8/2/2012 - Le nucléaire, c'est une bonne affaire sauf pour celui qui descend la poubelle. Actuellement, près d'un petit village de la Meuse, un gigantesque chantier attend d'abriter sous-terre plus de 70.000 mètres cubes de déchets nucléaires. Le projet effraie - à raison - les habitants. Deux organisations ont été créées pour arroser d'argent leurs élus et leur collectivité.
8/2/2012 - Les déchets nucléaires ne sont pas le seul problème à résoudre. Il s'agit également de prévenir les futures générations.
La recherche d'un site définitif en Suisse pour abriter les déchets nucléaires n'est pas le seul problème à résoudre. Reste à trouver une signalisation durable pour mettre en garde les générations futures. La réflexion, peu avancée, explore des domaines variés, jusqu'à créer une nouvelle mythologie.
Comment s'imaginer la vie des peuples dans plusieurs milliers d'années? Quelles langues et écritures auront-ils? Ces questions qui paraissent très hypothétiques pour l'ère actuelle prennent toute leur importance dès lors qu'il faut penser en termes de centaines de milliers voire millions d'années, le temps de dangerosité des radiations d'uranium.
La Suisse va stocker des déchets hautement radioactifs qui devront être sécurisés pour au moins un million d'années. Dans cette perspective, il s'agit de trouver une méthode pour informer et protéger les populations pour les 10'000 ans à venir. A titre de comparaison, les pyramides des Egyptiens sont vieilles d'à peine 5000 ans mais leurs hiéroglyphes n'ont été déchiffrés qu'au 19e siècle.
La question de la signalisation des sites de déchets nucléaires agite donc la communauté scientifique dans le monde entier depuis plusieurs années. Parmi eux le géologue et sociologue Marcos Buser, spécialiste de la gestion durable des déchets à Zurich, qui a publié en 2010 une étude sur ce thème.
L'argile
Le chercheur privilégie quant à lui un marquage en surface, composé de milliers voire millions de mottes d'argile qui formeraient des dessins par exemple de têtes de mort ou de rayons dangereux. «Le matériel ne doit pas être précieux afin qu'il ne soit pas volé», explique M. Buser dans un entretien à l'ats.
Pour cet expert, l'utilisation de monuments de pierre ou d'inscriptions ne constitue pas une bonne solution: ce type de signal peut être détruit, s'effriter ou être déplacé.
Il juge en revanche nécessaire d'intégrer dans cette stratégie les villages situés dans la zones d'un site de déchets. «Il est nécessaire de créer une culture du souvenir» de manière à transmettre de génération en génération la connaissance sur le danger potentiel.
L'auteur estime aussi intéressant le recours à des récits mythologiques. Le message essentiel pourrait être transmis par le biais d'histoires qui seraient racontées par delà les temps. «Tous les grands mythes des peuples comme l'histoire de la création ont eu un impact important dans l'histoire», rappelle-t-il.
Les chats
La discussion a aussi donné lieu à des solutions surréalistes. En 1990, la scientifique française Françoise Bastide a proposé d'élever des chats radio-sensibles: les animaux, marqués génétiquement, se seraient colorés au contact des rayons.
La signalétique visant à protéger la population n'est pas le seul problème à envisager. Il faut aussi s'assurer que les sites de stockage soient protégés des desseins néfastes des humains. «Il est parfaitement plausible d'imaginer des personnes qui veuillent piller un site pour voler le plutonium en vue d'une bombe», selon Marcos Buser. Les temps de paix ne sont pas la norme dans l'histoire.
Paradoxalement, cette réflexion ne suscite pas de grand débat. Selon l'Office fédéral de l'énergie (OFEN), la discussion doit être menée au niveau international. La Suisse participe à un projet de l'OCDE sur la problématique du marquage.
Les débuts
L'un des problèmes majeurs est qu'il n'existe pas encore d'exemple à disposition. Il n'y a dans le monde encore aucun site de stockage définitif pour les déchets hautement radioactifs issus des centrales nucléaires.
On ne connaît que le «Waste Isolation Pilot Plant», le centre de stockage de déchets radioactifs militaires installé dans le Nouveau Mexique, qui est exploité depuis 1999. Ce site doit être signalé entre autres par des monolithes de granit d'une hauteur de 8 mètres.
La Suisse va encore attendre longtemps avant
de se décider pour un concept de signalisation. Selon l'OFEN,
ce n'est qu'aux alentours de 2040 que l'on devrait disposer d'une
décision dans le cadre d'une autorisation de construire
un site définitif. Le marquage sera du ressort de la Nagra.
L'Union Presse, 30/5/2010:
Laboratoire et archives d'EDF à Bure,
archives d'Areva à Houdelaincourt (non loin de là),
construction par EDF d'un centre de stockage de pièces
de rechange pour centrales nucléaires à Velaines
(près de Bar-le-Duc)Les collectifs antinucléaires
ont du grain à moudre. Si l'on y ajoute la centrale de
Nogent et les stockages de Soulaines et Morvilliers (Aube), entre
Meuse, Aube et Haute-Marne, la coupe atomique est même pleine
à ras bord. « On condamne toute une région
à devenir la poubelle nucléaire de la France sans
se poser les vraies questions. A quand un grand débat public
sur la gestion des déchets ? » réclame Nadine
Schneider, porte-parole du « collectif contre l'enfouissement
» de la Meuse.
Le CDR 55 s'inquiète notamment de l'aménagement,
près du futur stockage, de ces zones d'installation de
surface (ZIS), destinées à faire patienter les déchets
avant leur enfouissement. « Des dizaines d'hectares seront
mobilisées. Pourquoi l'Andra en parle si peu ? »
s'interroge le collectif qu'indispose aussi la demande du président
UMP du conseil général de la Meuse, Christian Namy,
d'ajouter 20 M¤ supplémentaires (aux 30 M¤
déjà perçus) au fond d'accompagnement annuel
accordé à la Meuse. « Du maquignonnage »,
estime Mme Schneider qui trouve « paradoxal de réclamer
plus d'argent alors que le Département se vante des retombées
économiques du laboratoire ». Selon elle, le nombre
d'emplois créés par Bure serait « marginal
». « Les techniciens ne font que passer ou s'ils sont
recrutés et formés localement, ils s'en vont, leur
mission accomplie ».
L'affranchi de Chaumont, 24/4/2009:
Président depuis moins d'un an du Comité local d'information et de suivi (CLIS) du laboratoire de Bure, le député du Nord Christain Bataille a rendu sa démission. Père de la loi du 30 décembre 1991 sur la gestion des déchets radioactifs et farouche partisan du nucléaire, c'est un peu à lui que l'on doit le labo et le projet de poubelle nucléaire qui va avec.
C'est pourquoi les opposants à l'enfouissement avaient considéré comme une véritable provocation la décision des présidents des conseils généraux de la Meuse et de la Haute-Marne de le nommer président du CLIS.
Il faut dire que Bataille l'avait aussi un peu cherché en épinglant dans un rapport parlementaire, en 2005, la gestion de ce CLIS, alors présidé par le préfet de la Meuse. "Pendant une période trop longue, le CLIS a été transformé en instance d'expression unique des opposants au laboratoire, au lieu de jouer son rôle d'information et de débat", avait-il reproché.
Résultat : les opposants ont refusé de participer au CLIS tant que Bataille en serait le président. Et pour se protéger des autres enquiquineurs, Bataille a décidé que toutes les réunions du CLIS, y compris les assemblées générales, se dérouleraient désormais à huis clos, à l'écart du public et de la presse. Les présidents de conseils généraux appelés à désigner un nouveau président
Mais le 9 avril, comme L'affranchi s'en est fait l'écho, les membres de l'assemblée générale ont violemment critiqué -en son absence- la gestion de Christian Bataille. Et ça n'a pas fait un pli : dès le lendemain, l'intéressé envoyait une lettre de démission aux deux présidents de conseils généraux qui l'ont nommé : Bruno Sido et Christian Namy. Lesquels, selon nos informations, n'ont pas encore répondu. Mais vu le climat de défiance qui règne désormais au CLIS, on voit mal comment ils pourraient refuser sa démission.
Il va donc falloir désormais qu'ils choisissent un nouveau président parmi les membres actuels du CLIS. Car la loi du 28 juin 2006 précise bien que le président de cette instance doit être désigné conjointement par les présidents des conseils généraux et non, comme cela se fait dans toutes les autres associations, par le conseil d'administration. Une curiosité juridique récemment dénoncée lors de l'assemblée générale du CEDRA, qui suit toujours ce dossier de très près.
L'affranchi, 10/4/2009:
Christian Bataille a réussi à faire l'unanimité autour de lui. Au mécontement des opposants à l'enfouissement des déchets radioactifs, qui ont vu la nomination de ce "nucléocrate" à la présidence du CLIS de Bure comme une provocation, s'ajoute désormais la fronde de tous ceux -et ils sont nombreux- qui reprochent au député du Nord une mauvaise gouvernance de ce qui est censé être une instance d'information et de suivi du laboratoire souterrain.
Jeudi dernier, en l'absence de l'intéressé, et faute de quorum, la réunion a tourné au réquisitoire anti-Bataille. "Pour savoir ce qui se passe à Bure, il vaut mieux être abonné à la presse meusienne que d'être membre du CLIS", a résumé un participant.
D'aucuns n'hésitent plus à poser ouvertement la question de la succession de Christian Bataille. Responsables de sa nomination, les présidents des conseils généraux de la Meuse et de la Haute-Marne devraient recevoir prochainement un courrier de protestation.
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Les associations AEMHM - CDR55 - CEDRA 52 - MNE
Mardi 3 mars 2009
à M. Le Préfet de la Meuse
au CA du CLIS de BURE
Préfecture de la Meuse
Rue du Bourg
55000 BAR LE DUC
M. le Préfet de la Meuse
M. Mmes les membres du Conseil d'administration du CLIS de BurePar notre courrier en date du 28 novembre 2008, nous confirmions notre candidature pour les deux places disponibles au collège associations du CA du CLIS de BURE.
Première place : AEMHM titulaire - CEDRA suppléant
Seconde place : CDR55 titulaire - MNE suppléantNous vous demandions de proposer ces candidatures à la prochaine séance plénière qui se tiendra le vendredi 6 mars prochain. Nous vous demandons de bien vouloir lire ce courrier à cette assemblée, si aucun représentant de nos associations ne peut le faire.
Nos associations ont communiqué courant 2008, par courrier à l'adresse de M. le Préfet, ainsi que par voie de presse, leur profond désaccord quant à l'attribution du poste de présidence à M. Bataille.
Etant l'un des principaux artisans des lois et des chantiers d'enfouissement des déchets nucléaires en France, la présence de M. Bataille à sa tête est révélatrice de la mainmise des pouvoirs publics et de l'ANDRA sur le CLIS, dans le seul but d'empêcher l'information indépendante que nous défendons. Nul n'est donc aussi mal placé que lui pour gérer et représenter le CLIS, censé avoir une mission "d'information et de suivi". M. Bataille était encore récemment administrateur de l'Andra.
Nous vous rappelons la conclusion du communiqué de presse consécutif à la nomination de M. Bataille, co-signé par les 4 associations :
(...) Pour toutes ces raisons :
- nous restons membres du CLIS;
- nous refusons de siéger tant que Monsieur BATAILLE en sera le Président;
- nous manifesterons à chaque plénière pour rappeler notre position.Pour conclure, dans l'attente de la démission de la fonction de président au CLIS de M. Bataille, nous continuerons de dénoncer l'illégitimité de cette instance et appelons ses membres actuels à nous rejoindre.
Dans ces conditions, nous ne siégerons pas au CA sans un changement de présidence.
Dans l'attente, nous vous prions d'agréer, M. le Préfet, M. Mmes les membres du Conseil d'administration du CLIS, l'expression de nos salutations distinguées.
Est Républicain, 3/4/2009:
Conseil général Meuse : "Nous devons assumer
Bure !" [... La Meuse ne se vend tout de même pas pour
si peu.]
L'Est Républicain, 31/3/2009:
Alors que l'Agence pour l'énergie nucléaire s'apprête à organiser un forum intitulé « Stockage et territoire, du 7 au 9 avril, à Bar-le-Duc, la directrice générale de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), Marie-Claude Dupuis assure que l'enfouissement des déchets radioactifs ne se fera « pas à Bure, mais pas très loin "...
BURE.- Alors que l'Agence pour l'énergie nucléaire s'apprête à organiser un forum intitulé « Stockage et territoire : envisager le futur ensemble », du 7 au 9 avril, à Bar-le-Duc, la directrice générale de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), Marie-Claude Dupuis, était hier au laboratoire de recherches de Bure, dans la Meuse, pour rappeler l'importance qu'elle attache au dialogue avec les populations locales.
- Pourquoi réunir 90 personnes représentants
15 pays nucléarisés à Bar-le-Duc ?
- Cette réunion est organisée avec le Comité
sur les déchets radioactifs de l'Agence de l'énergie
nucléaire qui réunit vingt-huit pays et dont un
groupe réfléchit à la manière d'établir
la confiance, de construire l'échange avec les parties
prenantes locales. On s'intéressera à la problématique
que vit l'Andra dans la Meuse et que l'on retrouve ailleurs dans
le monde. Pour pouvoir stocker des déchets radioactifs
quelque part, il y a deux conditions. La première, c'est
une bonne géologie ; la deuxième, c'est une bonne
acceptation locale. Il ne s'agit pas de piéger les habitants.
Je n'ai pas envie d'exploiter un centre de stockage avec des CRS
autour !
- Vous avez annoncé votre volonté
d'associer les habitants à l'élaboration du rapport
que vous remettrez au gouvernement en octobre ?
- Nous devons proposer, dans la zone de 250 km2 que nous avons
étudiée, une zone restreinte de 30 km2 dans laquelle
nous allons poursuivre nos investigations scientifiques pour faire
une proposition d'implantation d'un site de stockage de déchets
hautement radioactifs à vie longue. Un débat public
devrait avoir lieu fin 2012 ; ensuite, le gouvernement choisira
le site. J'ai entendu des gens dire qu'ils étaient pieds
et poings liés et que ce serait Bure... Une chose est sûre c'est que ce ne sera pas Bure
; une autre chose est sûre, c'est que ce ne sera pas
très loin de Bure !
- Où alors ?
- Avant de proposer un site précis, on voudrait impliquer
les acteurs locaux dans le processus. Pour cela, nous avons choisi
de dissocier la réflexion sur les installations souterraines
de celle qui porte sur les installations de surface. Pour le fond,
c'est la géologie qui doit primer parce que la première
chose à assurer est la sécurité. Pour ce
qui est de la surface, des questions d'aménagement du territoire
se posent quand on accueille 700 à 1.000 emplois, qu'il
faut loger des familles, qu'on a besoin de routes, de voies ferrées,
qu'il faut prévoir des écoles... Cela permet d'ouvrir
le dialogue. Nous prévoyons donc d'accéder aux installations
souterraines par des descenderies qui pourraient faire jusqu'à
cinq kilomètres ; cela élargit la zone susceptible
d'accueillir les équipements en surface à 600 km2
et permet un accès côté meusien ou côté
haut-marnais.
- Comme pour le centre de stockage de déchets
faiblement radioactifs à vie longue (FA-VL), vous demandez
donc aux communes de la zone de se porter candidates ?
- On n'en est pas encore à des expressions d'intérêt
aussi explicites, mais le dialogue s'instaure quand on parle d'aménagement
du territoire.
- Quand le gouvernement communiquera-t-il la
liste réduite des communes susceptibles d'accueillir le
centre de stockage des FA-VL ?
- Depuis janvier, le ministère mène des consultations
auprès des grands élus sur la base de nos propositions.
Toujours avec le souci d'avoir une décision équilibrée
entre l'analyse géologique et l'acceptation locale... Ce
qu'on a entendu autour des FA-VL nous conduit à rester
très humbles et à avoir beaucoup de respect pour
les gens qui nous accueillent ici ; quand on voit comment on est
traité dans d'autres départements, on voit que la
notion de déchets radioactifs est très repoussoire,
ça fait encore fait très peur.
JHM (Journal de la Haute-Marne), 24/11/2008:
Bure Zone Libre, la "maison de la résistance à la poubelle nucléaire" fête ses quatre ans d'existence. Quatre années durant lesquelles les militants ont tenté d'apporter une contre-information sur le nucléaire.
Depuis quatre ans, une vieille maison fait
parler d'elle, au coeur du village de Bure (Meuse). Baptisée
Bure Zone Libre, la "maison de la résistance à
la poubelle nucléaire" est un véritable point
de rencontre des anti-nucléaire. Mais pas seulement. «
Notre objectif est d'apporter des informations différentes
de celles de l'Andra, à toute la population », explique
Aurore, l'une des trois permanents, qui donne un an de sa vie
à cette cause.
Et en quatre ans, nombre d'actions ont émergé. Des
échanges de savoirs sur l'éco-construction, des
distributions de tracts de « contre-information »,
des stages de formation aux actions non violentes avec le collectif
des Désobéissants, ou encore, le 11 novembre, une
commémoration à Verdun en hommage aux morts du nucléaire.
« Non aux déchets FA-VL »
Mais depuis quelques mois, un nouveau cheval de bataille a fait
son apparition au sein de la maison : le projet de stockage des déchets dits
FA-VL (de faible activité à vie longue). «
Nous avons déjà trois centres dans un rayon de 60
km, Soulaines,
Morvilliers et Bure. Et on veut nous en mettre un quatrième.
Quelques communes des environs ont déjà répondu
favorablement au projet de l'Andra (Agence nationale pour la gestion
des déchets radioactifs, Ndlr). Mais dans tout, ça,
les habitants ne sont pas informés. Le conseil municipal
de Gondrecourt vient de refuser une consultation de la population
sur le sujet », déplore Aurore.
La maison doit donc prendre le relais auprès des populations
concernées. Et tenter de montrer qu'il existe une alternative
à l'enfouissement. « Pour nous, il faut les garder
en surface. C'est déjà très dangereux, mais
au moins, on peut les contrôler. Avec Bure ou le projet
FA-VL, on veut les enterrer sans savoir comment aller les rechercher.
Il n'y a aucune réversibilité
», poursuit la permanente, qui aimerait également
que des recherches
scientifiques soient menées pour trouver d'autres solutions.
« Aujourd'hui, l'Andra met plus d'argent dans sa communication,
que dans de vraies recherches. Ce qu'ils veulent c'est un centre
de stockage qui fasse partie du paysage, que les gens ne se rendent
même plus compte qu'il est là, conclut Aurore. Mais
nous, nous serons toujours là pour le rappeler. Ils n'ont
pas encore gagné. »
Des projets plein les cartons
Si l'activité première de la "maison de la
résistance" est l'information, elle ne dispose pas,
pour le moment, d'un local adapté pour accueillir le public.
« Nous avons en projet d'aménager une salle multiactivités,
dans une partie de la maison, explique Aurore. Nous allons donc
réhabiliter la grange et nous y installerons des jeux,
des expositions et on pourra faire encore plus d'information.
» Un projet ambitieux, représentant un budget important,
qui devrait être financé, comme le reste des activités,
à 40 % par le Réseau Sortir du nucléaire
et à 60 % par les dons.
Le Figaro, 9/10/2008:
[une publicité pro-stockage...]
Dans un petit village lorrain, l'Andra étudie la faisabilité d'un centre de stockage souterrain de déchets radioactifs.
Aux confins de la Meuse et de la Haute-Marne, au milieu de rien ou presque, les éoliennes poussent un peu partout. «Franchement, tu aimerais toi, en avoir une au fond de ton jardin ? Ça fait tellement de bruit et en plus, ça clignote la nuit», lance le premier.
«Sans compter tout le bazar des fils souterrains pour les relier entre elles», rétorque le second. Dialogue très sérieux entre deux salariés de l'Agence pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) chargée de la gestion des déchets radioactifs produits en France. Pour eux, c'est simple : les éoliennes non, les déchets nucléaires oui !
Pour descendre au fond du «trou», comme on dit ici, l'équipement est de rigueur : bottes en caoutchouc, blouse blanche, gilet fluorescent, casque de chantier. Sans oublier la boîte et le masque à oxygène en cas d'incendie dans le tunnel ainsi que le détecteur de mouvement qui se met à sonner en cas d'immobilité de plus de 20 secondes.
L'ascenseur, véritable cage pour claustrophobes, met huit longues minutes à descendre. En bas, les techniciens s'affairent huit heures par jour, par 24 °C, sans remonter à la surface. Les parois des galeries sont grises, de la couleur de la roche (l'argilite) qu'ils creusent sans faiblir pour respecter le calendrier législatif.
La loi Bataille de 1991 sur la gestion des déchets radioactifs posait à l'Andra la question suivante : «un stockage sûr et réversible est-il faisable en Meuse et Haute-Marne dans la couche argileuse ?» Fin 2005, l'agence répond par l'affirmative. Avec la loi de 2006, c'est à une autre question qu'elle doit s'atteler : «où et comment construire et exploiter un tel stockage ?»
[Lire, à propos de Bure:
- L'enfouissement des déchets radioactifs
est-il aussi rassurant que le prétend L'ANDRA ?
- Analyse du géologue Antoine Godinot: Des déchets nucléaires
type "B" et "C" pour Bure (Word)
- Négation du potentiel géothermique de Bure,
A. Mourot, A. Godinot, P. Huvelin
- Synthèse
de 10 pages (Word)
- Texte
complet de 37 pages
(Word)]
Si le lieu exact du futur site n'est pas encore défini, une «zone de transposition» de 250 km? autour du laboratoire a déjà été définie. Les dossiers de reconnaissance doivent être remis au gouvernement avant 2013, date à laquelle ce dernier choisira, après un débat public, l'emplacement définitif, parmi un choix de plusieurs sites dans la région.
En attendant, au fond du trou, les ouvriers, avec leurs casques antibruit vissés sur le crâne s'activent. Depuis la fin des années 1990, l'Andra est implantée à Bure, petit village meusien de 80 habitants. Dans son laboratoire expérimental situé à 500 mètres sous terre, elle étudie la faisabilité d'un stockage géologique profond, en formation argileuse, des déchets de haute activité et à vie longue (HAVL), les plus virulents (voir encadré).
À l'heure actuelle, ils sont vitrifiés et enfermés dans des conteneurs en acier et entreposés temporairement dans des puits bétonnés, sur le site de l'usine de retraitement de la Hague (Cotentin).
Imperméabilité de l'argile. Dans une vingtaine d'années, ces blocs de verre - appelés «colis» -, seront placés dans des conteneurs en acier eux-mêmes disposés à 500 m sous terre, dans des alvéoles constituées de matériaux choisis pour leur résistance et leur étanchéité.
Le pire scénario serait que des conteneurs se corrodent, ce qui est certes envisageable, mais au bout de milliers d'années, et que de l'eau arrive au contact des blocs de verre contenant les radioéléments.
Mais pour l'instant et jusqu'en 2015 - date à laquelle la demande d'autorisation du site de stockage sera instruite, la mise en exploitation d'un futur centre de stockage n'intervenant au mieux qu'en 2025 -, les déchets nucléaires en France ne sont pas enfouis, y compris à Bure.
Au fond de ce qui ressemble à une mine argileuse, l'Andra a entamé neuf nouveaux programmes d'étude dont une expérimentation souterraine qui étudie les phénomènes géologiques. Elle passera de l'échelle du forage (à savoir une dizaine de centimètres de diamètre) à celle d'une alvéole de stockage (un mètre de diamètre) dans le but de procéder à des essais en grandeur réelle.
Les scientifiques veulent recueillir des données précises sur le comportement de la roche au contact des radio-éléments. Depuis un an, à Tréveray, (Meuse), l'Andra a réalisé 14 nouveaux forages afin de compléter la connaissance de la zone de transposition de 250 km2 dont les caractéristiques géologiques sont semblables à celles observées dans le laboratoire souterrain. L'Agence compte ainsi proposer une zone restreinte, d'environ 30 km2 où pourrait être implanté le futur site de stockage.
À Bure, les scientifiques de l'Andra en sont persuadés : seules des décisions politiques peuvent retarder le calendrier. Car leurs arguments en faveur d'un stockage souterrain sont rodés : parfaite imperméabilité de l'argile (l'eau met plus de 300 000 ans pour parcourir un mètre !), très faible teneur en eau du sol, failles géologiques plus que millénaires et absence de séisme depuis les périodes de sismicité historique [faux, archi faux, lire A. Godinot ci-dessus].
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Le site expérimental de Bure, attraction touristique locale
En un an, l'Andra a reçu 5 000 visiteurs à Bure et accueille une exposition sur les volcans destinée aux collégiens et lycéens. «Monsieur, elle est où sur votre questionnaire la question sur la lave ?», interroge une élève de 4e en s'adressant à son professeur de physique. Si ce matin-là ils étaient 70 collégiens à visiter l'exposition «Séismes et volcans», installée sur son site de Bure (Meuse), l'Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra) en attend 2 500 jusqu'au 11 novembre prochain.
Sponsor de cette manifestation inaugurée
l'an dernier à Paris au Palais de la découverte,
c'est l'Andra qui lui prête désormais ses murs. Magnifique
opération marketing dénoncée d'ailleurs par
les antinucléaires présents à l'entrée
du site qui crient ironiquement à l'adresse des bus scolaires
: «Allez donc vous amuser, les enfants !»
Pédagogie et débat Faire venir les habitants de
la région afin de leur expliquer ce qui se passe sous terre
est l'une des missions que s'est donnée l'Andra. Il faut
dire qu'elle vient de loin en matière de pédagogie
et de débat avec les populations. Il y a une vingtaine
d'années, la reconnaissance géologique des zones
géologiquement acceptables pour un futur stockage avait
commencé sans concertation aucune avec la population.
De vives oppositions locales étaient apparues et avaient contraint l'Andra à abandonner les recherches sur les quatre sites choisis, malgré l'envoi de gardes mobiles pour assurer la protection des scientifiques. Afin de résoudre la situation, Michel Rocard, alors premier ministre, avait décidé d'un moratoire le 9 février 1990 pour une période d'au moins douze mois. Il avait également saisi le Parlement et confié au député PS du Nord, Christian Bataille, la mission de revoir l'intégralité du dispositif. L'année suivante, la fameuse loi de 1991 qui porte son nom organisait les recherches sur la gestion future des déchets radioactifs.
À Bure, huit salariés de l'Andra
sont affectés en permanence à l'accueil des visiteurs.
Certains riverains viennent même en famille. L'an dernier,
l'Andra a comptabilisé pas moins de 5 000 entrées.
1 000 personnes sont descendues gratuitement dans les galeries.
Tous les élus locaux ont fait de même. «Il
faut ouvrir le trou sinon on est cuit», résume en
toute franchise un salarié de l'Andra.
Est Républicain, 20/6/2008:
Le Comité local d'information et de suivi (CLIS) du laboratoire de Bure a été installé hier soir à Montiers-sur-Saulx. Présentation avec Christian Bataille, son président [Lire: Clis de Bure: une nomination qui fait des vagues].
« Le laboratoire de Bure est unique en son genre. Il sera dans quelques années une référence mondiale en matière de recherche souterraine. » Le présage n'émane pas d'un citoyen lambda mais de Christian Bataille, le nouveau président du Comité local d'information et de suivi (CLIS) du laboratoire de recherche souterrain de Bure.
Père d'une loi votée en 1991 qui porte son nom sur la gestion des déchets radioactifs produits par l'énergie nucléaire en France, le député PS du Nord, avant de prendre la direction de Montiers-sur- Saulx pour procéder à l'installation officielle du CLIS en présence de ses 91 membres, a fait un bref passage à la préfecture de Bar-le-Duc pour un point presse très convenu. Aucune déclaration fracassante (mais fallait-il en attendre ?) de la part de cet ex-professeur de lettres, qui a quitté son poste de membre du conseil d'administration de l'Andra au moment où il a accepté de présider le CLIS de Bure.
Intérêt national. « J'ai estimé qu'il n'était pas possible d'être juge et partie », a-t-il indiqué. « Mais j'ai quand même été surpris que les présidents des conseils généraux de la Meuse et de la Haute-Marne pensent à moi pour cette mission. Je vais faire en sorte que l'esprit de la loi soit respecté et que le CLIS remplisse sa vocation, à savoir s'informer lui-même et contribuer à l'information citoyenne. » Interrogé sur la lenteur du CLIS à se mettre en place, Christian Bataille a souhaité attendre l'issue des élections municipales pour convier les représentants de la nouvelle association, composée en grande majorité d'élus.
