Les Echos, 8/7/2009:
L'Autorité de sûreté nucléaire a donné hier un accord de principe pour le passage de 30 à 40 ans de la durée d'exploitation des 34 réacteurs de 900 mégawatts d'EDF. De l'Espagne à la Belgique, en passant par l'Allemagne, l'atome joue les prolongations.
Ce n'est pas le chantier EPR de Flamanville mais presque. A l'occasion de sa visite décennale - « la révision des 10.000 kilomètres », comme dit Alain Peckre, son directeur - la centrale EDF du Tricastin ressemble à une ruche. Mille prestataires y travaillent pendant trois mois, soit 1.500 personnes. Au menu, changements de pièces, tests d'étanchéité de l'enceinte de confinement [Rappel, les enceintes des réacteurs 1300 Mwe et 1450 MWe peuvent "légalement" fuirent de 1,5 % de la masse du volume de gaz (après accident), voir page 3 du bulletin Stop Nogent n°118], radiographie de la cuve. Le tout sous l'oeil scrupuleux de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
[A propos des problèmes
des centrales:
- L'exemple de Civaux 1: Défaut
d'étanchéité de l'enceinte
- La saga des fissures sur
le palier N4
- La
fissuration des couvercles de réacteurs... plus importante
que prévu Le
Monde 27 janvier 1993 (Jpeg), à propos d'Inconel 600.
- Nucléaire:
les travaux forcés d'EDF, Le Monde 1 avril 1993 (Jpeg).
- Les
mauvais tuyaux des centrales nucléaire, Libération, 6-7 février
1993 (Jpeg).
- Fissures fatales ?
- Embrouilles dans les centrales
- Un cauchemar de plomberie (Pdf 432 Ko)
- Difficultés techniques (Pdf 1,2 Mo)
- Les centrales nucléaires françaises
en crise (août
1982, Science & Vie n°779, en Pdf 128 Ko)]
Tricastin, qui fête ses trente ans cette année, est la première centrale d'EDF à passer l'examen qui doit lui permettre de fonctionner dix ans de plus. Il a valeur de test pour l'ensemble du parc. Car hier, le gendarme du nucléaire a donné un accord de principe pour la poursuite de 30 ans à 40 ans de la durée d'exploitation des 34 réacteurs de 900 mégawatts (MW) de l'électricien public, même s'il doit encore se prononcer réacteur par réacteur [lire: Quand EDF prend ses désirs pour des réalités].
Le cas de la France n'est pas isolé. La semaine dernière, Madrid a décidé de prolonger de 2 ans la durée de vie de la centrale de Garona, la plus ancienne du pays. En Allemagne, le sujet sera au coeur des débats pour les élections de septembre. La Suède a déjà entériné un passage à soixante ans. Et d'autres capitales, comme Bruxelles, s'interrogent. L'intérêt ? Pallier un défaut d'anticipation pour ceux des pays qui avaient décidé d'abandonner l'atome. Ou optimiser le parc existant pour les autres.
C'est le cas de la France, où, sans attendre la décision de l'ASN, EDF a déjà inscrit la durée d'exploitation à quarante ans ses comptes. «Nous travaillons, d'ores et déjà, pour porter la durée à soixante ans, explique Bernard Dupraz, directeur de la production et de l'ingénierie. Le but est de maintenir ouverte l'option, ce qui ne veut pas dire que toutes les centrales iront jusqu'à 60 ans. »En interne, on parle de 53 ans en moyenne.
L'objectif d'EDF est d'obtenir un accord de principe de l'ASN entre 2010 et 2011, de façon à pouvoir engager ses travaux à partir de 2015, en commençant par la centrale de Paluel. « Nous n'avons pas été saisis d'un dossier technique, a relativisé hier André Claude Lacoste, le président du gendarme du nucléaire.
Pour le groupe public, l'enjeu est gigantesque. L'allongement de 20 ans lui coûtera 400 millions d'euros par réacteur en moyenne, sachant qu'il chiffre le coût de construction d'un EPR (qui fonctionne 60 ans) à 4 milliards d'euros. EDF estime la création nette de valeur supérieure à 1,2 milliard d'euros par tranche, sans compter les flux de trésorerie liés à l'extension d'exploitation. Patrice Lambert de Diesbach, analyste chez CM-CIC, estime que l'électricien peut augmenter de 30 % le retour sur investissement de son parc.
