Jerusalem Post, 12 décembre 2005:
Deux députés britanniques accusent
leur gouvernement d'essayer de nier que la Grande-Bretagne a aidé
Israël à lancer son programme nucléaire en
1959 en lui vendant une cargaison d'eau lourde - ingrédient
utilisé dans le processus de transformation de l'uranium
en plutonium.
La BBC avait rapporté en août ces allégations,
basées sur des documents jusqu'alors classés secrets.
Mais le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères
Kim Howells avait démenti auprès de l'Agence internationale
pour l'énergie atomique (AIEA).
Sur les ondes de la BBC vendredi soir, le député
travailliste Jeremy Corbyn, qui réclame l'ouverture d'une
commission d'enquête parlementaire, a qualifié la
version de Howells de "simplement fausse". Selon le
député Menzies Campbell, porte-parole du Parti libéral
démocratique pour les affaires étrangères,
les propos de Howells "vont tout simplement à l'encontre
de faits connus, maintenant que nous avons accès à
des documents auparavant classifiés".
Ces documents montrent que les 20 tonnes d'eau lourdes en question
avaient été achetées à la Norvège
puis transportées en Israël dans des navires israéliens
en provenance d'un port britannique, alors que les autorités
ont présenté la transaction comme une vente directe
de la Norvège.
10/12/2005 - La
Grande-Bretagne a admis vendredi que 25 tonnes d'eau lourde, un
élément employé dans la fabrication d'armes
nucléaires, vendues dans les années 50 à
la Norvège, étaient en fait destinées à
Israël.
Selon une enquête diffusée par le programme "Newsnight"
de la BBC, un accord avait été négocié
par Londres pour l'exportation vers la Norvège d'eau lourde,
constituée d'oxyde de deutérium, un isotope de l'hydrogène
(D2O) et employée comme ralentisseur de neutrons dans les
réacteurs nucléaires. Le secrétaire d'Etat
britannique aux Affaires étrangères Kim Howells
a expliqué qu'il ne s'agissait que de revendre à
la Norvège un surplus d'eau lourde, selon la BBC.
Un porte-parole du ministère a ensuite concédé
à la BBC que bien qu'il s'agissait d'un accord n'impliquant
que la Grande-Bretagne et la Norvège, Londres savait que
la destination finale devait être Israël.
"Les documents montrent que nous avions donné notre
accord au transfert de 25 tonnes d'eau lourde. Nous savions à
ce moment-là que la Norvège avait pour projet de
la vendre à l'Organisation de l'énergie atomique
israélienne", a déclaré le porte-parole.
L'Etat hébreu n'a jamais reconnu disposer d'un arsenal
nucléaire, mais des experts étrangers affirment
qu'Israël s'est doté de 200 ogives nucléaires
ainsi que de missiles à longue portée.
JERUSALEM (8 janvier 2004 )
- Une chaîne de télévision
israélienne a diffusé vendredi des images vidéo
de la plus importante installation nucléaire secrète
israélienne située dans la ville de Dimona dans le sud du pays. C'est la première
fois que des images détaillées de ce site sont montrées
au public.
Sur la vidéo d'une durée de 14 minutes diffusé
par la chaîne 10, l'on voit un réacteur nucléaire
et un bâtiment de trois étages dans un paysage pastoral
avec des palmiers.
Le reportage n'inclut pas de gros plans du réacteur ni
d'entretiens avec les responsables de l'installation nucléaire,
mais il montre des plans larges du site notamment des bus transportant
les employés d'installation sur le site.
Un porte-parole de la chaîne a refusé de déclarer
comment ces images avaient été obtenues, mais l'armée
israélienne a approuvé la diffusion du reportage,
ce qui laisse penser qu'il a été réalisé
avec la coopération de l'agence nucléaire secrète
israélienne.
Israël est le seul pays de la région dont on suppose
qu'il possède l'arme nucléaire, et maintient une
politique d'une ambiguïté délibérée
sur son programme nucléaire. Le gouvernement israélien
a déclaré par le passé que le réacteur
de Dimona ne sert que des fins pacifiques.
Les Israéliens n'ont jamais ni confirmé, ni infirmé
le fait de posséder l'arme atomique.