« Le domaine de l'énergie est fondamental pour notre pays, un domaine d'intérêt national, un peu comme la Défense. Nous sommes dans le rythme mondial des pays qui sont dans la recherche du traitement des déchets nucléaires », explique le parlementaire. Les opposants au laboratoire de Bure ? « Je suis là pour les entendre, je ne suis pas fermé à un dialogue avec eux » . Le projet de stockage des déchets nucléaires ? « La loi de 2006, un aménagement de la loi de 1991, prévoit un rendez-vous en 2013 devant le Parlement. » Le référendum souhaité par les Meusiens et les Haut-Marnais sur le même sujet ? « La Constitution n'en prévoit pas sur des questions d'intérêt général. »
Quant à savoir comment le nouveau CLIS va fonctionner, il semble encore trop tôt pour en parler... « Laissons lui le temps de s'installer. Il y aura des actions d'informations publiques et écrites. Pour le moment, on a un stock d'informations à communiquer », avance Christian Bataille. Comprenne qui pourra. L'élu ch'ti, en tout cas, entend mener sa mission à bien. En toute légitimité. « Je ne suis pas un antinucléaire mais est-ce que le mieux placé pour présider le CLIS serait un opposant à l'énergie nucléaire ? », interroge ce partisan de la mise en place de deux laboratoires de recherche en France.
« Il y avait trois sites possibles : un à Bure, un dans le Vaucluse près de Marcoule, un dans la Vienne, au sud de Poitiers. Un seul lieu a finalement été retenu ». Le président du CLIS a par ailleurs informé que la commission nationale d'évaluation sur le suivi des recherches des déchets nucléaires serait entendue par le Parlement « d'ici quinze jours, en tout cas avant l'été ».
Avant de conclure sur l'intérêt de l'énergie nucléaire : « Il n'est pas possible de se priver d'une telle source moins nocive que le pétrole et le charbon et pas contraire à la notion de préservation de l'environnement. Ce qui n'empêche pas de creuser (sic) dans d'autres directions comme l'énergie solaire, photovoltaïque, le moteur hybride, les économies d'énergie dans le bâtiment, etc. » L'opération séduction pouvait se poursuivre du côté de Montiers-sur-Saulx...
Est Républicain, 13/6/2008:
La Commission européenne doit venir, cet automne, sur le site. Elle visitera le centre technologique en construction qui abritera les prototypes.
Profitant de l'inauguration de la fresque monumentale de Gérard Larguier, qui trône au beau milieu du hall d'accueil du labo de Bure, Marie-Claude Dupuis, directrice générale de l'Andra, a convié, hier après-midi à un point presse, en présence du directeur du site, Pierre-Lionel Forbes.
Il ne fallait pas s'attendre à des révélations fracassantes sur l'état d'avancement des études menées depuis le creusement des deux puits et des galeries souterraines dans la couche argileuse. Les conclusions sont connues depuis 2006.
Le site est considéré comme « favorable » à un stockage en profondeur des déchets radioactifs, et les nouvelles recherches géophysiques menées sur une zone de transposition de 250 km2 au nord du labo doivent servir à identifier le futur centre de stockage.
Depuis que le Groupement Fonds Est lui a remis les clés pour l'exploitation et la maintenance du site, l'Andra a entamé la deuxième phase des travaux en novembre dernier.
Objectif : qualifier l'endroit où sera creusé le centre de stockage. Les alvéoles seront destinées à enfouir les déchets à vie (très) longue de haute activité (6.000 m3 sur 500 ha) et moyenne activité (80.000 m3 sur 100 ha).
L'agence nationale devra remettre son rapport fin 2009 au gouvernement, qui comportera également ses propositions concernant les différentes options de réversibilité, de sûreté et d'entreposage.
C'est en 2013 qu'un débat public sera ouvert précédant un nouveau projet de loi en 2016 sur les conditions de ce stockage réversible.
« Sur la zone de transposition, on constate que l'argile a les mêmes qualités que celles du labo », explique Pierre Forbes. « Toute la zone est compatible avec le même concept. Le choix du site sera lié aussi aux installations de surface (200 ha). Avec les déblais, on va remodeler le paysage ».
Car l'Andra planche sur plusieurs options. L'accès au fond pourrait se faire par deux puits (comme dans le labo), ou par une « piste de descenderie », sorte de plan incliné qui permettrait d'atteindre les galeries à partir d'une entrée située à cinq kilomètres du centre de stockage.
« On va dialoguer avec les acteurs locaux pour choisir l'endroit qui gênera le moins. Et on travaille aussi sur les conditions de transport des colis (de déchets), quelles voies d'accès utiliser », précise Marie-Claude Dupuis.
La directrice a aussi indiqué que la Commission européenne devrait venir visiter, le 23 octobre prochain, lors d'une session décentralisée, le nouveau centre technologique de Saudron, en cours de construction. Celui-ci accueillera le matériel d'ingénierie utilisé dans le laboratoire pour mener les recherches. Et notamment, les prototypes utilisés : démonstrateurs, conteneurs de stockage, robots...
La venue des membres de la Commission prouve ainsi l'enjeu majeur que constitue Bure pour tout le vieux continent.
23/5/2008 - Le
Conseil général de la Meuse a voté une motion
conditionnant l'acceptation des travaux au laboratoire de Bure,
où est étudiée la faisabilité du stockage
sous-terrain des déchets nucléaires, au maintien
des militaires du 8e RA à Commercy, a-t-on appris vendredi
auprès de la collectivité. Un départ éventuel
du régiment provoquerait une "vive réaction"
des élus, "qui pourrait amener l'assemblée
départementale à réviser son accord pour
la poursuite de l'activité du laboratoire de Bure et des
perspectives ultérieures éventuelles de stockage
réversible des déchets nucléaires",
lit-on dans le texte. La motion, votée jeudi soir à
l'unanimité moins une abstention, a été suivie
d'une pétition, envoyée vendredi aux maires des
communes du département, selon le conseil général
de la Meuse. "La Meuse s'est toujours sacrifiée pour
la France au travers des deux guerres, où elle a perdu
30% de sa population, et du fait que le CG ait accepté
que soit installé un laboratoire sur le stockage sous-terrain
des déchets nucléaires" sur son territoire,
a avancé un porte-parole la collectivité. Dix millions
d'euros ont en outre été investis pour la caserne
de Commercy, de même source. "On ne comprend pas trop
cette décision. Ca ferait presque 900 personnes qui partiraient
de la Meuse. Si ça devait être le cas, on demande
des compensations, notamment militaires, sur les deux sites restant
d'Etain et Verdun", a poursuivi ce porte-parole. "Après
avoir fait de Bure un atout de développement ou un geste
de sacrifice pour la nation, (le CG) l'utilise aujourd'hui comme
moyen de chantage", a observé le collectif "Non
à Bure" dans un communiqué, qui a qualifié
cette posture d'"éloquente". "Le Conseil
général a accepté tout seul l'enfouissement
nucléaire sans prendre l'avis des Meusiens, concernés
en premier lieu", selon "Non à Bure", qui
a demandé l'organisation d'un référendum
sur le stockage, "exigé par 20.000" Meusiens
et Haut-Marnais (Bure se trouve à la limite de la Haute-Marne,
NDLR), signataires d'une pétition en ce sens entre 2005
et 2007. Bure, "enjeu majeur pour l'avenir de l'industrie
électronucléaire" est "un piège
majeur pour la Meuse", a affirmé le collectif. Depuis
plusieurs années, l'Agence nationale pour la gestion des
déchets radioactifs (Andra) étudie à Bure
la faisabilité d'un projet de stockage sous-terrain des
déchets de haute activité et à vie longue
(HAVL).
Journal de la Haute-Marne, 19/2/2008:
Depuis le 6 février, le Comité local d''information et de suivi (Clis) de Bure a un nouveau président, en la personne de Christian Bataille, deputé socialiste du Nord. Une nomination qui fait bondir les opposants à l'enfouissemenet des déchets nucléaires.
"C'est une connerie monstre. Cela démontre que le Clis est une fumisterie." Michel Marie, porte-parole du Collectif contre l'enfouissement des déchets radioactifs (Cedra) ne mâche pas ses mots pour parler de la nomination de Christian Bataille, député socialiste du Nord, à la présidence du Comité local d'information et de suivi (Clis) de Bure. Car si la loi de 2006 impose un président élu du peuple (et plus le préfet, comme c'était le cas auparavant), beaucoup s'attendaient à voir nommer quelqu'un du cru.
Mais ce qui indigne le plus les opposants, ce sont les positions de Christian Bataille. Il est en effet I'auteur de nombreux rapports parlementaires dans lesquels il se prononce pour I'enfouissement. Mais il est surtout le rapporteur de la loi de 1991, relative aux recherches sur la gestion des déchets radioactifs, dont résulte le site de Bure. "C'est un pro-enfouissement bien connu. C'est effarant que deux présidents de Conseils généraux (celui de la Meuse et celui de la Haute-Marne, Ndlr) l'aient choisi. C'est comme si on nommait Jean-Marie Le Pen aux droits de I'Homme, s'emporte Michel Marie. C'est d'ailleurs la première fois que des élus montent au créneau contre une nomination."
Le double jeu de Christian Bataille ?
Et ce que ces élus dénoncent, c'est le double jeu de Christian Bataille. "ll vient, par ailIeurs, d'être à nouveau désigné par ses pairs pour siéger au conseil d'administration de l'Andra", souligne Jean-Marc Fleury, président de I'Association des élus meusiens et haut-marnais (AEMHM) opposés au projet de Bure, dans une lettre adressée aux membres du nouveau Clis. Mais il semblerait que le préfet de la Meuse fasse pression pour qu'il refuse ce siège.
Le président de l'AEMHM rappelle également les critiques que Christian Bataille avait émises, en 2005, sur le fonctionnement de ce comité. Dans son rapport sur l'état d'avancement et les perspectives des recherches sur la gestion des déchets radioactifs, il dénonce une "organisation défaillante", le "mauvais climat des réunions" et regrette que "pendant une période trop longue, le Clis a été transformé en instance d'expression unique des opposants au laboratoire, au lieu de jouer son rôle d'information et de débat".
Le Clis, qui est pour le moment en suspens, ne va donc pas redémarrer sous les meilleurs auspices."Soit les associations le quittent et il ne sert plus à rien. Soit les associatifs restent et plombent les réunions. Tout est possible", conclut Michel Marie. La prochaine réunion risque donc bien d'être animée.
Journal de la Haute-Marne, 31/1/2008:
La "Reine de l'atome", c'est ainsi que le Cedra, qui coordonne les collectifs contre l'enfouissement des déchets nucléaires, surnomme Anne Lauvergeon, qui est attendue aujourd'hui à Saint-Dizier, notamment pour présenter le futur Parc énergie de la ville. Le comité fustige, dans un communiqué, la venue de la présidente du directoire d'Areva "qui n'est pas sans poser question, surtout dans la région très particulière de Bure". Le Cedra dénonce "les élus de Haute-Marne et de Meuse [qui] sortent le tapis rouge et ferment les yeux sur l'inacceptable. Areva et consorts se sont engouffrés pour véritablement coloniser la région par l'implantation d'entreprises (parfois juste des déplacements, parfois avec des subventions à la clé) et l'octroi de commandes à des sous-traitants. (...) Que des entrepreneurs acceptent de tels marchés donne à réfléchir mais que des élus puissent succomber à de telles sirènes pose sérieusement question." "Les élus de Haute-Marne et de Meuse, poursuit le communiqué, ne sont pas sans ignorer avec qui ils ont pactisé et les collectifs le rappeleront à l'occasion des prochaines élections."
L'affranchi de Chaumont, 26/10/07:
Les collectifs Bure-Stop contre l'enfouissement des déchets radioactifs nous ont fait parvenir ce communiqué, suite à la venue à Bure d'une délégation de japonais :
"Début septembre, Antoine Allemeersch, vice-président du Conseil général de Haute-Marne, se déplaçait au Japon. Accompagné d'un ancien directeur du site de Bure et d'un sociologue spécialisé dans les déchets nucléaires, le séjour se voulait des plus officiels, d'ailleurs sous l'égide de l'ambassade de France au Japon. Antoine Allemeersch s'en venait donner des leçons au pays du Soleil Levant : si l'enfouissement des déchets nucléaires a bien du mal à être accepté au Japon, il faut selon lui appliquer, comme en France, "transparence et démocratie", citant en exemple le Comité local d'information et de suivi (Clis) mis en place à Bure.
"Les collectifs, ayant accumulé une masse d'informations en contradiction avec la vision idyllique des autorités publiques, et ayant organisé de multiples manifestations d'opposition aux tentatives d'enfouissement (25 à ce jour en France), ils sont bien placés pour apporter un autre "son de cloche." En particulier sur la réalité du Clis, un organisme officiel ne présentant aucune garantie d'indépendance, bien au contraire. La récente annonce du nom de son futur Président, Christian Bataille, un député fortement pro-nucléaire, en est le dernier avatar.
"Décidés à éclairer la délégation du Japon sur la réalité du processus, les collectifs Bure-Stop attendaient une invitation du Clis pour rencontrer les émissaires ; le comité ayant rappelé en son dernier bureau (17 septembre) qu'il était acté que les rencontres avec les délégations étrangères soient pluralistes.
"N'ayant reçu ni information, ni invitation -tout comme lors de la visite de la première délégation (12 octobre)- les collectifs Bure-Stop se sont invités le jeudi 18 octobre devant le site de l'Andra à Bure (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). Le portail, qui fut fermé à leur arrivée, ne les pas arrêté. Le texte affiché en grand sur la grille, en langue japonaise, se veut explicite sur la "démocratie" à la française : "Ici la démocratie est bafouée ! 55 000 citoyens exigent un référendum, non à l'enfouissement !", en référence à la pétition massive qui, en Meuse et Haute-Marne, a recueilli ces dizaines de milliers de signatures pour l'application d'une vraie démocratie.
"Et, pour que les citoyens du Japon apprennent ce qu'il en est de la réalité nucléaire en France, ce communiqué et ses pièces jointes vont être adressés aux ONG anti-nucléaires et environnementalistes du Japon, ainsi qu'aux médias de ce pays."
Le Figaro, 18/10/2007:
Des forages sont effectués dans la zone de la Meuse et de la Haute-Marne, où pourrait être installé le futur centre de stockage des déchets radioactifs.
À BURE (Meuse), les premières galeries du laboratoire de recherche sur le stockage souterrain de déchets radioactifs sont terminées. En juillet, les entreprises Bouygues et Charbonnage de France Ingénierie ont donné les clés à l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). À 490 mètres sous terre, tout est propre et bien rangé. Des fils partout, des capteurs plantés dans les parois.
Le silence ne va cependant pas durer longtemps. De nouvelles galeries vont bientôt être creusées dans l'épaisse couche du callovo-oxfordien, une argile grise de 155 millions d'années dont les scientifiques doivent à tout prix s'assurer qu'elle est capable de confiner les radionucléides pendant des milliers d'années et qu'il ne peut pas y avoir de remontées d'eau à travers d'éventuelles failles.
Les nouveaux souterrains permettront de conduire des expériences très concrètes liées au stockage (tests de bouchons d'alvéoles, dégradation des matériaux, diffusion des radionucléides, transferts de gaz, prise en compte de la réversibilité du stockage, etc.). On n'est donc plus dans la recherche fondamentale. Les chercheurs font désormais place aux ingénieurs. L'éventualité du stockage se précise.
« On ne va pas prendre les gens par surprise. On va dire tout ce qu'on va faire », assure Marie-Claude Dupuis, directrice de l'Andra. L'agenda qui pourrait aboutir en 2025 à la mise en exploitation d'un centre de stockage des déchets radioactifs de haute activité à vie longue est connu, et a été défini par la loi de juin 2006.
Le site potentiel de stockage d'une superficie de 250 km2 est connu depuis 2001. Il se trouve à l'intérieur de ce que l'Andra appelle la « zone de transposition » qui a été définie à partir des connaissances que l'on a de la géologie du Bassin parisien, à cheval sur les départements de la Meuse et de la Haute-Marne. Depuis un mois, l'Andra explore cette zone en y effectuant toute une série de forages. « C'est une étape importante. On sort du laboratoire », souligne Marie-Claude Dupuis. Les 14 forages prévus visent notamment à vérifier la profondeur et l'épaisseur de la couche du callovo-oxfordien, deux éléments essentiels pour la sûreté. Des camions vibreurs vont parcourir la campagne pour étudier la sismicité.
«Opposition au projet»
Un forage profond à 2 000 mètres dans le Trias (entre - 251 et - 199,6 millions d'années) devrait aussi permettre de vérifier si la zone a un potentiel géothermique, comme l'ont demandé les opposants au projet dans le cadre du Clis (Comité local d'information et de suivi). En effet, le site de stockage ne doit pas être installé dans une zone possédant des ressources exceptionnelles exploitables dans le sous-sol.
Au terme de ces travaux, l'agence devrait être en mesure de définir une nouvelle zone dite d'intérêt restreinte, d'une superficie de 30 km2. C'est à l'intérieur de cette nouvelle zone qu'en 2013 l'Andra proposera le site où pourrait être construit le centre de stockage. Cette proposition fera alors l'objet d'un débat public avant d'être examinée par l'Assemblée nationale.
« Il y a une opposition au projet. Je la respecte », assure la directrice de l'Andra, qui considère le Clis comme son interlocuteur privilégié mais se déclare aussi ouverte à des discussions avec le public. L'Andra a d'ailleurs embauché un sociologue pour l'aider dans ses rapports avec les populations.
L'incertitude tient pour l'instant au Clis lui-même. En effet, son prochain président pourrait être Christian Bataille, député PS du Nord et auteur de la loi sur les déchets nucléaires. Sa candidature a été proposée par le président du conseil général de la Meuse. Mais fera-t-elle l'unanimité ? M. Bataille est une personnalité extérieure à la région, connue pour ses positions en faveur du nucléaire. Il a critiqué dans un récent rapport le fonctionnement du Clis, qu'il accuse de faire trop de place aux antinucléaires.
Une deuxième vie pour le laboratoire
Le laboratoire souterrain de Bure n'est pas
et ne sera jamais un centre de stockage, contrairement à
ce que certains ont cru au début. Il n'en a jamais été
question. « Ses galeries sont trois fois trop petites pour
accueillir des déchets nucléaires à haute
activité et à vie longue », assure Jacques
Delay, son directeur scientifique. Les recherches et le laboratoire
ont coûté néanmoins très cher, environ
1 milliard d'euros. C'est pourquoi l'agence aimerait bien valoriser
le site en en faisant une très grande infrastructure de
recherche au lieu de le reboucher après 2013. Une première
réunion est organisée le 30 novembre prochain, à
Paris, pour exposer ce projet à la communauté scientifique.
6/10/2007 - Le tribunal correctionnel de Bar-le-duc a condamné mardi Bouygues et Charbonnages de France (CdF) à des amendes de 50.000 et 25.000 euros pour la mort accidentelle d'un ouvrier lors du creusement d'un laboratoire d'enfouissement de déchets nucléaires à Bure (Meuse). Le tribunal a suivi globalement les réquisitions du ministère public, qui avait demandé respectivement 50.000 euros et 30.000 euros d'amende contre Bouygues Travaux Publics et CdF, tous deux poursuivis pour homicide involontaire. En mai 2002, Eric Joly, un père de famille de 33 ans qui travaillait à 226 m de profondeur dans le puits principal d'accès du laboratoire (mis en service en 2005), avait été écrasé par un tube de 400 kg qui s'était détaché à une quinzaine de mètres au-dessus de lui. L'instruction a permis d'établir qu'une semaine auparavant, le tube était déjà tombé et qu'il avait été remis en place avec une élingue (un cordage) montée à l'envers. En juin suivant, le juge des référés avait ordonné l'arrêt du chantier - observé pendant onze mois - après que l'Inspection du travail eut constaté de "graves manquements en matière de sécurité". A la barre, le directeur général adjoint de Bouygues Travaux Publics, Armand Legallic, avait pourtant argué de mesures d'organisation et de sécurité "nettement supérieures à celles prises dans la profession", et expliqué l'accident par une "succession d'erreurs" des employés du site. Pour le collectif anti-nucléaire "Bure Stop", Eric Joly "est mort victime du rendement" car à l'époque, l'industrie nucléaire avait "un besoin absolu de ce trou pour démontrer qu'elle avait une solution pour ses déchets radioactifs".
L'Est Républicain, 10/10/2007:
A la suite de la conférence de la présidente
d'Areva, Anne Lauvergeon, dans le cadre du festival international
de Géographie (L'ER du 7 octobre), les collectifs Bure
Stop estiment que « l'ode au nucléaire de Mme Lauvergeon
est un véritable amalgame d'inexactitudes mensongères
sur un sujet controversé dans l'opinion publique ».
Sur les déchets, la patronne de l'entreprise française
avait déclaré que 96 % sont recyclés et les
4 % vitrifiés et entreposés « à Bure
notamment où rien ne bougerait, même en cas de tremblement
de terre ». Faux répondent les collectifs. Pour eux,
les déchets « représentent une véritable
impasse technologique : ils ne sont ni recyclables ni recyclés.
Nulle part au monde on ne sait éliminer leur toxicité
».
Les collectifs Bure stop rappellent également que le site
meuso-haut marnais « en est juste au stade de carottage
et d'études et n'accueille à ce jour aucun déchet
atomique. Le projet de poubelle reste très contesté
par la population qui refuse l'enfouissement et par des experts
indépendants ».
C'est pourquoi, ils considèrent que dire que le sous-sol
et le stockage souterrain ne bougeront pas pendant des milliers
d'années « est une imposture ». La preuve :
« un récent rapport officiel note déjà
des phénomènes inattendus dans les galeries d'études
actuelles ».
La Croix de la Haute-Marne, 31/8/2007:
BURE - Rapport sur l'enfouissement des déchets nucléaires
La Commission nationale d'évaluation vient de rendre son rapport sur l'anné 2006 sur les recherches menées par l'Andra à Bure. Plusieurs points suscitent des interrogations.
La CNE( Commission nationale d'évaluation)
est l'organisme chargé "d'évaluer" les
travaux menés par l'Andra sur le site de Bure. Composée
de douze membres, elle est présidée par Bemard Tissot,
faisant partie, entre autres, de l'Académie des sciences.
Elle publie son premier rapport annuel, remis au gouvemement le
2 juillet demier, dans le cadre institué par la nouvelle
loi du 28 iuin 2006. Dans ce rapport, on trouve notamment des
commentaires de la CNE qui peuvent une nouvelle fois semer le
doute sur la pertinence du choix de l'enfouissement en profondeur
des déchets nucléaires.
Ainsi, la CNE rappelle
"qu'on ne dispose pas d'une longue expérience provenant
de travaux souterrains dans des argiles indurées profondes."
Les conséquences d'événements pouvant se
produire à Bure seraient donc difficilement prévisibles.
"Cette incertitude, au moins pour
ce qui concerne l'échelle locale, doit être gardée
à I'esprit", poursuit le rapport. Un peu plus inquiétantes
sont les remarques sur les solutions techniques envisagées
pour la sûreté, la réversibilité et
l'ingénierie minière. C'est en 2009 que ces options
doivent être présentées.
Or, la CNE indique que "l'état des connaissances scientifiques n'a pas encore atteint le degré de maturité nécessaire à un choix assuré de solutions techniques." Ces solutions portent sur Ie comportement thérmo-hydro-mécanique de la roche ou encore sur la quantité de gaz formé par corrosion. Ce problème des gaz n'aurait été pris "à bras Ie corps par I'Andra que depuis quelques années." Ainsi la CNE conclue qu' "il ne sera pas facile, dans un court laps de temps, de conduire simultanément et en cohérence ces efforts considérables de recherche et de développement." Des études pourtant nécessaires pour savoir comment Ie futur ouvrage se comportera dans le temps.
Situation sanitaire. Le rapport relève également que certains "phénomènes inattendus" ou "plus amples que prévus", ont déjà été observés comme la formation de fractures lors de l'avancement des galeries et des déformations. L'organisme estime ainsi que 2009 est une date un peu prématurée pour "que ces questions soient complètement maîtrisées."
Autre point qui risque d'apporter de l'eau au moulin des opposants au projet, le problème du temps. En effet, le document indique clairement que l'impact sur l'environnement sur de grandes échelles de temps reste problématique. "L'extrapolation des propriétés des matériaux à des durées bien plus longues pose un problème de méthode scientifique", avance la CNE. Et de citer les ouvrages souterrains qui sont conçus pour une durée inférieure au siècle alors que la radioactivité des déchets nucléaires peut durer des centaines d 'années. "On observe que la prédiction de nombreux phénomènes naturels reste encore incertaine", rappelle ainsi la commission.
Les interrogations portent également
sur la santé des populations. Jugées "prioritaires",
ces préoccupations font l'objet de propositions de la CNE.
A savoir la création d'un "état initial de
Ia situation sanitaire et sociale dans la region Meuse-Haute-Marne",
car visiblement, et contrairement à ce que l'on pourrait
penser, on ne dipose pas encore de ce type de document. Le rapport
de la commision est disponible sur le site intemet de la Documentation
française (collection des rapports publics) http://www.ladocumentationfrancaise.fr
Les opposants passent à l'action
Les opposants au labo de Bure ont réalisé toute une série d'actions la semaine dernière. Après un stage sur la "désobéissance civile", il ont monté un canular à Houdelaincourt (Meuse) en annonçant la venue de délégations étrangères "suspectes". Cette commune a donc reçu la visite d' "Américains" et de "Lybiens", dont le "colonel Khadafi", venus déposer leurs (faux) déchets sur l'un des sites de forage de l'Andra... Le lendemain les opposants ont investi l'hypermarché Leclerc de Saint-Dizier pour une dégustation de champagne "Champ'anium". Enfin, ils se sont rassemblés pour une marche la "Trans'mutance".
L'Est Républicain, 29/8/2007:
Dans un communiqué, le collectif Bure-Stop s'interroge sur la "crédibilité" de l'Andra.
"On savait l'agence habile dans les tours de passe-passe (escamotage des failles, des aquifères, du potentiel géothermique, etc) mais la pirouette qu'elle vient de réaliser serait à applaudir, si le sujet n'était aussi sérieux et grave de conséquences", déclare le collectif.
En réaction aux révélations de la CNE (commission nationale d'évaluation), relayées par les collectifs Bure-Stop, l'agence balaie d'un revers de main les problèmes qui frappent les galeries actuellement creusées dans son "laboratoire". Pas de panique, avance-t-elle ce jour dans les colonnes de l'Est Républicain (Notre édition d'hier), "C'est un phénomène qu'on observe quand on creuse un tunnel (...) de semblables phénomènes se sont produits lors du percement du tunnel du Mont-Blanc"
Bizarre, bizarre : si ces phénomènes sont connus de tous, et donc prévisibles, comment comprendre la contradiction majeure avec la commission d'évaluation qui, elle, reconnait et avoue bien au contraire que : "des phénomènes inattendus (formations de fractures) ou plus amples que prévus (déformations différées) ont été observés au laboratoire souterrain de Bure".
Curieux procédés qui en disent long sur le crédit de confiance à accorder aux promoteurs de l'enfouissement.
Et que dire de la loi enfouissement de juin 2006, basée et votée sur le dossier Andra qui concluait à la "faisabilité de l'enfouissement à Bure...alors que des phénomènes inattendus s'y propagaient depuis des mois ?", conclut le communiqué.
L'Est Republicain, 28/8/2007:
En révélant la teneur d'un rapport de la CNE (Commission nationale d'évaluation) redigé fin juin et seulement en cours de diffusion, les antinucléaires ont réalisé un bon coup. On peut notamment y lire que "des phénomènes inattendus (formations de fractures en chevron lors de I'avancement des galeries) ou plus amples que prévus (déformations différées) ont été observés" au laboratoire souterrain de Bure.
Les opposants au nucléaire ont logiquement exploité cette "faille" lors de leurs opérations coup-de-poing ce week-end à Houdelaincourt, Saint-Dizier et Reims et lors de la marche de la Trans'mutance . S'il y a des fractures, c'est forcément dangereux pour l'environnement et risqué pour les nappes phréatiques, ont proclamé les antinucléaires.
Faut-il s'inquiéter, alors que la toi
de 2006 prévoit un enfouissement des déchets hautement
radioactifs dans cette zone ?
Du côté de I'Andra, pas d'affolement. "Beaucoup
de bruit pour rien" résume Marc-Antoine Martin, chargé
de communication au laboratoire meusien. "Ce n'est pas un
scoop", poursuit-il. "Déjà dans notre
journal "La vie du Labo" paru à I'automne 2005,
nous faisions état de zones dites endommagées autour
des galeries. C'est un phénomène qu'on observe quand
on creuse un tunnel. La roche bouge puis se stabilise. C'est précisément
pour cela que les galeries en fer à cheval sont étayées
avec un revêtement souple pour étudier Ies déformations
de la roche, pour ensuite les modéliser. C'est aussi la
raison d'être du laboratoire de Bure. Pour I'instant 500
mètres de galeries linéaires sont creusés.