La concurrence s'annonce rude
« C'est cela le réel intérêt d'EDF,
beaucoup plus que de construire de nouvelles centrales »,
a-t-il déclaré à l'occasion d'une conférence
organisée fin juin par la revue spécialisée
« Platts ». D'autant plus qu'EDF pourrait porter la capacité des tranches
de 1.300 MW à 1.400 MW. En Suède,
Vattenfall a profité des travaux d'extension de durée
de vie à 60 ans pour augmenter la capacités de ses
réacteurs de 23 %.
Les pouvoirs publics regardent de très près ces développements. Car si EDF milite pour une hausse des tarifs permettant justement d'assurer les investissements correspondants, les consommateurs pourraient demander leur part du gâteau. «De notre point de vue, il est improbable qu'il soit permis à EDF de garder 100 % des bénéfices économiques de l'extension de la durée de vie », estiment les analystes de Morgan Stanley.
Le marché de l'allongement de la durée de fonctionnement du parc existant s'annonce donc particulièrement juteux. En France, EDF pourrait y investir jusqu'à 24 milliards d'euros. A l'échelle mondiale, ce sont plus de 400 réacteurs qui sont susceptibles d'être prolongés. Mais la concurrence s'annonce rude. EDF a ainsi signé des contrats de générateurs de vapeur, un composant lourd, avec Areva, mais aussi avec Mitsubishi.
Plus fondamentalement, l'opération est à double tranchant pour la filière, car prolonger la durée de vie signifie également vendre moins de réacteurs de troisième génération, comme l'EPR pour Areva. Surtout, si l'on rallonge jusqu'à l'arrivée des réacteurs de quatrième génération, attendue vers 2040. « Il n'y aura pas beaucoup de réacteurs de troisième génération », prévoit déjà Patrice Lambert de Diesbach. D'autant que l'acceptation publique pour le prolongement de durée de vie d'un réacteur nucléaire est sans commune mesure avec celle concernant la construction d'une nouvelle centrale. Même Greenpeace est pour.
Les Etats-Unis songent à une durée
de 80 ans
La France, dont l'âge moyen du parc nucléaire est
seulementde 23 ans en moyenne, n'est pas le premier pays à
envisager une prolongation au-delà de 40 ans de la durée
de vie de ses centrales. La Suède, la Finlande, la Suisse
et les Pays-Bas l'ont déjà actée. Aux Etats-Unis
, l'autorité de sûreté NRC a, d'ores et déjà,
donné son accord pour prolonger à 60 ans 54 des
104 réacteurs. Outre-Atlantique, des réflexions
apparaissent déjà sur la possibilité de porter
cette durée de fonctionnement à 80 ans. Toute la
question est de connaître la résistance de la cuve
et de l'enceinte de confinement, deux éléments jusqu'ici
réputés irremplaçables.
Le Monde, 8/07/2009:
L'exploitation des centrales nucléaires mises en service par EDF entre 1977 et 1986 peut-elle être prolongée sans risques au-delà de trente ans ? C'est la question à laquelle l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) va devoir répondre à l'occasion des visites approfondies qu'elle effectuera, réacteur par réacteur, jusqu'en 2020. Le "gendarme" du nucléaire a commencé ce travail en mai au Tricastin (Drôme).
Vidée de ses pastilles d'uranium enrichi, la chaudière nucléaire est examinée à la loupe pour y déceler toute fatigue de l'acier. La double enceinte de béton qui l'entoure sera remplie d'air et soumise à d'énormes pressions pour détecter des fuites. Les générateurs de vapeur vont être auscultés, les circuits hydrauliques testés avec une pression anormalement élevée, etc.
Ce bilan se poursuivra en octobre à Fessenheim 1 (Haut-Rhin), puis à Bugey (Ain), à Dampierre (Loiret), à Gravelines (Nord)... Au cours de la prochaine décennie, trois à quatre réacteurs seront décortiqués chaque année, afin de déterminer s'ils sont encore bons pour le service. Priorité de l'ASN : renforcer la sûreté. Sur les 50 millions d'euros que coûte la visite, les trois quarts y sont consacrés.
