Les centrifugeuses de l'Iran ont envahi
les médias : un danger, si l'Iran enrichit l'uranium
il va pouvoir faire des bombes à uranium.
C'est un raisonnement aberrant. La France, quand elle a testé
sa première bombe n'avait pas d'usine d'enrichissement.
Sa bombe était une bombe au plutonium. Plus tard quand
l'Inde a fait péter ses bombes elle n'avait pas d'usine
d'enrichissement. Quant à l'Irak lorsque Saddam Hussein
à la fin des années 70 a voulu sa bombe (la « bombe
républicaine » par opposition à la « bombe
islamique » voulue par Ali Bhutto au Pakistan) il n'a
pas cherché à développer l'enrichissement.
Il est évident scientifiquement que le plus facile pour
faire des bombes nucléaires c'est de recourir au plutonium.
Et pour en avoir, l'usine d'enrichissement n'est pas nécessaire,
le nucléaire civil suffit comme l'a montré l'Inde.
Mais il y a une autre possibilité, celle de produire le
plutonium à partir de « réacteurs de
recherche ». Ils produisent des neutrons. Si on les
met en présence d'uranium (voire d'uranium appauvri qu'on
trouve facilement) ils le transformeront en plutonium. L'extraction
sera assez facile car il n'y aura pas beaucoup de produits de
fission à l'origine d'un rayonnement important. (C'était
le but caché d'Osirak, vendu par la France à l'Irak).
Ce qui est curieux c'est qu'on nous abreuve avec les centrifugeuses
iraniennes alors que ce n'est certainement pas la voie que les
dirigeants iraniens ont choisie (à moins qu'ils ne soient
complètement incompétents ce dont je doute fort).
Ce qui est dangereux en Iran ce ne sont pas ces centrifugeuses
mais les réacteurs de recherche fournis sans conditions
et dont on ne parle guère. Bloquer les centrifugeuses en
Iran ne changera rien à la menace de prolifération.
Bien sûr il est difficile aux nucléocrates qui veulent
se justifier de ne pas être des vecteurs de prolifération,
de condamner les réacteurs civils ou les réacteurs
de recherche (la recherche scientifique c'est sacré !).
Roger Belbéoch
En 1967 les USA ont fourni un petit réacteur
de recherche (TRR) de 5 MW près de Téhéran,
pouvant produire 600 milligrammes de plutonium par an).
En 1970 l'Allemagne a démarré un réacteur
à Bushehr, arrêté au début de la « révolution
islamique », remis en route avec coopération
russe en 1995.
En 2004 construction à Arak d'un réacteur de recherche
(IR-40) de 40 MW thermiques qui sera achevé en 2009. (Il
pourra fournir 9 kg de plutonium par an).
Extrait de la lettre d'information n°115 du Comité Stop Nogent-sur-Seine.
Lire:
- Qui leur a donné la bombe ? (1988)
- Deux mystérieux éclairs sur l'océan indien (1980)
- La contrebande de matières nucléaires (1996)
- L'Islam veut la bombe (1979) - Si l'Irak a la bombe c'est grâce à la France (1991)
- Apocalypse now (1985)
- Prolifération arrière-fond de la guerre ?
La non-prolifération mal
en point:
- L'Iran choisit le bras de fer
- Pourparlers avec Pyongyang
- L'ex-ministre russe Adamov a-t-il fait commerce de l'atome non-pacifique avec l'Iran ?
- Les USA renoncent aux armes nucléaires antibunker
- L'Inde, complice de la prolifération ?
- Le Japon risque de développer des armes atomiques
- Le Brésil a failli construire une bombe atomique
- Londres admet avoir vendu de l'eau lourde destinée à Israël
- L'Egypte a refusé de signer le CTBT
- Equilibre de la terreur entre l'Inde et le Pakistan