Respublica, 9 février 2012:
Pourquoi il faut fermer Fessenheim
Les Echos, 8/2/2012:
PIERRE-ALAIN FURBURY, ENVOYÉ SPÉCIAL
Le chef de l'Etat a effectué ce jeudi matin un déplacement dans la plus vieille centrale nucléaire du parc français. Pour réaffirmer sa foi dans l'atome. Et tacler François Hollande.
Nicolas Sarkozy s'est rendu ce jeudi matin à la centrale nucléaire de Fessenheim, dans la Haut-Rhin. « Je suis venu exprès ici pour vous dire qu'on ne fermera pas Fessenheim. On en a besoin pour se chauffer. On en a besoin pour l'industrie », a-t-il dit dès son arrivée, prenant le contre-pied de François Hollande. « Pour ça (pour que la centrale ferme), il faudrait qu'il gagne. Et je peux vous dire que ce n'est pas fait », a-t-il glissé, très combatif, à un ouvrier.
Un marqueur politique
Nicolas Sarkozy veut faire du nucléaire un marqueur politique. En novembre, lors d'un déplacement sur le site de Tricastin, dans la Drôme, il avait reproché au PS de vouloir revenir « à la bougie ».
A l'approche de sa déclaration de candidature, le « président sortant »-comme s'applique à le nommer François Hollande comme pour montrer que la page est déjà tournée-intensifie ses attaques. Mardi, dans le Tarn, il avait accusé le socialiste de vouloir « détruire » le pays, notamment sa politique familiale. Le chef de l'Etat doit encore prononcer, dans la journée, un discours sur le nucléaire.
Réseau Sortir du Nucléaire - C.S.F.R.
- STOP TRANSPORT HALTE AU NUCLEAIRE - STOP FESSENHEIM - BUND -
TRAS / ATPN, 8/2/2012:
Lettre au Président de la République :
Monsieur le Président,
Le 9 février, vous allez vous rendre à la centrale nucléaire de Fessenheim pour "rencontrer les représentants syndicaux du site de production EDF" et pour y évoquer "la sûreté des centrales nucléaires françaises ainsi que les choix de politique énergétique", selon le communiqué de la Présidence de la République.
Représentants des associations alsaciennes,
allemandes et suisses qui demandent l'arrêt immédiat
de la centrale de Fessenheim, nous sollicitons de votre part,
dans un souci légitime d'équité, de pouvoir
également vous rencontrer afin de vous exprimer le point
de vue des populations qui vivent dans l'ombre de cette centrale
:
La centrale nucléaire de Fessenheim
est située sur une faille sismique active, et malgré
les travaux de consolidation qui se sont succédé
depuis plus de 30 ans, l'ASN a souligné un manque de robustesse
en cas de séisme majeur.
Cette centrale est située à 8 mètres en contrebas du niveau du Grand Canal d'Alsace dont le débit moyen dépasse les 1000 mètre cube par seconde, et malgré la demande expresse de la même ASN, EDF a refusé et pour cause les conséquences d'une rupture de la digue du Grand Canal.
La centrale de Fessenheim, dont la mise en service remonte officiellement à février 1978, aura 34 ans au jour de votre visite. Et de fait, le nombre d'incidents de toutes natures officiellement reconnus est de 2 à 3 fois plus important que la moyenne nationale des réacteurs de la même génération. En dépit de tous les efforts consentis par EDF, cette dérive n'a fait que s'accentuer depuis une dizaine d'années.
Ainsi que nous l'avons dit depuis fort longtemps et comme l'a relevé l'ASN, la centrale de Fessenheim est construite sur un radier d'épaisseur moindre que les autres centrales françaises. A quelques mètres sous la centrale se trouve la nappe phréatique d'Alsace, le plus grand réservoir d'eau douce d'Europe occidentale. Et malgré l'exigence d'épaississement du radier formulée par l'Autorité de Sûreté Nucléaire, le délai qui séparerait la fusion du coeur de l'un des réacteurs d'une pollution radioactive majeure de la nappe phréatique n'excèdera pas 48 heures. A travers le Rhin, c'est toute l'Europe du nord qui pourrait se trouver contaminée.
Compte-tenu de la fragilisation des matériaux des cuves des réacteurs de la centrale, la durée de vie de celle-ci ne pourrait excéder quarante ans, ainsi que l'on montré les visites décennales précédentes. Les travaux exigés par l'Autorité de Sûreté Nucléaire (renforcement du radier, adjonction d'une nouvelle source froide) avant même la publication du rapport final des "stress-tests" représentent d'ores et déjà plusieurs centaines de millions d'euros. Cette dépense, pour prolonger de six ans une centrale déjà condamnée par ses 34 ans d'existence chaotique nous semble relever du plus pur gaspillage. Jamais la production d'électricité de cette centrale ne permettra de compenser de telles dépenses.
Monsieur le Président, quels que soient les travaux qu'EDF pourra mener, quels qu'en soient les coûts, rien ne pourra changer au fait que cette centrale est située en zone sismique, sous le niveau du Grand Canal, et se trouve en fin de vie.
A l'occasion de la rencontre que nous vous demandons, nous voudrions également vous remettre la liste de près de 200 communes et communautés de communes d'Alsace, d'Allemagne et de Suisse qui ont demandé par motion l'arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim. Au total, ce sont plus de 1 600 000 habitants des trois nationalités qui sont représentés par ces motions. Nous vous remettrons également la liste des 438 élus d'Alsace, de tous bords politiques qui vous ont fait la même demande.
Dans l'attente de votre réponse, nous vous prions de croire, Monsieur le Président, à l'expression de notre très haute considération,
Pour le Réseau Sortir du Nucléaire Jean-Marie Brom
Pour le C.S.F.R. Jean-Jacques Rettig
Pour STOP TRANSPORT HALTE AU NUCLEAIRE Rémi Verdet
Pour STOP FESSENHEIM Aline Baumann
Pour le BUND Axel Mayer
Pour TRAS / ATPN Claude Ledergerber
Contacts : Jean-Marie Brom tel 06 08 98 79
40
_________________________________
Note : après négociations avec
le préfet, les signataires rencontrerons le conseiller
Industrie de Nicolas Sarkozy à la mairie de Heiteren, entre
10h et 12h
Appel a rassemblement à la Mairie de Heiteren le 9 février
2012 à 10 h 00
12/4/2011 - Le conseil municipal de Strasbourg a demandé,
à la quasi unanimité de ses élus Verts, PS
et UMP, la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim,
devenant la première collectivité alsacienne à
adopter un tel voeu, dans une motion votée dans la nuit
de lundi à mardi. La centrale de Fessenheim, la plus vieille
du parc nucléaire français, a été
construite en 1977. Elle est située à 80 km au sud
de la capitale alsacienne. Les élus strasbourgeois Verts,
PS et UMP ont voté à l'unanimité moins une
abstention cette motion. C'est la première fois qu'une
collectivité locale alsacienne adopte une résolution
en ce sens.
"Pour l'ensemble des spécialistes, les standards de
sécurité de l'époque sont aujourd'hui dépassés",
estiment les élus strasbourgeois. "La catastrophe
survenue à Fukushima, centrale construite la même
année que Fessenheim, nous interpelle", poursuivent-ils
en demandant l'arrêt de Fessenheim, quels que soient les
résultats des expertises actuellement en cours. Ils préconisent
"sa reconversion en site pilote de recherche-développement
qui permettra de mettre en oeuvre des savoir-faire et des technologies
pionniers, générateurs d'emplois et nécessaires
au démantèlement des centrales nucléaires
en fin de vie".
De nombreuses voix se sont élevées ces dernières
semaines pour demander l'arrêt de la centrale de Fessenheim.
Côté allemand la région frontalière
du Bade-Wurtemberg, ainsi que les cantons suisses de Bâle-Ville
et Bâle-Campagne, ont effectué des demandes en ce
sens. La région française de Franche-Comté
a également voté une motion réclamant la
fermeture de cette centrale. En revanche, une motion identique
a été rejetée vendredi dernier au Conseil
régional d'Alsace. La
centrale de Fessenheim est située sur le Rhin à
1,5 km de la frontière allemande et à une quarantaine
de kilomètres de la Suisse. Les
antinucléaires estiment qu'elle est dangereuse en raison
de sa vétusté et qu'elle est en outre construite
en zone sismique. Elle est sujette selon eux à des inondations,
étant située au bord du Rhin.
L'Alsace, 11/4/2011:
Ballons et drapeaux verts et jaunes, pour réitérer
la demande de fermeture de la centrale de Fessenheim, portée
par les associations alsaciennes, badoises, suisses, le gouvernement
de Bâle et la Région de Franche-Comté. Photos
Thierry Gachon
Ballons et drapeaux verts et jaunes, pour réitérer
la demande de fermeture de la centrale de Fessenheim, portée
par les associations alsaciennes, badoises, suisses, le gouvernement
de Bâle et la Région de Franche-Comté. Photos
Thierry Gachon Deux fois moins de manifestants, mais une plus
forte proportion de Français que le 20 mars à Chalampé :
hier, c'est à Fessenheim que les associations des trois
pays frontaliers ont redemandé l'arrêt des deux réacteurs
alsaciens.
« Abschalten jetzt ! », « Arrêter
Fessenheim tout de suite, sortir du nucléaire ! »,« Nous
ne voulons pas vivre ici une catastrophe pareille à celle
de Fukushima ou de Tchernobyl » : tel était
le message commun des orateurs allemands, suisses et français,
devant 3 800 manifestants selon les gendarmes, 4 000 à
5 000 selon les organisateurs, réunis hier à Fessenheim.
Les associations antinucléaires n'ont pas réédité
« l'exploit » des 10 000 manifestants du
dimanche 20 mars dernier à Chalampé, neuf jours
après la catastrophe de Fukushima. La participation française
a été cependant plus marquée : on est
venu de toute l'Alsace, à vélo, en voiture Les associations
de Besançon ont rempli un car entier, avec la présence
d'Alain Fousseret, vice-président du conseil régional
de Franche-Comté. Le pique-nique annoncé a vite
pris des allures de meeting : l'île de galets, coincée
entre le grand canal et le Rhin, ne se prêtait guère
à l'étalement des couvertures et des casse-croûte.
« Fermons Fessenheim, la grand-mère des centrales
que la France tente de faire survivre à coups d'injections
de millions d'euros », a rappelé au micro Gilles
Barthe, au nom du CSFR, comité de sauvegarde de Fessenheim
et de la plaine du Rhin, association créée en 1970.
« L'homo atomicus est totalement dépassé
par cette technologie mortifère qui atteindra des millions
d'hommes dans leur chair et leurs gênes. » Il
s'est offusqué de « l'arrogance du gouvernement
français qui veut nous faire croire que la technique peut
être sûre ». Il a dénoncé
« le mensonge de l'indépendance énergétique :
100 % de l'uranium vient de l'étranger ».
Peut-on se passer du nucléaire ? « Oui,
par la maîtrise de l'énergie, les économies
d'énergie. Il est temps d'entrer dans l'ère de la
sagesse énergétique ».