C'est en effet sur la sûreté qu'EDF sera jugé. Au Tricastin, le travail a été engagé au début des années 2000. "La visite décennale, ce n'est que la partie émergée de l'iceberg", explique André-Claude Lacoste, le président de l'ASN, qui a présenté, mardi 7 juillet, les conditions d'une prolongation de dix ans des 34 réacteurs de 900 mégawatts (MW) d'EDF.
Cette prolongation est acquise dans son ensemble. "L'ASN n'a pas identifié, dans les études génériques, d'éléments mettant en cause la capacité d'EDF à maîtriser la sûreté des réacteurs de 900 MW jusqu'à quarante ans", précise Guillaume Wack, directeur des centrales au sein de l'Autorité. Reste que chaque réacteur sera passé au crible. "L'ASN peut être d'accord sur une prolongation de cinq ans seulement", insiste M. Lacoste.
L'enjeu est lourd pour EDF, qui produit 80 % de l'électricité à partir de l'atome. La moyenne d'âge de son parc est de vingt-trois ans (vingt-sept ans pour le parc mondial). "Nous sommes confiants. Notre objectif est d'aller jusqu'à soixante ans sur l'ensemble du parc. On y travaille", explique Bernard Dupraz, directeur général adjoint chargé de la production et de l'ingénierie. "Lors des visites décennales, nous n'avons jamais eu de grosses surprises, affirme Serge Massart, patron du parc nucléaire. Il vieillit très bien." Depuis 1977, aucune centrale n'a enregistré d'incident supérieur au niveau 2 (sans rejets radioactifs) sur l'échelle [médiatique] internationale INES qui en compte 7, le dernier correspondant à l'accident de Tchernobyl (1986).
Chez EDF, on justifie cette assurance par le retour d'expérience sur un parc de réacteurs de conception très proche et par une maintenance quotidienne, même si la CGT dénonce un relâchement des efforts. EDF y consacre 2 milliards d'euros par an et 500 000 euros vont chaque jour en recherche et développement pour améliorer l'exploitation, indique M. Massart.
Yves Marignac, directeur de l'agence d'étude nucléaire Wise-Paris, conteste cet optimisme et souligne que le retour d'expérience est "proche de zéro" sur une technologie née dans les années 1970. "Le problème, ajoute-t-il, est qu'aucun pays n'a développé un ensemble cohérent de critères pour définir les conditions entraînant un arrêt pour cause de vieillissement." La décennie supplémentaire d'exploitation est "déjà inscrite dans les livres du groupe", rappelle M. Dupraz. Quand EDF s'est présenté en Bourse fin 2005, sa valeur intégrait la prolongation très rentable d'un parc amorti. Car l'enjeu de la sûreté se double d'un enjeu financier. Le coût d'une prolongation de dix ans est de 400 millions d'euros par réacteur, soit 24 milliards pour toutes les tranches de 900 MW. Le réacteur EPR de troisième génération, en cours de construction à Flamanville (Manche), vaut 4 milliards l'unité !
A l'automne 2010, l'ASN donnera son feu vert à la poursuite de Tricastin 1. Pour Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France, fer de lance de la lutte antinucléaire, "une grande partie des centrales pourrait être prolongée de dix, voire vingt ans". Cela éviterait de "se lancer à corps perdu dans un renouvellement du parc qui compromettrait la mise en oeuvre de vraie solution face au changement climatique". A condition, dit-il, que la décision s'inscrive dans une politique de sortie progressive du nucléaire et que les bénéfices de la prolongation soient investis dans les renouvelables et les économies d'énergie.
Le gouvernement en a décidé autrement : il y aura prolongation et renouvellement avec des EPR, dont le deuxième est prévu à Penly (Seine-Maritime). Nicolas Sarkozy a réaffirmé le choix nucléaire de tous ses prédécesseurs depuis le général de Gaulle. Le chef de l'Etat juge qu'on ne peut prendre le risque de tabler sur la prolongation de tous les réacteurs et qu'en cas d'arrêt de certains, l'EPR évitera toute pénurie d'électricité. Il n'en souligne pas moins la nécessité de renforcer la sûreté.