Toutefois, les révélations de «l'espion nucléaire»
Mordechai Vanunu ont laissé penser aux experts qu'Israël
possède des dizaines, peut-être des centaines, de
bombes nucléaires.
L'ancien technicien de la centrale atomique de Dimona, aux confins
du désert du Neguev dans le sud d'Israël, avait fourni
en 1986 à l'hebdomadaire londonien «The Sunday Times»
des informations et photographies sur le programme nucléaire
israélien. Sur la base de ces renseignements, les experts
avaient alors classé l'arsenal nucléaire de l'Etat
hébreu au sixième rang mondial.
12/11/04 - Mordechaï Vanunu, "l'espion nucléaire" israélien arrêté jeudi par la police, a été libéré dans la soirée et assigné à résidence dans l'auberge de Jérusalem-est de l'église anglicane où il habite, pour sept jours, a-t-on appris de source judiciaire. Il lui a été interdit de parler aux medias et de révéler la teneur exacte des soupçons qui pèsent sur lui. La police a confisqué à fin d'enquête des documents dans sa chambre et ses ordinateurs. Il est passible de poursuites judiciaires et risque d'être interné. Cet ex-technicien de la centrale de Dimona (sud d'Israël) avait été libéré en avril dernier après avoir purgé 18 ans de prison ferme pour avoir révélé au monde les secrets nucléaires de l'Etat hébreu. M. Vanunu, 50 ans, avait été condamné en 1986 à 18 ans de prison pour "trahison" et "espionnage" après avoir transmis au journal londonien Sunday Times des informations sur la centrale où il avait été employé. Morechaï Vanunu, est soupçonné à présent d'avoir transmis des "informations secrètes à des étrangers" et d'avoir violé les restrictions qui lui étaient imposées par les services de sécurité israéliens depuis sa libération, a-t-on indiqué. Après sa libération en avril, il lui a été interdit de parler à des médias étrangers, ainsi que de sortir du pays pour au moins un an. Il doit également avertir à l'avance la police de ses déplacements. "C'est une honte pour la démocratie israélienne" a lancé M. Vanunu aux journalistes en faisant le signe de la victoire. La Cour suprême d'Israël a rejeté le 26 juillet 2004 un recours qu'il avait présenté contre ces restrictions. Depuis sa libération, M. Vanunu a fait savoir qu'il voulait quitter Israël. "Je veux me sentir libre, je ne suis pas libre ici", a-t-il déclaré récemment à la BBC. "La seule façon de ressentir, de profiter de la liberté, et de démarrer une nouvelle vie (...) sera lorsque je pourrai quitter Israël et vivre aux Etats-Unis, en Europe ou à Londres", avait-il alors ajouté. M. Vanunu a effectivement multiplié les interviews depuis sa libération, mais selon son avocat, il n'a communiqué aucune information secrète, dont d'ailleurs il ne dispose plus. L'Eglise anglicane a protesté contre la perquisition dans la chambre de M. Vanu qui se trouve dans l'enceinte de la cathédrale St Georges.
06/07/2004 - Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a maintenu mardi l'ambiguïté sur l'armement nucléaire de son pays, tout en laissant entendre qu'il pouvait en disposer. Ces déclarations, faites avant l'arrivée en soirée en Israël du directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Mohamed ElBaradei, sont conformes à celles de ses prédécesseurs qui n'ont jamais admis que leur pays dispose de l'arme nucléaire. Pourtant les capacités nucléaires de l'Etat juif ne font aucun doute pour les experts du monde entier, depuis la mise en oeuvre de la centrale nucléaire de Dimona (sud) il y a quarante ans. Ils s'appuient entre autres sur les révélations d'un ex-technicien de la centrale de Dimona, Mordechaï Vanunu, qui lui avaient valu 18 années de prison pour "espionnage". Israël laisse lui même entendre qu'il a à cacher puis qu'il est avec le Pakistan et l'Inde, l'un des trois pays à ne pas avoir signé le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), ce qui lui évite d'avoir à se soumettre aux inspections de l'AIEA. "La politique d'ambiguïté sur le nucléaire qui est la notre a fait ses preuves et elle se poursuivra", a