres a laissé mercredi matin une « dernière
occasion » à l'Iran pour qu'il fasse la preuve de
la nature exclusivement civile de son programme nucléaire.
Selon le chef de la diplomatie britannique, la République
islamique doit « vraiment voir la position commune des leaders
de la communauté internationale non comme une menace mais
comme une occasion, la dernière occasion de se remettre
sur les rails et respecter ses obligations (...) et de ne rien
faire qui pourrait conduire au développement de l'arme
nucléaire ».
Ahmadinejad défie « les puissances
de paille »
Mercredi matin, le président iranien ultraconservateur,
Mahmoud Ahmadinejad, a une nouvelle fois défié la
communauté internationale. Qualifiant les puissances nucléaires
de l'ONU de « puissances de paille », il a réaffirmé
la volonté de son pays de poursuivre son programme nucléaire.
Il s'exprimait au lendemain du discours de l'Union de George W.
Bush, dans lequel le président américain a critiqué
« une petite élite cléricale qui isole et
opprime son peuple ».
« Ceux qui possèdent des stocks d'armes nucléaires
se réunissent à plusieurs, prennent des décisions
et croient que le peuple iranien va se soumettre à leurs
décisions», a déclaré le président
lors d'un discours télévisé. Selon lui, «
dans l'affaire nucléaire, le peuple iranien poursuivra
son propre chemin jusqu'à l'obtention de son droit ».
Téhéran menace
En cas de saisine de Conseil de sécurité, l'Iran
reprendra l'enrichissement industriel d'uranium et certaines caméras
de surveillance installées par l'ONU sur les sites nucléaires
seront démontées, a prévenu le négociateur
iranien chargé du dossier nucléaire.
Le ministre iranien de la défense a pour sa part fait savoir que l'Iran « riposterait immédiatement et de manière destructrice » en cas d'attaque contre ses installations nucléaires. Ces derniers mois, plusieurs responsables israéliens ont évoqué une possible attaque contre les installations nucléaires iraniennes pour empêcher l'Iran de développer son programme nucléaire. Interrogé sur une éventuelle action militaire en Iran, Tony Blair a déclaré vouloir poursuivre le dossier « par des moyens pacifiques et diplomatiques ».
TEHERAN (31 janvier 2006) - L'Iran a menacé mardi de cesser toute coopération "volontaire" avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), dès samedi, si le Conseil de sécurité de l'Onu était saisi ou informé de son dossier nucléaire. "Il n'y a pas de différence entre informer et saisir le Conseil de sécurité", a déclaré depuis Londres le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki, cité par la télévision iranienne.
Le Monde, 31/01/06:
Accord des "six" pour saisir l'ONU sur le dossier nucléaire
iranien
Le Monde, 30/01/06:
La maîtrise de la chaîne nucléaire iranienne
Le Nouvel Observateur, 22/1/06:
L'Iran dénonce les propos de Chirac (voir
propos de Chirac)
Le Monde, 19/1/06:
Damas appuie le programme nucléaire de son allié
iranien
TEHERAN (14 janvier 2006) - Le haut représentant pour la politique étrangère de l'Union Européenne Javier Solana a catégoriquement écarté une solution militaire au conflit iranien sur le nucléaire, dans un entretien à la presse allemande à paraître dimanche."Une action militaire contre l'Iran est hors de question", a-t-il déclaré au quotidien dominical populaire Bild am Sonntag. La décision des Européens d'en appeler au Conseil de sécurité de l'Onu ne signifie "nullement une fin des négociations" avec l'Iran, a souligné M. Solana, appelant Téhéran à convaincre la communauté internationale de la nature pacifique de son programme nucléaire après la reprise mardi par de ses activités de recherches en matière d'enrichissement d'uranium... [Suite]
TEHERAN (14 janvier 2006) - Une éventuelle saisine du Conseil de sécurité de l'Onu n'amènera pas Téhéran à renoncer à la technologie nucléaire, affirme le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. "S'ils cherchent à anéantir les droits du peuple iranien par ce moyen, ils ne réussiront pas", a-t-il lancé lors d'une conférence de presse... [Suite]
Le Monde, 13/1/06:
La question nucléaire iranienne va être examinée
à l'ONU
La Libre Belgique:
L'Iran pourrait disposer de l'arme nucléaire en 2009
Téhéran, 11 janvier 2006 - L'Iran ne renoncera pas à son programme nucléaire
malgré la condamnation par les Occidentaux de la reprise
des recherches, a dit l'ex-président Akbar Hachemi Rafsandjani.
Washington fait pression pour une saisine du Conseil de sécurité
de l'ONU.
"C'est une question délicate. Nous ne pouvons pas
renoncer à notre droit. Aucun Iranien n'est prêt
à y renoncer et ils doivent savoir que nous resterons fermes",
a déclaré M. Rafsandjani à la prière
collective marquant la fête musulmane d'Al-Adha.
"Avec sagesse, nous défendrons nos droits, et s'ils
nous créent des troubles, ils le regretteront et l'Iran
sortira vainqueur" de toute crise, a déclaré
M. Rafsandjani, qui dirige le Conseil de discernement, la plus
haute instance d'arbitrage politique du régime.
L'Iran a repris mardi ses activités de recherche en matière
de combustible nucléaire après deux années
de suspension, envenimant la crise avec l'Occident. Cette reprise
a été condamnée par les Etats-Unis et les
pays européens, qui soupçonnent l'Iran de vouloir
utiliser son programme nucléaire à des fins militaires.
(ATS)
Revue de presse du NouvelObs, 11 janvier 2006:
L'Iran et le nucléaire
VIENNE (10 janvier 2006) - L'Iran a commencé mardi à lever les
scellés de trois centres de recherche nucléaire
et veut mener des activités d'enrichissement d'uranium
à Natanz, a indiqué le directeur de l'AIEA Mohamed
ElBaradei, au milieu d'une série de condamnations occidentales.
"Les inspecteurs de l'AIEA ont confirmé que l'Iran
avait commencé à lever les scellés de l'AIEA
placés sur des équipements et du matériel
liés à l'enrichissement à Natanz" et
qu'il achèverait de le faire d'ici mercredi sur deux autres
sites, Pars Trash et Farayand.
M. ElBaradei, qui avait auparavant fait rapport par internet aux
35 Etats du Conseil des gouverneurs de l'AIEA, a ainsi indiqué
que l'Iran comptait procéder à Natanz à de
l'enrichissement d'uranium par centrifugeuses, à des fins
de recherches et "à petite échelle". Cette
démarche, annoncée par l'Iran une semaine auparavant,
intervient malgré l'opposition formelle des Occidentaux
pour lesquels il s'agit d'une "ligne rouge" à
ne pas franchir sous peine de risquer une saisine du Conseil de
sécurité de l'ONU.
La France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne (UE3) devraient conférer
jeudi sur la marche à suivre. La troïka a négocié
avec l'Iran entre novembre 2004 et août 2005 en vue d'un
accord général conditionné au gel par la
République islamique des activités d'enrichissement.
"Le sujet du transfert du dossier au Conseil de sécurité
de l'Onu sera la priorité des discussions avec mes collègues",
a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères
Jack Straw, en excluant toute action militaire. L'UE3 avait prévu
de nouveaux contacts, apparemment compromis, avec l'Iran le 18
janvier à Vienne. La Maison Blanche a mis en garde contre
les risques d'une "grave escalade", en soulignant que
si les Iraniens continuent à ne pas respecter leurs obligations,
"il n'y a pas d'autre choix que d'en référer"
au Conseil de sécurité de l'ONU. "Toute reprise
de l'enrichissement ou des activités de conversion constituerait
une nouvelle violation de la part de l'Iran de ses accords avec
les Européens", a déclaré le porte-parole
de la Maison Blanche, Scott McClellan. Le président français
Jacques Chirac a estimé que l'Iran et la Corée du
Nord "commettraient une grave erreur en ne saisissant pas
la main que nous leur tendons".
WASHINGTON (9
janvier 2006) - Les cinq membres permanents du Conseil de
sécurité de l'Onu ont conjugué leurs efforts
pour présenter un front uni et dissuader l'Iran de reprendre
certaines activités nucléaires ultra-sensibles,
a indiqué lundi un haut responsable américain. Face
à la reprise annoncée comme imminente de ces activités,
"nous nous sommes coordonnés très étroitement
avec les Chinois, les Russes, les Britanniques et les Français
pour envoyer des messages très similaires aux Iraniens",
a indiqué un haut responsable du département d'Etat
sous le couvert de l'anonymat.
Passant outre aux instances de la communauté internationale,
l'Iran devait relancer lundi la recherche sur le cycle de production
de combustible nucléaire et d'enrichissement d'uranium.
Pour les Occidentaux, la maîtrise par l'Iran du cycle du
combustible fait courir à la communauté internationale
le risque de se retrouver avec une nouvelle puissance militaire
nucléaire, même si l'Iran proclame que ses activités
sont exclusivement destinées à produire de l'électricité.
En reprenant la recherche, l'Iran compromettrait considérablement
les négociations déjà très mal en
point avec les trois grands Européens (Allemagne, France,
Grande-Bretagne), qui tentent depuis 2003 de convaincre la République
islamique de renoncer totalement à l'enrichissement. Mais
Téhéran a beaucoup misé, pour échapper
au Conseil de sécurité, sur les divergences entre
ses membres permanents, dont la Russie et la Chine sont réticentes
à une saisine. Les cinq pays se sont ainsi coordonnés
pour demander à Téhéran de "revenir
à des négociations sérieuses", a indiqué
le responsable du département d'Etat. Les messages qu'ils
ont envoyés ces derniers jours, sans être un message
formel du Conseil de Sécurité ni une déclaration
unifiée, sont "similaires", a-t-il dit. "Nous
travaillons très étroitement sur le front diplomatique
avec l'UE-3, les Russes et d'autres pour essayer de donner toutes
leurs chances (aux) options diplomatiques", a dit le porte-parole
du département d'Etat, Sean McCormack. "Nous verrons
bien ce qui se passe dans les jours ou les semaines qui viennent",
a-t-il dit, mais "nous pensons qu'en fin de compte, à
cause de son attitude passée, l'Iran va se retrouver devant
le Conseil de Sécurité".
La communauté internationale a déjà signifié
à Téhéran que "la prochaine étape,
ce serait le renvoi devant le Conseil de sécurité"
si l'Iran ne respectait pas ses obligations internationales, a
déclaré de son côté le porte-parole
de la Maison Blanche, Scott McClellan, affirmant qu'il existait
une "majorité de plus en plus grande" pour cela.
Les Etats-Unis, convaincus que l'Iran travaille secrètement
à la bombe atomique, sont les plus fervents partisans d'un
envoi du dossier au Conseil de sécurité en vue d'injonctions
et éventuellement de sanctions.
La Russie, qui construit actuellement la première centrale
iranienne, qui a proposé à la République
islamique de délocaliser sur le territoire russe sa production
d'uranium enrichi et qui escompte d'autres juteux contrats, a
cependant fait entendre un autre son de cloche. Le ministre russe
de la Défense, Sergueï Ivanov, a jugé que le
problème devait être réglé "dans
un cadre politique et diplomatique et à un stade suivant,
au sein de l'AIEA", l'Agence internationale de l'énergie
atomique, mais non pas au Conseil de sécurité. "La
situation est grave et il faut faire tous les efforts pour convaincre
les Iraniens de revenir à la situation précédente,
à la négociation", a déclaré,
à ses côtés à Paris, le Haut représentant
pour la politique étrangère de l'Union européenne
(UE) Javier Solana.
TEHERAN (1 janvier 2006) - Le responsable iranien chargé des négociations
sur le nucléaire Ali Larijani a minimisé dimanche
la portée de la proposition d'un enrichissement d'uranium
iranien en Russie, en la qualifiant de simple "idée",
pas "mûre", et comportant de "sérieux
problèmes".
"C'est une idée, pas une proposition structurée,
nous ne la considérons pas comme mûre et elle comporte
de sérieux problèmes", a dit M. Larijani à
la télévision d'Etat, en ajoutant que "les
droits de l'Iran à posséder une science nucléaire
doivent être préservés".
Les responsables iraniens avaient assoupli leur position sur la
proposition russe en annonçant mercredi qu'ils allaient
"étudier" ce plan, alors qu'ils l'avaient jusque-là
rejeté a priori.
M. Larijani, qui est secrétaire du Conseil suprême
de la sécurité nationale, a précisé
à cet égard qu'"il y a une différence
entre la considération (du plan) et une vue positive"
de ce dernier.
La proposition russe, soutenue par les Européens et les
Etats-Unis, vise à éviter que l'Iran mène
sur son territoire l'enrichissement d'uranium, un procédé
qui permet d'obtenir aussi bien du combustible nucléaire
que la charge d'une bombe atomique.
Les occidentaux craignent que le programme nucléaire civil
iranien dissimule un volet militaire, ce que Téhéran
a toujours démenti.
M. Larijani a minimisé la portée de l'offre russe
en affirmant que "ce plan pourrait être complémentaire
et apporter un soutien" à l'industrie nucléaire
iranienne. "Il y a des avantages technologiques (dans ce
plan), nous devons les étudier", a-t-il ajouté
Evoquant la reprise des discussions avec les Européens
sur le dossier nucléaire iranien, entamée le 21
décembre à Vienne et qui devrait se poursuivre le
18 janvier, il a mis en garde contre un durcissement de leur position.
"S'ils agissent durement, notre comportement changera; nous
avons des scénarios prêt à l'emploi et ils
ne peuvent pas nous mettre facilement échec et mat",
a dit le responsable.
M. Larijani a porté un jugement nuancé sur le premier
round de discussion, qui devait permettre de renouer le dialogue,
suspendu en août après que l'Iran eut annoncé
avoir repris sa conversion d'uranium, préalable à
l'enrichissement.
"J'avais espéré que les négociations
récentes à Vienne feraient plus de progrès",
a-t-il dit, en laissant planer la menace d'une reprise d'activités
sensibles dans un cadre de recherche scientifique.
"Nous avons un calendrier, et nous n'entrerons pas dans des
négociations sur la recherche", a-t-il dit.
Le 5 décembre, M. Larijani avait déjà insisté
sur le fait que "les questions de la recherche en laboratoires
et de la fabrication de pièces (de centrifugeuses pour
l'enrichissement) ne sont pas concernées par les négociations".
Il avait toutefois refusé de dire quand l'Iran allait effectivement
reprendre ces activités, suspendues au début 2005
à la demande des Européens.
M. Larijani a estimé aussi que la Russie, qui construit
une centrale dans le sud du pays à Bouchehr, pourrait ne
pas s'opposer avec autant de fermeté que les Européens
au programme nucléaire iranien.
"La Russie a de nombreux intérêts dans la région
et veut aboutir à un résultat avec l'Iran. Elle
a plus d'intérêts que les Européens et je
ne pense pas qu'elle veuille les perdre au bénéfice
d'autres pays", a-t-il dit, en référence aux
pressions américaines sur Moscou.
Libération , jeudi 22 décembre
2005:
Le scénario d'un Iran nucléaire
Le Monde, mercredi 21 décembre 2005:
L'Iran a développé des installations nucléaires secrètes, en particulier dans des constructions souterraines et des tunnels répartis dans tout le pays. Cette accusation a été lancée hier par des opposants au régime de Téhéran - les Moudjahidin du peuple - à la veille de la reprise, aujourd'hui à Vienne (Autriche), des négociations entre les Européens et l'Iran sur le programme nucléaire. Les affirmations des Moudjahidin ne sont pas vérifiables, mais elles peuvent être prises au sérieux. C'est en effet cette organisation qui a révélé en 2003 l'existence de deux sites nucléaires clandestins, relançant la polémique sur la volonté de Téhéran de se doter de l'arme atomique.
Missiles balistiques. Cette fois-ci, les Moudjahidin du peuple ont «identifié onze» sites souterrains. «Ces tunnels servent à cacher des segments du programme nucléaire et de missiles balistiques du régime des mollahs», affirment-ils. Ils assurent que le nouveau président, Mahmoud Ahmadinejad, a «depuis 1998 été personnellement chargé par Khamenei (le guide suprême de la Révolution, ndlr) de planifier et de préparer la construction de ces tunnels». «L'ensemble des constructions se fait sous le contrôle des Gardiens de la révolution» et non de l'armée, ajoutent-ils.
Les opposants décrivent plus particulièrement quatre installations, à Qom, à Ispahan et vers Téhéran. Ainsi le site de Parchine, où «le complexe de tunnels sert à dissimuler du matériel nucléaire», ou celui de Khodjir, où «un tunnel de mille mètres de long et douze mètres de diamètre» est utilisé pour l'«assemblage des missiles balistiques».
Les Moudjahidin du peuple dénoncent également l'«utilisation de technologies étrangères» pour la construction de ces sites. Ils pointent l'importation «par des procédés illégaux» de matériel de forage allemand et italien, ainsi que la collaboration d'experts russes, en particulier «un des principaux ingénieurs» des installations souterraines de Moscou.
Ogives nucléaires. Parallèlement, le général Aharon Zeevi, le chef des renseignements militaires israéliens, a affirmé hier que douze missiles de croisière de fabrication russe pouvant être armés d'ogives nucléaires ont été localisés en Iran. Ils avaient récemment disparu d'un pays de l'ex-Union soviétique.
Lundi, le président américain George W. Bush avait réaffirmé que «nous ne pouvons pas permettre [...] que l'Iran ait l'arme nucléaire, en particulier après ce que le président iranien a dit quant à sa volonté d'annihiler un allié des Etats-Unis», l'Etat d'Israël.
Jean-Dominique MERCHET
Le Monde, 14/12/05:
Selon les Israéliens, l'Iran possèdera la bombe
nucléaire dans trois mois
TEHERAN (10 décembre 2005) - L'Iran va enrichir de l'uranium et produire du combustible
nucléaire, a affirmé samedi Gholamreza Aghazadeh,
qui dirige l'Organisation atomique d'Iran, alors que la communauté
internationale fait pression sur Téhéran pour obtenir
l'arrêt de ce programme. Selon la télévision
officielle iranienne, les négociations prévues avec
la troïka européenne reprendront le 21 décembre
à Vienne.
"Pour moi, il ne fait aucun doute que l'Iran va produire
du combustible nucléaire", a déclaré
samedi M. Aghazadeh devant la presse à Téhéran.
"Il ne fait aucun doute que nous devons enrichir de l'uranium".
Le patron de l'Organisation atomique d'Iran, qui est aussi vice-président
de la République islamique, n'a pas précisé
quand exactement ce processus reprendra.
Dans un apparent signe de bonne volonté, il a assuré
que "l'Iran n'injectera pas d'uranium gazeux dans des centrifugeuses
et ne fera pas d'enrichissement" durant les pourparlers à
venir avec les négociateurs européens. Selon la
télévision officielle iranienne, les discussions
avec la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne, rompues au
mois d'août, reprendront le 21 décembre à
Vienne, où se trouve le siège de l'Agence internationale
de l'énergie atomique (AIEA).
M. Aghazadeh a ajouté que l'Iran prévoyait de construire
une centrale nucléaire de 460 mégawatts, sur la
base de technologies iraniennes, à Dar Khovin, dans la
province du Khuzestan (sud-ouest). A plus long terme, a-t-il précisé,
Téhéran entend avoir une production électrique
de 2.000 MW grâce à la construction de centrales
avec l'aide de pays étrangers.
L'Iran avait interrompu son programme d'enrichissement d'uranium
en novembre 2004 dans un geste conciliant à l'égard
des négociateurs européens, qui tentent d'obtenir
l'arrêt permanent de ces activités. Celles-ci permettent
de produire du combustible pour des réacteurs nucléaires
mais aussi pour des bombes. Or, les autorités iraniennes
ont repris leurs activités de conversion, étape
préalable à l'enrichissement, en août, après
la rupture des pourparlers.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a
averti l'Iran que la crise liée à son programme
nucléaire pourrait entraîner la saisine du conseil
de sécurité des Nations unies, qui a la possibilité
d'imposer des sanctions au pays.
En marge de ces nouveaux développements, le directeur général
de l'AIEA, l'Egyptien Mohammed El-Baradeï, récipiendaire
avec son agence du prix
Nobel de la paix 2005, a semblé vouloir mettre en garde
Israël, dans un entretien publié samedi, contre la
tentation de bombarder des installations nucléaires iraniennes.
"On ne peut faire usage de la force pour empêcher un
pays d'obtenir l'arme nucléaire. En le bombardant et en
le laissant à moitié mort, on ne peut que retarder
ses projets", estime M. El-Baradeï dans les colonnes
du quotidien norvégien "Aftenposten". "Mais
il reviendra et réclamera vengeance". Mohamed El-Baradeï
se trouvait samedi à Oslo, la capitale norvégienne,
pour y recevoir le prix Nobel de la paix.
Le Monde, 8/12/05:
M. Ahmadinejad qualifie Israël de "tumeur" et doute
de la Shoah
Libération, 5 décembre 2005:
Ali Larjani, secrétaire du Conseil suprême
de sécurité national d'Iran et négociateur
en chef sur le dossier nucléaire, lors d'une conférence
de presse à Téhéran, lundi. Il a réaffirmé
l'ambition de son pays de produire son propre combustible nucléaire,
repoussant la proposition russe que l'enrichissement de l'uranium,
qui suppose des technologies qui peuvent être utilisées
à des fins militaires, soit effectué en territoire
russe.
Larjani a expliqué que «l'industrie d'enrichissement
coûte cher et aucun pays n'est prêt à faire
des investissements dans un autre pays pour créer une industrie
d'enrichissement pour les transférer ensuite sur son territoire».
Il a néanmoins laissé entrevoir une possibilité
d'entente : «Très certainement l'enrichissement sera
fait en Iran, mais pour des mesures de confiance, nous optons
pour les négociations» a-t-il souligné.
Par ailleurs Ali Larjani a fait savoir au monde que l'Iran «allait
lancer un appel d'offres cette année (qui se termine en
mars) pour la construction de deux centrales nucléaires»
ajoutant que cela rentrait dans le cadre du programme du gouvernement
iranien de construction de 20 centrales nucléaires d'une
capacité totale de 20 000 mégawatts d'ici vingt
ans.
Le Monde, 5/12/05:
L'Iran annonce la construction prochaine de nouveaux réacteurs
nucléaires
TUNIS (jeudi 24 novembre 2005) - Le ministre russe des affaires étrangères,
Sergueï Lavrov, a déclaré jeudi à Tunis
que son pays "soutenait totalement" les efforts déployés
par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA)
pour la recherche d'un règlement du dossier nucléaire
iranien, évitant de parler de sanctions économiques.
Lors d'une conférence de presse, il a ainsi éludé
la question de savoir si Moscou userait le cas échéant
de son droit de veto au conseil de sécurité de l'ONU
pour s'opposer à d'éventuelles sanctions contre
l'Iran. "Nous n'avons pas entendu parler de sanctions économiques",
a-t-il dit en réitérant la position russe plutôt
favorable à la recherche d'une solution diplomatique par
la voie du dialogue.
Le chef de la diplomatie russe qui achevait une visite de deux
jours à Tunis, dernière étape d'une tournée
maghrébine qui l'a conduit au Maroc et en Algérie,
a déclaré que ses entretiens avec le président
Zine El Abidine Ben Ali et avec son homologue tunisien Abdelwahab
Abdallah, avaient dégagé une convergence de vues
sur les sujets abordés, dont la lutte contre le terrorisme.
Il a précisé avoir convenu avec ses interlocuteurs
de la nécessité d'éradiquer les causes de
ce phénomène, en premier lieu la pauvreté.
TEHERAN (20 novembre 2005) - Le Majlis (Parlement iranien) a adopté une
résolution obligeant le gouvernement à suspendre
les inspections inopinées de sites nucléaires par
l'Agence internationale de l'énergie atomique et à
reprendre les opérations d'enrichissement d'uranium en
cas de saisine par l'AIEA du Conseil de sécurité
de l'Onu.
Lors du scrutin, retransmis en direct à la radio d'Etat,
193 des 197 députés présents ont voté
en faveur de ce texte.
"Si le cas iranien est renvoyé devant le Conseil de
sécurité (...), le gouvernement sera contraint de
mettre fin à l'ensemble de ses mesures unilatérales
et de relancer les activités (d'enrichissement)",
a expliqué Alaeddin Boroujerdi, président de la
commission parlementaire des Affaires étrangères
et de la Défense.
Auparavant, l'Iran avait estimé qu'aucune preuve sérieuse
ne permettait de transmettre au Conseil de sécurité
le dossier de son programme nucléaire en vue d'éventuelles
sanctions.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères,
Hamid Reza Asefi, a estimé que toute saisine du Conseil
de sécurité constituerait une manoeuvre politique
visant la République islamique.
"Il n'existe aucune raison juridique ou logique pour que
le dossier de l'Iran soit transféré", a-t-il
assuré aux journalistes.
Le cas de l'Iran risque d'être soumis au Conseil de sécurité,
la communauté internationale doutant fort que son programme
nucléaire n'ait de visées que civiles et estimant
que Téhéran n'a pas encore fait preuve à
ce jour d'une coopération pleine et entière avec
les inspecteurs de l'AIEA.
Le Monde, 19/11/05:
Les Iraniens ont disposé, dans le passé,
d'instructions permettant la fabrication d'éléments
d'armes nucléaires, a indiqué l'Agence internationale
de l'énergie atomique (AIEA), vendredi 18 novembre, dans
un nouveau rapport exigeant de l'Iran davantage de coopération
et d'accès à des sites militaires. Selon ce rapport,
ces documents qui, selon Téhéran, proviennent d'une
offre du marché noir datant de 1987, décrivent la
manière de fabriquer le coeur explosif d'une bombe atomique,
à savoir une matrice pouvant "couler et fabriquer
des formes hémisphériques en uranium enrichi, naturel
ou appauvri".
Ces révélations interviennent à quelques
jours de la réunion, le 24 novembre, à Vienne, du
Conseil des gouverneurs de l'AIEA, qui doit envisager s'il faut
ou non transmettre le dossier du nucléaire iranien au Conseil
de sécurité des Nations unies. La décision
des gouverneurs sera notamment fondée sur ce rapport.
"La pleine transparence de l'Iran est indispensable et se
fait attendre", estime le directeur général
de l'AIEA, Mohamed ElBaradei. L'Agence de Vienne se plaint que
ses inspecteurs n'ont toujours pas accès à des sites
militaires sensibles, comme Lavizan-Shian, situé près
de Téhéran.
PROPOSITION RUSSE
Les Iraniens ont affirmé que
ces plans, vraisemblablement obtenus par la filière pakistanaise,
n'avaient pas été utilisés. Il ne semble
pas que ceux-ci soient aussi détaillés que le "manuel"
pour fabriquer une bombe atomique obtenu par la Libye, via le
réseau d'Abdul Qadeer Khan, le père de l'arme nucléaire
pakistanaise. Les Libyens ont renoncé, fin 2003, à
avoir des armes de destruction massive.
A Téhéran, Javad Vaïdi, responsable des affaires
internationales au Conseil suprême de la sécurité
nationale, a déclaré que l'AIEA augmentait constamment
ses demandes mais que l'Iran continuerait à coopérer
avec l'agence onusienne.
Téhéran a d'autre part confirmé, vendredi,
avoir repris la conversion de l'uranium (étape préalable
à l'enrichissement) passant outre à une précédente
résolution de l'AIEA exigeant son arrêt. Le responsable
iranien du dossier nucléaire, Ali Larijani, a expliqué
un tel refus par l'absence de "raisons convaincantes"
de la part de l'Agence. Téhéran proclame son droit
à maîtriser la totalité du cycle nucléaire
à des fins pacifiques.
A Washington, Stephen Hadley, conseiller présidentiel pour
la sécurité nationale, a indiqué que le président
George Bush avait informé le président russe, Vladimir
Poutine, de son soutien à une proposition russe de compromis
dans le dossier iranien. Il s'agirait d'autoriser les Iraniens
à conserver une capacité résiduelle de conversion
en Iran, alors que l'enrichissement de l'uranium s'effectuerait
en totalité en Russie, en associant des ingénieurs
iraniens. Les autorités iraniennes ont refusé une
première fois cette solution, mais les Européens
de la "troïka" (Allemagne, France et Grande-Bretagne),
qui ont endossé la proposition russe, ne désespèrent
pas de les faire changer d'avis d'ici au 24 novembre.
Laurent Zecchini
VIENNE (17 novembre 2005) - L'Iran, qui se montre inflexible sur son programme
dans le domaine du nucléaire, irrite de plus en plus la
Russie, qui est pourtant un des ses plus proches alliés,
ont affirmé jeudi à Vienne des diplomates.
Mercredi, des responsables iraniens ont confié aux Russes
qu'ils ne reprendraient pas la conversion d'uranium... avant de
reprendre le processus quelques heures plus tard, ont précisé
ces diplomates.
L'Iran a rejeté l'éventualité de faire enrichir
son uranium en Russie. Le chef de l'agence nucléaire iranienne,
Gholamreza Aghazadeh, a affirmé récemment que le
programme d'enrichissement nucléaire iranien ne peut être
conduit qu'en Iran.
Les Européens et les Américains pourraient demander
la saisine du Conseil de sécurité des Nations unies
lors de la réunion du conseil de l'AIEA le 24 novembre
prochain à Vienne.
Le Monde, 13/11/05:
L'Iran rejette un compromis russe sur le nucléaire au risque
de l'escalade
13/11/05 - Les responsables du renseignement américain ont montré à l'Agence internationale à l'énergie atomique (AIEA) le contenu d'un ordinateur portable iranien volé, prouvant, selon eux, que Téhéran cherche à se doter de l'arme nucléaire, indique le New York Times dimanche.Lors d'une réunion à Genève, à la mi-juillet, les renseignements américains ont présenté une sélection tirée de plus de mille pages, présentant des simulations et des comptes rendus d'expérimentations, affirmant qu'ils sont la preuve d'une volonté de longue date de Téhéran de concevoir une ogive nucléaire, rapporte le quotidien citant six participants américains et européens à la réunion.Les Américains ont toutefois souligné que ces documents ne prouvent pas que l'Iran possède une bombe atomique. Mais ils sont la preuve la plus évidente à ce jour que Téhéran cherche à mettre au point une ogive nucléaire compacte compatible avec son missile Shahab, qui peut atteindre Israël et d'autres pays au Moyen-Orient. L'Iran assure que son programme nucléaire ne vise que des objectifs civils.La réunion, à laquelle participait le directeur général de l'AIEA, Mohamed ElBaradei, faisait partie d'une campagne américaine visant à accroître la pression internationale sur l'Iran, écrit le Times."Nous n'avons pas l'habitude de trimbaler nos secrets dans des ordinateurs", a dit dimanche, à Téhéran, le porte-parole des Affaires étrangères Hamid Reza Assefi. "Tout cela ne vaut rien et c'est naïf", a-t-il insisté.
Le Monde, 6/11/05:
L''Iran joue le chaud et le froid. Téhéran a demandé formellement à la troïka européenne de rouvrir les négociations nucléaires alors qu'elle exprime son soutien à la Syrie dans les tensions avec les Occidentaux.
"NÉCESSITÉ DE NÉGOCIER"
Le dirigeant chargé du nucléaire iranien, Ali Larijani,
a fait transmettre aux trois ministres des affaires étrangères
européens une lettre "insistant sur la nécessité
de négocier", ont indiqué les agences de
presse officielle Irna et semi-officielle Mehr.
La lettre a été remise dimanche après-midi
au siège du Conseil suprême de la sécurité
nationale, dont M. Larijani est le secrétaire, aux ambassadeurs
des trois pays européens à Téhéran,
a-t-on appris de source diplomatique.
Les négociations entre l'Iran et l'UE3 ont été
rompues en août quand la République islamique a repris
la conversion d'uranium, en même temps que le président
ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad accédait à
la présidence.Tout en procédant dans sa lettre à
une "évaluation" du dialogue passé,
M. Larijani "accueille favorablement des négociations
constructives et fondées sur la logique".
Il s'agit de la première démarche formelle entreprise
auprès de l'UE3 par M. Larijani, réputé comme
un dur, depuis qu'il a repris le dossier au pragmatique Hassan
Rohani, qui avait maintenu le dialogue avec les Européens
pendant deux ans.
LE CONTENU DE LA LETTRE EST IGNORÉ
On ignore le contenu détaillé de la lettre, en particulier
si elle contient des propositions pouvant convaincre l'UE3 de
reprendre les tractations. Les Européens ont signifié
que les négociations ne pouvaient recommencer si les Iraniens
ne revenaient pas à une suspension totale de leurs activités
relatives à l'enrichissement d'uranium, donc également
de la conversion, qui en est l'opération préalable.
Or les termes de la lettre cités par les agences de presse
iraniennes réaffirment la détermination de la République
islamique à mener à bien ces activités ultra-sensibles,
qui fournissent le combustible pour les centrales civiles, mais
peuvent aussi produire la charge explosive pour des bombes atomiques.Tout
en préconisant le dialogue, Ali Larijani insiste dans sa
lettre "sur la nécessité pour l'Iran d'exercer
ses droits légitimes et de voir ses intérêts
nationaux garantis".
3 novembre 2005:
Jusqu'où le président iranien peut-il aller ?
Le NouvelObs, 3/11/05:
Téhéran fait un geste
TEHERAN (30 octobre 2005) - Le président Mahmoud Ahmadinejad a déclaré
dimanche que l'Iran ne reviendrait pas à une suspension
complète de ses activités nucléaires ultra-sensibles
et a dénoncé comme un "mensonge" l'argument
des Occidentaux selon lequel il s'agirait d'une mesure de "confiance".
"Nous soutenons la reprise des activités à
l'usine de conversion d'uranium et nous allons continuer",
a déclaré le président, s'exprimant devant
des étudiants membres des milices islamistes de Téhéran.
"Le gouvernement s'est rendu compte récemment que
cet argument de la confiance est faux et que ce qu'ils veulent,
c'est nous priver du cycle de production de combustible nucléaire,
nous savons depuis le début qu'ils mentent et qu'ils ne
veulent pas que la République islamique dispose du cycle
du combustible", a-t-il dit, moins d'un mois avant une importante
réunion de l'Agence internationale de l'énergie
atomique.
M. Ahmadinejad, qui a pris ses fonctions en août, a accusé
le précédent gouvernement iranien "d'avoir
cédé au nom de la confiance, jusqu'à suspendre
volontairement les activités du cycle du combustible à
Ispahan et Natanz, qui sont pourtant légales à 100%
et ne donnent lieu à aucune déviation", a-t-il
dit. "Dire que l'Iran a caché des choses pendant 18
ans est un gros mensonge", a-t-il dit alors que la diplomatie
iranienne elle-même a reconnu ces dissimulations en expliquant
que, sans elles, la communauté internationale n'aurait
pas permis à l'Iran de développer ses activités
nucléaires civiles.
En persistant dans ses activités relatives à l'enrichissement,
l'Iran s'expose à ce que l'Agence internationale de l'énergie
atomique, qui se réunira fin novembre, décide de
saisir le Conseil de sécurité de l'Onu. L'agence
onusienne presse l'Iran de revenir à une suspension complète,
dénoncée en août avec le redémarrage,
à Ispahan, de la conversion, opération préalable
à l'enrichissement proprement dit. Pour l'AIEA, cette suspension
complète représente la meilleure garantie que la
République islamique ne fabriquera pas l'arme nucléaire.
[Remarque: le plus facile
pour faire des bombes atomiques c'est d'utiliser du Plutonium,
utiliser l'autre filière (enrichissement de l'Uranium)
est plus lourd, plus long et beaucoup moins discret...]
Les Européens offraient aux Iraniens une coopération
nucléaire, politique et commerciale pour les convaincre
d'observer une suspension complète. Les négociations
ont été rompues quand l'Iran a repris la conversion.
Le Monde, 27/10/05:
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï
Lavrov, a estimé, jeudi 27 octobre, que les déclarations
de Mahmoud Ahmadinejad fournissaient un "argument supplémentaire"
pour le renvoi du dossier nucléaire iranien devant le Conseil
de sécurité de l'ONU, tout en continuant de soutenir
la position de Téhéran. "Ce que j'ai vu
à la télévision (de la déclaration
du président iranien) est inacceptable", a
déclaré Sergueï Lavrov à son arrivée
en Jordanie, selon des propos rapportés par l'agence Ria
Novosti. Le matin même, il avait rencontré le premier
ministre israélien, Ariel Sharon, à l'occasion d'une
visite à Tel-Aviv.
"Ceux qui insistent pour transférer le dossier
du nucléaire iranien au Conseil de sécurité
des Nations unies ont reçu un argument supplémentaire
pour le faire", a ajouté le ministre russe des
affaires étrangères, en précisant que l'ambassadeur
iranien à Moscou avait été convoqué
par son ministère.
Pour autant, la position de Moscou sur le nucléaire iranien
n'a "pas changé", a tenu à préciser
Sergueï Lavrov, en guise de mise au point. La Russie reste
donc opposée à l'examen de la question par le Conseil
de sécurité, estimant que l'Agence internationale
de l'énergie atomique (AIEA) est compétente en la
matière. Moscou, qui construit une centrale nucléaire
dans le sud de l'Iran, soutient Téhéran face à
Washington.
L'UE CONDAMNE UNANIMEMENT LES PROPOS DE
TÉHÉRAN
Par ailleurs, les dirigeants de l'Union
européenne ont également condamné, jeudi,
"de la manière la plus ferme" les propos
du président iranien,
qui a appelé, mercredi, à "rayer Israël de la carte". Dans une déclaration
commune, les vingt-cinq chefs d'Etat et de gouvernement ont fait
part de leurs critiques, depuis Hampton Court (Grande-Bretagne),
où ils sont réunis pour un sommet informel. "Les
appels à la violence et à la desctruction de quelque
Etat que ce soit sont manifestement en contradiction avec l'affirmation
que l'on est un membre mûr et responsable de la communauté
internationale", indique le communiqué.
Paris, comme Londres, a convoqué son ambassadeur iranien
"pour obtenir des explications". "Il
a été demandé (à Sadegh Kharrazi)
des clarifications sur la teneur des propos exprimés
la veille par son président", a déclaré,
jeudi, Jean-Baptiste Mattéi, porte-parole du ministère
des affaires étrangères. "Il lui a été
rappelé que le droit d'Israël à exister ne
peut être contesté", a-t-il ajouté.
NouvelObs, 27/10/05:
Tout le monde peut craindre pour sa sécurité
Le Monde, 27/10/05:
Les négociations entre les autorités de Téhéran et la troïka européenne (Allemagne, France et Grande-Bretagne) sur le programme nucléaire militaire iranien, sont dans l'impasse. Aucune date n'est fixée pour une reprise des pourparlers, chacune des deux parties attendant de l'autre un geste d'ouverture susceptible de remettre en route un processus de dialogue. Les Européens ont fait des propositions commerciales et économiques à l'Iran, afin d'inciter celui-ci à renoncer pour de bon à ses ambitions nucléaires, et ils sont prêts à les rendre plus "attrayantes", à condition toutefois que Téhéran revienne à une attitude de coopération, dont la manifestation ne peut être, à leurs yeux, que la reprise de la suspension du processus de conversion de l'uranium dans l'usine d'Ispahan.
Les autorités iraniennes affirment qu'il n'en est pas question, tout en arguant de leur désir de reprendre les discussions. Si rien ne se passe, Mohamed ElBaradei, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), ne pourra rendre qu'un rapport négatif lors de la prochaine réunion du Conseil des gouverneurs de l'Agence, le 24 novembre. Dans ce cas, on voit mal comment il pourra éviter de recommander le transfert du dossier iranien devant le Conseil de sécurité des Nations unies.
Cette décision est prévue implicitement dans la résolution adoptée, le 24 septembre, par le Conseil des gouverneurs. Pour autant, ni les Européens, ni les Américains ne sont très sûrs du bien-fondé d'une telle escalade diplomatique. La Russie conseille d'attendre, c'est-à-dire de laisser plus de temps au président iranien Mahmoud Ahmadinejad et au principal négociateur du dossier nucléaire, Ali Larijani, pour prendre la mesure de l'évolution des positions internationales, telles que celles-ci se sont manifestées le 24 septembre, lorsque la Russie, la Chine et l'Inde, mais aussi de nombreux pays non-alignés peu suspects de sympathie envers l'Amérique, ne se sont pas opposés à la résolution de l'AIEA.
Mohamed ElBaradei est également partisan de ne pas précipiter les choses. L'administration américaine est partagée. Elle est soucieuse de ne pas laisser s'éroder l'élan politique qui s'est manifesté à l'AIEA, et estime que le temps joue contre ce fragile consensus. Une attitude de grande fermeté lui parait de nature à renforcer la crédibilité de la communauté internationale en matière de non-prolifération nucléaire. Mais elle a fait confiance jusque-là aux Européens et elle est obligée de constater que ceux-ci ont réussi à rallier à une position de fermeté des pays qui ont des liens politiques et économiques très étroits avec l'Iran, tels la Russie, la Chine et l'Inde. De plus, l'enlisement de l'armée américaine en Irak incite les responsables de la Maison Blanche et du département d'Etat à ne pas ouvrir un autre "front" avec l'Iran.
C'est donc avec le soutien de Washington que les Européens s'efforcent de consolider le consensus du 24 septembre. Ils tiennent à leurs partenaires le langage suivant : mettons-nous d'accord sur ce qui est acceptable et sur ce qui ne l'est pas s'agissant du programme nucléaire iranien (des activités civiles le sont, mais l'enrichissement de l'uranium doit être banni) ; ensuite, sommes-nous toujours bien d'accord pour envisager le recours au Conseil de sécurité si l'Iran n'obtempère pas à nos exigences ? Si c'est le cas, quels sont, d'autre part, nos moyens pour désamorcer la crise ? Parallèlement, les Européens essaient de convaincre les pays dont le soutien est fragile (les non-alignés) qu'un recours à l'ONU n'aurait, dans un premier temps, d'autre but que de renforcer la main de l'AIEA, et non pas de sanctionner l'Iran.
L'une des solutions envisagées consisterait à "sanctuariser" certaines activités nucléaires iraniennes (celles qui ont trait à l'enrichissement de l'uranium), sur le modèle de la coopération nucléaire irano-russe : la Russie est le maître d'oeuvre de la centrale nucléaire de Bouchehr, mais fournit le combustible nucléaire et doit récupérer le combustible irradié.
Cet arrangement viserait à créer un consortium international - auquel l'Iran serait associé, ainsi que d'autres pays non européens -, lequel gérerait en particulier l'usine d'enrichissement de Natanz. Reste le risque d'une fuite en avant de Téhéran, concrétisée par la reprise de l'enrichissement. Tous les scénarios de crise sont alors possibles, mais les experts sont cependant enclins à ne pas prendre très au sérieux la menace de représailles, sous la forme d'un arrêt des exportations pétrolières. L'économie iranienne est dépendante du pétrole, qui compte pour 80 % des revenus d'exportation.
Sur le plan intérieur, le régime de Téhéran doit pouvoir compter sur ses réserves de change, lesquelles sont fournies par l'argent du pétrole. Si le prix du baril devait encore croître en raison d'une réduction des exportations de brut iranien, la population iranienne serait la première touchée, puisque le paradoxe veut que l'Iran est obligé d'importer 38 % de ses besoins en essence.
Laurent Zecchini
TEHERAN (16 octobre 2005) - L'Iran a réaffirmé dimanche son refus
de suspendre de nouveau ses activités nucléaires
sensibles, une condition posée par les Européens
pour une reprise des négociations, et a dit qu'il était
confiant que son dossier nucléaire ne serait pas renvoyé
devant l'Onu.
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères,
Hamid Reza Assefi, a répété devant la presse
que son pays refusait de suspendre ses activités de conversion
à l'usine d'Ispahan (centre) qui a redémarré
le 8 août après le rejet des propositions de coopération
européenne par l'Iran. "Nous ne sommes pas prêts
à revenir sur notre décision" de conversion,
encore dit M. Assefi, soulignant qu'il n'existait "aucune
raison légale ou juridique de renvoyer le dossier iranien
devant le Conseil de sécurité des Nations unies".
"On ne peut pas maintenir la menace du Conseil de sécurité
comme une épée de Damoclès sur l'Iran",
a déclaré M. Assefi, ajoutant que le temps était
"au dialogue et aux négociations".
Les pays européens et les Etats-Unis demandent à
l'Iran de renoncer totalement à son programme d'enrichissement
d'uranium, seule garantie objective, selon eux, que ce programme
ne dévie pas vers la fabrication de l'arme atomique. "La
République islamique d'Iran est prête à reprendre
les négociations mais sans condition préalable",
a déclaré pour sa part l'ancien président
Akbar Hachémi Rafsandjani, selon l'agence officielle Irna.
Après près de deux années de négociations,
le dialogue entre l'Iran et trois grands pays européens
(la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne) avait été
rompu en août après que l'Iran eut rejeté
les propositions de coopération globales des Européens
et repris son programme de conversion d'uranium à Ispahan.
Mais le ministre iranien des Affaires étrangères,
Manouchehr Mottaki, a réaffirmé vendredi à
Pékin être prêt à reprendre les négociations
sur le nucléaire avec ces trois pays, en demandant que
ces discussions aient un but défini. "Nous avons dit
que le gouvernement iranien était d'accord pour reprendre
les discussions avec les trois pays européens", a-t-il
déclaré, rappelant que "ces négociations
doivent avoir un but et être utiles". La Chine est
opposée à la saisine du Conseil de sécurité
du dossier nucléaire iranien.
Téhéran a toujours défendu officiellement
son "droit à maîtriser le cycle du combustible
nucléaire dans le cadre du Traité de non prolifération
(TNP)". Samedi, Washington et Moscou ont étalé
sur la place publique leur divergence à propos du programme
d'enrichissement d'uranium de l'Iran. A l'issue des discussions
entre la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza
Rice et le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, ce
dernier a déclaré que "tous les membres du
Traité de non-prolifération (TNP) ont droit"
au cycle du combustible nucléaire et à l'enrichissement
d'uranium. L'Iran "doit reconnaître que le TNP n'engendre
par seulement des droits, mais aussi des obligations", a
rétorqué Mme Rice, avant d'ajouter: "ce n'est
d'ailleurs pas une question de droits, mais de savoir si on peut
faire confiance ou non au cycle d'enrichissement iranien".
M. Assefi a d'ailleurs salué la position de la Russie.
"La Russie, la Chine et d'autres pays reconnaissent notre
droit et refusent l'envoi de notre dossier au Conseil de sécurité",
a-t-il déclaré.
Le Conseil des gouverneurs de l'AIEA a adopté le 24 septembre
une résolution sur le programme nucléaire iranien
qui ne demande pas expressément la saisine du Conseil de
sécurité à ce stade, mais qui établit
les conditions d'un transfert ultérieur du dossier devant
cet organe de l'Onu.
VIENNE (11 octobre 2005) - L'Iran a indiqué être prêt à
un compromis pour autoriser l'accès à ses sites
soupçonnés d'activité nucléaire militaire
et se plier aux autres demandes de l'Agence internationale à
l'énergie atomique (AIEA), afin d'éviter que le
dossier soit transmis au Conseil de sécurité, ont
annoncé mardi les diplomates.
Ces diplomates, qui se sont exprimés sous condition d'anonymat
en raison de la sensibilité du dossier, ont précisé
qu'une délégation de l'AIEA était à
Téhéran mardi pour évoquer la question avec
des responsables iraniens.
L'AIEA demande à l'Iran de pouvoir visiter deux sites militaires,
de rencontrer des responsables militaires bien que l'Iran assure
que son programme nucléaire est purement civil. L'institution
onusienne souhaite également prendre connaissance de documents
sensibles concernant au programme d'enrichissement de l'uranium.
Ces trois questions sont considérées comme cruciales
par l'AIEA dans le bras de fer qui l'oppose à Téhéran
depuis le début de son enquête il y a trois ans.
La communauté internationale soupçonne l'Iran de
masquer son activité nucléaire militaire derrière
une utilisation civile depuis plus de 18 ans, les premières
preuves d'activité clandestine ayant été
découvertes en 2002.
L'hostilité de l'Iran à collaborer avec l'AIEA a
poussé la direction des 35 membres de l'organisation a
approuvé une résolution appelant à la saisine
du conseil de sécurité de l'ONU sur le dossier nucléaire
iranien, qui viole le traité de non-prolifération
nucléaire.
Les diplomates ont indiqué que les trois points étaient
discutés entre des responsables iraniens et la délégation
de l'AIEA, menée par Olli Heinonen, directeur général
adjoint.
11/10/05 - Depuis plusieurs jours, responsables iraniens et européens insistent sur la nécessité de reprendre les négociations avant la prochaine réunion du Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) en novembre, qui décidera de l'envoi ou non du dossier au Conseil de sécurité des Nations unies. « La négociation est un choix stratégique de l'Iran dans l'affaire nucléaire et nous pensons qu'il n'y a pas d'autre voie », a déclaré Ali Agha-Mohammadi, porte-parole du Conseil suprême de la sécurité nationale. Le dialogue entre l'Iran et les trois grands pays européens (France, Grande-Bretagne, Allemagne) a été rompu en août.
TEHERAN (27 septembre 2005) - L'Iran a fait un pas de plus dans l'escalade en avertissant
mardi qu'il pourrait reprendre l'enrichissement d'uranium si le
Conseil de sécurité de l'Onu est saisi de son dossier
nucléaire.