Pour Rémi Verdet, de Stop Transports-Halte au nucléaire,
il s'agit d'arrêter les deux réacteurs de Fessenheim :
« EDF a demandé le report de la visite décennale
du réacteur n° 2, le temps de changer le réacteur,
ce qui coûtera 200 millions d'euros. Nous ne voulons plus
de risques insensés pour la terre entière. »
[Erreur de transcription
du journaliste, il s'agit de changer les générateurs
de vapeur, et non pas le réacteur]
Christian Zerr, de Stop Fessenheim, a appelé à de
nouvelles manifestations le lundi de Pâques : les associations
des trois pays envisagent de bloquer tous les ponts sur le Rhin
entre 12 h 05 et 12 h 35 le 25 avril, date anniversaire de la
catastrophe de Tchernobyl. Par ailleurs, à l'initiative
de Jean-Pierre Frick, six personnes entameront un jeûne
illimité à Colmar le 18 avril : « Chacun
peut y participer, même à domicile, en s'inscrivant
sur le site de Stop Fessenheim. »
Enfin, Jürg Stöcklin, président de l'Association
trinationale de protection nucléaire (ATPN), a annoncé
qu'il ferait appel de la décision du tribunal administratif
de Strasbourg, qui a rejeté la demande de fermeture de
Fessenheim (L'Alsace du 10 mars 2011).
Elisabeth Schulthess
Dernières Nouvelles d'Alsace, 10/4/11:
3800 (selon les forces de l'ordre) à 10.000 (selon les organisateurs) manifestants ont participé à un rassemblement pour la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, en début d'après-midi.
La manifestation précédée
d'un pique-nique a eu lieu à proximité du Grand
canal d'Alsace et de l'usine hydroélectrique, un lieu d'où
l'on peut apercevoir les réacteurs de la centrale de Fessenheim.
Quatre associations anti-nucléaires françaises,
des associations suisses et allemandes avaient appelé à
ce rassemblement. Les manifestants venaient des trois pays. De
nombreux habitants des communes voisines de la centrale, côté
français et allemand, ont rejoint les anti-nucléaires
à l'issue d'un pique-nique qui avait commencé à
13h. Des voisins qui sont venus à pied et à vélo.
Les autorités ont procédé à un comptage
par hélicoptère. Au sol, les manifestants évoluaient
dans une ambiance festive, accompagnés par plusieurs groupes
de musique.
Aucun incident n'est à déplorer.
Une nouvelle manifestation de grande ampleur est prévue
le 25 avril. La dernière manifestation de ce type organisée
par l'Association trinationale de protection nucléaire
(ATPN), qui réunit des associations écologistes
et des collectivités locales de France, d'Allemagne et
de Suisse, avait rassemblé environ 10.000 personnes le
20 mars. La centrale de Fessenheim est située à
1,5 km du territoire allemand et à une quarantaine de kilomètres
de la Suisse. Un mois après le séisme et le tsunami
au Japon qui ont créé de gros problèmes à
la centrale nucléaire de Fukushima, les antinucléaires
s'inquiètent de la vétusté de la centrale
de Fessenheim, construite en 1977, arguant qu'elle est en outre
située sur une zone sismique et sujette à d'éventuelles
inondations du Rhin.
Communiqué du Groupe des élus
Europe Ecologie Les Verts au Conseil Régional de Franche-Comté
Besançon le 29 mars 2011
Le Conseil Régional de Franche-Comté, réuni
en séance plénière ce vendredi 26 mars 2011,
s'est prononcé pour une fermeture immédiate de la
centrale de Fessenheim. La Motion intitulée « Fermons
Fessenheim maintenant » a été adoptée
par 9 voix POUR et 4 voix CONTRE, les autres conseillers régionaux
s'étant abstenus.
Les élus du groupe EELV se félicitent de l'adoption
de cette motion et constatent avec satisfaction que très
peu d'élus ont souhaité s'opposer à cette
demande de fermeture immédiate de la plus ancienne des
centrales du parc français. Son maintien en activité
était déjà très contesté du
fait des nombreux incidents enregistrés chaque années
sur son site ; il semble qu'aujourd'hui, après la
catastrophe nucléaire du Japon, il est devenu totalement
impossible à défendre par les responsables politiques.
L'embarra des élus du Parti Socialiste et de l'UMP devant
cette motion, montre combien les choses évoluent vite.
L'opinion publique, et les positionnements politiques, dans ce
débat sur l'avenir du nucléaire et plus largement
sur la question énergétique, ici en Franche-Comté
comme ailleurs en France et dans le monde sont en pleine phase
de recomposition.
Les élus du Conseil Région Franche-Comté
sont ainsi les premiers à se prononcer en faveur d'une
fermeture immédiate de Fessenheim.
Cette Motion confirme par ailleurs l'engagement de la Région
Franche-Comté à ouvrir dès 2012 la « Maison
des énergies » dont le rôle central dans
la politique énergétique de la Région sera
la promotion et la diffusion de l'efficacité énergétique,
notamment le label BBC Effinergie, en direction des métiers
du bâtiment, en partenariat avec les professionnels de la
formation.
Pour EELV, Alain Fousseret, Vice-Président aux Transports
de la Région Franche-Comté : 06 84 98 06 01
Alain.fousseret@elus.franche-comte.fr
Le détail du vote est le suivant :
9 POUR : 7 Europe Ecologie Les Verts + 2 PS
4 CONTRE : 2 MRC + 2 PS
Abstention de l'ensemble des autres conseillers
PS et UMP
16/12/2009 - La visite décennale de la centrale nucléaire de Fessenheim est entrée dans sa deuxième phase avec l'examen de la cuve par un robot sophistiqué, a annoncé mercredi le directeur du site, Jean-Philippe Bainier.
"Depuis mardi matin, ce robot de douze tonnes sonde les parois de la cuve du réacteur numéro un", a-t-il indiqué à la presse à mi-parcours d'un check-up décennal déterminant pour la doyenne des centrales en France.
Il a estimé que le planning prévoyant la remise en activité du réacteur, début février sera tenue, avec la fin de cette seconde phase le 24 décembre. Le second réacteur sera soumis quelques mois plus tard au même examen de passage.
Le robot contrôle l'état du revêtement interne en envoyant ses observations à des ordinateurs ayant déjà intégrés les données de la dernière auscultation de la cuve en 1999. Fixé sur la cuve ouverte, profonde de 10 mètres, il passe au crible les deux centimètres d'inox et les 20 centimètres d'acier noir de ses parois. Il est doté d'une technique par ultrasons et utilise la gammagraphie, des rayons traversant le métal pour y détecter d'éventuels défauts [pour voir si les fissures ne sont pas trop importantes...]. Un examen par des caméras vidéo parachève l'opération.
Auparavant, il avait été procédé à "l'épreuve hydraulique" qui teste la résistance et l'étanchéité du circuit primaire. "On l'a soumis à une pression de 207 bars alors qu'en période normale d'exploitation elle n'est que de 155 bars. Edf et Areva ont vérifié l'ensemble des soudures, l'épreuve est réussie, il n'y a pas eu de problèmes identifiés", a affirmé le directeur du site.
La troisième et dernière étape sera de soumettre le "bâtiment réacteur" à une pression 5 fois supérieure à la pression atmosphérique, à l'aide de onze compresseurs géants. Il s'agit de confirmer le bon comportement de la structure en béton haute de 55 mètres, réputée anti-sismique [faux] et résistante à une collision aérienne [faux].
Au terme de ces évaluations, l'Autorité
de sûreté nucléaire fera son rapport au gouvernement.
Il devra décider si la centrale, qui a produit 330 milliards
de KWH en 32 ans, peut poursuivre son activité où
si elle doit être démantelée comme le réclament
régulièrement des anti-nucléaires français,
allemands et suisses.
L'Alsace, 20/10/2009:
Début de la visite décennale du réacteur n° 1 et arrêt prolongé pour maintenance du réacteur n° 2 : la centrale nucléaire de Fessenheim est complètement à l'arrêt depuis samedi.
L'unité de production n° 1 de la centrale nucléaire de Fessenheim a été mise à l'arrêt samedi 17 octobre à 3 h du matin, dans le cadre de sa 3 ème visite décennale, a annoncé hier la direction du site. L'arrêt pour la visite décennale était programmé mais sa date n'avait pas été précisée pour des raisons de « secret commercial ».
L'arrêt du réacteur n° 2 dure depuis près de cinq mois et se prolonge plus longtemps que prévu. La 2 ème unité avait été mise à l'arrêt le 24 mai pour un renouvellement de combustible qui intervient tous les 14 mois et concerne chaque fois un tiers des 157 assemblages composant le coeur d'un réacteur de 900 MW.
Un « check up » complet
Cette opération dure normalement quelque six semaines, mais est généralement accompagnée de différents travaux de maintenance. Il faut croire que ces travaux étaient urgents et ne pouvaient attendre la 3eme visite décennale du réacteur n° 2 programmée pour le 2eme semestre 2010.
Présenté au début du mois ( L'Alsace du 3 octobre), cet arrêt technique imposé par la réglementation française intervient tous les dix ans. Il consiste en un « check-up » complet, ainsi qu'à des améliorations de circuits, systèmes et matériels. Il devrait durer trois à quatre mois. Une soixantaine de modifications sont prévues. 1 500 salariés de 120 entreprises seront mobilisés aux côtés des 650 salariés EDF et 150 prestataires permanents pour effectuer cette opération de grande envergure représentant un investissement de 64 millions d'euros, dont dix millions pour renforcer la résistance sismique de la centrale.
L'état de la cuve et les résultats des tests d'étanchéité de l'enceinte seront déterminants pour l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), l'instance qui se prononcera sur la remise en marche ou pas à l'issue des travaux.
EDF escompte obtenir le feu vert pour l'exploitation de la doyenne des centrales françaises pour dix années supplémentaires. La centrale de Fessenheim avait été mise en service en 1977 pour une durée de vie de 40 ans [non faux!], au moins. Des centrales américaines du même type ont obtenu l'autorisation de poursuivre leur activité jusqu'à 60 ans, souligne EDF.
Lors d'un rassemblement pacifique, le 3 octobre
dernier, à Colmar, les antinucléaires ont réclamé,
une nouvelle fois, la fermeture immédiate de la centrale
de Fessenheim, mettant en exergue les risques sismiques et d'inondation
ainsi que de multiples écarts d'exploitation.
20 minutes, 30/9/2009:
La centrale électrique de Fessenheim, dont les antinucléaires réclament la fermeture, va subir une batterie de tests. L'expertise débutera à la mi-octobre, a indiqué hier le directeur du site, Jean-Philippe Bainier.
Il n'a pas précisé la date exacte de lancement des opérations qui reste « confidentielle ». Supervisé par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), cette troisième visite décennale doit décider de la prolongation ou non, pour dix ans, de l'exploitation de l'installation.
Le site nucléaire compte deux réacteurs à eau préssurisée de 900 mégawatts chacun. Leur mise en service remonte à 1977, ce qui en fait la plus ancienne installation de ce type en France. L'étanchéité du circuit primaire servant à refroidir le réacteur sera testée, tout comme celle de l'enceinte de confinement. La cuve en inox du réacteur sera quant à elle vérifiée par un robot de 12 mètres de haut et pesant 15 tonnes. Les travaux d'expertise mobiliseront 2 300 personnes, dont 1 500 intervenants extérieurs.