déclaré M. Sharon ajoutant qu'"Israël est obligé de détenir entre ses propres mains toutes les composantes de la force nécessaires à sa défense". Il n'a pas donné de précisions. "Cette politique d'ambiguïté a effectivement permis à Israël d'acquérir une force de dissuasion sans encourir des sanctions internationales pour s'être doté de l'arme nucléaire", relève le chercheur Reuven Pedatzur. Cependant il estime qu'elle a fait son temps et qu'il serait préférable qu'Israël "dévoile à présent ses capacité nucléaires" face au risque d'un armement nucléaire iranien. "Face à un pays comme l'Iran qui disposera bientôt de l'arme nucléaire et qui affiche sa volonté de détruire Israël, il ne suffit plus de laisser planer de vagues menaces pour dissuader", ajoute ce spécialiste. "Israël ne sera pas le premier pays à introduire l'armement nucléaire au Moyen-Orient": cette formule-leitmotiv constitue la position officielle israélienne depuis 40 ans. En 1969, Israël a conclu une "entente" avec les Etats-Unis aux termes de laquelle les dirigeants israéliens s'abstiennent de toute déclaration publique sur le potentiel nucléaire de leur pays et ne procèdent à aucun test nucléaire. En échange, Washington s'est engagé à s'abstenir d'exercer des pressions à ce sujet. Par précaution, tout le programme est en outre couvert par la censure militaire, que les médias israéliens contournent se se retranchant derrière l'avis des "experts étrangers". En novembre 2001, le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Shimon Peres, actuel chef de l'opposition travailliste Shimon Peres et "père" du programme nucléaire israélien, a reconnu que la France avait accepté en 1956 de doter Israël d'une "capacité nucléaire". Selon la presse, les dirigeants israéliens ne recourront à "l'option nucléaire" que dans quatre scénarios: si l'Etat hébreu était attaqué avec des armes chimiques ou bactériologiques, si son aviation était détruite, si des armées arabes envahissaient son territoire, ou en cas d'attaque nucléaire. Selon des historiens militaires, Israël a été tenté d'utiliser des armes nucléaires tactiques pour stopper la ruée des blindés syriens sur le Golan durant la guerre de Kippour d'octobre 1973, mais y a renoncé après le recul de ces forces. Israël disposerait de 100 à 200 bombes atomiques susceptibles d'être larguées par des avions ou adaptées sur des missiles balistiques de moyenne et longue portée de type "Jéricho". La semaine dernière à Moscou, M. ElBaradei a déclaré qu'Israël devrait faire la lumière sur ses activités nucléaires et commencer à oeuvrer pour un Proche-Orient dénucléarisé. Israël, de son côté, a toujours exigé au préalable des accords de paix régionaux.
PRISON DE SHIKMA (21 avril 2004) - L'espion nucléaire israélien Mordechaï Vanunu, qui avait révélé au monde les secrets nucléaires de l'Etat hébreu, est sorti mercredi matin de la prison de Shikma à Ashkelon, dans le sud d'Isaël, après 18 ans de réclusion.Dans une déclaration à la presse lue malgré les pressions d'agents du Shin Bet (service israélien de sécurité intérieure), M. Vanunu s'est dit "fier et heureux" d'avoir révélé les secrets nucléaires d'Israël et a assuré que l'Etat hébreu "n'a pas besoin de l'arme nucléaire".
Il s'agissait de sa première déclaration publique depuis son enlèvement par le Mossad (service israélien de renseignement) et son emprisonnement il y a 18 ans.
M. Vanunu a également appelé le gouvernement israélien a ouvrir le réacteur nucléaire de Dimona aux inspections internationales.
"Mon message au monde, c'est: ouvrez la centrale de Dimona aux inspections", a-t-il dit.
Il a aussi affirmé "ne plus avoir de de secret".
Chemise blanche à manches longues et
cravate sombre, M. Vanunu, qui avait l'air en bonne forme sur
le plan physique, est sorti de prison triomphalement, les deux
bras levés et en faisant avec les deux mains le "V"
de la victoire.
Liberation , lundi 19 avril 2004
En 1986, Vanunu révélait les capacités atomiques de son pays. Il sort de prison mercredi.