Téhéran avait auparavant menacé de ne plus
appliquer le protocole additionnel au Traité de non-prolifération
nucléaire autorisant des inspections poussées des
sites nucléaires par l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA). "La suspension de l'enrichissement figure
parmi les concessions que nous supprimerons" si les Occidentaux
ne modifient pas la résolution votée samedi par
l'AIEA et insistent pour l'appliquer, a déclaré
mardi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères,
Hamid Reza Assefi, lors de son point de presse hebdomadaire. L'Iran
a gelé son programme d'enrichissement il y a deux ans à
titre de "mesure de confiance".
TEHERAN (26 septembre 2005) - L'Iran a brandi de nouvelles menaces lundi, avertissant
qu'il n'autoriserait plus le contrôle poussé de ses
sites nucléaires si l'Agence internationale de l'énergie
atomique appliquait sa résolution qui permet une future
saisie de l'Onu du dossier nucléaire iranien. "Si
l'Agence ne modifie pas sa résolution ou insiste pour l'appliquer,
l'Iran sera contraint de revenir sur toutes les concessions volontaires,
notamment l'application du protocole additionnel", a affirmé
le ministère des Affaires étrangères dans
un communiqué publié par l'agence estudiantine Isna.
Il s'agit de la première réaction du gouvernement
iranien après l'adoption samedi d'une résolution
par le conseil des gouverneurs de l'AIEA, qui permet le renvoi
du dossier iranien au Conseil de sécurité de l'Onu,
en invoquant la "non-conformité de l'Iran au regard
du régime de non-prolifération" et des "dissimulations"
prolongées.
La résolution demande la ratification immédiate
par le Parlement iranien du protocole additionnel et la suspension
totale des activités liées à l'enrichissement
d'uranium. Le protocole additionnel au Traité de non-prolifération
(TNP) prévoit des inspections plus poussées et plus
inopinées que dans le seul TNP. Téhéran a
signé en 2003 ce protocole, qu'il n'a pas ratifié
mais qu'il affirme appliquer à la lettre.
L'Iran a aussi repris début août ses activités
de conversion d'uranium, étape qui précède
la conversion, malgré la demande de suspension de l'AIEA.
"La menace de la saisine du Conseil de sécurité
ne modifie pas la position de l'Iran et n'aide pas au règlement
du problème", ajoute le communiqué des Affaires
étrangères. Le texte ne précise pas cependant
si l'Iran va également reprendre ses activités d'enrichissement
suspendues volontairement fin 2003. L'Iran "estime que maîtriser
le cycle du combustible nucléaire est son droit absolu",
ajoute-t-il néanmoins.
Le NouvelObs, 26/09/05:
Téhéran hausse le ton contre l'AIEA
"L'Iran rejette la résolution approuvée par
l'AIEA appelant à la saisine du conseil de sécurité
de l'ONU sur son programme nucléaire..."
Le Monde, 26/09/05:
L'AIEA prévoit un renvoi ultérieur de l'Iran devant
l'ONU
VIENNE (22 septembre 2005) - Les Européens ont renoncé dans l'immédiat
à saisir le Conseil de sécurité de l'Onu
sur le programme nucléaire iranien, selon un nouveau projet
de résolution à l'AIEA.
La Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne (UE3) tentaient depuis
le début de la semaine de convaincre l'exécutif
de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA)
de saisir l'Onu à New York, en accusant Téhéran
d'avoir "violé" ses obligations, notamment en
reprenant la conversion d'uranium en août malgré
la demande expresse de l'AIEA.
Mais la Russie, la Chine et les pays non-alignés s'y opposent.
Selon un diplomate occidental, le recul s'explique par l'opposition
de la Russie, alors que l'UE veut garder Moscou à ses côtés.
La nouvelle résolution "prie" le directeur général
de l'AIEA Mohamed ElBaradei de faire rapport sur l'Iran au conseil
des gouverneurs de l'AIEA, lequel transmettra ensuite son propre
rapport au Conseil de sécurité, organisme dont le
nom n'est pas cité expressément.
Européens et Américains avaient indiqué dans
leurs interventions mercredi au conseil des gouverneurs qu'ils
voulaient, en allant à New York, non pas dessaisir l'Agence
internationale de l'énergie atomique (AIEA) mais bien renforcer
son autorité en vue d'une "solution diplomatique".
Leurs délégués ont cependant laissé
planer le doute sur une demande de vote au conseil des gouverneurs,
alors que traditionnellement l'exécutif de 35 membres de
l'AIEA préfère prendre ses décisions à
l'unanimité.
Un responsable américain, parlant sous le couvert de l'anonymat,
avait indiqué mercredi soir à Washington que les
Occidentaux allaient reporter leur demande de saisine du Conseil
de sécurité afin de donner plus de chance à
la diplomatie et de trouver des alternatives. Le nouveau texte,
moins dur que celui que l'UE3 avait fait circuler depuis lundi
soir, reproche cependant toujours à Téhéran
son "non-respect" de ses obligations en matière
de non-prolifération nucléaire.
Le Monde, 21/09/2005:
Escalade iranienne
Le Monde, 20/09/2005:
Le directeur de l'Agence internationale de
l'énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei, ignorant
que Pyongyang allait quelques heures plus tard poser une nouvelle
condition, a ouvert la conférence des trente-cinq gouverneurs
consacrée à l'Iran, lundi 19 septembre, par une
"bonne nouvelle" : l'annonce par la Corée
du Nord, suite à un accord de principe conclu avec la Chine,
la Corée du Sud, les Etats-Unis, le Japon et la Russie,
d'un renoncement à son arsenal nucléaire et d'un
retour, sous l'égide de l'AIEA, au traité de non-prolifération
nucléaire (TNP). M. ElBaradei a réclamé que
les inspections dans la péninsule coréenne reprennent
"le plus tôt possible" . Il a rappelé
que cette décision était le fruit d'un "processus
long et complexe" de plus de deux ans. Mais il a surtout
souligné que "la négociation est payante"
.
Le directeur de l'AIEA souhaiterait voir les gouverneurs adopter
une attitude similaire envers l'Iran, qui suscite les inquiétudes
de la communauté internationale depuis la reprise, début
août, de ses activités de conversion de l'uranium.
"Nous nous dirigeons vers une période de confrontation
et de prise de risques politiques" , a-t-il regretté.
Les divisions se sont accentuées, lundi, au sein de l'exécutif
de l'AIEA. Les pays européens de la "troïka"
(Allemagne, France et Grande-Bretagne), ainsi que les Etats-Unis,
ont commencé à faire circuler auprès des
gouverneurs un texte présentant des éléments
de résolution pour le renvoi de l'Iran devant le Conseil
de sécurité de l'ONU, qui a le pouvoir d'imposer
des sanctions économiques. C'est, selon l'Union européenne
et Washington, le seul moyen d'obtenir de la République
islamique, qui a dissimulé son programme nucléaire
pendant dix-huit ans, le renoncement à ses activités
militaires. Un tel vote semble pourtant difficile à obtenir
face à l'opposition d'une partie du Conseil. Or Européens
et Américains préféreraient parvenir à
un consensus, qui est la voie classique de la prise de décision
à l'AIEA.
Au sein même de l'Union européenne, des dissensions
se font entendre. L'Autriche et l'Italie, par exemple, dont l'Iran
est un important partenaire économique, appréhendent
de possibles représailles iraniennes sur leurs exportations.
La Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité
de l'ONU et disposant, à ce titre, d'un droit de veto,
sont opposées à une saisine du Conseil de sécurité,
de même que le Brésil, l'Inde et le Pakistan. Le
président russe, Vladimir Poutine, a estimé, dimanche,
que Téhéran coopérait "suffisamment"
avec les organisations internationales et que d'éventuelles
sanctions de l'ONU créeraient de nouveaux "problèmes".
La plupart des quatorze pays du Mouvement des non-alignés
sont hostiles à une saisine du Conseil de sécurité,
Singapour et le Pérou étant les seuls à y
être favorables.
L'Iran réfute les accusations des Etats-Unis et d'Israël
sur ses intentions nucléaires, et affirme que son programme
ne vise que la production d'électricité. La République
islamique revendique le "droit légitime"
de tout Etat à maîtriser le cycle du combustible
nucléaire. Le porte-parole du ministère iranien
des affaires étrangères, Hamid Reza Assefi, a mis
en garde l'AIEA : "Nous attendons qu'elle -l'Agence-
n'agisse pas de manière irréfléchie, unilatérale
et extrême. S'ils -les membres de l'AIEA- traitent cette
affaire de manière politique et non pas technique, le climat
va se radicaliser."
De son côté, M. ElBaradei, qui souhaite que les gouverneurs
donnent une nouvelle chance à l'Iran, a exhorté
Téhéran à fournir "davantage de transparence
et de mesures de confiance" , comme l'accès à
certains sites potentiellement suspects. "La balle est
en grande partie dans le camp de l'Iran" , a-t-il conclu.
NATIONS UNIES (15 septembre 2005) - Les puissances occidentales semblent vouloir renoncer
à transmettre le dossier du programme nucléaire
iranien au Conseil de sécurité de l'Onu, alors que
Téhéran propose de partager sa technologie nucléaire
civile avec d'autres pays musulmans.
Le Premier ministre français Dominique de Villepin a affirmé
que la "troïka européenne" - la Grande-Bretagne,
la France et l'Allemagne - donnait encore la priorité aux
négociations.
"Notre priorité dans ce domaine, c'est le dialogue
(...) que nous souhaitons poursuivre pour que l'Iran puisse revenir
à la suspension de ses activités", a-t-il déclaré
lors d'une conférence de presse en marge du sommet de l'Onu
à New York.
Mais "si les choses n'aboutissent pas, a ajouté le
Premier ministre, nous n'aurons pas d'autre choix que de saisir
le Conseil de sécurité."
Auparavant, la secrétaire d'Etat américaine Condoleeza
Rice avait laissé entendre que les Etats-Unis et l'Union
européenne n'obtiendraient pas un soutien suffisant au
sein de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA)
pour renvoyer le dossier iranien au Conseil de sécurité.
Rice a déclaré sur Fox News qu'elle préférerait
que la décision soit prise dès le 19 septembre,
date de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA
à Vienne, tout en ajoutant: "Je ne suis pas très
préoccupée par la date exacte car je ne pense pas
que le sujet soit si urgent."
"DONNER UNE AUTRE CHANCE A L'IRAN"
Les ministres des Affaires étrangères
de la "troïka" ainsi que le chef de la diplomatie
européenne, Javier Solana, rencontreront dans le courant
de la journée de jeudi le nouveau président iranien,
Mahmoud Ahmadinejad, en marge de l'Assemblée générale,
a annoncé Jack Straw, secrétaire au Foreign Office.
La rencontre aura lieu en présence de Kofi Annan, secrétaire
général de l'Onu, et aura pour objet de demander
au chef de l'Etat iranien de revenir sur le refus de Téhéran
d'examiner les offres européennes de coopération.
"Nous voulons donner toutes leurs chances aux nouvelles autorités
iraniennes", a déclaré un diplomate européen.
"Nous n'avons jamais fermé la porte à la négociation,
c'est la voie qui a toujours eu notre préférence".
Par ailleurs, l'agence de presse officielle iranienne Irna a rapporté
que le président iranien avait affirmé au Premier
ministre turc Tayyip Erdogan que Téhéran était
prêt à partager sa technologie nucléaire avec
d'autres Etats musulmans.
"La République islamique ne cherche jamais à
se procurer des armes de destruction massives, a-t-il déclaré
selon Irna. En fonction des besoins des pays islamiques, nous
sommes prêts à transférer notre savoir-faire
nucléaire à ces pays."
Ahmadinejad a annoncé en outre à plusieurs médias
américains jeudi que l'Iran s'apprêtait à
soumettre de nouvelles propositions concernant son programme nucléaire
lors de son discours à l'Assemblée générale
de l'Onu samedi.
TEHERAN (15 septembre 2005) - L'Iran est prêt à fournir de la technologie
nucléaire à d'autres nations islamiques, a déclaré
jeudi son président Mahmoud Ahmadinejad à l'issue
d'une rencontre avec le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan
en marge du sommet mondial des Nations unies à New York.
M. Ahmadinejad a répété la promesse de Téhéran
de ne pas chercher à développer des armes nucléaires,
selon l'agence de presse iranienne officielle IRNA. "L'Iran
est prêt à transférer un savoir-faire nucléaire
à des pays musulmans en raison de leurs besoins".
Le Monde, 14/09/05:
Le premier ministre français, Dominique de Villepin, a appelé "fermement" l'Iran, mercredi 14 septembre à l'ONU, à se "conformer" à ses engagements de non-prolifération nucléaire. Lors de son intervention, il a exhorté Téhéran à poursuivre le "dialogue", le menaçant à défaut d'une saisine du Conseil du sécurité. "Si un Etat manque à ses obligations au titre du Traité de non-prolifération, il est légitime, une fois épuisée la voie du dialogue, que le Conseil de sécurité soit saisi", a déclaré M. de Villepin.
"Il y a des droits à défendre, en particulier l'usage pacifique de l'énergie nucléaire. Mais il y a des devoirs à faire respecter, pour la sécurité de tous", a souligné M. de Villepin, qui s'exprimait au nom du président français Jacques Chirac, encore convalescent.
UNE DERNIÈRE CHANCE
Avant la déclaration de M. de Villepin, l'Union européenne s'était dite prête à demander un transfert du dossier nucléaire iranien au Conseil de sécurité de l'ONU, selon un document interne dont l'AFP a eu connaissance vendredi 9 septembre. Ce transfert de dossier interviendrait si l'Iran refusait d'arrêter la conversion d'uranium [étape qui précède l'enrichissement d'uranium], demandée par les Etats membres de l'AIEA. De son côté, bien que divisé sur la question, le Conseil des gouverneurs de l'AIEA, l'organe exécutif de l'agence, doit se réunir à Vienne lundi pour décider une éventuelle saisine du conseil de sécurité.
En attendant, plutôt que d'exiger que Téhéran soit déféré devant le Conseil de sécurité, l'AIEA a demandé aux Etats-Unis de donner à l'Iran une dernière chance de renoncer à la conversion de l'uranium, ont indiqué mercredi des diplomates à Vienne. Dans le même sens, Mohamed ElBaradei, lors d'un entretien téléphonique la semaine dernière avec le secrétaire d'Etat américain, Condoleezza Rice, estimait préférable de donner à l'Iran une date-butoir pour l'arrêt de ses opérations de conversion.
TRAITE DE NON-PROLIFÉRATION
Pour l'heure, les Etats-Unis et l'Union européenne tentent de convaincre le conseil des gouverneurs de l'AIEA d'envoyer le dossier du nucléaire iranien à New York. Mais l'Iran peut encore compter sur la Russie et la Chine opposées à la saisine et membres permanents du Conseil de sécurité. Sur les positions russes et chinoises, plusieurs pays non-alignés, soutenant eux aussi l'Iran, arguent que la fabrication de combustible nucléaire est garantie par le Traité de non-prolifération (TNP), que la république islamique iranienne a signé et ratifié.
Lundi, Téhéran avait fait dépendre sa future coopération avec l'AIEA de la reconnaissance de son droit à produire du combustible nucléaire.
TEHERAN (11 septembre 2005) - Le nouveau chef de la diplomatie iranienne Manouchehr
Mottaki a rejeté dimanche la demande des pays européens
de suspendre de nouveau ses activités nucléaires
ultrasensibles à Ispahan, et a affirmé qu'une saisine
du conseil de sécurité aura des "conséquences".
"Il n'est pas question de revenir à une suspension
des activités d'Ispahan", a déclaré
Manouchehr Mottaki dans sa première conférence de
presse depuis sa nomination à ce poste en août.
Le conseil des gouverneurs doit se réunir le 19 septembre
prochain pour prendre une décision à propos du dossier
nucléaire iranien et le refus de Téhéran
de reprendre la suspension.
Téhéran souligne qu'il a droit à l'enrichissement
pour produire de l'électricité au nom du Traité
de non-prolifération (TNP).
Le ministre a également souligné qu'il n'existait
"aucune base légale pour renvoyer le dossier du nucléaire
iranien devant le Conseil de sécurité de l'Onu".
"Il est naturel qu'un tel envoi aura des conséquences.
Mais à ce stade, je ne veux pas discuter de ce que seront
les répercussions", a ajouté M. Mottaki.
Selon un document interne dont l'AFP a eu connaissance vendredi,
l'Union européenne s'est dit prête à demander
un transfert du dossier nucléaire iranien au Conseil de
sécurité de l'ONU si l'Iran refusait d'arrêter
la conversion d'uranium, comme lui demandent les Etats membres
de l'AIEA.
Les pays de l'UE3 "estiment que la question doit être
résolue au plan diplomatique, mais ils sont convaincus
que cela ne sera possible que si la communauté internationale
envoie un signal clair d'inquiétude à Téhéran
et lui demande de revenir à la table des négociations",
selon ce document.
Le chef de la diplomatie iranienne a également affirmé
que l'Iran allait prochainement lancer un appel d'offres international
pour la construction de deux nouvelles centrales nucléaires.
"Le parlement a adopté une loi pour la construction
de vingt centrales nucléaires et la production de 20.000
mégawatts d'électricité (d'ici vingt ans).
La décision de lancer un appel d'offres est un premier
pas du gouvernement pour appliquer la décision du parlement",
a déclaré M. Mottaki, sans donner plus de précision.
La première centrale nucléaire iranienne est actuellement
en construction à Bouchehr (sud du pays) par les Russes
et devra entrer en fonction fin 2006 après plusieurs années
de retard.
Les Echos, 31 août 2005:
Le chef du programme nucléaire iranien,
Ali Larijani, s'est rendu, hier, en Inde pour y rechercher le
soutien de ce pays aux ambitions nucléaires de la République
islamique. A New Delhi, selon la radio, M. Larijani doit rencontrer
le conseiller indien à la sécurité nationale,
M. K. Narayanan, et « discuter de la paix dans la région
et des liens étroits entre les deux pays ». L'Inde
appartient au Mouvement des non-alignés, dont les membres
ont exprimé leur sympathie pour les efforts de l'Iran dans
le domaine nucléaire. De plus, rappellent des experts,
il existe toujours sur la table un grand projet de gazoduc entre
l'Iran, d'une part, l'Inde et le Pakistan, d'autre part, qui marquerait
la réconciliation des deux frères ennemis, devenus
des puissances nucléaires. Un projet auquel s'oppose Washington.
VIENNE (26 aout 2005) - Le chef du programme nucléaire iranien Ali
Larijani a annoncé vendredi à la presse que Téhéran
ferait de nouvelles propositions de négociations aux Européens
d'ici un mois. Il a indiqué que le nouveau président
iranien Mahmoud Ahmadinejad avait besoin "d'environ un mois
pour formuler de nouvelles propositions". M. Larijani, réputé
comme un dur du régime islamique, avait auparavant rencontré
dans la matinée à Vienne le directeur de l'Agence
internationale de l'énergie nucléaire (AIEA), Mohamed
ElBaradei.
M. ElBaradei doit remettre le 3 septembre un rapport à
l'exécutif de l'AIEA sur la reprise d'activités
nucléaires sensibles en Iran, malgré la réprobation
occidentale et les appels de l'exécutif de l'AIEA.
Trois pays de l'Union européenne (UE3, Allemagne, France
et Grande-Bretagne) ont refusé de nouveaux pourparlers
avec les Iraniens le 31 août, parce que ces derniers ont
repris unilatéralement la conversion de minerai d'uranium
- suspendue depuis novembre 2004 - et rejeté des propositions
de coopération européennes.
Ali Larijani n'a cependant
pas exclu de nouvelles discussions avec l'UE. Mais il a proposé
que d'autres pays, comme l'Afrique du Sud, soient impliquées
dans les négociations. "Nous
considérons les négociations avec les Européens
comme positives et nous pensons toujours qu'elles peuvent l'être",
mais elles "ne doivent pas être exclusives". Des Etats comme la Russie, la Chine,
l'Afrique du Sud, l'Inde et d'autres pays non alignés sont
réticents à ce que Téhéran soit traduit
devant le Conseil de sécurité de l'Onu, parce que
l'enrichissement de l'uranium, dont la conversion est une première
étape, est autorisé par le Traité de non-prolifération
nucléaire (TNP).
Les Etats-Unis ont fait pression ces derniers jours sur d'autres
pays pour un renvoi du dossier iranien au Conseil de sécurité
en vue de possibles sanctions internationales, si Téhéran
ne suspend pas d'ici au 3 septembre des activités nucléaires
pouvant à terme mener à l'arme atomique.
Cependant en raison de l'opposition de la Russie, une réunion
d'urgence dès le 6 septembre à Vienne, envisagée
par les Américains, n'aura pas lieu, ont indiqué
plusieurs diplomates.
Le principal négociateur iranien s'est aussi félicité
devant les journalistes de ses entretiens avec M. ElBaradei, en
soulignant que, pour son pays, "le principal interlocuteur
c'est l'agence" onusienne de non-prolifération. "Il
faut donc que les négociations passent d'abord" par
le directeur de l'AIEA, selon lui.
La technologie nucléaire "est un droit et un besoin
pour l'Iran", car ses réserves pétrolières
sont comptées, a affirmé M. Larijani. Il a dénoncé
"l'apartheid nucléaire" que voudraient lui imposer
certaines puissances.
Les Etats-Unis accusent l'Iran de vouloir aller au delà
du nucléaire civil pour se doter de l'arme atomique.
Le responsable iranien a déclaré ne pas s'inquiéter
d'une menace de sanctions de l'Onu, qui seraient une erreur au
vu "de la puissance dont jouit l'Iran dans la région".
Le Monde, Point de vue, 19/08/05:
L'Iran aura la bombe,
par Yann Richard
"... Car une chose était
claire : si les Iraniens avaient besoin d'un supplément
d'énergie, il était plus facile, économique
et raisonnable d'aménager les infrastructures pour utiliser
le gaz et le pétrole, abondants sous leurs pieds - respectivement
les deuxième et quatrième réserves mondiales
- que d'aménager des centrales nucléaires coûteuses
et dangereuses, dont la technologie aurait le temps d'évoluer
avant l'épuisement de l'énergie fossile.
Ceux qui ont fermé les yeux en 1977 sur cette évidence
sont complices de ce qui, aujourd'hui, est dénoncé
dans l'ambition nucléaire de la République islamique.
Il est trop tard pour revenir sur des programmes dont s'est emparé
un régime en quête de projet pour s'imposer dans
son opinion publique et se faire respecter à l'extérieur.
Considérablement enrichi par un pétrole à
plus de 60 dollars le baril, Téhéran a les moyens
de se payer son uranium et de construire sa bombe..." (l'esprit de Munich
?)
(Yann Richard est directeur de l'Institut
d'études iraniennes à l'université
Sorbonne nouvelle (Paris-III), ex-directeur de l'Institut français
de recherche à Téhéran.)
TÉHÉRAN (16 août
2005) - Le nouveau dirigeant iranien
en charge du nucléaire, le dur Ali Larijani, a affirmé
la détermination de Téhéran à mener
à bien son programme d'enrichissement d'uranium. L'Iran
veut toutefois continuer à négocier avec les Européens.
M. Larijani a confirmé au quotidien «Shargh»
qu'il reprenait bien le lourd dossier nucléaire des mains
du pragmatique Hassan Rohani. Ses premières déclarations
s'inscrivent dans la droite ligne des positions prises par le
régime.
Il a ainsi laissé entendre que son pays ne reviendra pas
sur le redémarrage de l'usine de la conversion d'uranium,
préliminaire à l'enrichissement. «L'Iran n'accepte
pas la résolution» de l'Agence internationale de
l'énergie atomique (AIEA) le pressant de le faire, a dit
M. Larijani.
Les Européens, dont «l'attitude n'est pas justifiable»,
«doivent comprendre que le gouvernement iranien est déterminé
à conserver le cycle de production du combustible nucléaire»,
et donc l'enrichissement, a-t-il ajouté. Il a jugé
«théoriquement possible» que la République
islamique soit traînée devant le Conseil de sécurité
de l'ONU.
Mais «il est improbable que les Américains et les
Européens obtiennent quoi que ce soit en envisageant le
dossier iranien d'un point de vue sécuritaire et en adoptant
une attitude radicale», a-t-il affirmé. Malgré
ces menaces, M. Larijani a jugé qu'il fallait «passer
par le canal de la négociation».
L'Iran a bravé la réprobation occidentale en levant
la semaine passée les scellés posés sur l'usine
de conversion d'Ispahan en même temps que celle de Natanz.
Mardi, environ 500 Iraniens ont formé une chaîne
humaine autour de l'usine d'Ispahan pour défendre le «droit»
de l'Iran aux activités nucléaires.
------> L'Iran construit-il des armes nucléaires ?
------> Prolifération nucléaire, arrière-fond de la guerre ?
------> Si l'Irak a la bombe c'est grâce à
la France
------> Netanyahu pour lever le voile sur l'armement nucléaire
israélien
JERUSALEM (13 aout 2005) - Le président américain a lancé
un nouvel avertissement adressé. "Toutes les options
sont sur la table", a réaffirmé George W. Bush,
n'excluant pas l'usage de la force en cas d'échec des négociations
sur le dossier du nucléaire iranien. Le chancelier allemand
a de son côté rejeté l'idée d'une guerre
samedi. Les mots du président américain, diffusés
vendredi soir par la télévision israélienne,
étaient particulièrement durs. Si les négociations
échouent, "toutes les options sont sur la table",
a-t-il prévenu. "L'emploi de la force est la dernière
option pour tout président. Vous savez que nous avons employé
la force dans un passé récent pour assurer la protection
de notre pays."
Le chancelier allemand Gerhard Schröder, qui lançait
à Hanovre sa campagne électorale pour les législatives
anticipées du 18 septembre, a pour sa part lancé,
répondant apparemment à M. Bush: "Retirez les
options militaires de la table, nous avons vu qu'elles ne convenaient
pas".
George Bush soutient les négociations destinées
à empêcher l'Iran de se doter d'un programme nucléaire
militaire et a exprimé son souhait de voir le conseil de
sécurité des Nations unies décider de sanctions
contre Téhéran en cas d'échec des discussions.
Les Etats-Unis et Israël "sont unis dans (l')objectif
de nous assurer que l'Iran ne dispose pas de l'arme" nucléaire,
a ajouté le président américain. L'Iran,
qui assure poursuivre des buts strictement civils, a repris la
conversion d'uranium en début de semaine, ce qui a provoqué
une mise en garde de l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA) de l'ONU. Bush a salué cette réaction,
dans laquelle il voit une volonté occidentale d'apaiser
la crise pour pouvoir trouver une solution par la voie diplomatique.
Le Monde, 13/08/2005:
Ombres chinoises sur deux crises nucléaires
TEHERAN (12 aout 2005) - Un des plus hauts dirigeants iraniens, Akbar Hachémi Rafsandjani, a dit vendredi que la reprise d'activités nucléaires ultra-sensibles était "irréversible" et mis en garde contre les "conditions nouvelles" régionales créées par l'Occident qui s'oppose aux projets de l'Iran. "Gardez à l'esprit que vous ne traiterez pas l'Iran comme l'Irak ou la Libye", a aussi lancé l'ancien chef de l'Etat à l'adresse des Occidentaux lors de son sermon à la prière hebdomadaire à Téhéran. Les mots de celui qui dirige le conseil de discernement du régime, la plus haute instance d'arbitrage du pouvoir, ont été salués dans la foule par "Mort à l'Amérique", "Mort à Israël" et "Dieu est grand". Plusieurs centaines de personnes ont manifesté après la prière, revendiquant le droit au nucléaire.
TEHERAN (10 aout 2005) - L'Iran a terminé de lever mercredi les scellés
sur son usine de conversion d'Ispahan, laissant la communauté
internationale chercher à grand-peine un consensus sur
la réponse à donner à la reprise d'activités
pouvant être détournées pour fabriquer l'arme
nucléaire.
"Nous avons levé les scellés, l'usine de conversion
d'Ispahan est totalement opérationnelle", a déclaré
le vice-président de l'Organisation iranienne de l'énergie
atomique, Mohammad Saïdi. "Cela se passe sous le contrôle
de l'Agence" internationale de l'énergie atomique
(AIEA), qui a installé ses caméras de surveillance
sur place au cours des derniers jours, a souligné M. Saïdi.
Le Conseil des gouverneurs de l'AIEA était réuni
depuis mardi à Vienne pour décider de la réponse
à donner à la reprise de la conversion. Attendue
mais lourde de signification, la levée des scellés
risque de compliquer encore la tâche des 35 membres du Conseil
des gouverneurs de l'AIEA, qui peinaient à s'entendre sur
un texte.
10/08/2005 -
L'ambassadeur de Chine à l'Onu, Wang Guangya, a déclaré
mercredi qu'il ne serait "pas utile" de saisir le Conseil
de sécurité du dossier nucléaire iranien,
estimant que la question est du ressort de l'Agence internationale
de l'énergie atomique (AIEA).
Libération, 08 août 2005 :
L'Iran reprend la transformation d'uranium
TEHERAN (6 aout 2005) - L'Iran a redoublé de fermeté samedi
face aux exigences internationales sur le nucléaire, son
nouveau président Mahmoud Ahmadinejad prévenant
à sa prestation de serment que son pays ne se soumettrait
pas à la "tyrannie" de l'étranger, malgré
la menace d'une crise grave.Le régime iranien a de nouveau
rejeté comme "inacceptables" des propositions
européennes de coopération et persisté dans
sa décision de reprendre les activités nucléaires
ultra-sensibles de conversion d'uranium, au risque d'être
traîné devant le Conseil de sécurité
de l'Onu. "Pourquoi certains pays ne comprennent-ils pas
que la nation iranienne n'accepte pas la tyrannie", s'est
demandé le nouveau président dans le discours suivant
sa prestation de serment devant le parlement.
Il a tenu un discours d'intransigeance sur les "droits"
du pays et le refus de la "soumission", au moment où
une partie de la communauté internationale presse l'Iran
de fournir les garanties qu'il ne produira pas l'arme nucléaire
et s'inquiète que l'avènement de l'ultra-conservateur
Ahmadinejad ne signifie un durcissement de la politique étrangère
iranienne. "Nous n'accepterons rien qui viole les droits
de notre nation, c'est un principe irrévocable de notre
politique", a-t-il déclaré dans une claire
allusion aux pressions exercées sur l'Iran pour qu'il renonce
à l'enrichissement et à la conversion d'uranium.
D'autres officiels iraniens se sont montrés plus explicites
pour rejeter l'offre de coopération européenne devant
convaincre l'Iran de donner les garanties que ses activités
nucléaires civiles ne seront pas détournées
à des fins militaires. "Ces propositions sont inacceptables,
elles sont rejetées", a dit à l'AFP Hossein
Moussavian. En refusant que l'Iran reprenne l'enrichissement,
elles contredisent les accords conclus avec les Européens
et violent les conventions internationales, a ajouté ce
négociateur.
Dans ses 34 pages de propositions de coopération nucléaire,
commerciale et politique, l'UE3 (Allemagne, France, Grande-Bretagne),
qui négocie depuis décembre avec l'Iran, demande
en effet un engagement iranien à ne plus enrichir puisque
l'Europe lui donnera des garanties d'approvisionnement en combustible
nucléaire.
Il s'agirait là, pour les Européens, de la garantie
la plus probante que les Iraniens pourraient donner de la nature
purement civile de leurs activités.
Les Iraniens avaient déjà dit qu'ils n'accepteraient
jamais une telle demande et qu'aucune contrepartie ne les convaincrait
de renoncer à la conversion et l'enrichissement. La conversion
reprendra "définitivement cette semaine", a dit
M. Moussavian. L'Iran est ainsi plus que jamais sous la menace
d'être traîné devant l'Onu.
Une réunion extraordinaire du Conseil des gouverneurs (exécutif)
de l'Agence internationale de l'énergie atomique est convoquée
mardi à la demande des Européens pour dissuader
l'Iran de mettre son projet à exécution. Selon le
ministre français des Affaires étrangères
Philippe Douste-Blazy, si l'Iran persiste, "il faudra saisir
le Conseil de sécurité".
M. Moussavian a brandi la menace que l'Iran reprenne non plus
seulement la conversion, mais l'enrichissement proprement dit,
dont elle est le préalable. "Si le dossier iranien
est envoyé au Conseil de sécurité, c'est
la suspension des activités de Natanz qui sera menacée".
La conversion, opérée à Ispahan (centre),
transforme de la poudre de minerai d'uranium (yellowcake) en gaz
qui est ensuite injecté dans des centrifugeuses pour produire
l'uranium enrichi, combustible pour les centrales. Les activités
de l'usine d'enrichissement de Natanz (centre) ont été
suspendues en novembre en même temps que celles d'Ispahan
pour permettre des négociations avec les Européens.
La réunion de l'AIEA n'a "aucune justification légale",
a dit le porte-parole des Affaires étrangères Hamid
Reza Assefi, parlant de "guerre psychologique". Par
souci de légalité internationale, l'Iran entend
que les scellés posés sur l'usine par l'AIEA soient
brisés sous sa supervision. L'agence a dit avoir besoin
jusqu'au milieu de la semaine prochaine pour installer des équipements
de surveillance à Ispahan. "Le retard pris par l'Agence
est inacceptable, a dit M. Moussavian.
Libération, lundi 01 août 2005:
En annonçant la reprise d'activités nucléaire ultra-sensibles, le régime des Mollahs défie la communauté internationale.
L'Iran défie la communauté internationale. En excluant lundi de revenir à une suspension totale d'activités nucléaires ultra-sensibles, ses dirigeants ont pris le risque de déclencher une crise majeure. Ils ont remis à l'Agence internationale de l'énergie atomique à Vienne (AIEA) une lettre indiquant la reprise «dès aujourd'hui» des travaux de conversion d'uranium, étape fondamentale de l'enrichissement nécessaire à la fabrication d'une arme atomique. «Nous avons remis la lettre annonçant la reprise de nos activités», a déclaré devant quelques journalistes un des négociateurs iraniens, Ali Agha Mohammadi, mettant ainsi fin à une série d'ultimatums et de tergiversations. Les scellés posés par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur l'usine de conversion d'uranium d'Ispahan «seront enlevés aujourd'hui en présence des inspecteurs de l'agence qui se trouvent actuellement en Iran», a déclaré Ali Agha Mohammadi. La lettre invoque également le «droit inaliénable de la République islamique» et accuse l'Union européenne d'avoir voulu faire de la suspension de telles activités un «fait accompli». «Je demande à l'Iran de continuer le processus de négociations» avec l'Union européenne (UE), a réagi l'égyptien Mohamed ElBaradei, le chef de l'AIEA dans un communiqué publié après la réception de la lettre de Téhéran.
L'Iran qui prend ainsi le risque de la rupture de ses négociations avec les Européens et d'un renvoi devant le Conseil de sécurité de l'ONU a expliqué que la décision de reprendre la conversion avait été prise à l'expiration à la mi-journée d'un dernier ultimatum communiqué à Javier Solana, le haut représentant pour la politique extérieure de l'UE. Selon Ali Agha Mohammadi, ce dernier n'a pas produit les «garanties» que le droit de l'Iran à l'enrichissement et à la conversion d'uranium serait reconnu dans des propositions de coopération que l'UE entendait soumettre à l'Iran dans les prochains jours.
L'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne (UE3), mandatées par l'UE, négocient depuis décembre avec l'Iran pour obtenir les garanties que Téhéran, suspecte après des années de dissimulations, ne fabriquerait pas l'arme nucléaire. Elles lui offrent en contrepartie une coopération nucléaire, commerciale et politique comme l'UE s'y est engagé par la signature des accords de Paris en novembre 2004. L'Iran avait depuis cette date suspendu toutes ses activités liées à l'enrichissement. Mais, après des mois de tumultueuses tractations, l'Iran a exigé que ces offres lui soient transmises d'ici au 1er août au plus tard. Le régime des mollahs a surtout très mal pris qu'elles ne semblent pas devoir lui reconnaître un droit à l'enrichissement.
Pour autant Téhéran considére que la conversion ne relève pas de l'enrichissement et «maintiendra la suspension volontaire de toutes ses activités liées à l'enrichissement», dit le texte. La République islamique laisse entendre que l'enrichissement lui-même recommencera à terme mais assure «qu'aucun effort n'est négligé pour parvenir à une reprise négociée». Elle se dite même prête à poursuivre «dans la bonne foi» les négociations avec l'UE.
Les Européens pour leur part n'ont pas caché qu'ils voulaient obtenir un renoncement permanent des Iraniens à ces activités ultra-sensibles. Et la reprise de la conversion constitue une rupture de l'accord existant, selon plusieurs diplomates. L'UE, qui s'était opposée jusqu'alors aux Etats-Unis sur le recours au Conseil de sécurité, devrait demander une réunion d'urgence de l'AIEA. «Nous espérons que de nouveaux pas ne seront pas franchis dans les jours prochains qui mettraient en danger une solution négociée», a indiqué dans l'après-midi un porte-parole de la Commission européenne. «Le gouvernement allemand exige de l'Iran qu'il ne fasse pas de geste unilatéral qui enfreindrait l'accord conclu à Paris», a demandé Jens Plötner, porte-parole du ministère des Affaires étrangères allemandes. Quant à la France, elle s'est dite «surprise» et «préoccupée» par une action qui ne revêt «aucune justification économique ou technique».
Interrogé sur la position des Etats-Unis
à leur égard, l'Iran n'a pas caché ses craintes
d'une tension ravivée avec l'administration de George W
Bush. «Nous sentons qu'il y a des menaces, des changements
de positionnement de leurs forces, a déclaré Ali
Agha Mohammadi. Nous ne sommes pas indifférents à
ces menaces», a-t-il ajouté, même si «nous
connaissons les limites des capacités militaires américaines».
Mais, conclut-il, «de telles menaces ne peuvent nous détourner
de notre chemin».
NouvelObs, 1/08/05:
Iran: Chronologie des démêlés avec la communauté internationale
L'annonce par l'Iran de la reprise de la
conversion d'uranium, lundi 1er août, est le dernier épisode
en date des démêlés de la République
islamique avec la communauté internationale, dont voici
les principales étapes :
2002
- 12-13 décembre : Des
photos satellites diffusées par les télévisions
américaines révèlent l'existence de deux
sites nucléaires à Arak (sud-ouest de Téhéran)
et à Natanz (centre) qui peuvent, selon les médias
américains, avoir une finalité militaire. L'Iran
accepte une inspection de l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA), l'agence de sûreté nucléaire
des Nations unies.
2003
- 9 février : Le président iranien, Mohammad
Khatami, annonce que son pays produira son propre combustible
nucléaire pour ses futures centrales civiles.
- 21 février : Visite à Téhéran
du directeur général de l'AIEA, Mohammed ElBaradei,
pour vérifier que le programme nucléaire iranien
est à vocation civile et qu'il ne dissimule pas la mise
au point d'une bombe atomique.
- Février à mai : Séries d'inspections
de l'AIEA.
- 19 juin : L'AIEA demande à l'Iran d'appliquer
un protocole additionnel au Traité de non-prolifération
nucléaire (TNP) devant permettre des inspections inopinées
et approfondies de ses sites nucléaires.
- 26 août : Un rapport de l'Onu fait état
de traces types d'uranium hautement enrichi découverts,
non nécessaires pour des programmes civils.
- 12 septembre : L'AIEA donne à l'Iran jusqu'au
31 octobre pour prouver qu'il ne met pas au point l'arme nucléaire.
Téhéran rejette cet ultimatum.
- 21 octobre : A l'issue d'une visite sans précédent
des ministres français, allemand et britannique des Affaires
étrangères, l'Iran accède à toutes
les exigences de l'AIEA: coopération "totale"
avec l'agence, contrôle renforcé de ses activités
nucléaires, suspension de l'enrichissement d'uranium et
engagement à signer le protocole additionnel au TNP.
- 10 novembre : Un rapport interne de l'AIEA estime qu'"actuellement,
il n'y a pas de preuve que l'Iran met au point l'arme nucléaire".
Les Etats-Unis réfutent cette conclusion.
- 26 novembre : L'AIEA adopte une résolution stigmatisant
le régime islamique pour avoir manqué à ses
obligations.
- 18 décembre : Téhéran signe à
Vienne le protocole additionnel au TNP.
2004
- 4 avril : L'Iran dément posséder des sites
nucléaires secrets et soutient que la mise en service expérimentale
du site de conversion d'uranium d'Ispahan (centre) ne viole pas
ses engagements.
- 1er juin : L'AIEA affirme avoir découvert en Iran
de nouvelles traces d'uranium enrichi à un taux supérieur
aux besoins civils. Le 18, l'agence adopte une résolution
qui critique sévèrement les omissions de l'Iran.
- 1er septembre : Un rapport de l'AIEA s'inquiète
de l'intention déclarée de Téhéran
de procéder à des tests directement liés
à l'enrichissement d'uranium.
- 18 sept: L'AIEA réclame la suspension de toutes
ses activités liées à l'enrichissement d'uranium.
- 21 septembre: L'Iran annonce avoir commencé la
conversion de 37 tonnes de minerai d'uranium.
- 15 novembre : Par l'accord de Paris, l'Iran accepte de
suspendre ses activités d'enrichissement contre une promesse
européenne pour une coopération nucléaire,
commerciale et politique.
- 22 novembre : Entrée en vigueur de la suspension
de l'enrichissement d'uranium.
- 30 novembre : L'Iran déclare qu'il reprendra à
terme l'enrichissement auquel il "ne renoncera jamais".
- 13 décembre : Ouverture de négociations
avec l'UE-3 (France, Allemagne et Grande-Bretagne).
2005
- 13 février : L'Iran refuse de renoncer à
la construction d'un réacteur à eau lourde susceptible
d'être utilisé à des fins militaires, malgré
une proposition européenne d'offrir à Téhéran
un réacteur à eau légère.
- 23 mars : Selon des sources diplomatiques, les Iraniens
proposent une reprise de l'enrichissement à une échelle
restreinte aux Européens, qui exigent néanmoins
un renoncement permanent de Téhéran à cette
technique.
- 30 avril : L'Iran annonce qu'il pourrait reprendre dans
les prochains jours la conversion d'uranium à l'usine d'Ispahan,
préalable à l'enrichissement.
- 11 mai : Les Européens mettent en garde l'Iran
contre une reprise de ses activités nucléaires sensibles
qui "mettrait fin au processus de négociations",
le Premier ministre britannique Tony Blair menaçant même
de saisir le Conseil de sécurité de l'Onu.
- 19 mai: Téhéran prévient que sa
décision est "irréversible".
- 25 mai : Les Iraniens acceptent, avant toute autre décision,
que l'Europe lui soumette des "propositions détaillées"
de coopération d'ici à début août.
- 27 juillet : Selon le président Khatami, l'Iran
va reprendre certaines activités nucléaires ultra-sensibles,
quelles que soient les contreparties que l'UE lui offrira.
- 1er août : L'Iran annonce qu'il informera formellement
dans la journée l'AIEA de sa décision de reprendre
la conversion d'uranium.
Le Monde, 1/08/05:
Prise de court par l'annonce de Téhéran, l'Union
européenne affirme "maintenir le cap"
1/08/2005 - La plus haute instance de la sécurité iranienne a annoncé que Téhéran a informé l'Agence internationale à l'énergie atomique (AIEA), lundi, de sa décision de reprendre certaines de ses activités nucléaires.
L'Iran a demandé à l'AIEA d'ordonner à ses inspecteurs en Iran de briser les scellés qui avaient été posés sur les accès à l'usine de conversion nucléaire d'Ispahan afin que les techniciens puissent relancer le retraitement de l'uranium, a précisé Ali Agha Mohammadi, porte-parole du Conseil suprême de la sécurité nationale, à la radio iranienne.
Le retraitement de l'uranium est l'étape juste avant l'étape d'enrichissement d'uranium qui, elle, reste gelée, selon ce porte-parole. Peu avant cette annonce, le président du Parlement iranien avait averti que les négociateurs européens n'avaient plus que quelques heures pour soumettre leurs propositions à l'Iran avant que Téhéran ne reprenne certaines de ses activités nucléaires qui étaient gelées depuis novembre dernier.
Une telle initiative pourrait conduire l'Union européenne à faire comparaître l'Iran devant le Conseil de sécurité des Nations unies alors que Washington exige une sanction à l'encontre de l'Iran sur son programme nucléaire.
Gholam Ali Hadad Adel avait souligné que l'heure limite de 17h00 locales (12h30 GMT) constituait «l'occasion finale» pour l'UE de soumettre sa liste d'incitations visant à persuader l'Iran de geler de manière permanente son programme d'enrichissement d'uranium.
"Les Européens ont jusqu'à 17h00 aujourd'hui pour soumettre leurs propositions", avait-il dit aux journalistes. "A cette échéance, l'Iran prendra sa décision sur le redémarrage d'une partie de ses activités nucléaires".
Dimanche, l'Union européenne avait rejeté l'ultimatum de l'Iran. Une telle décision serait «inutile et préjudiciable», avait souligné la Grande-Bretagne qui assure la présidence tournante de l'Union européenne et fait partie avec la France et l'Allemagne de la «troïka» négociant au nom des Vingt-Cinq.
Les Européens, avait ajouté un porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères, ont adressé une lettre au principal négociateur iranien, Hassan Rohani, pour confirmer qu'un ensemble de propositions détaillées en vue de sortir de la crise serait transmis à l'Iran dans un délai d'une semaine.
TEHERAN (31 juillet 2005) - L'Union européenne a proposé à
L'Iran un pacte de non-agression en échange de l'arrêt
complet de ses activités d'enrichissement de l'uranium,
a déclaré le principal négociateur iranien
Hassan Rouhani, cité dimanche par l'agence officielle Irna.
La proposition en cours de discussion avec l'UE comporte plusieurs
points importants, notamment des «garanties sur l'intégrité,
l'indépendance, la souveraineté nationale de l'Iran»
et un pacte de »non-agression envers l'Iran», ajoute
l'agence.
»Si l'Europe fait preuve d'une sérieuse volonté
politique concernant le cycle du combustible nucléaire
iranien, il y aura alors une possibilité d'accord»,
a poursuivi M. Rouhani dans une lettre au président sortant
iranien Mohammad Khatami. Celui-ci avait annoncé mercredi
que Téhéran allait reprendre certaines de ses activités
de retraitement nucléaire.
L'enrichissement est un processus essentiel dans le cycle nucléaire.
L'uranium enrichi à un faible niveau est utilisé
dans les centrales nucléaires comme combustible. La chaleur
dégagée alimente des turbines à vapeur produisant
de l'électricité. Un enrichissement supérieur
rend l'uranium utilisable pour la fabrication d'armes nucléaire.
Téhéran a accepté de donner des garanties
quant à l'arrêt de ses activités d'enrichissement
mais les négociations n'ont que peu progressé dans
la mesure où l'Union européenne exige un gel permanent
de ces activités. Téhéran fait valoir que
son programme nucléaire est destiné à des
fins civiles.
RFI, le 28/07/2005:
Téhéran hausse le ton
TEHERAN (17 juillet 2005) - Les Européens pourraient demander plusieurs mois de délai aux Iraniens pour conclure un accord définitif sur le nucléaire, mais l'Iran pourrait reprendre rapidement certaines activités ultra-sensibles, a déclaré dimanche un négociateur à Irna. Dans les propositions que l'Iran attend d'ici au mois d'août, l'Europe pourrait offrir à la République islamique de coopérer à la construction des centrales nucléaires iraniennes et de garantir son approvisionnement en combustible, a dit Hossein Moussavian à l'agence officielle. Mais si, en retour, les Européens insistent sur le maintien d'une suspension totale des activités iraniennes d'enrichissement d'uranium, "nous la refuserons catégoriquement", a-t-il dit. "Nous poursuivrons les négociations car nous sommes à deux doigts du but", c'est-à-dire un accord, a-t-il déclaré. "Mais la poursuite de la suspension dans les conditions actuelles n'est pas possible, et si les Européens ne l'acceptent pas, nous reprendrons nos activités (de conversion d'uranium) à l'usine d'Ispahan" (centre), a-t-il prévenu. Selon M. Moussavian, les Européens pourraient demander aux Iraniens de maintenir une suspension totale, "le temps qu'ils se familiarisent avec le nouveau gouvernement" du président ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad, qui prendra ses fonctions le 3 août, "et qu'ils prennent connaissance de la nouvelle politique iranienne pour conclure un accord définitif après plusieurs mois de négociations avec une nouvelle équipe". Contredisant le ministre des Affaires étrangères Kamal Kharazi, M. Moussavian laisse ainsi clairement entendre que l'équipe qui négocie depuis deux ans avec les Européens devrait changer avec M. Ahmadinejad. L'Iran négocie avec l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne un accord par lequel la République islamique garantirait la vocation purement civile de son programme nucléaire, en échange d'une coopération technologique, commerciale et politique. Les Européens essaient de convaincre les Iraniens, qui ont suspendu leurs activités d'enrichissement, d'y renoncer de manière permanente. C'est pour eux la garantie la plus probante. L'enrichissement, qui produit le combustible pour les centrales civiles, peut être détourné pour fabriquer l'arme nucléaire. [Remarque: le plus facile pour faire des bombes atomiques c'est d'utiliser du Plutonium, utiliser l'autre filière (enrichissement de l'Uranium) est plus lourd, plus long et beaucoup moins discret...] L'Iran n'a cessé de proclamer qu'il reprendrait l'enrichissement. Berlin, Paris et Londres ont prévenu Téhéran qu'ils soutiendraient le recours au Conseil de sécurité de l'Onu si l'Iran recommençait l'enrichissement, ou même la conversion, son préalable. En mai, l'Iran a accepté, avant toute autre décision, que l'Europe lui soumette d'ici à août des propositions concrètes de coopération. En dehors des propositions de coopération politique, sécuritaire ou commerciale et de la reconnaissance de l'Iran comme source primordiale d'approvisionnement énergétique de l'UE, les Européens pourraient "surmonter les obstacles des 25 dernières années, coopérer pour la première fois aux centrales nucléaires en Iran et donner des garanties internationales pour la fourniture de combustible nucléaire à l'Iran", a dit M. Moussavian. "Si mes prévisions sont justes, une nouvelle page s'ouvrira dans les relations entre l'Iran, l'Europe et la communauté internationale", a-t-il dit. Il a envisagé que les Européens reconnaissent un droit à l'enrichissement que les Iraniens pourraient exercer progressivement sur plusieurs années mais à une échelle réduite. Si ce droit n'est pas reconnu, "la situation risque de devenir difficile pour l'Iran et l'Europe", a-t-il mis en garde tout en se déclarant "optimiste". Les Européens, eux, cachent à peine leur pessimisme. "L'Iran est prêt à faire preuve de souplesse, à condition que les négociations ne durent pas et qu'une partie du travail reprenne à Ispahan", a dit M. Moussavian. Il a souligné l'importance de la négociation pour les deux parties: "Sans ces négociations depuis deux ans, nous aurions été dans une situation de crise". Pour l'Iran, la signature d'importants contrats pétroliers et gaziers avec l'Inde, la Chine, le Pakistan ou les Emirats "n'aurait pas été possible".