L'inspection du réacteur numéro un durera trois mois environ. Le réacteur numéro deux sera quant à lui vérifié à partir du second semestre 2010. EDF annonce par ailleurs un investissement de 64 millions d'euros dont 10 millions pour améliorer la résistance des installations en cas de séisme. Selon Jean-Philippe Bainier, Fessenheim était conçue « dès l'origine pour avoir une durée de vie de 40 ans ».
Des arguments contestés par le réseau
Sortir du nucléaire qui estime dangereuse une éventuelle
poursuite de l'exploitation du site. Une manifestation est organisée
samedi à Colmar pour en réclamer la fermeture. A
l'issue d'un ultime round de négociation avec la préfecture
sur l'itinéraire du défilé, un compromis
a finalement été trouvé hier soir. Selon
les organisateurs, le cortège partira à 14 h de
la place de la Gare et pourra traverser une partie du centre-ville.
L'Alsace, 26/9/2009:
Lors d'une journée de débats en présence d'élus, hier à Colmar, un bilan de la centrale de Fessenheim a été présenté par des experts antinucléaires.
« Il serait extrêmement souhaitable
d'anticiper, de transformer la centrale de Fessenheim en laboratoire
pilote pour développer les savoir-faire en termes de démantèlement
et de traitements des sites nucléaires », a déclaré
le sénateur Jacques Muller, en préambule d'une journée
d'étude consacrée à l'avenir énergétique
en Alsace, hier à Colmar. La plus ancienne centrale de
France encore en activité s'apprêtant à subir
sa troisième visite décennale, l'association Énergie
Trois Frontières (AETF) proposait d'en faire un bilan,
une tâche rendue ardue par « le manque de transparence
» et des informations contradictoires.
Surcapacité nucléaire
La centrale de Fessenheim fonctionne aux deux tiers de sa capacité, a rappelé Antoine Bonduelle, expert scientifique en énergie et environnement. La différence entre l'énergie potentielle et celle réellement produite est supérieure à 12 TWh (terawattheure), soit l'équivalent de « 12 millions de fois 30 Euros jetés aux oiseaux ». « La clé du mystère ? Il y a deux fois trop de réacteurs en France ».
Compte tenu de la surcapacité d'un parc conçu en 1974 et en raison d'une stagnation de la demande, l'électricité est « vendue à vil prix. L'Italie et le Royaume-Uni en ont énormément profité ».
En outre, la marche des centrales est « modulée », la mise en chargement étant décalée pour réaliser des économies, ce qui augmente les risques de pannes (10 % en France). « Le bilan économique est très négatif si l'on tient compte de l'investissement complet ». Enfin, conformément à une directive du paquet « énergie-climat » de décembre, 23 % de la consommation d'énergie devra être renouvelable, ce qui pourrait faire chuter de moitié la demande électrique.
Risques à évaluer
En juillet 2008, EDF a annoncé 10 MEuros de travaux pour « restaurer les marges de protection sismiques » de l'installation de Fessenheim, tandis que pour l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), ces dépenses nécessaires devraient s'élever à 200 M Euros pour chacune des deux tranches, a détaillé Christophe Zander, de l'AETF. L' Association trinationale de protection nucléaire (TRAS-ATPN) a conclu à « une sous- évaluation de l'aléa sismique » .
Située sous le niveau du grand canal d'Alsace dans une zone d'activité sismique, la centrale a été construite pour résister à un tremblement de terre deux fois supérieur à celui de Bâle en 1356, dont la magnitude (6,6 sur l'échelle de Richter) a été réévaluée à la hausse par des spécialistes allemands et suisses. « Un risque de séisme local et plus faible n'est pas pris en compte. EDF renvoie à une nouvelle étude de sûreté en vue de la 4ème visite décennale en 2019 ».
Et d'en conclure à « l'impossibilité de conclure ». Démonstration similaire pour le risque d'inondation en cas de rupture de la digue du canal. « EDF ne raisonne pas en fonction de ce qui est souhaitable, mais de ce qui est économique faisable ». La question de la rentabilité financière étant, par ailleurs, considérée comme un « secret commercial ».
Mesures insuffisantes
« Toute centrale rejette des éléments radioactifs dans l'environnement », a expliqué Jean-Marie Brom, au nom de la Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité). Les limites, posées par un arrêté préfectoral de 1977, n'ont jamais pris en compte l'évolution des connaissances scientifiques, technologiques et statistiques. « La loi française est une des moins contraignantes en la matière. Il est normal que les rejets soient largement inférieurs aux valeurs autorisées ».
Les mesures de radioactivité dans l'air, l'eau et l'environnement « sont insuffisantes car globales », alors que les risques diffèrent selon les éléments, ou trop éloignées dans le temps, a-t-il ajouté, avant de relever des « incohérences dans les échantillonnages ».
Quant à la définition même de déchets radioactifs, elle dépend de la réglementation. « Il est extrêmement difficile d'évaluer l'impact réel de la centrale sur la santé et l'environnement. Il y a un défaut de méthode et de transparence. Si elle s'arrêtait, on pourrait prendre le temps de comprendre ».
Les Dernières nouvelles d'Alsace, 26/9/2009:
A l'initiative d'Énergies Trois Frontières, élus et spécialistes réunis à Colmar ont discuté hier de la centrale de Fessenheim et des alternatives énergétiques possibles en Alsace et en Europe, avec ou sans nucléaire.
Cette journée d'étude s'inscrivait dans la série d'actions coordonnées par le réseau Sortir du Nucléaire, à la veille de la grande manifestation anti-nucléaire du 3 octobre à Colmar, qui coïncide avec l'arrêt de la centrale de Fessenheim pour sa troisième visite décennale.
Objectif : « Interpeller les élus sur les questions posées par le nucléaire, résume Jean-Marie Brom, président d'Énergies Trois Frontières. Les économies d'énergie et les alternatives, avec ou sans nucléaire, relèvent des collectivités, des communes... » Les énergies renouvelables, comme enjeu électoral donc, l'opinion y est désormais sensible. Mais l'argument, relié au nucléaire, ne convainc pas encore. Illustration à la table ronde de la mi-journée qui devait réunir les différents partis, dans la perspective des régionales, et dont étaient absents l'UMP, le Modem, le PS.
Seuls les Verts et le Parti Communiste ont pris le micro. « Les collectivités ont un rôle à jouer pour ce qui est des politiques de consommation », a noté Jacques Fernique, conseiller régional Vert.
«Isolation des bâtiments, entre autres»
« La Région n'a pas de compétence nucléaire mais sur les économies d'énergie oui. On peut faire plus pour l'isolation des bâtiments, entre autres », a ajouté Andrée Buchmann, conseillère régionale Verte, tandis qu'Aline Parmentier, secrétaire du Parti communiste du Haut-Rhin, s'est interrogée : « Fessenheim a été utile et l'est peut-être encore. D'autres centrales plus anciennes ont poursuivi leur activité, pourquoi Fessenheim devrait fermer ? »
Alors que l'Autorité de sûreté nucléaire doit se prononcer sur la poursuite de l'activité à Fessenheim, le Vert Jacques Muller, sénateur-maire de Wattwiller, a fait valoir une nouvelle fois l'opportunité de faire de la centrale alsacienne un site pilote pour le démantèlement des centrales et l'acquisition de savoir faire en la matière.
Les différents exposés ont posé
la question de la fiabilité de la centrale - les experts
s'opposent sur la réalité des risques sismiques
-, de son coût réel, et des véritables besoins
énergétiques de l'Alsace, mais ont aussi évoqué
des alternatives possibles, chaufferie au bois à Kaysersberg,
projet de panneaux solaires photovoltaïques à Griesheim
sur Souffel...
Les Dernières Nouvelles d'Alsace, 28/6/2009:
Le CRAN, collectif rhénan - alternatives au nucléaire, a fait le spectacle hier sur la place Kléber pour appeler le public à signer une pétition contre la poursuite de l'activité de la centrale nucléaire de Fessenheim.
Un sac et un bonbon. Les militants du CRAN ont distribué aux passants le matériel de protection "anti-radiations" à utiliser en cas d'accident nucléaire. Le sac, c'est pour se mettre sur la tête afin de ne surtout rien voir et le bonbon « parce qu'aussi inefficace contre les radiations qu'une pastille d'iode, mais bien meilleur ».
A quelques mois de la 3e visite décennale de la centrale nucléaire de Fessenheim, les anti-nucléaires mettent les bouchées doubles pour mobiliser les Alsaciens contre la poursuite de l'activité pendant dix années supplémentaires. Les badauds se sont d'ailleurs montrés réceptifs au débat, la plupart venant spontanément au stand dressé sur la place Kléber pour poser des questions.
La pétition demandant l'arrêt définitif des deux réacteurs de Fessenheim, la non-construction d'une nouvelle centrale sur le Rhin ainsi que le développement accéléré d'énergies renouvelables et d'économies d'énergie s'est trouvée enrichie de plusieurs pages remplies de signatures. Rendez-vous a été pris à Colmar pour le week-end des 3 et 4 octobre pour une grande manifestation anti-nucléaire. C'est à cette période que devrait démarrer l'inspection décennale de l'ASN, autorité de sûreté nucléaire.
L'Alsace, 22/4/2009:
Hier, des membres du réseau « Sortir du Nucléaire » interpellaient les clients du marché pour demander, le ventre vide, la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim.
Si le prix des asperges est plutôt à la baisse au marché de Mulhouse, les actions des militants antinucléaires semblaient à la hausse. Hier matin, de nombreux consommateurs venus acheter des fruits et des légumes prêtaient une oreille attentive aux explications de Pierre Rosenzweig et Frédéric Thomas. Les deux militants distribuaient des tracts pour demander la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. Pourquoi le marché de Mulhouse ? «On prend le contre-pied de la société de consommation», précise Pierre Rosenzweig qui semble ne pas savoir que les marchands sont souvent des maraîchers locaux.
Une foule divisée.
Depuis samedi, Pierre Rosenzweig, comme son collègue, ne
se nourrit que de tisane et d'eau (notre édition de dimanche),
mais sa santé semble bonne. Frédéric Thomas
paraît plus fatigué, mais les deux gardent l'esprit
vif pour expliquer pourquoi il est urgent de fermer « cette
vieille dame qu'est Fessenheim, et sur laquelle on fait de l'acharnement
thérapeutique ». La foule se divise en deux clans
: ceux qui ne veulent rien savoir et contournent les membres du
collectif « Fermons Fessenheim » et les autres - souvent
jeunes - qui prêtent une oreille attentive aux arguments
du démantèlement de la centrale vieille de 30 ans,
mais qui pourrait continuer de fonctionner encore dix ans. La
décision interviendra en octobre 2009, lors de la troisième
visite décennale, et le réseau « Sortir du
nucléaire » est clairement décidé à
faire monter la pression jusqu'à cette date. « Écoutez
argumente Pierre Rosenzweig , je suis grand-père. Je ne
me vois pas, pour mes petits-enfants, rester sans rien faire en
attendant que Fessenheim soit victime d'une inondation si une digue du grand canal d'Alsace
cède, ou qu'un tremblement
de terre déclenche un accident majeur. » Derrière
les deux militants, les clients continuent de remplir leur cabas
de salades non radioactives. Pour l'instant.