On va passer à 800m et réaliser une trentaine d'essais
différents avec des revêtements rigides et des revêtements
souples". Aux yeux du porte-parole de I'Andra, la CNE ne
se contredit pas et ses constatations n'ont rien d'inquiétantes.
Marc-Antoine Martin ajoute encore que de semblables phénomènes
se sont produits lors du percement du tunnel du Mont-Blanc. Alors...
Note des collectifs :
Crédible, l'Andra ?
On savait l'agence habile dans les tours de passe-passe (escamotage des failles, des aquifères, du potentiel géothermique, etc) mais la pirouette qu'elle vient de réaliser serait à applaudir, si le sujet n'était aussi sérieux et grave de conséquences.
En réaction aux révélations de la CNE (commission nationale d'évaluation), relayées par les collectifs Bure-Stop, l'agence balaie d'un revers de main les problèmes qui frappent les galeries actuellement creusées dans son "laboratoire". Pas de panique, avance-t-elle ce jour dans les colonnes de l'Est Républicain, "C'est un phénomène qu'on observe quand on creuse un tunnel (...) de semblables phénomènes se sont produits lors du percement du tunnel du Mont-Blanc"
Bizarre, bizarre : si ces phénomènes sont connus de tous, et donc prévisibles, comment comprendre la contradiction majeure avec la commission d'évaluation qui, elle, reconnait et avoue bien au contraire que : "des phénomènes inattendus (formations de fractures) ou plus amples que prévus (déformations différées) ont été observés au laboratoire souterrain de Bure." ( NB )
Curieux procédés qui en disent
long sur le crédit de confiance à accorder aux promoteurs
de l'enfouissement.
Et que dire de "la loi enfouissement" de juin 2006,
basée et votée sur le dossier Andra qui concluait
à la "faisabilité de l'enfouissement à
Bure"... alors que des "phénomènes inattendus"
s'y propagaient depuis des mois ?
NB : cette "perle" n'est pas isolée
dans le rapport n° 1 de la CNE
L'Est Républicain, 27/8/2007:
La première Trans'mutance a ressemblé quelque deux cents opposants au nucléaire qui ont déambulé pacifiquement en direction de Bure.
IIs étaient tous Ià ou presque, venus marjoritairement et logiquement de la Meuse et de Haute-Marne, mais aussi d'autres départements. "Ils", ces opposants au nucléaire.
Parmi les quelque deux cents personnes qui avaient décidé de participer hier à la première Trans'mutance, iI en manquait quatre : Blanche, ThyI, Rémi et Michaël, interdits de séjour dans la Meuse suite à des dégradations commises au cours de I'été 2006, un soir de festival antinucléaire.
Une absence passsée inaperçue en regard du nombre de jeunes participants, soucieux de ne pas baisser les bras, comme leurs aînés engagés de longue date dans la préservation de I'environnement.
L'effet d'une bombe
"La trans'mutance, c'est un méIange de mutation et de transhumance", explique Corinne François, l'une des chevilles ouvrières meusiennes de la lutte. "La mutation fait référence à la radioactivité, mais aussi à Ia mutation de la région, de cette terre dont Ia vocation est de produire, transformée en immense cimetière. On ne nous a pas posé Ia question, on nous I'impose. Et Ia transhumance, c'est Ia foule, Ie mouvement. Est-ce qu'il faut qu'on parte ? Non !"
Bien au contraire. Surtout que depuis peu iI est officiellement reconnu que Bure n'est pas Ie site adapté. "Va-t-on longtemps continuer à marcher sur la tête, alors que la Commission nationale d'évaluation (CNE), qui est allée jusqu'à donner l'an dernier son feu vert à la faisabilité de l'enfouissement à Bure, déclare aujourd'hui, que le laboratoire souterrain n'est disponible que depuis deux ans. Des phénomènes inattendus (formations de fractures en chevrons lors de l'avancement des galeries) ou plus amples que prévus (déformations différées) y ont été observés", rapporte Michel Marie de Bure Stop Haute-Marne.
De I'eau bien claire qui vient alimenter le moulin des anti-labo et leur mettre du baume au coeur en s'apprêtant hier matin à partir depuis Couvertpuis pour une marche de 15 km. Avec toutefois une halte à midi à Biencourt-sur-Orge.
Pique-nique avalé, casquette vissée sur la tête, chaussures de randonnée lacées et crème solaire badigeonnée, instruments de musique rangés... C'est d'un bon pas qu'ils ont repris leur marche, celle un peu plus porteuse d'espoir que les autres à Ia lumière du rapport de la CNE.
Quinze kilomètres plus tard et quelque
deux heures de bitume brûlant sous les chaussures, les défenseurs
de l'environnement arrivaient tout sourire et presque frais comme
des gardons devant les grilles du laboratoire de l'Andra, faisant
mine de ne pas remarquer les gendarmes venus surveiller la bonne
marche de la manifestation.
Libération, 25/8/2007:
Environnement. Les écolos s'opposent à l'enfouissement de déchets radioactifs à Bure.
Vendredi, la commune d'Houdelaincourt (Meuse)
a reçu pour rire les délégations de pays
nucléarisés (des Etats-Unis à la Libye) venues
réserver leur place dans le futur centre de stockage de
déchets radioactifs de Bure (Meuse). C'est ainsi que les
manifestants antinucléaire ont entamé leur rendez-vous
annuel contre le laboratoire de recherches de l'Agence nationale
pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Dimanche,
une marche de 15 km autour du site de l'Andra clôturera
le week-end.
Comme chaque année, les militants se réunissent
au coeur de ce qu'ils appellent le triangle des «Bure-mudes»,
un paysage de champs labourés, à cheval entre la
Meuse et la Haute-Marne.
La résistance s'est organisée ici en 1993, année de la décision de l'Andra d'y implanter son labo de recherches dont l'objectif est de vérifier s'il est possible d'enfouir des déchets hautement radioactifs à 500 mètres de profondeur, dans une couche argileuse. Les militants sont convaincus que l'Andra veut enfouir une partie des déchets des centrales françaises à Bure. L'Agence, elle, affirme que les recherches se poursuivent. La loi sur les déchets radioactifs, adoptée en 2006, inscrit le stockage en couche géologique profonde comme l'un des axes de recherche à privilégier. Aucun fût radioactif n'est aujourd'hui entreposé dans le sous-sol lorrain. Néanmoins, les opposants locaux craignent d'en voir arriver dès 2025.
Au-delà du rendez-vous annuel contre le projet d'enfouissement, Bure est devenu le symbole le plus vigoureux de la lutte antinucléaire. Selon un sondage commandé par les Verts en 2005, 88 % des Français ne souhaitaient pas voir de poubelle nucléaire près de chez eux. Or, ces derniers mois, les militants contre l'atome peinent à faire valoir leurs arguments. Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement, les tenants du nucléaire rappellent que cette technologie émet très peu de gaz à effet de serre. La Commission européenne n'hésite pas à classer le nucléaire parmi les énergies propres tandis que les pays en développement disent vouloir acheter des centrales à tour de bras. Ainsi, les déchets radioactifs restent l'un des pans les plus vivants de la lutte antinucléaire.
Lire:
- Vivrez-vous près d'une poubelle nucléaire ?
- Déchets très radioactifs sous la
France tranquille
Ouest-France, 13/7/2007:
Reportage dans les galeries souterraines de Bure (Meuse), où l'on teste actuellement l'accueil futur des déchets nucléaires de La Hague.
BURE (envoyé spécial). - Système respiratoire de secours et détecteur de mouvement accrochés à la ceinture, la descente jusqu'aux entrailles de la terre ne dure que quelques minutes. À moins 491 m, la porte de l'ascenseur s'ouvre sur une longue galerie creusée dans l'argilite grise du Callova-Oxfordien. Pour stocker les déchets nucléaires, on est allé réveiller une roche vieille de 155 millions d'années. « Depuis le 2 juillet, la phase de travaux lourds est terminée, explique le géologue breton Hervé Rebours. Une première galerie de 40 m, dite scientifique, a été creusée à moins 445 m. Ici, nous sommes à 491 m. L'ensemble des galeries à cette profondeur mesure 500 m. »
Pression énorme sur les galeries. La première étape confiée à l'Andra (Agence nationale de gestion des déchets radioactifs) est finie. « La roche et le site (250 km2) sont validés comme aptes à accueillir un centre de stockage, confirme le géologue. En septembre, nous entamons une nouvelle phase : celle qui va permettre de définir une zone plus restreinte de 30 km2, où sera implanté le centre à partir de 2015. » Les premiers déchets en provenance de La Hague (Manche) doivent arriver en 2025.
Pour l'heure, une campagne de relevés sismiques va être engagée en surface. Sous terre, les expériences vont se poursuivre sur la roche. Des alvéoles identiques à celles qui recevront les « verres » (déchets vitrifiés) vont être perforées et soumises à l'échauffement. Des tests à 90 °C sont en cours, à petite échelle. « Nous venons aussi de commencer les expériences de diffusion de la radioactivité. » En utilisant des traceurs radioactifs, les équipes de l'Andra tentent de comprendre comment la contamination peut se propager. « Pour le plutonium et l'uranium, pas de problème, elle reste sur place », assure l'Andra. Ce n'est pas le cas de tous les radionucléïdes. Le Tritium et surtout le Césium sont plus prompts à migrer.
Si l'argilite de Bure a été validée par les scientifiques, ces derniers doivent cependant confirmer que les mini-failles qu'elle comporte ne posent pas de problème. « Le creusement des galeries a endommagé la roche sur un mètre. Au-delà, nous ne constatons pas de fractures », indique Hervé Rebours. À cette profondeur, les pressions sont énormes. Le sous-sol est soumis à des contraintes incroyables. Les galeries ont déjà rétréci de 8 cm en largeur et de 17 cm en hauteur. « C'est aujourd'hui quasiment stabilisé », assure le géologue. Quasiment ? Le béton du sol des galeries continue à se fissurer.
Pour amener les lourds « colis » nucléaires jusqu'aux alvéoles de stockage, l'Andra voit grand. Elle planche sur l'hypothèse d'une « descenderie » longue de 5 km. Elle permettrait aux convois routiers de descendre jusqu'au fond en empruntant une pente de 10°. Plus d'un milliard d'euros ont été engagés depuis 1999 dans le laboratoire.
Ouest-France, 13 juillet 2007:
Promis, juré, le futur centre de stockage des déchets nucléaires hautement radioactifs sera réversible. Entendez que si quelqu'un décide d'aller les rechercher à 491 m sous terre, il pourra le faire. C'est inscrit dans la loi. « Il faut arrêter d'amuser les gogos », ironise Michel Marie. Salarié du collectif national des associations contre l'enfouissement des déchets nucléaires, à Saint-Dizier (Haute-Marne), il milite depuis treize ans contre l'implantation du laboratoire de Bure. Membre du Clis (Comité local d'information et de suivi), il ne croit pas à la fiabilité d'un tel stockage souterrain. Et dénonce « l'aspect immoral de cette décision. Comment peut-on vouloir faire peser une telle épée de Damoclès sur la tête des générations futures. On peut nous raconter ce que l'on voudra, le Titanic non plus ne devait pas sombrer. »
Flot d'argent autour du site. Ces réticences sont partagées par Francis Legrand, le maire de Couvertpuis, commune de 90 âmes dans le périmètre du laboratoire. « La Meuse et la Haute-Marne touchaient déjà 10 millions d'euros par an. Cette somme va être doublée. Pourquoi nous distribue-t-on autant alors que le laboratoire ne nous crée aucune nuisance · » De 1994 à 1999, alors que l'implantation du laboratoire n'était pas encore officiellement décidée, Couvertpuis a refusé les sommes que l'on voulait déjà lui verser. « Aujourd'hui, nous touchons 40 000 ¤ alors que notre budget s'élève à 12 000 ¤. » Mille emplois ont aussi été promis autour du site.
Agriculteur de 59 ans, Francis Legrand soupçonne que cet argent qui coule à flot endort les oppositions. « Lors de notre réunion du Clis, fin juin, pour la première fois, les maires concernés par l'implantation du centre de stockage ont été invités. L'Andra a expliqué comment elle envisageait le futur. Pas un n'a pipé mot, se désole le maire rural. Comment peut-on admettre de confier à la nature ce que nous ne savons pas gérer · »
Le 26 août, une marche de protestation partira de Couvertpuis. « Comme chaque année, nous allons réclamer la fermeture de Bure », indique Michel Marie. L'an dernier, en juillet, des milliers de personnes s'étaient rassemblées à Bure. Des incidents avaient eu lieu et plusieurs militants avaient été condamnés à des peines de prison avec sursis. « Notre détermination n'en a pas souffert », assure Michel Marie.
JP Buisson
La Croix de la Haute-Marne, 9/3/2007:
Descendre à 490 sous terre est une expérience peu commune. Techniciens de l'Andra et opposants se sont livrés à un échange contradictoire au coeur de l'installation de Bure.
"Je ne suis pas rassuré", lâche Martin Leers en sortant du puits auxiliaire de Bure qu'il vient de visiter. Chargé de campagne du réseau "Sortir du nucléaire", c'est la première fois qu'un membre de cette association descend à 490 m sous terre pour inspecter les installations destinées à recevoir les déchets nucléaires les plus nocifs au monde. Le militant est accompagné d'un autre opposant, Claude Kaiser, membre également du "Réseau", et maire de la commune meusienne de Ménil-la-Horgne.
De son côté, l'Andra pour répondre aux vives interrogations des opposants avait mobilisé le directeur du site, Pierre Forbes et son chef de service scientifique, Jacques Delay. On ne descend pas sous terre sans prendre quelques précautions. Aussi, tout le monde s'équipe d'une ceinture de quelques kilos qui contient une sorte de masque chimique, d'un casque et d'une combinaison. L'environnement est hostile, "ce n'est pas une promenade de santé", confirme Pierre Forbes. Les quatre hommes sont prêts à emprunter l'ascenseur qui va les amener dans le ventre du "labo" de Bure.
Les galeries bougent
A 490 m, on se retrouve au coeur de la couche argileuse la plus imperméable. "Il y aura plus de radioactivité ici qu'à Tchernobyl", avance de son côté Martin Leers. L'échange entre opposants et l'Andra reste courtois mais ferme. L'eau devient le sujet de la discussion. "Cest un vrai casse-tête", concède le directeur. Les premières galeries se dévoilent, les tunnels se succèdent dans une lumière artificielle. "Les galeries bougent , elles se referment de 4 à 20 cm", explique Jacques Delay. Les opposants en profitent pour stigmatiser "l'effritement de la roche et la couche d'argile poreuse."
Le débat revient sur l'eau. "Il y a de l'eau dans cette roche, mais elle ne coule pas, elle ne peut pas sortir", affirme l'Andra. Les opposants répètent que la radioactivité dégage de la chaleur qui peut déformer la roche. Le dialogue est fortement tranché par des positions argumentées et bien rodées. Pourtant, la conviction, cet artifice de la raison, semble ce sur quoi repose tout le débat. "Il faut répartir les colis pour que la chaleur s'évacue", précise le directeur du labo. "On n'a jamais amené de déchets comme ça. On ne sait pas ce que cela peut donner", rétorque Martin Leers du tac au tac. L'échange se poursuit sur la réalité des études menées par l'Andra.
Une sirène retentit
Claude Kaiser rappelle que cela ne fait que 5 ou 6 ans que l'on étudie sur site le comportement de la roche. L'Andra estime que les études ont commencé en 1994. "Je ne dis pas qu'il y a quarante ans d'études mais plus de six", indique Pierre Forbes. Le ton monte parfois entre Martin Leers et Jacques Delay. D'un coup, l'opposant met la main à sa ceinture et fait sonner l'appareil qui doit donner l'alerte en cas d'incident. Le technicien de l'Andra lui jette un oeil noir et stoppe l'appareil. "C'était pour voir si cela fonctionnait...", répond Martin Leers. On s'approche de la zone où les expériences radioactives se déroulent. Des sondes chauffantes radioactives testent la résistance de la roche. Une liste de radionucléides -incomplète selon les opposants- est affichée. "La roche argileuse confine la chaleur et la radioactivité", assure Jacques Delay. "Cela peut attaquer les alliages les plus résistants, répond aussitôt Martin Leers, c'est l'aventure totale !" Claude Kaiser estime que le calendrier est "précipité", ce à quoi l'Andra répond qu'il y a encore dix ans de recherches avant le choix définitif de Bure.
L'andra plus transparente
Les deux heures de visites n'auront guère convaincu les opposants. Dans l'ascenseur qui rejoint la lumière du jour, la discussion se poursuit un peu plus détendue. "C'est normal de poser des questions, c'est normal de donner des réponses", déclare Pierre Forbes. "Sortir du nucléaire" prône la solution d'un stockage des déchets en surface à sec.
Puis, on apprend que la zone de proximité de 250 km?, susceptible d'accueillir les déchets, autour de Bure sera réduite à 30 km? en 2009. En 2012, il n'y aura plus qu'une ou deux localisations précises. Un dernier débat sur le transport des déchets se déroule. L'Andra affirmant que les "colis" représenteront l'équivalent de "3 camions par jour."
Cette descente sous terre aura permis à l'Andra de se montrer "transparente". Cependant, elle n'a pu se faire que parce que les opposants étaient accompagnés d'un journaliste.
Est Républicain, 13/11/2006:
Assemblée générale d'envergure nationale, dépôt de gerbe, soutien à des jeunes : les collectifs opposés au nucléaire vont aussi demander l'abrogation de deux lois de juin dernier.
Sébastien Briat avait 23 ans quand le 7 novembre 2004 il est mort happé par un train transportant des déchets nucléaires dans le Lunevillois, alors qu'il tentait d'alerter les populations lorraines sur les dangers de ces convois. L'été dernier quatre jeunes ont été interpellés pour avoir commis des dégradations sur le site de l'Andra à Bure, alors qu'eux aussi tentaient d'alerter les populations.
En la mémoire du premier, les opposants au nucléaire sont allés hier en fin de matinée déposer une gerbe devant la gare SNCF de Bar-le-Duc. Un geste symbolique, pour signifier à tous que la lutte continue.
D'ailleurs samedi, à l'annonce du passage en gare de Nancy d'un nouveau convoi transportant 12 containers chargés de déchets nucléaires en provenance de la Hague et à destination de Gorleben en Allemagne, plusieurs manifestants se sont rassemblés pour protester. En vain. Hasard ou non le train est passé en Lorraine mais pas à Nancy.
Malgré cette mort tragique "les trains de déchets nucléaires roulent toujours, empruntent les mêmes voies, aux mêmes dates, avec les mêmes risques insensés d'accident et de contamination dans le silence étatique. Nous poursuivons ton combat Sébastien", ont voulu faire savoir par le biais d'affiches écrites noir sur jaune et placardées sur la hall d'accueil de la gare barisienne.
Les représentants des collectifs seront encore à Bar-le-Duc aujourd'hui. Précisément à 14 h, devant le tribunal de Bar-le-Duc, place Saint-Pierre, pour soutenir ces quatre jeunes à qui l'Andra demande des dommages pour des dégâts subis cet été.
Abrogation
Hier et avant-hier, les représentants de la coordination nationale des collectifs contre l'enfouissement des déchets radioactifs et des collectifs étaient réunis en assemblée générale à Bar-le-Duc. "Avec une réflexion élargie sur l'avenir de la lutte anti-Bure et anti-nucléaire", précise Corinne François, présidente de la coordination nationale. "Nous avons pris la décision de demander l'abrogation de la loi de juin 2006 dans laquelle on ne se reconnnait pas et citant Bure sans le nommer comme le site d'enfouissement", poursuit Chantal Fiol, de l'Orne et membre du conseil d'administration de la coordination nationale.
Pétition
Une démarche aussi soutenue par les élus opposés à l'enfouissement des déchets radioactifs, dont leur président, Jean-Marc Fleury de Varney. "Ce n'est pas l'abrogation d'une loi que nous demandons mais de deux, celle sur la transparence et celle sur les déchets. Ce sont aujourd'hui les deux problèmes majeurs. On est en complète discordance avec ces lois, et nous n'avons pas été associés à l'élaboration. Le gouvernement fait croire qu'il a trouvé des solutions, mais il n'en est rien et s'il en a vraiment trouvées, ce ne sont pas les bonnes."
"Des lois dénuées de bon sens", pour Roland Desbordes, président de la CRIIRAD ( commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité). "Le nucléaire ne répond pas aux attentes des citoyens. Il y a un réel besoin de fonctionnement démocratique".
D'où l'élaboration en cours de l'assemblée générale d'une pétition demandant purement et simplement l'abrogation de la loi relative à la transparence et à le sécurité nucléaire et celle relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs.
"Aussi parce qu'on va entrer en période électorale et qu'il y a un vrai problème de démocratie liée au nucléaire", lance à son tour Frédéric Marillier, responsable de la campagne antinucléaire de Greenpeace france.
Une période que les anti-labos comptent
bien mettre à profit pour se faire entendre des candidats
à la présidentielle en organisant, comme l'a annoncé
hier à Bar-le-Duc Isabelle Guillaume, administratrice du
réseau Sortir du nucléaire, des manifestations le
17 mars à Lille, Strasbourg, Rennes, Lyon, et Toulouse.
Communiqué, mardi 30 mai 2006:
Coordination nationale des collectifs contre l'enfouissement des
déchets radioactifs
1 sentier de Guédonval / 55000 Bar-le-Duc / Tel : 03 25
04 91 41 - 03 29 45 45 55 / www.burestop.org
La loi "déchets nucléaires" en débat ce lundi et mardi au Sénat
plombe manifestement la loi sur l'eau qui devrait être votée
ce mardi par l'Assemblée nationale après des mois
de patientes avancées
L'eau a sérieusement perdu de sa qualité et
elle se raréfie, même en France. Le constat
est accablant ; aussi, suivant les directives européennes
qui imposent de remédier à ces carences
d'ici 2015, le Parlement français est appelé à
débattre des dispositions à prendre en ce sens.
Or, curieusement, nul ne semble se soucier de la loi "déchets
nucléaires", sous les feux de l'actualité au
Sénat. Pourtant, une lecture attentive du texte qui est
proposé au vote des sénateurs devrait susciter quelques
craintes (1) car si certains annoncent qu'il ne s'agit que de
la prolongation de la loi dite Bataille (3 voies de recherche
pour la gestion de ces épineux déchets), l'article
4-III-3 se veut au contraire très clair : c'est
bien par un site d'enfouissement que les institutionnels veulent
se débarrasser de ce fardeau que nul au monde ne sait gérer.
Et la date de 2015, abusivement présentée comme
un nouveau rendez-vous pour un choix, ne serait en fait que l'étape
définitive pour le lancement des procédures d'autorisation
d'exploitation.
Si l'enfouissement, présenté
comme "solution", est une folie dans le sens où il
se résume à un réel pari sur l'avenir
-personne ne pouvant prédire ce qu'il pourra advenir de
ces poisons-, le site choisi, à Bure, en limite de
Champagne et de Lorraine, pose question sur un tel choix. C'est
non seulement une aberration géologique car cette région
est gorgée d'eau (2), cette eau qui véhiculera immanquablement
les éléments radioactifs, mais c'est aussi et surtout
une aberration géographique. Bure étant situé
sur le bassin versant du Bassin Parisien, les eaux radioactives
du site s'écouleront vers l'ouest, le Bassin Parisien,
contaminant une bonne partie du territoire national.
Les populations qui, localement, réclament en vain d'être
entendues par un référendum (une pétition
recueille à l'heure actuelle 55 000 signatures dans les
2 départements de Meuse et Haute-Marne) ne comprennent
pas que les études d'experts indépendants soient
ignorées (seraient-elles trop alarmistes ?), que l'Agence
de l'eau Seine-Normandie, bien que qu'informée, fasse la
sourde oreille, et que les parlementaires de la région
de Bure n'aient pour vision qu'un sordide marchandage : fermer
les yeux en échange de retombées économiques.
Suivant le principe de précaution, c'est en amont de décisions
irréversibles qu'il faut intervenir. Or la
campagne nationale d'interpellation des parlementaires, sous forme
de cartes postales, démontre par un certain nombre de retours
(3) la quantité d'informations erronées qui
servent d'argumentaire aux décideurs. La loi
"déchets nucléaires" étant en navette
entre Sénat et Assemblée nationale, c'est à
présent qu'il faut éviter des mauvais choix.
(1) http://www.assemblee-nationale.fr/12/ta/ta0574.asp
(2) la Haute-Marne limitrophe a toujours été
qualifiée de "château d'eau de la France"
(3) http://burestop.free.fr/burestop7/reponses-campagne.htm
Contact médias : 03 25 04 91 41 - 06 66 95
97 77 - 06 81 31 17 36
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Cette contribution synthétique, qui sera largement rendue publique, pourrait se lire comme un écho à l'exhortation du sénateur B.SIDO, rapporteur de la loi sur l'eau au Sénat : « Eau : protéger maintenant pour demain » (1). On retrouve là non seulement le "principe de précaution" inscrit dans la récente "Charte de l'environnement" mais aussi le simple bon sens. Malheureusement il y a un terrible bémol à ces belles paroles du sénateur, par ailleurs président du Conseil général de Haute-Marne, département concerné -avec la Meuse- par le projet d'enfouissement de déchets nucléaires dans la proche région de Bure.
"Le sous-sol est le pire endroit pour
y stocker les déchets radioactifs. Pourquoi ? Parce qu'il
contient toujours de l'eau en circulation" : Claude ALLEGRE,
géologue, l'a dit et écrit bien des fois dans ses
ouvrages. Dans un stockage souterrain, l'eau étant donc
le vecteur des contaminants radioactifs, qu'en est-il du
site de Bure ? Si les différentes déclarations officielles
se veulent rassurantes, la réalité pourrait bien
être toute autre. Ainsi, des experts indépendants
travaillant sur les études du promoteur ANDRA (2) arrivent
à des conclusions inquiétantes.
* Un site gorgé d'eau
La première "surprise" concerne la structure
géologique du site : le niveau retenu, à 500 mètres
de profondeur (callovo-oxfordien), se trouve encaissé...
entre deux aquifères. Et l'Andra, après bien des
réticences, a fini par reconnaître que l'aquifère
supérieur (oxfordien) regorgeait de "millions
de m3 d'eau". Jusqu'à la partie sommitale du
niveau retenu par l'Andra pour un stockage (là où
elle a réalisé une "niche" d'instrumentalisation)
qui se trouve être un superbe aquifère à 7
petits km, là où la commune de Lezéville
(Haute-Marne) puise ses 100 m3 d'eau potable par jour.
On s'étonnera et s'inquiètera d'autant plus
de la volonté d'implanter un dépôt souterrain
en un tel endroit quand on saura que cette région est fréquemment
qualifiée de "château d'eau" ; elle fut
d'ailleurs l'une des rares régions de France a ne pas subir
de restrictions hydriques en cet été 2005.
* Des exutoires considérables
La question se pose à présent de savoir où
se dirigeraient les eaux souterraines chargées de radioéléments.
La localisation géographique de Bure, en bordure Est du
Bassin Parisien, fait aisément comprendre, de par les pendages
des couches géologiques (inclinaisons), que les écoulements
se dirigeraient vers l'Ouest (bassin versant), et donc contamineraient
de là tout l'amont et l'aval du Bassin Parisien ; c'est
à dire des territoires considérables. A noter que
le dépôt nucléaire (en surface) de Soulaines
(Aube), situé en aval de Bure, pose lui aussi question
en terme de contamination des eaux souterraines ; le rapport géologique
reconnaissant un "débit de fuite" qui, si contamination
radioactive il y avait, s'étalerait lui aussi vers
le Bassin Parisien.
Mais, ces choses étant rarement simples, les experts ont
pu déterminer que non seulement les exutoires se retrouveraient
dans les régons Ouest de Bure mais également là
où on ne les attend pas forcément. On peut lire
dans un document ANDRA de 1994 : «Il est visible que
la Meuse est un drain important pour cette nappe puisque les courbes
isopièzes convergent vers sa vallée. En rive gauche
de la Meuse même si le pendage des couches est dirigé
vers l'Ouest, les courbes isopièzes montrent que
l'écoulement se fait vers l'Est." Dit autrement, les
exutoires se retrouveraient également vers tout le Bassin
de la Meuse !
On voit que le dépôt programmé à Bure,
bien que situé dans un quasi désert démographique
(6 à 7 habitants au km?), constituerait une véritable
épée de Damoclès pour des territoires considérables,
et donc des millions d'être humains.
* Des échéances controversées
Là encore, les rapports officiels se veulent lénifiants
en affirmant que les eaux souterraines attaqueraient les colis
lentement, si lentement que les contaminations n'atteindraient
la surface que dans dix mille ou cent mille ans. A voir, car si
le déplacement des molécules aqueuses peut être
considéré comme dérisoire dans une couche
géologique homogène, il n'en est plus du tout de
même lorsque cette couche a été creusée
de multiples galeries ; celles-ci, les puits de descente, les
zones d'endommagement dues au creusement (EDZ) constituent alors
de véritables drains, des voies royales pour l'appel et
la circulation des eaux. Surtout si des fractures, ou des failles
même minimes, traversent le site. Et si ces cassures travaillent
ou retravaillent du fait de la sismicité avérée
de la région.