12/07/2005 - L'Iran
reprendra très prochainement l'enrichissement d'uranium
et rejettera toute proposition européenne qui ne reconnaîtrait
pas son droit à mener cette activité nucléaire
ultra-sensible, ont déclaré les négociateurs
iraniens au quotidien Kayhan de mardi. "J'estime que la fin
de la suspension est très proche, et les Européens
doivent tenir leurs engagements", a dit Hossein Moussavian
au journal ultra-conservateur. "Les Européens se sont
peut-être imaginé des choses après la présidentielle"
et la victoire de l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, "mais
ils savent que si leur proposition ne comprend pas l'enrichissement
d'uranium, l'Iran la rejettera", a déclaré
le chef de l'équipe de négociateurs Cyrus Nasseri.
L'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne tentent d'obtenir
de l'Iran les garanties que ses activités nucléaires
restent purement civiles. Un renoncement permanent à l'enrichissement
constitue à leurs yeux la garantie la plus probante. L'enrichissement
fournirait le combustible aux futures centrales civiles iraniennes,
mais les Occidentaux redoutent un détournement de technologie
pour fabriquer l'arme nucléaire. [Remarque: le plus facile pour faire des bombes atomiques
c'est d'utiliser du Plutonium, utiliser l'autre filière
(enrichissement de l'Uranium) est plus lourd, plus long et beaucoup
moins discret...]
Les Européens offrent aux Iraniens une coopération
nucléaire, commerciale et politique en échange d'un
renoncement à l'enrichissement. L'Iran a accepté
en novembre de suspendre l'enrichissement mais a toujours exclu
un abandon définitif. Les négociations ont été
près de capoter en mai. Les Iraniens qui menaçaient
de reprendre une partie de l'enrichissement ont accepté
de surseoir en attendant que les Européens leur présentent
d'ici à août des propositions concrètes et
détaillées de coopération. "Si ces propositions
reconnaissent le droit légitime de l'Iran à l'enrichissement,
nous poursuivrons le processus, dans le cas contraire nous n'accepterons
pas de continuer", a dit M. Moussavian à Kayhan. "Nos
ennemis sont déterminés à priver l'Iran de
la technologie nucléaire civile (...) Mais les Européens
ne doivent pas croire qu'ils peuvent anéantir la détermination
iranienne (...) S'ils commettent cette erreur, la seule chose
qui arrivera, c'est que nos jeunes se rangeront aux côtés
de leurs pères révolutionnaires pour résister
aux demandes exorbitantes de l'Occident", a déclaré
un autre négociateur, Ali Agha-Mohammadi.
Les Européens s'inquiètent qu'avec l'élection
à la présidence de M. Ahmadinejad, le dialogue et
la suspension de l'enrichissement ne soient remis en cause. Cette
inquiétude est renforcée par l'incertitude sur l'avenir
du dirigeant en charge du nucléaire, le modéré
Hassan Rohani. "Certaines inquiétudes n'ont (...)
pas lieu d'être. Nous suivrons la même voie avec le
prochain gouvernement qu'avec celui de M. (Mohammad) Khatami",
a répondu le ministre des Affaires étrangères
Kamal Kharazi. "Les politiques générales du
pays sont décidées par le Guide suprême et
les différents gouvernements les appliquent, le nucléaire
fait partie de ces politiques générales", a-t-il
dit en recevant les ambassadeurs étrangers en poste à
Téhéran. Personne ne peut forcer l'Iran à
renoncer à son "droit absolu" au nucléaire
à des fins civiles, a-t-il insisté.
Les Européens commettraient une "erreur stratégique"
en pensant que la diplomatie nucléaire sera "bouleversée",
a abondé dans Kayhan Mohammad Saïdi, vice-président
de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique. "Le
nouveau président est informé de tous les détails
du dossier. La voie est très difficile" et le nouveau
gouvernement entame son action par un "test important",
a dit M. Nasseri. Devant l'ampleur du défi et le risque
d'une "crise grave" dès son entrée en
fonctions, Kayhan suggère au nouveau président de
désigner un "représentant spécial"
pour le nucléaire. "Les Européens vont peut-être
demander plus de temps pour mieux connaître le nouveau gouvernement
iranien", a dit M. Nasseri. M. Ahmadinejad prend officiellement
ses fonctions le 3 août.
MOSCOU (25 juin 2005) - Le président russe Vladimir Poutine a félicité samedi le président-élu iranien Mahmoud Ahmadinejad, ajoutant que Moscou était prêt à poursuivre sa coopération nucléaire avec l'Iran, dans le cadre des accords internationaux. "La construction de la centrale nucléaire de Bushehr (menée par les Russes, NDLR) est presque terminée, et nous sommes prêts à poursuivre la coopération avec l'Iran dans le domaine de l'énergie nucléaire, dans le respect de nos obligations en matière de non-prolifération , et à trouver une solution politique acceptable pour tous", écrit-il dans une lettre à Mahmoud Ahmadinejad rendue publique par le Kremlin. Moscou, dont le contrat de 800 millions de dollars pour la construction du réacteur de Bushehr inquiète Washington, a offert à l'Iran de construire d'autres réacteurs. Bushehr devrait devenir opérationnel d'ici la fin 2006. Mais en février dernier, les Russes ont exigé et obtenu des Iraniens un accord obligeant Téhéran à renvoyer en Russie la matière fissile utilisée par la centrale, de l'uranium enrichi. Et ce afin d'éviter son détournement à des fins militaires. Tout en défendant sa coopération nucléaire avec l'Iran, Moscou exhorte Téhéran à faire preuve de transparence et à se soumettre aux inspection de la communauté internationale.
TEHERAN (5 juin 2005) - Les Iraniens ont posé leurs conditions pour
accepter de maintenir jusqu'à fin juillet la suspension
d'activités sensibles, dans le souci de ne pas laisser
les Européens jouer la montre et retarder la progression
de leur programme nucléaire.La République islamique
réclame de coopérer à l'élaboration
des propositions que l'Europe s'est engagée à lui
faire d'ici à fin juillet pour tenter de convaincre l'Iran
de ne pas reprendre les activités d'enrichissement de l'uranium,
a dit dimanche à l'agence officielle, Irna, Ali Agha Mohammadi,
un des négociateurs iraniens.
Pour sauver un dialogue ayant pour l'instant évité
le recours au Conseil de sécurité de l'Onu, les
trois ministres allemand, britannique et français des Affaires
étrangères, au nom de l'Union européenne
(UE), ont proposé le 25 mai aux Iraniens de leur faire
d'ici à fin juillet des propositions de coopération
concrètes et détaillées, en échange
desquelles les Iraniens maintiendraient la suspension des activités
d'enrichissement de l'uranium.
Le dirigeant iranien en charge du nucléaire, Hassan Rohani,
était reparti de Genève en disant qu'il devait soumettre
cette offre au pouvoir.
Les propos d'Ali Agha Mohammadi sont la réponse officielle
du pouvoir à l'offre européenne. Ils confirment
des informations obtenues de sources diplomatiques auprès
de l'Agence internationale de l'énergie atomique à
Vienne. "L'Iran a accepté la proposition européenne
et l'Europe a jusqu'à fin juillet pour soumettre une offre
complète et détaillée (...), à condition
que les trois groupes de travail et le comité de pilotage
se réunissent et qu'il y ait un échange entre les
ministres européens des Affaires étrangères
et (M. Rohani) afin que la proposition européenne soit
conforme aux objectifs qui seront convenus", a-t-il déclaré.
Les groupes de travail et le comité de pilotage qui les
chapeaute travaillent à un accord à long terme par
lequel les Iraniens fourniraient des "garanties objectives"
que leurs activités nucléaires restent purement
civiles, en échange d'une coopération nucléaire
et technologique, commerciale et politique.
Pour les Européens, alarmés par 18 années
de dissimulations, un tel accord n'est possible que si les Iraniens
renoncent définitivement à l'enrichissement, seule
garantie probante à leurs yeux que le programme nucléaire
de la République islamique n'est pas détourné
pour fabriquer l'arme nucléaire.
Se disant mécontents des résultats des tractations
engagées en décembre 2004, les Iraniens ont annoncé
le 30 avril leur intention de reprendre une partie des activités
relatives à l'enrichissement, qu'ils avaient accepté
de suspendre en novembre.
Les Européens les ont prévenus qu'ils n'auraient
alors d'autre choix que de soutenir un recours au Conseil de sécurité,
prôné depuis des mois par les Américains.
Le dialogue a été sauvé in extremis le 25
mai à Genève.
Mais les Iraniens accusent les Européens de seulement chercher
à gagner du temps pour que dure la suspension de l'enrichissement.
Ils ont refusé à Genève que les Européens
présentent leurs propositions en septembre.
Une majorité de députés a réclamé
la semaine passée l'application rapide d'une loi récente
forçant le gouvernement iranien à garantir la production
de combustible nucléaire, donc l'enrichissement d'uranium.
Ali Agha Mohammadi a redit implicitement la volonté iranienne
de mener à bien son programme: "Les deux parties doivent
faire des propositions conformes avec les principaux objectifs
de l'accord de Paris", par lequel l'Iran acceptait en novembre
de suspendre l'enrichissement, contre l'ouverture de négociations
de coopération, afin que "les installations nucléaires
de la République islamique entrent en service de manière
convenable".
Il a conseillé aux Européens de ne pas "laisser
passer cette occasion afin que nous ne revenions pas au point
de départ".
TEHERAN (28 mai 2005) - Le Conseil des gardiens de la Révolution en Iran a donné samedi son feu vert à une loi obligeant le pays à développer sa technologie nucléaire, dont l'enrichissement d'uranium, rapporte la radio officielle. Le Parlement iranien avait adopté la loi le 15 mai, mais chaque loi doit être soumise au Conseil des gardiens, instance ultra-conservatrice, avant d'entrer en vigueur. L'adoption de la loi n'oblige pas le gouvernement de Téhéran a reprendre immédiatement l'enrichissement d'uranium, mais requiert qu'il poursuive son programme nucléaire, alors même que l'Iran, accusé par les Etats-Unis de vouloir développer des armes nucléaires, fait l'objet de pressions internationales pour le limiter. La loi demande au gouvernement de développer un cycle de fabrication d'énergie nucléaire, ce qui nécessiterait la reprise de l'enrichissement d'uranium, une perspective critiquée par les Etats-Unis et l'Europe car cette activité peut aussi servir à développer des armes nucléaires. Sous la pression internationale, l'Iran a suspendu en novembre l'enrichissement d'uranium. Téhéran maintient que son programme nucléaire est pacifique et uniquement destiné à un usage civil pour la production d'électricité. La nouvelle loi apparaît destinée à renforcer la position du gouvernement iranien dans les négociations avec la troïka européenne (Allemagne, France et Grande-Bretagne), lui permettant de mettre en avant des pressions intérieures. De nouvelles négociations doivent avoir lieu à l'été.
TEHERAN (22 mai 2005) - Les Iraniens ont mis en garde dimanche les Européens de ne pas les pousser à dénoncer leurs engagements internationaux sur le nucléaire en soutenant la saisine du conseil de sécurité de l'Onu si une prochaine réunion de crise se solde par un échec. "Nous avons pris les dispositions nécessaires, le Conseil de sécurité ne nous fait pas peur", a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères Hamid Reza Assefi devant la presse. "Cela signifierait qu'un problème qui aurait pu être résolu par la négociation est devenu une crise dont les Européens n'ont pas le contrôle, la République islamique n'aura plus alors aucune obligation, ni aucun engagement, et prendra des décisions unilatérales", a-t-il prévenu.
L'Iran est signataire du Traité de non-prolifération et, depuis décembre 2003, de son protocole additionnel qui soumet ses activités nucléaires à un contrôle international renforcé. Mais les plus durs en Iran prônent un désengagement iranien en représailles aux pressions internationales. Or la menace d'un dénouement de la querelle nucléaire devant le conseil de sécurité a rarement été aussi forte que depuis que l'Iran a annoncé, le 30 avril, une reprise d'activités relatives à l'enrichissement d'uranium. Pour ne pas en arriver là, les ministres allemand, britannique et français des Affaires étrangères et le dirigeant iranien en charge du nucléaire, Hassan Rohani, se rencontreront mercredi à Genève à l'ambassade d'Iran, a dit M. Assefi. Cette réunion a été qualifiée de celle de "la dernière chance" par les Iraniens eux-mêmes. Mais les Iraniens "n'ont rien à dire" au cours de cette rencontre et s'y rendront pour "entendre ce qu'ils (les Européens) ont à dire", a déclaré M. Assefi. La volonté européenne de voir l'Iran renoncer à l'enrichissement est "inacceptable" et la décision iranienne de reprendre la conversion, en amont de l'enrichissement, est "irréversible", a-t-il dit. M. Assefi a expliqué que la réunion de mercredi avait lieu à l'instigation des Européens et que c'était à leur demande que le redémarrage de l'usine de conversion d'Ispahan avait été retardé. "Nous considérons la voie des négociations comme la meilleure (...), mais la décision en ce qui concerne Ispahan est irréversible et nous allons reprendre", a-t-il dit. C'est précisément cette décision qui menace les pourparlers.
Les Européens ont obtenu en novembre une suspension par les Iraniens de toutes les activités relatives à l'enrichissement, y compris la conversion. Les Européens, alarmés comme une grande partie de la communauté internationale par 18 années de dissimulations des Iraniens, veulent obtenir un renoncement à l'enrichissement, seule garantie probante pour eux que la République islamique ne fabrique pas l'arme nucléaire [Remarque: le plus facile pour faire des bombes atomiques c'est d'utiliser du Plutonium, utiliser l'autre filière (enrichissement de l'Uranium) est plus lourd, plus long et beaucoup moins discret...]. Ils offrent en contrepartie une coopération nucléaire, commerciale et politique. Mais les Iraniens sont mécontents de l'état des travaux et, le 30 avril, ont annoncé le redémarrage imminent d'Ispahan.
Les Européens ont prévenu les Iraniens qu'une telle initiative "mettrait un terme au processus de négociations" et qu'ils n'auraient d'autre choix que de soutenir le recours au conseil de sécurité, préconisé depuis des mois par les Etats-Unis. L'Iran a indiqué samedi "examiner une proposition" russe qui lui permettrait de recommencer le travail à Ispahan. Selon le négociateur Cyrus Nasseri, Moscou a proposé à Téhéran d'utiliser l'uranium qui serait converti à Ispahan pour l'enrichir en Russie et le réexpédier ensuite en Iran pour servir de combustible à la future centrale nucléaire de Bouchehr (sud). Ainsi l'Iran ne procèderait pas lui-même à l'enrichissement proprement dit, susceptible d'être détourné pour fabriquer l'arme nucléaire.
Mais, a précisé M. Assefi, il ne s'agissait que d'une idée russe parmi d'autres et il n'a jamais été question que l'Iran renonce à faire fonctionner à terme son usine d'enrichissement de Natanz (centre). "Nous n'étudions même pas" cette idée, a dit M. Assefi.
TEHERAN (19 mai 2005,) - L'Iran a annoncé mercredi qu'il était
prêt à supporter d'éventuelles sanctions économiques
des Nations unies plutôt que de renoncer à sa technologie
nucléaire, alors que reprendront mardi les négociations
entre Téhéran les trois pays représentant
l'Union européenne (France, Allemagne, Grande-Bretagne).
L'UE a déjà menacé l'Iran de porter le dossier
de son programme nucléaire au Conseil de sécurité
de l'ONU en vue d'éventuelles sanctions économiques
si Téhéran reprenait ses activités de traitement
de l'uranium, une des premières étapes pouvant conduire
à la fabrication d'une bombe nucléaire.
Le ministre israélien
des Affaires étrangères Silvan Shalom, en visite
en Allemagne, a d'ailleurs appelé mercredi à une
réunion du Conseil de sécurité consacrée
au nucléaire iranien, estimant que Téhéran
"ne renoncera jamais à son projet de bombe nucléaire".
Le vice-président iranien Gholamreza Aghazadeh a rejeté
mercredi soir une telle éventualité. "Nous
ne souhaitons pas être la cible de sanctions. Nous ne souhaitons
pas aller au Conseil de sécurité de l'ONU",
a-t-il déclaré sur à la télévision
publique. "Mais, si cela arrivait, l'ordre établi
et le peuple (...) paieront le prix des sanctions, mais, à
mon avis, ne renonceront pas à ces activités",
a-t-il précisé".
Le vice-président
iranien a également affirmé que Téhéran
avait clairement fait savoir à la troïka européenne
qu'il ne renoncerait pas à la technologie nucléaire
qu'il avait réussi à maîtriser et que celle-ci
était "irréversible".
Volker Ruehe, président de la commission des Affaires étrangères
au Parlement allemand, a annoncé mardi que les négociations
entre l'Iran et les trois pays européens reprendraient
mardi à Paris.
Le Figaro, 13/05/2005 :
Malgré de nouvelles mises en garde européennes, les dirigeants iraniens veulent reprendre bientôt l'enrichissement de l'uranium
L'Iran, en pleine campagne électorale pour la présidentielle du 17 juin, a confirmé hier qu'il entendait reprendre bientôt ses activités nucléaires sensibles, malgré les mises en garde des Européens contre les «conséquences» d'une telle démarche. Dans une lettre aux dirigeants iraniens, les trois pays qui négocient avec Téhéran au nom de l'Union européenne (France, Grande-Bretagne et Allemagne) ont proposé une nouvelle réunion à quatre «dans un avenir proche». Ils ont rappelé à l'Iran «les conséquences qu'il y aurait à reprendre des activités de conversion» de l'uranium. La conversion est une étape vers l'enrichissement, et l'uranium hautement enrichi peut servir à l'énergie civile mais aussi à fabriquer la bombe atomique. Les Etats-Unis ont affirmé de leur côté qu'ils continuaient de soutenir les efforts diplomatiques européens vis-à-vis de l'Iran.
Réunis depuis le début du mois à New York, les 188 pays qui participent à la conférence d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) se seraient bien passés de ça. Déjà confrontés à une crise majeure avec la Corée du Nord, qui a annoncé avoir franchi une nouvelle étape dans la fabrication de la bombe atomique et menace d'effectuer un essai nucléaire, ils ont assisté hier à la dégradation de l'autre point chaud de la conférence, le dossier iranien.
La crise, qui couvait depuis des semaines, s'est aggravée lorsque Téhéran a fait part de sa décision de reprendre de manière imminente ses activités de conversion nucléaire. L'Iran, qui examine encore «les conditions et le moment» de cette reprise, a affirmé qu'elle aurait d'abord lieu dans la centrale d'Ispahan, au centre du pays.
Après avoir dissimulé pendant dix-huit ans les aspects potentiellement militaires de son programme nucléaire, l'Iran a signé en décembre 2003 le protocole additionnel du TNP, se pliant ainsi à un contrôle renforcé de ses activités et à des inspections surprises menées par les experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Menacé de voir son dossier transmis au Conseil de sécurité des Nations unies, en vue d'éventuelles sanctions internationales, Téhéran a accepté en novembre 2004 de suspendre ses activités de conversion. Il a obtenu en échange l'ouverture de négociations avec trois pays de l'Union européenne (UE), la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne. Pour la troïka européenne, il s'agissait d'obtenir, par la voie diplomatique, des «garanties objectives» sur le caractère civil du programme nucléaire iranien. En retour, l'UE offrait à l'Iran des mesures d'incitations économiques et politiques.
Mais dès le début, les dés étaient pipés et le désaccord, fondamental. Pour les Occidentaux, qui affrontent avec l'Iran un pays dissimulateur dans lequel ils n'ont guère confiance, seul le renoncement permanent à l'enrichissement peut garantir le caractère pacifique du programme nucléaire iranien. Téhéran a toujours refusé cette exigence. L'Iran a un «droit légitime» à acquérir la technologie nucléaire, a encore répété hier le ministre iranien des Affaires étrangères. Le problème, c'est que l'enrichissement destiné à fabriquer du combustible pour les centrales nucléaires civiles peut également servir à la construction des bombes atomiques. C'est une simple question d'intensité d'enrichissement.
Reconnu par le TNP, à condition qu'il s'effectue sous strict contrôle de l'AIEA, le droit d'enrichir de l'uranium pour un programme nucléaire pacifique, destiné à fournir de l'électricité, est en pratique peu utilisé. La plupart des pays ont en effet recours à des importations d'uranium auprès des pays producteurs.
La crise iranienne est en tout cas un nouveau revers pour la diplomatie européenne. Pour l'AIEA, qui espère toujours un accord de dernière minute, comme pour la troïka européenne, qui mène depuis plusieurs mois les difficiles pourparlers avec Téhéran, la reprise des activités nucléaires iraniennes entraînerait une rupture immédiate des négociations.
Après avoir longtemps traîné des pieds, le président américain George W. Bush a fini par soutenir les efforts de la troïka depuis février. Mais sur le fond, Washington a toujours cru que les prétentions iraniennes de produire de l'électricité grâce au nucléaire civil ne sont qu'un paravent qui cache une intention de fabriquer des bombes atomiques. Laquelle intention risque fort de résister aux pressions diplomatiques. L'Administration américaine, si elle avait agi seule, aurait sans doute déjà transmis le dossier iranien au Conseil de sécurité de l'ONU.
Si Téhéran met sa menace à exécution, la troïka européenne sera sans doute obligée de s'aligner sur la position américaine et d'en appeler au Conseil de sécurité, qui pourrait décider de sanctions, si toutefois la Chine et la Russie, qui toutes deux ont des intérêts en Iran, n'y mettaient pas leur veto. C'est en tout cas la menace qu'a laissé planer hier le premier ministre britannique, Tony Blair, au cas où l'Iran «violerait ses obligations» dans le domaine nucléaire. Dans une lettre remise aux dirigeants iraniens, les trois grands pays européens ont mis en garde l'Iran contre «les conséquences» d'une reprise des activités de conversion nucléaires.
Reste à savoir si les menaces proférées par Téhéran sont ou non un bluff. Selon les analystes politiques, l'ancien dirigeant Akbar Hashemi Rafsandjani, candidat à l'élection présidentielle du mois prochain, dont les alliés mènent les négociations avec l'UE, profiterait, dans les sondages, de la recrudescence des tensions entre l'Iran et la troïka européenne.
S'exprimant en marge de la conférence d'examen du TNP à New York, le directeur général de l'AIEA, Mohamed ElBaradeï, a tiré la sonnette d'alarme. Quelle que soit l'issue de la crise iranienne, le monde, a-t-il dit en substance, court à la catastrophe si on ne restreint pas rapidement l'accès à la technologie nucléaire militaire. Il estime que d'ici 10 ou 20 ans de nombreux pays risquent de devenir des puissances nucléaires virtuelles. «C'est le meilleur moyen, prévient-il, d'aboutir à notre autodestruction.»
Isabelle Lasserre
TEHERAN (9 mai 2005) -
L'Iran a confirmé lundi avoir converti 37 tonnes d'uranium
brut en un gaz utilisé pour l'enrichissement, peu avant
de suspendre l'an dernier toutes ses activités dans ce
domaine. Mohammad Saeedi, numéro
deux de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique,
a précisé que les autorités de son pays avaient
effectué cette opération dans une installation nucléaire
du centre de l'Iran soupçonnée par Washington d'être
une composante du programme iranien de production d'armes atomiques.
"Nous avons converti les 37 tonnes de concentré
d'uranium connu sous l'appellation de 'yellowcake' en gaz UF-4
au centre de transformation de l'uranium d'Isfahan avant d'y suspendre
nos activités", a expliqué M. Saeedi.
Enrichi à un niveau limité, l'uranium peut être
utilisé comme combustible pour un réacteur nucléaire
servant à produire de l'électricité. A un
niveau élevé, il devient utilisable à des
fins militaires.
Le Monde, 09/05/2005:
Téhéran va "relancer
les installations de conversion d'uranium à Ispahan",a
indiqué lundi l'Iran. Ce pays reprendra d'autres activités
dans le nucléaire "si les Européens ne prennent
pas en compte ses propositions". L'Iran avait suspendu en
novembre 2004 ses activités d'enrichissement en contrepartie
de coopération avec les Européens. Les Iraniens
sont mécontents de la nouvelle séance de négociations
qu'il ont eu avec les européens le 29 avril à Londres.
Pour les Européens, une telle reprise des recherches iraniennes
serait synonyme d'une rupture des tractations. Ils devraient
alors soutenir une saisine du Conseil de sécurité
de l'Onu, préconisée depuis des mois par les
Américains. "Les Européens doivent se
dépêcher de nous donner une réponse",
avait dit le ministère des Affaires étrangères.
TEHERAN (1er mai 2005) - Le Guide suprême de la République islamique
d'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, a assuré dimanche que
le futur président iranien ne renoncera pas au programme
nucléaire iranien, au lendemain de l'annonce par Téhéran
de la reprise prochaine de ses activités nucléaires
liées à la conversion de l'uranium.
"Quiconque arrivera au pouvoir au terme de l'élection
présidentielle (ndlr: prévue le 17 juin) ne souhaitera
pas, et la nation ne lui permettra pas, de prendre une mesure
à l'encontre des intérêts du peuple",
a déclaré Ali Khamenei, dans une allusion au programme
nucléaire iranien.
"Le peuple d'Iran a obtenu la technologie (nucléaire)
grâce à ses propres experts, il ne vous l'a pas empruntée
et ne l'a pas mendiée non plus", a-t-il ajouté,
faisant apparemment référence aux pays occidentaux
et aux Etats-Unis.
Ce discours prononcé devant plusieurs milliers d'Iraniens
à Kerman, dans le sud-est du pays, indique une prise de
position apparemment plus ferme de l'Iran sur le dossier épineux
du nucléaire, alors que la république islamique
s'apprête à voter le 17 juin prochain pour élire
un nouveau président.
L'actuel président et chef de file des réformateurs
iraniens, Mohammad Khatami, ne peut se présenter à
cette élection car la Constitution iranienne empêche
tout président qui a rempli deux mandats d'en briguer un
troisième.
Dimanche, le Guide suprême iranien a affirmé qu'il
ne soutiendrait pas un candidat à la présidentielle
au profit d'un autre. Mais il a tout de même ajouté
qu'il «insisterait pour que les critères de choix
des candidats incluent la loyauté à la Révolution
islamique, la défense de la justice et le combat contre
la corruption».
PARIS (5 avril 2005) - Alors qu'il doit être reçu ce mardi par
Jacques Chirac, le président iranien Mohammad Khatami réaffirme
dans une interview publiée par "Le Figaro" qu'il
serait "inacceptable" pour Téhéran de
"renoncer au nucléaire pacifique". "Nous
sommes prêts à considérer toute solution raisonnable
mais nous refusons la suspension définitive de nos activités.
Il faut que les Européens comprennent que le traité
de non-prolifération et les conventions internationales
nous autorisent à posséder la technologie nucléaire
dans un but pacifique (...) nous obliger à renoncer au
nucléaire pacifique (...) serait inacceptable pour nous",
souligne le président de la République islamique.
PARIS (31 mars 2005) - L'Iran devrait être en mesure de produire huit
à dix kilos de plutonium d'ici 2007, soit suffisamment
pour fabriquer une bombe atomique, a mis en garde jeudi la branche
politique des Moudjahidine du peuple, groupe d'opposition iranien.
Lors d'une conférence de presse à Paris, le Conseil
national de la résistance (CNR) a souligné que la
principale unité d'un réacteur construit près
d'Arak (centre) produisait déjà de l'eau lourde
et qu'une troisième unité était en voie d'achèvement.
Ce réacteur nucléaire à eau lourde de 40
mégawatts devrait être prêt en 2006 ou 2007,
a déclaré Mohammad Mohadessine, président
de la Commission des affaires étrangères du CNR.
"Le régime iranien est engagé dans une course
contre la montre pour achever le complexe", a-t-il affirmé.
Le but de Téhéran est, selon lui, "d'obtenir
du plutonium pour construire une bombe atomique". L'existence
du réacteur est connue depuis plusieurs années et
les Européens, qui ont engagé des pourparlers avec
l'Iran sur son programme nucléaire, ont demandé
à Téhéran d'arrêter sa construction
et d'édifier à la place un réacteur à
eau légère. L'Iran a informé l'Agence internationale
de l'énergie atomique (AIEA) que la construction du réacteur
serait achevée en 2014, souligne M. Mohadessine, citant
des renseignements recueillis par des informateurs des Moudhahidine
du peuple en Iran.
Les Moudjahidine sont considérés comme une organisation
terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne. Reste
qu'une partie des informations de l'organisation sur le programme
nucléaire iranien se sont révélées
exactes par le passé.
Les Etats-Unis soupçonnent l'Iran de vouloir de doter de
l'arme nucléaire, ce que Téhéran dément,
affirmant que son programme nucléaire a un but uniquement
civil. La France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne ont entamé
des négociations avec l'Iran pour tenter d'obtenir des
garanties qu'il ne produira pas d'armes atomiques. En vertu de l'accord de Paris conclu
l'an dernier entre Téhéran et cette "troïka"
européenne, le régime iranien a suspendu toutes
ses activités liées à l'enrichissement d'uranium.
Mais cet accord laisse l'Iran libre de produire du plutonium,
qui peut également être utilisé pour produire
des armes nucléaires.
M. Mohaddessine estime que le dossier devrait être soumis
au Conseil de sécurité des Nations unies, ce que
Washington a déjà menacé de faire, en vue
d'éventuelles sanctions contre Téhéran. Il
cite un rapport parlementaire iranien "confidentiel"
daté de février 2004 sur les activités nucléaires
de l'Iran, qu'il dit avoir reçu jeudi, comme une preuve
que l'Iran ne dit pas tout de ses objectifs réels concernant
son programme nucléaire.
31/03/05 - Les
autorités de Téhéran ont fait monter les
enchères avec les Européens, mercredi 30 mars, dans
le cadre des négociations sur le programme nucléaire
de l'Iran. A l'occasion d'une visite organisée pour la
presse internationale sur le site de l'usine d'enrichissement
de l'uranium de Natanz, le président Mohammad Khatami a
affirmé que l'Iran a l'intention de reprendre ses activités
d'enrichissement suspendues dans le cadre de l'accord signé
en novembre 2004 avec la troïka européenne (France,
Allemagne, Grande-Bretagne). "Malgré les pressions
de tous bords pour la priver de technologie nucléaire pacifique,
la République islamique est sur le point de produire du
combustible, a indiqué le président iranien.
Il est intolérable pour notre gouvernement et notre
nation que des centaines de jeunes scientifiques qui se sont sacrifiés
pour cette technologie abandonnent leurs activités. Dans
le proche avenir, nous achèverons ce que nous avons fait
jusqu'ici." "Nous n'abandonnerons les activités
nucléaires pour aucune récompense", a-t-il
conclu, en allusion aux avantages commerciaux que les Européens
seraient prêts à accorder à l'Iran.
En dépit de son ton menaçant, la déclaration
du président Khatami ne signifie pas que l'Iran a l'intention
d'abandonner les négociations avec les Européens.
Le président a rappelé que l'Iran a fait une proposition
(les activités d'enrichissement seraient réduites
à la portion congrue), qui est en cours d'examen par les
experts européens. A Téhéran, la campagne
pour l'élection présidentielle du 17 juin est en
cours, et la question du programme nucléaire en constitue
l'un des thèmes. Bien qu'il ne puisse lui-même se
représenter, le président souhaite manifestement
éviter qu'un candidat ultraconservateur et hostile à
un accord avec les Européens ne l'emporte.
A Washington, le département d'Etat a choisi de relativiser
les propos de M. Khatami, tout en les condamnant. Washington,
a rappelé un porte-parole, soutient la démarche
européenne pour obtenir une "cessation complète"
du "programme d'armement nucléaire" de
l'Iran. "Au-delà de la mise en scène d'un
événement médiatique", a-t-il ajouté
en faisant référence à la visite organisée
à Natanz, l'Iran doit faire preuve d'une véritable
transparence.
La position européenne a également été
renforcée par la déclaration du ministre israélien
de la défense, Shaul Mofaz, en visite mercredi à
Washington. "Les Européens suivent une approche
diplomatique et nous pensons que la voie diplomatique est la bonne
pour empêcher les Iraniens de devenir une puissance nucléaire",
a-t-il déclaré.
Le Monde, 25/03/05:
Les Européens font une concession sur le dossier nucléaire
iranien
23/03/2005 - Le porte-parole de l'équipe des négociateurs nucléaires iraniens, Hossein Moussavian, a répété hier que l'Iran ne renoncerait pas à l'enrichissement de l'uranium, à la veille de nouvelles négociations cruciales avec les Européens. « Le cycle du combustible nucléaire est le droit légitime de l'Iran, qui n'est pas prêt à y renoncer en échange de quelque avantage que ce soit », a déclaré M. Moussavian à la radio d'Etat iranienne. « S'il y a des progrès dans les négociations, alors nous continuerons (les discussions) pendant trois mois, mais s'il n'y pas de progrès et si nous nous rendons compte que l'autre partie cherche à faire perdre du temps, alors l'Iran révisera sa position » sur les négociations nucléaires avec les trois grands pays européens, la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne, a-t-il ajouté. Des responsables politiques iraniens et européens doivent se retrouver aujourd'hui à Paris dans le cadre du « comité de pilotage » pour tirer les conclusions de trois mois de discussions entre les deux parties.
Edicom, 20 mars 2005:
LONDRES - L'Iran
a décidé de créer un centre de recherche
secret pour former des scientifiques dans le domaine de la technologie
nucléaire, affirme le Sunday Telegraph. Téhéran
affirme que ses activités sont pacifiques, sans donner
pour autant de garantie. «Les responsables des services
de renseignements estiment que la création de ce centre
est une preuve de plus que l'Iran est impliqué dans un
programme clandestin destiné à construire des armes
nucléaires», explique le journal dimanche.
Les scientifiques pourraient recevoir une formation sur la production
d'équipements nucléaires dans ce nouveau centre,
qui serait rattaché à l'Organisation de l'énergie
atomique de l'Iran, indique le Sunday Telegraph, citant des sources
de services de renseignements occidentaux.
«Si les Iraniens étaient vraiment sérieux
quand ils disent qu'ils développent la technologie nucléaire
à des fins seulement pacifiques, ils n'auraient pas besoin
d'un centre comme celui-ci», a estimé l'un des responsables
occidentaux cités par le Sunday Telegraph.
Les Etats-Unis et l'Europe exercent actuellement de fortes pressions
sur l'Iran pour obtenir des garanties que Téhéran
n'utilise pas son programme nucléaire pour acquérir
l'arme atomique.
13 mars 2005:
Israël aurait un plan d'attaque de sites nucléaires
iraniens
Dernières Nouvelles d'Alsace, lundi 28 février 2005:
L'Iran et la Russie ont signé, hier, un accord capital devant permettre la mise en service de la première centrale nucléaire iranienne, construite par les Russes à Bouchehr. La République islamique continue à être montrée du doigt quant à la nature de ses activités nucléaires.
Les chefs des organisations iranienne et russe de l'énergie atomique, Gholamreza Aghazadeh et Alexandre Roumiantsev, ont paraphé hier à Bouchehr, dans le sud iranien, les documents relatifs à la livraison par les Russes du combustible de la centrale, et notamment au rapatriement en Russie de l'uranium usagé.
Suspicions
Selon la télévision d'Etat
iranienne, cette dernière clause est censée garantir
que le combustible ne soit pas réutilisé pour fabriquer
la bombe atomique par la République islamique, que les
Etats-Unis accusent ouvertement de chercher à se doter
de l'arme nucléaire sous le couvert d'activités
civiles.
Cet accord ouvre la voie à la mise en marche de la
centrale, prévue « fin 2006 », a
déclaré Alexandre Roumiantsev cité par l'agence
russe Itar-Tass, « le combustible étant livré
environ six mois auparavant ». Selon lui, environ 100
tonnes de combustible doivent prendre le chemin de l'Iran.
La signature de cet accord était retardée
depuis plus de deux ans. Sous la pression de la communauté
internationale et en particulier des Etats-Unis, la Russie a exigé
et obtenu que l'Iran accepte de renvoyer le combustible une fois
qu'il aura servi.
Le retard a aussi coïncidé avec le bras de fer
diplomatique entre l'Iran et la communauté internationale,
inquiète des activités nucléaires de la République
islamique et en particulier de son programme d'enrichissement
d'uranium.
M. Roumiantsev a redit la conviction de Moscou que Bouchehr
ne rapproche pas l'Iran de la bombe atomique et qu'« en
dépit des nombreuses critiques, la coopération (irano-russe)
est conforme aux règles internationales », selon
les médias iraniens.
Six autres réacteurs
Pour la Russie, il s'agit d'affirmer
l'indépendance de sa politique vis-à-vis des Etats-Unis
et aussi sa place sur le marché du nucléaire civil.
Selon des sources diplomatiques, Bouchehr, un contrat de 800 millions
de dollars, a « littéralement sauvé l'industrie
nucléaire russe ».
L'Iran prévoit de construire un deuxième réacteur,
et aussi bien Russes qu'Iraniens se sont dits prêts à
discuter. Téhéran envisage de bâtir au total
six réacteurs supplémentaires d'ici à 2020,
pour une production de 7 000 mégawatts.
Dernières Nouvelles d'Alsace, lundi 28
février 2005:
Trois jours après le sommet Bush-Poutine
à Bratislava, la Russie a quand même signé,
non sans de difficiles négociations, « son »
accord nucléaire avec l'Iran. Les Russes qui construisent
la centrale de Bouchehr fourniront l'uranium enrichi et garantissent
son retraitement. En principe, tout est clair : il s'agit
d'un contrat civil portant sur 800 millions de dollars dans un
premier temps, le type de contrat à l'exportation dont
rêvent tous les « atomistes » européens
et américains...
Mais il s'agit de l'Iran. Et c'est une partie de billard à
bandes multiples et changeantes que Téhéran joue
depuis trois ans avec la communauté internationale, une
partie dangereuse puisque l'enjeu est la bombe. Cela ne fait aucun
doute. L'Iran refuse pour ses programmes prétendus civils
les réacteurs à eau légère « occidentaux »
- livrables « clés en mains » - et
ne renonce pas « définitivement »
à enrichir l'uranium sur son sol. Au nom, paraît-il,
de sa souveraineté : le régime des mollahs
veut s'affranchir du marché sous strict contrôle
de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique).
En même temps, Téhéran développe des
« réacteurs expérimentaux »
à eau lourde et exhibe des missiles à moyenne portée
de conception nord-coréenne. Ils pourraient atteindre Israël
et les bases américaines dans le Golfe... Enfin recourir à l'atome pour
produire de l'électricité est un non sens économique
dans un pays qui regorge de gaz et de pétrole.
Les intentions de la théocratie iranienne,
prise en tenailles par les Américains installés
en Afghanistan et en Irak et en froid avec le monde musulman sunnite,
sont tellement évidentes ! Le régime veut survivre
à tout prix, quitte aussi à encourager la déstabilisation
du Moyen-Orient via les réseaux extrémistes chiites.
Longtemps l'Europe a cru en les réformateurs au pouvoir
à Téhéran, voulant ignorer que la vraie autorité
était détenue par les ayatollahs de Qom. Depuis
longtemps, aussi, l'Europe négocie pour ramener l'Iran
à plus de raison, pour que le pays ouvre toutes ses installations
à l'AIEA, allant jusqu'à offrir un « échange
de technologies » dans l'espoir de surveiller le programme
iranien. Par initiative diplomatique, pour dénouer une
nouvelle crise dans une région déjà soumise
à forte tension en Irak ? Ou parce que Français,
Allemands et Britanniques ont aussi des centrales à vendre ?
Les Etats-Unis, on le sait, préfèrent manier le
bâton plutôt que la carotte...
En attendant, les Russes ont remporté le contrat « civil ».
L'accord permet à Téhéran de protester de
ses intentions pacifiques... et de poursuivre des recherches moins
avouables. Quant aux Américains, déjà empêtrés
en Irak, on les voit mal, pour l'instant, réagir autrement
qu'en paroles.
Jean-Claude Kiefer
Libération, 28 février 2005:
VIENNE - Le directeur
de l'AIEA, Mohamed ElBaradeï, exhorte l'Iran à se
montrer plus coopératif avec les inspecteurs chargés
d'examiner son programme nucléaire qui, selon les Etats-Unis,
a pour objectif de fabriquer une bombe atomique.
Le chef de l'Agence internationale à l'énergie atomique
s'exprimait à l'occasion d'une réunion de son Conseil
des gouverneurs, au lendemain de la signature par l'Iran d'un
accord avec la Russie assurant lao fourniture de combustible nucléaire
à la centrale iranienne de Bouchehr. ElBaradeï a déclaré
à des journalistes que les investigations de l'AIEA sur
les activités nucléaires de l'Iran avaient progressé.
Cependant, a-t-il ajouté, "dans certains cas, nous
attendons toujours des informations, ce qui retarde notre travail".
"Eu égard à la nature non déclarée,
dans le passé, d'aspects importants du programme nucléaire
iranien, un déficit de confiance s'est créé,
et il est dès lors essentiel que l'Iran coopère
étroitement avec l'agence." ElBaradei a salué
la décision de l'Iran de montrer à l'AIEA une offre
de fourniture de matériel nucléaire formulée
en 1987 par des collaborateurs d'Abdul Qadeer Khan, "père"
du programme nucléaire pakistanais. Il a précisé
que l'offre écrite portait sur des centrifugeuses utilisées
pour produire de l'uranium hautement enrichi. Ils ont laissé
entendre qu'ils n'avaient pas accepté l'intégralité
de l'offre, a dit ElBaradei.
Un diplomate de haut rang
proche du dossier a dit à Reuters sous le sceau de l'anonymat
que le fait que des responsables iraniens aient rencontré
des émissaires de Khan pendant la guerre Iran-Irak était
significatif.
"D'habitude, l'AIEA ne porte pas de jugement sur les intentions,
mais elle devrait peut-être le faire dans ce cas",
a dit le diplomate.
L'Iran, deuxième producteur de pétrole de l'Opep,
affirme que son programme vise uniquement à produire de
l'électricité. Les Etats-Unis disent qu'il sert
d'écran à un programme militaire de fabrication
d'armes atomiques.
TEHERAN REFUSE DE RENONCER A l'ENRICHISSEMENT
ElBaradeï a indiqué que l'AIEA avait pu vérifier
la suspension par Téhéran de ses activités
d'enrichissement de l'uranium, ce qui permet de produire du combustible
pour les centrales nucléaires, mais aussi la matière
première pour la fabrication d'une bombe atomique. A Moscou,
Alexandre Roumyantsev, responsable de l'Agence fédérale
russe de l'Energie atomique, a assuré que l'accord sur
la fourniture de combustible nucléaire signé avec
l'Iran renforcerait la sécurité internationale en
prévenant la prolifération de matières nucléaires.
A Bruxelles, une porte-parole de la Commission européenne
a assuré que, si l'UE ne veut pas que l'Iran soit doté
d'armes nucléaires, elle n'a jamais mis en cause le droit
de Téhéran à disposer d'une technologie atomique
civile. L'AIEA ne devrait pas adopter cette semaine de résolution
condamnant l'Iran ni saisir le Conseil de sécurité
des Nations unies en vue de possibles sanctions, dit-on de source
diplomatique. L'Union européenne exige de l'Iran qu'il
pérennise la suspension en échange d'encouragements
économiques et politiques et d'une possible adhésion
à l'Organisation mondiale du Commerce
OMC
Washington dit que Téhéran doit accepter l'offre
de l'UE, faute de quoi, le Conseil de sécurité devra
être saisi pour de possibles sanctions. Le Washington Post
écrit lundi que les Etats-Unis envisagent de se joindre
à la démarche européenne. L'Iran a néanmoins
rejeté les exigences européennes en disant qu'il
ne renoncerait jamais à l'enrichissement de l'uranium et
que les Européens doivent accepter un compromis. "Sinon,
ils devront opter pour un affrontement, ainsi que semblent le
préférer les Américains, ce qui conduirait
à une situation incertaine avec des conséquences
imprévisibles pour tout le monde", a déclaré
à Reuters Sirus Naseri, délégué iranien
à la réunion de l'AIEA.
Louis Charbonneau
Le Monde, 26/02/2005:
Vienne de notre correspondante Joëlle
Stolz
Téhéran avait "omis" de signaler ces travaux
sur son site nucléaire d'Ispahan.
L'Iran met une fois encore à l'épreuve la patience
de la communauté internationale. Au moment où elles
ont signé, le 14 novembre 2004, un accord avec les Européens
pour résoudre de façon négociée le
différend sur leur programme nucléaire, soupçonné
de camoufler des visées militaires, les autorités
iraniennes poursuivaient des travaux d'excavation de tunnels à
proximité de leur unité de conversion d'uranium
d'Ispahan, qu'elles n'ont pourtant pas signalés en temps
voulu à l'Agence internationale de l'énergie atomique
(AIEA).
Ce retard, qui s'ajoute à une liste déjà
longue de lacunes ou d'incohérences dans les explications
fournies par Téhéran, sera mentionné dans
la déclaration que le directeur de l'Agence, Mohamed ElBaradei,
doit faire au conseil des gouverneurs, le lundi 28 février.
Va-t-il hausser le ton ? Dans son dernier rapport sur l'Iran,
le 15 novembre, l'AIEA avait identifié quinze "manquements
à l'obligation de déclarer" de la part de Téhéran,
qualification qui n'entraîne pas la saisine du Conseil de
sécurité des Nations unies.
L'affaire des tunnels entre dans cette catégorie. Le 15
novembre, l'Agence ignorait leur existence. Selon un diplomate
occidental à Vienne, elle en a été informée
par les Iraniens avant que le magazine allemand Der Spiegel ne
publie, en décembre, des photos satellite des installations
nucléaires d'Ispahan.
Depuis le 17 février, de nouvelles images sont diffusées
sur Internet par l'Institute for Science and International Security
(ISIS), dirigé par David Albright, un ancien inspecteur
de l'ONU (www.isis-online.org). On y distingue l'orifice des tunnels,
aménagés à flanc de montagne en dehors du
périmètre de l'usine de conversion du Centre de
technologie nucléaire d'Ispahan, où l'Iran a transformé
au début de l'automne du concentré de minerai d'uranium
(yellow cake) en hexafluorure d'uranium (UF6), un gaz qui peut
ensuite être introduit dans des centrifugeuses. Ces opérations
de conversion sont arrêtées, l'Iran ayant accepté,
dans l'accord conclu avec l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne,
de suspendre toutes les activités liées à
l'enrichissement de l'uranium, au moins pour la durée de
la négociation avec les Européens.
Hauts de 5 mètres, les tunnels sont trop grands pour être
de simples entrepôts de matériel nucléaire
- leur destination officielle - mais pas assez, juge l'ISIS, pour
pouvoir abriter une unité complète de conversion,
protégée d'éventuels bombardements. La dernière
fois que l'AIEA a pu les inspecter, courant février, ils
étaient encore vides. L'ISIS affirme que les excavations
ont commencé "en septembre ou en octobre 2004".
Les 35 gouverneurs de l'AIEA devraient aussi entendre, lundi,
un rapport oral du directeur général adjoint de
l'Agence, Pierre Goldschmidt, sur la vérification du programme
iranien.
Une chose est sûre
: l'Iran était tenu d'informer l'Agence avant même
le début des travaux, en vertu de l'accord de garanties
qu'il a signé avec l'AIEA, gardienne du traité de
non-prolifération (TNP). Pourquoi a-t-il tardé ?
"L'expérience nous a appris que les Iraniens ne font
jamais rien à la légère", remarque un
expert à Vienne. Ce nouveau coup de canif dans le contrat
ne peut qu'alimenter la suspicion, même parmi les non-Occidentaux,
plus enclins à l'indulgence envers Téhéran
: "Il n'est pas normal qu'après plus de deux ans d'enquête,
on découvre une fois encore qu'ils cachaient quelque chose",
déplore le représentant d'un de ces pays.
TESTS DE QUALITÉ
Les trois Européens qui ont pris l'initiative de relancer
le dialogue avec Téhéran s'irritent de voir que,
dans l'usine de Natanz (la principale unité d'enrichissement),
les Iraniens effectuent des travaux de maintenance et des tests
de qualité sur des matériels - tels que des boulons
ou des composantes non "sensibles" de centrifugeuses
- qui n'avaient pas été mis sous scellés
par l'Agence. "Des tests de qualité, souligne un diplomate
européen, cela fait partie du processus de fabrication"
que les Iraniens étaient censés suspendre complètement
depuis la mi-novembre. L'AIEA laisse les Européens juger
si Téhéran est sorti des limites acceptables.