Laurent Gentilhomme
Dernières Nouvelles d'Alsace, 20/4/2009:
La question de la semaine
Centrale nucléaire de Fessenheim : 66 % pour la fermeture
Bien qu'elle n'ait pas le caractère scientifique des sondages et que nombre d'opposants au nucléaire (Réseau sortir du nucléaire, Verts, association Stop Fessenheim etc...) ait répondu en masse, la question du lundi exprime une tendance : il faut arrêter la centrale nucléaire de Fessenheim.
2 915 votants
La question de la semaine dernière :
Malgré l'inspection positive d'une commission internationale,
pensez-vous qu'il faille fermer la centrale nucléaire de
Fessenheim qui fête ses trente ans ?
- oui pour la fermeture : 1 943 voix soit 66 %
- non à la fermeture : 874 voix soit 29 %
- sans opinion : 98 voix soit 3 %
En bout de course ?
Le sénateur Vert Jacques Muller, maire
de Wattwiller, résume bien cette opinion. « Je suis
tout à fait favorable à la fermeture de la plus
vieille centrale nucléaire PWR de France pour plusieurs
raisons :
« 1) La multiplication des incidents, pour l'instant classés
mineurs, montre qu'elle est en bout de course, et que l'objectif
de prolonger son activité relève clairement de l'acharnement
thérapeutique. »
« 2) Un certain nombre de questions de fond restent posées
au plan de la sécurité, notamment : le positionnement
de la centrale sur une zone fragile sur le plan sismique, sa résistance
aux crashs d'avions de ligne, sa capacité à résister
à l'inondation en cas de rupture de la digue du canal [Ndlr:
la centrale est située sous le niveau du grand canal d'Alsace].
»
Le démantèlement pas pris en compte
« Mais je m'interroge
surtout sur les raisons occultes de cette obstination à
ne pas vouloir débrancher cette centrale sous perfusion,
poursuit le sénateur-maire. La principale me semble être...
le coût du démantèlement et du traitement
d'un tel site qui constitue à lui seul un déchet
nucléaire manifestement très délicat à
gérer. En effet, le prix actuel de l'électricité
d'origine nucléaire exclut non seulement le coût
réel de gestion des déchets nucléaires mais
aussi celui du démantèlement/traitement des sites
en fin de vie. Internaliser correctement ces coûts reviendrait
à disqualifier la production d'origine nucléaire,
y compris celle issue des tout nouveaux EPR... La compétitivité
mythique du nucléaire en serait mise à mal, celle
des énergies renouvelables renforcée d'autant. »
« Au final... ll faut se tourner vers l'avenir et mobiliser
les fonds actuellement injectés et gaspillés pour
prolonger de quelques années le fonctionnement d'une centrale
qui a dépassé la limite d'âge, au profit de
la création d'un site pilote de recherche/développement
permettant d'acquérir et de développer les savoir-faire
pour démanteler et traiter les centrales en fin de vie.
C'est une question sociale au niveau de l'emploi (mobiliser les
savoir-faire sur le site) et une question économique (développer
une ingénierie qui sera indispensable pour le traitement!
de nos centrales en France, et exportable ! »
Doutes sur la communication
Ce courriel synthétise l'argumentation
de nombreux de nos correspondants parmi lesquels quelques personnalités
politiques engagées. Plusieurs d'entre eux font encore
allusion à Tchernobyl.
Ils mettent également en doute les rapports des différentes
commissions d'inspection et soupçonnent un manque de transparence
dans la communication. Ils regrettent aussi le poids excessif
des lobbies pro-nucléaires.
La gestion des déchets nucléaires et leur enfouissement
sont aussi constamment évoqués.
On plaide aussi pour l'accélération des programmes
de développement des énergies alternatives comme
l'éolienne, la géothermie, le photovoltaïque.
Au village tout va bien
Parmi les partisans du maintien en activité
- au moins pour les dix prochaines années - plusieurs habitants
de Fessenheim. « S'il fallait la fermer, cela se saurait,
nous explique l'un d'entre eux sous le couvert de l'anonymat,
et tous les "anti" auraient déjà trouvé
des preuves de sa dangerosité". De toute façon,
ce sont les contrôles des instances indépendantes
qui décident et pas EDF. Je vis à Fessenheim depuis
20 ans et tout va bien ! »
S'il y avait des risques, indique-t-on encore, les ingénieurs
et les ouvriers continueraient-ils à travailler sur le
site ? Certains lecteurs ou internautes croient savoir qu'en cas
de démantèlement, il serait procédé,
à Fessenheim, à la construction d'une nouvelle centrale
de type EPR.
Indépendance énergétique
Ceux qui prônent le maintien de la production
nucléaire arguent encore qu'elle assure l'indépendance
énergétique de la France (« On ne veut pas
revenir à l'âge de la bougie » a-t-on lu souvent),
qu'elle permet un coût acceptable du prix du Kwh. La suppression
de la production entraînerait à coup sûr, pour
ces tenants, des risques de panne électrique consécutive
à une ! augmentation prévue de la consommation.
Favorables au maintien de Fessenheim, ces personnes font remarquer
que la centrale alsacienne, malgré ses trente ans, est
plus jeune que de nombreuses consoeurs suisses et allemandes et
qu'aux États-Unis, la durée de vie d'installations
de ce type a été estimée sans risques jusqu'à
60 ans.
[non pas sans risque, lire:
- Des
travailleurs du nucléaire dénoncent des dysfonctionnements relatifs à
la sûreté
- Les
pannes d'électricité en Californie (2000 - 2001) et les défaillances
du nucléaire.
- La fuite à Indian-Point 2 serait due à
de la corrosion sous
contrainte de l'alliage inconel 600]
De même, observe-t-on, que nos voisins d'outre-Rhin ont
stoppé il y a quelques années le développement
du nucléaire pour réactiver les centrales thermiques
à charbon, nettement plus polluantes. On rappelle que,
grâce à la
non-émission de CO2 dans l'atmosphère, aucune
centrale nucléaire ne participe au renforcement de l'effet
de serre.
21/3/2009 - Quelque 120 manifestants, selon les gendarmes, 300 selon les organisateurs, se sont rassemblés samedi près de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) pour dénoncer des inspections "inutiles" de la doyenne des centrales nucléaires françaises et demander son arrêt. Du 23 mars au 8 avril, une délégation de 12 experts et un observateur international, pilotée par l'Agence Internationale de l'Énergie Atomique (AIEA), doit évaluer la sûreté des installations. Mais selon Jean-Marie Brom, du réseau Sortir du nucléaire, "il s'agit d'une visite parfaitement inutile, car elle est conduite par une équipe qui est l'émanation même du lobby nucléaire", a-t-il confié en marge du rassemblement. Une équipe OSART (Operational Safety Assessment Review Team, équipe d'évaluation de la sûreté en exploitation) de l'AIEA avait déjà visité Fessenheim en 1992. Mais, selon Jean-Marie Brom, "les recommandations de l'époque n'ont pas été suivies d'effet". La manifestation, à laquelle ont appelé les organisations antinucléaires, françaises, suisses et allemandes (Stop Fessenheim, Sortir du Nucléaire, les Verts, BUND), marque aussi le point de départ d'une série d'actions en amont de l'arrêt de la centrale à partir d'octobre dans le cadre de la révision décennale. Les manifestants demandent que la centrale ne reprenne pas son activité au terme de cette inspection décennale. L'Autorité de sûreté nucléaire doit se prononcer courant 2010 sur la demande de renouvellement de l'autorisation d'exploitation des deux unités pour dix années supplémentaires.
20/3/2009 - La
centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), doyenne des centrales nucléaires
de France, sera scrutée à partir de lundi par les
experts de l'Agence Internationale de l'Énergie Atomique
(AIEA) alors que les opposants redoublent leurs appels pour obtenir
sa fermeture. Du 23 mars au 8 avril, une délégation
de 12 experts et d'un observateur international pilotée
par l'AIEA évaluera la sûreté des installations
en exploitation au regard des meilleures pratiques internationales
et elle "contribuera à l'amélioration continue,
par la mise en commun de l'expérience d'experts et d'exploitants
nucléaires du monde entier", indique EDF dans un document
communiqué à la presse. L'équipe OSART (Operational
Safety Assessment Review Team, équipe d'évaluation
de la sûreté en exploitation) de l'AIEA évaluera
le fonctionnement de la centrale, ainsi que le professionnalisme
et le niveau de performance, du personnel EDF et des entreprises
partenaires. Les experts s'attacheront à relever les bonnes
pratiques et à proposer des voies d'amélioration
dans les domaines du management et de l'organisation, de la formation,
de la conduite des installations et de l'incendie, de la maintenance,
de la radioprotection et de l'organisation de crise en particulier.
C'est la 2e mission OSART organisée à Fessenheim
(1ère en 1992), la 21e dans une centrale française
et la 152e dans le monde depuis 1982. Alors que les organisations
antinucléaires (Stop Fessenheim, Sortir du Nucléaire,
les Verts, BUND) appellent à un rassemblement samedi devant
la centrale pour protester contre ce contrôle OSART estimé
"inefficace et illusoire", les deux unités de
production de Fessenheim s'apprêtent à subir en octobre
des tests poussés dans le cadre de leur troisième
révision décennale. A l'issue des inspections, l'Autorité
de sûreté nucléaire devra se prononcer courant
2010 sur la demande de renouvellement de l'autorisation d'exploitation
des deux unités pour dix années supplémentaires.
En décembre, des antinucléaires suisses, allemands
et français ont déposé un recours devant
le tribunal administratif de Strasbourg pour demander la mise
à l'arrêt de la centrale.
8/4/2009 - Des
experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique
(AIEA) ont émis 20 recommandations et suggestions pour
améliorer la sûreté de la centrale nucléaire
de Fessenheim (Haut-Rhin), a annoncé mercredi le chef de
la mission, Gabor Vamos.
Sur la vingtaine de points relevés au terme de trois semaines
d'inspection de la plus ancienne centrale française, "environ
25% sont des recommandations", qui correspondent à
des points sur lesquels la centrale se trouve en deçà
des standards internationaux de sûreté, a expliqué
ce responsable hongrois de l'équipe de douze évaluateurs
internationaux de l'AIEA. Les deux recommandations "les plus
importantes", selon M. Vamos, concernent la nécessité
pour la direction de la centrale de hiérarchiser les interventions
planifiées à la suite "d'événements
significatifs de sûreté" et celle d'éliminer
les risques d'accident pour le personnel en isolant mieux les
tuyauteries et matériels chauds ou en évitant les
risques de chutes liés à la présence de câbles
électriques. La nécessité de mettre en place
une hiérarchisation des interventions s'explique par le
fait que, par le passé, la centrale n'a pas toujours respecté
les délais qu'elle s'était elle-même fixée
pour corriger tel ou tel problème survenu dans le cadre
d'un événement significatif de sûreté,
a souligné M. Vamos, sans plus de précisions. Parmi
les suggestions -c'est-à-dire des points qui pourraient
être améliorés même s'ils ne contreviennent
pas aux standards internationaux en vigueur en matière
de sûreté nucléaire-, l'équipe a proposé
que la centrale se dote d'un "processus d'évaluation
périodique" des dispositifs de formation du personnel,
pour garantir qu'il soit "correctement formé".