Alors que l'on pensait que seules les eaux
souterraines posaient question en terme de contaminations, l'analyse
du dernier rapport de l'Andra (3) confirme la complexité
extraordinaire du concept "enfouissement". Ainsi, la
très grande diversité des déchets nucléaires
oblige à utiliser des dizaines de types de containers (colis)
très différents les uns des autres. Or, parmi eux,
de nombreux (bitumeux, coques et embout du combustible nucléaire,
résines...) vont contenir des matières génératrices
de gaz qu'il va falloir évacuer dès leur stockage
afin d'éviter des concentrations dangereuses (hydrogène,
explosif). Et ces gaz, en partie radioactifs, vont être
relâchés directement dans la nature, en situation
dite "normale" et pire encore en cas d'accident, sur
ce plateau de l'Ornois qui donne source à de nombreux cours
d'eau. Le château d'eau d'une grande partie de la France....
un groupe de citoyens, d'élus et d'associatifs de Meuse/Haute-Marne
: collectifs Bure-Stop, AEMHM, MNE (Meuse Nature Environnement)
et toutes les infos sur www.burestop.org
22/05/2006 : CEDRA - Collectif contre
l'enfouissement des déchets radioactifs / Haute-Marne
CEDRA - Collectif contre l'enfouissement des déchets radioactifs
/ Haute-Marne
BP 17 - 52101 SAINT DIZIER Cedex - www.burestop.org - Tel-rel-fax
: 03 25 04 91 41
Plus de 600 manifestants, d'après la police, ce samedi dans les rues de Chaumont, préfecture de Haute-Marne, pour exiger un référendum
Comment comprendre que, sur deux départements, plus de 55 000 signataires qui exigent par pétition d'être entendus sur le projet national d'enfouissement des pires déchets nucléaires -à Bure, en limite de Champagne-Ardenne et Lorraine- ne soient pas entendus?
Malgré un climat épouvantable, Haut-Marnais, Meusiens voisins, quelques délégations de départements limitrophes et un certain nombre d'élus dont deux conseillers régionaux de Champagne-Ardenne et deux de Lorraine avaient tenus à être présents aux côtés de l'association des élus opposés à l'enfouissement et des collectifs citoyens Bure-Stop. Représentant les pétitionnaires qui ne comprennent pas que les institutionnels refusent la tenue d'un référendum sur un projet aussi conséquent, les manifestants se sont rendus au Conseil Général, traînant derrière eux quantité de boîtes nucléarisées symbolisant le fardeau éternel, et brandissant leur carte d'électeur (*). En bonne place, une urne géante rappelait également que, rien qu'en Haute-Marne, "38 779 citoyens exigent un référendum", soit à ce jour plus de 26 % du corps électoral inscrit.
Reçue au Conseil général, celui-là même qui fin 1993 avait mis le doigt dans l'engrenage du projet de poubelle atomique souterraine, la délégation (1) se trouvait face à un président faisant mine de l'écouter mais restant bloqué sur une position de refus, se retranchant derrière la loi et la "représentation nationale", soit les parlementaires, dont le Sénat dans lequel il est d'ailleurs élu.
Face à cette "curiosité" qui veut que l'on entende de plus en plus promettre de la "démocratie de proximité" ou de la "démocratie participative" tout en la refusant (**), le Cedra et ses homologues des autres départements vont continuer plus que jamais à informer public et élus sur la fausse solution qui consisterait à enfouir ces déchets, et sur le questionnement que pose la production de tels déchets ingérables.
Actions programmées :
- la campagne de pétition se poursuit tant sur la Haute-Marne
que sur la Meuse
- jusqu'au vote de loi "déchets nucléaires":
campagne nationale d'interpellation des parlementaires, sous forme
de cartes postales *
- Festival de BURE 28-29-30 juillet: "Décibels contre
poubelle"
(*) voir www.burestop.org (photos de la manif
+ dossier loi déchets...) et reportage France 3 Champagne-Ardenne
http://lorraine-champagne-ardenne.france3.fr/videojt/ (cliquer
sur: 19>20 Champagne-Ardenne/puis sur samedi 20 mai 2006)
(**) un document info sera prochainement publié sur ces
incohérences qui passent de plus en plus mal
(1) texte de la déclaration lue et déposée au Conseil général de la Haute-Marne:
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs les Conseillers généraux,Aujourd'hui 20 mai 2006 à 14 H, plus de 38 000 signatures émanant de tout le département sont apportées au Conseil général pour vous demander que soit réalisé un référendum au sujet de Bure.
Ce sont plus de 38 000 électeurs haut-marnais, soit 26 % du corps électoral, qui exigent d'être informés et pouvoir donner leur avis.
Il est absolument inadmissible qu'une poignée de parlementaires * et d'élus décident envers et contre tous de l'implantation d'une future et gigantesque poubelle nucléaire dans le triangle de Bure, Saint-Dizier, Joinville. Ceci sans une large information et une consultation démocratique.
Vous êtes responsables d'avoir accepté sur notre territoire ces dépôts nucléaires après que ceux-ci furent dûment refusés dans d'autres régions, à savoir : en Maine-et-Loire chez Roseline Bachelot, en Limousin chez François Hollande, dans le Gard avec en tête les parlementaires, élus, Chambre d'agriculture, viticulteurs, fruiticulteurs, maraîchers...
Vous nous avez imposé BURE, et ce qui doit suivre, avec de l'argent en achetant les consciences des responsables dans de nombreuses communes; cela s'appelle de la corruption!
Aujourd'hui, ce n'est plus un appel, ni un signal d'alarme, mais un cri d'indignation au nom de plus de 38 000 citoyens électeurs qui réclament un référendum en bonne et due forme; ceci serait tout à l'honneur d'une démocratie participative.
Pour l'association des élus et des collectifs Bure-Stop
* le 12 avril dernier, le texte "déchets
nucléaires" était voté par... 19 députés
présents sur les 577 que compte l'Assemblée nationale!
La Croix Hebdo de la Haute-Marne, 05.06.06:
BURE
Pour remettre au conseil général
de Haute-Marne, les 40 000 signatures recherchées, dans
le département , pour réclamer un référendum
locla, une grande manifestation
est annoncée pour le samedi 20 mai à Chaumont.
Lors d'une conférence de presse, menée par Jean-Luc
Bouzon vice président de l'association des élus
haut-marnais et meusiens opposés à l'enfouissement,
Michel Marie porte-parole du CEDRA et François Massel conseiller
municipal de Chaumont, le lundi 24 avril 2006, les instigateurs
de la pétition à propos de Bure avaient récolté,
en Haute-Marne, 32 766 signatures. Le détail en a même
été donné canton par canton. Il restait alors
80 à 85 communes où les bénévoles
du porte-à-porte devaient encore passer. Ils espèrent
ainsi atteindre 40 000 signatures pour le samedi 20 mai, jour
fixé pour une manifestation à Chaumont. "Il
fallait 10 % de la population pour réclamer un référendum,
nous sommes bien au-delà !".
La loi de gestion des déchets radioactifs a beau avoir
été votée, dans la nuit du 12 au 13 avril,
en première lecture à l'Assemblée nationale,
les collectifs Bure-Stop, opposés à l'enfouissement,
appellent à un vaste rassemblement interrégional,
avec pour objectif principal la remise au conseil général
des 40 000 signatures espérées. En tout, il y aurait
plus de 50 000 signataires, en Haute-Marne et en Meuse, pour exiger
un référendum local sur le devenir de Bure.
Des demeurés
Précis dans ses références, Michel Marie
explique : "On nous prend pour des demeurés. Malgré
de belles prommesses d'élus locaux et de parlementaires,
le projet de loi du gouvernement se moque éperdument de
la démocratie et des populations. Dans le numéro
de juillet 1997 de Ligne Directe [note : revue du conseil général],
on peut lire cette déclaration : "je n'imagine
pas qu'une telle décision soit prise sans que la population
locale soit consultée" ou même : "la
population doit être consultée". Et Jean-Luc
Bouzon, conseiller général communiste, de faire
allusion aux députés et sénateurs, "les
quatre fossoyeurs de la Haute-Marne". Et il ajoute :
"Avec le vote de la loi on a encore plus la rage".
Depuis elle a sans doute décuplé avec le vote
unanime, le jeudi 27 avril, des conseillers généraux
de la Meuse d'une motion de 9 conditions pour soutenir les recherches
de l'ANDRA "sur l'avenir du laboratoire de Bure dans le
cadre de la future loi sur la gestion des déchets nucléaires".
Question de démocratie
Des partis politiques et les associations soutiennent la pétition
et la manifestation. Le déroulement et le sens de cette
démarche sont ainsi présentés : "Nous
ne rencontrons aucune agressivité de la part des gens.
Ils nous remecient même de venir demander leur avis.
Les déchets nucléaires ne sont ni de droite, ni
de gauche. Les gens qui signent la pétition sont de tout
bord. Ils ne sont d'ailleurs pas nécessairement contre
l'enfouissement à Bure. C'est une question d'attachement
à leur département et de démocratie. Aucun
élu n'a le droit de décider à la place de
400 000 habitants. Ils n'ont jamais été élus
sur ce sujet. Qu'on soit pour ou contre, on veut que les Haut-Marnais
se décident par référendum."
La loi bataille de 1991 prévoyait plusieurs laboratoires
; il n'y en a pas de second. Dans son texte amendé, l'Assemblée
nationale a validé le fait que ce serait le Parlement,
après les dix années supplémentaires de recherche,
qui autoriserait ou non le lancement d'un stockage en profondeur
des déchets radioactifs. Elle a retenu l'élargissement
des deux zones de proximité pouvant bénéficier
des principales aides au développement, celle de Haute-Marne
et celle de Meuse. Retenue aussi l'idée de faire voter
les conseils municipaux de ces zones. Mais il n'est pas question
de référendum, même local.
Avant le passage au Sénat
Quelques jours après la manifestation, le 30 mai, le projet
passerera devant le Sénat avant son retour à l'Assemblée,
car la procédure d'urgence a été annulée
[note : non, cette procédure inique a bien été
maintenue]. Le samedi 20 mai, Bruno Sido, sénateur
et président du conseil général, sera bien
présent à l'Hôtel du département pour
recevoir les signatures recueillies. Au référendum,
Jean-Luc Bouzon y croit encore : "Ils finiront par céder",
et il ajoute : "Nous demanderons à tous les conseillers
généraux d'être présents et de se prononcer
publiquement pour ou contre un référendum départemental".
"Pour le samedi 20 mai, on souhaite une grande mobilisation
comparable à celle de 1994", souligne François
Massel. C'est une manifestation "pacifique, déterminée,
festive et citoyenne", mais elle n'est pas nationale
et les personnalités n'ont pas été contactées.
"C'est pour demander un référendum local.
Donc pour les Haut-Marnais et les Meusiens, ceux qui sont concernés."
Ensuite, ce sera une soirée de fête au square
du Boulingrin, une façon de montrer que "la Haute-Marne
est une belle terre de vie et non une poubelle nucléaire".
Après être passé en première
lecture devant les députés le 12 avril 2006, le
projet de loi doit être discuté par les sénateurs
la seconde quinzaine de mai et passera ensuite en commission mixte
(députés-sénateurs) pour adoption d'un texte
commun.
Il est donc urgent d'agir.
Le 12 avril dernier, seuls une vingtaine de députés
étaient présents pour débattre et décider
d'un projet de loi décisif pour le sort des déchets
radioactifs et celui de la filière nucléaire toute
entière pour les siècles à venir. Un comble,
alors que depuis plus de 30 ans des milliers de citoyens et élus
se mobilisent contre les pseudo-solutions officielles au casse-tête
des déchets radioactifs et clament qu'ils ne faut surtout
pas les enfouir, mais les garder en surface et accessibles afin
de pouvoir les surveiller.
Le projet de loi fait fi de tous les arguments de bon sens, se
construit sur des rapports d'études tronqués.
Il ne prend pas en compte les conclusions du débat public
officiel lançé fin 2005 qui a remis en lumière
la voie de l'entreposage.
Une interpellation massive et rapide de tous les députés
et sénateurs est à présent essentielle pour
les mettre en garde contre le passage en force d'un tel projet.
La TERRE n'est pas une poubelle, et surtout pas une poubelle atomique.
BURE (chantier d'enfouissement en Meuse/Haute-Marne) ne doit pas
passer au stade industriel. Or, c'est exactement ce que prévoit
ce projet de loi sous couvert de prolonger les "recherches"
de 10 ans !
N'hésitez pas à aller à la permanence de
vos députés et sénateurs afin de leur exposer
vos inquiétudes et exigences.
N'hésitez pas à prendre toute initiative pour médiatiser
cette campagne.
Merci de nous prévenir de vos actions et de la position
de votre député/sénateur : permanent@burestop.org
l'Est Républicain, 09/02/06:
Dans une lettre ouverte adressée au président du conseil général, Christian Namy, l'Association des élus meusiens et haut-marnais (AEMHM), par la plume de son président, Jean- Marc Fleury, exige toujours la tenue d un referendum « pour ou contre l'enfouissement des déchets nucléaires ». Dans le courrier, il est rappelé que, lors de la manifestation du 24 septembre 2005, 45000 pétitions ont été remises au conseil général, Christian Namy en ayant alors « pris acte », tout en affirmant « assumer sa démarche »
« La collecte se poursuivra aussi longtemps qu'il le faudra. L'immense majorité des citoyens voulant cette consultation, les pétitions continuent de nous parvenir à un rythme régulier (50.000 signatures aujourd'hui), écrit Jean-Marc Fleury. « Avant de négocier avec le gouvernement le prix de l'acceptation de la Meuse ou de la Haute-Marne, vous feriez bien de vous assurer d'être toujours en phase avec ceux que vous êtes censé représenter.
En témoignent les signatures collectées
dans votre propre canton (Pierrefitte-sur-Aire) 905 signatures
(dont sept maires).Vous avez dit envisager un débat avec
les opposants, mais nous l'attendons toujours, Et celui-ci n'aura
de sens réel que si le référendum vient conclure
nos échanges, à l'issue d'un véritable débat
contradictoire et démocratique. Mais en premier lieu, faites
ce que les nombreux pétitionnaires meusiens exigent : posez
à l'assemblée départementale là question
du référendum afin qu'elle délibère
sur son opportunité ».
Communiqué de presse, 8 février 2006:
CEDRA 52 - Collectif
citoyen contre l'enfouissement des déchets radioactifs
/ Haute-Marne www.burestop.org
AEMHM - Association des élus meusiens et haut-marnais
opposés à l'enfouissement www.stopbure.com
Fébrilité sur place. Attendu
de pied ferme par les uns, des centaines d'ouvriers licenciés
récemment et excédés, et les autres, le personnel
politique local, mis dans le secret : Thierry Breton ne viendrait
pas les mains vides. Ce sont les témoins de la grand
messe habituelle, triés sur le volet et invités
par la princesse (départementale), qui narrèrent
le spectacle. Sitôt à l'estrade, le ministre sortit
son carnet de chèques et le déposa sur la table
où étaient alignés et renversés trois
petits fûts décorés du sigle nucléaire.
Les plus proches avaient pu remarquer que "son" carnet
de chèques était frappé des lettres G.I.P.,
cet organisme qui généreusement octroie près
de dix millions d'euros par an à chacun des départements
de Haute-Marne et de Meuse afin de faciliter l'implantation d'une
poubelle nucléaire à Bure. Prestement, le carnet
se retrouva sous l'un des fûts, qui furent déplacés,
mélangés, agités à souhait. "Qui
donc à gagné le chéquier ?", clama le
roi de ce bonneteau. La zone proche de Bure ? Désillusion
en soulevant le fût. Le département en son entier
? Tout faux là aussi. C'est Saint-Dizier et ses alentours
qui raflaient la mise !
Esbaudis par le tour de passe-passe, mais n'est-ce pas là
son but, pas un des badauds ne s'aperçut de la supercherie
: le grand argentier de France (enfouie sous les dettes il est
vrai) n'avait rien apporté du tout. Rien de plus aux malheureux dix
millions traditionnels ! Il désabillait simplement Pierre
pour donner à Jacques, plus exactement Bruno-département
pour François-Saint-Dizier ; ce qui d'ailleurs ne peut
faire de tort à celui-ci à qui on prête des
visées ministérielles. Ainsi donc, grâce
à l'habilité et aux compétences de
Thierry Breton, la zone de Saint-Dizier allait bénéficier
des "fonds" du GIP. Pas une petite voix ne s'éleva
pour rappeler qu'il n'y avait là rien de nouveau sous
le soleil bragard car voilà bien des années que
s'accumulent les chèques pour le "Grand Projet de
Ville", le CEL, l'espace Dynamic, la zone commerciale du
Chêne Saint-Amand, l'entreprise FBMA... jusqu'au rutilant
"Centre nautique", financé ainsi à
50 %. Mais comment une petite voix aurait-elle pu souligner tout
ceci alors que le président du GIP, également patron
du département et sénateur, maintient sous le boisseau
la liste des bénéficiaires du GIP et les sommes
correspondantes ? Petit détail : le dit président-sénateur
a été nommé récemment à la
tête du projet de loi sur... la transparence nucléaire.
On ne pouvait effectivement choisir meilleur expert !
La première fois dans l'histoire
Avant de s'en repartir pour la capitale, le chef de Bercy tînt
à s'expliquer sur la dette abyssale de la France, et à
se défausser sur ses prédécesseurs.
Une dette si monstrueuse que le ministre asséna cette
conclusion sidérante : "On a transféré
sur les générations futures le coût de notre
bien-être actuel. C'est la première fois que cela
se produit dans l'histoire". Le prestidigitateur des
instants précédents tombait là le masque.
Curieusement, dans cette région de Bure où les fossoyeurs
ont jeté leur dévolu, Thierry Breton n'eut pas le
courage de faire la même analyse avec les déchets
radioactifs : par l'électricité nucléaire,
on transfère sur les générations futures
le coût de notre bien-être actuel ; et c'est aussi
la première fois que cela se produit dans l'histoire.
Le bateleur désopilant a fait illusion. Maintenant
on ne rit plus.
Mais les populations des deux départements -elles pas dupes-
entendent bien ne pas laisser empoisonner la région et
persistent à exiger un référendum local sur
la question ; 50 000 signatures d'électeurs sont actuellement
recueillies et la campagne continue tant en Haute-Marne qu'en
Meuse.
MANIFESTATION régionale SAMEDI 20 MAI à CHAUMONT
(Haute-Marne) pour remise officielle des pétitions au Conseil
général
Contacts : 06 66 95 97 77 - 06 76 47 62 58
Collectifs Bure-Stop & Coordination nationale
des collectifs contre l'enfouissement des déchets radioactifs
Site : www.burestop.org
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Bar le Duc - 11 janvier 2006
Une conclusion à l'encontre du programme
"pour enfouir" à tout prix :
Visiblement les pré-conclusions tirées par les 2
ministères de l'écologie et de l'industrie et par
la CPDP déchets nucléaires diffèrent quelque
peu. Alors que la CPDP fait part aujourd'hui de réticences
vis-à-vis de l'enfouissement, les 2 ministères les
ont ignorées délibérément dans leur
communiqué du 9 janvier.
Les pré-conclusions de M. Mercadal (communiqué de
l'AFP du 10 janvier) confirment bien l'opposition récurrente
depuis 25 ans, et sur une trentaine de sites ou départements
en France, contre la voie de l'enfouissement, portée sans
relâche par les élus locaux, habitants et collectifs.
Elles contre-balancent l'assurance affichée depuis 2 ans
par les pouvoirs publics, la CNE, l'ANDRA, l'OPECST quant à
l'acquisition du principe de faisabilité de l'enfouissement,
à BURE notamment.
Pour autant, si la voie de "l'entreposage perennisé
en sub-surface" inquiète moins l'opinion publique,
elle n'en poserait pas moins de sérieux problèmes
de maintenance à long terme, de coût et de contamination.
L'entreposage sur les sites de production -pour limiter les transports-
ne saurait donc s'appeler "alternative" ou solution
!
Les 15 années de la loi Bataille n'ont pas apporté
de réelles avancées quant au casse-tête des
déchets nucléaires, elles ont même confirmé
celui-ci.
Les collectifs s'interrogent sur la portée des conclusions
de la Commission particulière du débat déchets
nucléaires : les parlementaires auront-ils la sagesse d'entendre
celles-ci, lors du prochain débat parlementaire de 2006
?
Une chose est certaine, fermer le chantier d'enfouissement de
BURE serait un réel signal de changement de cap, mais il
ne peut en aucun cas se transformer en centre d'entreposage en
sub-surface !
QUEL débat en 2006 : déchets nucléaires ou
filière nucléaire ?
Plus globalement, il est impératif aujourd'hui de resituer
la problématique déchets dans sa filière
de production. Il est insensé de relancer avec l'EPR (tête
de série d'un second programme électronucléaire)
un autre cycle de 50 années de production de nouveaux déchets,
alors qu'autant d'inconnues majeures sur le plan technique, sanitaire,
financier subsistent.
L'urgence aujourd'hui :
- stopper la politique française de retraitement, génératrice
de volumes importants de déchets
- arrêter la production de ces déchets et lancer
la sortie du nucléaire par une politique volontariste en
termes d'efficacité énergétique et d'énergies
renouvelables et propres, ainsi qu'une réflexion sur la
"boulimie" énergétique de notre société.
Un débat honnête sur le sort des déchets existants
ne pourra se faire qu'à ce prix.
Contact presse : 06 86 74
85 11 - 06 66 95 97 77
Coordination Nationale des Collectifs contre
l'enfouissement des déchets radioactifs & Collectifs
Bure-Stop - www.burestop.org - Tel : 03 29 45 45 55
- 03 25 04 91 41
Communiqué de presse - Lundi 14 novembre 2005
Bure et Déchets nucléaires :
Scandaleux !
Reçu anonymement par courrier postal,
un document daté du 8 juillet dernier et rédigé
par la préfecture de Haute-Marne démontre en
60 pages comment l'Etat se sert des élus locaux de
la région de Bure pour faire accepter le projet de poubelle
nucléaire souterraine à Bure (Meuse/Haute-Marne).
En pleine phase de "débat" public, avec réunion
le 9 novembre dernier à Joinville (Haute-Marne) sur "l'accompagnement
économique du projet Bure", la réception de
ce document ne pouvait pas mieux illustrer la réalité
du dossier : Un débat public de façade et un
sordide marché dans le dos des habitants de la Meuse et
Haute-Marne.
Réuni en préfecture sous l'égide du Préfet, le
"Comité de pilotage haut-marnais pour l'accompagnement
économique du laboratoire de Bure" avait à
dresser le bilan des années écoulées et à
faire des propositions, ceci en présence de conseillers
généraux, quelques maires des environs de Bure,
des chambres de commerce-industrie et d'agriculture, et des services
préfectoraux. Il s'agissait d'ausculter les
GIP (Groupement d'intérêt public), mis en place par
la loi de 1991 (loi Bataille) dans les 2 départements concernés
et destinés à répartir des "fonds
d'accompagnement d'un laboratoire souterrain".
L'enjeu est de taille et dès la première page, le préfet souligne « l'importance du dossier [de Bure] pour la politique énergétique de la France ». Evacués les pseudo-laboratoires, les études à prolonger. La réalité est plus prosaïque. Sans site d'enfouissement pour ses déchets les plus dangereux, l'industrie nucléaire ne pourra pas prétendre détenir une solution, ce qui pourrait remettre en question la construction du réacteur dit EPR, voire même la poursuite du nucléaire actuel. D'où les promesses alléchantes de l'Etat aux deux Conseils généraux de Meuse et de Haute-Marne : des emplois pour redynamiser l'économie locale, la caution intellectuelle d'un "Pôle scientifique et technologique", et des dotations de 9,2 millions d'euros par an pour chacun des 2 GIP.
L'eldorado ? Non : Manipulation ? Oui !
Dans ce document, les élus reconnaissent -comme l'avait déjà fait le maire de Bure- s'être faits « rouler dans la farine ». Les centaines d'emplois promis n'ont jamais été au rendez-vous. Le rutilant Pôle (dont les coûteuses pré-études ont été financées par les GIP) a avorté, tuant le mirage scientifique. Jusqu'au montant des GIP, dont on apprend qu'ils correspondent à moins de la moitié de ce qu'avait prévu le député rapporteur Bataille !
On comprend à la lecture du compte-rendu que, mis sur la place publique, il discréditerait sans appel les deux conseils généraux. En effet, alors que ceux-ci se targuent d'avoir refait, grâce aux GIP, ici un bout de route, là un lavoir, plus loin des trottoirs ou une encore une façade, on découvre que l'Etat les a manipulés, l'argent des GIP étant versé "en vue de gérer des équipements de nature à favoriser et à faciliter l'installation et le fonctionnement de chaque laboratoire". L'Etat sort grand gagnant : "cette disposition [GIP] a permis notamment de faciliter l'implantation du laboratoire, de ses personnels et de rendre le territoire plus attractif par l'embellissement du cadre de vie, des interventions sur l'habitat...."
Bilan économique sans effets sur l'emploi !
Les Conseillers généraux de Meuse
et de Haute-Marne seraient-ils des victimes ? Qu'on
en juge par ces phrases révélatrices :
"le GIP Meuse (...) remplit la première exigence
de sa mission en contribuant à favoriser et à faciliter
l'implantation et l'exploitation du laboratoire. »
et "Les GIP ont été un dispositif
facilitateur pour l'acceptation du projet.", même
si « le bilan économique est insuffisant,
sans effets visibles sur l'emploi. » (bilan
du GIP Haute-Marne)
9 millions par an et par département aujourd'hui, 30 millions
d'euros par an et par département demain pour acheter les
élus et les populations !
Le document révèle également les propositions formulées par le comité puisque le processus GIP, de par la loi, va s'arrêter fin 2006. Aucune surprise : le maintien des structures GIP est demandé, avec un accompagnement financier multiplié par trois, soit ..30 millions d'euros par an et par département..., ainsi qu'un « comité de développement industriel » permettant de pallier l'absence de Pôle . Et comme "seul un développement de l'activité et de l'emploi permettraient d'obtenir l'acceptation des populations et de leurs représentants (et aussi "une information en toute transparence", quand même)", le comité se tourne vers les acteurs du nucléaire pour qu'ils installent quelque entreprise, tout en étant conscient que: "les difficultés que rencontreront les acteurs de la filière nucléaire pour engager un développement d'activités durable et générateur d'emplois ne doivent pas être sous estimées".
La Coordination nationale des Collectifs contre l'enfouissement des déchets radioactifs, les collectifs Burestop dénoncent ces négociations en coulisses menées par les représentants de l'Etat, les conseils généraux de Meuse et de Haute-Marne, certains élus locaux.
Ils invitent les signataires de la pétition, les habitants des deux départements à demander des comptes à leurs élus locaux sur ce scandale moral et financier et à peser pour l'organisation d'un référendum réclamé massivement.
BURE, la Meuse et la Haute-Marne ne sont
pas à vendre !
Journal de la Haute-Marne , 11/11/05:
Le débat public sur l'accompagnement
économique du laboratoire de Bure a donné lieu,
sans surprise, à des échanges vifs et abondamment
argumentés. Deux visions s'opposent. D'un côté
la crainte d'un coup fatal porté à la région
avec la "poubelle nucléaire". En face, la possibilité
ou la promesse d'un rebond économique avec cette "vitrine
technologique". Un grand écart.
"Difficile d'y retrouver ses petits". Les mots de M.
Collin, de Nature Haute-Marne, à propos d'un point précis,
pourraient être volontiers étendus à la "question
Bure". Car nombreux sont les nuages qui planent sur le dossier
: craintes du nucléaire, mauvais souvenirs du nuage de
Tchernobyl et de grands scandales de santé publique, flambée
actuelle du prix du pétrole qui redore la blason du nucléaire,
respect discuté de la loi Bataille avec, notamment, l'absence
d'un autre laboratoire que celui de Bure...
Pourtant, autour du thème de l'accompagnement économique,
qui intéressait la réunion de Joinville mercredi
soir avec environ 300 participants, deux visions de l'avenir se
sont clairement détachées, au-delà de l'impératif
de sécurité qui unit tout le monde.
D'un côté, l'accompagnement économique -qui
"accompagnerait" une deuxième phase de recherche
à Bure avant une décision sur un stockage à
l'horizon 2020- est lu comme l'enrobage sucré propre à
faire avaler l'amère pilule de la "poubelle nucléaire".