Or la négociation piétine. Dans un article publié
par la revue Politique internationale, la spécialiste de
la prolifération nucléaire Thérèse
Delpech constate qu'elle se déroule "sous la menace
permanente d'une reprise des activités de l'Iran".
Pour les pessimistes, la question n'est plus de savoir si cela
se produira, mais seulement quand : dès la mi-mars, lorsqu'il
faudra tirer un premier bilan du dialogue euro-iranien, ou bien
après les élections iraniennes, en juin.
Le Soir en ligne, 24/02/2005
Le nucléaire iranien ne finit pas
d'opposer l'Occident. Les Etats-Unis crient au danger tandis que
la Russie est sur le point de signer un accord de collaboration.
L'Europe ne sait plus sur quel pied danser.
La visite du président américain George W. Bush
en Europe a ravivé les débats sur les possibles
dangers du programme nucléaire iranien, confortant les
positions de chacun tout en irritant le gouvernement de la République
islamique.
Mercredi, le président iranien Mohammad Khatami a évoqué
les profondes divergences d'opinions qui persistent entre
l'Union européenne et son pays. Les efforts diplomatiques
communs de la France, de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne
(les "trois grands européens") avaient pourtant
donné des résultats précédemment,
Téhéran ayant accepté de suspendre temporairement
ses activités d'enrichissement d'uranium.
Nous devons donner des garanties objectives (aux Européens)
sur le fait que nous ne nous écarterons pas de la voie
pacifique, a souligné le président iranien.
Mais en retour, a-t-il ajouté, les Européens doivent
donner des garanties objectives sur le fait que nos droits et
notre sécurité seront protégés. Khatami
estime en effet que l'Amérique n'aime pas l'idée
d'un Iran indépendant. La question est de savoir jusqu'où
ils peuvent (aller pour réduire l'indépendance
de Téhéran) et quel prix ils devront payer pour
y parvenir.
Interrogé mardi à Bruxelles sur la possibilité
d'une intervention militaire des Etats-Unis en Iran, le président
américain s'était montré catégorique
en affirmant que cette idée d'attaquer l'Iran était
tout simplement ridicule. Avant toutefois d'ajouter: toutes
les options restent ouvertes.
Jeudi, les dernières déclarations de Téhéran
faisaient état de son irritation à voir les Etats-Unis
se mêler aux transactions avec les Européens. Si
les Américains entraient dans ces discussions, dans le
meilleur des cas cela n'apporterait rien, dans le pire cela ferait
tout capoter, a résumé le porte-parole des Affaires
étrangères Hamid Reza Asséfi. Nous espérons
que les Européens continueront à agir en toute indépendance,
a-t-il ajouté, bien que les Américains essaient
de les persuader de ceci: vous ne pouvez pas discuter seuls avec
les Iraniens.
Téhéran et Moscou s'accordent
A l'heure où George Bush achève sa tournée
européenne par une rencontre avec son homologue russe Vladimir
Poutine, la collaboration russo-iranienne est sur le point d'être
définitivement scellée. Le patron du secteur nucléaire
civil russe Alexandre Roumiantsev se rendra vendredi à
Téhéran pour signer un accord clé qui permettra
de mettre en service la première centrale nucléaire
iranienne, construite par la Russie.
Moscou se dit convaincu des intentions pacifistes de l'Iran.
Et Vladimir Poutine affirme que Téhéran n'a pas
l'ambition de fabriquer la bombe atomique avec autant de conviction
que George Bush est convaincu du contraire. De quoi semer définitivement
la discorde entre les deux présidents lors de leur rencontre
à Bratislava, en Slovaquie.
Il faut dire que le marché du nucléaire civil
est extrêmement fructueux. Et la Russie, en quête
d'indépendance politique, a bien l'intention de se positionner
en force face à la première puissance mondiale.
On parle de 800 millions de dollars pour la seule centrale iranienne
de Bouchehr, au sud de l'Iran, et d'autres collaborations entre
Téhéran et Moscou sont en cours. Au-delà
de l'Iran, le marché du nucléaire représente
des possibilités de contrats chiffrés en milliards
de dollars, comme en Chine ou en Inde où les besoins énergétiques
sont immenses.
Le danger de la prolifération
La principale crainte des Etats-Unis en Iran concerne les
risques d'une utilisation militaire de l'uranium d'origine russe
une fois utilisé, même si son degré d'enrichissement
est alors trop faible pour permettre la fabrication d'armes nucléaires.
Ces risques sont de plus limités par une clause exigée
par la communauté internationale, qui impose à la
Russie le rapatriement des déchets nucléaires afin
d'éviter les risques de prolifération sur les marchés
clandestins.
Cela fait à présent deux ans que le lancement
de la première centrale atomique iranienne est reporté.
Tant la Russie que l'Iran ont montré des signes d'impatiente,
comme des périodes de réticence à finaliser
leur collaboration. L'hostilité croissante des Etats-Unis
face à cet accord n'est pas étrangère à
ce retard. Mais des raisons financières et techniques ont
également été invoquées par les deux
pays, l'Iran ayant refusé de payer les coûts importants
liés au rapatriement des déchets.
L'accord signé, la Russie s'engage à approvisionner
la centrale de Bouchehr en combustible pendant dix ans, la première
livraison d'uranium étant prévue par avion trois
mois après la signature. Moscou invite par ailleurs l'Iran
à poursuivre le dialogue avec l'Agence internationale de
l'énergie atomique (AIEA) et à ratifier au plus
vite le protocole additionnel au Traité de non-prolifération
des armes nucléaires. Mais jusqu'à présent,
elle n'en fait pas une condition sine qua non pour ses livraisons
de combustible.
Reza OpdeBeeck
Le Monde, Point de vue, 22/02/05:
(un point de vue pour la
bombe...)
L'Iran aura la bombe, par Jean-Michel
Boucheron
"Il faut aboutir à une
nouvelle définition de la prolifération et ne pas
mélanger des situations différentes : celle d'un
grand pays qui se dote de l'arme nucléaire, celle des trafics
de matériels et de technologies sensibles au profit de
groupes douteux et surtout celle des trafics de matière
fissile, matériau nécessaire aux redoutables armes
radiologiques à la portée technologique de simples
groupes terroristes. Il faut adapter le traité de non-prolifération
à ce qui menace réellement la paix du monde d'aujourd'hui
et surtout de demain." (l'esprit de Munich ?)
Jean-Michel Boucheron est député PS d'Ille-et-Vilaine et membre
de la commission de la défense.
Les Echos, 22/02/05:
L'Iran a refusé de proposer une formule
de compromis que lui demandait l'Europe sur la question ultrasensible
de l'enrichissement d'uranium, parce qu'il n'est pas question
de « brader ses capacités nucléaires »,
a déclaré hier un des chefs négociateurs
iraniens, Sirous Nasseri. « L'Iran ne proposera d'alternative
que quand l'Europe cessera de lui demander de stopper l'enrichissement
», a-t-il expliqué. Au même moment, le président
américain, George W. Bush, a répété
que la République islamique ne devait pas se retrouver
en possession de l'arme nucléaire et qu'aucune option ne
devait être écartée pour l'en empêcher,
mais qu'on en était encore « aux premiers stades
de la diplomatie ».
Le Monde, 20/2/2005:
Le président russe se dit "convaincu" par les explications de Téhéran.
Moscou de notre correspondante
Vladimir Poutine est "convaincu que l'Iran n'a pas l'intention de fabriquer une arme nucléaire". "En conséquence, - la Russie - va poursuivre sa coopération avec l'Iran dans tous les domaines, y compris celui de l'énergie atomique. " Le président russe a tenu ces propos vendredi 18 février, en recevant au Kremlin le chef du Conseil national de sécurité iranien, Hassan Rohani, et à six jours de la rencontre qu'il doit avoir en Slovaquie avec George Bush. La confiance affichée par le dirigeant russe tranche avec les soupçons que l'administration américaine entretient à l'encontre du programme nucléaire de Téhéran, accusé de comporter un volet militaire.
La Russie construit depuis des années la première centrale nucléaire iranienne, à Bouchehr. Elle considère qu'il est de son droit de conserver, voire développer, ce marché extérieur devenu source d'importantes rentrées en devises (1 milliard de dollars, selon l'agence russe Rosatom). Moscou ne souhaite pas voir le dossier iranien transmis au Conseil de sécurité de l'ONU, comme Washington en a brandi la menace, et soutient l'effort diplomatique des Européens visant à convaincre Téhéran de renoncer à tout programme d'enrichissement d'uranium.
La Russie est opposée à l'idée que l'Iran, situé sur le flanc sud de sa zone d'influence dans l'ex-Union soviétique, puisse se doter de l'arme nucléaire. Elle affirme parallèlement que son assistance technologique ne présente aucun risque sur ce point, sans en convaincre totalement Washington.
"La prolifération d'armes nucléaires sur la planète n'est pas propice au renforcement de la sécurité, ni dans la région ni dans le monde", a dit M. Poutine vendredi. Il a aussi enjoint l'Iran de respecter "strictement tous les engagements pris, tant dans le cadre bilatéral avec la Russie que dans un cadre international". Les autorités de Téhéran ont annoncé qu'un accord sur le rapatriement en Russie du combustible nucléaire usagé de Bouchehr serait signé le 26 février, à l'occasion de la visite en Iran du chef de l'Agence russe de l'énergie atomique, Alexandre Roumiantsev.
RELATIONS TENDUES
Les Etats-Unis avaient incité Moscou, voici deux ans, à poser cette condition aux Iraniens avant d'effectuer la moindre livraison d'uranium, de peur que celui-ci soit réutilisé à des fins militaires. La centrale de Bouchehr pourrait commencer à fonctionner en 2006.
Le chef du Conseil national de sécurité iranien, Hassan Rohani, s'est félicité des commentaires de M. Poutine, déclarant que "personne, maintenant, n'a le moindre doute sur le fait que notre activité en matière nucléaire porte un caractère exclusivement pacifique".
A Washington, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a réagi en estimant qu'il y avait "de bonnes raisons d'entretenir des soupçons sur ce que fait l'Iran". Une source diplomatique américaine à Moscou expliquait récemment que les Russes étaient "devenus plus conscients du risque de sécurité lié au programme iranien nucléaire". "Voici quelques années, ils refusaient de considérer nos inquiétudes, ajoutait-t-il. Mais nous ne sommes pas d'accord avec eux lorsqu'ils disent que leur assistance à l'Iran ne revêt qu'un caractère mineur. Les Russes pourraient faire plus en matière de pression sur les Iraniens."
Vladimir Poutine, qui cherche à réactiver la diplomatie russe au Proche-Orient, a annoncé, vendredi, qu'il avait accepté une invitation pour se rendre en Iran, sans en préciser la date. Les relations entre Moscou et Washington se sont récemment tendues sur plusieurs sujets : l'Ukraine, le démantèlement de la compagnie pétrolière Ioukos, des ventes d'armes au Venezuela, et l'annonce par le ministère russe de la défense, le 16 février, que la Russie avait bien l'intention de vendre des missiles antiaériens Strelets à la Syrie.
Natalie Nougayrède
Courrier international, 15 févr. 2005:
A peine le round des négociations terminé, vendredi 11 février, l'Iran désavoue les promesses qu'il a faites aux Européens. Les autorités iraniennes ont affirmé leur volonté de reprendre prochainement l'enrichissement d'uranium, alors que les Européens essaient depuis près d'un an d'arriver à une suspension définitive.
Le Parlement iranien compte même faire inscrire la reprise des activités nucléaires dans la loi. "Il va présenter et adopter une proposition de loi obligeant l'Organisation iranienne de l'énergie atomique à produire une partie du combustible nécessaire pour les centrales du pays", rapporte le quotidien Iran. "Il est peu probable que les Européens tiennent leurs promesses sans l'assentiment des Américains. Alors, l'Iran n'a pas à se soumettre à leurs exigences", commente le journal dont le gouvernement est propriétaire.
Dans la même optique, l'Iran a refusé dimanche 13 février de renoncer à la construction d'un réacteur à eau lourde, qui peut être facilement détourné à des fins militaires, alors que les Européens proposaient de le remplacer par un réacteur à eau légère. Les négociations entre l'Iran et les trois pays européens, la France, l'Allemagne et la Royaume-Uni, reprendront à la mi-mars.
Extrait de l'Humanité du 14/02/2005 :
Les experts de trois pays européens
(Allemagne, France, Grande-Bretagne) ont poursuivi la semaine
dernière les négociations avec les Iraniens, pour obtenir que ces derniers renoncent
durablement à l'enrichissement d'uranium.
Coup de frein ce week-end. Alors que samedi il semblait disposer
à prendre des mesures pour « établir la confiance
», l'Iran a fait savoir hier par la voie du porte-parole
du ministère des Affaires étrangères qu'il
refusait de renoncer à la construction d'un réacteur
nucléaire de recherche à eau lourde en échange
d'un réacteur à eau légère que lui
proposaient les experts représentants l'UE. « Nous
saluons de telles propositions, mais elles ne remplaceront en
aucun cas notre réacteur de recherche à eau lourde
», a affirmé devant la presse Hamid Reza Assefi.
« Nous allons poursuivre le travail sur notre réacteur
de recherche à eau lourde », a-t-il ajouté.
Les réacteurs à
eau lourde peuvent dégager des quantités élevées
de plutonium, élément pouvant
entrer dans la fabrication d'une bombe atomique.
Les Européens ont proposé à Téhéran, lors des négociations de Genève, l'envoi d'une mission pour préparer la livraison d'un réacteur nucléaire de recherche à eau légère présentant un moindre risque de prolifération. Cette initiative en échange d'une coopération technologique et d'avantages commerciaux fait partie des incitations européennes pour obtenir des Iraniens des « garanties objectives » que leurs activités nucléaires seront purement civiles. Les Iraniens, qui parlent néanmoins de « pas en avant », avaient consenti fin 2004 à suspendre toutes leurs activités d'enrichissement le temps de conclure un accord avec les Européens. Les négociations devraient durer encore « quelques mois », selon les Iraniens...
B. D.
GENEVE (11 février 2005) - Des représentants de l'Union européenne
(UE) et de l'Iran ont conclu vendredi quatre jours d'intenses
négociations à Genève sur le programme nucléaire
iranien, au cours desquels l'UE a proposé de faciliter
la livraison à l'Iran d'un réacteur à eau
légère, ont indiqué des diplomates. L'UE
était représentée à ces négociations
par la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni. Ils se sont efforcés
de convaincre les Iraniens de donner des garanties qu'ils ne cherchent
pas à se doter en secret de l'arme atomique sous couvert
de nucléaire civil, comme les Etats-Unis les en soupçonnent.
Les quatre pays ont convenu qu'un nouveau round de négociations,
au niveau des experts, se tiendrait à la mi-mars, probablement
à Genève, avant qu'un "comité de pilotage"
de plus haut niveau ne se réunisse fin mars pour faire
le point, a indiqué un diplomate. "Nous avons effectué
un travail sérieux, qui se poursuit. Nous sommes dans un
processus", a déclaré ce diplomate. "Nous
avons traité tous les sujets que nous devions traiter".
Un autre diplomate a estimé que cette session avait permis
"d'approfondir des discussions que les deux parties avaient
eues auparavant, sans toutefois que les positions se rapprochent
beaucoup".
L'Iran n'a pas commenté immédiatement le résultat
des discussions de Genève. Les négociations Europe-Iran
sur ce dossier piétinent depuis qu'elles ont débuté
en décembre dernier à Bruxelles. Un diplomate avait
indiqué précédemment que l'UE avait proposé
d'envoyer une mission à Téhéran pour préparer
la livraison à l'Iran d'un réacteur nucléaire
de recherche à eau légère. Cette proposition
entre dans le cadre d'efforts pour inciter l'Iran à renoncer
à l'arme atomique en échange d'une coopération
technologique et d'avantages commerciaux.
Un réacteur à eau légère présente
un moindre risque de prolifération que la centrale à
eau lourde que les Iraniens veulent construire. Les réacteurs
à eau lourde peuvent dégager des quantités
importantes de plutonium, élément constitutif d'une
bombe atomique. Lors d'une précédente session de
négociations en janvier à Genève, les trois
pays européens avaient déjà proposé
l'envoi d'une telle mission mais les Iraniens n'avaient pas donné
suite, a précisé le diplomate.
Selon Gary Samore, spécialiste de la non-prolifération
à l'Institut international d'études stratégiques
(IISS) de Londres et ancien conseiller du président américain
Bill Clinton, les Européens ont remis la proposition de
mission sur la table "pour démontrer que les discussions
progressent". Mais les Iraniens, a-t-il ajouté, trainent
les pieds car ils craignent de "créer un précédent"
et de devoir ensuite continuer sur cette voie, c'est-à-dire
"l'abandon de leur programme (nucléaire) tel qu'ils
le conçoivent en échange d'un soutien européen
dans le domaine de la technologie nucléaire utilisée
à des fins pacifiques". [Remarque: un pays aussi riche en gaz et en pétrole
que l'Iran n'a rien à gagner économiquement à
construire des centrales nucléaires sauf pour la bombe...]
Les Européens cherchent notamment à persuader Téhéran
de démanteler, en échange de contreparties technologiques,
commerciales et politiques, un programme d'enrichissement d'uranium
jugé dangereux par l'UE et par Washington. La République
islamique a accepté en novembre dernier de suspendre ce
programme mais seulement de manière temporaire car elle
estime avoir le droit de poursuivre un programme nucléaire
civil. L'uranium enrichi peut servir
aussi bien à fabriquer une bombe atomique qu'à faire
marcher une centrale nucléaire civile. Un haut responsable
iranien, Akbar Hachémi Rafsandjani, a déclaré
vendredi que l'Iran ne voulait pas renoncer à enrichir
son uranium mais était prêt à prendre des
mesures pour "établir la confiance" et rassurer
ainsi la communauté internationale sur ses intentions pacifiques.
"Cette confiance doit être obtenue en quelques mois.
Deux à trois mois sont déjà passés.
Nous avons donné une chance et espérons que l'Europe
saura la saisir", a-t-il ajouté.
TEHERAN (9 février 2005) - Le président iranien Mohammad Khatami a mis
sévèrement en garde mercredi les Européens
sur le dossier nucléaire, alors que se poursuivent à
Genève des négociations entre les deux parties sur
ce sujet, et estimé que son pays faisait l'objet d'une
"guerre psychologique". "Si nous sentons que vous
ne respectez pas vos engagements (...), alors nous adopterons
une autre politique et les lourdes conséquences de cette
politique incomberont à ceux qui n'ont pas respecté
leurs engagements", a déclaré M. Khatami à
l'adresse des Européens, lors d'un discours à Téhéran
à l'occasion du 26ème anniversaire de la Révolution,
selon la télévision d'Etat. "Si les autres
parties (européennes) ne respectent pas leurs engagements,
alors nous ne respecterons en aucune manière les nôtres",
a-t-il encore dit.
Paris, Londres et Berlin veulent obtenir de Téhéran
qu'il démantèle son programme d'enrichissement d'uranium
en échange d'une coopération technologique et commerciale.
L'uranium enrichi peut servir aussi bien à fabriquer une
bombe atomique qu'à faire marcher une centrale nucléaire
civile. [Remarque: le plus
facile pour faire des bombes atomiques c'est d'utiliser du Plutonium,
utiliser l'autre filière (enrichissement de l'Uranium)
est plus lourd, plus long et beaucoup moins discret.]
En novembre, l'Iran avait accepté de suspendre toutes ses
activités liées à l'enrichissement de l'uranium.
Mais Téhéran souhaite que cette suspension soit
temporaire, faisant valoir que son programme nucléaire
a une vocation civile. M. Khatami a par ailleurs accusé
les Etats-Unis sans les nommer de livrer une guerre psychologique
à l'Iran, les mettant en garde contre toute tentative d'attaque.
"Ceux qui battent les tambours de la guerre et ont lancé
une guerre psychologique contre l'Iran doivent savoir que le peuple
iranien ne permettra en aucune manière que les agresseurs
mettent un pied sur le sol iranien", a-t-il dit lors de ce
discours prononcé devant les ambassadeurs et chargés
d'affaires. "Mais si jamais cela arrive, les agresseurs seront
brûlés dans l'enfer de la tempête de la colère
du peuple", a-t-il poursuivi.
TEHERAN (8 février 2005) - Le programme nucléaire iranien est invulnérable
et se poursuivrait sous terre si les Américains prenaient
les installations iraniennes pour cibles, a déclaré
mardi le dirigeant en charge du dossier, Hassan Rohani.
"Nos sites nucléaires ne peuvent pas être détruits",
a déclaré Hassan Rohani à la télévision
d'Etat, "nous pouvons transférer nos installations
sous la montagne, où aucune bombe ni aucun missile ne peut
rien, pour y poursuivre l'enrichissement".
Cependant, Hassan Rohani ne considère pas que la menace d'une attaque américaine soit "sérieuse". "Les Etats-Unis ne tireraient aucun profit d'une attaque militaire. Les menaces américaines en termes politiques, la poursuite de leur guerre psychologique, l'invasion culturelle et les pressions économiques sont sérieuses, mais je ne crois pas (que la menace d'une) attaque militaire soit sérieuse", a-t-il dit, tout en soulignant que "les capacités militaires de l'Iran n'ont jamais été aussi puissantes dans toute son histoire".
La mise en place de la nouvelle administration Bush a coïncidé avec une nouvelle escalade verbale entre les deux pays. Le président américain a refusé d'écarter une action militaire contre l'Iran si ce pays persistait à vouloir se doter de la bombe atomique sous le couvert d'un programme nucléaire civil, comme les Etats-Unis et Israël, notamment, l'en accusent. Cependant, la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice a déclaré qu'une attaque "n'était tout simplement pas à l'ordre du jour en ce moment" et que les Etats-Unis soutenaient les efforts diplomatiques de l'Union européenne pour obtenir l'assurance que l'Iran ne cherche pas à détenir l'arme nucléaire.
Les Iraniens et les Européens ont repris mardi à Genève un cycle de négociations entamées en décembre en vue de s'entendre sur des "garanties objectives" que le programme nucléaire de la République islamique reste purement civil. Les trois grands Européens (Allemagne, France, Grande-Bretagne) ont promis aux Iraniens une coopération nucléaire, technologique et commerciale en échange de ces garanties.
M. Rohani a répété que les discussions ne devaient pas durer plus de quelques mois. "La condition pour que nous poursuivions la discussion, c'est qu'elles progressent, et si elles n'ont pas progressé d'ici à la fin du mois d'Esfand (le 20 mars), nous ne serons pas obligés de continuer". L'un des principaux négociateurs iraniens, Hossein Moussavian, a conditionné la poursuite des tractations à "des progrès précis et tangibles au bout de trois mois", à compter de décembre dernier. "La rencontre de cette semaine est importante parce que nos groupes de travail n'auront peut-être plus qu'une ou deux autres réunions pour se parler", a-t-il ajouté. "Notre jugement sur le sérieux des Européens (...) dépend de ces deux ou trois réunions", a-t-il dit à la télévision.
Les Européens ont obtenu en novembre des Iraniens qu'ils suspendent toutes leurs activités d'enrichissement d'uranium qui, selon le degré, peuvent fournir le combustible à des centrales électriques civiles ou à des bombes. Mais les négociations pour un accord à long terme sont difficiles parce que les Européens veulent obtenir un renoncement iranien définitif à l'enrichissement.
Les Iraniens refusent catégoriquement et disent ne consentir qu'à une suspension, le temps de trouver un accord avec les Européens, et pas plus de quelques mois. Les deux parties ont convenu d'évaluer le résultat de leurs travaux au bout de trois mois, vers mi-mars donc. La réunion de mardi est la troisième depuis décembre. Les deux parties ont exprimé récemment leur insatisfaction devant l'avancement des discussions. "L'Iran a reçu un ensemble d'obligations qu'il doit remplir. J'espère qu'il les remplira", a déclaré le Premier ministre britannique Tony Blair, qui a aussi jugé indéniable le soutien de la République islamique au terrorisme.
TEHERAN, 7 février 2005 - L'Iran a persisté lundi dans son refus de renoncer définitivement à enrichir l'uranium, au moment où il entre avec l'Europe dans une phase de discussions cruciale à ses yeux, sur les garanties à donner qu'il ne cherche pas à avoir l'arme nucléaire.
L'un des principaux négociateurs iraniens, Sirous Nasseri, a déclaré sur la télévision d'Etat que son pays avait atteint un "point de non-retour" en ce qui concerne l'enrichissement. Interrogé sur la proposition d'un moratoire de cinq ans sur les programmes d'enrichissement, M. Nasseri a répondu qu'elle constituait "la plus grosse bourde politique (de Mohamed) Elbaradei au cours de son mandat" à la tête de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). "Cette proposition ne mènera nulle part. L'Iran a atteint ce point (de non-retour) au cours de l'année et demie écoulée, malgré les obstacles. Elle ne s'applique donc pas à nous", a-t-il dit.
Le directeur général de l'AIEA, agence onusienne veillant à la non-prolifération, a proposé en janvier un gel international des programmes d'enrichissement. L'enrichissement, qui, selon son degré, peut fournir le combustible à des centrales électriques civiles ou à des bombes, représente une préoccupation majeure de la communauté internationale face aux activités nucléaires iraniennes. Les trois grands Européens (Allemagne, France, Grande-Bretagne) ont obtenu en novembre que la République islamique suspende toutes ses activités d'enrichissement. Ils lui ont promis une coopération nucléaire, technologique et commerciale contre des "garanties objectives" que ses activités nucléaires resteraient purement civiles.
Des discussions en vue d'un accord, engagées en décembre, doivent se poursuivre cette semaine à Genève, selon des sources diplomatiques. "Les négociations de cette semaine avec les Européens sont les plus importantes du cycle de négociations", a déclaré le chef de l'Organisation de l'énergie atomique Gholamreza Aghazadeh, cité par la télévision. "Ces négociations approchent de leur terme de trois mois", où les deux parties étaient convenues d'évaluer l'état des travaux, "et les Européens doivent nous dire plus clairement cette semaine quelles sont leurs intentions", a-t-il ajouté. "Je ne suis pas satisfait de l'avancement du travail", a déclaré l'un des principaux dirigeants, Akbar Hachémi Rafsandjani, dans un entretien publié par le quotidien américain USA Today, "mais je suis heureux que les discussions se poursuivent".
Pierre d'achoppement, les Européens entendent obtenir des Iraniens un renoncement durable à l'enrichissement, garantie probante que la technologie civile n'est pas détournée à des fins militaires. Les Iraniens assurent que leur programme est purement civil et affirment ne consentir qu'à une suspension, le temps de trouver un accord avec les Européens, et pas plus de quelques mois. "Nous ne permettrons pas que la négociation se poursuive longtemps", a déclaré devant la presse le porte-parole du gouvernement, Abdollah Ramezanzadeh. "La question consiste à négocier avec les Européens un calendrier de reprise des activités nucléaires à des fins pacifiques", a-t-il dit. Un autre responsable nucléaire, Mohammad Saeedi, a même déclaré que "l'objectif est le développement de cette technologie" et que l'Iran entend devenir producteur mais aussi exportateur de combustible nucléaire.
Pour les Etats-Unis, sans lesquels les chances d'un accord entre Européens et Iraniens semblent considérablement compromises, il ne fait guère de doute que l'Iran veut l'arme atomique. Le chef de la diplomatie américaine, Condoleezza Rice, a redit dimanche que "l'Iran est clairement un problème pour le système international". Le vice-président américain Dick Cheney a dit à son tour que Washington soutenait les efforts diplomatiques européens, mais n'avait "éliminé aucune alternative pour le moment". Le président George W. Bush a lui-même refusé d'exclure une action militaire si ces efforts échouaient.
TEHERAN (2 février 2005) - Un représentant du puissant Conseil suprême de sécurité nationale a affirmé mercredi que l'Iran n'abandonnerait jamais son programe nucléaire, soulignant que les discussions avec les Européens visaient à protéger ses réalisations nucléaires.
Les propos émanant d'Ali Agha Mohammadi, porte-parole, constituent la dernière illustration d'un durcissement des positions de l'Iran alors qu'aucun procès n'a été enregistré dans les discussions avec les négociateurs européens.
L'Europe presse l'Iran de faire des concessions sur son programme nucléaire, les Etats-Unis accusant Téhéran de vouloir produire des armes nucléaires. En échange de garanties, les Européens offrent à l'Iran un soutien technologique et financier ainsi que la tenue de discussions sur le plan commercial.
Mercredi, M. Mohammadi a précisé que l'Iran ne reviendrait pas sur ses ambitions nucléaires même si les discussions en cours avec les Européens se soldaient par un échec. "Nous avons le pouvoir de négocier parce que nos réalisations restent dans nos mains et nous négocions pour les protéger", a-t-il dit.
Le président du Parlement iranien Gholam Ali Haddad Adel a également mis en garde les Européens contre toute tentative visant à faire traîner les discussions avec son gouvernement. "Si les Européens traînent dans les négociations, l'Iran réagira fortement". M. Adel précisé que le Parlement pourrait dans ce cas là obliger son gouvernement à développer le programme nucléaire de l'Iran.
TEHERAN (jeudi 27 janvier 2005) - Le ministère des Affaires étrangères
iranien a nié que les négociations nucléaires
avec l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne (UE3) soient
dans l'impasse, selon la presse de jeudi. "La publication
de telles informations vise à éclipser les négociations
constructives et montre le mécontentement de ceux qui sont
insatisfaits du processus actuel et tentent d'empêcher son
succès", a déclaré le porte-parole du
ministère Hamid Reza Asséfi, cité par les
journaux. "Les négociations avec les Européens
sont à un stade préliminaire et suivent leur cours
naturel. Les deux parties ont exposé leurs points de vue
et (...) des accords de principe ont été conclus",
a-t-il ajouté.
En vertu de ce qui a été convenu, "les deux
parties pourront évaluer les négociations au bout
de trois mois", a-t-il dit encore.
Selon des rapports confidentiels communiqués mercredi,
l'UE a durci sa position envers l'Iran, exigeant, lors d'une rencontre
à huis clos à Genève le 17 janvier, que ce
pays démantèle ses installations d'enrichissement
d'uranium afin de prouver que son programme nucléaire est
pacifique.
L'Iran, qui nie vouloir se doter de l'arme nucléaire, a
annoncé la suspension de son programme d'enrichissement
d'uranium dans le cadre de négociations menées depuis
mi-décembre par les trois pays de l'UE.
Mais Britanniques, Français et Allemands, qui espèrent
obtenir un accord à long terme par lequel les Iraniens
renonceraient à toute ambition nucléaire militaire
en échange d'avantages commerciaux, exigent désormais
une "garantie objective" et n'"accorderont aucune
faveur à l'Iran tant qu'il n'y aura pas d'avancée
au sein du groupe de travail". "La question de l'arrêt
des activités nucléaires iraniennes n'a jamais été
un axe des négociations" entre l'Iran et l'UE, a déclaré
pour sa part Hossein Moussavian, porte-parole de l'équipe
des négociateurs nucléaires iraniens, cité
jeudi par le quotidien Chargh. "L'objectif fixé pour
ces discussions est qu'à leur terme l'Iran apporte les
garanties indispensables à l'autre partie pour que celle-ci
soit certaine que le cycle du combustible nucléaire iranien
restera toujours pacifique et ne déviera jamais vers la
construction de la bombe atomique", a-t-il dit. L'UE a également
rejeté la demande de l'Iran de conserver 20 centrifugeuses
"à des fins de recherche", a-t-il ajouté.
L'Iran affirme que le Traité de non-prolifération
(TNP) l'autorise à mener des activités d'enrichissement
d'uranium à des fins pacifiques.
Dernières Nouvelles d'Alsace - Jeu 20 jan. 2005:
L'Iran a lancé hier une vigoureuse mise en garde aux Etats-Unis contre la tentation d'une attaque militaire pour stopper les activités nucléaires de la République islamique.
« La menace de nos ennemis
étrangers ne nous fait pas peur, ils savent bien que l'Iran,
pays historique d'islam, avec son antique civilisation, n'est
pas un lieu bien choisi pour les aventures », a déclaré
hier à Téhéran un des plus hauts personnages
de l'Etat iranien, l'ex-président Akbar Hachémi
Rafsandjani. « La République islamique d'Iran
répondra avec détermination à tout agissement
ou projet inconsidéré en s'appuyant sur un énorme
soutien populaire, son savoir-faire diplomatique et son haut potentiel
militaire », a renchéri le porte-parole des
Affaires étrangères Hamid Reza Assefi.
Ces propos faisaient écho à ceux tenus la
veille par le président américain Bush et aux spéculations
ravivées sur la possibilité d'opérations
militaires contre l'Iran si ce pays persistait à vouloir
se doter de l'arme atomique, comme les Etats-Unis l'en accusent.
« J'espère que nous pourrons résoudre
ce problème d'une manière diplomatique, mais je
n'écarterai jamais aucune option », a dit le
président Bush.
Ces déclarations se sont conjuguées à
un article du New Yorker pour donner une nouvelle vigueur à
des conjectures qui avaient déjà cours avant l'offensive
en Irak. Dans sa dernière livraison, le magazine écrit
que des commandos américains sont infiltrés depuis
l'été 2004 en Iran pour reconnaître des cibles
nucléaires et chimiques potentielles. Il fait dire à
un ancien haut responsable des renseignements américains
que « bientôt, nous assisterons à la campagne
d'Iran ». Le Pentagone a toutefois catégoriquement
démenti.
Front commun européen
Alors qu'ils étaient divisés
sur le dossier irakien, les pays européens ont pour leur
part écarté ensemble toute option militaire contre
l'Iran et insisté sur la nécessité d'un règlement
diplomatique à la question du nucléaire iranien.
Il n'y a pas « d'alternative » aux pourparlers
menés avec Téhéran pour empêcher une
« militarisation nucléaire » de ce
pays, a ainsi affirmé le porte-parole du gouvernement allemand
Belan Anda. « Ces pourparlers se mènent en étroite
coordination aves les Etats-Unis », a-t-il ajouté.
La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni négocient
depuis la mi-décembre avec l'Iran pour obtenir un accord
à long terme dans lequel Téhéran renoncerait
définitivement à toute ambition nucléaire
militaire. Dans l'attente d'un tel accord, les Européens
ont déjà obtenu de l'Iran une suspension des activités
d'enrichissement d'uranium qui peuvent avoir une finalité
militaire.
TEHERAN (mercredi 19 janvier 2005) - Un haut responsable iranien a réfuté
que des commandos américains aient pu s'infiltrer en Iran
pour reconnaître des cibles nucléaires en vue de
frappes, a rapporté la presse mercredi."Des commandos
américains ne peuvent pas entrer aussi facilement en Iran
pour y faire de l'espionnage, il serait simpliste d'accepter une
telle idée", a déclaré Ali Agha Mohammadi,
un porte-parole du Conseil suprême de la sécurité
nationale. "Nous connaissons nos frontières",
a-t-il insisté. Ali Agha Mohammadi a dénigré
les informations du magazine américain New Yorker comme
faisant partie d'une "campagne psychologique" contre
la République islamique. Le New Yorker écrit dans
sa dernière livraison que des commandos américains
effectuent des missions de reconnaissance secrètes en Iran
depuis l'été 2004 pour y localiser des cibles nucléaires
et chimiques potentielles. Ces informations, catégoriquement
démenties par le Pentagone, ont donné une nouvelle
vigueur aux spéculations sur d'éventuelles opérations
militaires américaines pour stopper les activités
nucléaires iraniennes. Elles ont été renforcées
quand le président américain George W. Bush a déclaré,
lundi, dans un entretien avec la chaîne NBC ne pas écarter
une action militaire contre l'Iran. "J'espère que
nous pourrons résoudre ce problème d'une manière
diplomatique, mais je n'écarterai jamais aucune option",
a-t-il dit. Selon Ali Agha Mohammadi, les informations du New
Yorker "ne méritent pas qu'on s'y arrête".
Il a répété que le programme nucléaire
iranien était purement pacifique et que l'Iran ne cherchait
pas à avoir l'arme atomique, comme l'affirment les Etats-Unis:
"Nous n'avons pas d'armes atomiques et l'Agence internationale
de l'énergie atomique a inspecté les installations
iraniennes". L'AIEA enquête depuis février 2003
en Iran pour s'assurer que la République islamique n'a
pas d'activité nucléaire militaire. L'ancien président
Akbar Hachémi Rafsandjani, resté un personnage clé
du régime, a mis en garde les Etats-Unis mardi contre toute
opération militaire contre l'Iran. "La menace de nos
ennemis étrangers ne nous fait pas peur, ils savent bien
que l'Iran, pays historique d'islam avec son antique civilisation,
n'est pas un lieu bien choisi pour les aventures", a-t-il
déclaré, selon l'agence officielle Irna.
Courrier international, 17 janv. 2005:
"L'administration Bush a autorisé l'organisation de missions de reconnaissance secrètes en Iran. Ces missions effectuées par des commandos américains pour localiser des installations nucléaires et chimiques potentielles sont en cours au moins depuis l'été 2004", annonce The New Yorker dans un article signé par Seymour Hersh, son spécialiste des services secrets. Hersh, qui a mené sa propre enquête et interrogé des anciens membres des services de renseignement américains, précise que "le président George W. Bush a signé une série de documents et d'autorisations permettant la mise en place, sans contraintes légales, de ce genre d'opérations par Donald Rumsfeld, ministre de la Défense". Le Pentagone échappe aussi à l'obligation d'en informer le Congrès.
Toujours en citant des sources liées aux services de renseignement, Hersh affirme "qu'un commando américain a travaillé étroitement avec un groupe de scientifiques pakistanais qui ont eu affaire à des savants nucléaires iraniens". En échange de cette coopération, le président pakistanais Pervez Musharraf a reçu l'assurance que son gouvernement n'aurait pas à livrer Abdul Qadeer Khan, père de la bombe atomique pakistanaise, pour être interrogé sur son rôle dans la vente de secrets nucléaires, poursuit Hersh dans les pages du célèbre hebdomadaire de l'intelligentsia américaine.
Une collaboration étroite existe également
entre les services du ministère de la Défense américain
et des consultants et experts israéliens, afin de cerner
l'étendue du potentiel nucléaire iranien et localiser
les cibles éventuelles. "Les autorités israéliennes
ont été déçues par la médiation
européenne qui a essayé de convaincre les Iraniens
de renoncer à leur programme de développement d'armes
nucléaires en échange d'une aide économique
et commerciale", souligne l'auteur. Il rappelle par ailleurs
qu'après les bombardements effectués en 1981 par
les forces israéliennes contre le réacteur nucléaire
irakien Osirak, les Iraniens ont procédé à
la dispersion de leurs sites de développement d'armes nucléaires
à travers le pays. Certaines installations militaires nucléaires
ont même été déplacées vers
des sites souterrains. De ce fait, leur localisation est devenue
beaucoup plus difficile.
NouvelObs, 16/1/05 :
L'Iran a déclaré dimanche que la récente inspection de l'ONU montrait l'absence de programme nucléaire secret. Le pays compte bientôt reprendre l'enrichissement d'uranium.
La République Islamique iranienne a
signifié dimanche 16 janvier que l'inspection par l'Onu
d'un site de l'armée prouverait l'absence de programme
nucléaire secret et qu'elle comptait, à terme, reprendre
l'enrichissement d'uranium à des fins civiles.
Des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA) ont visité jeudi un site de l'armée
à Parchine, au sud-est de Téhéran, pour tenter
de vérifier que les Iraniens n'y avaient pas mené
secrètement d'activité nucléaire à
caractère militaire, comme l'en soupçonnent les
Américains. "Ils ont visité les lieux, ils
ont procédé à des prélèvements
en milieu ouvert et ils sont rentrés chez eux", a
déclaré devant la presse le porte-parole des Affaires
étrangères Hamid Reza Assefi. "Nous connaissons
les résultats parce que nous n'avons pas d'activité
illégale", a-t-il ajouté. "Quand ils (l'AIEA)
auront effectué leur analyse, ils confirmeront nos positions",
a-t-il dit.
Soupçons
Les inspecteurs étaient à la recherche d'éventuelles
traces de radioactivité qui permettraient de dire que des
matières nucléaires ont été entreposées
là. La suspicion à l'encontre de Parchine a été
confortée par le refus iranien d'y donner accès
à l'AIEA pendant plusieurs mois. L'Iran se retranchait
derrière la préservation du secret de ses activités
militaires conventionnelles.
Confronté aux soupçons, la République islamique
a accepté en novembre de suspendre l'enrichissement d'uranium,
qui peut avoir une double finalité civile ou militaire.
Cet engagement a été obtenu par les Européens
contre la promesse d'une coopération technologique et nucléaire,
économique et dans le domaine de la sécurité.
M. Assefi a répété que son pays recommencerait
à enrichir un jour pour fournir le combustible à
ses futures centrales civiles: "Il est évident que
nous reprendrons l'enrichissement. Nous avons dit dès le
départ que la suspension était volontaire et pour
le court terme. Nous finirons par reprendre
Tunis Hebdo, 10 au 16 janvier 2005:
Une source militaire iranienne a confirmé
qu'un avion sans pilote, communément appelé drone,
a pu atterrir dans une zone militaire proche de la ville d'Arak,
au nord de l'Iran, où se trouve un site nucléaire
secret.
Ce drone, muni de systèmes électroniques de haute
technologie pour des prises aériennes, a réussi
à violer l'espace aérien iranien dans une mission
de reconnaissance sur les sites nucléaires iraniens au
nord, autour de Téhéran, Ispahan et Arak.
Les systèmes d'alerte de l'armée iranienne ont réussi
à le localiser jusqu'à son atterrissage près
du site d'Arak, d'où il a été transporté
sur une base aérienne proche des lieux pour l'analyser
dans son ensemble et l'ensemble de ses systèmes et appareils
dont il est muni.
La même source militaire précise d'autre part que
les vols de ce genre au-dessus du territoire iranien en général
et des sites secrets ou nucléaires en particulier, se sont
multipliés ces derniers temps, survols qui se font surtout
de nuit. Alors que des rapports indiquent que la détection
d'engins volants dans la partie est du globe, (Iran, Russie) s'est
particulièrement développée depuis quelque
temps, ce qui a poussé les deux pays à coopérer
dans ce domaine et poussé l'armée de l'air iranienne
à se mettre en état d'alerte maximum pour parer
à toute attaque israélienne.
TEHERAN (22 décembre 2004) - Une dizaine d'espions arrêtés au cours des derniers mois fournissaient des informations sur le nucléaire iranien aux services de renseignement américains et israéliens, a affirmé mercredi le ministre iranien des Renseignements Ali Younessi, cité par l'agence officielle Irna. "Plus de dix espions nucléaires ont été arrêtés au cours de cette année", a déclaré M. Younessi devant la presse iranienne. "Ils travaillaient pour le Mossad et la CIA et ont été arrêtés à Téhéran et à Hormozgan (sud)", a-t-il ajouté.
Certains d'entre eux, peut-être trois, "travaillaient pour l'Organisation iranienne de l'énergie atomique et les autres étaient de profession libérale", a-t-il dit. "Ils ont été remis au tribunal révolutionnaire et leur identité ne sera pas révélée avant le début de leur procès", a-t-il dit. Les premières informations ne précisaient pas les faits qui leur étaient reprochés.
Le 7 décembre dernier, le porte-parole de la justice avait annoncé que "le procès des espions nucléaires se tiendrait probablement à huis clos après la fin de l'enquête". En août, M. Younessi avait annoncé l'arrestation d'un "certain nombre d'espions qui transmettaient à l'étranger des informations sur le programme nucléaire iranien".
Il avait ajouté que "les +hypocrites+ (l'appellation donnée aux Moudjahidine du peuple, organisation d'opposition au régime islamique en exil) ont pris la plus grande part au transfert des informations". "Par le passé, ils se sont même glorifiés d'avoir fait de l'espionnage contre l'Iran et, lors d'une conférence de presse aux Etats-Unis, ils se sont vantés d'avoir fourni des renseignements aux Américains et à d'autres", avait-il précisé.
En juillet 2000, la justice iranienne avaient condamné à des peines de prison dix juifs et deux musulmans accusés d'espionnage pour Israël qui ont finalement été libérés en 2003. Pour sa part, le général Mohammad Salimi, le commandant en chef de l'armée iranienne, a affirmé que les forces armées iraniennes avaient reçu l'ordre de se préparer pour défendre les sites nucléaires iraniens contre toute attaque.
"L'armée de l'air a reçu instruction de protéger avec toutes ses forces les sites nucléaires iraniens", a déclaré le général Salimi, cité par le quotidien gouvernemental Iran. "L'armée de l'air a suspendu toutes ses manoeuvres pour un temps et a concentré ses moyens sur les patrouilles de combat dans le ciel", a-t-il ajouté.
Le général répondait à une question sur des informations de presse concernant une simulation d'attaque par des forces ennemies contre la centrale nucléaire de Bouchehr, actuellement en construction par les Russes dans le sud du pays. "Toutes nos forces, l'armée de terre, les forces anti-aériennes, les radars tactiques (...) sont en train de protéger les sites nucléaires et une attaque contre ces sites ne sera pas possible aussi facilement", a-t-il déclaré.
Ces derniers mois, des journaux israéliens, américains et arabes ont publié des informations sur une éventuelle attaque américaine et israélienne contre les sites nucléaires iraniens. Les responsables américains et israéliens ont toutefois démenti l'existence d'un plan d'attaque contre l'Iran. Les Etats-Unis et Israël sont les deux principaux critiques des activités nucléaires que Téhéran proclame purement civiles mais qui, selon eux, servent de couverture pour fabriquer l'arme atomique.
Le discours militaire iranien affirme régulièrement qu'Israël doit être "rayé de la carte" et les avancées annoncées du programme de missiles conventionnels de la République islamique renforcent les inquiétudes d'Israël.
16 déc 2004 - Un échec des pressions internationales pour dissuader l'Iran de se doter de l'arme nucléaire inciterait des pays tels que l'Egypte, l'Arabie Saoudite ou le Japon à suivre l'exemple de Téhéran, estiment des experts. En se dotant de l'arme nucléaire, l'Iran "donnerait un coup fatal au Traité de non prolifération (TNP) nucléaire", estime François Heisbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique, basée à Paris. "On se retrouverait dans la logique des années 1960, quand John Kennedy disait qu'il craignait que le monde compte rapidement 25 pays, ou plus, en possession de la bombe", a-t-il déclaré.
Les Européens négocient actuellement avec l'Iran les modalités d'un accord de coopération nucléaire, technologique, commerciale et sécuritaire, pour le persuader de s'en tenir à sa décision de suspendre l'enrichissement d'uranium, une activité qui peut avoir des finalités civiles comme militaires. "Lorsque l'Iran brandira la menace nucléaire, le TNP n'aura plus de crédibilité, il perdra sa raison d'être", estime le politologue algérien Hasni Abidi, spécialiste du Proche-Orient. "L'Arabie saoudite sera incitée à emboîter le pas, car elle n'acceptera jamais qu'un Etat chiite comme l'Iran se dote de l'arme nucléaire, elle n'acceptera pas une nouvelle menace, après le chaos provoqué par l'Irak", a-t-il ajouté. "Même chose pour l'Egypte", poursuit M. Abidi, "qui entretient une longue rivalité avec l'Iran". "Un pays comme l'Egypte s'embarquerait très vraisemblablement dans le nucléaire militaire", convient aussi M. Heisbourg. "C'est une question de leadership régional, qui n'a rien à voir avec Israël" (qui selon les experts possède déjà l'arme nucléaire), ajoute-t-il.
Une des conséquences serait "que les petits pays de la région, Qatar ou les Emirats, chercheraient des alliances de défense beaucoup plus étroits avec les Etats-Unis, ce qui est paradoxal", a-t-il dit.
M. Heisbourg estime que le précédent iranien pourrait aussi entraîner dans son sillage "l'Algérie, le Japon, la Corée du sud ou Taïwan". "Sans parler de la Corée du nord, qui est déjà sortie des disciplines du TNP", en développant un programme nucléaire dénoncé par Washington.
Les Etats-Unis, qui accusent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire, se sont efforcés de déférer le dossier iranien devant le Conseil de sécurité de l'Onu, ce que l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) n'a pas fait pour le moment, prenant acte que ce pays a suspendu ses activités d'enrichissement en vertu de l'accord passé avec les Européens.
Mais, estime Robert Malley, ancien conseiller de Bill Clinton pour le Proche-Orient et membre du International Crisis Group, "les Etats-Unis n'ont pour l'instant pas d'appétit pour une intervention militaire contre l'Iran". "Ils ne sont pas d'accord avec l'approche européenne", qui vise à contenir la menace iranienne par la persuasion, "mais ils la soutiennent, faute d'alternative dans l'immédiat". "Il est vrai, a noté mercredi à Washington le chef de la diplomatie française Michel Barnier, que les Américains répondent à notre médiationavec du scepticisme". Mais, a-t-il ajouté, "la voie politique est la bonne voie".
Quant à l'Iran, il conditionne le respect
de ses engagements en vertu du TNP à la reconnaissance
de son droit à enrichir l'uranium, activité qui,
fait-il valoir, n'est pas interdite par le TNP. "C'est la
quadrature du cercle", résume un expert en affaires
iraniennes, Xavier Houzel. "Il sera impossible de faire accepter
aux Iraniens des restrictions qu'on ne réclame pas à
d'autres détenteurs du nucléaire civil comme le
Brésil".