L'équipe d'évaluation de la sûreté
en exploitation (Osart) de l'AIEA a par ailleurs "félicité
la centrale pour ses pratiques de sûreté" et
rendra un rapport définitif d'ici 3 mois, a précisé
M. Vamos. Cette mission avait été organisée
à l'initiative du gouvernement français. Elle est
sans rapport avec la visite décennale programmée
en octobre prochain sur le réacteur un de la centrale et
mi-2010 sur le second réacteur. A l'issue de ces inspections
très poussées, l'Autorité de sûreté
nucléaire (ASN) devra se prononcer sur la demande de renouvellement
de l'autorisation d'exploitation des deux unités pour dix
années supplémentaires.
6/2/2009 - La centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) subira en 2009 plusieurs contrôles exceptionnels, mais la direction a réitéré vendredi sa confiance de voir renouvelée pour dix années supplémentaires l'autorisation de la plus ancienne centrale de France. La centrale, entrée en service en 1977, fera en octobre l'objet de tests poussés dans le cadre de sa troisième révision décennale, a indiqué le directeur Jean-Philippe Bainier lors d'un point presse.
A l'issue des inspections, l'Autorité de sûreté nucléaire devra se prononcer courant 2010 sur la demande de renouvellement de l'autorisation d'exploitation des deux unités de production pour dix années supplémentaires. "Mais nous sommes très confiants dans l'état de notre installation : nous avons investi 80 millions d'euros dans les deux unités de production pour cette révision décennale", a précisé M. Bainier.
Fessenheim se soumettra par ailleurs fin mars à la deuxième inspection de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA) de ses trente ans d'existence. Dans ce cadre, une équipe d'une douzaine d'experts internationaux évaluera pendant trois semaines l'organisation de la centrale. La dernière inspection d'une équipe OSART (Operational safety assessment review team) de l'AIEA remonte à 1992. Le parc français des réacteurs nucléaires fait l'objet d'une inspection OSART par an.
En 2008, la centrale a produit 10,2 milliards de kWh, soit l'équivalent de 70% des besoins d'une région comme l'Alsace, un résultat qui se situe au-dessus de 2007 (9,5 milliards). Les antinucléaires réclament régulièrement sa fermeture, mettant en exergue les risques sismiques et d'inondation ainsi que la multiplication des incidents de fonctionnement. En 2008, elle a enregistré sept anomalies de niveau 1 sur l'échelle internationale des événements nucléaires.
En décembre, des antinucléaires
suisses, allemands et français ont déposé
un recours devant le tribunal administratif de Strasbourg pour
demander la mise à l'arrêt de la centrale.
L'Alsace, 15/11/2008:
Il est « très improbable » que la centrale de Fessenheim soit mise à l'arrêt suite à l'inspection décennale prévue en 2009, estime le président de l'Autorité de sûreté nucléaire.
Cette inspection complète, la troisième que doit subir la plus ancienne centrale du parc nucléaire français mise en service en 1977, interviendra en automne 2009 pour le réacteur n° 1 et en 2010 pour le réacteur n° 2. Elle peut aboutir à différentes conclusions sur lesquelles André-Claude Lacoste, président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), a déclaré qu'il ne voulait pas « anticiper ». Instance indépendante d'EDF, l'ASN est en quelque sorte le « gendarme » du nucléaire civil.
Trois hypothèses
Une hypothèse est que « Fessenheim continue à fonctionner encore dix ans » et que soit dressée la liste « des questions qui seraient à traiter en priorité si Fessenheim devait continuer à fonctionner 20 ans », a détaillé le président de l'ASN, jeudi à Paris, au cours d'une conférence de presse. Une autre hypothèse est que la centrale, dont des antinucléaires français, allemands et suisses, réclament la fermeture à cause des risques sismiques, d'inondation et d'une série d'incidents, « continue encore à fonctionner quelques années, moins de 10 ans », a-t-il ajouté. « On peut aussi imaginer que Fessenheim ne puisse plus continuer à fonctionner. Ça me paraît très improbable. Ce n'est pas vraiment l'hypothèse que j'imagine », a-t-il encore dit. Les antinucléaires ont annoncé fin octobre qu'ils allaient saisir le Conseil d'Etat après le rejet par le ministère de l'Ecologie d'un recours demandant l'arrêt définitif de Fessenheim. EDF signale de son côté que des centrales nucléaires américaines utilisant la même technologie (à eau pressurisée) ont obtenu des autorisations de poursuite d'exploitation portant leur durée de vie à 50 ans. Après avoir longtemps fixé la durée de vie probable des centrales françaises à 40 ans, EDF semble désormais envisager sérieusement une rallonge de dix ans.
Le réacteur n°1 à l'arrêt depuis trois mois
La centrale de Fessenheim a annoncé
jeudi avoir obtenu de l'Autorité de sûreté
nucléaire l'autorisation de divergence pour le réacteur
n°1 à l'arrêt depuis le 9 août. Cette autorisation
est délivrée sous réserve que l'ensemble
des contrôles et opérations de maintenance soit satisfaisant.
En principe, l'unité de production n°1 devrait à
nouveau être couplée au réseau dans les prochains
jours. Elle avait fait l'objet d'un arrêt programmé
pour le changement d'un tiers de l'uranium qui intervient tous
les 14 mois. Cet arrêt combustible, qui dure en principe
de trois à six semaines, a été prolongé
pour réaliser différents travaux de maintenance.
Le réacteur n° 2 a fait l'objet, de son côté,
de deux arrêts fortuits (du 18 février au 22 avril,
puis du 4 juillet au 3 août) en raison d'un problème
technique.
13/11/2008 - La
centrale nucléaire de Fessenheim (Alsace), la plus vieille
du parc nucléaire français, ne sera probablement
pas mise à l'arrêt à l'issue de la visite
décennale qui aura lieu en 2009, a déclaré
jeudi André-Claude Lacoste, président de l'Autorité
de sûreté nucléaire (ASN). "Il n'y aucune
raison d'imaginer qu'il faut fermer Fessenheim", a déclaré
Lacoste lors d'une conférence de presse sur le démantelement
des installations nucléaires françaises. En 2009,
l'organisme de contrôle des activités nucléaires
civiles réalisera sa troisième révision décennale
afin de déterminer si la centrale peut continuer d'être
exploitée dix années supplémentaires. "Au
terme de cette procédure, nous prendrons parti (...), on
peut imaginer une position où nous dirions que Fessenheim
ne doit plus continuer de fonctionner, mais cela parait très
improbable", a encore dit Lacoste. Les opposants au nucléaire
demandent depuis des années la fermeture des deux réacteurs
de 900 mégawatts de la centrale de Fessenheim mis en service
en 1977.
30/10/2008 - Des antinucléaires suisses, allemands et français ont annoncé jeudi qu'ils avaient saisi le Conseil d'Etat après le rejet par le ministère de l'Ecologie d'un recours demandant l'arrêt définitif de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus ancienne du parc français. L'Association trinationale de protection nucléaire (ATPN) a expliqué dans un communiqué qu'après le rejet de leur recours, "le combat ne s'arrête pas". "ATPN a donc décidé de saisir le Conseil d'Etat" et "s'apprête en outre à saisir la Commission européenne d'une plainte contre la France". Jointe au téléphone par l'AFP, l'avocate et ancienne ministre française de l'Environnement Corinne Lepage, mandatée par l'ATPN, a expliqué qu'elle attendait du Conseil d'Etat "de faire juger le rejet du ministère du recours" de l'association. "J'attends que le droit soit dit", a-t-elle indiqué. "Nous allons saisir la Commission européenne du problème. J'espère qu'elle va demander des explications à la France", a ajouté Mme Lepage. Dans sa lettre de réponse au recours déposé par l'ATPN, le ministère de l'Ecologie estime que les éléments présentés par l'association "ne sont pas de nature à justifier une mise à l'arrêt définitif de la centrale de Fessenheim". L'ATPN regroupe des villes comme Fribourg (Allemagne), Bâle (Suisse), des communes allemandes, suisses et françaises, des associations et des particuliers. Entrée en service en 1977, la centrale est la plus ancienne du parc français. Les antinucléaires réclament régulièrement sa fermeture, mettant en exergue les risques sismiques et d'inondation ainsi que de multiples incidents.
Actu-Environnement.com, 29/10/2008:
Selon l'Association trinationale de protection nucléaire (TRAS-ATPN), le Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de l'Aménagement du Territoire a rejeté le 17 octobre le recours gracieux déposé en juillet dernier par TRAS-ATPN qui demandait la fermeture de la plus ancienne centrale nucléaire de France, celle de Fessenheim en Alsace.
Ce recours a été rejeté sans aucune explication ni proposition de concertation, a souligné l'association. Pour Jürg Stöcklin, Président de TRAS-ATPN : "Nous regrettons que le Gouvernement français ait refusé toute possibilité de concertation et dialogue alors que les arguments qui militent en faveur d'une fermeture rapide de Fessenheim sont nombreux et solides. Rappelons que l'exploitation de la centrale nucléaire de Fessenheim ne tient pas compte des risques sismique et d'inondation du site, ni des multiples incidents qui démontrent l'absence de mise aux normes des systèmes de sécurité", a-t-il ajouté.
TRAS-ATPN, qui a décidé de saisir
le Conseil d'Etat, déclare qu'elle déposera un nouveau
recours gracieux auprès de l'Autorité de Sûreté
nucléaire pour exiger une refonte du référentiel
de sécurité. L'association envisage également
de saisir la Commission européenne d'une plainte contre
la France.
L'Alsace, 24/10/2008:
Après avoir été épinglée deux années de suite, en 2006 et 2007, pour manque de rigueur d'exploitation par l'ASN, l'autorité de sûreté nucléaire, la centrale nucléaire de Fessenheim a fait l'objet d'une inspection de grande ampleur. Durant quatre jours, du 13 au 16 mai, neuf inspecteurs de l'ASN et cinq experts de l'IRSN, l'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, ont mené une inspection de revue dont le bilan a été présenté aujourd'hui à la commission locale de surveillance.
« Le site progresse en matière de rigueur d'exploitation », a indiqué Pascal Lignières, chef de la division Est de l'ASN. « Toutefois il doit veiller à pérenniser les progrès accomplis », a-t-il souligné. Le « gendarme » du nucléaire civil a enregistré 35 événements significatifs à la sûreté à Fessenheim durant les neuf premiers mois de l'année contre 50 en 2007. Six événements sont classés au niveau 1 et 29 écarts d'exploitation ont été classés au niveau 0 de l'échelle [médiatique] INES graduée jusqu'à 7.
« L'impact radiologique est faible », a encore indiqué l'ASN qui a procédé à des prélèvements indépendamment des contrôles de l'environnement réalisés périodiquement par des agents de la centrale. L'association Stop Fessenheim a demandé, dans une lettre ouverte au président du conseil général, de faire effectuer par la CRIIAD une expertise sur les risques de contamination de la population par d'éventuels effluents radioactifs.
Le directeur de la centrale, Jean-Philippe Bainier, a indiqué que le réacteur n° 2 a fait l'objet de deux arrêts inopinés : du 18 février au 22 avril en raison d'une « fatigue vibratoire » des générateurs de vapeur, et du 4 juillet au 3 août pour des interventions sur le circuit d'eau de refroidissement. En arrêt depuis le 9 août pour renouvellement d'un tiers du combustible et des travaux de maintenance, le réacteur n° 1 devrait être remis en route prochainement.