C'est une version déployée avec le plus de virulence
par les opposants déclarés, qui a été
marquée avec force mercredi soir.
Mesurer les conséquences sur l'image
Une "poubelle" qui aurait des conséquences
désastreuses sur la région, ses habitants, ses acteurs
économiques, sans compter les incertitudes encore sur la
sécurité à court ou long terme d'un stockage.
Pour une bonne partie des tenants de cette version, si la Haute-Marne
et la Meuse ont été choisies, c'est pour leur déclin
déjà bien entamé, adossé à
une faible densité et une érosion démographiques.
En face, il y a la théorie du rebond. Celle qui prétend
qu'il faut choisir les opportunités de développement.
Des maires locaux (le Meusien Philippe Martin ou le Haut-Marnais
Antoine Allemeersch) ont défendu ce qu'ils avaient pu faire
avec les fonds déjà versés par les GI (Groupement
d'intérêt public) destinés à soutenir
des actions pour faciliter l'implantation du labo, dans leur petite
cité. Mais dans l'ensemble, les tenants de ce front sont
unis pour dire qu'il en faut plus. Mercredi soir, les déclarations
d'EDF pour le développement des techniques d'économie
d'énergie ou la bonne volonté affichée d'Areva
n'ont pas convaincu grand monde.
Energies propres un thème porteur
Seul Bernard Bigot, du Haut commissariat à
l'énergie atomique, a ouvert une porte sur un avenir meilleur.
Son idée "séduisante" de mettre à
profit les atouts régionaux pour développer les
bio-fiouls et de "faire d'une région où il
y aurait des déchets, une région productrice d'énergie",
a marqué les esprits. Mais elle n'est encore que dans les
esprits.
Faire d'une faiblesse une force est l'idée, aussi,
du président de l'Andra et député Michel
Gonnot, qui défend "une vitrine technologique"
autour de Bure.
Sans réalisations concrètes à ce jour, avec
un Pôle scientifique mort-né (pourtant annoncé
avec Bure), sans emplois auttres que ceux du labo stricto sensu
il est difficile de convaincre aujourd'hui. "On n'a rien
vu venir !", résume le député haut-marnais
Luc Chatel.
Que l'on dénonce un "achat des consciences" comme
une partie des opposants, ou qu'on veuille susciter un rebond
économique, tout le monde est d'accord sur un point : l'accompagnement
économique n'est pour l'heure qu'un mauvais jeu de mots.
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M. Legrand : "S'il y a accompagnement, c'est qu'il y a stockage"
Le maire de Couvertpuis, dans la Meuse, craint l'impact sur l'image : "Je ne parlerais pas d'accompagnement, mais plutôt de récompense. Si on parle d'accompagnement économique, c'est qu'il y a stockage des déchets nucléaires. Mais a-t-on pensé aux agriculteurs ? Quel va être le comportement des acheteurs sachant qu'il y a des déchets nucléaires sous terre ? Prévoit-on des indemnisations ? On sait qu'à La Hague, on rachète les produits d'agriculteurs pour ne rien en faire... Et l'impact sur l'immobilier ? Qui va vouloir venir habiter dans une région qui abrite des déchets radioactifs ?"
Jean-Marcel Lambinon : "A enjeu national, réponse nationale"
"La question et l'enjeu des déchets nucléaires étant nationaux, la réponse globale doit être nationale. C'est bien beau de demander aux locaux s'ils ont des projets, mais ça ne suffit pas [visant EDF et Areva qui évoquaient des sollicitations pour faire tourner l'économie locale] La "tournée des popotes", en passant des commandes locales, en faisant fabriquer des pièces à droite à gauche, c'est du rapiéçage ! Il faut une vraie politique d'aménagement du territoire. Certes, ce n'est pas facile de faire du développement économique dans une zone de très faible population mais à peine plus loin, il y a Bar-le-Duc, Saint-Dizier... Il y a des choses à faire, là !"
Bernard Bigot, une idée pour les bio-fiouls
Haut-commissaire à l'énergie atomique, Bernard Bigot a développé une idée nouvelle."En se basant sur les ressources actuelles des départements de la Meuse et de la Haute-Marne, l'agriculture et la forêt, on peut développer de nouvelles énergies. C'est ce que l'on appelle les bio-fiouls. En travaillant avec l'Inra (Ndlr : Institut national de la recherche agronomique) sur les espèces végétales, avec l'Institut français du pétrole, on peut imaginer tout à fait raisonnablement un développement de la recherche. La réflexion est lancée. Ce pourrait être la première expérimentation grandeur nature de cette nouvelle voie de recherche pour une énergie qui concurrencerait le pétrole, plus riche, plus propre. [répondant à M. Ecosse de la chambre d'agriculture] C'est une très bonne chose qu'il y ait déjà des recherches au niveau local, même si ce ne sont pas tout à fait les mêmes. C'est la même dynamique."
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Pétition, référendum et consultation
"Celui qui bâillonnera 400 000 Haut-Marnais
et Meusiens n'est pas né !" Jean-Luc Bouzon, vice-président
de l'Association des élus des deux départements
opposés à l'enfouissement, a asséné
les résultats de la pétition lancée pour
un référendum local, "même consultatif"
: 31 000 signatures en Haute-Marne, 20 000 en Meuse. Et il a marqué
un point de plus en citant un article de Pierre Niederberger de
1997, l'ancien président du Conseil général,
"exigeant une consultation des populations". Après
tout, l'exigence est dans la loi Bataille de 1991 !
Impossible légalement, cette consultation a été
évoquée par plusieurs participants, dont le député
Luc Chatel (qu'on a entendu, contrairement à son homologue
Cornut-Gentille, présent cette fois à Joinville).
"La réponse juridique me semble insuffisante. En revanche,
il faut s'interroger sur le périmètre de cette consultation.
Si on se limite aux deux départements, on arrivera à
des absurdités : les Nord-Meusiens s'exprimeraient et pas
les Vitryats pourtant plus proches ? Et les Vosgiens non plus
?"
La bonne nouvelle, c'est que l'idée de consultation fait
son chemin. Même locale, la pétition, placée
sur un terrain non polémique, est sans aucun doute un bon
aiguillon.
Pierre Vaillant
NouvelObs, jeudi 13 octobre 2005:
Alors que la France s'interroge sur l'avenir
de ses déchets radioactifs, les habitants de la Meuse redoutent
l'implantation d'un site de stockage souterrain
Bure, Meuse, 85 habitants. Un joli village aux maisons de pierre
et aux toits de tuile. Près de l'église au clocher
carré, une vieille ferme en réfection surmontée
d'un drapeau rouge inattendu : le lieu de rencontre et d'
« information indépendante» de l'association
Bure zone libre (BZL) fondée par un groupe d'opposants
à la « poubelle nucléaire ». Albert,
Peter et leurs camarades expliquent leur combat : «
On produit des déchets radioactifs pour des millions d'années...
On détruit l'humanité, et la biodiversité
avec elle...»
Invisible du village, mais à quelques encablures seulement,
se dresse l'objet du litige : le laboratoire de recherches
de l'Andra (1) avec ses deux puits de forage géologique.
Comme son nom l'indique, il ne s'agit pour l'instant que d'un
« laboratoire ». Mais personne ne doute que l'objectif
ultime soit d'en faire la poubelle nationale de notre industrie
nucléaire en y enfouissant dans des galeries souterraines
les dizaines de milliers de mètres cubes de déchets
radioactifs « à vie longue » que produisent
nos centrales.
Tout autour du site de l'Andra s'étendent des bois, des
prés vallonnés où paissent vaches et chevaux,
des champs constellés de gros cailloux. Une terre rude,
belle et pauvre, peuplée de moins de 7 habitants au kilomètre
carré. «Le trou du cul du monde, dit Nadine Schneider,
institutrice à Bar-le-Duc, Meusienne pur jus et militante
du Réseau Sortir du nucléaire. C'est à la
fois loin de tout et desservi par une route assez confortable,
fréquentée par les convois exceptionnels. Sur 60
kilomètres,on trouve un terminal de l'Andra à Brienne-le-Château,
le camp militaire de Perthes qui contient de l'uranium appauvri,
le site de déchets faiblement actifs de Morvilliers, le
centre de stockage de l'Aube à Soulaines et enfin Bure.
La route des déchets!» Sur ce plateau désert,
à la limite de la Meuse et de la Haute-Marne, pourrait
se jouer l'avenir du programme nucléaire français :
«Les déchets, c'est le terminus de la filière
nucléaire, la pierre d'achoppement sur lequel repose la
relance du programme, poursuit Nadine Schneider. Notre objectif
est de faire de Bure un symbole national.» Le 24 septembre,
5 000 opposants
ont manifesté à Bar-le-Duc. Parallèlement, une association d'élus
de la Meuse et de la Haute-Marne a lancé une pétition
pour demander que la décision d'enfouir les déchets
à Bure soit soumise à un référendum
populaire : «Nous avons recueilli 42 000 signatures sur
les deux départements, soit 15% de l'électorat», dit Francis Legrand, maire de Couvertpuis, et l'un
des promoteurs de la pétition (2).
La mobilisation suffira-t-elle à stopper le projet de l'Andra
? Rien n'est moins sûr. Car les autorités nucléaires
jouent la montre... et l'ambiguïté que permet le maquis
législatif. La gestion des déchets radioactifs est
régie par la « loi Bataille », du nom du député
qui l'a rédigée. Cette loi votée fin 1991
prévoyait de mettre deux sites à l'étude,
l'un dans un terrain argileux, comme Bure, et l'autre dans un
terrain granitique. Mais la « mission granit » s'est
heurtée à une opposition vigoureuse des populations
de la Corrèze, de l'Orne, du Cantal, des Côtes-d'Armor
ou de la Mayenne, qui réserva en 2000 un accueil mémorable
à la mission, « raccompagnée » à
la limite du département par 3 000 manifestants résolus...
Depuis, il n'est plus question de site granitique. Et il n'existe
plus d'alternative concrète au projet de stockage à
Bure.
Paradoxalement, cette stratégie du fait accompli se déroule
sur fond de « débat public » : comme dans
le cas de l'EPR,
le futur réacteur nucléaire qu'EDF projette de construire
à Flamanville (Manche), la Commission nationale du débat
public s'est saisie du problème. Elle a organisé
deux séries de débats, une pour Flamanville et une
pour Bure, conduites chacune par une commission particulière,
et menées en parallèle cet automne. A l'évidence, les deux débats
sont liés : c'est parce qu'on veut relancer le programme
nucléaire avec l'EPR qu'il faut trouver une solution à
long terme pour les déchets. Et de cette solution dépend
l'acceptabilité de l'ensemble du programme. Car si l'on décidait d'arrêter le nucléaire
aujourd'hui, les installations de la Hague suffiraient à
répondre au problème des déchets, au moins
à moyen terme. En clair, la question que posent les deux
débats est la même : veut-on lier l'avenir énergétique de
la France au nucléaire pour les cent prochaines années
? Une question de cette importance valait
bien deux débats. A cela près qu'ils sont purement
consultatifs et n'ont aucune valeur de décision. Et que
les députés, qui eux doivent décider, n'y
participent pas...
En théorie, le Parlement doit statuer sur le sort des déchets
l'année prochaine. Mais, et c'est le seul point sur lequel
pro et anti-nucléaires soient d'accord, il est vraisemblable
que, compte tenu de la conjoncture électorale, les députés
décident... de renvoyer la décision à plus
tard et de poursuivre les études. Cela reviendrait à
confirmer le site de Bure dans son statut de « candidat
unique » à l'enfouissement des déchets. Bref,
à décider sans le dire...
L'Andra a-t-elle anticipé la manoeuvre ? Dans un document
largement diffusé, elle présente un « bilan
d'étape» tout en nuances : «Le programme
de recherche mené sur les quinze dernières années
a réuni les éléments permettant de répondre
à la question de la faisabilité de principe du stockage
dans l'argile... Les ouvrages de stockage n'ont pas été
testés en vraie grandeur... La question de la localisation
d'un éventuel stockage au sein de cette zone appelle des
travaux complémentaires.» En résumé,
on a mis quinze ans pour conclure que l'on pouvait enfouir en
toute sécurité les déchets dans la zone,
mais on ne sait toujours pas où. Cela n'inquiète
pas les promoteurs du stockage (cf. encadré) : «Tout
démontre qu'il est possible de gérer de façon
sûre les déchets à vie longue, estime Francis
Sorin, rédacteur en chef de la «Revue générale
nucléaire». Il faut continuer les recherches, non
pour lever les obstacles techniques - ils sont déjà
levés - mais pour optimiser le processus.»
André
Mourot, habitant bien connu de Saint-Martin-sur-la-Renne,
près de Colombey-les-Deux-Eglises, au sud-ouest de Bure,
est moins confiant. Cet ingénieur géophysicien à
la retraite, originaire de la Meuse, a suivi dès le début
les recherches de l'Andra. Il
s'étonne que l'agence se soit contentée de transposer
les données qu'elle avait recueillies à Bure sur
une zone environnante de 200 km2 sans avoir effectué de
plus amples recherches. «C'est pourtant là que l'on
projette de creuser les kilomètres de galeries souterraines
où seront stockés les déchets, explique-t-il.
L'Andra s'appuie sur les données du laboratoire pour dire
qu'il n'y a pas de faille géologique, mais un sondage de
1995 avait révélé une petite faille, et l'on
s'est bien gardé de chercher plus loin. Or deux rivières,
l'Orge et la Saulx, ont un tracé «en baïonnette»
qui suggère la présence de failles. Mais là
encore on n'a pas vérifié : la plupart de sondages
ont été réalisés en dehors de la zone.
On se retrouve avec un ministre de l'Industrie, la Commission
nationale d'Evaluation qui ont affirmé que les caractéristiques
du terrain étaient excellentes. Et des experts de l'Andra
qui admettent dans leur dossier de synthèse que «l'étude
approfondie de la zone de 200 km2 autour du site Meuse/Haute-Marne
n'a pas été réalisée»... Ce n'est pas sérieux!»
Selon André Mourot,
dans un tel sous-sol, la circulation d'eau risque de corroder
les conteneurs de déchets et d'emmener la contamination
radioactive vers les réserves d'eau potable qui alimentent
le bassin de la Marne et constituent l'un des châteaux d'eau
de la France. Mais est-ce vraiment le sous-sol qui préoccupe
les experts du nucléaire ? «Christian
Bataille, alors député du Nord, est venu fin 1993
rencontrer le conseil général de la Meuse et lui
parler des déchets, raconte Francis Legrand, le maire de
Couvertpuis. Un accord financier a été proposé
aux collectivités territoriales, et celles qui étaient
d'accord ont perçu 5 millions de francs à partir
de 1994, alors qu'il n'y avait rien. Cela concernait une cinquantaine
de communes en tout. Ensuite, l'Andra a acheté 100 hectares
de terrain. Mais les subventions ont commencé avant, et
on a même mené une action en justice en 1994-1995
pour savoir sur quelle base était distribué cet
argent.» A l'évidence, les promoteurs du stockage
radioactif se soucient davantage de la résistance des populations
que de celle du sous-sol. «Aujourd'hui, il n'y a plus qu'un
laboratoire, et on ne cherchera pas d'autre site, on a «oublié»
que la loi en prévoyait deux, poursuit Francis Legrand.
Quand il n'y aura plus qu'à creuser, la tentation sera
trop forte. D'autant plus forte que l'opposition sera faible dans
cette région pauvre, dépeuplée, vieillissante.
On creuse un trou, on rebouche et on attend : ça n'a
rien de scientifique. Ce n'est pas responsable. Je suis un paysan,
j'exploite la terre. La vocation de la terre, c'est de nourrir
l'humanité, pas d'y enfouir des déchets radioactifs.»
(1) Agence nationale pour la Gestion des Déchets
radioactifs.
(2) Association des Elus meusiens et haut-marnais opposés
à l'enfouissement/Collectifs Burestop, www.burestop.org
ou www.stopbure.com.
Michel de Pracontal
Le Monde, 14/09/2005 :
SAINT-DIZIER, BAR-LE-DUC de notre envoyé spécial Hervé Kempf
Jean-Luc Bouzon est un fan de Johnny Hallyday. Une grande affiche du chanteur orne le bureau de la section locale du Parti communiste de Saint-Dizier où travaille le conseiller général de la Haute-Marne. L'élu communiste a aussi collé une photo de Johnny sur son portefeuille et sa montre est à l'effigie de l'interprète du Pénitencier.
200 km2 destinés aux déchets
?
La Haute-Marne et la Meuse accueillent un laboratoire de recherche
sur la gestion des déchets radioactifs, à Bure (Meuse).
Cette situation ne devrait pas changer avant 2015, date à
laquelle pourrait être prise la décision de construire
un site d'enfouissement, quelque part en France, pour environ
80 000 m3 de déchets radioactifs pendant plusieurs milliers
d'années.
En réalité, l'Andra (Agence nationale pour la gestion
des déchets radioactifs) a effectué près
de Bure deux séries de forages, en 1999 et 2003, qui lui
ont permis d'identifier une zone de 200 km2 présentant
des caractéristiques homogènes. Elle est qualifiée
de "zone de transposition", où les résultats
obtenus à Bure pourraient être "transposés"
. Cela signifie que si la structure géologique de Bure
était jugée apte à conserver, sans fuite,
les déchets, toute la couche de la "zone de transposition"
le serait aussi, et l'on pourrait donc y implanter le site d'enfouissement.
La carte a été publiée, en juin, dans le
Dossier 2005 de l'Andra.
Le site d'enfouissement est assez bien défini : il serait
profond de 450 mètres, des dizaines de kilomètres
de galeries abritant les fûts de déchets. Ils y seraient
descendus par quatre puits d'un diamètre de 10 m. En surface,
les installations occuperaient 170 hectares. Officiellement, aucun
espace de surface n'a été réservé
par l'Andra.
Mais la passion artistique de Jean-Luc Bouzon ne lui fait pas
oublier la chose publique. Il a allumé en décembre
2004 une mèche qui menace d'incendier le dossier des déchets
nucléaires : avec d'autres élus opposés au
choix de leur département pour enfouir les déchets
nucléaires, il a lancé une pétition, demandant un référendum
local, qui rencontre un grand succès. "Nous en sommes
à plus de 25 000 signatures alors que la loi prescrit 10
% des électeurs, soit environ 15 000 signatures. Et nous
n'avons pas fini : nous comptons bien arriver à 40 000."
"REJET INSTINCTIF"
Cette campagne intervient alors qu'un débat
public sur les déchets radioactifs, initié sous
la houlette de la Commission nationale du débat public
(Le Monde du 3 septembre), s'est ouvert à Bar-le-Duc (Meuse)
lundi. Une autre audition publique se tient le 13 septembre à
Saint-Dizier (Haute-Marne), avant de nombreuses autres réunions
qui auront lieu en France pendant quatre mois.
Une tournée de porte-à-porte avec M. Bouzon et ses
camarades témoigne que la pétition reçoit
un accueil très favorable. La démarche découle
de la loi du 13 août 2004, qui dispose qu'"un dixième
des électeurs peuvent demander" l'organisation d'une
consultation par un département. La campagne de signatures
réclame ainsi que le conseil général organise
un référendum sur la question : "Etes-vous
pour la construction d'un centre d'enfouissement de déchets
nucléaires à Bure (site Meuse - Haute-Marne) ?"
Ce vendredi 9 septembre, dans le village d'Eclaron, non loin de
Saint-Dizier, personne ne refuse, sauf un vieux monsieur qui lève
les bras au ciel en s'exclamant : "A mon âge, on laisse
aller les choses." Mais tous les autres habitants signent
sans hésiter. Didier Lesprit "veut une autre solution
que le nucléaire" . Mme Czysjt estime qu'"on
risque tous quelque chose. Moi, j'ai un problème à
la thyroïde depuis 1988, après Tchernobyl." Lenin
Sedano explique: "Je suis tout à fait contre, et pourtant,
je suis pour le progrès. Il faut s'occuper du solaire et
de l'éolien. Moi, j'ai une plaque solaire sur mon camping-car."
Marie Godfroy pense qu'"il y a assez de cancers comme ça"
. Michèle Artillon ne connaît pas le dossier, "mais
tout le monde en parle, on veut savoir" , tandis que Celine
Hinderschitte juge : "On est concernés, je ne vois
pas pourquoi on ne nous demanderait pas notre avis."
Le succès de la campagne surprend les militants qui l'ont
lancée, ainsi que dans le département voisin, la
Meuse, où une pétition parallèle rencontre
la même écoute : "On est à près
de 20 000 signatures alors qu'il en suffirait de 14 000"
, dit Claude Kaiser, maire de Ménil-la-Horgne (Meuse).
"On constate un rejet instinctif et viscéral de la
notion d'enfouissement ."
Le succès de la demande populaire de référendum
dans ces départements parmi les moins peuplés de
France (près de 200 000 habitants chacun) ébranle
le scénario imaginé pour les déchets nucléaires
à vie longue produits par le parc de centrales d'EDF. A
la fin des années 1980, la recherche de sites d'enfouissement
des déchets nucléaires avait rencontré l'opposition
dans de nombreuses régions françaises.
La loi, dite Bataille, du nom du député (Nord, PS),
qui en était l'initiateur, avait calmé le jeu en
1991, en indiquant qu'on chercherait d'abord deux sites d'études,
dans l'argile et dans le granit. Bure, aux confins de la Meuse
et de la Haute-Marne, a été choisi pour étudier
l'argile, avec l'accord des conseils généraux, en
1993. En revanche, il n'a pas été possible de trouver
un lieu pour un laboratoire d'études dans le granit. Si
bien que Bure (Meuse) reste seul en course.
Les géologues de l'Andra (Agence nationale pour la gestion
des déchets radioactifs) jugent aujourd'hui, alors que
les puits du laboratoire ont commencé à être
creusés en 2000, que la couche argileuse située
à 450 mètres de profondeur semble favorable. "La
faisabilité du stockage dans l'argile est acquise"
, écrit l'Andra dans son Dossier 2005 , et "la couche
du Callovo-Oxfordien réunit des propriétés
très intéressantes" .
L'absence d'autre site étudié en France pousse les
élus, les associations et les populations locales à
penser que leur région sera finalement choisie pour enfouir
les déchets, même si le Parlement ne devrait décider
en 2006 que de la poursuite des recherches. De surcroît,
a indiqué, en juin, le ministre délégué
à l'industrie, François Loos, le choix du site de
stockage ne devrait être effectué qu'en 2015.
"LA VOLONTÉ DES CITOYENS"
Pour l'instant, les principaux élus refusent le référendum.
"C'est non !, s'exclame Christian Namy, président
(sans étiquette) du conseil général de la
Meuse. Parce que l'Etat ne m'autorise pas à le faire, et
parce que le débat public est un bon débat."
Selon M. Namy, "ce qu'attendaient les gens, c'est l'accompagnement
du développement économique. Or, rien n'a été
fait" . Il négocie avec le gouvernement le triplement
de l'allocation de 9,5 millions d'euros accordée annuellement
à chacun des deux départements pour l'accueil du
laboratoire. "Avant de négocier, il faut s'assurer
de l'acceptabilité sociale d'un projet, répond Claude
Kaiser. Le premier devoir des élus est de connaître
la volonté des citoyens."
Libération, 01/08/2005 :
Trois jours de manifestations étaient organisés devant le site de recherches sur l'enfouissement.
«Faire bloc» contre l'enfouissement des déchets radioactifs. Tel était le mot d'ordre hier, à Bure (Meuse), d'un millier de militants antinucléaires (600 selon la gendarmerie) qui ont formé deux chaînes humaines et érigé un mur de pierres barrant l'accès du laboratoire souterrain de l'Agence nationale pour la gestion des déchets nucléaires (Andra). Cette action symbolique a été le point d'orgue du festival contre les déchets nucléaires, organisé par les collectifs Bure Stop.
Selon les organisateurs, au moins 2 000 personnes, venues de France, d'Allemagne et de Suisse, ont assisté depuis vendredi à 25 concerts et aux conférences animées notamment par la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad). «C'est la première fois qu'on voit autant de jeunes, se réjouit Nadine Schneider, membre de Bure Stop. Ici à Bure, nous nous installons dans une lutte très longue. Nous sommes des non-violents obstinés.» Des incidents ont toutefois éclaté samedi soir, quand les manifestants qui tentaient d'accéder au site de l'Andra se sont heurtés aux gardes mobiles. Deux personnes ont été interpellées puis relâchées.
Ces trois jours de manifestation interviennent alors que l'Andra, chargée d'évaluer les possibilités de stockage géologique profond des déchets radioactifs de haute activité à vie longue (HAVL), a remis un prérapport au gouvernement le 30 juin. L'agence y conclut que «la faisabilité de principe du stockage en formation argileuse est désormais acquise» dans une zone qui couvre 200 km2 au nord et à l'ouest de son laboratoire de Bure, où elle mène des recherches à 450 mètres sous terre : «La couche [d'argile] présente une épaisseur importante (130 mètres) et n'est pas affectée par des failles sur de grands volumes. Depuis son dépôt, son histoire a été fort calme, ce qui constitue un argument majeur pour établir son homogénéité et son extrême stabilité.»
En décembre, l'Andra publiera une version actualisée de ce rapport. Un débat public sur ce dossier doit s'engager en septembre et durer jusqu'en janvier, en prélude à l'examen, en 2006, par le Parlement d'un projet de loi sur la gestion des déchets nucléaires. «On est dubitatifs sur l'intérêt de ce débat, hormis s'il s'agit de saupoudrer un semblant démocratique dans un processus qui ne l'est pas, estime Corinne François, de Bure Stop. C'est trop court, tronqué, et seulement consultatif. En plus, il n'existe aucune contre-expertise sur les travaux de l'Andra. Vu la nature des déchets dont on parle, c'est invraisemblable.»
Les collectifs Bure Stop réclament un référendum en Meuse et Haute-Marne sur l'avenir du site de Bure et prévoient une manifestation le 24 septembre à Bar-le-Duc (Meuse). Si les parlementaires donnent leur feu vert au stockage profond des déchets HAVL, la construction d'un site souterrain pourrait débuter près de Bure en 2015 et s'achever à l'horizon 2025.
Thomas Calinon
31/07/2005 - Des échauffourées ont eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche devant le laboratoire de recherches sur l'enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse) entre plusieurs centaines de manifestants anti-nucléaires et des gendarmes mobiles, a-t-on appris de sources concordantes.
A l'appel de collectifs anti-nucléaires, des manifestants sont rassemblés depuis vendredi sur ce site situé à la lisière de la Haute-Marne et de la Meuse pour demander l'abandon des recherches menées par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Certains d'entre eux ont tenté de pénétrer à l'intérieur de l'enceinte du laboratoire, protégé par les forces de l'ordre.
"Les manifestants ont jeté des pierres sur les gendarmes mobiles, qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes", a indiqué à l'AFP un officier de gendarmerie présent sur place.
Ces incidents ont été confirmés à l'AFP par Corinne François, porte-parole des collectifs d'associations ayant appelé à ce rassemblement.
Dimanche en milieu de journée, la manifestation se déroulait de manière "bon enfant", ont indiqué les gendarmes et les écologistes. "Nous formons des chaînes humaines pour amener des pierres sur place et construire symboliquement un mur contre l'enfouissement des déchets", a expliqué Mme François.
En marge de cette action symbolique, les manifestants - un millier selon les organisateurs, 500 à 600 selon les gendarmes - pouvaient assister à des concerts ou à des conférences-débats.
Est Républicain, 31/07/05:
Des centaines d'opposants campent devant le labo pour dénoncer "l'absurdité du projet d'enfouissement". Grand rassemblement, aujourd'hui à onze heures face au site.
Des tentes multicolores plantées dans un champ, à quelques centaines de mètres de l'entrée du laboratoire de recherche, des conférenciers qui se relaient pour tailler en pièces le lobby nucléaire et porter la bonne parole des énergies renouvelables, des stands d'information animés par des collectifs ou associations de défense de l'environnement en tous genres, des concerts non stop qui donnent un air de kermesse estivale : le festival contre les déchets atomiques réunit, depuis vendredi soir à Bure, plusieurs centaines de participants venus de toute la France, d'Allemagne et de quelques pays voisins.
Une supercherie
Le message est clair : Faire bloc pour ne pas laisser faire, parce que Bure est un projet absurde", explique Michel Marie, permanent du Collectif national Bure Stop.
"Le labo est la vitrine trompeuse d'une recherche incapable de gérer des déchets aussi toxiques. Le pré-rapport de l'Andra tire des plans sur la comète en affirmant que l'enfouissement est possible alors que les galeries ne sont pas encore creusées. Leurs conclusions portent sur des relevés effectués dans une niche, cinquante mètres au-dessus de la zone de stockage envisagée. Quel scientifique peut-il prétendre sérieusement transposer de telles données à un autre site constitué d'une roche argilite dont la composition est différente ? Quant à la poursuite des études pendant dix années supplémentaires -annoncée par le gouvernement- c'est une supercherie de plus pour endormir la population et duper les parlementaires qui risquent bien de lancer en 2006 un programme irréparable dont l'aboutissement sera l'enfouissement des déchets dans le sous-sol meusien".