[Il y a déjà 12 à 15 réacteurs de trop en France!]
A l'issue du sommet franco-britannique d'Evian,
lundi 6 juillet, les deux pays ont annoncé qu'ils "se
concerteront étroitement", lors des réunions
annuelles de leurs inspecteurs, mais aussi au niveau européen
et international.
La Croix, 28/6/2009:
A l'instar de ce qui se fait déjà dans de nombreux pays, l'électricien veut allonger la durée de vie de ses réacteurs nucléaires, dont les plus anciens ont trente ans cette année
Depuis un mois, EDF s'est lancé dans un énorme chantier : les troisièmes visites décennales de ses premières centrales, mises en service à la fin des années 1970 [voir 2ème visite Fessenheim]. L'objectif immédiat est de porter la durée de vie de ses réacteurs à quarante ans [lire: Quand EDF prend ses désirs pour des réalités], mais l'électricien aimerait aller au-delà. Les opérations ont débuté en mai à Tricastin (Drôme). Puis viendra le tour, en octobre, de Fessenheim (Haut-Rhin). Sur les 58 réacteurs du parc nucléaire français, 19 vont ainsi être révisés de fond en comble dans les cinq années qui viennent. Un véritable « check-up » de chacun des éléments composant la centrale.
Du bâtiment réacteur, en passant par la salle de commandes, le démontage de la turbine et des tuyauteries, quelque 2.500 opérations de vérification doivent être réalisées durant les trois mois de mise à l'arrêt, mobilisant environ 1.500 personnes, pour un coût évalué à une cinquantaine de millions d'euros. Une pince d'une quinzaine de mètres de hauteur, qui ressemble à une grosse pince à sucre, va, par exemple, être descendue dans la cuve du réacteur, là où se trouvent en temps normal les barres d'uranium, pour détecter d'éventuelles microfissures.
EDF prévoit également de porter
la pression à cinq bars, soit cinq fois la pression atmosphérique,
dans le bâtiment réacteur durant une soixantaine
d'heures pour mesurer le comportement du béton de l'enceinte
de confinement.
"Pas de transparence"
Chacune de ces visites décennales est réalisée
sous la supervision de l'Autorité
de sûreté nucléaire (ASN), qui doit donner
au final son feu vert à la poursuite de l'activité
du réacteur, pour dix années supplémentaires,
sur la base d'un rapport transmis par EDF.
Une simple formalité ? « Nous n'avons pas encore
le tampon formel de l'ASN, mais nous sommes très confiants
», affirme Bernard Dupraz, directeur général
adjoint de la production d'EDF. Un
optimisme que n'apprécient guère les associations
écologistes. « Nous ne croyons pas à l'indépendance
de l'ASN et il n'y a pas de transparence », tranche-t-on
au réseau Sortir du nucléaire.
De son côté, la Criirad met en avant les incidents à Tricastin et à Fessenheim ces derniers mois, et les observations émises par le gendarme du nucléaire lors de la précédente visite décennale, concernant les défauts de revêtement des cuves dans ces deux centrales. Des problèmes réglés, affirme EDF qui met en avant les 450 contrôles annuels, dont certains inopinés, réalisés par les inspecteurs de l'ASN, et les améliorations continuelles apportées en matière de sûreté. Selon l'électricien, les révisions décennales sont également largement préparées en amont.
« Le processus a démarré
dès 2003 à Tricastin. Nous définissons un
certain nombre d'améliorations à apporter, soumises
à l'ASN, qui apporte ensuite son approbation technique.
À partir de là, nous élaborons ensemble un
cahier des charges », explique Alain Peckre, le directeur
de la centrale.
Enjeux financiers énormes
Les enjeux financiers sont, en tout cas, énormes. Car,
derrière le seuil des 40 ans, se profile l'horizon des
60 ans, l'âge auquel EDF voudrait amener ses réacteurs.
Le coût pour prolonger de vingt ans le fonctionnement d'un
réacteur est estimé à 400 millions d'euros,
avec le remplacement d'un certain nombre de composants, comme
les générateurs de vapeur. Soit
24 milliards pour l'ensemble du parc.