« On maîtrise le vieillissement des installations sur 40 ans », affirme le directeur du site en évoquant la troisième visite décennale en préparation. En automne 2009, l'unité de production n° 1 sera soumise à un réexamen de sûreté complet et des contrôles très poussés de la cuve, du circuit primaire et de l'enceinte. La visite décennale du réacteur n° 2 interviendra en 2010.
C'est à l'issue de cette visite décennale
que l'ASN délivrera, ou non, l' autorisation de poursuivre
l'exploitation pour dix ans au maximum. En attendant, un exercice
grandeur nature sera organisé le 20 novembre pour tester,
comme en mai 2005, le plan particulier d'intervention en cas d'accident
majeur.
19/6/2008 - Un
agent de sécurité de la centrale nucléaire
de Fessenheim (Haut-Rhin) a récemment trouvé, lors
d'une ronde de surveillance, que la porte du local de stockage
des sources radioactives n'était pas fermée à
clé, indique jeudi la direction de la centrale. La porte
a été immédiatement fermée à
double-tour, tandis qu'un contrôle de l'intégrité
des cadenas et un inventaire des sources en présence "n'ont
mis en évidence aucun écart", ajoute la direction
dans sa brochure Sit'infos. Cet "événement
de radioprotection" a été déclaré
au niveau 0, en dessous de l'échelle graduée de
1 à 7 des incidents recensés, ajoute-t-elle. Entrée
en service en 1977, la centrale de Fessenheim est la plus ancienne
du parc nucléaire français. En mai dernier, l'Autorité
de sûreté nucléaire (ASN) avait relevé
des progrès dans la gestion de la centrale, tout en soulignant
que le site devait encore s'améliorer en "rigueur
d'exploitation".
5/2/2008 - Le
directeur du site nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) Jean-Philippe
Bainier a assuré mardi que la centrale résisterait
à un séisme majeur alors qu'une étude suisse
estime que "l'aléa sismique" a été
sous-estimé par l'exploitant EDF. Les cantons de Bâle-Ville
et du Jura ont demandé en décembre que la résistance
de la centrale française soit réévaluée
en s'appuyant sur une étude selon laquelle EDF, la société
d'exploitation, aurait "sous-estimé le potentiel de
force sismique" dans la région. "Cette étude
fait partie d'un débat nécessaire", a estimé
mardi le directeur du site. Mais il a rappelé que la centrale
a été construite pour résister à un
séisme qui aurait deux fois l'intensité du plus
fort séisme survenu alentour, à savoir celui de
Bâle en 1356. Selon M. Bainier, il n'y aurait "pas
de rejet radioactif au-dessus de seuil autorisé" en
cas de séisme. "Il n'y aura rien, sauf un possible
arrêt des réacteurs", a-t-il indiqué,
ajoutant que les calculs de EDF sont conformes à la réglementation
française. Répondant à la presse, il a estimé
qu'il n'y avait pas de nécessité de procéder
à un renforcement du sol ou des bâtiments abritant
les réacteurs pour parer aux effets d'un séisme
majeur. Il a toutefois annoncé que "les cloisons du
bâtiment électrique du site seront renforcés",
soulignant que cette opération avait été
prescrite dès 2003 par l'Autorité de sûreté
nucléaire (ASN). Elle doit intervenir cette année
dans le cadre de la révision décennale qui prend
aussi en compte le risque sismique. Ce risque est - avec l'âge
de l'installation - un des thèmes de campagne des opposants
français suisses et allemands à la centrale mise
en service il y a 30 ans et qui est la plus ancienne centrale
nucléaire du parc français. Alors que les anti-nucléaires
continuent de réclamer sa fermeture, elle fera l'objet
de visites décennales "approfondies" de plusieurs
mois, à partir d'octobre 2009 pour le premier réacteur
à eau pressurisé et au printemps 2010 pour le second.
A l'issue de ces visites, l'ASN donnera son avis sur la poursuite
de l'exploitation pour au moins dix ans [lire à propos de la prolongation à 40 ans de la durée
de vie de des centrales EDF] des deux tranches de 900 Mégawatts.
9/1/2008 - L'association
Stop Fessenheim compte appeler les candidats aux élections
municipales en Alsace à s'engager à prendre des
mesures dans leurs communes pour la promotion d'énergies
alternatives, afin de "se passer de l'électricité
nucléaire", a-t-elle annoncé mercredi. L'association,
qui rassemble quelque 300 adhérents, milite pour la fermeture
rapide de la centrale de Fessenheim, la plus vieille de France,
mise en service en 1977. Elle remettra aux candidats vingt-quatre
questions sur ce qu'ils "comptent faire pour réduire
localement les gaspillages d'énergie, pour l'autonomie
énergétique de leur commune et pour obtenir l'arrêt
de la centrale", ont précisé ses responsables
lors d'un point de presse. La liste comprend des mesures pour
l'isolation thermique des logements sociaux, l'interdiction des
climatisations dans les nouveaux bâtiments, une moindre
consommation de l'éclairage publique, l'installation de
chauffe-eaux solaires, la construction de centrales photovoltaïques,
la remise en route de micro-centrales hydrauliques ou la promotion
de la géothermie. Stop Fessenheim proposera aussi aux candidats
de signer son appel à la fermeture rapide de la centrale,
auquel ont déjà souscrit 152 élus, a indiqué
sa présidente Nicole Roelens.
Photo et commentaire agence de
Presse 1973.
Le Matin (Suisse), 24/12/2007:
La prolongation de l'exploitation des réacteurs nucléaires alsaciens, de la plus vieille centrale atomique de France, sera combattue par les autorités jurassiennes
La centrale nucléaire de Fessenheim - la plus ancienne en activité dans l'Hexagone - donne des signes de vieillesse qui effraient les Jurassiens dont le territoire est situé à 60 km à vol d'oiseau. Ses réacteurs ont été mis en service en 1977. Ils ont reçu une autorisation de fonctionnement de 20 ans et une prolongation de 10 ans. A Bâle, l'on se manifeste aussi alors qu'en France le débat est ouvert sur un nouveau prolongement du bail d'exploitation.
En 2004 déjà, le Gouvernement jurassien avait demandé au conseiller fédéral Moritz Leuenberger d'intervenir auprès de ses collègues français au sujet de la sécurité de cette centrale atomique. Des incidents, heureusement toujours mineurs, continuent de se multiplier. Quarante «petits problèmes» ont été constatés en 2005 et 49 l'an dernier. En novembre 2007, quatre ouvriers ont subi une contamination interne légère. Trois mois plus tôt, un incendie s'était déclaré lors d'essais pratiqués sur un réacteur.
Risques sismique sous-évalués
Le 13 décembre passé, un autre danger a été rendu public. Les risques sismiques avaient été sous-évalués au moment de la construction de la centrale atomique. «Les Etats de Bâle-Ville et du Jura ont pris connaissance d'une expertise qu'ils avaient commandée. Les analystes démontrent que cette centrale atomique ne correspond plus aux normes sismiques actuelles» indique le président du gouvernement jurassien Laurent Schaffter qui se dépêche d'ajouter: «Les résultats ne sont pas rassurants, mais il n'y a pas de quoi s'alarmer». Bâlois et Jurassiens s'associeront pour, en janvier prochain, obtenir des autorités françaises que la résistance de la centrale atomique aux séismes soit réévaluée au vu des risques de tremblement de terre qui touche la région bâloise. Pour mémoire un séisme avait entièrement détruit Bâle en 1356 et les spécialistes estiment qu'un tremblement de terre pourrait survenir dans le fossé rhénan tous les 1000 à 1500 ans, un séisme s'étant déjà produit en l'an 250.
De l'autre côté de la frontière, l'on sent une volonté pour des raisons économiques de prolonger l'exploitation de Fessenheim. «S'il n'obtient pas des assurances précises, l'exécutif du Jura pourrait choisir de se mettre dans le camp de ceux qui luttent pour la fermeture de Fessenheim compte tenu des dangers que cette centrale représente pour notre canton».
Jean-Pierre Molliet
30/8/2007 - Une vingtaine de grands-mères membres de l'association Stop Fessenheim accompagnées de huit petits enfants se sont rassemblées jeudi à Strasbourg pour interpeller l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur les dangers de la centrale, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Le plus bel héritage qu'on puisse donner aux enfants, c'est d'être en bonne santé et de vivre dans un environnement sain", a déclaré la présidente de l'association, Nicole Roelens, à la presse. Les grands-mères et les enfants arboraient des pancartes sur lesquelles était écrit "Stop Fessenheim". Une délégation a été reçue en milieu d'après-midi par le délégué territorial de l'ASN, Alain Liger, à qui l'association entendait poser cinq questions portant entre autres sur la conformité de la centrale à la loi sur l'eau et la question sismique.
A l'issue d'un entretien d'une heure, Mme Roelens s'est dite "satisfaite que les visions aient été confrontées". "M. Liger a surtout souligné le rôle de contrôle de l'ASN sur la centrale", a-t-elle ajouté, regrettant que les questions de l'association soient restées sans réponse. Entrée en service en 1977, la centrale de Fessenheim, qui compte deux réacteurs à eau pressurisée, est la plus ancienne centrale nucléaire du parc français.
Dans son bilan 2006, l'ASN a réclamé
à EDF plus de rigueur dans l'exploitation de Fessenheim.
Alors que les anti-nucléaires continuent de réclamer
sa fermeture, la centrale fera l'objet de deux visites décennales "approfondies"
en 2009 et 2010, à l'issue desquelles l'ASN donnera son
avis sur la poursuite de l'exploitation.
3/3/2007 - La centrale nucléaire de Fessenheim, la doyenne du parc français, va fêter ses 30 ans le 7 mars, tandis que les anti-nucléaires fourbissent leurs armes, notamment devant les tribunaux, pour obtenir rapidement sa fermeture. Si l'anniversaire est discrètement célébré "en interne" dans la centrale, l'association écologiste allemande BUND diffuse ironiquement une carte de voeux illustrée d'une bombe, mèche enflammée, avec la devise "Fessenheim, 30 ans de bombe à retardement" et les actions spectaculaires se multiplient.
Mise en service en 1977 sous le nom de "centrale atomique", cette installation à eau pressurisée de deux tranches de 900 Mégawatts (Mgw) "fonctionne en toute sécurité" et son état est actuellement "globalement satisfaisant", certifient l'exploitant EDF et ses tutelles, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et la DRIRE, représentant régional du ministère de l'Industrie. La tranche 1 doit subir en 2009 sa 3e visite décennale et la tranche 2 un an plus tard, avec des contrôles extrêmement approfondis. "Après ça, on verra" si on poursuit l'exploitation, déclare Alain Liger, directeur de la DRIRE.
Mais les anti-nucléaires français, allemands et suisses ne veulent pas attendre jusque là. "Cette centrale a toujours été et reste dangereuse", affirme Stéphane Lhomme du réseau français "Sortir du Nucléaire". "Fessenheim n'est pas à l'abri d'une attaque terroriste", accusent les associations BUND et CSFR (Comité de sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin) qui ont organisé le 24 février un "petit-déjeuner" à proximité de la centrale pour démontrer qu'"il est possible de s'approcher avec un véhicule, ni vu ni connu, des deux réacteurs et de la piscine de désactivation des combustibles usés" de la centrale.