Après 18 ans de prison, Mordechaï Vanunu, l'homme qui a révélé au monde les capacités nucléaires d'Israël, sera libéré mercredi. Mais ses moindres faits et gestes seront épiés par les services secrets israéliens. Pour éviter toute mauvaise surprise, Israël a décidé de lui interdire de s'approcher d'un aéroport, d'un port ou d'ambassades étrangères, de rencontrer des ressortissants étrangers, de posséder un téléphone cellulaire et de surfer sur Internet, a indiqué son frère Meir aux médias israéliens. Certains ministres avaient même préconisé son placement en résidence surveillée après sa sortie de la prison de haute sécurité de Shikmah dans le sud d'Israël.
Vanunu a été condamné pour «espionnage» en 1986, en raison de révélations qu'il avait faites au Sunday Times sur l'arsenal nucléaire israélien, notamment sur la centrale de Dimona, dans le sud du pays, où il était employé. Depuis quarante ans, Israël maintient le mystère sur ses capacités nucléaires, bien qu'aucun doute ne subsiste parmi les experts sur le fait que l'Etat hébreu dispose d'un arsenal atomique.
Après ses révélations, Vanunu avait été enlevé par le Mossad à Rome et conduit secrètement en Israël. Il a été maintenu au secret durant onze années. Il passe aux yeux des Israéliens pour un traître ou, au mieux, pour un dangereux illuminé. A l'étranger, il a de nombreux admirateurs chez les militants antinucléaires et s'est vu attribuer en 1987 le prix Right Livelihood, «prix Nobel alternatif».
Mordechaï Vanunu ne sait rien de plus
que ce qu'il a révélé en 1986, affirme le
journaliste Peter Hounam, du Sunday Times, qui avait alors
publié son témoignage. «Ce qui dérange,
estime-t-il, c'est le fait qu'il constitue un rappel vivant
qu'Israël ne dit pas la vérité» sur
son arsenal nucléaire.
Libération, 14 octobre 2003:
L'Etat hébreu se serait doté d'au moins trois appareils lance-missiles.
Israël disposerait désormais de sous-marins lance-missiles capables de procéder à une frappe nucléaire contre l'Iran. Publiée dimanche par le Los Angeles Times, l'information proviendrait d'" officiels " américains et israéliens. Largement commentée par la presse de l'Etat hébreu, elle n'est pas non plus passée inaperçue à Téhéran. " Nous n'hésiterons pas à déployer toute la puissance du pays contre une agression étrangère ", a réagi hier un porte-parole du gouvernement iranien. Une réaction vive, d'autant que le même jour l'hebdomadaire allemand Der Spiegel affirmait que le Mossad (service secret israélien) préparerait l'attaque d'" une demi-douzaine de cibles " nucléaires en Iran.
Soupçonné de vouloir se doter d'une arme nucléaire en violation du traité de non-prolifération, l'Iran est en butte à un ultimatum de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) lui donnant jusqu'au 31 octobre pour fournir des garanties. Faute de quoi la République islamique s'expose à une saisine du Conseil de sécurité de l'ONU, avec la menace de sanctions internationales. Un responsable iranien a annoncé hier que son pays allait engager " la semaine prochaine " des négociations avec l'AIEA.
Téhéran redoute sans doute plus une frappe préventive d'Israël que des sanctions internationales. L'Etat hébreu en est capable : le 7 juin 1981, son aviation avait détruit le site irakien Osirak qui aurait permis à Saddam Hussein de se doter d'une arme nucléaire. Quoique démentie par les autorités de Jérusalem, l'annonce de la possession de sous-marins lance-missiles par Israël est un message à destination de Téhéran. Sur le thème : " Même si vous avez une bombe atomique, nous gardons une nette longueur d'avance sur vous. "
Les stratèges appellent cela une capacité de seconde frappe. C'est la possibilité pour un Etat de tirer une salve d'armes nucléaires après avoir été lui-même frappé de la sorte. Seules les grandes puissances en sont capables. Pour cela, il faut en effet disposer de l'arme absolue : le sous-marin lance-missiles. Caché au fond des mers, il ne peut-être détruit, contrairement aux bases aériennes ou aux sites de missiles installés à terre. Israël aurait donc désormais cette capacité qui lui permettrait d'atomiser l'Iran après avoir été l'objet d'une frappe.