Libération, jeudi 16 décembre 2004:
Par Philip H. GORDON et Kenneth POLLACK
Lorsque l'Iran a finalement consenti, le mois dernier, à suspendre son programme nucléaire, répondant ainsi aux efforts de dialogue et aux promesses de l'Europe en matière de technologie et de commerce, la réaction de Washington fut, comme on pouvait s'y attendre, essentiellement négative. Et si l'administration américaine a finalement choisi de ne pas opposer son veto à cet accord conclu avec l'Agence internationale pour l'énergie atomique, elle ne s'est pas privée de montrer du doigt l'approche européenne, lui prédisant toutes les chances de fiasco. «Ici, les gens sont très mécontents de cette affaire», a déclaré un officiel au Washington Post, «mais nous sommes contraints de suivre le mouvement. Quoi qu'il en soit, nous sommes convaincus que l'Iran rompra cet accord sans tarder».
Un tel scepticisme à propos de l'Iran est, certes, justifié. C'est un pays qui a déjà trahi ses engagements par le passé, et de nombreux signes portent à croire que le régime en place, soutenu par une large majorité de l'opinion publique, tient réellement à se doter de l'arme nucléaire. La vraie question, toutefois, n'est pas de savoir si Téhéran est digne de confiance - la réponse est connue -, mais si la politique que nous menons peut inciter les Iraniens à renoncer à leurs ambitions nucléaires. A cet égard, la position de Washington, qui consiste à se désolidariser de l'approche européenne sans proposer d'alternative concrète, ne mène nulle part. Pire, en refusant de s'aligner sur la perspective européenne sous prétexte que celle-ci serait vouée à l'échec, les Etats-Unis risquent bel et bien de froisser le régime iranien, et de susciter au final la réaction qu'ils redoutaient.
Les Etats-Unis et l'Europe ont donc tout intérêt à mettre rapidement en avant un ensemble de mesures conjointes - à la fois incitatives et dissuasives destinées à convaincre Téhéran de mettre un terme définitif à son programme nucléaire. Et ce, pour plusieurs raisons.
Premièrement, même si l'on peut, à juste titre, reprocher aux Américains d'exagérer la menace, il est certain qu'un Iran doté de l'arme nucléaire représenterait un désastre majeur pour le Moyen-Orient et le monde tout entier. Car dans une telle hypothèse, Téhéran n'hésiterait pas à radicaliser sa politique étrangère, en renforçant notamment son soutien au terrorisme - un cas de figure dans lequel l'Occident n'aurait plus aucune marge de manoeuvre. Sans compter que, permettre à l'Iran de se constituer un arsenal nucléaire, c'est aussi prendre le risque de voir tout le Moyen-Orient lui emboîter le pas.
Contrairement aux programmes nucléaires indien et pakistanais, certes regrettables, mais qui sont, à la base, uniquement dirigés l'un vers l'autre (ainsi que vers la Chine, déjà équipée), et n'induisent pas de risque de prolifération dans la région.
En effet, le spectre d'une bombe iranienne ne manquerait pas de pousser les pays voisins Arabie Saoudite, Turquie, et éventuellement Irak - à se constituer leurs propres munitions. Contrairement aux accusations formulées par les Américains, si l'Europe cherche à s'entendre avec l'Iran, ce n'est en aucun cas parce qu'elle ignore ces menaces. Et c'est même parce qu'elle est à la fois convaincue que Téhéran souhaite se doter de l'arme nucléaire, et qu'un tel événement déstabiliserait toute la région, que l'Europe a opté pour la négociation.
Deuxièmement, même si de nombreux Américains prétendent un peu vite que tous les Iraniens - fanatiques et réformistes confondus - sont totalement acquis à l'idée de l'armement nucléaire, le débat national iranien offre une interprétation plus nuancée. En effet, il ne faut pas oublier que le régime théocratique iranien a son talon d'Achille : une économie vacillante, qui sème un peu partout la morosité, et fragilise de ce fait le pouvoir. Or, les Iraniens savent pertinemment qu'il leur faudra compter sur le commerce, l'aide et les investissements extérieurs pour redresser leur situation économique - et pour nombre d'entre eux, cette priorité devance largement celle qui consiste à acquérir l'arme nucléaire. La proposition des Européens ne constitue qu'un premier pas - encore insuffisant, vers ce qui fonde véritablement nos espoirs : faire dérailler le projet nucléaire iranien, en persuadant Téhéran que son économie risque tout simplement de sombrer si le pays n'abandonne pas sa propagande en faveur de l'armement nucléaire.
Troisièmement, l'Amérique et l'Europe doivent impérativement unir leurs efforts car d'une part, il est utopique de croire que l'Europe parviendra, seule, à stopper l'Iran dans sa course à l'armement nucléaire. Et d'autre part, Européens et Américains ont globalement épuisé leurs arguments persuasifs (pour les premiers), et dissuasifs (pour les seconds). L'Europe, dans la mesure où elle communique et commerce déjà avec Téhéran - par ses investissements sur place et ses importations de pétrole, n'a pas vraiment de nouvelles carottes à lui offrir. Et quels autres bâtons pourraient bien agiter les Etats-Unis, sachant qu'ils refusent déjà en bloc toutes les tractations en cours ? Le seul moyen de donner tout son impact au parti pris européen, serait donc que les Etats-Unis se décident à faire usage de la carotte, et que l'Europe se serve un peu du bâton.
En tant qu'anciens chargés officiels, pour un précédent gouvernement américain, de la politique à l'égard de l'Iran et de l'Europe, nous sommes malheureusement bien placés pour savoir que les Européens gardent une mauvaise impression des discussions acharnées - et stériles - qui ont pu avoir lieu à propos de l'Iran. Tout au long des années 90, les gouvernements européens ont refusé de menacer les Iraniens au moyen de sanctions ou même de maintenir le pays sur le qui-vive, afin qu'il abandonne une position jugée dangereuse... Alors que l'Iran était de toute évidence terrifié à l'idée que l'Europe puisse s'allier aux Américains pour lui infliger des mesures coercitives.
Et enfin, la triste réalité est que les Etats-Unis disposent de moyens d'action très limités vis-à-vis de l'Iran. L'invasion d'un pays près de trois fois plus grand et plus peuplé que l'Irak - où, par ailleurs, l'armée américaine est déjà fortement mobilisée - est actuellement inenvisageable, et pourrait se révéler désastreuse compte tenu du nationalisme forcené de la plupart des Iraniens. Des raids aériens et des attaques de missiles ciblées pourraient bien enrayer la construction du programme nucléaire iranien, mais nous ne disposons pas actuellement des renseignements nécessaires pour évaluer l'efficacité d'une telle action. Ce que nous savons à coup sûr, c'est que le fait d'entreprendre de telles frappes provoquerait une douloureuse riposte de la part de Téhéran : une guerre visant à déstabiliser l'Irak, ou encore le soutien à des actions terroristes dirigées contre les Etats-Unis. De plus, tout usage de la force militaire ne ferait qu'emballer le processus de développement nucléaire iranien - encore graduel et circonscrit, ce qui plongerait les Etats-Unis dans un cercle vicieux de représailles sans fin.
La meilleure façon pour Washington de persuader l'Iran de lâcher prise, est de mettre un terme à sa politique actuelle de dénigrement, et de se joindre à ses alliés européens pour mettre Téhéran au pied du mur : soit l'Iran devient un Etat paria appauvri et isolé, mais disposant de la force nucléaire, soit il peut commencer à réintégrer la communauté internationale, subvenir aux besoins de sa population et préserver sa sécurité en échange de son renoncement. Les efforts qu'accomplit actuellement l'Europe sont loin d'être parfaits, mais les Etats-Unis n'ont pas d'autre solution que de s'y rallier... ce qui vaut toujours mieux que se tenir à l'écart en se bornant à proférer des critiques, comme le fit Néron pendant que Rome brûlait.
Derniers ouvrages parus : Philip H. Gordon, Allies at War : America, Europe and the Crisis over Iraq.
Kenneth M. Pollack, The Persian Puzzle :
The Conflict Between Iraq and America.
Philip H. Gordon et Kenneth M. Pollack chercheurs à The
Brookings Institution et anciens membres du Conseil national de
sécurité.
Libération, 16 décembre 2004
L'Europe à portée de missile de l'Iran
Libération, 12 décembre 2004:
VIENNE - L'Iran compte profiter des entretiens de ce lundi à Bruxelles avec trois pays européens pour s'assurer le droit de poursuivre des recherches sur des équipements susceptibles de servir à la fabrication d'armes nucléaires, déclarent des diplomates occidentaux.
Le négociateur iranien Hassan Rohani s'entretiendra avec les ministres des Affaires étrangères britannique, français et allemand d'une série d'incitations économiques et politiques en échange desquelles Téhéran renoncerait à tout enrichissement d'uranium ou retraitement de plutonium qui permettrait de fabriquer du combustible nucléaire de qualité militaire.
"L'Iran compte insister sur son droit d'effectuer (des recherches) en n'acceptant des négociations que sur les modalités d'inspection, et non sur l'existence de (recherches)", a dit à Reuters un diplomate qui suit les travaux de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) basée à Vienne.
Les Etats-Unis accusent Téhéran de chercher à mettre au point des armes nucléaires sous le couvert d'un programme atomique civil, ce que l'Iran dément. Washington a incité l'AIEA à porter l'affaire devant le Conseil de sécurité de l'Onu aux fins de sanctions, mais l'agence onusienne s'y est refusée.
RECONNAISSANCE DE FAIT
Les centrifugeuses, machines à enrichir l'uranium pour un usage qui peut concerner le nucléaire civil ou militaire, constituent un sujet sensible pour les Européens, qui souhaiteraient voir l'Iran abandonner toute activité de nature à produire de l'uranium enrichi ou du plutonium utilisables dans la fabrication d'armes.
Mais Téhéran a clairement fait comprendre qu'il n'y renoncerait jamais.
"Un gel définitif (de l'enrichissement d'uranium) n'est pas une possibilité en ce qui nous concerne", a déclaré Hamid Reza Asefi, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, lors d'une conférence de presse hebdomadaire. "Ce que nous avons accepté, c'est une suspension temporaire et de courte durée."
Selon des diplomates occidentaux proches des négociations UE-Iran, les revendications de Téhéran sont étendues. En échange du gel de son programme nucléaire, l'Iran souhaite des avantages touchant aux télécommunications, aux chemins de fer et aux moyens de financement.
Les Iraniens ont indiqué qu'ils souhaitaient des progrès rapides dans leurs pourparlers avec l'UE et la levée des restrictions sur les ventes de technologies sensibles à leur pays. La question du temps pourrait faire problème, les Iraniens souhaitant que les discussions soient une affaire de mois alors que les Européens s'attendent à les voir durer des années.
Selon des diplomates en poste à Vienne, le fait de reconnaître à l'Iran le droit de poursuivre des recherches en matière nucléaire reviendrait à lui reconnaître celui de se doter à terme d'un programme d'enrichissement d'uranium.
La "troïka" européenne est handicapée par le fait que Washington refuse de participer à une formule "incitative" à l'égard de Téhéran, que les Etats-Unis accusent d'exploiter purement et simplement de telles négociations pour éviter des sanctions économiques de l'Onu tout en poursuivant ses recherches pour accéder à une capacité nucléaire militaire.
Louis Charbonneau
Le Devoir, mercredi 1er décembre 2004
:
Le bras de fer autour du programme nucléaire iranien -
L'Iran joue-t-il avec le feu nucléaire?
Swissinfo, 30 novembre 2004 :
TÉHÉRAN - L'Iran reprendra à terme l'enrichissement
d'uranium et n'y renoncera jamais, a dit le responsable du nucléaire
iranien. Il s'exprimait au lendemain de
l'adoption par l'Agence internationale de l'énergie atomique
(AIEA) d'une résolution favorable à Téhéran.
"Contrairement à ce que prétendent les Américains,
la République islamique d'Iran n'a pas renoncé au
cycle de production du combustible nucléaire (qui comprend
l'enrichissement). Elle n'y renoncera jamais et le mettra en oeuvre",
a dit Hassan Rohani.
L'AIEA, agence onusienne veillant à la non-prolifération,
a adopté lundi une résolution donnant acte à
l'Iran de sa décision de suspendre l'enrichissement d'uranium
en gage de bonne foi et ne saisissant pas le Conseil de sécurité
de l'ONU de la querelle nucléaire iranienne, comme l'auraient
voulu les Etats-Unis.
La suspension de l'enrichissement par l'Iran a été
obtenue par l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne contre
la promesse d'un accord de coopération nucléaire,
technologique, économique, et dans le domaine de la sécurité,
avec l'Union européenne. Les négociations pour un
tel accord doivent commencer en décembre.
"La suspension n'est valable que le temps des négociations",
a déclaré le responsable iranien. "Cela doit
être une question de mois et non pas d'années",
a ajouté M. Rohani.
"Leur durée doit être raisonnable, et ne pas
se prolonger, nous ne devons pas sentir pendant les négociations
que l'on cherche à gagner du temps", a-t-il encore
dit. "Si les négociations se retrouvent dans une impasse,
qu'elles n'avancent plus, la suspension cessera", a poursuivi
le responsable.
TEHERAN (28 novembre 2004) - L'Iran a maintenu dimanche sa demande d'exclure 20 centrifugeuses de son accord à suspendre ses activités de recherche nucléaire, tout en se disant confiant dans la possibilité de régler ce problème au sein de de l'Agence de l'Onu chargée du nucléaire sans recourir au Conseil de sécurité... [Suite]
Le Figaro, 25 novembre 2004 :
«Mais que veut donc l'Iran ?» Membre de la Fondation pour la recherche stratégique à Paris, Bruno Tertrais se garde bien d'une réponse précise. «Si l'Iran aspire seulement à être libéré de son étiquette d'«Etat voyou» pour revenir dans le concert des nations, il n'a pas besoin de la bombe atomique. Des garanties internationales suffiraient. Mais si, face aux Etats-Unis, son objectif, c'est d'accéder au statut de puissance régionale, la création d'une force de dissuasion est évidemment logique.»
Alors que le conseil des gouverneurs de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) se retrouve aujourd'hui à Vienne pour sa réunion trimestrielle, l'attitude de Téhéran reste toujours aussi ambiguë.
Quelques jours à peine après avoir conclu un compromis avec l'Union européenne, l'Iran conteste le projet de résolution que l'UE va présenter à l'AIEA. Selon Mohammed Saïdi, directeur adjoint de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, «la suspension de l'enrichissement de l'uranium devient une obligation légale et prend un caractère illimité. Or il n'y a rien de tel dans l'accord que nous avions signé».
En octobre 2003, la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne avaient déjà cru obtenir un arrangement satisfaisant. En promettant de respecter les obligations du TNP (Traité de non-prolifération) auquel il adhère depuis longtemps, l'Iran n'avait plus à craindre que Washington exige le recours au Conseil de sécurité de l'ONU. Dénoncé par George W. Bush comme l'un des trois pivots, avec l'Irak de Saddam Hussein et la Corée du Nord, d'un «axe du mal» que les Etats-Unis se disaient déterminés à abattre, l'Iran rêve aujourd'hui de respectabilité. A l'inverse de Saddam Hussein ou du régime de Pyongyang, il craint donc les sanctions éventuelles du Conseil de sécurité qui feraient de lui un paria.
Mais, poursuivant une stratégie schizophrène, l'Iran ne veut pas non plus renoncer à l'arme nucléaire. Il se juge encerclé par des puissances hostiles : Israël avec son arsenal non avoué, l'Arabie saoudite, haut lieu de l'islam sunnite pour qui les chiites sont des traîtres et, maintenant, les soldats américains qui campent de l'autre côté de sa frontière avec l'Irak. Du coup, le programme militaire clandestin, que les Iraniens persistent à mener parallèlement à l'atome dit pacifique, est justifié comme un moyen de «sanctuariser» le pays. «Du point de vue géo-politique, remarque François Heisbourg, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, cette volonté d'accéder à la bombe reflète effectivement le rapport des forces sur le terrain. Le problème c'est que, contrairement au Pakistan et à l'Inde, devenus des puissances nucléaires, l'Iran a signé le TNP.»
Officiellement, Téhéran a renoncé au nucléaire militaire puisque le TNP l'interdit. Mais «les diplomates iraniens qui sont habiles au marchandage des souks, remarque un observateur occidental, ne cessent de vendre le même tapis». Même si, comme l'affirment les Iraniens, la suspension de l'enrichissement est «volontaire et temporaire» plutôt qu'«obligatoire et illimité», le fait est que Téhéran a juré d'arrêter. Or, sur le site de Natanz, près de la capitale, des ingénieurs persistent à mettre au point des cascades de centrifugeuses dont le seul intérêt est d'enrichir l'uranium jusqu'aux niveaux très élevés que demande un usage militaire.
Les Iraniens jonglent avec plusieurs cartes diplomatiques. Ils jouent la troïka européenne pour éviter que les Etats-Unis n'imposent la transmission du dossier à l'ONU. Ils soignent les pays du tiers monde qui, constituant la majorité du Conseil de l'AIEA, sont forcément des alliés contre Washington. Ils accordent à la Russie les meilleurs contrats pour s'assurer d'un éventuel veto devant le Conseil de sécurité. Pourtant Heisbourg a un diagnostic positif :«Les Européens qui ne sont armés que d'un sabre de bois ont bien manoeuvré. En matière de prolifération, l'essentiel est de gagner du temps pour ménager des transitions.»
La partie de billard est permanente. Dans l'accord avec l'Union européenne, les Iraniens ont ainsi le sentiment d'avoir marqué plusieurs points. D'abord, le texte ne prévoit pas de critère déclencheur de la saisine du Conseil de sécurité. Ensuite, l'interdiction de convertir l'uranium en gaz UF-6 comme carburant des centrifugeuses a été grignotée : les 37 tonnes d'uranium déjà stockées dans l'usine nucléaire d'Ispahan pourront être transformés en UF-4, dernière étape avant l'UF-6. Enfin, l'examen du Conseil de l'AIEA n'est plus automatique. C'est Mohamed ElBaradei, le patron égyptien de l'Agence de Vienne, qui décidera quand il estimera nécessaire de faire un rapport aux gouverneurs.
Pour Heisbourg, il n'y a pas d'autre solution que la démarche de la troïka européenne :«Les Etats-Unis n'ont pas osé profiter de la fenêtre d'opportunité des premières semaines de l'intervention contre l'Irak, lorsqu'ils disposaient pour attaquer l'Iran de 300 000 GI et de 40 000 soldats britanniques. Quant à l'aviation israélienne, elle ne pourrait pas rééditer le raid qui avait détruit le réacteur irakien en 1981. Parce que les installations iraniennes sont dispersées à travers un pays immense et enfouis dans le béton, il faudrait des semaines de bombardement. Surtout, le rôle d'Israël confirmerait qu'entre l'Occident et l'islam, il y a bien une guerre des cultures.»
Ancien conseiller de George W. Bush, David Frum défend évidemment la thèse contraire. «Si l'Iran, dit-il, finit par démanteler son programme nucléaire, les Européens s'empresseront de proclamer qu'ils ont démontré que Bush a eu tort de faire la guerre à l'Irak pour éliminer les armes de destruction massive de Saddam. Mais si les Iraniens ne renoncent pas, ce sera une nouvelle preuve de la faillite du système multilatéral.» David Frum s'indigne : «Contrairement aux Européens, nous refusons la logique de Téhéran. Comprendre l'attitude de l'Iran, c'est déjà pardonner.»
Charles Lambroschini
Remarque: le plus facile pour faire des bombes atomiques c'est d'utiliser du Plutonium, utiliser l'autre filière (enrichissement de l'Uranium) est plus lourd, plus long et beaucoup moins discret.
Edicom
TÉHÉRAN (24 novembre 2004)
- L'Iran ne démantèlera
jamais complètement son programme nucléaire. Mais
Téhéran est prêt à donner des assurances
pour un usage exclusivement «pacifique» de l'enrichissement
d'uranium, a déclaré à Pékin le principal
négociateur iranien avec l'AIEA.
«L'Iran est prête à donner toutes les assurances
que ses activités d'enrichissement d'uranium ne seront
jamais utilisées à des fins militaires», a
déclaré Seyev Hossein Moussavian à l'issue
d'une visite en Chine.
«C'est pourquoi nous avons le droit d'utiliser la technologie
nucléaire à des fins pacifiques. Ce droit doit être
appliqué sans discrimination. C'est pourquoi un démantèlement
est hors de question», a ajouté M. Moussavian,
qui est le principal négociateur iranien avec l'Agence
internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Cette déclaration survient à la veille d'une importante
réunion de l'Agence, et trois jours après l'annonce
par Téhéran de la suspension totale de ses activités
dans le domaine du traitement de l'uranium, demandée par
la communauté internationale.
«Nous ne pensons pas que la question sera portée
devant le Conseil de sécurité parce que les Etats-Unis
sont isolés à cause de la coopération de
l'Iran avec l'Union européenne et d'autres pays»,
a encore dit M. Moussavian, qui a négocié l'accord
sur la suspension avec les Européens.
Le responsable iranien avait affirmé il y a une semaine
que les Etats-Unis étaient prêts à soumettre
un plan contre l'Iran si Téhéran avait refusé
de suspendre l'enrichissement d'uranium. Ce plan aurait notamment
demandé à l'Iran d'arrêter complètement
le cycle du combustible nucléaire, selon M. Moussavian.
Une analyse de l'Obsarm, 22 novembre 2004 :
Trois questions à Jean-Marie Collin, chercheur associé à l'Observatoire/CDRPC, sur le programme nucléaire militaire iranien.
Quel pays a pu assister l'Iran dans son
programme ?
La frontière entre le nucléaire
civil et la bombe atomique n'est pas d'ordre technique, mais politique.
L'inquiétude de la communauté internationale sur
la nature exacte du programme nucléaire « civil »
iranien découle de cette réalité. Ainsi,
Le programme iranien remonte au début des années
1960, le Shah, alors en place, souhaitait lancer son pays dans
la construction d'un vaste complexe (près de vingt centrales
nucléaires), non sans arrière-pensée militaire.
Rapidement les principaux fournisseurs de procédés
nucléaires civils (Allemagne, Etats-Unis, France, URSS)
vont aider Téhéran, à travers des projets
de coopération, lui permettant d'acquérir une technologie
éminemment duale. Cette étroite relation s'est accentuée
dans les années 1970, l'Iran parvenant à obtenir
divers équipements (réacteurs, début de construction
de la centrale du Bouchehr, plan d'usine de retraitement de matière
fissile). La révolution islamique mettra un terme à
ces « liaisons dangereuses », pour laisser la place
à d'autres États comme l'Argentine, la Chine (qui
livra en 1991, sans déclaration auprès de l'AIEA,
de l'uranium) ou le Pakistan. Enfin, n'oublions pas que cette
affaire de la bombe iranienne a (re)commencé avec les protestations
et les craintes de Washington lorsque Moscou reprit sa coopération
nucléaire, à des fins pacifiques (1995) avec Téhéran
pour achever la construction de la centrale du Bouchehr et fournir
à l'Iran du combustible nucléaire. Outre cette assistance
étatique officielle, l'Iran se servit également
de contacts officieux en achetant, auprès du réseau
établi par le Pakistanais Khan, des plans de centrifugeuses
dans le but d'obtenir de l'uranium de qualité militaire.
Comment l'Iran a-t-il pu se fournir en uranium
?
Même si le consortium d'Eurodif
n'a jamais donné à l'Iran sa part (10 %) d'uranium
enrichi, c'est bien l'Occident qui aurait dû être
le premier fournisseur de cette matière. L'Iran se tourna
alors dans deux directions d'une part, par l'approvisionnement
extérieur de technologie et d'oxyde d'uranium (par le biais
de la Chine). D'autre part, par l'exploitation d'une mine d'uranium
(province de Yazd) et la construction de diverses installations
(Natanz et d'Arak) nécessaires au processus d'enrichissement.
Mais c'est principalement le complexe situé près
d'Ispahan, qui permettra la production de composants gazeux d'uranium
(UF4 et UF6), qui une fois transformés seront enrichis
et donc susceptibles d'être utilisé comme combustible
nucléaire.
Quel contrôle a exercé l'AIEA
?
L'Iran est membre du TNP depuis 1970
et par conséquent est soumis à certaines obligations
de contrôle par l'AIEA. Ces obligations ont été
renforcées depuis la signature par Téhéran
du protocole additionnel en décembre 2003. Depuis deux
ans des experts de l'AIEA mènent des contrôles réguliers
dans différentes installations qui leur ont été
ouvertes, non sans négociations préalables, il est
vrai. Si ces inspections ont mis au jour des activités
susceptibles d'être liées au nucléaire militaire
(plan de centrifugeuse avancée type P2, trace d'uranium
hautement enrichi), aucune preuve formelle n'a été
découverte quant au développement d'armes nucléaires
sous couvert d'un programme civil.
L'Iran suspend, lundi 22 novembre, ses activités
d'enrichissement d'uranium, selon la télévision
iranienne
L'Iran suspend, lundi 22 novembre, ses activités d'enrichissement
d'uranium, comme il en a pris l'engagement, a indiqué la
télévision d'Etat iranienne. "La suspension
de l'enrichissement entre en vigueur aujourd'hui, conformément
à l'accord avec les Européens", a indiqué
la télévision. "Nous avons dit que nous
allions suspendre et nous allons donc le faire", avait
dit dimanche, devant la presse, le porte-parole du ministère
des affaires étrangères, Hamid Reza-Assefi. (Remarque: le plus facile pour faire
des bombes atomiques c'est d'utiliser du Plutonium, utiliser l'autre
filière (enrichissement de l'Uranium) est plus lourd, plus
long et beaucoup moins discret)
Le Monde, 22 novembre 2004 :
L'accord conclu le 14 novembre entre les Européens et l'Iran, qui vise à stopper sa progression vers l'arme nucléaire, marque-t-il un tournant dans les relations avec ce pays, jusqu'alors suspect d'encourager le terrorisme ? Ou n'est-il qu'un mirage à l'abri duquel le régime poursuivra un programme militaire au nez et à la barbe de l'Agence internationale de l'énergie atomique, l'AIEA ?
La question taraude bon nombre de pays, qui observent avec un grand scepticisme, depuis plus d'un an, les efforts de leurs alliés britanniques, allemands et français pour convaincre l'Iran que le coût politique et économique qu'il aurait à payer pour la "bombe" serait beaucoup plus élevé que les gains qu'il peut en espérer.
Mais les Etats-Unis décideront à coup sûr de la réponse. Car, sans leur soutien actif, l'accord euro-iranien n'a aucune chance d'atteindre son but : engager Téhéran dans un processus de coopération à long terme par lequel ce pays de 70 millions d'habitants accepterait peu à peu de renoncer à une bonne partie de ses prérogatives nucléaires, en échange de garanties pour sa sécurité et d'un statut pleinement reconnu de puissance régionale.
En réalité, Washington n'a pas vraiment le choix : à moins de privilégier un scénario plus offensif qui ne ferait qu'aggraver la situation en Irak, l'administration américaine devra explorer elle aussi la voie incertaine ouverte par la troïka européenne.
Arraché le 17 octobre 2003 à Téhéran, un premier accord euro-iranien s'était vite enlisé. Pourquoi cet échec ? Parce que les Iraniens ne cherchaient dès le départ qu'à abuser la confiance de leurs partenaires, affirment les Etats-Unis. Parce que, privés de l'appui de Washington, les Européens étaient dans l'incapacité de fournir ce qu'ils avaient promis, même des produits aussi peu "sensibles" que des moteurs d'avions Airbus (fabriqués outre-Atlantique), répliquait l'aile "dure" du régime de Téhéran, pour qui le "grand Satan" américain est le seul interlocuteur digne de ce nom.
Le second accord accepté par Téhéran, le 14 novembre, est le moins mauvais que l'on pouvait signer, souligne un dirigeant de l'AIEA. Gardienne du traité de non-prolifération (TNP), l'Agence doit vérifier que l'Iran remplit ses engagements. "Il n'y a pas d'alternative, renchérit l'un des négociateurs iraniens. Les Etats-Unis sont les seuls à pouvoir torpiller cet accord, notamment avec des "révélations" sur notre prétendu programme clandestin, mais s'ils sont un tant soit peu raisonnables, ils ne le feront pas."
Ce négociateur iranien observe : "Les Etats-Unis vont devoir réévaluer au cours des prochains mois leur politique étrangère, et il y a une chance pour qu'ils se dotent enfin d'une politique cohérente à notre égard. Nous pouvons coopérer avec eux. La conférence de Charm el-Cheikh -sur l'Irak, à laquelle assistera le chef de la diplomatie iranienne- sera un premier test." Une vision que partage Henry Sokolski, expert de la non-prolifération nucléaire et proche du sous-secrétaire à la défense Paul Wolfowitz, l'un des "faucons" les plus en vue à Washington : "L'administration Bush sera obligée d'appuyer l'accord euro-iranien. Même si les Européens savent qu'il pose presque autant de problèmes qu'il prétend en résoudre", déclarait-il à l'issue d'une conférence, mercredi 17 novembre, au Centre américain de Vienne.
VOIE "LÉGALE"
M. Sokolski fait partie de ceux qui ont inlassablement sonné l'alarme aux Etats-Unis, ces deux dernières années, sur les dangers d'une trop grande mollesse envers le régime de Téhéran. Donner une prime à la mauvaise conduite des Iraniens, dit-il, c'est légitimer le modèle inédit qu'ils sont en train d'expérimenter - celui d'une voie "légale" vers l'arme nucléaire - et encourager d'autres pays de cette région, à commencer par la Turquie ou l'Arabie saoudite, à le suivre. Il ironise volontiers sur les saints Thomas qui ont besoin, pour sortir de leur prudente expectative, qu'on leur montre "l'équivalent des photos d'une bombe atomique iranienne, de préférence avec les coordonnées de capitales occidentales peintes dessus".
Il critique le fait que l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, pour mieux appâter les dirigeants iraniens, proposent de leur fournir un réacteur à eau légère, une technologie qu'il juge encore beaucoup trop proliférante : "Les Iraniens auront ainsi cinq fois moins d'efforts à faire pour produire des matières fissiles." Une étude récemment publiée par le Centre d'éducation sur la politique de non-prolifération, l'institut à but non lucratif qu'il dirige à Washington, conclut que, désormais, "des pays peuvent construire assez facilement des unités de petite taille capables d'enrichir ou de retraiter de façon clandestine du combustible nucléaire". Il suffirait de détourner des matières entre deux visites de routine des inspecteurs onusiens (tous les trois mois), et le pas vers la bombe pourrait être franchi en quelques semaines.
Trois théories circulent parmi les experts de l'Agence - et les pays membres - sur le dossier iranien. Les optimistes croient à la version avancée par les autorités de Téhéran : l'Iran a dissimulé pendant près de vingt ans des pans entiers de son programme nucléaire parce qu'il était isolé sur la scène internationale. Comme l'Irak de Saddam Hussein juste avant l'intervention américaine, son comportement suggère qu'il a encore des choses à cacher, mais tout finira par s'expliquer. D'autres pensent que, tout en jouant le jeu d'une plus grande transparence, les dirigeants iraniens se réservent la possibilité d'acquérir l'arme nucléaire, d'ici un à deux ans, si la négociation avec les Européens (et à travers eux les Américains) devait mal tourner. Tenue de se prononcer sur des faits, l'Agence se borne à signaler, le 15 novembre, qu'elle n'est "pas encore en mesure" de garantir qu'il n'y a pas d'activité illicite en Iran - une formule qu'elle a utilisée pendant des années à propos du Japon et qu'elle emploie toujours dans ses rapports sur le Canada.
Les pessimistes, enfin, craignent que Téhéran n'ait déjà fait le choix de la bombe. Sa sortie du TNP n'est, dès lors, qu'une question de temps. C'est la théorie qui prévaut à Washington. "Au sein de l'administration américaine, la plupart sont convaincus que Téhéran joue la course vers la bombe, souligne Rob Malley, spécialiste de l'Iran à l'International Crisis Group, un organisme soutenu par l'Union européenne. Selon eux, les Iraniens calculent que leur potentiel économique et leur rôle géopolitique les rendent incontournables, comme l'Inde ou le Pakistan - détenteurs de l'arme, mais non signataires du TNP -. Et que cela atténuerait assez vite les turbulences qu'ils se préparent à traverser quand ils auront sauté le pas."
Depuis deux ans, l'administration Bush a étudié plusieurs options pour traiter le cas iranien. Faut-il favoriser un changement de régime à Téhéran afin d'accélérer l'évolution vers un système moins hostile aux Occidentaux ? Les Américains doutent de pouvoir gagner la course par ce moyen-là. Doivent-ils se concentrer sur la contre-prolifération ? Des frappes aériennes ciblées sont jugées difficiles, en raison de la dispersion des sites nucléaires, souvent profondément enterrés. De plus, elles pourraient inciter l'Iran à utiliser encore plus la carte du chaos en Irak ou du terrorisme international.
Reste donc la troisième voie, celle des Européens : augmenter l'offre aux Iraniens, tout en augmentant le prix politique à payer si Téhéran fait le mauvais choix. "Les Etats-Unis ont très peur que les Européens se montrent trop peu exigeants", souligne Rob Malley. Mais après le désastre subi par l'administration Bush en Irak, où les raisons avancées pour justifier la guerre se sont révélées sans fondement, il serait très difficile à Washington d'expliquer au reste du monde que les Etats-Unis n'ont même pas essayé de négocier avec l'Iran.
Joëlle Stolz
18 novembre 2004:
Trois questions à Bruno Barrillot, directeur de l'Observatoire des armes nucléaires/CDRPC, sur le programme nucléaire militaire iranien.
Quel est l'état d'avancement du programme nucléaire iranien ?
L'Iran, selon les données de l'AIEA, dispose de 5 réacteurs de recherche qui sont sous garanties de l'AIEA. En 1974, le régime du Shah prévoyait de construire 20 centrales nucléaires. Un contrat avait été signé avec la France pour fournir à l'Iran l'uranium enrichi nécessaire à son programme électronucléaire. En contrepartie, le Shah investissait dans le capital de l'usine d'enrichissement d'uranium (à des fins civiles) Eurodif située à Pierrelatte. La France a bloqué ce contrat avec l'arrivée au pouvoir d'un régime islamiste en Iran. Le contentieux entre les deux pays a été réglé le 29 octobre 1991 dans un document dont les clauses sont restées secrètes. Aujourd'hui, l'Iran maintient son projet d'équipement électronucléaire et veut construire ses installations d'enrichissement d'uranium par centrifugation.
Y a-t-il des preuves de ce versant militaire ?
Il n'y a pas de preuves matérielles d'orientation militaire du programme nucléaire iranien. L'Iran qui a ratifié le traité de non-prolifération est, en tant que tel, soumis aux contrôles de l'AIEA, comme tous les Etats non dotés d'armes nucléaires. Les soupçons que l'on peut avoir d'un versant militaire des activités nucléaires de l'Iran ont leur origine dans le soutien iranien à des mouvements et organismes engagés dans des actions terroristes. Ces soupçons s'appuient également sur les accusations d'Israël, pourtant puissance nucléaire non déclarée qui est considérée comme une menace pour nombre de pays du Moyen-Orient. Plus concrètement, nul n'ignore que l'ensemble des technologies qui conduisent à l'enrichissement de l'uranium peuvent permettre d'accéder à une capacité militaire. Le procédé de centrifugation permet en effet d'obtenir de l'uranium hautement enrichi dit de qualité militaire. Les Etats-Unis et les autres Etats qui font pression sur l'Iran pour que ce pays abandonne l'enrichissement de l'uranium n'ont pourtant aucun argument de droit international pour obliger l'Iran à ce renoncement (Remarque: le plus facile pour faire des bombes atomiques c'est d'utiliser du Plutonium, utiliser l'autre filière (enrichissement de l'Uranium) est plus lourd, plus long et beaucoup moins discret). Mohamed El Baradei, directeur général de l'AIEA lors d'une interview au journal américain Chronicle, le 4 novembre 2004 vient de confirmer ce point de vue. Il suggère en effet de renégocier le traité de non-prolifération en interdisant le développement des capacités d'enrichissement de l'uranium. Tel qu'est le traité actuellement, a-t-il déclaré, tout pays a le droit d'enrichir l'uranium s'il annonce que c'est pour la production d'électricité. Or, l'enrichissement est un programme militaire latent.
De quels moyens balistiques disposent l'Iran ?
L'Iran possède des missiles Chahab 3
d'une portée de 1300 à 1700 km. Ces missiles peuvent
transporter théoriquement des charges nucléaires.
Cependant, une chose est d'avoir la capacité de produire
l'uranium hautement enrichi, matière première de
la bombe, autre chose est d'atteindre les capacités de
miniaturiser suffisamment un engin nucléaire pour l'adapter
à une tête de missile.
La Libre Belgique, 18/11/2004 :
Un haut responsable nucléaire iranien a démenti jeudi les allégations d'un groupe de l'opposition iranienne sur l'existence d'activités nucléaires sur un site secret à Téhéran, et a indiqué que l'Iran pourrait répondre favorablement à une demande d'inspection de ce site.
«Je dément totalement ces allégations. L'Iran n'a aucun site ou matériel nucléaires non déclarés », a déclaré Hossein Moussavian, porte-parole de l'équipe de négociateurs nucléaires iraniens.
Mercredi, un membre Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), vitrine politique des Moudjahidine du Peuple, principal groupe de l'opposition armée au régime de Téhéran, a affirmé lors d'une conférence de presse simultanée à Vienne et Paris que l'Iran poursuivait des activités nucléaires de nature militaire, y compris de l'enrichissement d'uranium, sur un site secret nommé Centre moderne de technologie et d'alerte défensive (Modern Defensive Readiness and Technology Center), situé au nord-ouest de Téhéran. «Nous avons remis un rapport de 1.030 pages à l'Agence internationale de l'énergie atomique dans lequel nous avons déclaré tous les sites et tout le matériel nucléaires que nous possédons », a indiqué M. Moussavian. «Ce centre n'est pas nucléaire et n'a rien à voir avec des activités nucléaires », a-t-il ajouté. «Nous et l'AIEA, nous avons l'expérience de ce genre d'allégations et à chaque fois, l'agence a pu vérifier que ces allégations étaient fausses », a-t-il dit.
Interrogé sur la question de savoir si l'Iran autoriserait les inspecteurs de l'AIEA à visiter ce site, M. Moussavian a affirmé que Téhéran «avait toujours répondu positivement aux demandes d'inspection de l'Agence et avait toujours coopéré mais il n'est pas bon pour l'AIEA de se faire manipuler par un groupe terroriste connu ». M. Moussavian a également démenti les accusation du CNRI selon lesquelles Abdul Qadeer Khan, le père de la bombe atomique pakistanaise, avait fourni de l'uranium hautement enrichi (UHE) de qualité militaire en 2001 à l'Iran. «C'est totalement faux », a déclaré M. Moussavian. Le gouvernement pakistanais a également démenti cette information.
Réagissant aux accusations du CNRI,
le porte-parole adjoint du département d'Etat américain,
Adam Ereli, a affirmé mercredi qu'il revenait à
l'AIEA «de donner suite à des informations de
ce type, pour déterminer si l'Iran mène des activités
nucléaires clandestines ». «Nous ne
sommes pas en mesure d'évaluer la crédibilité
de ces affirmations », a ajouté M. Ereli, mais
il a noté que «dans le passé, des informations
de ce type avaient été confirmées par l'AIEA
». «Nous espérons que l'AIEA va poursuivre
ses enquêtes sur le programme nucléaire iranien,
qu'elle prendra en compte toutes les informations crédibles
sur les activités nucléaires de l'Iran, y compris
ces affirmations, et qu'elle mènera une enquête sérieuse
à leur sujet », a-t-il ajouté.
Le Devoir, 18 novembre 2004 :
L'Iran a obtenu une quantité inconnue d'uranium de qualité militaire, ainsi qu'un plan pour fabriquer une arme nucléaire, du père de la bombe atomique pakistanaise, Abdul Qadeer Khan, a affirmé hier une organisation d'exilés iraniens qui, par le passé, a donné des informations exactes.
Le Conseil national de résistance de l'Iran (CNRI) a ajouté que l'Iran enrichissait secrètement de l'uranium dans un site qui n'a pas été déclaré à l'ONU, bien que Téhéran ait promis à la France, à la Grande-Bretagne et à l'Allemagne qu'il suspendait ses activités d'enrichissement. Washington, qui a adopté une ligne dure envers l'Iran à propos du dossier nucléaire, a dit ne pas être en mesure d'évaluer les allégations du CNRI, mais il a relevé que ce groupe avait par le passé donné des informations exactes. «Nous espérons que, comme l'Agence internationale de l'énergie atomique poursuit son enquête sur le programme nucléaire de l'Iran, elle prendra en compte toutes les informations crédibles sur les activités nucléaires de l'Iran, y compris ces informations, et qu'ensuite elle mènera une enquête sérieuse sur ces informations», a déclaré Adam Ereli, porte-parole du département d'État américain.
Le président iranien Mohammad Khatami
a affirmé hier que son pays avait remporté «une
grande victoire» en concluant un tel accord, soulignant
que l'Irak ne renonçait pas aux activités d'enrichissement
d'uranium mais les «suspendait». Ces propos sonnent
comme une réponse aux «durs» de l'administration
iranienne, qui ont exprimé mardi leur mécontentement
à propos de ce compromis, qui signifie que les trois capitales
européennes ne soutiendront pas les États-Unis s'ils
cherchent à obtenir la saisine du Conseil de sécurité
de l'ONU lors du prochain conseil des gouverneurs de l'Agence
internationale de l'énergie atomique (AIEA), le 25 novembre.
«[Abdul Qadeer] Khan a donné aux Iraniens une certaine
quantité d'uranium fortement enrichi en 2001, aussi en
ont-ils d'ores et déjà», a assuré aux
journalistes à Vienne Farid Soleiman, porte-parole du CNRI.
«Je doute qu'il en ait donné suffisamment pour fabriquer
une arme», a-t-il cependant ajouté. Khan, a précisé
Soleiman, a également donné à l'Iran un plan
de tête nucléaire mise au point par les Chinois à
un moment ou l'autre durant la période 1994-96. L'AIEA
a déclaré que le réseau de Khan avait donné
ce plan de bombe à la Libye, et l'organisation onusienne
cherche à déterminer si l'Iran l'a acquis lui aussi,
ce dont elle n'a pas la preuve.
Selon Soleiman, l'Iran enrichit actuellement de l'uranium dans un site situé dans le nord-est de Téhéran dans le cadre de la poursuite d'un programme secret d'armement nucléaire. D'après lui, l'Iran a pour objectif de se doter de l'arme nucléaire à la mi-2005, soit deux ans avant la date à laquelle Israël pense que l'Iran aura une «capacité nucléaire». Ce site, appelé le Centre de mise au point des technologies militaires de pointe, est dirigé par le ministère de la Défense et se trouve à Lavizan, près d'un autre site où, selon les États-Unis, l'Iran a procédé à des expériences nucléaires secrètes avant de démolir tous les bâtiments. Le matériel que comptait le site désormais rasé a été réinstallé dans le nouveau centre. Ce site, a dit Soleiman, dispose d'une série de centrifugeuses, appareils qui purifient le minerai en tournant à des vitesses supersoniques, ainsi que d'autres équipements servant à l'enrichissement de l'uranium.
Le CNRI a adressé à l'AIEA une
lettre sur le nouveau site en question voici plusieurs jours.
«Il existe actuellement d'autres sites qui contribuent à
l'enrichissement d'uranium en Iran», a expliqué Soleiman,
qui ne veut pas en dire plus tant que des sources à l'intérieur
de l'Iran n'auront pas vérifié elles-mêmes
ces informations. Selon des diplomates en poste à Vienne
qui suivent de près les dossiers de l'AIEA, le CNRI a été
la meilleure source d'information jusqu'à présent
sur les activités nucléaires de l'Iran.
Le CNRI avait affirmé en août 2002 que la République
islamique n'avait pas déclaré à l'AIEA une
importante usine d'enrichissement d'uranium à Natanz, pas
plus qu'une installation à l'eau lourde à Arak.
Ces accusations avaient été confirmées par
la suite et l'Iran avait déclaré ces installations-là
à l'AIEA. Tout comme Washington, le CNRI accuse le gouvernement
iranien de se servir de son programme nucléaire civil comme
paravent à des activités militaires clandestines.
Téhéran dément ces accusations.
Le CNRI est la branche politique d'un groupe d'exilés appelée l'Organisation des moudjahidines du peuple. Tous deux sont considérés par le département d'État comme des organisations terroristes. Dans un nouveau rapport, l'AIEA estime que Téhéran n'a pas détourné de matériaux nucléaires déclarés vers un programme d'armement mais n'exclut pas la possibilité d'activités atomiques clandestines.
Le Télégramme 16/11/2004 :
De quoi l'Iran est-il accusé ? La République islamique est accusée
par les Etats-Unis et Israël de vouloir se doter de la bombe
atomique. Elle était ainsi pressée de suspendre
toutes ses activités d'enrichissement, garantie probante
que la technologie produisant le combustible pour les futures
centrales civiles iraniennes n'est pas détournée
à des fins militaires. A défaut, l'Iran risquait
de voir l'Agence internationale de l'énergie atomique décider
d'en référer au Conseil de sécurité
de l'Onu, lors d'une session qui s'ouvre le 25 novembre.
Pourquoi a-t-il cédé ? Les Européens,
qui craignaient un scénario à l'irakienne, ont négocié
depuis la fin octobre avec Téhéran un accord donnant-donnant.
L'Iran accepte de suspendre l'enrichissement et l'Union européenne
lui propose une coopération nucléaire, comprenant
l'aide à l'acquisition d'un réacteur de recherche
à eau légère et des assurances sur l'approvisionnement
en combustible pour les besoins civils de l'Iran. L'Europe s'engage
également à soutenir la candidature de l'Iran à
l'Organisation mondiale du commerce.
Pourquoi une crise entre la communauté internationale
et l'Iran est-elle évitée ? Fort de cet accord,
les Européens n'apporteront pas leur soutien à l'envoi
du dossier iranien devant le Conseil de sécurité,
isolant ainsi les Etats-Unis. Le présent accord, qui a
abouti ce week-end entre Iraniens et européens, est provisoire.
La suspension de tout enrichissement est valable le temps qu'aboutisse
un nouvel accord de coopération à long terme.
TEHERAN (14 novembre 2004) - L'Iran a accepté une suspension quasi-totale
de l'enrichissement d'uranium contre une offre de coopération
européenne, éloignant la menace d'être traîné
devant le Conseil de sécurité de l'Onu, selon le
responsable du nucléaire iranien Hassan Rohani. La République
islamique, accusée par les Etats-Unis et Israël de
mettre au point la bombe atomique sous le couvert d'activités
nucléaires civiles, a ainsi accédé aux demandes
pressantes de la communauté internationale, et en particulier
de l'Union européenne, qui réclamait une suspension
complète.
Pour les Européens en effet, la suspension totale est la
seule garantie probante que la technologie produisant le combustible
pour les futures centrales civiles iraniennes ne sera pas détournée
à des fins militaires. (Remarque:
le plus facile pour faire des bombes atomiques c'est d'utiliser
du Plutonium, utiliser l'autre filière (Uranium) est plus
lourd, plus long et beaucoup moins discret.)
En contrepartie d'une suspension, ils leur
ont offert une coopération nucléaire, comprenant
l'aide à l'acquisition d'un réacteur de recherche
à eau légère et des assurances quant à
l'approvisionnement en combustible des centrales iraniennes. L'offre
comporte aussi un volet commercial et un autre politique.
TEHERAN (12 novembre 2004) - Le principal conseiller du Guide suprême d'Iran,
Ali Akbar Nategh-Nouri, a exalté vendredi la "résistance"
aux exigences "imbéciles et infantiles" des Européens,
qui peinaient toujours à convaincre Téhéran
de suspendre l'enrichissement d'uranium malgré l'urgence
d'une décision.
Les négociations avec les Européens pour que la
querelle nucléaire iranienne ne soit pas vidée devant
le Conseil de sécurité de l'Onu semblaient marquer
le pas vendredi et une extrême discrétion était
observée des deux côtés sur les difficultés
rencontrées.
TEHERAN (7 novembre 2004) - Les diplomates français, allemands et britanniques et la délégation iranienne ont conclu un accord provisoire sur le programme nucléaire de Téhéran, a annoncé dimanche le négociateur iranien Hossein Moussavian. Cet accord doit encore être approuvé par les quatre gouvernements concernés.
L'accord pourrait être finalisé dans les prochains jours, a précisé dimanche Hossein Moussavian. Il était interrogé depuis Paris par la télévision publique iranienne. Hossein Moussavian s'est dit confiant de parvenir à une approbation de cet accord. Si tel est le cas, il sera annoncé dans les tous prochains jours.
Avant la réunion de vendredi et samedi à Paris, deux rencontres précédentes à Vienne, en Autriche, n'avaient pas permis d'obtenir de l'Iran un arrêt permanent de l'enrichissement d'uranium, qui intervient à la fois dans la production du combustible nucléaire et des armes atomiques. Le 27 octobre, la "troïka" avait proposé à Téhéran un accord commercial et des technologies nucléaires civiles -notamment un réacteur à eau légère- en échange d'un tel engagement.
Les diplomates iraniens avaient été prévenus que s'ils rejetaient la proposition de Paris, Londres et Berlin, la plupart des membres de l'UE soutiendraient les Etats-Unis, qui veulent demander au Conseil de sécurité de l'ONU des sanctions contre Téhéran. Le Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale à l'énergie atomique (AIEA) se réunira le 25 novembre pour examiner la mise en oeuvre des engagements pris par l'Iran en octobre 2003 en ce qui concerne la coopération avec l'AIEA, la ratification et la mise en oeuvre du protocole additionnel au traité de non-prolifération, et la question de l'enrichissement ainsi que du retraitement du combustible.