Des militants anti-nucléaires ont à cette occasion remplacé les panneaux d'entrées et de sorties de 300 communes françaises et allemandes, situées dans un rayon de 30 km de la centrale, par l'inscription "Fessenheim, vous n'êtes pas à l'abri". Stop Fessenheim dénonce également les risques d'inondabilité contre lesquels la centrale serait mal protégée ainsi que l'aggravation présumée de micro-fissures dues au vieillissement des cuves, deux points contestés par EDF. L'association est à l'origine d'une pétition pour la fermeture immédiate de la centrale adressée l'an dernier au président Jacques Chirac par 141 maires et élus alsaciens de toute sensibilité politique, et restée sans réponse à ce jour.
Les antinucléaires ont également obtenu ces dernières semaines que des candidats à la présidentielle, comme Ségolène Royal, Dominique Voynet ou Corine Lepage, se prononcent pour la fermeture de la centrale. Mais la lutte des "anti" Fessenheim, démarrée il y a 30 ans avec des jeûnes et des rassemblements, a pris un nouveau tournant avec la bataille juridique engagée à l'initiative de l'Association trinationale de protection nucléaire (ATPN). Selon Jean-Paul Lacôte, membre du BUND et de l'ATPN, un recours devrait être bientôt déposé devant le tribunal administratif de Strasbourg.
L'ATPN, qui regroupe des villes comme Fribourg
(Allemagne), Bâle (Suisse), des communes allemandes, suisses
et françaises, des associations et des particuliers, est
défendue par Corinne Lepage, avocate, ancienne ministre
de l'Environnement et candidate à la présidentielle.
Parmi les adhérents à l'ATPN figure une seule municipalité
alsacienne, Mollau (Haut-Rhin), 430 habitants, dont le maire,
Francis Schirk, milite pour que cesse la "fuite en avant"
de l'énergie nucléaire en France.
27/2/2007 - L'association
Stop Fessenheim a demandé mardi aux candidats à
l'élection présidentielle de fixer une date de fermeture
définitive de la centrale nucléaire haut-rhinoise,
la plus ancienne du parc nucléaire français. Dans
un courrier adressé aux candidats et à divers responsables
locaux, l'association a émis sept recommandations "pour
réussir la sortie du nucléaire et la mutation énergétique
en Alsace".
La première d'entre elles consiste à "décider
de la date d'arrêt définitif (de la centrale) et
établir un calendrier avec tous les partenaires concernés",
l'association jugeant "inefficace" de se borner à
promettre un arrêt "quand les solutions alternatives
seront réunies". Stop Fessenheim préconise
également de lever les "freins structurels" à
la sortie du nucléaire, comme la "dépendance
financière des collectivités locales vis-à-vis
du nucléaire" ou "l'emprise" du secteur
sur le service public, d'associer "les personnels et les
collectivités" à la transition, et de "créer
un centre de recherche et de formation sur les techniques de démantèlement".
L'association propose enfin de favoriser le développement
des énergies alternatives, notamment en réformant
le secteur public de l'énergie, via un "programme
public de mutation énergétique" et en développant
les innovations dans le domaine des énergies renouvelables
et de l'efficacité énergétique. La centrale
de Fessenheim, qui compte deux réacteurs à eau pressurisée,
est entrée en service en 1977. Fin janvier, la candidate
socialiste à l'Elysée Ségolène Royal
avait écrit à Stop Fessenheim pour se prononcer
en faveur de "l'arrêt définitif des deux réacteurs
de la centrale de Fessenheim".
Dernières nouvelles d'Alsace, 25/2/2007:
Énergie nucléaire / Dans un rayon de 30 km autour de Fessenheim
Les militants de Greenpeace ont profité de la nuit de vendredi à samedi pour poser 1200 panneaux sur les entrées et sorties de communes, dans un rayon de 30 km autour de Fessenheim. Cette action s'inscrivait dans le cadre de la Journée nationale d'information sur l'EPR et le risque nucléaire.
Greenpeace s'oppose au projet de l'European
Pressurized Reactor (EPR) qui devrait être implanté
à Flamanville, dans la Manche. Pour faire connaître
les risques inhérents à ce « réacteur
de 3e génération », les militants alsaciens
se sont mobilisés autour de la centrale nucléaire
de Fessenheim. Ils ont tracé sur la carte un trait au compas
sur un rayon de 30 km et sont allés rebaptiser en catimini
les villes et villages contenus dans ce cercle. Entre 3 h et 6
h du matin, dans la nuit de vendredi à samedi, une cinquantaine
de personnes ont posé 1 200 panneaux à l'entrée
et la sortie de 315 communes. Colmar, Mulhouse, Fribourg, Lörrach...
se sont toutes appelées pour un temps donné : «
Fessenheim, vous n'êtes pas à l'abri » ou dans
la version allemande, « Fessenheim, Sie sind nicht in Sicherheit
».
L'EPR, le plus puissant des réacteurs avec 1600 MW. Durant
la pose des panneaux, les militants ont eu droit à un ciel
étoilé et un temps doux. Arrivés au matin
au centre-ville de Mulhouse pour une matinée d'information
place des Victoires, la pluie s'est mise à tomber. «
On n'a pas de chance, il a fait beau jusqu'à 8 h du matin
», souligne Isabelle Steffan, coordinatrice du groupe local
de Strasbourg. « En se mobilisant autour de Fessenheim,
on veut alerter du risque que fait courir la centrale. Elle a
été construite pour vingt ans, elle en est à
sa trentième année d'activité et elle en
a encore pour dix ans. On dit stop ! ». Les militants ont
distribué des bonbons rappelant les pastilles d'iode qu'il
faut absorber en cas d'accident nucléaire. Il y est inscrit
: « EPR : je refuse d'avaler la nouvelle pilule nucléaire
! ».
Greenpeace s'appuie sur une étude réalisée
par John Large, expert indépendant, sur les questions du
risque nucléaire et qui sort cette semaine. Sa conclusion
: l'EPR, le plus puissant des réacteurs avec 1 600 MW,
serait le réacteur le plus dangereux au monde. Toute la
France serait touchée en cas d'accident nucléaire.
« L'EPR, on n'en a pas besoin actuellement, rappelle Isabelle
Steffan. Souvent on oublie que l'énergie nucléaire
n'est destinée qu'à l'électricité
». Le décret de l'EPR n'est pas encore signé.
Greenpeace appelle les candidats à l'élection présidentielle
à s'engager à renoncer au projet.
24/2/2007 - Greenpeace a collé une affiche dénonçant le danger de la centrale nucléaire de "Fessenheim à l'entrée de la ville de Heiteren, près de Fessenheim, le 24 février 2007 Les opposants français et allemands au nucléaire ont multiplié samedi les manifestations autour des deux réacteurs de Fessenheim (Haut- Rhin), pour dénoncer les risques encourus par la plus vieille centrale de France qui fête cette année ses 30 ans. Alors que les alentours de la centrale étaient quadrillés par les forces de l'ordre, 60 à 70 militants français et allemands, selon les gendarmes, une "petite centaine" selon les organisateurs, se sont retrouvés à la mi-journée sur une digue voisine pour un "petit déjeuner hivernal à l'ombre de la centrale". Leurs pancartes dénonçaient notamment la "bombe à retardement" que représente selon eux Fessenheim, exposée notamment au risque d'une inondation et au risque sismique en raison de la faille sur laquelle est contruite l'installation, mais aussi mal protégée du risque terroriste, selon les opposants à la centrale. Dans la matinée, des militants de l'organisation écologiste Greenpeace ont débaptisé symboliquement plus de 300 communes françaises et allemandes dans un rayon de 30 km autour de la centrale. En lieu et place des 1.200 panneaux d'entrées et de sorties de Colmar, Mulhouse, Fribourg en Brisgau et 315 autres communes situées dans un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale, on pouvait lire au petit matin de part et d'autre du Rhin "Fessenheim vous n'êtes pas à l'abri". Il s'agissait de pointer du doigt l'exposition de ces communes au risque nucléaire en raison de la proximité de la centrale, mais aussi de dénoncer le projet de réacteur européen à eau sous pression (EPR) à Flamanville dans la Manche, a expliqué Isabelle Steffan, coordinatrice de Greenpeace à Strasbourg. Ces dernières années, "les incidents se multiplient, quelle que soit leur gravité, et on nous promet certains travaux qui lorsqu'ils sont réalisés, s'avèrent insuffisants", a déploré Claude Ledergerber, du Comité pour la sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin (CSFR), l'une des six organisations à l'origine du petit-déjeuner. Celles-ci avaient écrit il y a quelques semaines à la préfecture pour lui demander de restreindre les facilités d'accès à une digue située sur le flanc est de la centrale, estimant qu'il y avait là "une faille évidente en ce qui concerne la défense contre les risques d'attentats". Dans une première réponse aux associations, le préfet du Haut-Rhin Michel Guillot a assuré cette semaine que la question serait abordée dans le cadre d'un plan de circulation actuellement en cours d'élaboration, soulignant que l'accès du public à la digue ne pouvait "perdurer pour des raisons de sécurité et de protection de l'environnement".
Libération, 31 mars 2006:
Une centaine d'élus alsaciens ont réclamé sa fermeture dès 2007.
Il n'y a pas tout l'éventail politique, mais presque. Des Verts à l'UDF, 110 élus alsaciens ont rendu public, hier à Strasbourg, un «appel solennel au gouvernement et au président de la République pour l'arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim en 2007». Parmi les signataires, pas d'élus UMP «mais, certains en sont proches», note Nicole Roelens, initiatrice de l'appel et porte-parole du collectif Stop Fessenheim, qui milite pour la fermeture de la plus vieille centrale de France, mise en service en 1977.
Le texte reprend l'argumentaire des anti-Fessenheim, qu'EDF réfute point par point (Libération du 30 janvier). La centrale serait «en bout de course», «déficitaire» et nécessiterait des «réinvestissements constants» pour ne produire au final que 3 % de l'électricité nucléaire française. Elle menacerait «la sécurité des populations» à cause de «dangereuses faiblesses» dans le circuit de refroidissement, de «fissures évolutives» sur les cuves des réacteurs et du risque sismique en Alsace.
Les élus signataires, «conscients qu'un accident aux conséquences irréversibles et gravissimes peut intervenir à tout moment», affirment donc que «la prolongation de cette centrale au-delà de 2007 est inacceptable». Fessenheim approchera alors de sa troisième visite décennale, prévue pour 2009-2010. EDF espère obtenir la prolongation de l'activité jusqu'en 2019. «Ce n'est pas un appel antinucléaire», souligne le conseiller régional Vert Jacques Fernique, mais le rassemblement «de ceux qui refusent la politique de l'autruche.»
Thomas Calinon
France3 Alsace, 31/3/06:
Mobilisation pour la fermeture de Fessenheim
STRASBOURG Jeudi 30 mars 2006 - Cent dix élus alsaciens ont lancé un
appel au président Jacques Chirac et au gouvernement pour
obtenir l'arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim
(Haut-Rhin) dès 2007, soit 30 ans après son entrée
en service.