C'est beaucoup, mais finalement assez peu, comparé aux quatre milliards d'euros nécessaires pour construire aujourd'hui un seul nouveau réacteur de type EPR. Le calcul est donc vite fait. Aux Etats-Unis, l'autorité de sûreté a déjà porté 54 réacteurs à 60 ans, soit la moitié du parc et plusieurs exploitants parlent d'aller jusqu'à 80 ans. En Suisse, certaines centrales peuvent déjà fonctionner cinquante ans. Les Pays-Bas sont, eux aussi, à 60 ans.
Les dirigeants d'EDF ne cachent pas leur souhait que l'ASN prenne des décisions rapides en ce sens. « Nous voulons ouvrir l'option des 60 ans à tous nos réacteurs, même si certains s'arrêteront peut-être avant. Il s'agit d'investissements très lourds et nous avons besoin de visibilité », affirme Bernard Dupraz. L'électricien est d'ores et déjà en train de préparer un « référentiel de sûreté », répertoriant l'ensemble des travaux qui devraient être accomplis pour faire tourner les réacteurs vingt ans de plus. Il va être transmis à l'ASN dans les prochains mois.
Une démarche inédite qui vise, hors visite décennale, à obtenir une sorte « d'avis de principe » de la part de l'ASN, en 2011. Selon les ingénieurs d'EDF, la standardisation du parc français, qui repose sur une seule technologie (des réacteurs à eau pressurisée), favorise en effet les « retours d'expérience » et devrait faciliter ainsi le passage à 60 ans.
« Toutes les pièces d'une centrale peuvent être remplacées, sauf la cuve et l'enceinte de confinement», souligne Serge Massart, le directeur de la production nucléaire. Reste l'acceptabilité par les populations. Elle est extrêmement variable d'un site à l'autre. « À Tricastin, la mobilisation contre la centrale est très faible. Mais à Fessenheim, les riverains restent très opposés à l'idée même d'aller jusqu'à 40 ans et de nombreuses manifestations sont déjà prévues en octobre », juge Roland Desbordes, le président de la Criirad.
Jean-Claude BOURBON
Le Dauphine, 17/6/09:
À la veille de la réunion de
la Commission locale d'information auprès des grands équipements
énergétiques du Tricastin (Cligeet) qui se tiendra
le 26 juin, la Frapna interpelle le président de la structure
au sujet de la durée de vie du réacteur 1 de la
centrale EDF-Tricastin.
Cette tranche est actuellement en chantier à l'occasion
de la troisième visite décennale. Et c'est à
la suite de ce contrôle que l'Autorité de sûreté
(ASN) nucléaire autorisera ou non la prolongation du fonctionnement
de ce réacteur pour dix ans ou plus. Or, la Frapna demande
« la fermeture définitive du réacteur n°
1, sans plus attendre » et à ce que « cette
proposition soit à l'ordre du jour de la séance
plénière de la Cligeet. »
L'inquiétude de
la Frapna provient notamment d'un "défaut sous revêtement"
mentionné dans le rapport annuel 2007 de l'ASN. Des
fissures qui auraient été générées
sur la cuve du réacteur lors de sa fabrication. «
L'ASN en recense 17 rien que sur le réacteur 1 de Tricastin
», précise Jean-Pierre Morichaud, représentant
de la Frapna. D'autres réacteurs présentent des
fissures de ce type, selon un document de l'ASN, mais en nombre
inférieur : « cinq pour Fessenheim 1,
trois pour Chinon B3... La cuve de Tricastin
1 fait figure de cas particulier », avait admis l'ASN à
Jean-Pierre Morichaud par écrit, en septembre 2008.
Ce dernier précise ses inquiétudes : « Il y a des fissures, mais on
ne nous dit pas de quelle profondeur (...) Il y a un risque qu'elles
s'aggravent car les flux de neutrons peuvent rendre le métal
de la cuve cassant (...) On prend des risques
à faire durer le réacteur dix ans de plus quand
il a été construit pour fonctionner trente ans.
On reporte à plus tard en attendant le gros pépin
? »
Contacté hier, EDF-Tricastin n'a pas souhaité réagir.
Joël AUDRAN