Maison solidaire
Hier matin, les festivaliers avaient aussi rendez-vous à la maison de la résistance, gérée par l'association Bure Zone Libre, qui inaugurait ses locaux en cours de rénovation. Depuis six mois, les travaux dans cette vieille ferme, située au coeur du village, ont permis de consolider le batiment : charpente et toiture, dalle chauffante, huisseries, sanitaires...
"C'est une maison solidaire", explique Isabelle Guillaume. "On nous a prêté des outils, donné des matériaux. Différents corps de métier se sont spontanément proposés pour nous aider. Des jeunes se relaient dans le cadre d'un chantier d'été. On va prochainement récupérer 10 m2" de panneaux solaires". Un bureau d'accueil devrait ouvrir à la rentrée "pour donner une autre information, indépendante du discours officiel et des lobbies nucléaires". BZL - qui réunit deux cents adhérents - est parrainée par une douzaine d'associations et collectifs - Réseau sortir du nucléaire, Fondation terre humaine - et soutenue aussi par des particuliers "qui veulent transformer l'image des opposants".
Militants bien sûr mais aussi travailleurs manuels qui désirent défendre, aux coté des habitants de Bure, ce petit bout de terre.
Gérard BONNEAU
Journal de la Haute-Marne, 3/04/2005:
Fondatrice de la Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité (Criirad), Michèle Rivasi estime que les parlementaires n'ont pas les clefs suffisantes pour le choix qu'ils auront à faire, l'an prochain, vis-à-vis du nucléaire. L'avenir de Bure passe pourtant par leur décision.
Députée de la Drôme de 1997 à 2002, apparentée PS, fondatrice de la Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité (Criirad), Michèle Rivasi était l'une des invitées d'un forum organisé par les collectifs opposés à l'enfouissement des déchets radioactifs, hier, à Savonnières-devant-Bar.
Le Journal de la Haute-Marne : Pourquoi avoir
créé la Criirad, et quelles sont ses actions ?
Michèle Rivasi : La création de la Criirad date
de 1986, suite au
mensonge de Tchernobyl. Il fallait soit quémander des
informations auprès des grands groupes nucléaires,
soit en être à l'origine. Face à ce monopole
de l'information sur le nucléaire, on a décidé
de monter un laboratoire avec des experts indépendants
pour connaître les retombées de Tchernobyl, les dangers
qui existent près des sites nucléaires, etc. Nous
sommes un contre-pouvoir de l'information sur la radioactivité.
Nous faisons des études pour les collectivités,
la Communauté européenne et les associations. On
a étudié la contamination du Rhône, l'effet
de la radioactivité sur les aliments, enquêté
sur le commissariat atomique de Saclay dans l'Essonne... On a
fait aussi installer des balises de mesure en continu de la radioactivité
en Alsace, dans la Drôme, à Paris, Orléans...
JHM : Quelle est votre position concernant
le site de Bure ?
M.R. : Le problème, c'est que si l'on choisit l'enfouissement
des déchets radioactifs, il existe des risques de contamination
des nappes phréatiques à long terme. On a déjà
vu des fûts qui se fendent sur le site de Cadarache (centre
de recherche du Commissariat à l'énergie atomique
(CEA), ndlr)... Il existe aussi des risques liés aux transports
des déchets et à leur entreposage avant l'enfouissement.
Certains déchets, à base de MOX (mélange
d'oxydes d'uranium et de plutonium, ndlr), mettent 40 à
80 ans à refroidir avant d' être enterrés.
Là, il peut y avoir des problèmes, comme des incendies
par exemple. Ce qu'on a vu à La Hague...
JHM : Pensez-vous que les parlementaires, qui
se prononceront l'an prochain sur la poursuite des études
d'enfouissement des déchets nucléaires à
Bure, ont assez de recul pour prendre leur décision ?
M.R. : Pas du tout. Plusieurs rapports ont montré qu'ils
n'ont pas assez d'éléments ni de recul pour prendre
une décision motivée. Cela sera un vote très
politique mais pas du tout scientifique, car ils ne sont pas assez
informés (...) Les parlementaires ne sont pas assez critiques
envers les scientifiques quand ils rédigent un rapport
. Ils n'ont pas les outils pour avoir une vision objective du
problème. Il faudrait qu'ils soient à même
de demander une contre-expertise mais il n'y a pas d'enveloppe
pour cela. Ils ne peuvent que demander des informations à
la Cogema, le CEA, Areva, ou aller à l'étranger.
Il n'y a pas d'alternative possible, ils disposent seulement des
moyens qu'on leur donne. Et la population se retrouve coupée
des décisions, coincée par les politiques...
JHM : Est-ce que la pétition lancée
par les élus opposés à l'enfouissement peut,
selon vous, modifier la donne ?
M.R. : Si les politiques se battent pour la transparence et la
démocratie, il faut qu'ils demandent un référendum
sur le choix du nucléaire. Cela engage tout un pays, tout
un choix énergétique et, à long terme, l'aspect
sanitaire d'une population. Les gens sont sceptiques sur le sujet.
Le récent rapport sur Tchernobyl, qui montre clairement
qu'il y a eu des mensonges sur les conséquences en France,
les conforte. Ils se disent "si demain il y a un stockage
à Bure, quelles garanties on a ?" C'est pourquoi il
faut une mobilisation citoyenne, que les gens s'informent, aient
une position. Pour que les politiques prennent une décision
conforme à leurs aspirations. C'est maintenant qu'il faut
se bouger.
La pétition à mi-chemin
La pétition pour obtenir un référendum local sur l'enfouissement des déchets nucléaires suit son cours. Lancée par les élus opposés à l'enfouissement, elle atteint environ 7800 signatures en Haute-Marne et 7500 en Meuse. Pour qu'elle soit recevable, le document doit recueillir, avant septembre, la participation de 10 % des électeurs inscrits dans les deux départements, soit 14 000 chacun environ. Le collectif envisage d'organiser une manifestation d'envergure lorsqu'il remettra le document. Il lance actuellement des appels à la mobilisation dans ce sens, à en croire Michel Marie, coordinateur national des collectifs contre l'enfouissement des déchets nucléaires.
L'Est Républicain, 3/04/2005 :
Le forum des opposants au stockage à Bure a réuni, hier, les témoignages d'experts qui dénoncent le processus engagé. Au nom du principe de précaution.
Une poignée d'élus noyés
parmi 200 participants, tous invétérés de
la justesse de leur combat contre l'enfouissement des déchets
nucléaires, ont participé, hier, au forum organisé
à la salle des fêtes de Savonnières-devant-Bar.
Ecolos de toujours, citoyens engagés dans la lutte pour
la sauvegarde des entrailles de leur terre, mais aussi de nombreux
mamies et papys « qui ne veulent pas transmettre un bébé
empoisonné à leurs petits enfants », un public
cosmopolite a écouté les explications des divers
orateurs qui se sont succédé à la tribune.
Sans aucun contradicteur dans la salle, ce forum n'avait pas vocation
à ouvrir un réel débat sur l'avenir des déchets
radioactifs mais à conforter les opposants dans leurs convictions.
Et les messages ont tous convergé pour faire contre-poids
à l'assurance du discours officiel.
Le Belge Paul Lannoye a mis le doigt sur «
les effets nocifs et inattendus sur la santé publique de
l'accumulation des déchets nucléaires ». Michèle
Rivasi, fondatrice de l'organisme indépendant Criirad,
lui a emboité le pas en rappelant l'importance des stocks
et des volumes envisagés dans une quinzaine d'années
lorsque les premières centrales seront démantelées.
Un leurre. Aujourd'hui, on recense 1.850 m3 de déchets
à haute activité et à vie longue (HAVL) -les
plus dangereux que l'on veut enfouir à Bure - et leur volume
aura doublé en 2020. Ils sont constitués par les
produits de fission et les actinides vitrifiés, représentant
96 % de la radioúactivité totale. Après retraitement,
ils sont actuellement stockés en fûts dans des hangars,
sur deux sites à La Hague et Marcoule.
Le site du Cotentin abrite aussi 16.000 fûts étrangers
de combustibles irradiés qui ne sont toujours pas retournés
dans leurs pays d'origine. « C'est une situation complètement
horsúla-loi », s'insurge l'ex-députée
socialiste apparentée, qui ne croit pas au « leurre
» de la transmutation-séparation des radionucléides,
une technologie que l'Office parlementaire d'évaluation
scientifique vient de recommander comme étant « l'objectif
ultime » de la filière nucléaire.
« Cela ne peut concerner que les actinides mineurs (neptunium,
américium... ) et pas les produits de fission nucléaire,
soit seulement 10 % des HA VL », note Michèle Rivasi.
« Son financement est colossal pour un résultat limité
car on ne réduit que la durée de vie de ces déchets
».
Troublantes anomalies. Didier Anger, ancien parlementaire européen,
reconnaît « qu'il n'y a pas de bonne solution, mais
il faut trouver la moins mauvaise ». Entreposage en surface
? Dans la salle, un Suisse interroge. « Il y en a un tout
près de l'aéroport de Zürich. Que se passerait-il
si un avion tombait dessus ? » Sans oublier les risques
liés à un acte terroriste !
Le stockage souterrain peut apparaître au prime abord plus
sécuritaire. Cette solution a les faveurs de certains pays,
comme la Finlande, qui a voulu obtenir une large adhésion
de la population. Représentante de Greenpeace, Kaisa Kosonen
a toutefois dénoncé ce soit-disant « modèle
» de démocratie participative.
Le choix d'un site de stockage devrait aussi
recueillir un consensus scientifique qui est loin d'exister. Depuis
des années, André Mourot s'oppose aux conclusions
de l'Andra qui radiographie le sous-sol de Bure.
Le géo-physicien a déjà relevé de
nombreuses anomalies troublantes sur le site : remontée
de radon (sources IPSN) prouvant l'existence de fractures par
lesquelles l'eau peut migrer, existence d'une importante zone
aquifère (puits à 7 km de Bure d'un débit
de 100 m3/jour) dans un terrain à chailles; existence de
ressources géoúthermiques sur le site (sources BRGM)
; zone sismique reconnue (53 séismes de faible magnitude
enregistrés dans un rayon de 40 km autour du site sur les
25 dernières années, mais aussi un tremblement de
terre équivalent à 5 sur l'échelle de Richter
en 1784 àNeufchâteau)...
Autant d'arguments qui pourraient bannir tout stockage à Bure mais qui n'ébranlent pas les scientifiques de l' Andra, convaincus que la couche d'argile est « un coffre-fort » capable de confiner la radioactivité. Pendant combien de temps ? La question est toujours sans réponse.
Gérard Bonneau
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Bar le Duc, 21 janvier 2005
Coordination nationale des Collectifs (Collectifs Bure Stop) contre
lenfouissement des déchets radioactifs, 21/01/2005 :
Des trois journées parlementaires destinées à faire le point de la recherche sur la gestion des déchets du nucléaire, celle d'hier, jeudi 20 janvier -la première- avait pour fil conducteur une voie présentée comme prometteuse, la transmutation des déchets. Mais tout n'a pas été dit.
Il aurait été
bien étonnant que la recherche sur la séparation-transmutation
soit présentée sous un angle défavorable
lors de la première journée d'audition de l'OPECST
(Office Parlementaire d'Evaluation des Choix Scientifiques et
Technologiques.)
Les auditionnés, en effet, étaient issus principalement
du sérail nucléaire et trop d'enjeux scientifiques
et économiques sont en cause. Conclusion sans surprise
: les parlementaires, tout comme l'opinion des contribuables,
sont invités à croire au bien-fondé de ces
recherches et à la possibilité quasi miraculeuse
de neutraliser tout à coup la toxicité et la durée
de vie des déchets nucléaires.
Et pourtant !
La transmutation ?
Elle est résumée par cette formule lapidaire de
physiciens, le couple Sené: "la transmutation n'apportera
jamais de solutions. Ce n'est qu'un rêve de physicien et
une pompe à finance.* Ce n'est pas une solution mais une
astuce pour faire croire que le nucléaire pourrait être
propre."
La modestie n'étant pas le propre des
fervents du nucléaire, rappelons tout de même, pour
faire un tour d'horizon de la problématique déchets
radioactifs :
- Une partie non négligeable de déchets nucléaires
sont évacués sous forme de rejets autorisés
dans les fleuves, la mer, l'atmosphère; au final, chez
les êtres vivants
- Si les déchets C (Haute Activité et à Vie
Longue) sont dits peu volumineux (plusieurs milliers de m3 quand
même), ils concentrent pourtant à eux seuls 95% de
la radioactivité de tous les déchets radioactifs
cumulés (TFA, A, B, C)
- La transmutation ne s'intéresse qu'à quelques
radioéléments des déchets C et, surtout,
pas du tout aux déchets B dont les volumes sont pourtant
bien plus considérables que les C
- Si la transmutation (rappel : pour certains rares radioéléments)
semble opérationnelle en laboratoire, son aboutissement
à l'échelle industrielle est bien lointaine et fort
hypothétique
- La transmutation à l'échelle industrielle nécessiterait
des réacteurs nucléaires spécifiques, une
dizaine au vu des quantités de déchets, qui eux-mêmes
produiraient inévitablement de nouveaux déchets...
Alors, pourquoi tant de contre-vérités,
répétées, tout au long de la journée
d'hier ?
Ne serait-ce pas pour rassurer et amadouer pouvoirs publics et
opinion publique, en leur faisant miroiter une solution à
la complexité du problème posé par le nucléaire
à travers ses déchets ?
D'autant que la loi Bataille du 30 décembre 1991 préconisait
deux autres voies de recherche mais qui s'avèrent, elles
aussi, sans issue :
- l'enfouissement de ces déchets en profondeur, qui cumule
et des incertitudes techniques majeures, et l'immoralité
à léguer un tel dépôt à nos
descendants
- le stockage en surface, qui ne peut être qu'une "solution"
d'attente
La Coordination Nationale et les collectifs
contre l'enfouissement des déchets nucléaires ne
sont pas dupes. Le maintien, le renouvellement du parc nucléaire
et la continuité des crédits de recherche sur cette
énergie sont particulièrement dévoreurs de
budgets publics, au détriment des recherches sur les énergies
sobres, efficaces, avec peu ou sans déchets.
Les contribuables et la population française sont en droit
d'attendre autre chose que des procédés de communication
et d'autojustification.
Diverses actions d'information et de protestation seront organisées par la Coordination des collectifs et le réseau Sortir du nucléaire, à commencer par l'interpellation jeudi 27 janvier prochain, des parlementaires sur ce sujet.
* les recherches sur la séparation/transmutation a englouti plus de 700 millions d'euros sur les dix dernières années
Contacts : 06 86 74 85 11 - 06 66 95 97 77
www.burestop.org - www.sortirdunucleaire.org
Communiqué de presse de Bure Zone Libre:
Les opposants font leur trou à Bure
Journal de la Haute Marne, 6/12/2004 :
L'association anti-nucléaire Bure zone libre a célébré, hier, l'achat d'une bâtisse dans le village de Bure. Le lieu se veut un point d'information et de contestation.
Les membres de l'association anti-nucléaire Bure zone libre a célébré, hier à Bure (Meuse) l'acquisition d'une ancienne bâtisse dans la commune. Achetée à titre privé par un des membres du bureau de l'association, Peter Desoi, l'endroit est situé "stratégiquement" à quelques pas du bureau du Clis (Comité local d'information et de suivi), au 2, rue de l'Eglise. "En s'installant au coeur de la population, on peut faire de la communication en vis-à-vis, être intégrés au village", assure Isabelle Guillaume, coordinatrice de l'association.
Et de dénoncer: On démontre que l'approche humaine est importante, à l'opposé de la distance affichée par les technocrates." L'ancienne étable doit faire l'objet d'importantes rénovations. Les membres et des sympathisants de l'association vont s'y atteler. L'ouverture est prévue pour l'été prochain. Chacun pourra y trouver des informations sur le site d'étude de faisabilité d'enfouissement de déchets radioactifs. En attendant la fin des travaux, Peter Desoi assure des permanences sur place.
L'endroit sera rénové avec l'ambition "d'en faire un exemple d'alternative au nucléaire", indique Isabelle Guillaume.
L'installation d'équipements favorisant les énergies renouvelables, comme des panneaux solaires sera donc préconisée. La vaste maison se composera de salles d'accueil, de réunions et proposera un hébergement collectif.
La "centaine d'adhérents" recensées par l'association, "en France et en Europe", pourra s'y retrouver, organiser la "lutte". Objectif affiché : "Mettre Bure au centre de la contestation européenne, en faire une terre de résistance."
M.V.
Vers une étude d'impact ?
Une rencontre vient de se tenir entre les élus
opposés à l'enfouissement des déchets radioactifs
et le président du Conseil régional de Lorraine,
Jean-Pierre Masseret. "On a demandé à ce qu'une
étude d'impact soit menée et le président
s'est engagé, officieusement, sur son financement",
annonce Solange Ducamin, conseillère régionale,
chez les Verts. Et l'élue d'assurer:
"On va aussi pousser pour qu'il y ait un débat au
sein du Conseil régional."
Un forum d'information au printemps
Une réunion nationale de coordination
a réuni, samedi, les collectifs anti-enfouissement et les
élus opposés à l'enfouissement des déchets
radioactifs. L'organisation d'un forum d'information au printemps
a été décidé. "Encore beaucoup
de personnes ne sont pas au courant que l'Andra
(Ndlr: Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs)
doit rendre son rapport à la fin de l'année 2005.
Il y a encore un très grand nombre d'informations à
donner, il faut associer les principaux concernés",
estime Corinne François, de la coordination nationale contre
l'enfouissement des déchets radioactifs.
Des manifestations sont aussi prévues l'an prochain, notamment pour soutenir la pétition en vue de la tenue d'un référendum local.
Le Figaro, 23/11/2004 :
Les experts estiment, avec empressement selon les opposants, l'argile propice au stockage souterrain
«Ils se moquent du monde !» : la
tension ne cesse de monter autour de Bure, petit village meusien
où l'Andra (1) est en train d'achever, après bien
des avatars, le creusement du laboratoire de recherche sur le
stockage souterrain des déchets radioactifs prévu
par la loi du 30 décembre 1991. Le
13 octobre dernier, à Bar-le-Duc (Meuse), lors de la séance
plénière du Comité local d'information et
de suivi (Clis) instance composée de représentants
de l'Etat, de parlementaires, d'élus locaux et de représentants
du monde associatif , les responsables de la Commission nationale
d'évaluation (CNE), venus présenter leur rapport
annuel sur l'état d'avancement des recherches, ont été
violemment pris à partie. Furieux, le vice-président
du Clis, Jean-Marc Fleury, a déchiré le document
au nez et à la barbe de ses auteurs, imité en cela
par une partie de l'assistance. «Les feuilles volaient dans
la pièce !», raconte un participant. Un peu plus
tard, en signe de protestation, un élu remettait au président
de la CNE, Bernard Tissot, un sac contenant de la terre de Bure...
Fait nouveau, «les critiques débordent largement
le cadre de l'opposition classique, note un responsable du Clis.
Elles émanent maintenant de personnalités jusque-là
modérées, qui ont le sentiment d'avoir été
flouées et qui sont persuadées, à tort ou
à raison, que le Parlement votera en 2006 une loi autorisant
la création d'un site d'enfouissement de déchets
radioactifs sur le secteur de Bure.» Dans son dernier rapport,
qui a mis le feu aux poudres, la CNE estime en effet, «au
stade actuel de la reconnaissance», que la couche d'argilite
du Callovo-oxfordien, une roche grisâtre située à
500 mètres de profondeur, «présente des caractères
favorables à la réalisation d'un stockage. Plus
particulièrement, aucun élément rédhibitoire
n'a jusqu'à maintenant été trouvé.»
Du coup, le Parlement «devrait disposer en 2006 de données
scientifiques suffisantes pour décider ou non de passer
à une étape ultérieure de ce processus, dès
lors qu'aura été mené à son terme
le programme de recherche défini par l'Andra, que la Commission
estime judicieux et pertinent». Pour André Mourot,
géophyscien retraité et membre du bureau du Clis,
«puisque tout est parfait, arrêtons de construire
le laboratoire, cela permettra de faire des économies.
Comment affirmer que le site est bon alors que certaines expériences
destinées à tester la qualité de la roche
in situ n'ont même pas commencé ?». En clair
: à quoi sert ce coûteux laboratoire ? Surtout quand
l'Andra affirme de son côté avoir déjà
collecté l'essentiel des données nécessaires.
Certes, cette dernière a pu pallier, en partie, les retards
accumulés depuis deux ans en réalisant, depuis la
surface, des kilomètres de carottages dans l'argilite et
en menant des expériences à l'étranger, sur
des formations géologiques similaires comme au mont Terri,
en Suisse.Mais ces données sont loin d'être suffisantes.
En outre, elles sont contestées. «S'ils n'ont pas
trouvé de failles, c'est parce qu'ils ne les ont pas cherchées...»
estime André Mourot. Le rapprochement de l'échéance
de 2006 est pour beaucoup dans la crispation du débat à
laquelle on assiste. «La loi de 1991 ne dit pas que le Parlement
devra choisir un site de stockage. Elle prévoit un rendez-vous
où il sera procédé à un bilan sur
la base duquel les parlementaires définiront de nouvelles
étapes à suivre avec peut-être un nouveau
rendez-vous à une date qui reste à fixer. N'anticipons
pas ni dans un sens ni dans l'autre», confie le député
de Haute-Savoie (UMP), Claude Birraux, qui remettra à la
fin de l'hiver avec son collègue Christian Bataille, député
PS du Nord, un rapport d'évaluation sur l'état d'avancement
des recherches.
(1) Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs.
Le Figaro, 23/11/2004 :
Déchets radioactifs : un projet
de loi début 2006
Le gouvernement n'exclut pas la construction d'un second laboratoire
«Un projet de loi sur les déchets radioactifs sera
présenté au Parlement début 2006»,
a annoncé hier le ministre délégué
à l'Industrie Patrick Devedjian, conformément au
calendrier prévu. Ce dernier n'a cependant pas précisé
si une solution serait retenue pour le stockage des déchets
hautement radioactifs à vie longue ou si le gouvernement
se donnerait une nouvelle période de réflexion basée
sur de nouvelles études. «Il faudrait qu'une solution
soit retenue. Le débat doit avoir lieu, mais je ne veux
pas aller plus vite que la musique... Le gouvernement n'est pour
l'instant pas en état de le faire. Un livre blanc sera
élaboré par le gouvernement et permettra d'engager
au second semestre 2005 une large concertation», impliquant
le Parlement et les collectivités locales concernées.
D'ici là, «il
n'est pas exclu que le gouvernement lance un deuxième laboratoire»,
en plus de celui de Bure comme l'y oblige en principe la
loi de 1991. Le ministre s'exprimait à
l'occasion de la publication du premier inventaire national exhaustif
des déchets radioactifs, réalisé par l'Agence
nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra),
«une contribution intéressante à la préparation
du débat». Celui-ci, auparavant réalisé
uniquement par site et élargi aux matières valorisables
comme les combustibles, montre que les volumes de déchets
stockés ou entreposés en France devraient presque
doubler entre 2002 et 2020, de 978 098 m3 à 1,85 million
de m3. Le gros des volumes à venir est lié au démantèlement
des centrales et concerne d'abord des déchets faiblement
et très faiblement actifs.
La Croix (hebdo de la Haute Marne), 22/10/2004
:
Mercredi 13 octobre, c'était scène ouverte à la séance du CLIS. Venue présenter son rapport annuel, la Commission nationale d'évaluation s'est déclarée favorable à la poursuite du projet. Un feu vert qui a déclenché la révolte d'élus et d'une majorité des membres du CLIS. Rapport déchiré, interpellations houleuses, plus personne ne pouvait jouer les autruches. La région de Bure est bien appelée à devenir un lieu de stockage. "Ca bouge enfin !". De quoi réjouir les opposants qui dénoncent depuis longtemps cette tromperie organisée ».
Cette fois, la commission nationale d'évaluation a annoncé clairement la couleur: " L'Andra a d'ores et déjà acquis sur le site (de Bure), un ensemble d'informations pertinentes qui permettent de considérer que le secteur de Bure possède les caractéristiques favorables ...La roche ne semble pas comporter de fractures conductrices qui pourraient laisser s'écouter les fluides et sa capacIté de confinement semble élevée. Dans un scénario de comportement normal d'un éventuel stockage, les temps de transfert des radionucléides les plus mobiles se chiffreront en plusieurs centaines de milliers d'années pour parcourir quelques dizaines de mètres...,. (p 29 du rapport). " Si tout est parfait, le laboratoire n'a plus de raison d'être, faisons des économies » a suggéré André Mourot membre du CLIS. déclenchant des applaudissements dans la salle.
L'heure est à la révolte
Ce fut une houlée générale, contrairement aux séances habituelles où seuls quelques irréductibles manifestent leur oppositIon. Claude Kaiser, élu de la Meuse, a dénoncé le non respect du contrat de départ et la parodie de démocratie. « La population n'a pas été consultée !.. Jean-Luc Bouzon, conseiller général de Haute-Marne, a lancé aux élus: " Vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas ! L'heure est à la révolte ". Jean Marc Fleury, vice-président du CLIS, s'est emparé du rapport de la commission nationale d'évaluation et l'a déchiré devant Bernard Tissot, son président.
Dans rassemblée, c'était la révolte et l'écoeurement la parodie de Bure a pris fin. Aujourd'hui, les élus et le CLIS savent que la pression pour stocker les déchets à vie longue à Bure est réelle. L.'Europe attend. Ils ont l'impression d'avoir été leurrés depuis le début. " Rien dans ce contrat n'est respecté », La voix des opposants qui s'élevait désespérément pour dénoncer cette manipulation, s'est subitement teintée de clairvoyance. Des indécis se sont ralliés aux opposants. Apparemment. l'heure n'est plus à l'hésitation .
Brigitte Boulay
(1) CLISS : comité local d'information et de suivi du laboratoire de Bure.
Coordination nationale des collectifs contre
l'enfouissement des déchets radioactifs
COMMUNIQUE / BAR LE DUC, 21 octobre 2004
Les déchets radioactifs n'ont pas de solution, le nucléaire
n'est donc pas une solution, l'EPR est injustifiable !
Les déchets radioactifs : on se garde
bien d'en parler...
Le feu vert donné ce jour à la construction d'un
réacteur nuclaire dit EPR, à Flamanville dans la
Manche, ravive toutes les tares de cette filière, dont
l'accumulation de déchets ingérables et malgré
tout grands absents des débats d'orientation.
Comment comprendre une telle décision alors que la production
électrique du pays est actuellement excédentaire
de 15 % ? Excédent exporté mais détriments
conservés -eux- sur notre sol. Et, contrairement à
ce qui est proclamé à grand renfort de communication
abusive, les préjudices ne vont pas s'améliorer,
bien au contraire. En effet, la technologie de ce réacteur
étant quasi identique à celle de ses prédécesseurs,
il n'y a rien à gagner en terme de risques d'explosion,
de rejets radioactifs (gazeux et liquides), de quantités
de déchets... au contraire même puisque la puissance
de cet EPR sera encore supérieure à ce qui existe
: de 1300 ou 1450 MW, on passe à 1600 MW (Mégawatts).
LE problème majeur et qui persiste,
en dépit des milliards d'euros investis dans la recherche,
reste celui des déchets radioactifs.
Les déchets actuels, 1200 tonnes par an rien que pour la
France, posent déjà un casse-tête INSOLUBLE
: on ne peut pas diminuer leur radioactivité, on doit seulement
attendre que celle-ci décroisse, sur des laps de temps
considérables.
Le problème posé depuis 40 ans reste entier, aussi
bien pour les "moins" radioactifs, qui devront rester
sagement en surface pendant des siècles (La Hague et Soulaines),
que pour les plus actifs et à vie éternelle dont
chacun pressent bien que les enfouir au fond d'un trou n'est pas
une solution, et encore bien moins sur le site pressenti actuellement
(à Bure, en Lorraine/Champagne) alors que des expertises
indépendantes y démontrent une géologie inadaptée.
Les déchets de ce réacteur EPR seront plus inquiétants
encore puisque le combustible utilisé ne sera plus de l'uranium
mais un fort pourcentage de MOX; un mélange d'uranium et
de plutonium extrêmement toxique, délicat à
manipuler (c'est dans l'industrie du MOX que l'on trouve le plus
de contamination chez les ouvriers), et dont les déchets
générés sont sans commune mesure avec ceux
actuels, aussi bien en durée de vie, qu'en toxicité,
qu'en dégagement de chaleur. Des déchets dont nul
au monde ne sait quoi faire !