Dans les années 90, Israël a acquis trois sous-marins en Allemagne. Il s'agit de bâtiments très sophistiqués à propulsion classique. Construits à Kiel, largement financés par l'Allemagne et les Etats-Unis, les sous-marins Dolphin, Leviathan et Tekuma sont entrés en service entre mars 1999 et août 2000. Ils seraient capables de tirer des missiles de croisière transportant une charge nucléaire. Selon le Los Angeles Times, il s'agirait d'une version du missile américain Harpoon. Il semble plus probable que la société israélienne Raphaël ait développé un missile plus puissant connu sous le nom de Popeye Turbo. D'une portée de plusieurs centaines de kilomètres, il aurait été testé en 2000 au large du Sri Lanka, un pays militairement très proche d'Israël.
L'Etat hébreu dispose également de missiles sol-sol Jericho 2 et de chasseurs bombardiers F15 et F16 capables de délivrer des armes atomiques. Tsahal en détiendrait près de deux cents.
Jean-Dominique MERCHET
WISE-Paris, le 18 octobre 2002
Le « whistleblower » nucléaire Mordechai Vanunu
doit être entendu pour une libération conditionnelle
après 16 ans d'emprisonnement
L'Humanité, 21 Novembre 2001
De notre envoyé spécial à Dimona.
Très peu de personnes connaissent Mordechaï Vanunu, emprisonné depuis près de 14 ans à la prison d'Ashkelon où il purge une peine de 18 ans pour avoir informé le journal britannique Sunday Times de l'existence d'un arsenal de plus ou moins 200 bombes détenu par Israël. Vanunu a été mis au secret de 1986 à 1998 et, depuis, soumis à un régime des plus strict.
Né le 13 octobre 1954, dans une famille
juive résidant au Maroc et qui émigra en Israël
en 1963, Vanunu fut engagé comme technicien à la
centrale nucléaire de Dimona, construite au début
des années soixante dans le désert du Neguev sous
l'impulsion de Ben Gourion. Il y travaillera de I976 à
1985, dans l'unité Machon 2 chargée du retraitement
du combustible nucléaire usagé. Il se rend rapidement
compte que le programme nucléaire d'Israël, officiellement
consacré au civil, prévoit aussi la production
d'un nombre considérable d'armes nucléaires très
sophistiquées. Le 27 octobre 1985, il quitte Dimona
après avoir été licencié pour cause
de restructuration, non sans avoir pris un certain nombre de clichés
des laboratoires et des services. Vanunu va être piégé
par les services secrets israéliens qui le suivent à
la trace.
De Londres, où il rencontre des journalistes
du Sunday Times, il se rend à Rome à l'invitation
d'une jeune femme qui se trouve être un agent du Mossad.
En septembre 1986 il est kidnappé dans la capitale italienne
et transféré clandestinement par bateau en Israël
où il est emprisonné, d'abord dans la prison de
Gardera puis à la prison d'Ashkelon. Il y est détenu
dans une cellule minuscule sans fenêtre, avec éclairage
continu et caméra de surveillance. Il n'est autorisé
à sortir de sa cellule que deux heures par jour. En décembre
de la même année, le Sunday Times révèle
l'existence de l'arsenal nucléaire israélien. Le
centre de Dimona pourrait avoir fabriqué 200 bombes. Vanunu
sera jugé en 1987 et condamné à 18 ans de
prison sans que la presse, les observateurs ni le représentant
d'Amnesty International soient admis au procès. Le 15 mai
2001, Vanunu a obtenu le titre de docteur honoris causa de l'université
de Tromsð.
Selon le droit israélien, Mordechaï Vanunu aurait pu être libéré en 1998 après avoir purgé les deux tiers de sa peine. Il a été placé en isolement pendant douze ans, malgré de nombreux appels internationaux. Pour mémoire, l'officier israélien qui fit exécuter 48 villageois du village arabe de Kafr Kassem, en octobre 1956, fut condamné à quinze ans d'emprisonnement, peine finalement réduite à moins de quatre ans et, en fin de compte, affecté au service de sécurité de la centrale de Dimona ! Mordechaï Vanunu, lui, est toujours en prison.
P. B
Le Monde, 28/10/89:
La télévision américaine NBC a affirmé que ces deux pays s'étaient engagés dans un programme de coopération pour la construction d'un missile balistique en échange d'uranium. Les autorités israéliennes ont démenti, mais cette coopération n'était même plus un secret (la source de ces informations semble être la CIA et le Pentagone, qui auraient organisé ces "fuites" pour saboter cette coopération).