En voulant faire de l'enrichissement d'uranium, l'Iran ne viole pas ses obligations au regard du traité de non-prolifération nucléaire mais il est confronté à une pression internationale croissante en faveur de l'abandon de ces programmes. L'enrichissement a été suspendu l'année dernière mais Téhéran refuse de renoncer à des activités liées au processus, comme la construction de centrifugeuses, soutenant qu'il s'agit de programmes uniquement civils.
TEHERAN 4 novembre 2004 - L'Iran semble prêt à accéder à une exigence capitale des Européens en acceptant de suspendre toutes les activités d'enrichissement d'uranium, au moins pour un temps, afin d'écarter le risque d'une crise internationale majeure. Iraniens et Européens doivent avoir vendredi à Paris une troisième réunion que les Iraniens eux-mêmes ont qualifiée de "cruciale". Il s'agit pour les Européens de convaincre leurs interlocuteurs de renoncer à enrichir, pour que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) n'ait pas à se prononcer sur la nécessité de saisir le Conseil de sécurité de l'Onu des activités nucléaires iraniennes.
A l'approche de la session de l'AIEA le 25 novembre, l'un des principaux négociateurs iraniens, Hossein Moussavian, a indiqué que son pays pourrait accepter de suspendre pendant au maximum six mois, le temps de négocier un accord avec les Européens. Ces derniers ont offert à l'Iran des assurances quant à l'approvisionnement de la République islamique en combustible nucléaire, une assistance à l'acquisition d'un réacteur de recherche à eau légère et d'autres propositions touchant à la lutte contre le terrorisme ou relatives au commerce.
En échange, les Iraniens devraient accepter
une suspension illimitée et complète, non seulement
de l'enrichissement, mais des opérations préalables
(assemblage de centrifugeuses, conversion de minerai d'uranium).
Téhéran a opposé un refus catégorique
à une suspension sine die et réclamé des
propositions européennes plus "concrètes",
dénigrant certaines d'entre elles comme "ridicules".
Le renoncement doit être permanent, insiste-t-on de sources
diplomatiques européennes, car il est la seule garantie
probante que la technologie produisant le combustible pour les
futures centrales civiles iraniennes n'est pas détournée
au profit de l'arme atomique.
(Remarque : le plus facile pour faire des bombes atomiques c'est
d'utiliser du Plutonium, utiliser l'autre filière (Uranium)
est plus lourd, plus long et beaucoup moins discret.)
TEHERAN 2 novembre 2004 - Le président iranien a exclu mardi que l'Iran renonce définitivement à enrichir l'uranium, mais s'est dit "optimiste" sur l'issue de négociations avec les Européens qui cherchent précisément à obtenir un tel abandon pour éviter un recours au Conseil de sécurité."Notre nation doit avoir l'assurance qu'elle ne sera pas dépouillée de son droit" à l'enrichissement, a déclaré le président Mohammad Khatami devant la presse au Parlement.
24/10/04 - Un des responsables de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) a affirmé dimanche que l'usine de conversion d'uranium d'Ispahan (centre de l'Iran), dont les Européens souhaitent la suspension des activités, était "opérationnelle à 70%". "La plupart des équipements de l'usine d'Ispahan ont été construits par les chercheurs iraniens et celle-ci est opérationnelle à 70% à l'heure actuelle", a déclaré Mohammad Ghanadi, responsable des activités liées au cycle du combustible nucléaire au sein de l'OIEA, lors d'une visite des membres de la Commission parlementaire de l'énergie. "Après l'arrêt de la coopération des Chinois, nous avons réuni nos chercheurs, et en moins de quatre ans, nous avons pu terminer la construction de ces installations", a-t-il dit. "Les installations d'Ispahan s'étendent sur 60 hectares et comptent 60 unités et 15.000 machines-outils, dont la plupart ont été construites par des experts iraniens", a ajouté M. Ghanadi, dont les propos étaient retransmis à la télévision d'Etat. L'usine d'Ispahan doit permettre de convertir le "yellow cake" (uranium brut) en hexafluorure d'uranium (UF6), gaz utilisé dans les centrifugeuses utilisées pour enrichir l'uranium. Les Européens ont demandé jeudi aux autorités iraniennes de suspendre les activités de cette usine.
16/10/04 - Le
rapatriement du combustible usagé de la centrale nucléaire
de Bouchehr en Russie est "humiliant" a déclaré
le chef de l'état-major des forces armées iraniennes,
le général Hassan Firouz-Abadi, cité samedi
par le quotidien conservateur Kayhan. "Les Occidentaux ont
accepté que la Russie nous livre du combustible nucléaire
(à condition) que le combustible usagé soit rapatrié
en Russie, ce qui constitue l'humiliation de tout un peuple",
a déclaré le général Firouz-Abadi.
"Les pays occidentaux veulent prendre notre pétrole
et nous vendre le combustible 10 à 100 fois son prix réel
(mais) nous sommes déterminés à produire
notre combustible en Iran même", a-t-il ajouté.
Les trois grands pays européens (France, Grande-Bretagne,
Allemagne), engagés dans des négociations nucléaires
avec l'Iran, vont présenter la semaine prochaine de nouvelles
propositions à ce pays pour obtenir un arrêt de ses
activités d'enrichissement contre le droit d'importer du
combustible nucléaire pour ses futures centrales.
La signature de l'accord sur la livraison du combustible pour
la centrale de Bouchehr que les Russes construisent actuellement
dans le sud de l'Iran achoppe officiellement sur la question du
financement du rapatriement en Russie de l'uranium usagé.
Le chef de la diplomatie iranienne, Kamal Kharazi et son homologue
russe, Sergueï Lavrov, qui a effectué une visite officielle
en Iran les 10 et 11 octobre, ont expliqué que l'accord
était "en phase de finalisation". "Le retard
pris pour la signature du contrat est dû à des problèmes
techniques, mais l'accord sera finalisé avec la visite
du président russe, que nous sommes en train de préparer",
a déclaré M. Kharazi.
Moscou a exigé que Téhéran s'engage à
retourner l'uranium après usage, pour s'assurer qu'il ne
soit pas détourné à des fins militaires.
La Russie est elle-même sous la pression des Etats-Unis
pour ne pas livrer à l'Iran l'uranium enrichi. L'Iran a
accepté le principe de restituer le combustible après
usage mais demande à la Russie d'en payer le rapatriement
et le stockage.
27/09/04 - La
production de gaz en vue d'enrichir l'uranium entraînerait
le déclenchement de mesures contre l'Iran, du point de
vue de certains pays comme la Grande-Bretagne, ont déclaré
des diplomates proches de l'AIEA lundi à Vienne. "La
production de ce gaz, l'hexafluorure d'uranium (UF6), n'a pas
encore commencé à notre connaissance", a cependant
indiqué un haut responsable de l'Agence internationale
de l'énergie atomique (AIEA). Il faudra environ deux semaines
entre le début d'opérations de "conversion"
et cette production dans une usine à Ispahan, a-t-il dit.
Or, l'Iran a annoncé il y a une semaine qu'il avait commencé
à convertir 37 tonnes de yellowcake, une poudre d'uranium
concentré, en UF6 qui sert ensuite à alimenter des
centrifugeuses pour produire de l'uranium enrichi.
Le conseil des gouverneurs de l'AIEA, organe exécutif de
cette agence de l'ONU, a adopté ce mois-ci une résolution
fixant la date butoir du 25 novembre pour un examen complet du
programme nucléaire iranien, et exigeant aussi l'arrêt
"immédiat" des activités d'enrichissement,
dont la conversion, pourtant légales au regard du Traité
de non-prolifération (TNP).
La résolution a été présentée
par trois pays européens - Allemagne, France, Grande-Bretagne
- qui, jusqu'ici, prônaient un dialogue critique avec Téhéran.
Selon des diplomates, la Grande-Bretagne est maintenant prête
à demander à l'AIEA de remettre le dossier iranien
au Conseil de sécurité des Nations unies. C'est
ce que veulent les Etats-Unis, qui accusent l'Iran de chercher
en fait à acquérir la bombe atomique sous couvert
d'un programme nucléaire civil. "Pour les Britanniques,
la production effective d'UF6 est un point de non-retour. Ils
seront fermes sur la saisine du Conseil de sécurité",
a déclaré l'un de ces diplomates.
Les dirigeants iraniens ont appelé dimanche à une
solution négociée avec les Européens sur
les activités nucléaires, mais en réitérant
haut et fort leur droit au nucléaire civil.
08/09/04 - Des
extrémistes iraniens vont organiser jeudi une cérémonie
pour recruter des volontaires qui seraient disposés à
mener des attaques suicide afin de défendre la centrale
de Bouchehr (sud) contre une éventuelle attaque israélienne,
a indiqué mercredi un des organisateurs. "Nous allons
organiser une cérémonie pour recruter des volontaires
pour des opérations suicide et créer le premier
bataillon de kamikazes pour défendre la centrale de Bouchehr,
cible de la propagande israélienne", a déclaré
à l'AFP un membre du Comité pour la glorification
des martyrs du mouvement mondial islamique, ayant requis l'anonymat.
Il n'a toutefois pas précisé quelle forme prendraient
ces opérations ni qui elles viseraient. "Bouchehr
fait partie des intérêts nationaux de l'Iran mais
aussi du monde islamique", a-t-il ajouté. Ce Comité
est un groupuscule islamiste sans affiliation officielle mais
s'étant signalé par quelques actions symboliques
par le passé.
L'Iran a échangé au cours des dernières semaines
des propos de plus en plus belliqueux avec Israël tandis
que les conjectures allaient bon train sur la possibilité
d'attaques "préventives" israéliennes
contre les installations nucléaires iraniennes, notamment
la centrale de Bouchehr, actuellement en construction avec l'aide
des Russes. En juin 1981, des chasseurs bombardiers israéliens
avaient mené un raid détruisant les installations
nucléaires irakiennes d'Osirak. Dimanche, le porte-parole
du ministère iranien des Affaires étrangères,
Hamid Reza Assefi, a qualifié de "plaisanterie stupide"
et de "guerre psychologique" la menace d'une attaque
israélienne contre les installations nucléaires
iraniennes. "Nous allons aussi commémorer la mort
de sept martyrs iraniens qui avaient mené une opération
martyre (attaque suicide) contre les forces américaines
dans le Golfe persique en 1987, détruisant un hélicoptère
américain avant d'être tués", a par ailleurs
indiqué le membre du Comité sans donner plus de
détails.
TEHERAN 3/09/04 -
L'Iran multiplie les actes et les paroles le rapprochant d'une
reprise de l'enrichissement d'uranium, préoccupation majeure
de la communauté internationale, inquiète d'un détournement
de technologie pour fabriquer la bombe atomique.
Pour la première fois jeudi soir, un haut dirigeant en
charge du nucléaire iranien a théorisé, avec
un franc-parler inattendu, sur le danger encouru si la République
islamique se met à enrichir. "Les Européens
savent que si l'Iran maîtrise la technologie de l'enrichissement,
il aura aussi la capacité" d'enrichir l'uranium, non
plus aux 3,5% nécessaires pour ses futures centrales de
production d'électricité, mais aux taux militaires,
a déclaré Hossein Moussavian à la télévision
d'Etat. "Cela modifierait les équations politiques",
a-t-il ajouté, reprenant implicitement l'argumentation
de ceux qui craignent de voir l'Iran suivre l'exemple nord-coréen
pour ne pas subir le sort de l'Irak de la part des Etats-Unis,
dont le président George W. Bush a placé les trois
pays sur le même "axe du mal".
Si Hossein Moussavian a envisagé les possibilités qui s'offraient à un Iran possédant la faculté d'enrichir, c'était pour proposer, pour la première fois là aussi (au moins publiquement), d'offrir des garanties. L'Iran est même "prêt à une certaine souplesse pour apporter la preuve du caractère pacifique de l'enrichissement", a-t-il dit.
Mais, a-t-il ajouté, pas question pour son pays de faire une croix sur la production de son propre combustible nucléaire, quand bien même les Européens lui en mettraient à disposition, comme ils l'ont fait miroiter en octobre 2003 quand ils ont obtenu que l'Iran suspende ses activités d'enrichissement. "Nous ne renoncerons jamais au droit de maîtriser la technologie de l'enrichissement", a dit M. Moussavian.
L'Iran est revenu sur des engagements pris depuis 2003. En juin, après une session de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui lui avait été défavorable, la République islamique a décidé de recommencer à assembler les centrifugeuses qui servent à enrichir l'uranium.
Selon un nouveau rapport de l'AIEA, les Iraniens ont, à cette fin, brisé cet été les scellés posés par les inspecteurs de l'agence sur certains sites.
Les techniciens iraniens ont effectué en mai et juin un premier test de conversion pour obtenir de l'UF6, un gaz injecté dans les centrifugeuses. Et ils ont informé l'AIEA qu'ils prévoyaient des essais imminents "sur une grande échelle".
Selon Ali Akbar Salehi, ancien représentant de l'Iran à l'AIEA, ces nouveaux tests d'une trentaine de jours permettront ensuite de démarrer les installations de conversion d'Ispahan et de lancer la production d'UF6.
Pour les Américains, il ne fait aucun doute que les Iraniens mentent quand ils proclament que leur programme nucléaire est purement civil.
L'AIEA rouvre le dossier iranien à partir du 13 septembre à Vienne. Le département d'Etat américain a indiqué jeudi avoir engagé une campagne diplomatique pour convaincre les 34 autres pays siégeant à l'agence de déférer l'affaire devant le Conseil de sécurité de l'Onu en vue de sanctions contre l'Iran.
Téhéran fait face plutôt sereinement à la prochaine session de l'AIEA. Aucun traité ne force l'Iran à renoncer à l'enrichissement. Le dernier rapport de l'AIEA, s'il est contrasté, ne fournit aucune preuve aux Etats-Unis. Et les Européens, rendus encore plus réticents par le précédent des prétendues armes de destruction massive en Irak, répugnent à une saisine aléatoire du Conseil de sécurité.
22/08/04 - La première centrale nucléaire iranienne de Bouchehr entrera en service progressivement en 2006, et non en 2005 comme initialement prévu, selon un calendrier rendu public dimanche dans une conférence de presse de l'organisation iranienne de l'énergie atomique.
Selon un document dévoilé lors de cette conférence de presse à Téhéran, les clés de la centrale seront officiellement remises aux Iraniens par les Russes, qui la construisent, en octobre 2006.
Assadollah Sabouri, chef des projets de centrales nucléaires iraniennes, a expliqué que "la procédure de mise en service d'une centrale dure sept mois". La centrale devrait donc être mise progressivement en service à partir des premiers mois de 2006, pour devenir totalement opérationnelle en octobre de la même année.
La centrale de Bouchehr est actuellement construite par les Russes dans le sud-est de l'Iran, sur la côte du Golfe.
Israël et les Etats-Unis sont persuadés que, sous couvert de produire de l'électricité, la République islamique met secrètement au point la bombe atomique, mais Téhéran s'en défend opiniâtrement.
Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Mohamed ElBaradei, avait affirmé fin juin que la centrale de Bouchehr n'était "pas au centre des préoccupations internationales" et ne suscitait "aucune inquiétude" pour l'AIEA.
Le conseil des gouverneurs de l'AIEA, l'organe exécutif de cette agence des Nations unies, doit se pencher lors de sa réunion en septembre à Vienne sur le dossier iranien.
L'Iran, qui ne cesse de proclamer que son programme nucléaire est purement civil, estime en avoir donné les garanties et exige à présent de disparaître de l'ordre du jour de l'agence.
Loin de lui donner satisfaction sur ce point, l'AIEA, lors de sa réunion de juin, a réclamé davantage de coopération de sa part pour éventuellement conclure qu'il ne met pas secrètement au point l'arme atomique.
06/07/2004 - L'Iran
a demandé à la Russie de ne pas céder aux
pressions américaines d'arrêter la construction de
la première centrale nucléaire iranienne à
Bouchehr d'un montant de plusieurs centaines de millions de dollars,
a rapporté mardi l'agence officielle Irna. "Au regard
des bonnes relations et du renforcement de la coopération
entre Téhéran et Moscou, l'Iran attend de la Russie
qu'elle ne cède pas aux pressions continues des Etats-Unis",
a déclaré le chef de la diplomatie Kamal Kharazi
au chef du Conseil de la sécurité nationale russe
Igor Ivanov, en visite officielle à Téhéran.
La Russie et l'Iran ont signé un contrat de 800 millions
de dollars pour la construction de la centrale de Bouchehr (sud).
Moscou s'est engagé à terminer le travail malgré
les pressions américaines d'abandonner le projet. "L'Iran
finalisera l'accord avec les Russes pour la construction de la
seconde tranche de la centrale de Bouchehr lors de la prochaine
visite du ministre russe de l'énergie atomique", a
de son côté déclaré Gholamreza Aghazadeh,
président de l'Organisation iranienne de l'énergie
atomique, cité par Irna. Il n'a pas précisé
la date de cette visite. Les Etats-Unis accusent régulièrement
Téhéran d'utiliser son
programme nucléaire civil pour cacher un programme militaire
dans le but de fabriquer la bombe atomique. Le mois dernier, l'Agence
internationale de l'énergie atomique (AIEA) a critiqué
l'Iran pour son manque de coopération avec elle afin de
faire toute la lumière sur son programme nucléaire.
M. Ivanov a eu des entretiens avec plusieurs responsables iraniens
sur le dossier nucléaire mais aussi sur le statut juridique
de la mer Capsienne et la situation dans le Caucase.
L'Iran réaffirme son intention de poursuivre son programme nucléaire
MEXICO (1 juillet 2004) - Malgré la pression internationale, l'Iran n'arrêtera pas son programme d'achat de centrifugeuses, a répété mercredi le ministre iranien des Affaires étrangères Kamal Kharrazi.
En visite officielle au Mexique, le ministre a déclaré à la presse que son pays a l'intention de construire sept installations nucléaires dans les vingt prochaines années et a défendu son programme d'achat de centrifugeuses destinées à l'enrichissement de l'uranium, répétant que le programme n'était destiné qu'à des fins civiles.
M. Kharrazi a également affirmé que l'Iran continuera de collaborer étroitement avec l'Agence internationale de l'Energie atomique, ajoutant que l'AIEA "a l'assurance que nous ne cherchons pas à mettre au point des armes nucléaires"
TEHERAN (19 juin 2004) - L'Iran a opéré en quelques heures samedi
une déconcertante volte-face en annonçant qu'il
pourrait décider dans les prochains jours de reprendre
les opérations ultra-sensibles d'enrichissement d'uranium,
puis qu'il n'en était pas question dans un avenir proche.
"L'Iran prendra et annoncera dans les prochains jours sa
décision sur la suspension de l'enrichissement", a
commencé par dire, dans la matinée Hassan Rohani,
chargé du dossier nucléaire, au lendemain de l'adoption,
par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA),
d'une résolution très critique à l'encontre
de son pays.
Mais, dans l'après-midi, l'agence officielle Irna diffusait une dépêche selon laquelle "il n'est pas question de reprendre l'enrichissement d'uranium dans un proche avenir".
"Nous n'avons pas l'intention de procéder à de l'enrichissement pour le moment et aucune décision de recommencer à enrichir n'a été prise, mais nous allons reconsidérer la décision de suspendre d'autres activités", y dit M. Rohani, dont l'agence révise à l'évidence les propos.
A défaut de reprendre l'enrichissement, "l'Iran entend apparemment reprendre la production des composants de centrifugeuses que Téhéran a suspendue depuis le 9 avril en gage de bonne foi envers la communauté internationale", commente Irna.
L'enrichissement est une préoccupation majeure de l'AIEA. Selon les experts, il ne faut plus grand chose à un pays qui maîtrise l'enrichissement à des fins civiles pour franchir le pas vers l'uranium militaire hautement enrichi. Depuis février 2003, l'AIEA a découvert, à au moins trois reprises, des traces d'uranium hautement enrichi en Iran.
Sous la pression internationale, l'Iran a accepté en octobre devant l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne de suspendre l'enrichissement et de soumettre ses activités à un contrôle renforcé en signant le protocole additionnel au Traité de non-prolifération (TNP).
Selon Téhéran, les Européens se sont en contrepartie engagés à ce que l'Iran disparaisse de l'ordre du jour à l'issue de la session de l'AIEA qui s'est achevée vendredi à Vienne.
Or le dossier iranien reste ouvert pour au moins quelques mois encore, et ce sont les trois Européens, sur lesquels les Iraniens comptent pour contrecarrer les menées américaines, qui ont présenté la résolution adoptée par l'Agence.
Cette dernière critique sévèrement les manquements de Téhéran et exige une coopération accrue pour que l'Agence puisse conclure "dans les mois à venir" que le programme iranien ne sert pas de couverture à la fabrication de l'arme atomique.
"Comme les Européens n'ont pas respecté leurs engagements, nous allons peut-être prendre et annoncer de nouvelles décisions dans les prochains jours", a dit M. Rohani, selon Irna, sans plus faire référence à l'enrichissement.
Le développement du cycle de production de combustible nucléaire "ne sera stoppé à aucune condition; nous avons dit aux Européens que la suspension serait à court terme", a dit M. Rohani.
Ainsi, malgré les appels contraires de l'AIEA, "la République islamique poursuivra ses activités à Arak et Ispahan", où elle construit un réacteur à eau lourde et procède à la conversion d'uranium, activité préalable à l'enrichissement mais ne tombant pas sous le coup du TNP, a-t-il ajouté.
Cependant, a-t-il dit, "nous allons poursuivre notre coopération étendue avec l'AIEA", ainsi Téhéran "continuera à respecter le TNP et n'en sortira pas (...) Elle continuera à appliquer le protocole additionnel comme elle le fait déjà".
La reprise de l'enrichissement, la dénonciation du protocole et la sortie du TNP à l'exemple de la Corée du Nord constituent la batterie des menaces iraniennes à chaque fois que le ton se durcit.
Selon M. Rohani, l'Iran a des "motifs
de se plaindre" des Européens, mais comme "ils
nous ont dit avoir été confrontés à
l'AIEA à certains blocages et nous ont proposé de
négocier à ce propos en juillet", "nous
leur donnerons cette chance (...) pour qu'ils puissent tenir leurs
engagements".
TEHERAN (15 juin 2004) - L'Iran a menacé mardi de revoir sa coopération
avec les inspecteurs de l'Onu devant les nouvelles pressions de
l'Agence internationale de l'énergie atomique et des Européens
sur ses activités nucléaires.
Le président Mohammad Khatami a prévenu que Téhéran
pouvait envisager "d'autres options" que la coopération.
Quant au président du parlement, Gholam-Ali Hadad Adel,
il a menacé que les députés ne ratifient
pas le protocole additionnel au Traité de non-prolifération
soumettant l'Iran à un contrôle nucléaire
renforcé de la part de l'AIEA.
L'agence de sûreté nucléaire
de l'Onu examine à nouveau le dossier iranien depuis lundi
à Vienne. Son directeur général Mohamed Elbaradei
a jugé que la coopération iranienne avec les inspecteurs
avait été "moins que satisfaisante". Il
a dit la nécessité que l'affaire soit réglée
"dans les tout prochains mois" parce que "nous
ne pouvons pas continuer éternellement".
Les Etats-Unis, qui accusent ouvertement l'Iran de mettre au point
la bombe atomique sous couvert de programme nucléaire civil,
ont réclamé une "résolution forte"
contre la République islamique.
Quant aux Européens, ils doivent déposer un projet de résolution prônant la poursuite de la collaboration mais critiquant sévèrement les Iraniens.
Ces derniers ont très mal pris le texte des trois grands Européens (Allemagne, France, Grande-Bretagne), y voyant la marque d'une collusion avec les Américains.
Selon la presse, le président Khatami a écrit aux dirigeants européens pour les accuser de céder aux pressions américaines. "L'Iran ne renoncera pas à son droit inaliénable à l'énergie nucléaire à des fins pacifiques" et "si cette attitude de confrontation se poursuit, l'Iran considèrera d'autres options", aurait-il écrit, sans préciser lesquelles.
M. Khatami a réaffirmé que Berlin, Londres et Paris avaient pris des engagements auprès de Téhéran quand ce dernier a accepté auprès d'eux fin 2003 de signer le protocole additionnel et de suspendre l'enrichissement d'uranium, dont la communauté internationale redoute un détournement à des fins militaires.
Pour les Iraniens, les Européens doivent s'opposer aux menées des Américains à l'AIEA, qui visent une saisine du Conseil de sécurité de l'Onu en vue de sanctions internationales. Les Européens contestent avoir contracté la moindre obligation.
Dans leur projet de résolution, les Européens pressent les Iraniens de faire toute la lumière sur leurs activités d'enrichissement, au coeur de la nouvelle session de l'AIEA. Ils appellent aussi l'Iran à ratifier le protocole en gage de bonne foi.
"Je dis à la France, à la Grande-Bretagne et à l'Allemagne qu'ils n'ont pas à dire au Parlement iranien ce qu'il a à faire. Le Parlement iranien ne reçoit pas ses ordres de l'étranger mais considère les intérêts du peuple", a dit le président conservateur du parlement, Gholam-Ali Hadad Adel, un parent du Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.
"Si nous considérons que tel est l'intérêt du peuple, nous ratifierons" le protocole, "sinon nous ne le ferons pas", a-t-il ajouté.
"La résolution proposée par les pays européens au conseil des gouverneurs (l'exécutif de l'AIEA) revient à demander à l'Iran de renoncer à tous ses acquis, et cela est contraire à nos intérêts", a déclaré Gholam-Ali Hadad Adel. "Le parlement n'a pas encore ratifié le protocole", a-t-il insisté.
Le président Khatami a déjà prévenu que son pays pouvait à tout moment revenir sur sa décision de suspendre l'enrichissement. Les voix s'élèvent à nouveau pour que l'Iran se désengage carrément du Traité de non-prolifération. La République islamique, qui ne cesse de proclamer la finalité purement civile de son programme, a cependant brandi de telles menaces l'an dernier avant d'apporter les garanties réclamées.
L'AIEA ne devrait pas trancher l'affaire lors
de la session en cours. Mais la pression pourrait s'accroître
jusqu'à la prochaine en septembre. Les Iraniens tâchent
actuellement à Vienne d'obtenir une formulation moins dure
d'une résolution.
VIENNE (8 juin 2004) - A quelques jours de la prochaine réunion des 35 pays membres du conseil des directeurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Paris, Londres et Berlin ont fait circuler mardi un projet de résolution qui critique la coopération jugée insuffisante de l'Iran qui n'a pas répondu à toutes les questions sur son programme nucléaire.
Le texte "déplore" que la coopération de l'Iran avec l'AIEA ne soit pas "complète, appropriée et proactive", selon une source diplomatique. Dans le même temps, le projet "reconnaît la coopération iranienne" avec l'ouverture de sites, dont des sites de l'industrie de la défense aux inspecteurs de l'agence onusienne.
Dans une allusion au Pakistan, le texte demande également "l'entière et étroite coopération de pays tiers" pour éclaircir les ambiguités du programme nucléaire iranien. Selon des diplomates proches de l'AIEA, le Pakistan a refusé d'autoriser les experts de l'agence à prélever des échantillons qui permettraient de vérifier les affirmations de l'Iran selon lequel les traces d'uranium enrichi susceptible d'entrer dans la fabrication d'arme nucléaire provenaient d'équipements achetés par le réseau du chercheur pakistanais A.Q Khan.
Le projet de résolution a circulé de façon informelle parmi les délégations représentants les 35 pays membres du Conseil des directeurs de l'AIEA qui se réunit lundi prochain.
TEHERAN (2 juin 2004) - L'Iran a assuré mercredi n'avoir aucune "activité nucléaire secrète" en tentant de justifier les révélations qui annoncent un nouvel examen délicat de son dossier par l'agence de sûreté atomique de l'Onu en juin. "Nous n'avons aucune activité nucléaire secrète", a affirmé le chargé du nucléaire iranien Hassan Rohani en essayant de minimiser le contenu, rendu public mardi, d'un nouveau rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Il est allé jusqu'à affirmer devant la presse que "le dossier nucléaire iranien est en voie de règlement, il n'y a rien de très important en suspens".
L'AIEA en jugera à partir du 14 juin lors d'une nouvelle réunion sur le programme nucléaire iranien qu'elle surveille depuis février 2003.
Si les diplomates auprès de l'AIEA n'envisagent pas que l'agence décide à cette occasion de saisir le Conseil de sécurité, le nouveau rapport préludant à cette session confirme que la suspicion sur la finalité purement civile des activités iraniennes demeure et que le dossier restera ouvert, contrairement à ce que voudraient les Iraniens.
Dans ce rapport, l'AIEA rapporte avoir découvert en Iran de nouvelles traces d'uranium enrichi à un taux supérieur aux nécessités civiles, à 36% en l'occurrence.
Elle indique aussi que, malgré les engagements de Téhéran, la production de pièces de centrifugeuses, équipements servant à enrichir l'uranium, se poursuit.
Elle relève que l'Iran a admis avoir importé des pièces pour ces centrifugeuses alors qu'il proclamait jusqu'alors qu'elles étaient fabriquées localement.
Hassan Rohani a réaffirmé que les contaminations détectées dans l'usine Farayand Technique, près d'Ispahan (centre), "proviennent de pièces importées de l'étranger" et achetées à un intermédiaire. Il a offert à l'AIEA de procéder à davantage de prélèvements à Farayand.
L'Iran réfute ainsi une nouvelle fois avoir secrètement enrichi ou directement importé de l'uranium.
Quant aux centrifugeuses, M. Rohani a assuré que, si la production se poursuivait dans trois ateliers privés, c'était contre le gré de l'Etat iranien. "A cause des compensations que ces trois ateliers nous ont demandées, nous n'avons pas pu obtenir la suspension de la production. La production continue donc dans ces trois ateliers du secteur privé", a-t-il dit.
Il n'a pas expliqué comment le secteur privé, ultra-minoritaire, avait été associé à un programme aussi sensible ni comment l'Etat iranien n'était pas parvenu à lui imposer ses vues.
Il a réfuté cependant que ces ateliers construisent des centrifugeuses de technologie avancée (dite P2): ces ateliers "produisent des centrifugeuses P1".
Mais, alors que l'Iran a longtemps proclamé qu'il s'agissait seulement d'un projet d'étude, il a reconnu que "9 ou 12 pièces" avaient été fabriquées à titre expérimental pour les P2.
Il a affirmé que son pays n'avait acheté à l'étranger aucune pièce "spécifique" pour les P2, mais seulement des "aimants" pouvant servir ailleurs.
Selon le rapport de l'AIEA, l'Iran s'est enquis auprès d'un intermédiaire européen de la possibilité d'acheter 4.000 de ces aimants. Pour des diplomates à Vienne, ce chiffre laisse craindre que l'Iran entend passer de la phase expérimentale à la phase opérationnelle.
Ce sont déjà les P2 qui, avant la dernière session de l'AIEA en mars, avaient entretenu le soupçon contre l'Iran, quand les inspecteurs avaient mis la main sur des plans de ces centrifugeuses, non communiqués à l'agence malgré la promesse iranienne d'une transparence totale.
M. Rohani a réaffirmé la volonté iranienne de collaborer avec l'AIEA et de voir le dossier iranien fermer le plus tôt possible.
Il a cependant répété
que l'Iran pouvait à tout moment remettre en cause sa décision
de suspendre l'enrichissement. Quant à la ratification
par le parlement national du protocole additionnel au Traité
de non-prolifération, il a refusé de dire quand
le gouvernement soumettrait le projet à l'assemblée.
L'Iran remet un rapport sur son programme nucléaire à l'Onu
VIENNE (22 mai 2004) -
L'Iran a tenté ce week-end de répondre aux soupçons
sur son programme nucléaire controversé dans un
volumineux rapport transmis à l'Agence internationale de
l'énergie atomique (AIEA).
Ce rapport de plus de 1.000 pages avec cartes a été
remis vendredi soir à l'AIEA, l'agence de sûreté
nucléaire des Nations unies, a indiqué samedi l'ambassadeur
iranien Pirooz Hosseini.
L'AIEA cherche à déterminer si les activités nucléaires iraniennes, théoriquement civiles, visent à fabriquer la bombe nucléaire - ce qu'affirme Washington mais qui est démenti par Téhéran.
L'Iran avait déjà fourni un premier rapport en octobre, mais les pays membres de l'agence ont déploré le manque de transparence des activités nucléaires iraniennes.
Selon le porte-parole de l'AIEA Mark Gwozdecky, le nouveau rapport a été rédigé en vertu du protocole additionnel au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), qui permet des inspections poussées et inopinées. "La déclaration devrait nous aider à évaluer si les informations déjà fournies par l'Iran sur ses activités nucléaires passées et présentes sont correctes et complètes".
Le directeur général de l'AIEA Mohamed ElBaradei avait affirmé la semaine dernière que la coopération de l'Iran était insuffisante et qu'il n'était pas arrivé à une conclusion définitive sur le caractère pacifique ou non du programme nucléaire iranien.
Le dossier iranien sera au centre du prochain Conseil des gouverneurs de l'AIEA, à partir du 14 juin à Vienne.
"Nous avons soumis cette déclaration en vertu de l'article 2 du protocole additionnel que l'Iran a signé le 18 décembre" 2003, a précisé M. Hosseini.
Bien que le parlement de la République islamique n'ait pas encore ratifié ce texte, son gouvernement "a décidé de l'appliquer volontairement en tant que mesure favorisant la confiance", a ajouté l'ambassadeur.
"Le rapport donne des informations sur notre programme de recherche et développement depuis dix ans en ce qui concerne le cycle du carburant nucléaire et les technologies qui s'y rattachent", selon lui.
M. Hosseini n'a pas indiqué si Téhéran avait répondu aux exigences de l'AIEA, et de l'Occident, sur des questions cruciales comme le développement de centrifugeuses P2. Celles-ci sont capables de produire de l'uranium hautement enrichi, lequel peut servir à des fins militaires.
D'après l'ambassadeur, le rapport donne des précisions sur "les capacités des mines d'uranium" en Iran, il décrit les installations nucléaires sur les sites qui ont été déclarés à l'AIEA et nomme les hôpitaux et universités qui utilisent de l'uranium appauvri en radiologie.
Le débat international sur le dossier iranien devrait cependant se prolonger.
Ces derniers jours, des diplomates à Vienne ont indiqué que l'AIEA ne serait pas en mesure de boucler son enquête en juin - ce que réclame Téhéran - en raison de retards imputables aux autorités iraniennes.
En effet certains résultats importants ne devraient pas être disponibles d'ici au 14 juin. "Il faut beaucoup de temps pour obtenir des analyses de prélèvements (destinées à détecter des particules radioactives), il est impossible que nous ayions les résultats pour boucler le dossier", a indiqué un diplomate occidental.
Déjà en mars, l'Iran avait retardé une tournée d'inspections cruciale et avait menacé de revoir sa coopération avec l'AIEA, après une résolution le condamnant pour avoir dissimulé certaines de ses activités nucléaires.
De plus, de récentes analyses des inspecteurs sur des traces de contamination radioactive détectées l'an dernier en Iran renforcent le soupçon que ce pays ait pu produire, sur plusieurs sites, de l'uranium hautement enrichi, selon des sources diplomatiques à Vienne.
Il faudra "six mois à un an"
pour évaluer ce rapport, a estimé un responsable
proche de l'AIEA.
L'Iran promet de nouveau à ElBaradei une pleine coopération
TEHERAN (6 avril 2004) - L'Iran a promis mardi au directeur général
de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA),
Mohamed ElBaradei, d'intensifier sa coopération et de répondre
rapidement aux questions en suspens pour dissiper les doutes sur
son programme nucléaire.
M. ElBaradei a déclaré à la presse, à
l'issue d'une réunion d'environ cinq heures avec le chef
du Conseil suprême de la sécurité nationale,
Hassan Rohani, que la République islamique prendrait des
"mesures positives" et que les deux parties avaient
convenu d'un "calendrier" pour régler les questions
en suspens.
"M. Rohani m'a assuré que nous recevrons des informations importantes avant la fin du mois, et nous espérons également recevoir des informations dans le cadre du protocole additionnel (au Traité de non-prolifération nucléaire) d'ici la mi-mai", a-t-il ajouté.
"Nous nous sommes mis d'accord sur un plan d'action avec un calendrier pour avancer sur les questions importantes en suspens", a dit M. ElBaradei, qualifiant les résultats de son entretien de "positifs".
L'Iran avait remis à l'AIEA, en octobre 2003, une déclaration présentée comme complète de ses activités nucléaires. Mais ce pays a ensuite été condamné par l'agence de sûreté nucléaire de l'Onu pour avoir caché des activités sensibles notamment un projet de fabrication de centrifugeuses P2 capables d'enrichir de l'uranium.
Téhéran a signé en 2003 le protocole additionnel, qui autorise des inspections surprises de ses sites, et s'est engagé à l'appliquer avant même sa ratification par le Parlement.
"Il est dans l'intérêt de l'Iran et de la communauté internationale que nous terminions notre travail ici le plus tôt possible (...) Je suis très satisfait des résultats de ma rencontre avec M. Rohani", a-t-il indiqué.
L'Iran s'est engagé à fournir des informations notamment sur la contamination et les centrifugeuses P2. Il a aussi promis de remettre à l'AIEA des déclarations prévues dans le cadre du protocole additionnel.
M. Rohani a de nouveau assuré que les traces d'uranium hautement enrichi provenaient de matériels d'origine pakistanaise achetés par l'Iran à des intermédiaires.
Auparavant, le directeur de l'Organisation iranienne de l'énergie nucléaire Gholam Reza Aghazadeh a déclaré que l'Iran avait accepté d'"arrêter à la demande de l'agence et à partir du 9 avril la construction et l'assemblage de toutes les pièces" utilisées pour l'enrichissement de l'uranium.
Une nouvelle équipe d'inspecteurs de l'AIEA doit arriver en Iran le 12 avril pour vérifier que cette suspension est bien respectée.
En revanche, M. Aghazadeh a indiqué que l'Iran avait refusé la demande de M. ElBaradei de "reporter" la reprise de son activité de conversion d'uranium dans le complexe d'Ispahan.
"Nous avons le droit de poursuivre cette activité", a affirmé le responsable iranien, ajoutant avec ironie qu'il aurait plutôt attendu de l'AIEA qu'elle "félicite (l'Iran) pour (...) la maîtrise de cette technologie".
L'usine de conversion de combustible d'Ispahan est l'étape antérieure à celle de l'enrichissement de l'uranium de Natanz.
Pour sa part, M. Rohani a souligné que son pays ne renoncera jamais à la maîtrise de la technologie de l'enrichissement de l'uranium et voulait devenir "un des pays maîtrisant cette technologie".
Il a déclaré que "l'Iran ne cachait aucun programme nucléaire parallèle car un pays signataire du protocole additionnel est tout simplement dans l'impossibilité de le faire".
Il a également affirmé que l'Iran "réagira avec force", si après la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA en juin, le dossier de l'Iran était toujours inscrit à l'ordre du jour de l'agence ou n'était pas clos.
"Mais personnellement, je ne pense pas que nous quitterions le TNP", a-t-il ajouté.
L'Iran annonce officiellement la reprise de
l'enrichissement de l'uranium
TEHERAN (29 mars 2004) - L'Iran a repris le travail dans un secteur clé
du cycle d'enrichissement du carburant nucléaire, a indiqué
un responsable iranien dimanche, semblant faire machine arrière
après un accord avec l'agence atomique des Nations unies
selon lequel il s'était engagé à suspendre
cette activité.
"La phase expérimentale du processus d'enrichissement
dans les infrastructures d'Ispahan a débuté et avant
la fin de cette phase, dans les 20 prochaines jours, la production
expérimentale de cette infrastructure commencera",
a déclaré ce responsable du dossier nucléaire
iranien, Gholam Reza Aghazadeh, à la télévision
d'Etat.
"L'usine de traitement de l'uranium d'Ispahan produira de la matière première pour le cycle d'enrichissement", a-t-il ajouté.
L'usine d'Ispahan fait partie des infrastructures de conversion de l'uranium qui raffinent cette matière pour produire des matières pouvant servir à la production d'uranium enrichi.
L'Iran avait passé un accord avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sous l'égide de la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne en 2003 selon lequel il s'engageait à suspendre l'enrichissement d'uranium et toutes les activités qui lui sont liées.
Soupçonné par les inspecteurs de l'Onu de cacher sous ses activités d'enrichissement un programme de développement d'armes nucléaires et sous la pression internationale, l'Iran avait néanmoins revendiqué son droit à produire du carburant nucléaire à des fins civiles, conformément au Traité de non-prolifération (TNP).
M. Aghazadeh a indiqué que "la suspension volontaire de l'enrichissement de l'uranium en Iran a démontré sa volonté de gagner la confiance de l'AIEA et, en vertu des ordres édictés par le secrétariat du Conseil suprême de la sécurité nationale, l'Organisation de l'énergie atomique iranienne va suspendre dans ce domaine la construction de ces infrastructures", sans donner plus de précisions.
La télévision d'Etat a cependant commenté ces déclarations en disant que le centre de technologie nucléaire d'Ispahan, situé près du centre de cette ville historique, ne faisait "pas partie de l'accord avec l'AIEA".
Le Conseil suprême de la sécurité nationale iranien est dirigé par Hassan Rohani, chargé des discussions avec l'AIEA et qui a négocié l'accord de 2003 avec les trois Etats européens.
M. Aghazadeh, qui est aussi l'un des vice-présidents de la République islamique, a confirmé que le directeur de l'AIEA, Mohamed ElBaradei, se rendrait en Iran le 6 avril pour des entretiens "avec des responsables de haut rang".
Il s'agira de la troisième visite en Iran depuis février 2003.
Le responsable iranien a également confirmé qu'une équipe d'inspecteurs de l'AIEA actuellement présente en Iran avait visité dimanche l'usine d'enrichissement d'uranium de Natanz, située à 250 km au sud de la capitale iranienne.
Selon une porte-parole à Vienne de l'AIEA, Melissa Fleming, les deux inspecteurs doivent aussi se rendre au centre de technologie nucléaire d'Ispahan pour un contrôle de routine, ce qu'a confirmé M. Aghazadeh.
Pour la mission actuelle de l'AIEA, il s'agit, selon M. ElBaradei de "clarifier certains aspects autour des P2" (centrifugeuses d'un type avancé pour l'enrichissement d'uranium) et de s'assurer qu'on a bien "posé les scellés" sur l'usine de centrifugeuses de Natanz, qu'elle "n'est plus opérationnelle".
La découverte à Natanz de traces d'uranium enrichi à un taux nettement supérieur aux nécessités civiles et, plus récemment, "l'omission" qui a consisté à ne pas signaler à l'AIEA la possession de plans de P2, ont nourri sa suspicion.
Cependant, une autre inspection, programmée dans deux semaines, devrait aller davantage au coeur du sujet, selon l'AIEA.
L'AIEA est chargée de faire toute la lumière sur la nature, civile ou militaire, du programme nucléaire iranien, dans le cadre d'un calendrier d'inspections dont la mise en oeuvre a débuté en février 2003.
Nucléaire: retour des inspecteurs en Iran
TEHERAN (27 mars 2004) - Des membres de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de l'ONU sont arrivés en Iran samedi pour inspecter deux centrales nucléaires et interroger de hauts responsables sur le programme atomique controversé de leur pays.
Deux semaines auparavant, Téhéran avait gelé les inspections pour protester contre la résolution de l'AIEA condamnant la dissimulation de certaines activités nucléaires iraniennes -tout en saluant des efforts de transparence par ailleurs. Les Etats-Unis accusent l'Iran, qui dément, de développer un programme d'armement nucléaire.
Dès leur arrivée samedi les deux inspecteurs ont entamé leur tâche, a déclaré à l'Associated Press la porte-parole de l'AIEA, Melissa Fleming. Ils devaient se rendre sur les sites d'Ispahan et Natanz dans le centre du pays et discuter avec des responsables de l'agence atomique de plusieurs questions en suspens, notamment celle de la découverte d'une centrifugeuse P-2 servant à enrichir l'uranium et que l'Iran n'avait pas déclarée à l'AIEA.
Un haut responsable iranien qui a requis l'anonymat a affirmé samedi que la centrale d'Ispahan, qui sert à transformer le minerai d'uranium en gaz, une étape préalable à l'enrichissement de l'uranium à Natanz, avait été inaugurée "il y a quelque temps". L'Iran avait suspendu l'enrichissement l'année dernière sous la pression de la communauté internationale mais il avait souligné que l'activité reprendrait une fois les difficultés réglées avec l'AIEA. En attendant, il continue d'assembler des centrifugeuses.
Le directeur de l'AIEA, Mohammed el-Baradeï, estime que Téhéran a fort à faire pour rassurer l'agence onusienne sur son programme nucléaire. Les soupçons ont été renforcés en 2003 avec la découverte par des inspecteurs de particules radioactives enrichies à un niveau supérieur à celui requis pour alimenter un réacteur nucléaire et suffisant pour la production d'armes. L'Iran affirme que ces particules se trouvaient sur de l'équipement importé.
M. El-Baradeï, qui doit se rendre en Iran début avril pour encourager les efforts de transparence, espère pouvoir présenter son rapport au Conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne en juin.
Résolution de l'AIEA contre l'Iran,
inspections suspendues
VIENNE (13 mars 2004) - L'Iran a interdit l'accès de son territoire
aux inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie
atomique en réaction à l'adoption samedi par l'AIEA
d'une résolution critiquant durement Téhéran
pour son manque de transparence en matière nucléaire,
a indiqué la télévision iranienne.
"Pour le moment, ils ne sont pas autorisés à entrer en Iran et nous fixerons la date où ils pourront se rendre en Iran", a déclaré Hassan Rohani, secrétaire général du Conseil suprême de la sécurité nationale et principal interlocuteur iranien de l'AIEA, cité par la télévision publique.
"La raison du report de la visite des inspecteurs est l'adoption de cette résolution et nous souhaitions exprimer clairement notre mécontentement", a-t-il ajouté.
Dans un premier temps, les autorités iraniennes avaient justifié le report des inspections soudainement annoncé vendredi par l'approche des vacances du Nouvel An (Norouz) en Iran.
Après une semaine d'intenses tractations sur une mouture rédigée en termes sévères par l'Australie et le Canada, le Conseil des gouverneurs de l'AIEA réuni à Vienne a finalement adopté samedi une version édulcorée de ce texte, qui s'abstient de renvoyer le dossier iranien devant le Conseil de sécurité des Nations unies.
"FERME AVERTISSEMENT"
La résolution, qualifiée de "ferme avertissement" par l'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'AIEA, déplore les omissions en matière de technologie atomique relevées dans la déclaration remise en octobre par l'Iran à l'Agence.
Les 35 membres du Conseil reprochent notamment à la République islamique de ne pas les avoir informés de ses recherches sur des centrifugeuses élaborées capables de produire de l'uranium suffisamment enrichi pour la fabrication d'armes nucléaires.
Le document précise que le Conseil des gouverneurs se prononcera en juin sur les suites à donner à ces omissions, ce qui entrouvre la porte à une saisine du Conseil de sécurité en vue d'éventuelles sanctions.
Les Etats-Unis accusent l'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique sous le couvert d'un programme énergétique civil, ce que dément Téhéran.
L'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'AIEA, Kenneth Brill, a accusé l'Iran de "persister dans sa politique de dénégation, de tromperie et de manoeuvres dilatoires".
Dans un communiqué, l'Union européenne estime que ces omissions remettent en cause la crédibilité de l'Iran, qu'elle invite à coopérer de manière pleine et active avec l'AIEA.
Le chef de la délégation iranienne auprès de l'Agence, Amir Zamaninia, a pour sa part qualifié de "grave revers" l'adoption de cette résolution imposée, selon lui, par "un seul pays" - une allusion claire aux Américains.
"Il nous faut travailler à Téhéran pour tenter de digérer cela", a ajouté l'ambassadeur iranien.
Le directeur général de l'AIEA, Mohamed ElBaradeï, s'est quant à lui dit persuadé que la suspension des inspections serait prochainement levée. "Je suis certain que l'Iran comprendra que nous devons respecter notre calendrier et que la décision de reporter les inspections sera réexaminée et renversée dans les jours à venir", a-t-il dit.
Louis Charbonneau
L'Iran affirme qu'il va tout révéler de son programme nucléaire
VIENNE (8 mars 2004) - L'Iran a affirmé lundi à Vienne qu'il
révélerait tout de son programme nucléaire
à l'Agence internationale de l'énergie atomique
(AIEA), ajoutant qu'il se pliait aux accords en vigueur.
"Nous allons fournir à l'agence toutes les informations
qu'elle jugera nécessaire, conformément au protocole
additionnel" au Traité de non-prolifération
nucléaire (TNP), que Téhéran a signé
en décembre, mais qui n'a pas encore été
ratifié par le régime islamique, a indiqué
l'ambassadeur iranien à l'AIEA, Pirooz Hosseini.
Dans un rapport publié en octobre, l'AIEA avait critiqué l'Iran pour ne pas lui avoir révélé certains aspects sensibles de son programme nucléaire et notamment qu'il disposait des plans d'une centrifugeuse sophistiquée (P-2) pour l'enrichissement d'uranium et qu'il avait produit du polonium 210, sorte de "gâchette" pouvant déclencher la réaction en chaîne dans une arme nucléaire.
M. Hosseini a expliqué qu'à l'époque, l'Iran ne se trouvait que sous le régime des accords de sauvegarde du TNP, n'ayant pas encore signé le protocole additionnel qui autorise l'AIEA à effectuer des contrôles beaucoup plus poussés.