L'EPR décidé en 2004 alors que
le sort de ses déchets ne sera évoqué qu'en
2006 ? Une politique suicidaire et injustifiable !
Les collectifs au sein de la Coordination nationale dénoncent
:
- une décision de relance de la production électro-nucléaire
de façon massive, alors que la gestion des déchets
reste un réelle inconnue
- une décision prise en amont du rendez-vous de 2006 (Loi
Bataille), qui devrait voir les parlementaires commencer à
réfléchir sur le sort de ces déchets
- une décision inexpliquable au regard du fonctionnement
de toute industrie, tenue avant tout lancement de justifier d'un
traitement responsable de ses déchets
- une décision prise de façon unilatérale,
sans consultation des populations qui expriment pourtant et une
défiance croissante vis-à-vis du nucléaire,
et une opposition légitime aux projets d'enfouissement
définitif des déchets
- une décision prise au détriment d'un véritable
programme d'efficacité énergétique et de
recherche pour d'autres modes de production énergétique
plus raisonnables
- une décision qui multiplie la mise en risques, en coût
de surveillance des déchets, en contamination programmée
des milieux de vie de nos successeurs.
Ils confirment qu'ils s'associeront à
toutes les initiatives qui vont se multiplier contre la construction
de ce nouveau réacteur, à commencer par la campagne
de blocage administratif d'EDF du réseau Sortir du nucléaire.
D'autre part, l'opposition au centre de stockage de BURE ne fera
que se renforcer dans les mois à venir, ainsi qu'à
l'encontre de tous éventuels chantiers d'entreposage en
sub-surface, ou encore d'autre site d'enfouissement en milieu
granitique...
Il est plus qu'urgent de poser le seul chantier justifiable à
ce jour : celui de la sortie du nucléaire !
Coordination nationale des Collectifs Bure Stop contre l'enfouissement des déchets radioactifs
Contacts presse :
Corinne FRANCOIS 06 86 74 85 11
Michel MARIE 06 66 95 97 77
Chantal FIOL : 06 17 51 24 68
Journal de la Haute Marne, 14/10/2004
Bure : clash au Clis
Des membres du Clis (Comité local d'information et de suivi)
qui déchirent le rapport de la Commission nationale d'évaluation,
sous les yeux de son président. Des élus qui appellent,
sur le ton le plus vif, à la consultation populaire et
à la révolte. C'était hier après-midi,
à la préfecture de Bar-le-Duc.
Le Comité local d'information et de suivi (Clis) est souvent le théâtre d'échanges vifs sur le sujet de l'avenir des déchets nucléaires et de leur éventuel enfouissement. Hier, le ton est monté au plus haut, avec des gestes pour le moins symboliques d'un sentiment «de mépris» à l'égard des opposants à l'enfouissement.
Entamée à 14 h 30, la réunion plénière du Clis avait pour objet principal d'écouter les représentants de la Commission nationale d'évaluation (CNE), chargés du rapport, qui sera l'un des éléments de la décision parlementaire (prévue pour 2006) quant à l'avenir des déchets nucléaires.
Venue présenter son travail - scientifique - pour l'année en cours, la CNE et son président Bernard Tissot se sont heurtés à l'opposition citoyenne de nombreux membres du Clis ; certains déjà connus pour leur combat, d'autres d'habitude plus discrets. C'est après un exposé où la CNE a développé les données scientifiques qui lui font dire, en résumant, que «rien ne s'oppose scientifiquement à ce que l'on aille plus loin» à Bure, que l'un après l'autre, des membres du Clis ont rappelé leur réserve, leur déception, leur indignation, leur colère.
«Parodie de démocratie»
Au-delà des batailles scientifiques (sur la présence
de failles par exemple), c'est l'esprit de la loi et l'absence
de procédure démocratique dénoncé
par certains qui a soulevé les opposants.
«Selon votre rapport, le stockage devient inéluctable», a noté un maire meusien, Claude Kaiser. «Vous confirmez ce que dénoncent les opposants : il ne s'agit pas que d'un laboratoire, les études sur d'autres sites ne sont pas faites, la population n'a pas été consultée. Tout cela était pourtant dans le contrat de départ ! C'est une parodie de démocratie !». «Mais nous avons demandé plusieurs fois qu'on consulte la population. Nous nous sommes fait renvoyer dans les cordes», lui a répondu Bernard Tissot.
«Vous ne nous ferez pas crever !»
Sur le thème de la consultation, le conseiller général
communiste haut-marnais Jean-Luc Bouzon a crié sa colère
: «Vous donnez le feu vert à l'Andra avec votre rapport.
Arrêtez de nous prendre pour des demeurés ! Vous
ne nous ferez pas crever !». S'adressant à l'assemblée
: «Vous ne pourrez plus dire "Je ne sais pas".
C'est chez vous qu'ils veulent enfouir cette merde ! L'heure est
à la révolte, la population haut-marnaise et meusienne
va mettre les pieds dans le plat !».
C'est à peu près sur ce ton que les échanges se sont poursuivis, avant que le vice-président du Clis Jean-Marc Fleury, opposant de toujours, invite à déchirer le rapport de la CNE : «La loi sur Bure n'est pas respectée. On doit être contre ce rapport, symboliquement, je le déchire». Les feuilles ont alors volé dans la salle de la préfecture, et Michel Marie, du Cedra 52, a déroulé une banderole portant : «CNE, Commission nationale d'enfouissement».
Bras de fer
«Nous ne sommes pas des politiques mais des scientifiques.
Ce sont les parlementaires que vous devriez inviter pour cette
discussion-là. Nous, nous donnons seulement un avis, nous
ne prenons pas de décision», a répété
en vain Bernard Tissot. La majorité des opposants ont fini
par quitter la réunion après deux heures à
ce rythme-là.
Le ton est monté comme jamais auparavant. On a entendu pour la première fois les sceptiques les plus discrets s'exprimer et manifester ensemble un sentiment de "contrat non rempli" et de mépris de la population.
A suivre, mais pour beaucoup, le vrai «bras de fer a commencé».
Pierre Vaillant
Journal de la Haute Marne, 29/07/2004
Les anti-Bure dénoncent une "dérive
policière"
Dénonçant la surveillance exagérée
dont ils estiment etre l'objet, les collectifs contre l'enfouissement
des déchets nucléaires ont écrit au préfet
de la Meuse. Voici une copie de leur courrier.
"La Coordination nationale contre l'enfouissement des déchets radioactifs a tenu une réunion d'ordre strictement privé dans un village à proximité de Bure, samedi et dimanche 17/18 Juillet. Et ce au vu et au su de tout le monde, la réservation et la déclaration ayant été faites dans les règles de l'art. Les participants venus de toutes régions sont indignés de la surveillance de la gendarmerie particulièrement insistante et déplacée dont ils ont fait l'objet durant toute la durée de leur séjour. En effet, une camionnette de gendarmerie est passée environ toutes les demi-heures, devant le lieu de réunion, avec relevé régulier du nombre de véhicules des participants, ainsi que de leurs numéros de plaques d'immatriculation.
"Comment les habitants du village concerné peuvent-ils interprêter une telle surveillance ? S'agit-il de "marginaliser" notre mouvement ainsi que les inquiétudes légitimes que nous avons face au projet de BURE ?
"Cette démonstration policière nous confirmerait que l'Etat et vous-mêmes êtes plus préoccupés à surveiller et à confiner des citoyens exercant pleinement leur droit d'association, au lieu de dire la vérité aux populations concernées sur la finalité réelle du chantier de Bure: soit enterrer pour l'éternité les déchets nucléaires coûte que coûte, au moyen de communication mensongère ; d'utilisation abusive de moyens financiers ; de non-concertation avérée, voire illégale des populations et du contrôle social des habitants de Meuse et Haute-Marne.
"C'est ce que précisément ont refusé depuis trente ans toutes les régions françaises concernées par les projets d'enfouissement. Quand l'Etat se comporte comme un envahisseur - et les Meusiens et Haut-Marnais savent de quoi il s'agit - les libertés publiques sont menacées et reculent.
"Monsieur Le Préfet, si votre intention était de démontrer que l'enjeu de Bure est de taille pour le nucléaire français et que les citoyens doivent se soumettre à la raison d'Etat, au mépris de leurs droits d'expression, vous en avez apporté une nouvelle preuve.
"Vous alléguez souvent, lors de notre étonnement face aux surveillances policières souvent disproportionnées dont notre mouvement citoyen fait l'objet, de prétexte de protection des manifestants et des personnes. Nous les considérons comme fallacieux. Où sont les "pro-labo" qui menaceraient, selon vos services, les collectifs de citoyens ?
"La Coordination nationale des collectifs
n'accepte pas cette dérive policière; elle prendra
toute disposition pour en informer l'opinion publique et s'y opposer
avec elle."
Déchets nucléaires: premières expériences en profondeur fin 2004
05/12 /03 -
Les premières expériences en profondeur dans le
laboratoire souterrain d'études sur le stockage des déchets
radioactifs, en construction à Bure (Meuse), devraient
se dérouler fin 2004, ont annoncé vendredi les responsables
de l'Andra.
"Une niche expérimentale sera réalisée
fin 2004, les premiers résultats sont attendus en 2005",
a précisé à la presse François Jacq,
directeur de l'Agence nationale pour la gestion des déchets
radioactifs.
Un laboratoire est en construction pour étudier la possibilité
de stocker les déchets les plus radioactifs, notamment
ceux issus du retraitement des combustibles usés des centrales
nucléaires, dans les couches argileuses de cette région.
Au vu des données qui seront fournies, une décision
doit être prise en 2006 par le Parlement pour trouver une
solution à ce stockage.
Une série de forages ont été effectués,
et deux puits sont en construction pour un laboratoire qui doit
être installé à 490 m de profondeur. Fin novembre,
la profondeur atteinte pour le puits principal était de
321 m, celle du puits auxiliaire de 296 m.
"Il s'agit de fournir tous les éléments pour
savoir si un stockage géologique réversible est
possible dans cette région", a rappelé M. Jacq.
A partir de cette "niche expérimentale" à
-450 m, des expériences devraient apporter des réponses
sur des problèmes cruciaux: présence ou pas de failles
géologiques, comportement mécanique des couches
d'argile lorsque l'on creuse, capacité de l'argile à
"piéger" la radioactivité, circulation
de l'eau.
Si une décision positive était prise en 2006, un
site de stockage pourrait être construit dans un rayon de
20 à 30 km autour de Bure, et accueillir les premiers déchets
vers 2020.
Au total, les experts de l'Andra estiment à 6/7.000 mètres
cubes le volume total des déchets les plus radioactifs
- issus du retraitement - d'ici à la fin de vie du parc
nucléaire actuel, prévu pour une quarantaine d'années.
Collectifs Bure-Stop & Coordination nationale des collectifs contre l'enfouissement des déchets radioactifs 28/10/03
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Chaque année vers la mi-novembre, la
région du Wendland (Nord de l'Allemagne) voit arriver un
impressionnant convoi ferroviaire de déchets nucléaires
en provenance de La Hague.
Les containers transportés, appelés pudiquement
"castors", sont destinés au site de Gorleben,
petit village en limite de régions.
Si le site d'enfouissement est déjà fin prêt
à recevoir les déchets (à 800m de profondeur
dans une couche de sel), un "moratoire" politique -gel
des décisions- fait que les castors s'accumulent pour l'instant
en surface, dans des hangars spécialement aménagés
à proximité.
A l'heure où les instances européennes semblent
vouloir aider à la planification de la gestion de ces encombrants
déchets en imposant, et un calendrier unique de gestion,
et la mise en oeuvre du stockage définitif par enfouissement,
les collectifs Bure-Stop et la Coordination nationale opposée
à l'enfouissement des déchets radioactifs programment
un déplacement afin de faire découvrir ce qu'est
réellement une région "poubelle nucléaire".
Si, de par ses murs surmontés de barbelés et de
canons à eau, la vision du centre d'enfouissement sera
déjà édifiante, l'immersion dans une région
quadrillée, étouffée par l'appareil policier
sera autrement frappante. En effet, et bien avant l'arrivée
du train atomique, des milliers de policiers se déploient
sur toute la région en véhicules, à motos,
à cheval, à bord d'hélicoptères...
dans la mise en place d'un véritable état de siège
face au soulèvement de toute la population, et ceci dans
un Etat -comme le notre- "démocratique".
De par les liens déjà noués avec les associations
locales et la population, les observateurs venus de France auront
à leur disposition des accompagnateurs bilingues, très
au fait de l'historique de la lutte locale, des sites à
voir et participeront aux multiples actions de résistance
programmées entre le samedi 8 et le jeudi 13 novembre 2003.
Pour tout renseignement complémentaire (dates et moyen
de déplacement, hébergement, tenue vestimentaire,
etc) et/ou inscription, prière d'appeler le 03 25 04 91
41
Contacts presse :
Michel Marie : 03 25 04 94 41 - Corinne François : 06 86
74 85 11
Huit jours de route contre les déchets
150 militants antinucléaires ont
manifesté contre leur enfouissement.
Achille et son groupe poussent la chansonnette : «Z'ont déjà pourri l'air, empoisonné l'eau / Z'ont tué la faune, saccagé la flore...» Un gendarme rêveur se laisse à marquer le rythme avec le pied. Tout autour, 150 militants antinucléaires pique-niquent. Des couples, des enfants, des jeunes et pas mal de moins jeunes. Le logo inoxydable des années 70 - un soleil éclatant, accompagné du slogan : «Le nucléaire ? Non merci» - a repris du service. Il cohabite avec le tee-shirt tendance de l'été 2003 : «D'autres mondes sont possibles.»
Radioactif. Hier, à 12 h 45, s'est achevée à Bure (Meuse) la marche commencée une semaine plus tôt devant la centrale nucléaire de Cattenom (Moselle). A l'initiative des collectifs Bure-Stop, allant de gymnases en salles des fêtes, une cinquantaine de marcheurs ont tenté de convaincre les habitants des villages traversés de s'opposer à l'enfouissement des déchets radioactifs. Bure est aujourd'hui l'unique «laboratoire» où l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) étudie la possibilité d'enfouir à 500 mètres sous terre les pires déchets des centrales nucléaires en fin de course : ceux à fort rayonnement radioactif, d'une durée de vie allant de 300 ans à des centaines de milliers d'années. Officiellement, rien n'est encore tranché, le Parlement devant se prononcer en 2006 au vu des résultats des recherches engagées dans ces terres argileuses (résistance de la roche, circulation de l'eau). Mais les manifestants antinucléaires d'hier en sont convaincus : c'est aujourd'hui qu'il faut se faire entendre. Alors, malgré la modestie de leurs rassemblements annuels («nous ne sommes pas dans le Sud-Ouest !», soupire une militante), malgré l'indifférence des élus qui, il y a quelques années, votaient à l'unanimité l'arrivée du «laboratoire», les collectifs Bure-Stop s'efforcent encore et toujours de mobiliser. Ils sont d'autant plus inquiets qu'ils ont le sentiment que leur région, bout de territoire désert (6 habitants au km2) aux confins de la Champagne et de la Lorraine, est en train de devenir la poubelle radioactive du pays. Depuis dix ans, des déchets dits faiblement radioactifs sont déjà stockés en surface dans le village de Soulaines-Dhuys (Aube), à 60 km de Bure. Et dans quelques jours, devrait ouvrir à Morvilliers, un village voisin, un centre de stockage pour déchets très faiblement radioactifs.
Hostilité. Le contexte, enfin, n'est guère favorable aux collectifs Stop-Bure. La loi prévoyait des recherches analo gues dans des sites granitiques. Elle a dû y renoncer, à chaque fois con frontée à l'hostilité des élus et des populations. Les Meusiens sont les seuls à avoir dit oui. Or le démontage des plus vieilles centrales en activité est imminent, et le gouvernement devrait, à l'automne, annoncer ses choix pour l'avenir. Il n'est pas exclu qu'il choisisse... la construction de nouvelles centrales, avec la fabrication d'autant de déchets dont nul ne sait, aujourd'hui, comment se débarrasser.
Hier, les responsables des collectifs juraient pourtant que les choses étaient en train de changer. «Parmi les marcheurs, il y avait près de la moitié de jeunes, des gens qu'on n'avait jamais vus, et l'accueil des maires est bien meilleur qu'avant», assurait Nadine Schneider, responsable du comité meusien. «José Bové, il a bien mis vingt ans pour se faire entendre», renchérissait Michel Marie, son homologue de Haute-Marne. Philippe Cerny, 42 ans, semblait déterminé à leur donner raison. Cet employé dans la restauration n'avait jamais milité. «Il y a quatre mois, je me suis acheté une voiture et me suis dit "il faut bouger".» Cet été, il a rencontré des intermittents du spectacle. Il a filé au Larzac. Hier, il était à Bure : «On peut encore arrêter les choses.»
Nicole GAUTHIER, Libération, lundi 1 septembre 2003.
Libération 19/05/03
Déchets radioactifs: retard au stockage en sous-sol
Le Figaro 30/04/03
Déchets radioactifs: gros retard
à Bure
Le laboratoire de recherche n'est toujours
pas creusé. Le Parlement ne pourra pas prendre de décision
sur le stockage en 2006
Le creusement, à la limite de la Meuse
et de la Haute-Marne, du laboratoire de recherche sur l'enfouissement
des déchets radioactifs à haute activité
et à vie longue sera-t-il terminé avant la fin de
2006, délai maximal prévu par la loi Bataille du
30 décembre 1991 ? La question est sur toutes les lèvres
alors que s'ouvre ce matin au ministère de la Recherche
un colloque intitulé «Déchets nucléaires
: où en est la recherche ?»
La situation est si incertaine que même l'Andra (Agence
nationale pour la gestion des déchets radioactifs) se refusait,
ces derniers jours, à donner le moindre pronostic sur le
futur planning des travaux. Pour l'instant, ceux-ci sont arrêtés
depuis le 15 mai 2002, après l'accident mortel dont a été
victime un ouvrier employé sur le site.
Le redémarrage, annoncé pour la fin de l'an dernier, après la décision favorable du tribunal de grande instance de Bar-le-Duc, a ensuite été reporté à début mars, puis à la seconde quinzaine d'avril. Mais, à l'heure où nous mettions sous presse, le forage n'avait toujours pas repris.
A l'arrêt des travaux, la profondeur du puits principal était de 228 mètres (163 mètres dans le puits auxiliaire). Il en reste donc presque autant à parcourir pour atteindre l'argilite, une roche dure et imperméable située entre 420 et 530 mètres sous le petit village de Bure (Meuse), pressenti pour accueillir des déchets radioactifs.
A raison de 60 centimètres par jour, l'objectif pourrait être atteint à la fin de 2004, avec le creusement de la niche d'expérimentation à 440 mètres. Dans cette cavité, les premiers essais in situ pourront enfin démarrer. Mais c'est dans les galeries horizontales, à partir de 2005, que le gros des recherches sera conduit : capacité de confinement de la roche, migration de radioéléments, résistance à la chaleur (qui serait dégagée par les déchets) et au creusement.
Problème : à cette date, il ne restera plus qu'un an pour procéder à tous ces tests, ce qui est ridiculement faible. Le gouvernement doit, en effet, adresser au Parlement avant le 30 décembre 2006 un rapport global d'évaluation sur les trois axes de recherches prévus par la loi : stockage souterrain, séparation-transmutation et entreposage en surface. Compte tenu des délais techniques, l'Andra doit remettre sa copie avant la fin de 2005.
D'ores et déjà, les expérimentations, qui nécessitent un délai d'au moins deux ans (confinement, géochimie), sont compromises. Pour y pallier, l'Andra mène des études sur d'autres sites, notamment au Mont Therri (Suisse). Mais, comme l'explique une source proche du dossier, «la transposabilité des résultats ne va pas de soi».
Comment en est-on arrivé à une telle situation d'urgence alors qu'à l'origine la loi de 1991 offrait un délai de quinze ans ? L'Andra et surtout le Groupement Fond Est, en charge de la construction du laboratoire, sont, bien sûr, montrés du doigt. Les dysfonctionnements majeurs survenus sur le chantier sont sanctionnés aujourd'hui par un retard d'au moins deux ans sur le planning initial, qui prévoyait la fin des travaux à l'automne 2002.
Mais les pouvoirs publics, au sens large, ont aussi une lourde responsabilité dans ce fiasco annoncé. Pour commencer, il a fallu trois ans, entre 1991 et 1994, pour lancer la concertation sur le choix des sites des futurs laboratoires souterrains. Car la loi en prévoit au moins deux. Au final, il n'y en aura qu'un, et il risque de ne même pas être terminé à temps. Enfin, entre 1997 et 2000, le ministre de l'Environnement de l'époque, Dominique Voynet, a tardé à signer le décret autorisant l'installation et l'exploitation de Bure.
En additionnant le tout, cela fait huit années de fonctionnement en moins pour le laboratoire, huit années qui auraient pu être mises à profit pour acquérir de précieuses informations scientifiques. Du coup, dans les milieux proches du dossier, plus personne ne croit sérieusement que le Parlement pourra se prononcer, en 2006, sur l'opportunité de construire ou non un centre de stockage souterrain à Bure. Le député PS du Nord Christian Bataille, auteur de la loi qui porte son nom, ne voit qu'une seule alternative : «soit repousser le délai de plusieurs années, soit envisager la construction d'un centre de stockage, sous réserve, en s'appuyant sur les connaissances acquises fin 2005».
Ce retard est sans conséquence sur l'environnement. Les déchets concernés peuvent encore rester stockés en lieu sûr, sur les sites du CEA, pendant plusieurs décennies. En revanche, il pèse sur l'avenir de la filière nucléaire française, confrontée à la nécessité de renouveler, dans les prochaines années, un parc de centrales vieillissant. Christian Bataille ne le cache pas : «Tant que la question des déchets ne sera pas réglée sur des bases scientifiques claires, il sera politiquement impossible de procéder à toute commande de nouveaux réacteurs.»
Marc Mennessier
Communiqué de presse collectifs Bure-STOP 23/02
Alerte sismique à Bure
Le séisme ressenti hier dans près de quarante départements pose une nouvelle fois le bien fondé du projet Bure, laboratoire denfouissement des déchets du nucléaire
Situé seulement à une centaine de kilomètres de lépicentre, en limite de Lorraine et Champagne, ce chantier est sujet à vive polémique. En effet, alors que Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) et les officiels du nucléaire affirment que le sous-sol de la région est sismiquement stable (et donc quil pourra piéger la radioactivité de ces déchets pendant des milliers dannées), des collectifs régionaux de citoyens avaient dès lautomne 2001 révélé les travaux des scientifiques J.Muller et A.Mourot (directeur CNRS pour lun et géophysicien pour lautre) qui démontent au contraire une activité sismique importante (près de cinquante séismes sur ces vingt dernières années) et un réseau de failles multiples, incompatibles avec toute idée de dépôt nucléaire en profondeur
Par ailleurs, et alors que le chantier est à larrêt depuis le 15 mai dernier où un ouvrier avait trouvé la mort au fond du puits, les collectifs sinterrogent dautant plus sur la fiabilité de ce projet que des ressources énergétiques locales (géothermiques) interdisent ce genre de dépôt souterrain
Contact : 03 25 04 91 41 / 06 66 95 97 77
Bure inapproprié au stockage en profondeur, selon le collectif Bure-Stop
09/01 afp 13:37 Le collectif "Bure-Stop" contre l'enfouissement de déchets radioactifs à Bure affirme dans un communiqué jeudi que le site "est disqualifié" par la réglementation pour tout stockage en profondeur en raison de l'existence d'une nappe d'eau chaude.
"Les installations de stockage nucléaire souterrain sont soumises à une règle fondamentale de sûreté" publiée en 1991 par le ministère de l'Industrie qui interdit "de réaliser un dépôt de déchets nucléaires en grande profondeur si les terrains recèlent par exemple charbon, pétrole, cuivre, géothermie", explique le collectif.
Selon ces opposants, le site de Bure est "à l'aplomb d'une nappe d'eau chaude en profondeur, potentiellement utilisable pour du chauffage industriel ou domestique".
"La règle fondamentale de sécurité est formelle : Bure ne peut convenir pour un stockage en profondeur", conclut le collectif qui s'étonne que l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) n'ait fait aucune référence à la géothermie dans ses études.
Un laboratoire de recherche souterrain est
actuellement construit à une profondeur de 490 mètres
pour étudier à partir de 2004 la possibilité
de stocker des déchets nucléaires à grande
profondeur, dans une couche argileuse.
CDR 55 - CEDRA 52 - CENDR 88 - CACENDR 54
Communiqué de presse du 1er janvier 2003
Déchets nucléaires : L'Andra au-dessus des lois ?
L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs vient de se faire taper sur les doigts, à Soulaines, par l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN).
Dans la dernière livraison de sa revue Contrôle, le gendarme du nucléaire signale que les portes coupe-feu du "Centre de stockage de l'Aube" ont été constatées défectueuses dès le mois de mai 2001 et que les réparations attendaient toujours en septembre 2002 ! L'ASN prévient que "ce délai n'est pas acceptable et (qu'il) devra significativement être réduit à l'avenir". En fait, il faut se rendre sur le site internet de l'Autorité de Sûreté pour découvrir que l'affaire est plus sérieuse puisqu'une "mise en demeure", procédure relativement rare, a été adressée le 10 juillet 2002 à la direction Andra de Soulaines.
C'est lors d'une inspection interne, début avril 2001, que l'Andra découvrait des dysfonctionnements sur de nombreuses portes coupe-feu. Or, une inspection de l'ASN en septembre 2001 démontrait le problème non résolu, et une réunion de l'Autorité, en mai 2002, constatait "le retard significatif pris par l'établissement et l'absence d'un plan d'action à la hauteur du problème soulevé". Une nouvelle inspection, conduite en juillet 2002, révélait que "ces défauts n'avaient toujours pas été corrigés", d'où le courrier de mise en demeure ("devant cette situation anormale et persistante") et la publication dans la revue Contrôle. Ce délai est d'autant plus inquiétant que l'ASN rappelle que "la limitation des conséquences d'un incendie sur une installation nucléaire repose sur le principe de sectorisation" (en zones limitées par, justement, des portes coupe-feu).
Notons que si l'Autorité de Sûreté a relevé d'autres incidents sur le site (défaillance du système de sécurité incendie, indisponibilité d'un groupe électrogène de secours), il est à souligner que ça n'est pas la première fois que ses injonctions restent lettres mortes (cf la centrale du Blayais et du rehaussement de ses digues de protection, par exemple) et qu'il y a lieu de s'inquiéter du réel pouvoir du "gendarme du nucléaire".
Contact presse : CEDRA 52 (Tel : 03 25 04 91
41) www.burestop.org
Communiqué de presse du Collectifs BURE-Stop
contre l'enfouissement des déchets radioactifs
Bar le Duc, lundi 16 décembre 2002
BURE, un centre de stockage inéluctable ? Illusoires démarches des principaux acteurs locaux de l'enfouissement
Les collectifs d'opposants aux projets d'enfouissement des déchets nucléaires prennent acte des réactions du Conseil général de la Meuse, quant aux projets législatifs de la Commission Européenne, en matière de gestion des déchets radioactifs.
Le Conseil Général de la Meuse, par voie de presse le dimanche 15 décembre (Est républicain), fait savoir que M. Pancher, son président, a sollicité Mme Fontaine, ministre délégué à l'Industrie, à ce sujet.
Ommission volontaire, ou fausse naïveté,
le CG 55 présente aujourd'hui la réversibilité
comme condition obligatoire, lors de son acceptation des projets
d'enfouissement. Or, en 1994 le CG 55 a donné son accord
au projet global issu de la loi Bataille de 1991. Cette loi stipule
que l'étude devait porter sur le "caractère
réversible ou irréversible de l'enfouissement".
Selon la CNE, la réversibilité est incompatible
avec le concept de l'enfouissement. Elle ne serait effective que
pendant la phase de remplissage du centre.
Oui, M. Pancher, Bure pourrait bien devenir un des quelques centres de stockage nucléaire irréversibles européens, au même titre que Gorleben en Allemagne du Nord, et vous semblez le découvrir !!!
Le piège dénonçé dès 1994, par les opposants de la première heure, se referme sur la Meuse. Et le calendrier évoqué par Bruxelles concrétise les échéances.
Au-delà des démarches effectuées aujourd'hui par le Conseil général de la Meuse, qui peut croire encore que le processus mis en route en 1994 par la Meuse puisse être dévié ?
Une lecture globale du projet est nécessaire.
Pour survivre, l'industrie nucléaire
a besoin de relancer de nouveaux programmes. Les déchets
sont le maillon faible de la chaîne, avec une absence totale
de solutions pour les gérer.