Extrait de : « The Islamic Bomb » un résumé de synthèse
...ISRAËL
Les auteurs discutent longuement où
en est le programme israélien, selon divers rapports (pp.
105 110). Tout le monde croit qu'Israël a de quoi faire environ
une bombe par an, et qu'il a la bombe. Ils évoquent la
politique « d'ambiguïté délibérée
» d'Israël à ce sujet (p. 106). Ils évoquent
aussi la distinction entre « option nucléaire »
(ou « capacité nucléaire ») et «
arme nucléaire » (disponible) (p. 325). Ils concluent
que cette distinction devrait être rejetée par les
exportateurs (p. 326) car elle ne peut conduire qu'à la
prolifération rampante. En revanche ils pensent
qu'il vaut mieux qu'Israël comme l'Inde maintiennent leur
« ambiguïté délibérée »,
car l'étalage d'un arsenal conduirait à une course
aux armements nucléaires encore plus débridée
(p. 301).
Ils évoquent le rôle de la France dans le programme
nucléaire israélien (pp. 110 119). Décision
prise en 1956 par Guy Mollet de fournir un réacteur de
recherche à uranium naturel et eau lourde de 24 mégawatts
(Dimonah), sans contrôle international [c'était bien
avant le TNP] et d'engager une vaste coopération nucléaire
: mise à la disposition de la France d'un procédé
de production d'eau lourde développée par le Pr
Israel Dostrowsky (p. 112) ; participation de scientifiques israéliens
à l'élaboration de la force de frappe française
(p. 113) [!] [seules des sources anonymes, américaines
et françaises sont invoquées ici] ; fourniture à
Israel d'une petite unité de séparation de plutonium.
M. Francis Perrin « La France a beaucoup aidé Israel
» ... « Nous avons également participé
à la construction d'une usine d'extraction de plutonium
», ceci via la SGN, selon une source de l'AIEA. Les Israéliens
auraient aussi eu accès aux données techniques relative
aux mesures faites lors de l'explosion d'essai de la bombe française
(p. 114). Plus tard de Gaulle met fin à cette coopération
(p. 113), mais auparavant (p. 118), selon des sources françaises
anonymes, du combustible irradié aurait été
renvoyé en France et du plutonium séparé
retourné en Israel. Ceci est nié par les sources
israéliennes, et il n'y a pas de conclusion définitive
dans le livre.
Les auteurs évoquent la disparition de 100 kg d'uranium
fortement enrichi en U235 en Amérique (pp. 119-124) dont
auraient bénéficié les Israéliens,
sans conclure sur la véracité de cette thèse,
ainsi qu'une opération qui aurait permis à Israel
de se procurer en secret 200 tonnes d'oxyde d'uranium naturel
en Allemagne (pp. 124-128).
Dès l'instauration de l'Etat d'Israël,
en 1948, l'option nucléaire fut examinée, et, en
1949, le Hemed Gimmel, unité spéciale de l'armée
entreprit une recherche géologique du désert du
Neguev aux fins d'y trouver des réserves d'uranium. Des
quantités exploitables furent trouvées dans des
gisements de phosphates. Une coopération serrée
entre les instituts de recherche français et israéliens
s'installa dès les années 50. De 1950 à 1960,
la France fut principal fournisseur d'armes d'Israël. Une
Commision "Israel Atomic Energy" fut créée
en 1953 tandis que le 3 octobre 1957 la France et Israël
signèrent l'accord de construction d'un réacteur
de recherche de 24 MWth, à Dimona (= imagination!). Construction
conjointe par les experts des deux pays.
Pour les douanes françaises c'étaient des pièces
d'équipement destinées à une installation
de dessalement de l'eau de mer. L'eau lourde fut achetée
en Norvège et l'armée de l'air française
transporta secrètement quatre tonnes de matières
fissiles vers Israël. Impossible de garder Dimona secrète
au yeux du monde car, en 1958, un avion espion U-2 américain
photographia la centrale. L'on expliqua qu'il s'agissait d'une
usine textile, ou d'une station d'agriculture, ou d'un centre
de recherche pour la métallurgie...
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