Lundi, le directeur général de l'AIEA s'est dit "sérieusement préoccupé" du fait que, en octobre, l'Iran n'a fait aucune référence aux plans de la P-2, ce qui, dans son esprit, "met un bémol à la politique de transparence claironnée" par le régime islamique, à la fois à Vienne et à Téhéran.
Dans un communiqué, la délégation iranienne a expliqué que "conclure que l'absence de référence à la P-2 remettait en cause cette politique n'est pas justifié".
"L'Iran avait l'intention de soumettre des informations sur ses recherches sur la P-2 avec les autres déclarations qu'il est tenu de faire conformément aux obligations contractées sous le régime du protocole additionnel en vertu d'un calendrier établi par l'AIEA", poursuit le communiqué iranien.
"Nos activités sur la P-2 sont
très limitées et consistent en des recherches très
simples ne concernant que quelques composants de la centrifugeuse",
a précisé M. Hosseini.
L'Iran a caché certaines de ses activités nucléaires, selon l'AIEA
VIENNE (24 février 2004) - L'Iran a réalisé des expériences nucléaires qu'il a omis de révéler, peut-on lire dans un rapport interne concernant ce pays réalisé par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Les inspecteurs de l'AIEA ont découvert des traces de polonium, un élément radioactif permettant de déclencher une réaction nucléaire en chaîne. Or, précise le document, le régime de Téhéran n'a pas fait mention de recherches avec du polonium dans ses déclarations au sujet de ses activités nucléaires passées et présentes.
Le rapport de l'AIEA précise que l'agence a découvert du polonium en septembre dernier et souligne que cet élément "peut être utilisé à des fins militaires (...) spécifiquement comme initiateur neutronique dans certains types d'armes nucléaires".
Le porte-parole de l'Organisation de l'énergie
atomique d'Iran, Saber Zaimian, s'est refusé à tout
commentaire, soulignant que dans l'immédiat le document
était à l'étude. Téhéran s'efforce
de convaincre le monde que son programme nucléaire est
uniquement à usage civil pour produire de l'électricité.
Abdul Qadeer Khan a vendu une centrifugeuse
à l'Iran pour trois millions de dollars
KUALA LUMPUR (20 février 2004) - Le père du nucléaire pakistanais Abdul Qadeer Kahn a vendu des pièces de centrifugeuse à l'Iran au milieu des années 1990 pour trois millions de dollars en liquide, a annoncé la police malaisienne vendredi qui cite l'intermédiaire de cette transaction.
Buhary Syed Abu Tahir, le cerveau financier présumé du réseau international de trafic nucléaire dirigé par Khan, a déclaré à la police malaisienne que le scientifique lui a demandé d'envoyer deux conteneurs de pièces usagées de centrifugeuse du Pakistan en Iran en 1994 ou 1995.
Tahir est en Malaisie où il est interrogé
par la police dans le cadre de l'enquête ouverte sur ses
activités au profit de Khan en Malaisie. La police a rendu
publiques les conclusions de cette enquête vendredi.
L'AIEA accuse l'Iran de cacher des secrets
nucléaires
VIENNE (13 février 2004) - L'Iran a omis de déclarer à l'AIEA les
plans de centrifugeuses servant à l'enrichissement de l'uranium,
soulevant des interrogations sur le degré de coopération
de Téhéran avec l'agence, a-t-on appris jeudi de
source diplomatique.
Dans le même temps, la Russie annonçait qu'elle comptait
signer en mars un accord avec l'Iran sur la fourniture de combustibles
nucléaires pour la centrale de Bushehr, ceci malgré
les pressions exercée par Washington pour que Moscou suspende
ses relations dans ce domaine avec Téhéran.
A Rome où il se trouvait en visite, le chef de la diplomatie
iranienne, Kamal Kharrazi, a insisté sur le droit de son
pays à poursuivre un programme nucléaire civil,
ajoutant que la République islamique était prête
à aider l'Agence internationale de l'énergie atomique
à vérifier le respect de ses engagements.
"La charge de la preuve incombe à celui qui lance
des allégations. Les inspecteurs de l'AIEA peuvent se poser
des questions mais nous sommes prêts à aider à
les vérifier", a déclaré aux journalistes
le ministre des Affaires étrangères.
"Nous avons décidé de mettre au point toutes
les technologies nucléaires à des fins pacifiques.
Nous insistons pour dire qu'il s'agit de notre droit légitime
à se doter de technologies nucléaires à des
fins pacifiques".
A BERLIN, le sous-secrétaire d'Etat américain John
Bolton a réitéré les accusations de Washington
selon lequel Téhéran chercherait à fabriquer
une bombe atomique.
"Il n'existe pas de doute dans notre esprit que l'Iran continue
de mettre en oeuvre un programme d'armements nucléaires",
a déclaré Bolton devant une conférence sur
la sécurité européenne.
"A notre avis, ils (les Iraniens) ne respectent toujours
pas les engagements qu'ils ont pris en octobre de suspendre leurs
activités d'enrichissement d'uranium.
PARALLELE ENTRE LES PROGRAMMES LIBYEN ET IRANIEN
"Essentiellement, ils ne font pas tourner les centrifugeuses
mais leurs activités visant à rassembler les composants
dont ils ont besoin pour leur programme d'enrichissement d'uranium
se poursuivent".
Dans la capitale autrichienne, plusieurs diplomates occidentaux
ont confié à Reuters, sous le sceau de l'anonymat,
que des informations fournies par la Libye et par d'autres pays
avaient révélé l'existence de ces plans,
destinés à la conception d'un équipement
susceptible de servir à fabriquer des armes nucléaires.
D'après eux, l'AIEA a établi des parallèles
entre le programme d'armement nucléaire libyen, auquel
Tripoli vient de renoncer sous supervision internationale, et
le programme atomique iranien. "Ils se sont procurés
les mêmes matériaux auprès des mêmes
fournisseurs", a précisé un diplomate.
Selon ces diplomates, les plans correspondaient à un matériel
de seconde génération mis au point par le consortium
britannique, néerlandais et allemand Urenco. Rien ne permet
de penser qu'Urenco ait pu fournir ces plans à l'Iran,
ont-ils précisé. Le consortium avait auparavant
démenti avoir fourni à l'Iran quelque technologie
que ce soit.
On sait que le Pakistan dispose de centrifugeuses de première
et de seconde génération et des diplomates ont estimé
que les centrifugeuses iraniennes pourraient avoir été
fournies par Abdul Qadeer Khan, le père de la bombe atomique
pakistanaise, qui a reconnu la semaine dernière avoir remis
des secrets nucléaires à l'Iran, à la Libye
et à la Corée du Nord.
La technologie nucléaire russe accumulée pendant
la Guerre froide, préoccupe aussi Washington et l'AIEA
car elle reste exposée aux vols et au marché noir,
certains scientifiques désargentés pouvant être
tentés de vendre des secrets nucléaires.
DENEGATIONS RUSSES
La Russie rejette une telle hypothèse. "Nous n'avons
rien fourni à des tierces parties mais nous savons quels
pays l'ont fait et comment ils l'ont fait", a déclaré
Alexandre Roumiantsev, ministre russe de l'Energie atomique.
"Nous avons proposé de partager ces informations avec
les Etats-Unis. Ils disent qu'ils veulent enquêter eux-mêmes".
Roumiantsev devait se rendre en Iran la semaine prochaine pour
des discussions sur Bushehr, mais il a reporté son déplacement
jeudi en raison, a-t-il dit, de désaccords sur les modalités
commerciales de l'accord.
"Je pense que toutes les questions litigieuses seront réglées
dans deux semaines environ, c'est-à-dire vers la fin février",
a déclaré aux journalistes Roumiantsev.
Il a dit espérer signer le document final, qui exige aussi
de l'Iran qu'il renvoie en Russie les combustibles nucléaires
usagés, au cours d'une visite à Téhéran
prévue fin mars.
"Les Etats-Unis nous ont critiqués et continueront
de le faire", a ajouté Roumiantsev. "Ils déclarent
que l'Iran cherche à se procurer des armes nucléaires
sous le paravent de nos transferts de technologie pacifiques."
"Mais nous ne cessons de leur dire qu'ils se trompent. Nous
estimons respecter toutes les lois internationales", a ajouté
le ministre.
Selon les sources diplomatiques, la révélation des
dissimulations iraniennes devrait renforcer la position de Washington,
qui veut renvoyer l'Iran devant le Conseil de sécurité
de l'Onu pour avoir dissimulé l'ampleur exacte de son programme
nucléaire.
Louis Charbonneau
Quatre pays auraient aidé au développement
du nucléaire en Iran
VIENNE 11/11/03 - L'Agence
internationale de l'énergie atomique révèle
dans un rapport confidentiel que l'Iran a pendant des décennies
reçu clandestinement de quatre pays une aide en matière
de technologies "sensibles" susceptible de servir à
la mise au point d'armes nucléaires.
Dans ce rapport de 30 pages obtenu par Reuters, l'AIEA déclare
ne pas avoir pour l'heure trouvé de preuve d'un programme
d'armement nucléaire en Iran. Mais elle dit que Téhéran
s'est livré à des activités, souvent liées
à la fabrication de bombes atomiques, comme la production
de plutonium ou l'enrichissement d'uranium. Les Etats-Unis accusent
l'Iran de se servir de son programme nucléaire civil comme
d'une couverture pour la mise au point de bombes. Les autorités
de Téhéran démentent ces accusations et expliquent
avoir dû cacher plusieurs aspects de leur programme nucléaire
en raison des sanctions subies depuis plusieurs dizaine d'années,
selon elles en toute illégalité.
L'Iran a reconnu avoir, à partir des années 1970,
passé des contrats liés à l'enrichissement
d'uranium dans quatre pays, dit l'AIEA dans son rapport. L'agence
ne cite pas ces quatre pays mais, selon des diplomates, le Pakistan,
un pays qui possède l'arme nucléaire et n'a pas
signé le Traité de non-prolifération (TNP),
en fait certainement partie. L'enrichissement est un processus
de purification d'uranium visant à le rendre utilisable
comme combustible nucléaire ou dans des bombes.
L'AIEA TOUJOURS ENGAGEE DANS UN PROCESSUS D'INSPECTION
"L'Iran a reconnu avoir produit de petites quantités
d'uranium faiblement enrichi en utilisant à la fois des
centrifugeuses et des processus d'enrichissement au laser (...),
et n'avoir pas signalé de nombreuses activités de
conversion, de fabrication et d'irradiation impliquant des matériaux
nucléaires, et notamment la séparation d'une petite
quantité d'uranium", indique le rapport.
L'AIEA a cependant clairement fait savoir qu'elle était
toujours engagée dans un processus d'inspection et qu'elle
ne savait pas encore si l'Iran avait essayé de secrètement
développer une bombe atomique. "Pour l'heure, il n'y
a pas de preuve que les matériaux et activités nucléaires
(de l'Iran) précédemment non déclarés
(...) sont liés à un programme d'armes nucléaires.
"Cependant, compte-tenu de la stratégie passée
de dissimulation de l'Iran, il faudra du temps avant que l'agence
soit en mesure de conclure que le programme nucléaire iranien
a exclusivement des objectifs pacifiques", peut-on lire dans
le rapport.
Des diplomates ont estimé qu'il était également
trop tôt pour savoir si le Conseil des gouverneurs de l'AIEA
allait rendre compte de cette affaire au Conseil de sécurité
de l'Onu, habilité à prendre des sanctions en cas
de violation par un pays de ses obligations aux termes du TNP,
signé par Téhéran en 1970.
Un diplomate occidental a estimé que ce rapport montrait
clairement que l'Iran n'avait pas respecté le TNP. Mais
il a ajouté qu'il n'était pas certain que la France,
l'Allemagne et la Grande-Bretagne soient prêtes à
aller dans ce sens lors de la réunion du Conseil des gouverneurs
le 20 novembre.
LES EUROPEENS ATTENDENT DES ACTES
Le 21 octobre, les ministres des Affaires étrangères
de ces trois pays avaient obtenu des autorités iraniennes
qu'elles s'engagent à signer le protocole additionnel du
TNP. Ce protocole permet aux experts de l'AIEA d'effectuer des
inspections sans préavis et poussées dans un pays
ayant ratifié le TNP, afin de vérifier qu'il n'en
viole pas les clauses.
La "troïka" européenne avait également
obtenu de l'Iran la suspension de ses activités d'enrichissement
d'uranium.
Lundi, Hassan Rohani, chef du Conseil suprême de sécurité
nationale iranien, a annoncé que Téhéran
avait respecté cet accord et, selon des diplomates, Paris,
Londres et Berlin ne soutiendront pas la demande probable des
Etats-Unis d'un vote à l'Onu sur le non-respect par l'Iran
de ses obligations.
A Bruxelles, la Commission européenne s'est félicitée
de la volonté affichée par l'Iran de suspendre ses
opérations d'enrichissement d'uranium tout en espérant
que Téhéran mettrait ses actes en accord avec ses
promesses.
"L'initiative prise par l'Iran, dont sa volonté d'autoriser
des inspections plus poussées par l'Onu de ses sites nucléaires,
devrait faire l'objet d'un débat intéressant au
Conseil des ministres des Affaires étrangères des
Quinze consacré cette semaine aux relations avec l'Iran",
a déclaré aux journalistes Emma Udwin, porte-parole
de la Commission.
"Vous ne serez pas surpris de m'entendre dire que nous souhaiterions
voir autant les actes que les mots sur cette affaire du protocole
additionnel et de la suspension de l'enrichissement de l'uranium".
Par Louis Charbonneau
Pas d'armes nucléaires en Iran, assure Khatami
PUTRAJAYA, Malaisie (17 octobre 2003) - Le président iranien Mohammad Khatami a assuré vendredi que son pays ne voulait ni ne possédait d'armes nucléaires. Il a exhorté la communauté internationale à s'intéresser de plus près à l'arsenal que détiendrait Israël et au danger que cela représenterait pour la stabilité du Proche-Orient.
"Nous allons révéler les mensonges et les accusations lancés contre la République islamique d'Iran. Le monde musulman tout entier doit savoir que nous n'avons pas d'armes nucléaires et que nous n'allons pas en développer", a dit M. Khatami lors du sommet de l'Organisation de la Conférence islamique en Malaisie.
L'Iran a jusqu'au 31 octobre pour démontrer que son programme nucléaire n'est développé qu'à des fins civiles, contrairement à ce qu'affirme Washington.
Le chef de l'Agence internationale de l'ONU à l'énergie atomique (AIEA), Mohammed el-Baradeï, a déclaré jeudi avoir reçu l'assurance que les experts pourraient accéder aux installations y compris militaires.
Des experts excluent qu'Israël ait modifié des missiles pour les équiper de têtes nucléaires
JERUSALEM (12 octobre 2003) - Des experts israéliens et étrangers en défense ont démenti dimanche les allégations du "Los Angeles Times" de la veille selon lesquelles Israël avait modifié des missiles sous-marins pour les équiper de têtes nucléaires. Une telle opération est d'après eux techniquement impossible.
Citant deux responsables américains et un israélien, le journal affirmait que les têtes nucléaires pourraient ainsi équiper des missiles de croisière américains Harpoon et que ces engins pouvaient désormais toucher des cibles, non seulement maritimes, mais aussi terrestres. Le "Times" ajoutait que l'Etat hébreu espérait ainsi contrer les ambitions nucléaires présumées de l'Iran.
C'est "simplement impossible", a assuré à la radio militaire l'ancien vice-ministre israélien de la défense, Efraïm Sneh, "quiconque possédant la moindre connaissance des missiles sait que le Harpoon ne pourra jamais être utilisé pour porter des têtes nucléaires".
Ted Hooton, rédacteur en chef de la revue spécialisée Jane's Naval Weapon Systems à Londres, a ajouté que l'opération déséquilibrerait les missiles, réduisant fortement leur portée et leur précision.
Le "Spiegel" de dimanche affirme de son côté qu'Israël a localisé six sites iraniens de développement des armes nucléaires, que le Mossad, le renseignement israélien, compte attaquer.
L'Etat hébreu lui-même n'a jamais reconnu détenir des armes nucléaires mais les experts nationaux et étrangers estiment qu'il possède 100 à 200 engins nucléaires pouvant être tirés par des avions de combat américains F-15 et F-16, et des missiles Jéricho II, dont le prototype a été développé avec la France dans les années 1960.
L'Iran prêt à coopérer mais sans cesser d'enrichir l'uranium
TEHERAN (7 octobre 2003) - L'Iran consent à satisfaire certaines exigences
d'un ultimatum de l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA), mais refuse avec force de renoncer à enrichir
de l'uranium, au risque d'entretenir la suspicion.
L'Iran a donné lundi des gages de sa bonne volonté
au moment où commençait une mission d'inspections
qualifiée de "décisive" par l'agence onusienne
veillant à la non-prolifération.
Le représentant iranien à l'AIEA,
Ali Akbar Salehi, a annoncé s'être entendu avec les
émissaires de l'Agence sur les sites soumis aux inspections
dans les prochains jours, sans cependant dire si cette liste correspondait
exactement à celle présentée par la délégation
de l'AIEA.
Les autorités iraniennes ont aussi commencé à
remettre à l'AIEA une liste de pièces importées
destinées à l'enrichissement d'uranium et assuré
qu'elles montrerait aux inspecteurs les sites où ces pièces
ont été utilisées ou stockées.
Même si l'Iran se défend d'être tenu par l'ultimatum de l'AIEA et invoque son seul souci de coopération et de transparence, il répond ainsi de fait à certaines exigences de la résolution du 12 septembre. En revanche, il ignore l'appel contenu dans cette résolution à "suspendre" l'enrichissement d'uranium.
La résolution de l'AIEA donne à l'Iran jusqu'au 31 octobre pour fournir des garanties probantes qu'il ne met pas au point l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil, faute de quoi il s'expose à une saisine du Conseil de sécurité de l'Onu, avec la menace de sanctions internationales.
Elle presse l'Iran de fournir "un accès illimité à tous les lieux" et "toute autre information et explication" que l'Agence jugera nécessaires. Elle exige "une déclaration complète de tous les matériaux et composants importés relatifs à l'enrichissement d'uranium" et une coopération avec l'AIEA "à l'identification de la source et la date de réception des importations, ainsi que les lieux où elles ont été stockées et utilisées en Iran".
Pour l'AIEA, il s'agit de s'assurer que l'Iran n'a pas clandestinement enrichi de l'uranium à des fins militaires.
Cette agence s'inquiète en effet de la découverte à deux reprises par ses experts de traces d'uranium enrichi à un taux supérieur à l'usage civil et du fait que l'Iran ait, selon elle, introduit du matériau nucléaire dans son usine d'enrichissement de Natanz sans le déclarer préalablement.
Téhéran assure que ses équipements ont été contaminés à l'étranger avant leur importation. Mais, à l'AIEA, qui en demande la provenance, l'Iran a dit lundi qu'il les avait achetés auprès d'intermédiaires.
Par sécurité, l'AIEA a répété le 12 septembre son appel à l'Iran à ne pas enrichir d'uranium. Téhéran n'en a pas moins fait savoir dix jours plus tard que les centrifugeuses de son usine de Natanz étaient entrées en service "à titre expérimental" plusieurs semaines auparavant.
"Nous ne permettrons à personne de nous priver de notre droit à utiliser l'énergie nucléaire à des fins pacifiques et en particulier de notre droit à l'enrichissement pour fabriquer le combustible de nos centrales", a dit lundi le ministre des Affaires étrangères Kamal Kharazi.
"Nous sommes très déterminés" sur cette question ainsi que sur celle de la protection des secrets stratégiques et militaires iraniens face à la curiosité étrangère, a-t-il insisté devant les imams de prière du vendredi.
L'Iran ne peut pas faire le tri dans les demandes de l'AIEA, a indiqué lundi le département d'Etat américain: "Ce qui est important pour nous, c'est que l'Iran réponde pleinement et complètement à toutes les demandes" de l'agence, a déclaré son porte-parole Richard Boucher.
L'Irak mais aussi l'Iran au menu de la rencontre Bush-Poutine à Camp David
WASHINGTON (26 septembre 2003) - "Nos opinions ne coïncident pas toujours". En prononçant cette litote, le président russe Vladimir Poutine, attendu vendredi soir à Camp David par son homologue américain, avait sans doute à l'esprit l'Irak et l'Iran.
George W. Bush a bien l'intention d'aborder la question de l'aide russe au programme nucléaire iranien durant les deux jours que doivent passer les deux chefs d'Etat dans la résidence présidentielle du Maryland. "Vous pouvez être sûrs que je vais en parler au président Poutine ce week-end", déclarait-il jeudi.
Washington affirme que la technologie russe aide Téhéran à mettre au point un programme d'armement nucléaire, ce que dément Moscou. Un contrat de 800 millions de dollars (700 millions d'euros) porte sur la construction d'une centrale nucléaire en Iran et, malgré dix ans de protestations américaines, la Russie entend poursuivre son projet.
George W. Bush a estimé qu'il était "très important que le monde se rassemble pour faire comprendre à l'Iran qu'il y aurait une condamnation universelle s'il poursuivait son programme d'armement nucléaire".
De nouvelles traces d'uranium enrichi pour la fabrication d'armes ont semble-t-il été découvertes en quantités infimes par les inspecteurs de l'Agence internationale à l'énergie atomique (AIEA) sur un site de la compagnie Kalaye Electric, à l'ouest de Téhéran. En début d'année, les inspecteurs de l'agence onusienne avaient trouvé des particules d'uranium dans une usine d'enrichissement.
Le 12 septembre, l'AIEA a demandé à l'Iran de prouver avant le 31 octobre que ses programmes servaient uniquement à produire de l'électricité, comme l'assure Téhéran.
D'ici là, un autre pays est au centre des préoccupations, l'Irak. Vladimir Poutine s'était joint aux efforts français et allemands pour empêcher le vote d'une résolution de l'ONU autorisant le recours à la force. Le week-end dernier, il a indiqué que la position russe restait inchangée: "La situation en Irak est la meilleure confirmation que la Russie avait raison".
Mais Vladimir Poutine a aussi dit à la presse américaine que la Russie était prête à mettre les divergences de côté pour travailler à la reconstruction de l'Irak avec les Etats-Unis, évoquant même la possibilité d'envoyer des troupes. Mais les Nations unies doivent jouer un rôle réel en Irak, a de nouveau insisté le président russe dans son allocution jeudi devant l'Assemblée générale.
Critiquant implicitement les Etats-Unis pour avoir envahi ce pays sans l'aval de l'ONU, il a estimé que "seule la participation directe des Nations unies dans la reconstruction de l'Irak permettrait aux Irakiens eux-mêmes de décider de leur avenir". "Et c'est qu'avec l'assistance pratique active (...) des Nations unies dans sa transformation civile et économique que l'Irak occupera une nouvelle place, digne, au sein de la communauté internationale", a ajouté le chef du Kremlin.
Mais malgré cette intransigeance, on
dit que Vladimir Poutine est prêt à mettre de l'eau
dans son vin lorsqu'il lèvera son verre avec George W.
Bush à l'amitié américano-russe et au renforcement
des liens entre les deux pays. AP
La mission de l'AIEA en Iran reportée
VIENNE (26 septembre 2003) - La mission de l'Agence internationale à l'énergie atomique (AIEA) en Iran a été reportée vendredi, après que Téhéran ait demandé davantage de temps pour préparer cette visite, a rapporté une porte-parole de l'agence onusienne.
Plusieurs responsables de l'AIEA devaient se rendre en Iran pour convaincre l'Iran de lever tous les soupçons sur son programme présumé d'armement nucléaire. Washington affirme que Téhéran développe des armes nucléaires, alors que l'Iran soutient que ses programmes ne servent qu'à produire de l'électricité.
"La mission des hauts responsables de l'AIEA a été reportée jusqu'à la fin de la semaine prochaine", a déclaré Melissa Fleming. "Le gouvernement iranien a demandé ce délai pour leur permettre de préparer cette visite".
Ce report survient au lendemain des révélations sur la découverte de traces d'uranium enrichi pour la fabrication d'armes sur un site iranien.
Le cas d'Israël au menu de la réunion annuelle de l'AIEA
VIENNE (15 septembre 2003) - Les pays arabes vont certainement dénoncer
lundi la possession présumée de l'arme nucléaire
par Israël, lors d'une réunion annuelle de l'Agence
internationale de l'énergie atomique (AIEA) à Vienne,
estiment des diplomates.
La conférence générale annuelle se réunit
jusqu'à vendredi trois jours après la mise en demeure
de l'AIEA à l'Iran de clarifier son programme nucléaire.
Elle rassemble les 136 Etats membres de cette agence onusienne
de sûreté nucléaire.
Cette réunion ne devrait prendre aucune
décision nouvelle, que ce soit sur Israël, ou sur
les dossiers chauds de l'actualité que sont outre l'Iran,
l'Irak et la Corée du Nord, a indiqué le porte-parole
de l'AIEA Mark Gwozdecky.
Selon M. Gwozdecky, la conférence avalise essentiellement
des décisions déjà prises par l'organe exécutif
de l'AIEA, le conseil des gouverneurs où siègent
35 nations, et qui a exigé de l'Iran vendredi de prouver
d'ici le 31 octobre que son programme nucléaire civil n'a
pas de visées militaires.
Cependant, le débat sur Israël devrait être animé. Un diplomate occidental proche de l'AIEA a indiqué que les Etats du Proche-Orient ont déjà utilisé la conférence générale dans le passé pour exprimer leur frustration sur le silence de l'Agence onusienne vis-à-vis d'Israël, qui, selon les experts possède depuis longtemps l'arme nucléaire, et qui n'a pas signé le Traité de non prolifération nucléaire (TNP).
Ce silence contraste avec la fermeté affichée envers l'Irak et l'Iran, soulignent des Etats de la région.
"Parmi ceux qui ont recherché et produit des armes nucléaires en dehors des cinq (puissances nucléaires reconnues: la Chine, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et la Russie), on pardonne le crime à Israël", a protesté vendredi soir l'ambassadeur iranien à l'AIEA Ali Akbar Salehi après l'ultimatum à son pays. Israël "est choyé au lieu d'être puni", a estimé M. Salehi.
La question des "capacités nucléaires et la menace israéliennes" est au menu officiel de la conférence.
Selon le diplomate occidental, il se pourrait que les pays arabes présentent un projet de résolution, qu'ils retireraient par la suite dans un "jeu de procédures afin de soulever une nouvelle fois le sujet" d'Israël non-signataire du TNP.
Entré en vigueur en 1970, ce traité, signé par la plupart des pays du monde, leur fait obligation de déclarer et de placer sous le contrôle de l'AIEA leurs matières nucléaires, en vue d'assurer le respect de leur engagement de ne pas développer d'armes nucléaires.
Selon M. Gwozdecky, la conférence va en outre passer en revue l'ensemble des activités de l'AIEA et "concevoir un programme de travail pour l'année à venir".
La volonté de l'Agence de reprendre les inspections du programme nucléaire irakien, pour lesquelles elle dispose d'un mandat de l'Onu, sera évoquée. Les Etats-Unis refusent le retour des inspecteurs de l'AIEA en Irak depuis que leur coalition a chassé Saddam Hussein du pouvoir à Bagdad.
L'AIEA souhaite également renvoyer des inspecteurs en Corée du Nord, d'où ils ont été expulsés en décembre, quand Pyongyang a annoncé son retrait du TNP, après que les Etats-Unis eurent accusé ce pays de développer des armes nucléaires.
Outre ses activités de vérification et de contrôle, l'AIEA mène des programmes de coopération pour rendre accessibles aux pays en développement des technologies utilisant la radioactivité à des fins thérapeutiques, comme le traitement des cancers.
L'Agence est également active dans la promotion de la sûreté nucléaire. Depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, elle aide des pays à identifier leurs faiblesses en la matière, a indiqué M. Gwozdecky.
Un sujet de préoccupation est que des terroristes mettent la main sur des matériaux radioactifs pour fabriquer des "bombes sales" contaminant des régions entières.
l'Iran prépare sa réponse à l'ultimatum de l'AIEA
TEHERAN (14 septembre 2003) - L'Iran est en train de réexaminer la nature de sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à la suite de l'ultimatum que lui a lancé cette dernière vendredi, a déclaré dimanche à la presse le porte-parole du ministère des Affaires étrangères."Nous examinons actuellement la nature de notre coopération avec l'AIEA, les autorités compétentes sont en train d'en discuter et notre décision sera rendue publique dans le futur", a dit Hamid Reza Assefi. "Nous n'avons pas pris de décision concrète sur la façon de poursuivre notre coopération avec l'AIEA", a-t-il ajouté.
L'agence onusienne veillant à la non-prolifération a donné vendredi jusqu'au 31 octobre à l'Iran pour fournir des garanties fortes de la vocation purement civile de son programme nucléaire. Téhéran a vivement rejeté cet ultimatum.
"L'initiative très malheureuse de l'agence a contraint la République islamique d'Iran à reconsidérer sa coopération avec l'AIEA", a dit M. Assefi.
Selon M. Assefi, l'agence, soumise au "lobbying en coulisse des pays occidentaux à commencer par les Etats-Unis (...) s'est écartée de son travail technique et s'est livrée à un travail politique".
En particulier l'Australie, le Canada et le Japon, qui ont présenté le projet de résolution adopté par l'AIEA, "ont fait une grosse erreur, l'Iran mettra en oeuvre toutes ses capacités diplomatiques pour y répondre promptement", a-t-il prévenu.
Toutefois, le nucléaire et l'exploitation du champ pétrolier iranien d'Azadegan, pour laquelle les Japonais sont candidats à l'appel d'offres, "sont deux affaires différentes", a-t-il affirmé: "Ils ont fait un acte diplomatique, auquel nous allons répondre diplomatiquement".
"Nous évaluerons chaque pays à l'aune de son attitude à l'AIEA", a-t-il dit.
La Russie, avec laquelle l'Iran construit sa première centrale civile à Bouchehr, "ne sera pas rangée au côté des pays occidentaux, elle est déterminée à poursuivre la collaboration" avec l'Iran, a-t-il observé.
Cependant, le représentant de l'Iran auprès de l'AIEA, Ali Akbar Salehi, a assuré dans un entretien publié dimanche par le quotidien gouvernemental Iran que "la coopération entre l'Iran et l'AIEA va se poursuivre comme avant et nos critiques très claires ne signifient pas l'arrêt de cette collaboration".
Selon lui, l'Iran est "dans une période d'évaluation": "Les responsables du pays vont définir la politique et l'attitude de l'Iran dans les prochains jours et, au cours de cette période, il faut se garder de toute réaction dictée par la précipitation ou la nervosité", a-t-il ajouté au moment où les voix s'élèvent plus fortes chez les conservateurs pour réclamer que le pays reconsidère sa collaboration avec l'AIEA, et même se désengage du Traité de non-prolifération (TNP), comme l'a fait la Corée du nord.
Toutefois, a poursuivi M. Salehi, "nous
sommes dans un monde où, si l'on commence à se plier
aux exigences outrancières de l'occident, les demandes
de ce dernier n'auront plus de limite".
Inspections sur le nucléaire: Téhéran réclame toujours des garanties
TEHERAN (28 aout 2003) - Téhéran a continué jeudi à
réclamer des garanties pour accepter des inspections inopinées
de ses installations nucléaires, malgré une suspicion
accrue à dix jours seulement d'une réunion peut-être
capitale de l'Agence internationale de l'énergie atomique
(AIEA).
"Nous sommes prêts à coopérer pleinement
et de manière rapprochée avec l'AIEA pour prouver
à tout le monde que notre programme est sûr, pacifique
et non pas destiné à la production d'armes nucléaires",
a déclaré à CNN le ministre iranien des Affaires
étrangères Kamal Kharazi.
Mais, a ajouté le chef de la diplomatie iranienne, "avant de signer le protocole additionnel, les ambiguïtés doivent être levées et nous devons engager les négociations pour être sûrs que nos droits et notre dignité seront respectés".
L'Iran, soupçonné de travailler à la bombe atomique sous couvert de programme nucléaire civil, est pressé de toutes parts de signer le protocole additionnel au Traité de non-prolifération (TNP), pour que l'AIEA puisse procéder sans préavis à des inspections poussées des sites iraniens, déclarés ou non à l'Agence.
L'Iran, signataire du TNP, dit envisager "positivement" ce protocole. Mais, invoquant le précédent irakien, il ne cesse de réclamer des garanties que les inspecteurs ne bénéficieront pas d'une totale liberté d'action et de mouvement et ne violeront pas les secrets militaires et stratégiques iraniens.
Les officiels iraniens, qui ont engagé avec l'AIEA des négociations sur les modalités d'un nouveau régime d'inspections, ont laissé entendre ces dernières semaines qu'ils pourraient prendre rapidement une décision.
Le temps presse car le conseil des gouverneurs de l'AIEA se réunit du 8 au 11 septembre et examinera à cette occasion le dossier iranien. Les Américains risquent fort de peser de tout leur poids pour que les gouverneurs déclarent les Iraniens en violation du TNP et saisissent le Conseil de sécurité des Nations unies, avec la menace d'une condamnation et de sanctions.
Or les soupçons de la communauté internationale se sont renforcés. Selon un rapport confidentiel de l'AIEA remis préalablement aux 35 pays membres du conseil des gouverneurs, les inspecteurs ont décelé en Iran des traces d'uranium enrichi, matériau ne figurant pas dans l'inventaire déclaré par Téhéran et pouvant entrer dans la fabrication de l'arme nucléaire.
Selon ce rapport, qui dit "l"inquiétude" de l'AIEA, l'Iran n'a pas respecté toutes les clauses du TNP, et "a admis avoir cherché à importer de l'équipement de centrifugation" et lancé dans les années 80 un programme d'eau lourde, pouvant elle aussi entrer dans la production de l'arme nucléaire.
Les inspecteurs se sont aussi étonnés de travaux de rénovation récents effectués dans une usine, Kalaye Electric Co., à laquelle ils n'avaient pas accès jusqu'alors.
M. Kharazi a réaffirmé la vocation "pacifique" des activités nucléaires iraniennes et a donné pour preuve de bonne volonté la décision de donner à l'AIEA accès aux différents sites, de la laisser procéder à des prélèvements environnementaux "alors que nous n'y étions pas obligés", ainsi que la décision d'engager des négociations sur le protocole additionnel.
Quant aux traces d'uranium enrichi, il a redit que c'étaient les machines "importées de l'étranger qui étaient contaminées". "Personne ne doit en tirer de conclusions hâtives, c'est une affaire d'experts, qui ne doit pas être politisée".
L'incertitude demeure totale sur la décision iranienne et sur la date à laquelle elle pourrait être prise. Les Européens par exemple, engagés dans un dialogue politique et commercial avec les Iraniens, attendent la réunion de septembre pour décider de leur conduite.
Maints diplomates estiment que Téhéran peut être tenté de gagner du temps, d'autant plus que, même en cas d'acceptation, la ratification définitive par les organes politiques iraniens pourrait prendre des mois.
L'Iran et son programme nucléaire
23.07.03 - Depuis
l'éclatement de l'URSS et la naissance de pays "vendeurs"
de technologies nucléaires soviétiques, la méfiance
des Etats-Unis vis-à-vis de l'Iran va croissant. Dans les
années 1990, Téhéran signe régulièrement
avec la Russie et la Chine des accords de coopération nucléaire
pour la construction de centrales. Washington craint que ce programme
nucléaire supposé pacifique et conforme au traité
de non-prolifération nucléaire (TNP) ne soit qu'une
façade pour faire progresser un programme d'armement nucléaire.
Alarmés par l'opacité du programme
nucléaire iranien depuis la découverte de mines
d'uranium, la communauté internationale presse Téhéran
de signer un protocole additionnel au TNP et d'accepter sans restrictions
les inspections de l'Agence internationale pour l'énergie
atomique (AIEA). Malgré des déclarations d'intention,
l'Iran ne plie pas et exige la levée de l'embargo sur le
matériel. Récemment, des inspecteurs de l'AIEA ont
découvert de l'uranium enrichi en Iran, ce qui accentue
les inquiétudes des Américains et des Européens.
Des experts de l'AIEA auraient découvert
de l'uranium enrichi en Iran
18.07.03 - L'Agence
internationale de l'énergie atomique a refusé de
confirmer ou de démentir ces informations, mais une porte-parole
de l'agence a reconnu que des inspecteurs relevaient actuellement
des échantillons en Iran.
Des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ont découvert, vendredi 18 juillet, de l'uranium enrichi - matériau indispensable à la fabrication d'une bombe atomique - dans des échantillons prélevés sur des sites en Iran, selon une source diplomatique au siège viennois de l'AIEA. De même source, on précise que ces analyses préliminaires tendent à prouver que Téhéran a procédé, à l'insu de l'Agence, à des opérations d'enrichissement d'uranium compatibles avec les efforts de production d'armes nucléaires, dont le pays est soupçonné, notamment par Washington, de vouloir se doter.
Les diplomates ont toutefois précisé que la seule présence d'uranium enrichi dans les échantillons ne suffisait pas à prouver que les Iraniens ont procédé eux-mêmes à l'enrichissement. Les traces peuvent aussi être dues à une contamination, mais il faudra alors expliquer dans quelles circonstances elle s'est produite.
L'AIEA a refusé de confirmer ou de démentir ces informations. Une porte-parole de l'agence a cependant reconnu que des inspecteurs relevaient actuellement des échantillons en Iran. "Les résultats de l'analyse des échantillons sont examinés à l'Agence et nous attendons de nouveaux prélèvements dans les semaines à venir", a déclaré Melissa Fleming, porte-parole de l'agence spécialisée de l'ONU. "Seule l'AIEA sera en position de juger l'importance de ces résultats (...). Pour l'instant, nous sommes encore au milieu d'un processus complexe d'inspection en Iran au cours duquel nous enquêtons sur un certain nombre de problèmes non résolus", a-t-elle ajouté.
Les autorités n'ont pas été averties des conclusions préliminaires de l'AIEA, a précisé Khalid Mousavi, porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique. "Nous ne pouvons pas commenter ces déclarations faites par des diplomates dont les noms et les rangs ne sont aps définis", a-t-il ajouté. Le lieu d'où proviennent les échantillons n'a pas été précisé.
L'AIEA devrait rendre les conclusions de ses dernières inspections en Iran le 8 septembre, à l'occasion de la réunion du conseil des gouverneurs. Ce conseil avait réprimandé l'Iran en juin pour ne pas avoir signalé de nombreux aspects de son programme nucléaire, et l'agence onusienne avait réclamé des informations complémentaires.
Téhéran a toujours souligné n'avoir pas intérêt à se doter d'armes nucléaires, mais a refusé jusqu'à présent, malgré les pressions internationales, de signer un protocole additionnel au traité de non-prolifération nucléaire (TNP) qui autoriserait des inspections inopinées et plus approfondies.
Le TNP autorise l'enrichissement d'uranium
à des fins civiles, mais l'AIEA doit en être informée
et ses inspecteurs doivent pouvoir en contrôler la mise
au point.
L'Iran mis en examen nucléaire
Téhéran, qui reçoit
le directeur de l'Agence de l'énergie atomique, refuse
toujours ses inspections.
Soupçonné de développer
une arme atomique, l'Iran est sommé par la communauté
internationale de s'expliquer sur son programme nucléaire.
Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique
(AIEA), Mohammed el-Baradei, arrive aujourd'hui à Téhéran.
Une visite qui intervient à la suite de la publication,
le 6 juin, d'un rapport très sévère pour
l'Iran. Ce pays «a omis de remplir ses obligations»
liées au Traité de non-prolifération (TNP),
estime l'agence des Nations unies qui pointe les «manquements»
de Téhéran. Soutenu par les Etats-Unis, l'Union
européenne et la Russie, El-Baradei demandera une nouvelle
fois à l'Iran d'autoriser des inspections surprises et
détaillées de ces sites nucléaires. Pour
l'instant, Téhéran refuse de signer le «protocole
additionnel» qui les rendrait possibles, mais souhaite poursuivre
la «coopération» avec l'AIEA. Téhéran
rappelle que le Traité de non-prolifération fait
obligation aux puissances nucléaires militaires (Etats-Unis,
Russie, France, Royaume-Uni, Chine) d'aider les autres pays à
développer leur nucléaire civil. Les soupçons
sur l'Irak se sont précisés en août 2002,
lorsqu'un groupe d'opposants (les Moudjahidin du peuple) a révélé
l'existence de deux installations tenues secrètes par la
République islamique. Il s'agit d'une usine d'enrichissement
de l'uranium à Natanz et d'un centre de production d'eau
lourde à Arak. Signataire du Traité de non-prolifération
en 1970, l'Iran était tenu de déclarer leur existence.
Pour des raisons diplomatiques, l'AIEA se garde de prononcer le
mot «violation», mais c'est de cela qu'il s'agit.
Péché. «L'Iran travaille activement à
développer des capacités en armes nucléaires»,
affirme le département d'Etat américain, une position
partagée par les Européens. «L'Iran n'a
pas encore la bombe, mais il veut se donner la possibilité
d'en fabriquer une», estime Bruno Tertrais, spécialiste
de la prolifération nucléaire à la Fondation
pour la recherche stratégique (1). «Pour cela,
l'Iran entend maîtriser l'ensemble de la filière
nucléaire, poursuit-il. C'est un peu comme la France
avant le retour de De Gaulle en 1958 : on met en place les outils
nécessaires, sans forcément avoir pris la décision
de développer un arsenal complet. Avec l'Iran, on n'est
pour l'instant dans le péché véniel, pas
encore dans le péché mortel.» D'autres
experts sont plus pessimistes : «L'Iran a déjà
pris la décision de se doter de l'arme nucléaire»,
affirme l'un deux, tenu à l'anonymat.
Mine. Maîtriser toute la filière signifie posséder
des matières fissiles, pouvoir les enrichir, usiner des
armes et enfin être capable de les tirer. L'Iran est actif
dans tous ces domaines. Il exploite une mine d'uranium dans la
province de Yazd, dont l'existence n'a été révélée
que cette année. Le pays développe, avec l'aide
de la Russie, un programme nucléaire civil à Bushehr,
«d'une ampleur guère compatible avec les besoins
énergétiques d'un pays exportateur de pétrole»,
assure Bruno Tertrais. Les deux installations de Natanz et d'Arak
pourraient servir à produire des matières fissiles
pour les deux «filières» de fabrication d'une
arme : l'uranium enrichi ou le plutonium. Enfin, l'Iran se dote
de capacités balistiques, avec le tir récent d'un
missile sol-sol (lire ci-contre). Au vu de l'expérience
récente, rien n'indique que Téhéran ne possède
pas d'autres installations.
Même si l'Iran nie vouloir se doter d'une arme nucléaire,
expliquant que ce serait contraire à l'islam, tous ces
éléments mis bout à bout suscitent l'inquiétude
des dirigeants occidentaux. Qui font aujourd'hui monter la pression
sur Téhéran. D'autant que l'Iran a un long passé
nucléaire. Il remonte au programme américain Atoms
for Peace en 1957, lorsque l'Iran reçut quelques
kilos d'uranium enrichi. Le premier centre de recherches a été
créé en 1959 à l'université de Téhéran.
Jusqu'à la révolution islamique de 1979, une importante
coopération s'est développée avec les Etats-Unis,
la France (contrat Eurodif pour une usine d'enrichissement), l'Allemagne
ou l'Argentine. Au milieu des années 70, le régime
du Shah est soupçonné de vouloir doter l'Iran d'une
bombe atomique. Des milliers de chercheurs et de techniciens ont
été formés dans les universités étrangères.
L'arrivée au pouvoir de l'imam Khomeiny puis la guerre
Irak-Iran ont brisé le programme. Il faudra attendre 1985
pour que le régime des mollahs le relance. En se tournant
vers d'autres pays, comme la Corée du Nord, la Chine, peut-être,
le Pakistan. En 1991, l'Iran a importé de l'uranium de
Chine en oubliant de le déclarer à l'AIEA. Mais
le pire n'est pas toujours sûr. En 1984, le magazine spécialisé
Jane's affirmait, en se basant sur des informations des
services de renseignements allemands, que l'Iran aurait sa bombe
atomique dès 1986.
(1) L'Annuaire stratégique et militaire 2003 de
la FRS, Odile Jacob, 39 euros.
Jean-Dominique MERCHET, Libération
mercredi 09 juillet 2003
Une équipe d'experts en nucléaire de l'AIEA se rendra à Téhéran
TEHERAN (9 juillet 2003) - Un accord a été trouvé avec les responsables iraniens pour l'envoi la semaine prochaine d'une équipe d'experts à Téhéran afin de clarifier la situation nucléaire de l'Iran, a annoncé mercredi le directeur général de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradeï. "J'espère qu'une fois que ces problèmes seront clarifiés, l'Iran sera en position de signer le protocole", a-t-il déclaré à des journalistes en faisant référence au protocole additionnel du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) qui autorise des contrôles inopinés et plus approfondis. Les journaux iraniens, divisés sur la question des inspections, ont indiqué qu'ElBaradeï, arrivé mercredi à Téhéran, rencontrerait plusieurs responsables iraniens, dont le président Mohammad Khatami, au cours de sa visite d'une journée. "Je pense qu'il est nécessaire pour l'Iran de faire preuve du maximum de transparence et, par ce maximum de transparence, de créer la confiance", a déclaré ElBaradeï après sa rencontre avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Kamal Kharrazi. "ElBaradeï se rendra compte au cours de ses discussions avec les dirigeants que l'Iran souhaite coopérer et nous espérons qu'il y aura des réponses aux inquiétudes exprimées par les deux parties", a pour sa part déclaré Kharrazi. "Nos activités ont toujours été transparentes et nous sommes déterminés à poursuivre dans cette transparence car nous n'avons rien à cacher", a-t-il ajouté. Le directeur de l'AIEA a déclaré penser mardi que l'Iran allait accepter des inspections plus strictes de ses sites nucléaires afin de convaincre la communauté internationale que son programme n'a que des objectifs pacifiques. Les Etats-Unis accusent l'Iran de cacher un programme d'armement nucléaire, ce que dément Téhéran, qui affirme que son programme n'a que des visées énergétiques.
La classe dirigeante divisée
L'Iran est signataire du traité de non-prolifération (TNP) des armes nucléaires mais rechigne à signer le protocole additionnel de l'AIEA tant que ne sont pas levées des sanctions qui l'empêchent d'obtenir des transferts de technologie. "S'ils y réfléchissent, ils verront qu'il est réellement dans leur interêt de faire le premier pas", a déclaré ElBaradeï à Reuters. Alors qu'on lui demandait s'il s'attendait à ce que les dirigeants iraniens partagent son point de vue et finissent par signer le protocole, ElBaradeï a répondu: "Je le crois. C'est dans leur intérêt politique de faire la preuve de leur transparence." Selon certains diplomates en poste à Téhéran, la question des inspections a provoqué un débat virulent au sein de la classe dirigeante iranienne, illustré par les quotidiens parus mercredi. Le journal réformiste anglophone Iran Daily souligne ainsi que des inspections de l'AIEA permettraient de contredire les accusations américaines. "Etant donné le contexte mondial actuel, signer le protocole additionnel serait bénéfique à l'Iran", écrit le quotidien dans un éditorial publié en une. "Autoriser un accès sans restriction aux installations nucléaires prouvera la transparence du programme iranien et le mensonge de la propagande ennemie", poursuit-il. Pour d'autres, en revanche, accéder à la demande d'inspections renforcées ne mettrait pas fin aux exigences de Washington. "Si l'Onu et l'AIEA pensent que l'Iran devrait fournir quoi que ce soit aux Etats-Unis, cela signifie qu'ils sont trop soumis à l'influence de la guerre psychologique et de la propagande orchestrées par Washington", insiste le quotidien conservateur Resalat.
L'Iran confirme disposer d'un missile capable d'atteindre Israël
TEHERAN (lundi 7 juillet 2003) - L'Iran a confirmé lundi avoir procédé à un dernier essai réussi de son missile balistique Shahab-3 d'une portée de 1.300 km, capable d'atteindre Israël, alors que Téhéran refuse toujours des inspections à l'improviste de ses installations nucléaires par des experts de l'Onu. "Le test de livraison a eu lieu il y a quelques semaines. La portée du missile est ce que nous avions déclaré auparavant", a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hamid Reza Assefi, ajoutant que ce test permettait désormais de livrer le missile aux forces armées iraniennes.
Selon les experts occidentaux, le Shahab-3 serait une variante améliorée du missile sol-sol nord-coréen No Dong-1, capable de transporter une charge de 800 kg. La preuve n'a cependant pas été faite qu'une ogive non conventionnelle (chimique, bactériologique ou nucléaire) puisse être fixée à ce missile. "L'essai et la portée du missile ne sont pas une surprise. En revanche, ce qui est plus surprenant, c'est le moment choisi pour l'annoncer", a indiqué à un diplomate occidental. "Le programme balistique iranien n'a jamais été secret même si les Iraniens sont plutôt discrets, mais pourquoi annoncer le teste à la veille de l'arrivée de Mohamed ElBaradei (directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique) et alors que l'Iran est sous pression internationale en ce qui concerne son programme nucléaire?", s'est-il interrogé. "Les Iraniens ont peut-être voulu envoyer un signal pour dire qu'ils résistent aux pressions internationales", a-t-il poursuivi.