Le maintien en activité de la centrale la plus vieille
de France serait "une
aberration économique", en raison de coûts
de maintenance de plus en plus élevés, et une menace
pour "la sécurité des populations, a expliqué
Nicole Roelens, présidente du collectif "Stop Fessenheim",
lors d'une conférence de presse à Strasbourg.
"Ce n'est pas un appel antinucléaire, ce n'est pas
une profession de foi écologiste, c'est le dénominateur
commun qui permet à des élus d'agir ensemble pour
faire bouger les inerties", a souligné Jacques Fernique,
conseiller régional des Verts.
A côté d'une majorité de conseillers municipaux,
on recense parmi les signataires dix maires, onze conseillers
régionaux, huit conseillers généraux, ainsi
que le député socialiste du Bas-Rhin Armand Jung
et la députée européenne (Verts) de Lorraine
Marie-Anne Isler-Béguin.
Des élus Verts, socialistes et UDF se retrouvent côte
à côte sur l'appel. En revanche, aucun membre déclaré
de l'UMP ne s'y est associé, alors que le parti de la majorité
présidentielle détient en Alsace les exécutifs
du conseil régional et des deux conseils généraux.
Les 110 signataires, qui ambitionnent de rallier d'autres soutiens,
restent très minoritaires au regard des seuls quelque 4.300
grands électeurs alsaciens.
Mise en service en 1977, la centrale nucléaire de Fessenheim,
qui est dotée de deux réacteurs de 900 MW, a été
déclarée apte à fonctionner dix années
supplémentaires à l'issue de sa seconde révision
décennale en 2000.
Sa durée de vie pourrait être portée à
40 ans, selon EDF, en fonction des conclusions de la prochaine
révision décennale.
Libération, 30/1/2006 :
Le directeur de la centrale, attaquée sur sa vétusté, riposte lors d'une visite guidée.
Plan Vigipirate oblige, l'accès au parc nucléaire français est interdit à toute personne étrangère au service depuis l'automne 2001. Un centre nucléaire de production d'électricité (CNPE), ça ne se visite plus. Sauf quand EDF invite. Souvent mise en cause pour son manque de transparence par les militants antinucléaires, normalement peu loquace quand il s'agit de répondre à leurs offensives, l'entreprise a décidé d'ouvrir à Libération les portes de la centrale de Fessenheim pour une visite axée sur la sécurité. Fessenheim, c'est deux réacteurs de 900 mégawatts en service depuis 1977. Doyenne du parc nucléaire français, elle est l'épouvantail des «anti», qui la jugent «trop vieille, trop dangereuse». La fermeture immédiate est réclamée, une action en justice envisagée (Libération du 13 octobre 2005). Mais EDF entend prolonger l'activité de Fessenheim jusqu'en 2019 au moins. Et le directeur du CNPE, Joseph Sanchez, défend la cause pied à pied.
Aléa sismique
La terre a tremblé en Alsace en février 2003 (5,4 sur l'échelle de Richter). Selon les cartes d'aléa sismique, le sud du Haut-Rhin se colore en rouge, signe d'un risque «moyen», le niveau le plus élevé en France métropolitaine. En 1356, un séisme (magnitude estimée entre 6,2 et 6,5) a détruit la ville suisse de Bâle, située à 50 km. Cette activité tectonique inquiète. «Il faut savoir raison garder, balaie Joseph Sanchez. Au Japon, ça tremble plus fort et plus souvent, et on y trouve pourtant des centrales parfaitement sûres. On a reconstitué le séisme de Bâle. La centrale peut résister à un séisme deux fois plus intense, soit à une magnitude de 6,7.» En 2003, le réseau Sortir du nucléaire a révélé qu'EDF entendait mener «des actions de lobbying» pour éviter de se plier à une coûteuse mise aux normes antisismiques. Agacé, Joseph Sanchez rétorque que «tout cela est parti d'un document non conclusif d'EDF». La centrale sera toutefois renforcée pour la visite décennale de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Impact sur la digue
Fessenheim a été érigée en contrebas et à quelques dizaines de mètres à peine de la digue du grand canal d'Alsace. Que se passerait-il en cas de rupture de l'ouvrage ? Joseph Sanchez campe sur sa position : «Ce qui peut endommager le plus la digue, c'est un séisme. A 6,7 sur l'échelle de Richter, les études validées par l'ASN prouvent que la digue tient. Dans la mesure où elle ne s'effondre pas, il n'y a pas lieu d'aller plus loin.» En clair, inutile d'étudier un scénario d'impact sur les installations, la digue ne cédera pas. En revanche, l'hypothèse d'une «perte d'étanchéité» a été envisagée. Des talus de déviation ont été élevés, des canaux de détournement creusés. Joseph Sanchez l'assure : «Avec 40 cm d'eau sur le site, on n'a pas de problèmes de sûreté.»
Attaque terroriste
«Donnez-moi un quart d'heure et je vous transforme Fessenheim en Tchernobyl», affirme un militant antinucléaire. Depuis le 11 septembre, l'hypothèse d'une attaque avec un avion de ligne a été envisagée. EDF en conclut qu'«il se passerait quelque chose, très clairement». «Nous serions en situation de crise, il faudrait gérer un incendie. Mais toutes les études ont montré que les fonctions vitales ne seraient pas atteintes. On serait capables de garantir l'essentiel, à savoir le refroidissement du réacteur pour le ramener à un état sûr.» Soit.
Bouches d'incendie
Il y a des disparitions inquiétantes à Fessenheim. Ainsi, un document de l'ASN datant de l'été 2005 montre que «sur les 14 bouches d'incendie référencées, seules 4 ont pu être retrouvées sur le terrain et contrôlées». La faute à «un plan pas correctement mis à jour», selon EDF, qui précise que, depuis, «elles ont toutes été repérées». Pas de quoi s'inquiéter, à écouter Joseph Sanchez, puisque «ces bouches sont un outil complémentaire, l'ultime barrière des pompiers. Le réseau principal, lui, fonctionnait correctement».
Six agents ont été légèrement contaminés en 2005 parce qu'ils ne portaient pas les protections prévues, 14 en 2004. Cette année-là, des billes radioactives s'étaient retrouvées là où elles ne devaient pas être, à cause d'une erreur de manipulation d'une vanne. Dans plusieurs de ses comptes rendus d'incidents, l'ASN pointe des «lacunes dans la culture de sûreté». Lors de notre visite, une cabine de contrôle de la radioactivité corporelle s'est soudain mise en position HS. «Ça arrive», a commenté un agent. La routine s'installant, le niveau de sécurité serait-il en train de baisser ? «La routine est un des facteurs qui peuvent amener à se tromper, admet Joseph Sanchez. Le facteur humain ne permet pas d'exclure entièrement une contamination accidentelle. Mais la culture de sûreté, c'est bien faire et se poser la question de savoir si l'on fait bien. C'est parce que nous avons ces exigences que nous déclarons des événements sans conséquence sur la santé ou l'environnement. Ailleurs dans l'industrie, tout cela serait banal.»
Thomas Calinon
Libération, 13 octobre 2005:
Le principe de précaution s'applique-t-il à EDF et à l'énergie nucléaire ? Et, si oui, faut-il arrêter les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) dont les antinucléaires dénoncent «la dangerosité et la vétusté» ? Ces questions, deux associations entendent les poser à la justice, devant laquelle elles ont décidé de réclamer la fermeture et le démantèlement de la centrale, doyenne du parc nucléaire français. «C'est un combat stratégique et symbolique pour toute la lutte antinucléaire», affirment-elles. La démarche est inédite, elle pourrait en susciter d'autres.
Mise en service en 1977, cette centrale de 1800 mégawatts (3 % de la puissance totale du parc nucléaire français) avait une durée de vie initiale estimée à vingt ans. Le délai a été repoussé une première fois à 2007 et EDF souhaite prolonger l'activité des deux réacteurs à «quarante ans ou plus». C'est pour éviter cette nouvelle prolongation que se sont constitués l'Association trinationale de protection nucléaire de la population autour de Fessenheim (ATPN), née d'une initiative suisse, et le collectif Stop Fessenheim (1).
«L'idée, c'est de repositionner le combat antinucléaire en tant que véritable mouvement citoyen, explique Nicole Roelens, de Stop Fessenheim. Des manifestations, il y en a eu beaucoup depuis trente ans et la centrale est toujours là. Désormais, il s'agit de résister efficacement.» «Nous voulons nous lancer dans une lutte de longue haleine sur le terrain juridique», confirme Jürg Stöcklin, président de l'ATPN et élu vert du canton suisse de Bâle-Ville.
Pour financer ce combat, les associations comptent sur le soutien des populations et des villes et collectivités locales françaises, suisses et allemandes de la région. Pour le mener, les deux associations se sont tournées vers l'avocate et ex-ministre de l'Environnement Corinne Lepage (Cap 21), qui s'était opposée en 1997 au redémarrage de Superphénix. Sur le terrain juridique, l'avocate annonce une première étape sans doute d'ici à la fin de l'année. «Il faut poser la question des conditions de fonctionnement de la centrale au regard des normes de sécurité actuelles plutôt que celle de sa fermeture», généralise la juriste, soucieuse de ne pas dévoiler son plan de bataille.
Pourtant, l'argumentaire antinucléaire est déjà bien connu : Fessenheim serait trop vieille, non rentable et vulnérable, car située dans une zone d'activité sismique et édifiée en contrebas de la digue du grand canal d'Alsace. Plusieurs incidents s'y sont produits ces dernières années, dont l'un, en janvier 2004, a entraîné la contamination de douze agents. «EDF s'est engagé dans une fuite en avant parce que le démantèlement de la centrale lui coûterait extrêmement cher, estime Nicole Roelens. Mais continuer à nier sa dangerosité est le meilleur moyen de produire la catastrophe.» Interrogé, EDF n'a pas souhaité commenter la procédure juridique annoncée.
(1) stopfessenheim@yahoo.fr
Thomas CALINON
Lire: Conclusions du GSIEN sur la visite décennale du réacteur 1 de Fessenheim
17/6/2005 - Une
association à vocation trinationale lancée par des
militants antinucléaire suisses, allemands et français
a vu le jour vendredi à Bâle pour exiger la fermeture
de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin).
"L'association de protection nucléaire de la population
des alentours de la centrale nucléaire de Fessenheim"
vise à rassembler tous les acteurs -citoyens, partis, associations,
collectivités- qui, dans les trois pays, oeuvrent pour
la fermeture de la centrale de Fessenheim située à
34 km de la ville suisse de Bâle et à une vingtaine
de kilomètres de Freiburg en Allemagne.
L'arrêt de l'installation, mise en service en 1977, fait
depuis plusieurs années l'objet de mobilisations des militants
antinucléaires allemands, français et suisses qui
dénoncent sa dangerosité.
"La création de cette association trinationale est
un signe fort de la volonté de la population de ne plus
supporter sans rien faire les risques du nucléaire, particulièrement
ceux de Fessenheim, dans la région du Rhin supérieur",
a déclaré Juerg Stoecklin, élu vert du parlement
de Bâle-ville, désigné vendredi président
de l'association.