Vendredi, le quotidien israélien Haaretz avait annoncé le premier que l'Iran avait testé un missile balistique capable d'atteindre Israël, la Turquie, le sous-continent indien et les bases américaines dans le Golfe. "Il n'y a rien de nouveau" a affirmé M. Assefi. "Apparemment les Israéliens sont en retard avec leurs informations", a-t-il ajouté. La confirmation de ce test intervient alors que l'Iran doit faire face à une pression internationale croissante et à la veille de l'arrivée, mercredi, de M. ElBaradei, qui doit demander aux dirigeants iraniens de signer le protocole additionnel au Traité de non-prolifération (TNP). Ce protocole additionnel permet un contrôle plus poussé, notamment des inspections surprises des installations nucléaires iraniennes. "Il n'y a pas de +il faut+", a répondu M. Assefi à une question sur les propos de M. ElBaradei qui avait déclaré que l'Iran "devait faire le premier pas" en signant "immédiatement et sans condition" le protocole additionnel. "Dans les négociations avec M. ElBaradei, nous espérons que les deux parties pourront aborder des sujets qui permettront de créer la confiance mutuelle. Sinon, il faut poursuivre les négociations pour la créer", a ajouté M. Assefi. "Nous estimons que pour tout problème, il y a une solution, il faut donc discuter" pour y arriver, a-t-il poursuivi.
En juin, M. ElBaradei a affirmé dans son rapport au conseil des gouverneurs de l'AIEA que l'Iran avait manqué à plusieurs de ses obligations prévues dans le TNP, en particulier en omettant de déclarer l'importation d'uranium en 1991. A la suite de ce rapport, les pays de l'Union européenne, les membres du G8, l'AIEA, mais aussi à titre individuel la France, la Russie, le Japon, la Grande-Bretagne, l'Australie ont demandé à l'Iran de signer "immédiatement et sans condition" le protocole additionnel. L'Iran demande aux pays occidentaux de l'aider à développer son programme nucléaire civil avant de signer ce protocole. Rejetant les pressions européennes, M. Assefi a affirmé que l'accord de coopération commerciale actuellement en négociation avec l'Union européenne ne "devait pas être utilisé comme un moyen de pression" contre l'Iran pour l'obliger à signer le protocole additionnel. "L'accord de coopération commerciale sera profitable aux deux parties (...) et la République islamique d'Iran n'acceptera pas de telles pressions", a-t-il ajouté.
L'Iran refuse toute nouvelle concession concernant son programme nucléaire
TEHERAN (30 juin 2003) - Le secrétaire au Foreign Office Jack Straw a averti l'Iran que son refus d'ouvrir son programme nucléaire à des inspecteurs de l'Onu risquait de mettre en péril les relations de ce pays avec l'Union européenne, mais Téhéran semble toujours faire la sourde oreille. "Si nous devons accepter de nouveaux engagements, (...) les engagements de l'autre partie doivent être clarifiés", a déclaré dimanche le chef de la diplomatie iranienne Kamal Kharazi, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue britannique.
M. Straw, qui effectuait là sa quatrième visite en Iran en moins de deux ans, a demandé à l'Iran de signer "immédiatement et sans condition le protocole additionnel" au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), afin de permettre aux inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de visiter à l'improviste n'importe quelle installation nucléaire iranienne.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hamid Reza Asséfi, a redit lundi la position iranienne. "Nous sommes prêts à prendre en compte les inquiétudes des Européens" en ce qui concerne le programme nucléaire de l'Iran mais "cela ne peut être unilatéral".
En rencontrant M. Straw, Hassan Rohani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, la plus haute instance chargée des questions de sécurité, a déclaré que Téhéran allait "prochainement inviter (Mohamed) ElBaradei (le directeur de l'AIEA, NDLR) à Téhéran pour des discussions visant à régler les problèmes techniques", mis en lumière dans le rapport de l'AIEA publié en juin.
"Ces problèmes techniques ne doivent pas être utilisés par les Etats-Unis comme un prétexte pour des actions politiques hostiles" contre l'Iran, a ajouté M. Rohani.
L'Iran ne cesse d'affirmer qu'il n'a rien à cacher et qu'il ne cherche pas à se doter de l'arme atomique, et se plaint que les autres pays signataires du TNP ne remplissent pas leurs obligations à son égard, en bloquant les transferts de techniques nucléaires civiles vers Téhéran.
M. Straw, qui a rencontré lundi le président réformateur Mohamad Khatami avant de partir pour Kaboul, avait dit dimanche qu'il revenait à l'Iran de faire le premier pas et que si l'Iran signait le protocole additionnel, "la confiance de la communauté internationale (serait) telle que ces sanctions (seraient) levées".
Les Etats-Unis accusent l'Iran de vouloir utiliser son programme nucléaire civil pour fabriquer l'arme atomique.
Les pays européens affirment de plus en plus ouvertement que, avant de coopérer plus avant avec l'Iran, ils attendent que celui-ci évolue sur la question nucléaire, mais aussi en ce qui concerne les droits de l'Homme, la coopération dans la lutte contre le terrorisme et Al-Qaïda, ainsi que vis-à-vis du processus de paix au Proche-Orient.
Plusieurs responsables iraniens ont critiqué lundi la position britannique. "La Grande-Bretagne manie la carotte et le bâton", a affirmé Mme Jamileh Kadivar, député réformateur, citée par la presse iranienne.
Le député conservateur Allaeddine Boroujerdi a demandé pour sa part que les autorités iraniennes répondent avec plus de fermeté à la politique de la Grande-Bretagne après les récentes déclarations du Premier ministre Tony Blair, qui avait affirmé "soutenir" les manifestations hostiles au régime.
MM. Straw et Kharazi avaient affiché leurs divergences aussi à propos des droits de l'Homme. Le chef de la diplomatie iranienne avait critiqué le soutien de M. Blair aux "perturbateurs" et a fait part du "grande mécontentement" de son pays concernant les ingérences britanniques dans les affaires intérieures de l'Iran.
"La position du Royaume-Uni est de soutenir le droit à des rassemblements libres et pacifiques", avait répondu Jack Straw
Jacques Chirac n'a aucune "réserve"
sur la coopération nucléaire entre la Russie et
l'Iran
EVIAN 2/06/03 - Jacques Chirac a estimé lundi, en contradition avec les Etats-Unis, qu'il n'y avait "pas lieu d'exprimer la moindre réserve" sur la coopération entre la Russie et l'Iran dans le domaine nucléaire, en estimant qu'elle portait uniquement sur le secteur civil.
"Cette copération n'a aucunement pour vocation d'aider l'Iran à acquérir un potentiel militaire nucléaire", a estimé le président français au G8 d'Evian.
Jacques Chirac a affirmé que "la Russie a été très claire" et que "personne ne l'a contestée dans ce domaine".
Les Etats-Unis s'inquiètent de la mise en fonctionnement d'ici la fin de l'année du premier réacteur civil iranien, fourni par la Russie. Ils soupçonnent l'Iran de vouloir développer par ce biais un programme d'armement nucléaire.
La position exprimée par la France est en contradiction avec l'analyse de Washington. L'administration Bush affirme que les ventes de technologie russe à l'Iran permet à Téhéran de développer un programme d'armement nucléaire, tandis que la Russie prétend n'intervenir que dans le cadre d'un programme nucléaire civil.
Dans une déclaration adoptée
lundi au sommet d'Evian, les membres du G8, dont la Russie fait
partie, assurent qu'ils ne "resteront pas indifférents
aux conséquences, en termes de prolifération, de
l'état d'avancement du programme nucléaire de l'Iran".
Ils ont appelé Téhéran à se conformer
"totalement" à ses obligations dans le cadre
du traité de non prolifération (TNP), et à
signer "sans délai ni condition" le "protocole
additionnel de l'Agence internationale de l'énergie atomique
(AIEA).
Nucléaire: l'affaire des otages français au Liban
"La République atomique", documentaire diffusé le mercredi 14 novembre sur Arte, plonge au coeur des relations franco-iraniennes en établissant des liens entre la vague d'attentats des années 1980 en France et les ambitions nucléaires de l'Iran.
Au centre de ce film de David Carr-Brown et Dominique Lorentz, l'entrée de l'Iran du Chah en 1974 dans le capital d'Eurodif, consortium d'enrichissement de l'uranium mis en oeuvre par la France. Manifestation, selon les auteurs, de la volonté de Téhéran de se doter de la bombe atomique.
Mais l'arrivée de Khomeiny au pouvoir en 1979 change la donne. "Les Etats-Unis, aidés par la France, voulurent que l'Iran renonce à ses ambitions nucléaires, ce que la République islamique n'a pas accepté. Elle fit alors pression sur eux de 1980 à 1991", explique Dominique Lorentz.
Les années 1985 et 1986 furent marquées par les otages français au Liban, les attentats à Paris (FNAC, Hôtel de Ville, Pub Renault) et l'assassinat de Georges Besse le 17 novembre 1986.
Information peu connue du grand public et expliquée dans le film : avant de diriger Renault, M. Besse fut l'un des grands responsables du programme nucléaire français, jusqu'à devenir patron... d'Eurodif. Et le groupe Action Directe, responsable de sa mort, était "intimement lié" aux Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), selon Mme Lorentz.
Fin décembre 1991, un accord de règlement du contentieux franco-iranien a été enfin signé. Il reconnaît bien l'Iran comme actionnaire d'Eurodif. Un pacte dont plusieurs dispositions restent aujourd'hui secrètes.
Sur son application, les avis de Paris et des auteurs du documentaire divergent. De source diplomatique française, on indique que "l'Iran est bien membre d'Eurodif. Mais en l'absence de centrale nucléaire civile opérant en Iran, il n'y a pas de livraison d'uranium enrichi. En outre, cet uranium est très faiblement enrichi et non susceptible d'usage militaire".
L'Iran possède pourtant officiellement cinq petits réacteurs de recherche civile et doit mettre en service une centrale civile à Busher, sur le Golfe, avec l'aide de Moscou.
"Les Iraniens ne se sont pas battus pied à pied pendant dix ans pour ne pas exercer leur droit sur l'uranium enrichi d'Eurodif", juge Laurent Beccaria, co-producteur du film et éditeur aux Arènes de deux livres de Dominique Lorentz sur le sujet, "Une guerre" (1997) et "Affaires atomiques" (février .
A partir de sources ouvertes et de déclarations officielles, l'auteur y raconte la stratégie délibérée des grandes puissances --parallèle au discours sur la non-prolifération-- de dissémination de l'arme nucléaire, pour d'excellentes raisons stratégiques et diplomatiques.
"La France a travaillé non seulement avec l'Iran, mais aussi avec l'Irak, l'Egypte, le Pakistan, l'Inde, la Chine et l'Arabie Saoudite, c'est-à-dire les principaux acteurs du conflit actuel", résume Mme Lorentz. A ce jour, aucun des deux livres n'a été attaqué en justice ou officiellement démenti.
La fin du documentaire est troublante. En visite
à Paris en 1999, le président iranien Mohammad Khatami
dépose une gerbe au Panthéon sur la tombe de Pierre
et Marie Curie, les pionniers français de l'atome.
L'Iran annonce qu'il va produire du combustible nucléaire pour ses centrales
TEHERAN, 9 fév 03 - Le président iranien Mohammad Khatami a annoncé dimanche la découverte et l'exploitation d'une mine d'uranium dans le centre du pays et la création de deux usines pour la production de combustible destiné à ses futures centrales nucléaires civiles, a rapporté l'agence officielle Irna.
Le président, qui s'exprimait devant les responsables du ministère de la Science, de la Recherche et de la Technologie, et dont le discours a été diffusé en intégralité par la télévision d'Etat, a situé la mine d'uranium à 200 km de Yazd (centre) et les deux usines à Ispahan et Kachan (centre également), selon Irna.
"A Savand, une région située à 200 kilomètres de Yazd, nous avons des réserves importantes d'uranium dont le travail d'extraction a commencé", a présidé le président.
Dans la même province, une usine de production de "yellow cake", de l'uranium concentré, est en construction, a annoncé M. Khatami.
Selon M. Khatami, l'Iran a achevé la construction près d'Ispahan (centre) d'installations pour la production de composites d'uranium (UF4 et UF6) à partir du yellow cake.
Un contrat de 110 millions de dollars avait été signé en 1992 entre l'Iran et la Chine pour la construction de ces installations. Mais les Chinois ont interrompu leur coopération en 1997 sous la pression des Etats-Unis et les ingénieurs iraniens ont achevé les travaux de l'usine qui "sera inaugurée prochainement".
Ensuite, "l'oxyde d'uranium (UF6) produit à Ispahan sera enrichi dans un vaste complexe situé près de Kachan", a affirmé M. Khatami.
Selon lui, "le produit enrichi sera enfin utilisé dans une autre usine en construction pour obtenir du combustible destiné aux centrales nucléaires".
L'Iran possède actuellement une seule centrale en cours de construction à Bouchehr (sud) par les Russes et qui doit être achevée en juin 2004.
"Les Russes nous ont promis de nous livrer le combustible pour cette centrale et nous espérons qu'ils le feront, mais dans le monde d'aujourd'hui nous ne pouvons remettre notre avenir entre les mains d'autres qui peuvent faire l'objet de pressions diverses", a ajouté le président, dans une allusion directe à des pressions américaines.
Il a également rappelé que l'Iran voulait porter sa capacité nucléaire nationale à 6.000 mégawatts en 20 ans (contre 1.000 pour la première tranche de Bouchehr), conformément aux projets d'extension de Bouchehr de construction d'une nouvelle centrale à Ahwaz (sud-ouest).
"L'Iran est déterminé à utiliser la technologie nucléaire à des fins pacifiques", a-t-il rappelé.
Les Etats-Unis soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. "Nous pensons que l'Iran utilise Bouchehr comme couverture pour obtenir des technologies sensibles et faire avancer son programme d'armement nucléaire", a déclaré début février un porte-parole du département d'Etat.
Face aux pressions, l'Iran a accepté fin 2002 de rendre à la Russie le futur combustible nucléaire usagé de Bouchehr, condition posée par Moscou pour achever les travaux.
L'Iran s'apprête à recevoir, le 25 février, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei. "Nous sommes prêts à recevoir les inspecteurs de l'AIEA pour qu'ils examinent nos activités afin de confondre les mensonges proférés par les autres contre la République islamique", a assuré le président iranien, sans dire si cela concernait les deux nouveaux sites.
Récemment, M. ElBaradei a souhaité que l'Iran, signataire du Traité de non-prolifération (TNP), signe également un protocole additionnel permettant aux inspecteurs de l'AIEA de mener des inspections sur des sites "suspects" non déclarés.
En décembre, la chaîne de télévision
CNN avait montré les photos prises par satellites de deux
autres installations nucléaires, en cours de construction,
près de Natanz (centre) et Arak (sud-ouest de Téhéran).
L'Iran a donné son accord pour que les inspecteurs de l'AIEA
se rendent sur ces deux sites.
L'Iran construit une centrale nucléaire
sous terre, selon le Département d'Etat
WASHINGTON 14/12/02 - L'usine de fabrication d'énergie nucléaire et le laboratoire de recherche que construit actuellement l'Iran seront sous-terre, a annoncé vendredi le Département d'Etat.
Jeudi soir, des responsables américains avaient donné écho aux accusations lancées cet été par un groupe d'opposition iranien selon lequel deux sites du centre de l'Iran pourraient être utilisés de façon clandestine pour développer des armes nucléaires.
Le porte-parole du Département d'Etat Richard Boucher a expliqué que des images-satellite montraient que certaines structures du site de Natanz, dans le centre du pays, étaient déjà partiellement enterrées.
"L'Iran avait clairement l'intention de renforcer et d'enterrer cette usine," a-t-il déclaré. "Cette usine n'était sans doute pas du tout destinée à être déclarée comme composante du programme (nucléaire) pacifique", mais au contraire "l'Iran a été pris en flagrant délit de construction d'un site secret sous-terrain où il pourrait produire du matériel pour missiles nucléaires".
Un porte-parole du gouvernement iranien, Abdollah Ramezanzadeh, a assuré vendredi que Natanz "n'est pas sous terre" et insisté sur le fait que toutes les installations nucléaires que compte le pays ont une mission pacifique.
"Nous ne menons aucune activité ou étude en rapport avec le nucléaire dont l'Agence internationale à l'énergie atomique n'ait pas connaissance," a affirmé M. Ramezanzadeh vendredi, bien que les autorités iraniennes aient refusé une visite des lieux par des observateurs de l'ONU, sous prétexte que le président Mohammad Khatami était alors absent du pays.
Ces informations "renforcent nos inquiétudes déjà importantes sur le fait que l'Iran cherche à adopter la technologie qui lui permettra de produire des matériaux fissiles pour des armes nucléaires," a expliqué M. Boucher, ajoutant qu'un pays aussi riche en gaz et en pétrole que l'Iran n'a rien à gagner économiquement à construire de telles installations.
Il a engagé l'Iran a coopérer pleinement avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et à se soumettre aux réglementations internationales qui exigent que toutes les constructions de sites en rapport avec le nucléaire doivent être signalées dans les 180 jours qui précèdent le début des travaux.
A Vienne, le directeur de l'AIEA Mohamed ElBaradei a déclaré qu'il était au courant de l'extension du programme nucléaire iranien depuis six mois.
"Ce n'est pas une surprise pour nous," a-t-il assuré pendant une conférence de presse, reprochant à Téhéran de ne pas avoir volontairement signalé ces projets. "Il aurait mieux valu que nous soyons informés avant de la décision de construire ces usines", qui ne sont selon lui pas encore opérationnelles.
Les agences de renseignement américaines ne pensent toutefois pas que l'Iran soit déjà doté d'armes nucléaires.
Le Secrétaire d'Etat Colin Powell s'est par ailleurs entretenu vendredi avec son homologue russe Igor Ivanov, mais M. Boucher a déclaré ne pas savoir si les deux hommes ont évoqué les activités iraniennes.
Quelque 600 spécialistes russes travaillent en ce moment à un projet de construction d'un réacteur nucléaire d'un montant de 800 millions de dollars dans le sud de l'Iran. Les détails de ce projet devraient être diffusées dans les prochains mois.
L'Iran réfute développer un programme nucléaire militaire
TEHERAN 13/12/02 - Téhéran s'est à nouveau défendu vendredi de mener un programme nucléaire militaire, démentant des informations de médias américains, et a accepté une inspection de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
"Nous n'avons aucune activité nucléaire qui ne soit sous le contrôle de l'AIEA, il n'y a rien de secret, ils sont au courant de tout, ils peuvent visiter tous les sites", a déclaré le porte-parole du gouvernement Abdollah Ramezanzadeh.
Le porte-parole de l'AIEA, Mark Gwozdecky, a indiqué à Vienne que l'Iran avait accepté une inspection de deux nouveaux sites, prévue en février 2003 après avoir été reportée à la demande de Téhéran. "Nous ne connaissons pas la finalité de ces sites, il pourraient être utilisés à des fins pacifiques, nous voulons avoir plus d'informations", a ajouté ce porte-parole.
La chaîne américaine CNN a diffusé jeudi soir des photos satellite prises en septembre et montrant la construction d'installations près de Natanz (centre de l'Iran) et Arak (sud-ouest de Téhéran). Des responsables américains cités par CNN ont estimé avoir affaire à des aménagements permettant l'enrichissement d'uranium, nécessaire pour la fabrication du combustible atomique.
Il s'agit seulement d'un "site de recherche" nucléaire et dès qu'il sera opérationnel, "les experts de l'AIEA pourront le visiter", a assuré M. Ramezanzadeh en parlant de Natanz, sans préciser aucune échéance. Il n'a pas évoqué Arak. "Vous pouvez prendre votre voiture et aller voir vous-même ces installations qui sont au vu de tout le monde", a-t-il insisté.
L'Iran a informé l'AIEA en septembre qu'il construisait de nouvelles installations et a ensuite accédé à une demande de visite, a rapporté Mark Gwozdecky.
Les activités nucléaires de l'Iran sont "conformes aux conventions internationales en vigueur, comme cela a été confirmé à plusieurs reprises par les observateurs de l'AIEA", a affirmé le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Hamid-Reza Assefi en défendant pour son pays "le droit d'utiliser (le nucléaire) à des fins pacifiques".
Les Etats-Unis n'ont cessé d'accuser l'Iran de développer les armes de destruction massive et de chercher à posséder l'arme atomique.
Le discours du président George W. Bush qui avait placé fin janvier l'Iran sur un "axe du mal" avait marqué une détérioration des rapports entre Washington et Téhéran et suscité une rhétorique guerrière dans laquelle le Guide suprême l'ayatollah Ali Khamenei avait prévenu les Américains qu'ils "regretteraient" une attaque contre l'Iran.
L'avancement de la première tranche de la centrale de Bouchehr, construite en collaboration avec la Russie et censée entrer en service en juin 2004, avait ajouté à la préoccupation américaine d'un détournement de technologie, en même temps qu'il tendait les relations entre les Etats-Unis et la Russie.
Non seulement Téhéran et Moscou prévoient d'ajouter deux réacteurs à la centrale de Bouchehr, mais ils envisagent de mettre en chantier une autre centrale, à Ahwaz (ouest).
Les soupçons américains risquent
d'être renforcés par l'annonce d'une étude
de faisabilité pour une seconde centrale nucléaire
iranienne de 1.000 mégawatts. L'objectif est de faire passer
la capacité nucléaire nationale à 6.000 mégawatts
en 20 ans, conformément aux plans de coopération
russo-iranienne prenant en compte les nouvelles tranches de Bouchehr
et Ahwaz.
Les Etats-Unis soupçonnent l'Iran d'utiliser deux sites pour un futur programme d'armement nucléaire
WASHINGTON 13/12/02 - Deux sites, en cours de construction, situés au centre de l'Iran pourraient être utilisés dans le cadre d'un programme clandestin destiné à mettre au point des armes nucléaires, ont déclaré jeudi des responsables américains ayant requis l'anonymat.
Les responsables américains se fondent sur des informations fournies par le Conseil de résistance nationale d'Iran, un groupe d'opposition à la République islamique d'Iran, basé à Paris.
Au mois d'août, les responsables du Conseil de résistance nationale d'Iran, un groupe d'opposition à la République islamique d'Iran, a affirmé qu'une fois leur construction achevée, ces deux sites abriteraient une usine de production d'énergie nucléaire et un laboratoire de recherche, à Natanz, et une usine de production d'eau lourde à Arak.
Le site de Natanz pourrait également inclure une usine d'uranium enrichi, selon les responsables américains. Quant à l'usine d'eau lourde d'Arak elle pourrait faire partie d'un programme visant à produire du plutonium.
Le groupe d'opposition iranienne a cité des sources non-identifiées à l'intérieur du gouvernement iranien.
L'Iran n'a pas signalé l'existence de ces deux sites aux inspecteurs internationaux, ont précisé les responsables américains.
Les services de renseignements américains ne pensent pas que l'Iran ait fabriqué des armes nucléaires par le passé. L'Iran a pour sa part toujours démenti l'existence d'un programme d'armement nucléaire.
Selon les responsables américains, le fait que l'Iran ne dispose pas d'uranium ou de plutonium enrichis demeure le facteur principal empêchant le pays de développer ses objectifs nucléaires.
Au mois de mars, le directeur de la CIA George
Tenet avait déclaré que "Téhéran
pourrait être capable de produire suffisamment de matériel
fissile pour (mettre au point) une arme nucléaire d'ici
la fin de la décennie".
Première pierre d'une centrale nucléaire construite par les Occidentaux
KUMHO (Corée du nord), 7 août - Une cérémonie a marqué mercredi le début, après un important retard, de la construction en Corée du nord d'une centrale nucléaire par un consortium occidental dans le cadre d'un accord conclu entre Pyongyang et Washington pour empêcher le régime stalinien de se doter de la bombe atomique.
Le représentant des Etats-Unis à la cérémonie où du béton a été coulé dans les fondations de la future centrale, Jack Pritchard, en a profité pour appeler la Corée du nord à laisser inspecter ses installations nucléaires suspectes et à respecter le traité de non prolifération des armes nucléaires.
Selon l'accord conclu en 1994, Pyongyang a gelé son programme nucléaire officiellement civil mais soupçonné de masquer la fabrication d'armes atomiques. En échange, la Corée du nord reçoit une aide en carburant et bénéficie de la construction d'une centrale nucléaire présentant moins de risque militaire par un groupement réunissant les Etats-Unis, la Corée du sud, le Japon et l'Union européenne, le Korean Peninsula Energy Development Organization (KEDO).
Le projet de deux réacteurs à eau légère de 1.000 mégawatts pour près de cinq milliards de dollars a été retardé de plusieurs années par des contentieux entre la Corée du nord et le KEDO, notamment sur les salaires à payer aux travailleurs nord-coréens.
L'arasement d'une colline pour y construire la centrale a pris quatre ans et le creusement des fondations n'a commencé qu'en 1991.
M. Pritchard, émissaire spécial américain pour la Corée du nord et représentant des Etats-Unis au KEDO, a déclaré que le consortium aurait achevé "une partie significative" du projet en livrant des composants clé à la mi
Mais il a averti que la Corée du nord
devait accepter des inspections de ses installations nucléaires
par l'Agence internationale de l'énergie atomique et respecter
le traité de non prolifération.
La centrale de Bouchehr opérationnelle en juin 2004 (ministre)
05/08 - La centrale nucléaire de Bouchehr (sud de l'Iran) sera opérationnelle en juin 2004, a indiqué lundi le vice-ministre russe de l'Energie atomique Andreï Malychev cité par l'agence Interfax.
Les spécialistes russes vont charger le combustible nucléaire dans le réacteur en décembre 2003, a-t-il ajouté.
Le responsable a une nouvelle fois souligné que la centrale de Bouchehr, équipée d'un réacteur à eau pressurisée VVER, serait à l'usage purement civil.
"L'usage double des réacteurs VVER est hors de question. Les experts de l'agence internationale de l'Energie atomique ont constaté qu'il n'y avait pas de moyen de l'utiliser à des fins militaires", a-t-il ajouté.
La coopération nucléaire russo-iranienne est vue d'un mauvais oeil par Washington qui craint que Téhéran ne se dote d'armes nucléaires.
Moscou a fait vendredi dernier une apparente concession aux Etats-Unis en déclarant que la mise en oeuvre du programme nucléaire Russie-Iran dépendait de "facteurs politiques".
L'Iran a commandé en janvier 1994 à Moscou la construction de la centrale nucléaire de Bouchehr pour une somme de près de 800 millions de dollars après que la société allemande Siemens eut retiré son projet sous la pression des Etats-Unis. Elle est actuellement dotée d'un seul réacteur.
L'Iran doit décider cette année
de la construction ou non de deux réacteurs nucléaires
supplémentaires sur le site de Bouchehr.
Le combustible nucléaire usagé d'une centrale iranienne sera renvoyé en Russie (source officelle)
MOSCOU, 24 juin - Un responsable russe a déclaré lundi que le combustible nucléaire utilisé dans la centrale nucléaire de Bouchehr que les Russes aient l'Iran à construire serait renvoyé en Russie, a rapporté l'agence de presse Interfax apaisant ainsi les craintes d'une utilisation par Téhéran du combustible usagé pour se doter de l'arme nucléaire.
L'adjoint du ministre à l'énergie atomique Valery Lebedev a rejeté les accusations de l'organisation écologiste Greenpeace selon lesquelles le combustible nucléaire usagé de cette centrale, actuellement équipée d'un simple réacteur et qui devrait être opérationnelle en 2003, se retrouverait ensuite entre les mains de Téhéran.
"La Russie va observer précisément les principes de l'Agence internationale de l'énergie atomique selon lesquels tout combustible utilisé retournera dans le pays fournisseur", a déclaré M. Lebedev, cité par Interfax.
L'adjoint du ministre a indiqué qu'une disposition sur le rapatriement du combustible utilisé avait été rédigé dans le texte de l'accord entre Moscou et Téhéran sur la construction et le fonctionnement de la centrale.
"Lors de notre récente rencontre en mai, les délégués de l'Agence internationale à l'énergie atomique (IAEA) ont réinsisté sur cette disposition", a déclaré M.Lebedev.
Cependant, il a ajouté que le combustible pourrait être stocké en Iran pendant trois ans afin de "refroidir" avant d'être convoyé par bateau vers un site dans la région de Krasnoyarsk, dans l'ouest de la Siberie pour y être retraité ou stocké définitivement.
Les Etats-Unis et Israël craignent que la coopération nucléaire russo-iranienne ne permette à Téhéran d'acquérir la technologie nécessaire afin de se doter de l'arme nucléaire, même si l'Iran a indiqué que la centrale était construite uniquement à des fins civils, et qu'il autoriserait des inspections régulières de son usine par l'IAEA.
Le président américain George W. Bush a soulevé les inquiétudes de Washington a propos de l'aide nucléaire de la Russie envers l'Iran lors du sommet de Moscou le mois dernier avec son homologue Vladimir Poutine.
Délégation russe prochainement
en Iran pour livrer du combustible nucléaire
MOSCOU, 25 mai -
Une délégation russe doit se rendre prochainement
en Iran pour discuter de la livraison de combustible nucléaire
à la centrale de Bouchehr (sud de l'Iran), construite par
Moscou et qui constitue une pierre d'achoppement pour le nouveau
partenariat américano-russe.
La Russie négocie également la construction de réacteurs nucléaires supplémentaires pour cette centrale, sur des sites déjà définis, a déclaré à Moscou le ministre de l'Energie atomique, Alexandre Roumiantsev, cité par Interfax.
Les présidents américain George W. Bush et russe Vladimir Poutine, qui ont signé vendredi à Moscou une déclaration sur le "nouveau partenariat stratégique" entre la Russie et les Etats-Unis, ont affiché de nettes divergences sur la question de l'Iran, que Washington soupçonne de vouloir se doter de l'arme nucléaire.
Mais Vladimir Poutine a balayé les objections américaines en affirmant que la coopération russe dans le domaine du nucléaire civil respectait le principe de non prolifération et avait un caractère purement économique.
L'Iran a commandé en 1993 à Moscou la construction de la centrale nucléaire de Bouchehr pour une somme de près de 800 millions de dollars. Dotée actuellement d'un seul réacteur, elle doit être mise en route en septembre
L'Iran dément avoir cessé sa collaboration avec
la CTBTO
TEHERAN, 14 avr - L'Iran a démenti
dimanche avoir interrompu fin janvier sa collaboration avec la
CTBTO, agence des Nations unies chargée de la mise en oeuvre
du Traité d'interdiction des essais nucléaires (CTBT),
a indiqué dimanche un diplomate iranien.
"L'information selon laquelle nous aurions cessé cette collaboration est erronée", a déclaré le représentant permanent iranien auprès de l'ONU à Vienne, Pirouz Hosseini, cité par l'agence IRNA.
"La République islamique, qui est un des premiers pays signataires du Traité d'interdiction des essais nucléaires (CTBT) a toujours transmis ses informations à l'agence depuis le début de l'année 2000", a assuré de son côté M. Hosseini.
La CTBTO s'inquiète d'une interruption de la collaboration
de l'Iran
VIENNE, 12 avr - L'Iran a interrompu
fin janvier sa collaboration avec la CTBTO, une agence des Nations
unies chargée de la mise en oeuvre d'un traité d'interdiction
des essais nucléaires (CTBT), a indiqué vendredi
une porte-parole de l'organisation à Vienne.
La CTBTO, qui dispose d'une centaine de stations de contrôle dans le monde pour vérifier qu'aucun test nucléaire n'est mené, a expliqué que sa station située en Iran, et qui a démarré son activité en décembre 2001, avait cessé de transmettre des informations depuis fin janvier.
"Les autorités iraniennes ont expliqué cette interruption par le fait que le parlement iranien se demande si le pays a une obligation légale de transmettre ces données avant que le traité CTBT entre en application", a indiqué Daniela Rozgonova, porte-parole de la CTBTO.
Selon elle, rien ne permet de penser qu'il s'agit d'une décision politique de l'Iran. "Nous n'avons pas été informés de raisons politiques derrière cette décision", précise-t-elle en affirmant que l'interruption des transmissions de données de la station iranienne ne remet pas en cause l'efficacité du réseau de surveillance mondial de la CTBTO.
"Si des tests nucléaires étaient effectués en Iran, nous le saurions tout de suite grâce à d'autres stations situées ailleurs et qui couvrent le territoire iranien", explique-t-elle.
Le traité CTBT, élément essentiel contre la prolifération des armes nucléaires, n'est pas entré en application car il n'a pas encore été ratifié par les 44 Etats ayant une capacité nucléaire qui y sont nommément désignés. Trente et un l'ont fait à ce jour dont la France, la Grande-Bretagne et la Russie.
Mais, parmi les 44 pays clés, trois n'ont pas signé le traité : Corée du Nord, l'Inde et le Pakistan, alors que ces deux derniers pays ont procédé à des tests en mai 1998. Dix autres ont signé, mais n'ont pas ratifié, parmi lesquels la Chine, l'Iran, Israël et les Etats-Unis, le Sénat américain ayant refusé de ratifier le traité en octobre 1999.
Moscou évoque un retard dans la mise en route de la centrale
nucléaire iranienne
MOSCOU, 14 mars - Le ministre
russe de l'Energie atomique Alexandre Roumiantsev a parlé
jeudi d'une mise en route de la centrale nucléaire iranienne
de Bouchehr, construite par la Russie, en 2004 seulement, alors
que la date de septembre 2003 avait été indiquée
auparavant.
"Il n'y a aucun différend avec l'Iran au sujet de la réalisation du projet", a déclaré le ministre, cité par l'agence Itar-Tass, en ajoutant que "tous les travaux sont en cours, tous nos spécialistes sont sur place".
La partie russe avait indiqué en février dernier que la mise en route était prévue pour septembre 2003, en retard sur le programme prévu, ce qui avait irrité Téhéran.
"L'Iran a fait part de son mécontentement aux autorités russes", pour ce retard, avait déclaré à la fin février l'ambassadeur d'Iran à Moscou Gholamreza Chaféï, selon le quotidien iranien Hambasteghi.
La coopération de Moscou avec Téhéran dans le nucléaire civil est critiquée par Israël et les Etats-Unis, qui soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de l'arme nucléaire par ce moyen.
La centrale de Bouchehr a été commandée à la Russie en janvier 1994, après que la société allemande Siemens eut retiré son projet sous la pression des Etats-Unis.
Jeudi M. Roumiantsev a réitéré la position de Moscou, selon laquelle "la construction de la centrale de Bouchehr est conforme à toutes les obligations internationales de l'Iran et de la Russie", selon Interfax.
Le contrat de Bouchehr représente un peu plus d'un milliard de dollars, selon le ministre.
------> Netanyahu pour lever le voile sur l'armement nucléaire israélien
------> L'Iran construit-il des armes nucléaires ?
Centrale nucléaire russe en Iran:
mise en route en septembre 2003
MOSCOU, 15 fév - Le premier
réacteur de la centrale nucléaire de Bouchehr construite
par la Russie en Iran sera mis en route en septembre 2003, a indiqué
vendredi le ministère russe à l'Energie atomique
(Minatom) cité par l'agence Interfax.
Selon le ministère, les travaux effectués à Bouchehr, dans le cadre d'un contrat de 800 millions de dollars, sont achevés à 60%. La Russie prévoit de fournir le combustible et de former des spécialistes iraniens.
Un deuxième réacteur de type VVER de 1.000 mégawatts doit être construit ultérieurement et la centrale doit être achevée en 2005.
La centrale de Bouchehr a été commandée à la Russie en janvier 1994, après que la société allemande Siemens eut retiré son projet sous la pression des Etats-Unis.
Les Etats-Unis ont accusé l'Iran de chercher à acquérir des technologies sensibles pour son programme d'armes nucléaires sous couvert de la construction de la centrale de Bouchehr. Une accusation rejetée par Moscou qui affirme respecter "toutes ses obligations" en matière de non-prolifération.
L'Iran aura la bombe nucléaire d'ici
2005, selon Israël
WASHINGTON, 7 fév - L'Iran
aura la bombe nucléaire d'ici 2005, a déclaré
jeudi à Washington le ministre israélien de la Défense
Binyamin Ben Eliezer.
"D'ici 2005, ils (les Iraniens) seront en mesure de produire une bombe nucléaire iranienne", a déclaré M. Ben Eliezer à des journalistes avant une rencontre avec son homologue américain Donald Rumsfeld.
Le ministre israélien a exprimé l'espoir que les Etats-Unis et la Russie puissent mettre à profit leurs meilleures relations pour faire face à la menace iranienne.
L'Iran n'a pas l'intention de développer
ou d'acquérir des armes nucléaires (ambassadeur)
MOSCOU, 7 fév - L'ambassadeur
d'Iran en Russie Gholam Reza Shafei a assuré jeudi que
Téhéran n'avait pas l'intention de développer
ou d'acquérir des armes nucléaires, lançant
un avertissement voilé aux Etats-Unis en cas de recours
à la force contre Téhéran.Il a souligné
que l'Iran avait "toujours soutenu la lutte de la coalition
internationale contre les taliban", en réponse aux
accusations d'ingérence des Etats-Unis dans les affaires
du nouveau régime en place à Kaboul.
Washington a également appelé l'Iran à "sortir de l'axe du mal", expression utilisée par le président George W. Bush pour désigner trois pays - Iran, Irak et Corée du Nord - qui cherchent à se doter d'armes de destruction massive, selon Washington.
"Ces accusations sont fausses et sans fondement", a déclaré l'ambassadeur, cité par l'agence Interfax.
"L'Iran n'a pas l'intention de développer et d'acquérir des armes nucléaires", a-t-il affirmé.
"Aucun pays ne peut dénier à un autre le recours à l'énergie atomique dans un but pacifique", a souligné l'ambassadeur.
Evoquant la coopération entre Téhéran et Moscou pour la construction de la centrale nucléaire de Bouchehr, il a rappelé que l'Iran était membre de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et que les inspections de cette organisation n'avaient rien révélé de suspect quant à un usage militaire du nucléaire.
A propos d'un éventuel recours à la force des Etats-Unis contre l'Iran, l'ambassadeur a exprimé l'espoir que les Américains "reprendraient leurs esprits et ne permettraient pas qu'une telle chose se produise".
"L'Iran n'est pas l'Afghanistan", a-t-il cependant lancé dans une allusion au soutien de l'opposition antitaliban par les Etats-Unis.
"Nous avons des groupes politiques différents mais si la protection du pays est en jeu, toutes les différences seront oubliées et nous réagirons comme n'importe quel pays faisant face à une agression doit le faire", a-t-il ajouté.
Le Guide de la République islamique d'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, a mis en garde jeudi à Téhéran les Etats-Unis contre une "agression", ajoutant qu'ils "regretteraient" une telle attaque, a annoncé la télévision.
La Russie expédie en Iran un élément
de la centrale nucléaire de Bouchehr
MOSCOU, 17 nov - La Russie a expédié vendredi vers l'Iran une pièce importante d'un réacteur destiné à la centrale nucléaire de Bouchehr, rapporte l'agence Itar-Tass.
La centrale de Bouchehr a été commandée à la Russie en janvier 1994, après que la société allemande Siemens eut retiré son projet sous la pression des Etats-Unis.
Le premier réacteur de Bouchehr devrait être mis en service en décembre
Les Etats-Unis comme Israël craignent
que Téhéran ne parvienne à acquérir
la technologie des armes nucléaires via cette coopération.
Moscou a toujours rejeté ces accusations.
Bouchehr utilisée pour l'élaboration
d'armes nucléaires, selon Washington
WASHINGTON, 16 nov - Washington considère que Téhéran utilise sa centrale nucléaire de Bouchehr pour élaborer des armes nucléaires, a indiqué vendredi le département d'Etat.
"Nous pensons que l'Iran utilise Bouchehr comme couverture pour obtenir des technologies sensibles afin d'avancer son programme d'armes nucléaires", a déclaré le porte-parole adjoint du département d'Etat Philip Reeker.
"Nous pensons que les efforts clandestins de l'Iran pour obtenir du matériel de qualité militaire et des capacités de production adéquates constituent une menace", a ajouté M. Reeker.
Le porte-parole réagissait à l'information selon laquelle la Russie a expédié vendredi vers l'Iran une pièce importante d'un réacteur destiné à la centrale nucléaire de Bouchehr.
La centrale de Bouchehr a été commandée à la Russie en janvier 1994, après que la société allemande Siemens eut retiré son projet sous la pression des Etats-Unis.
Le premier réacteur de Bouchehr devrait être mis en service en décembre
Les Etats-Unis comme Israël craignent que Téhéran ne parvienne à acquérir la technologie des armes nucléaires via cette coopération. Moscou a toujours rejeté ces accusations.
Moscou finira l'étude d'un 2e réacteur
nucléaire en Iran d'ici décembre
MOSCOU, 13 juin - La Russie achèvera d'ici la fin de l'année l'étude de faisabilité d'un deuxième réacteur pour la centrale nucléaire de Bouchehr en Iran, où elle construit déjà une première tranche, a indiqué mercredi une source au ministère russe de l'Energie atomique à Interfax.
Le président iranien avait indiqué, lors de sa visite en Russie en mars dernier, qu'un contrat pourrait être signé pour la construction d'une deuxième tranche à Bouchehr (sud), selon des sources russes.
La société russe Atomenergoproïekt travaille sur ce projet de deuxième réacteur, selon les sources du ministère russe citées par Interfax.
La centrale de Bouchehr a été commandée à la Russie en janvier 1994, après que la société allemande Siemens eut retiré son projet, sous la pression des Etats-Unis.
Ces derniers craignent que l'Iran, dont les besoins énergétiques sont couverts par de grosses réserves d'hydrocarbures, n'essaie de se doter de l'arme nucléaire.
Dans dix ans, 25% de l'électricité
en Iran sera d'origine nucléaire
TEHERAN, 28 mai - Un quart de l'électricité produite en Iran sera, dans dix ans, d'origine nucléaire grâce à la centrale de Bouchehr (sud), a affirmé lundi le savant atomiste et candidat conservateur à la présidentielle Hassan Ghafouri-Fard.
La centrale nucléaire de Bouchehr entrera en service "d'ici deux à cinq ans" et aura une capacité, d'ici 2011, de "3 à 5.000 mégawatts", a assuré M. Ghafouri-Fard, 53 ans, ancien ministre de l'Energie.
M. Ghafouri-Fard, qui appelle l'Iran à "intégrer le nucléaire, sans s'orienter vers le tout nucléaire", avait participé au projet de Bouchehr avant la révolution de 1979, lorsque c'était une coopération irano-allemande. Aujourd'hui, la centrale est construite avec la Russie.
Selon M. Ghafouri-Fard, dont la campagne est essentiellement axée sur l'avenir économique du pays, l'Iran doit "diversifier ses sources d'énergie" et réduire sa dépendance vis-à-vis du pétrole (manque de pétrole ???). L'Iran est le deuxième exportateur mondial de brut et le pétrole assure plus de 80% des recettes du pays en devises.
L'ancien ministre de l'Energie reproche au gouvernement du président Mohammad Khatami, dont il est l'un des neuf adversaires pour la présidentielle du 8 juin, de "ne pas investir les revenus pétroliers dans la création d'emplois" mais pour "importer des produits alimentaires".
"Il n'est pas normal que nous soyons devenus un des premiers importateurs de blé du monde" alors que "l'Iran peut être auto-suffisant" dans le secteur alimentaire, a-t-il souligné.
Par ailleurs, M. Ghafouri-Fard, s'il est élu, entend "poursuivre la politique de détente" de M. Khatami et préconise "une politique étrangère active et des relations d'amitié" tant avec les pays islamiques qu'avec l'Europe.
Pour ce qui concerne les Etats-Unis, où il a longuement étudié dans le domaine nucléaire, il estime que c'est Washington qui "a coupé tout espoir" de rétablir les relations, rompues il y a 21 ans.
"Les Américains bloquent nos avoirs, font de la propagande contre nous, investissent pour affaiblir notre régime", a-t-il accusé.
La centrale nucléaire
iranienne de Bouchehr bientôt en fonctionnement
TEHERAN, 9 mars - La première tranche de la centrale nucléaire iranienne de Bouchehr (sud) sera opérationnelle au cours de la prochaine année iranienne qui commence le 21 mars, a indiqué vendredi l'agence officielle IRNA.
Selon l'Organisation iranienne de l'énergie nucléaire, citée par IRNA, la première tranche de la centrale, construite en coopération avec la Russie et située sur le Golfe, devrait avoir une puissance de "quelque 1.000 mégawatts".
Les autorités iraniennes avaient annoncé que plusieurs villages "dans un rayon de 10 km" autour de la centrale seraient évacués à titre préventif avant l'entrée en fonctionnement du site.
La mise en service de l'ensemble de la centrale de Bouchehr, l'unique en Iran, est prévue en 2003.
L'Iran affirme que son programme nucléaire est à but uniquement civil (manque d'énergie ???) et est régulièrement inspecté par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Le programme iranien suscite toutefois une vive opposition des Etats-Unis qui accusent Téhéran de chercher à se doter de l'arme nucléaire et tentent de décourager les pays tiers, notamment la Russie d'aider l'Iran en matière atomique et de haute technologie militaire.
Initialement, la construction de deux réacteurs nucléaires à Bouchehr avait été confiée à la filiale KWU du groupe allemand Siemens, mais cette société s'était retirée du projet, à la demande de Bonn, après la révolution islamique de 1979.
Le site du projet avait été bombardé à plusieurs reprises par l'aviation militaire irakienne durant la guerre Iran-Irak (1980-88).
A la suite d'un contrat conclu en 1995, le chantier a été repris par la Russie qui doit fournir deux réacteurs à eau pressurisée.
La Russie progresse dans l'achèvement
d'une centrale nucléaire en Iran
MOSCOU, 16 jan - La Russie a commencé
les travaux d'étude de construction du deuxième
bloc de la centrale nucléaire iranienne de Bouchehr, a
annoncé mardi le ministre russe de l'Energie atomique,
Evgueni Adamov, à l'agence Itar-Tass.
La Russie coopère avec l'Iran à l'achèvement de cette centrale nucléaire, dans le sud du pays, à laquelle elle doit fournir deux réacteurs à eau pressurisée.
Le premier bloc de la centrale est achevé à 90%, selon M. Adamov qui estime que la mise en service devrait s'effectuer en 2003.
Le site de la centrale de Bouchehr, bombardé par l'Irak pendant la guerre de 1980-1988, est resté inactif jusqu'à un accord avec Moscou en 1995 pour la fourniture des réacteurs.
Les Etats-Unis ont dénoncé cette coopération qui, selon eux, pourrait permettre à l'Iran de se doter de l'arme atomique grâce à des transferts de technologie.
Mais selon M. Adamov, il n'existe "aucune preuve qu'avec la construction d'une centrale, nous puissions contribuer au développement d'un système d'armes nucléaires, particulièrement en Iran".
Première livraison d'équipement
nucléaire russe à l'Iran
MOSCOU, 13 jan - Le principal
fabricant russe de matériel pour centrales nucléaires
a procèdé à une première livraison
à l'Iran, a rapporté vendredi l'agence ITAR-TASS.
La Russie coopère avec l'Iran à l'achèvement de la centrale nucléaire de Bouchehr (sud) à laquelle elle doit fournir deux réacteurs à eau pressurisée.
Atommash a envoyé de l'équipement pour socle de réacteur, a déclaré un porte-parole de la société cité par l'agence.
Le site, bombardé par l'Irak pendant la guerre de 1980-1988, est resté inactif jusqu'à un accord soit passé avec Moscou en 1995 pour la fourniture des réacteurs. Initialement, leur construction avait été confiée à la filiale KWU du groupe allemand Siemens, mais celle-ci s'est retirée après la révolution islamique de 1979 à la demande du gouvernement allemand.
Washington accuse Téhéran de chercher à se doter d'armes atomiques et a critiqué les pays qui aideraient l'Iran à parvenir à ses fins par des transferts de technologie.
L'Iran évacue les villages près
de sa centrale nucléaire à Bouchehr
TEHERAN, 20 déc - Les autorités iraniennes vont évacuer
progressivement à titre préventif des villages situés
près de la centrale nucléaire de Bouchehr (dans
le sud de l'Iran) en construction, a annoncé mercredi un
journal de Téhéran.
"Les deux premiers villages seront évacués d'ici deux mois et tous les autres devront l'être d'ici un an", a souligné un responsable cité par le journal réformateur Hayat-é-No.
Selon ce responsable, qui a gardé l'anonymat, une équipe d'experts européens se trouve actuellement sur le site de la centrale à Bouchehr, sur le Golfe persique, "pour examiner les effets éventuels des radiations de la centrale" qui, a-t-il précisé "entrera en service dès 2004".
Les villages seront évacués "dans un rayon de 10 km", a ajouté le responsable qui n'a pas donné d'autres précisions sur le nombre exact de villages et de villageois qui seront touchés par le plan d'évacuation.
Téhéran fait valoir que son programme nucléaire est à but uniquement civil et est régulièrement inspecté par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Le programme iranien suscite toutefois une vive opposition des Etats-Unis qui accusent Téhéran de chercher à se doter de l'arme nucléaire et tentent de décourager les pays tiers et notamment la Russie d'aider l'Iran en matière atomique et de haute technologie militaire.
Initialement, la construction de deux réacteurs nucléaires à Bouchehr avait été confiée à la filiale KWU du groupe allemand Siemens, mais celui-ci s'est retirée du projet, à la demande de Bonn, après la révolution islamique de 1979. Le site du projet avait été attaqué et bombardé à plusieurs reprises par l'aviation militaire irakienne durant la guerre Iran-Irak (1980-88).
Avec la conclusion d'un contrat en 1995, le chantier a été repris par la Russie qui doit fournir deux réacteurs à eau pressurisée de technologie russe.
"Le premier lot des équipements complémentaires de la centrale doit arriver de l'Ukraine dans les prochains mois", a ajouté le responsable iranien.
Il a aussi ajouté que les dépenses de la centrale nécessaires d'ici à son entrée en service étaient évaluées "à environ 3.000 milliards de rials" (IRR), (soit environ 1 milliard de USD au taux officiel de 3.000 IRR).