Le stockage définitif est la "pseudo" solution
avancée au niveau européen (projet de Bruxelles)
et international (USA, Allemagne,...).
Dans cette logique,la mise en oeuvre de tels sites devient indispensable.
Assortie d'urgence en France, puisque 2003 verra la politique
énergétique française débattue, et
que le nucléaire pourrait y avoir une place toujours prépondérante.
L'enfouissement définitif est programmé, il est illusoire de penser qu'un courrier puisse changer quoi que ce soit à l'affaire. Il s'agit aujourd'hui de poser des actes forts : M. Pancher brandit des arguments visant à désengager le CG 55 de toute responsabilité. Peut-il dans le même temps continuer à percevoir l'argent du pseudo "labo", par le biais du GIP ?
Les collectifs restent très vigilants quant à la nature de toutes démarches qu'entreprendront les élus locaux en rapport à l'épineux dossier de BURE.
Contact : 06 86 74 85 11
Reprise des travaux du laboratoire de Bure début 2003, selon l'Andra
BURE (Meuse), 2 déc 02 - Les travaux du chantier du laboratoire souterrain d'études sur le stockage de déchets nucléaires de Bure, interrompus en juin suite à un accident du travail mortel, reprendront début 2003, a annoncé lundi, sans autre précision, lors d'une conférence de presse l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).
Le juge des référés du tribunal de grande instance de Bar-le-Duc avait rendu le 21 novembre une ordonnance permettant la reprise du chantier qui avait été arrêté le 20 juin suite à la mort, en mai, d'un ouvrier écrasé dans le puits d'accès principal par un tube d'aération de 400 kg.
La suspension des travaux n'aura pas d'incidence sur les délais de rendu des rapports scientifiques à l'Etat pour l'étude de la possibilité de stockage souterrain des déchets nucléaires, a assuré lundi le directeur général de l'Andra François Jacq au cours d'une conférence de presse.
Le laboratoire de recherche souterrain doit être construit à une profondeur de 490 mètres pour étudier à partir de 2004 la possibilité de stocker des déchets nucléaires à grande profondeur, dans une couche argileuse.
Le chantier du laboratoire de Bure autorisé à redémarrer
BAR-LE-DUC, 21 nov 02 - Le juge des référés du tribunal de grande instance de Bar-le-Duc a rendu jeudi une ordonnance permettant le reprise du chantier sur le site du laboratoire souterrain d'études sur le stockage de déchets nucléaires de Bure (Meuse).
Le juge, saisi le 13 juin par l'inspecteur du travail auteur d'un rapport qui avait souligné de "graves manquements en matière de sécurité", avait ordonné le 20 juin "l'arrêt immédiat des travaux de fonçage (creusement, ndlr) à titre conservatoire" sur le puits d'accès principal pour une durée de cinq mois. Les travaux sur le puits secondaire avaient également été arrêtés à titre préventif.
Le référé visait la société Bouygues Travaux Publics, mandataire principal du Groupement Fond Est (GFE), qui réalise les travaux sur le site, suite à la mort le 15 mai d'un ouvrier écrasé dans le puits principal par un tube d'aération d'environ 400 kg.
L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) qui gère le site a indiqué dans un communiqué que les "prochaines semaines seront consacrées à une formation rigoureuse des équipes, et à la réalisation des améliorations du matériel de fonçage".
L'Andra envisage une reprise des travaux de creusement en février, a précisé un porte-parole de l'agence.
Le jugement précise qu'il est pris acte
de l'engagement de Bouygues et de l'Andra de "mettre en place
une +nouvelle démarche qualité élargie à
la sûreté de fonctionnement+ (...) et de leur souhait
de ne reprendre les travaux de fonçage qu'après
prise en compte des observations et recommandations de l'APAVE
(organisme de vérification technique, ndlr)".
Coordination nationale contre l'enfouissement des déchets radioactifs 08/11/02
Enfouir, un projet européen.
Plus de doutes sur la finalité des prétendus "labos"
!
Les collectifs de la Coordination nationale dénoncent les récentes prises de position de la Commission européenne, en matière de nucléaire, et plus particulièrement de projet de gestion des déchets radioactifs.
Selon un communiqué AFP du 6 novembre
(BRUXELLES) :
...La Commission européenne a présenté mercredi
un paquet législatif sur l'industrie nucléaire,
qui prévoit notamment d'obliger les Quinze à trouver
d'ici six ans des sites d'enfouissement pour leurs déchets
radio-actifs de longue durée.
... En matière de déchets nucléaires, la
Commission fixe aux Etats membres un calendrier impératif
pour régler le problème de l'enfouissement. Les
Etats membres auraient jusqu'en 2008 pour déterminer un
site d'enfouissement à long terme des déchets radio-actifs
de longue durée, et jusqu'en 2018 pour commencer l'enfouissement.
Pour les déchets faiblement radio-actifs et à vie
courte, le stockage devra avoir été réalisé
en 2013, suivant la proposition de Bruxelles...
Selon les déclarations de cette même Commission en
date du mercredi 3 novembre :
...Cette Commission européenne projette de créer
un réseau de grandes organisations de gestion des déchets
radioactifs en Europe... Celui-ci verrait collaborer sept États
membres de l'UE (Belgique, Allemagne, Espagne, France, Finlande,
Suède et Royaume-Uni) et la Suisse... La mise en commun
de la recherche dans les laboratoires souterrains européens
constituera un élément important du projet. Le réseau
renforcera les compétences de l'UE dans le stockage définitif
du combustible irradié ou des déchets fortement
radioactifs...
Ces déclarations mettent un terme officiel à l'appelation mensongère "de laboratoires de recherches géologiques", dénoncée par les opposants aux chantiers enfouissement, et créée par la loi Bataille de 1991. Ainsi qu'à l'obligation de recherche de réversibilité, dictée par le décret de 1999. Les terme employés : "stockage définitif du combustible irradié ou des déchets fortement radioactifs", ne peuvent se traduire que par "stockage irréversible".
Plus de doute possible sur le choix que pourraient avoir les parlementaires français en 2006 entre diverses voies de recherche : il leur faudra se prononcer entre "enfouir ou bien enfouir".
Et le calendrier proposé par la Commission européenne précise des échéances possibles : 2008 pour déterminer le site, et 2018 pour commencer à enfouir les déchets.
Ces déclarations vont dans le sens des conclusions du rapport 2002 de la dernière CNE qui indique : ...Le stockage en formation géologique profonde de certains déchets sera nécessaire quelque soit la stratégie (de gestion retenue)...
Bure est donc bien un futur centre d'enfouissement. Sera t-il l'unique en France, concernera-t-il plusieurs pays européens ?
Plus localement, autour de Bure, quel intérêt
pour le Conseil général de la Meuse de lancer à
ce sujet des instances locales de débat public avec les
populations concernées ?
Il est illusoire de faire penser que les collectivités
locales aient encore un quelconque mot à dire dans ce processus
engagé par elles dès 1994? Ou un semblant de pouvoir
pour empêcher la transformation officielle du "labo"
en centre de stockage souterrain.
2018, c'est demain !
Les opposants et les collectifs de citoyens
ont depuis longtemps pris en compte la dimension européenne
du dossier nucléaire et de la gestion de ses déchets,
et organisent
leur résistance dans ce sens.
Quatre membres des collectifs de la coordination nationale sont partis aujourd'hui pour Gorleben (Nord de l'Allemagne), représenter le problème de BURE, et affirmer leur solidarité à l'occasion des conférences et manifestations de ce week-end (nouveau transport de déchets nucléaires de La Hague vers Gorleben des 11/12 novembre).
Contact presse Coordination : 06 86 74 85 11
- 02 99 97 27 47
http://www.calixo.net/timack/Bure/index.htm
Photographies du camp de bure
Inauguration d'une stèle contre l'enfouissement des déchets à Bure
20/07 Une stèle en pierre représentant un oeil a été inaugurée samedi devant le site du futur laboratoire souterrain d'étude sur le stockage de déchets nucléaires de Bure (Meuse), a-t-on appris auprès des manifestants et des gendarmes.
Au dernier jour de la semaine de "vigilance" contre l'enfouissement des déchet radioactifs, les militants (110 selon les manifestants, 60 à 70 selon la gendarmerie) ont tout d'abord mené une "action de vigilance silencieuse collective" pendant une demi-heure devant les grilles, a précisé leur porte-parole Nadine Schneider.
Ils ont ensuite inauguré une stèle en pierre représentant un oeil d'environ un mètre de haut, "symbole de (leur) conscience et de (leur) présence continue", a-t-elle ajouté.
Pendant la semaine, les militants, qui répondaient à l'appel de la Coordination nationale des collectifs contre l'enfouissement des déchets radioactifs, avaient bloqué le site durant plusieurs heures à deux reprises.
Ils dénonçaient notamment "la poursuite de l'activité sur le site", malgré l'arrêt des travaux depuis le 15 mai après la mort accidentelle d'un ouvrier dans l'un des puits de forage.
Le laboratoire de Bure, dont le chantier vient d'être arrêté pour cinq mois en raison de problèmes de sécurité dans les travaux, doit étudier à partir de 2004 la possibilité de stocker des déchets nucléaires à grande profondeur, dans une couche argileuse.
Des militants anti-nucléaire manifestent à un péage près de Toul
NANCY, 19 juil - Une trentaine de militants anti-nucléaire manifestaient vendredi après-midi au péage de Gye, près de Toul (Meurthe-et-Moselle), dans le cadre d'une semaine de "vigilance" contre l'enfouissement des déchets radioactifs, a-t-on appris auprès des organisateurs.
Les manifestants ont investi le péage vers 15H00 et distribuaient des tracts aux automobilistes.
Plusieurs militants, vêtus d'une combinaison blanche, portaient des pancartes affirmant "Inactifs aujourd'hui, radioactifs demain", a déclaré François Simonet, porte-parole de la Coordination nationale des collectifs contre l'enfouissement des déchets radioactifs.
Cette action devait se terminer en fin d'après-midi, a-t-il ajouté.
Les écologistes ont entamé le 13 juillet une semaine de "vigilance" contre l'enfouissement des déchets radioactifs, en installant un campement face au chantier du futur laboratoire souterrain d'étude sur le stockage de déchets nucléaires de Bure (Meuse).
Ils dénoncent "la poursuite de
l'activité sur le site", malgré l'arrêt
des travaux depuis le 15 mai après la mort accidentelle
d'un ouvrier dans l'un des puits de forage. Le chantier a été
arrêté pour cinq mois.
Nouveau blocage des accès au site de Bure par les militants anti-nucléaires
18/07 Une trentaine de militants anti-nucléaires, selon les gendarmes, une soixantaine selon les manifestants, ont bloqué une nouvelle fois jeudi matin les accès au site du futur laboratoire souterrain d'étude sur le stockage de déchets nucléaires de Bure.
Dès 5H30 jeudi matin, les militants ont bloqué, à l'aide de cadenas et de chaînes, les quatre accès au site entouré de grillages, refusant le passage aux personnes travaillant sur le chantier.
Ils ont interdit toute entrée, acceptant toutefois les sorties, dans le but, selon un porte parole de la Coordination nationale des collectifs contre l'enfouissement des déchets radioactifs, organisatrice du mouvement, de "vider le site de ses occupants". Les manifestants avaient déjà bloqué les accès au site pendant plus de cinq heures mardi.
Les militants dénoncent "la poursuite de l'activité sur le site", malgré l'arrêt des travaux depuis le 15 mai dernier après la mort accidentelle d'un ouvrier dans l'un des puits de forage.
En fin de matinée, les militants, qui avaient pourtant décrété un blocage "à durée indéterminée", se concertaient sur la poursuite ou non du mouvement.
Les militants se sont installés samedi face au chantier du futur laboratoire dans le cadre d'une semaine de "vigilance" contre l'enfouissement des déchet radioactifs.
Le laboratoire de Bure, dont le chantier vient
d'être arrêté pour cinq mois en raison de problèmes
de sécurité dans les travaux, doit étudier
à partir de 2004 la possibilité de stocker des déchets
nucléaires à grande profondeur, dans une couche
argileuse.
Fin du blocus anti-nucléaire sur le site de Bure
18/07 Le blocus des accès au site du futur laboratoire souterrain d'étude sur le stockage de déchets nucléaires de Bure, qui avait commencé jeudi vers 5H30, a été levé dans l'après-midi vers 16H00, a-t-on appris auprès des manifestants et des gendarmes.
Les manifestants anti-nucléaire, qui répondaient à l'appel de la Coordination nationale des collectifs contre l'enfouissement des déchets radioactifs, ont enlevé les chaînes et les cadenas qui entravaient les quatre accès au chantier entouré de grillages, après avoir décidé "collectivement d'éviter un procès" avec les responsables du site.
Les écologistes se sont installés samedi face au chantier du futur laboratoire géré par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) dans le cadre d'une semaine de "vigilance" contre l'enfouissement des déchet radioactifs.
Ils dénoncent "la poursuite de l'activité sur le site", malgré l'arrêt des travaux depuis le 15 mai après la mort accidentelle d'un ouvrier dans l'un des puits de forage. Le chantier a été arrêté pour cinq mois.
Le laboratoire de Bure doit étudier
à partir de 2004 la possibilité de stocker des déchets
nucléaires à grande profondeur, dans une couche
argileuse.
Le site de Bure bloqué par les anti-nucléaire pendant plus de cinq heures
16/07 Une cinquantaine de militants anti-nucléaire ont bloqué mardi pendant plus de cinq heures les accès au site du futur laboratoire souterrain d'étude sur le stockage de déchets nucléaires de Bure (Meuse), a-t-on appris auprès des manifestants et des gendarmes.
Les militants ont bloqué mardi vers 7H00 les quatre accès au site, refusant le passage aux personnes travaillant sur le chantier, avant de libérer l'accès de leur plein gré vers 12H30. Selon les manifestants, entre 25 et 30 véhicules n'ont pu se rendre sur le site et ont fait demi-tour.
Les militants dénoncent "la poursuite de l'activité sur le site", malgré l'arrêt des travaux depuis le 15 mai après la mort accidentelle d'un ouvrier dans l'un des puits de forage.
Les militants se sont installés samedi sur le site dans le cadre d'une semaine de "vigilance" contre l'enfouissement des déchet radioactifs à l'appel de la Coordination nationale des collectifs contre l'enfouissement des déchets radioactifs.
Le laboratoire de Bure, dont le chantier vient d'être arrêté pour cinq mois en raison de problèmes de sécurité, doit étudier à partir de 2004 la possibilité de stocker des déchets nucléaires à grande profondeur, dans une couche argileuse.
Le 15 mai, un ouvrier avait été
mortellement blessé par la chute d'un tube d'aération
d'environ 400 kg. En décembre 2001, un ouvrier avait été
blessé après une chute de 11 mètres dans
le même puit.
Près de 200 anti-nucléaires campent près du futur laboratoire de Bure
BURE (Meuse), 13 juil - Entre 150 et 200 militants anti-nucléaires se sont rassemblés samedi près du futur laboratoire souterrain d'étude sur le stockage de déchets nucléaires de Bure pour y entamer une semaine de "vigilance", a-t-on appris auprès des organisateurs.
Les militants, dont une quarantaine étaient arrivés le matin même après une semaine de "marche d'interpellation et d'information", vont camper sur le site et se relayer en équipe devant les grilles du chantier pour réaliser une chaîne de "vigilance", a indiqué Corinne François, présidente de la Coordination nationale des collectifs contre l'enfouissement des déchets radioactifs.
Pour témoigner de leur vigilance contre l'enfouissement des déchets radioactifs, les anti-nucléaires vont dessiner des yeux sur des panneaux de 40x60 cm, qui doivent être accrochés à la clôture.
Parmi les militants déjà arrivés à Bure, figurent une trentaine de militants de Greenpeace, venus de toute la France, et autant de militants allemands venus du centre d'enfouissement de Gorleben.
D'autres anti-nucléaires sont attendus dans les prochains jours, notamment d'Alsace, selon Mme François.
Le laboratoire de Bure, dont le chantier vient d'être arrêté pour cinq mois en raison de problèmes de sécurité dans les travaux, doit étudier à partir de 2004 la possibilité de stocker des déchets nucléaires à grande profondeur, dans une couche argileuse.
Le 15 mai dernier, un ouvrier avait été
mortellement blessé par la chute d'un tube d'aération
d'environ 400 kg. En décembre 2001, un ouvrier avait été
blessé après une chute de 11 mètres dans
le même puit.
Coordination nationale des collectifs contre l'enfouissement des déchets radioactifs / BURE-STOP
Bar le Duc - Communiqué du 5 juillet 2002
Route des déchets nucléaires : on ne marche plus !!!
MARCHE de sensibilisation/interpellation de SOULAINES à BURE (RN60) du 8 au 13 juillet 2002
Brienne le Chateau (Aube) est un terminal ferroviaire
pour l'Andra.
Soulaines-Dhuys, dans l'Aube, accueille depuis 10 ans un stockage
de déchets A (dits faiblement ou moyennement radioactifs),
centre géré par l'Andra.
MorvillIers, à 5 km, vient de voir se terminer une enquête
publique, prémisse de linstallation dun autre site de stockage,
de TFA, (déchets très faiblement radioactifs).
A 60 km de là, se construit BURE, en Meuse, futur centre
denfouissement de déchets B et C (hautement radioactifs
et à vie longue).
Ainsi, sur un territoire restreint, vont se
concentrer plusieurs sites de stockage pour toutes les catégories
de déchets issus de lindustrie nucléaire.
Qui décide de l'avenir des régions Lorraine/Champagne-Ardenne
?
Y-a-il une réelle information des populations riveraines
quant à ce futur inquiétant pour leur lieu de vie
??? Qu'en est-il des risques sanitaires sur la chaîne du
vivant ? Pourquoi choisir de contaminer de nouvelles zones alors
que la France compte déjà des dizaines de sites
nucléarisés ? Quelles perspectives pour l'avenir
en matière d'énergie ?
Face aux lacunes des collectivités en
matière d'information et de concertation,
les collectifs BURE-STOP inaugureront lundi 8 juillet une "route
des déchets nucléaires" et organisent une semaine
de marche d'interpellation/sensibilisation sur celle-ci.
Cette semaine précédera le 3e camp d'opposition
au centre de BURE, qui s'installera du 13 au 20 juillet, face
au chantier...
Tout le Programme de la marche :
Lundi 8 juillet:
* Rendez-vous à Brienne-le-Château (Aube) à
partir de 9H, juste à l'entrée de la ville en venant
de Saint-Dizier, à l'embranchement de la rue Henri Becquerel
qui mène au terminal ferroviaire Andra
* Vers 11H : inauguration "officielle" de la "Route
des déchets nucléaires" avec des élus,
le ruban traditionnel, la mise en place de la pancarte routière,
l'incontournable vin d'honneur, etc
* Repas puis départ en cortège à travers
la ville de Brienne pour reprendre ensuite la route
* Arrêt à 2-3 km, devant un site militaire (ERGM),
dépôt de munitions à l'uranium
*Etape couchage à MORVILLIERS, village pressenti comme
premier dépôt français de déchets nucléaires
TFA
* Animation du soir: 20h-30 - conférence-débat sur
place sur le thème del'uranium (utilisation dans l'armement
et ailleurs, les dégâts sanitaires, l'information
tronquée des organismes officiels, etc) par Roland DESBORDES,
président de la CRIIRAD
Mardi 9 juillet:
* Morvilliers-Soulaines avec passage au dépôt Andra
de déchets nucléaires classés A, puis arrêt
devant la stèle souvenir de La Ville-au-Bois, inaugurée
à l'époque par Albert JACQUARD
* Animation soirée : débat public sur les coulisses
du "Centre de l'Aube", les promesses antérieures
à l'ouverture du site et la réalité après
dix années d'exploitation à 20h30
Mercredi 10 juillet:
* Soulaines-Doulevant le Château (Haute-Marne)
* Animation du soir: en musique et chansons
* Dégustation d'une succulente omelette aux truffes locales
Jeudi 11 juillet:
Doulevant - Joinville : l'étape la plus longue (20 à
25 km)
* Passage à Dommartin-le-St Père par "La Haie
Lascaux", accueil et explication par le propriétaire
des lieux
* Animation soirée: info-débat public sur les énergies
de substitution au nucléaire et les projets éoliens
régionaux à 20h30
Vendredi 12 juillet:
Joinville - Echenay
* Matinée d'information sur le marché local
* Animation du soir: programme vidéo dont l'émission
"Strip-Tease" qui mettait en vedette le conseiller général
local
Samedi 13 juillet:
Echenay - Bure : arrivée à midi pour le lancement
de la Chaine de vigilance active devant le chantier de BURE
* Arrivée des participants, de France et d'ailleurs
* Après-midi et soirée émaillés de
chansons avec la gracieuse participation de l'artiste Pierre HANOT
Rendez-vous au plus grand nombre, devant le
chantier de BURE, pour dire, avec tous ceux qui donneront une
heure, un jour, ou une semaine de leur temps, NON à tout
enfouissement de déchets atomiques, à BURE, en France,
ou partout ailleurs dans le monde !!!
(Le programme du 3e camp de BURE -13 au 20 juillet- suivra prochainement...)
CONTACTS marche : 03 25 04 91 41 - 06 81 31
17 36
Contact BURE : 06 86 74 85 11 - 03 29 45 45 55
http://www.burestop.org - http://www.multimania.com/bienprofond
La Tribune du 26/06/02
Le laboratoire sur l'enfouissement des
déchets radioactifs de Bure en suspens
Le tribunal de Bar-le-Duc a prononcé l'arrêt, pour cinq mois, des travaux de forage du laboratoire meusien de recherche sur l'enfouissement des déchets radioactifs. La responsabilité du Groupement Fond Est est mise en cause pour des manquements graves à la sécurité des salariés.
Le juge des référés du tribunal de Bar-le-Duc (Meuse) a prononcé le 20 juin l'arrêt immédiat, pour une durée de cinq mois, du chantier du laboratoire de recherche sur l'enfouissement des déchets radioactifs de Bure. Ce jugement fait suite à une assignation de l'inspection du travail de la Meuse, qui dénonce "des manquements graves à la sécurité des salariés". Conçu spécifiquement pour les besoins du forage, le "plancher de fonçage" (machine servant tout à la fois à forer, à évacuer les déblais et à faire descendre les hommes et le matériel) semble être à l'origine des deux accidents l'un grave, l'autre mortel survenus entre décembre 2001 et mai 2002. Le 15 mai un ouvrier avait été tué, écrasé par un tube d'aération au fond du puits principal d'accès du futur laboratoire souterrain, à 226 mètres de profondeur. En décembre, un ouvrier s'était grièvement blessé en faisant une chute de 11 mètres alors qu'il effectuait des travaux de bétonnage. Les travaux avaient alors été arrêtés pendant plus d'un mois.
Dysfonctionnements. Le 23 mai, une visite de l'inspection du travail a mis en évidence des dysfonctionnements (tirs d'explosifs trop puissants et mal maîtrisés, risques d'ouverture inopinée d'une trappe) de nature à créer un danger pour les salariés. Le plancher de fonçage, dont la construction a généré un surcoût de 4,5 millions d'euros, a pourtant obtenu la certification CE validée par le Centre d'études techniques des industries mécaniques (Cetim). Mais "le Cetim est impliqué dans la fabrication de ce prototype depuis plusieurs années [et] il appartient aujourd'hui à un organisme indépendant de vérifier la conformité de cet équipement de travail", estime Joël Louis, inspecteur du travail chargé du dossier, qui a obtenu gain de cause auprès du tribunal.
Responsabilités. Mandataire de l'opération, Bouygues Travaux publics prend acte du jugement, mais n'exclut pas d'assigner à son tour CDF ingénierie, concepteur de l'engin, ainsi que l'Agence nationale pour le retraitement des déchets radioactifs (Andra), maître d'ouvrage du laboratoire. Prévue le 20 novembre, une nouvelle audience devrait permettre de déterminer les responsabilités respectives de chaque intervenant. D'autres dysfonctionnements sont en effet dénoncés comme l'absence de Comité d'hygiène, de sécurité et de conditions de travail (CHSCT) pour les 140 ouvriers du chantier, en l'absence d'une entité moralement responsable. Composé de Bouygues TP, de Vinci et de CDF Ingénierie, le Groupement Fond Est, qui se partage les travaux souterrains pour un montant de 54 millions d'euros, revêt en effet la forme d'un groupement d'intérêt économique (GIE), qui ne permet pas, en l'état, l'organisation d'un CHSCT.
Pour l'heure, l'Andra se garde de tout commentaire sur l'arrêt du chantier, qui représente un investissement total de 110 millions d'euros. Mais le calendrier initial semble à présent irrémédiablement compromis. Avant même l'accident mortel du 15 mai, l'Andra affichait un retard de près d'un an dans la progression du chantier. "Les cinq mois d'arrêt imposés par le tribunal ont transformé nos doutes en certitudes", estime Benoît Jacquet, secrétaire général du Comité local d'information et de suivi (Clis) qui regroupe des représentants des collectivités, des associations et administrations concernées par le projet de laboratoire, sous la houlette du préfet. Ce laboratoire doit être construit à une profondeur de 490 mètres pour étudier à partir de 2004 la possibilité de stocker des déchets nucléaires à grande profondeur. Or, "tenue de présenter le résultat de ses travaux devant l'Assemblée nationale fin 2005, l'Andra ne sera pas en mesure de fournir les éléments nécessaires pour statuer sur l'enfouissement des déchets radioactifs dans l'argile", conclut Benoît Jacquet.
Pascale Braun, à Metz
Est Républicain 21/06/02
LE FAIT DU JOUR:
Bure stoppé
Les travaux sur le site de Bure sont stoppés pendant cinq mois. C'est le président du tribunal de grande instance de Bar-Ie-Duc, Fabrice Delbano, qui vient de l'ordonner à la suite d'une assignation en référé, formulée le 13 juin par l'inspection du travail à l'encontre de la société Bouygues, mandataire du Groupement Fonds Est. Le jugement, rendu hier après-midi, s'appuie sur le rapport formulé à l'issue de la visite d'un inspecteur sur le site, le 23 mai, et relevant "de graves manquements en matière de sécurité ", en terme d'organisation du travail, de formation à la sécurité et de conception du dispositif de fonçage des puits.
Tirs d'explosifs" trop puissants et mal maÎtrisés", "mauvais choix du câble de remplacement du télescope de ventilation", le rapport relève aussi des manquements graves qui ont conduit aux deux accidents de chantier, dont le dernier mortel, le 15 mai dernier. Il conclut sans ambages que "ces déficiences créent une situation de danger pour les salariés ".
Dans ses motifs, l'ordonnance exige un arrêt immédiat des travaux de fonçage "à titre conservatoire" sur le puits principal et "préventif" sur le puits auxiliaire.
Depuis l'accident, les travaux avaient du reste été interrompus. Ils ne pourront reprendre qu'après vérification et mise aux normes techniques de conformité des installations.
Incriminée, la société de travaux publics Bouygues est bien décidée à ne pas porter toute seule le chapeau. Elle souhaite d'ailleurs mettre en cause le concepteur de la machine de forage et l' Andra. Une nouvelle audience est déjà prévue le 20 novembre afin de déterminer les responsabilités de chacun dans cet écheveau juridique. En tous les cas, ce nouvel arrêt du chantier du labo ne va pas arranger les affaires de l' Andra, qui déplorait déjà un retard de plus d'un an dans sa programmation. Le forage du puits principal est arrivé à la côte -226 mètres, soit à peine moitié du projet, qui prévoit le creusement de galeries d'expérimentation à -500 mètres dans la couche argileuse.
Mais le temps presse, car le rapport d'études sur le stockage en profondeur des déchets nucléaires doit être présenté au Parlement en 2006. Il ne fait plus guère de doute que ce sera une pâle copie de l'ambitieux projet initial, d'autant plus que les points de comparaison avec un autre site, granitique celui-là, seront impossibles, faute de deuxième labo.
Gérard BONNEAU
Des militants anti-nucléaires jeûnent devant le site de Bure (Meuse)
BURE (Meuse), 22 avr - Des
militants anti-nucléaires ont entrepris un jeûne
lundi matin, à l'occasion du 16e anniversaire de la catastrophe
de Tchernobyl, devant le site du chantier du laboratoire souterrain
de recherche sur l'enfouissement des déchets nucléaires
à Bure (Meuse), a-t-on appris auprès des manifestants
et des gendarmes.
Cinq personnes ont décidé de cesser de s'alimenter
durant une semaine, selon les collectifs régionaux opposés
à ce laboratoire de recherche : CEDRA 52, CDR 55, CACENDR
54 et CENDR 88, organisateurs de l'action.
Les jeûneurs seront rejoint par d'autres personnes au cours de la semaine, indique-t-on de même source.
Samedi, une marche partira de Cousances (Meuse), à une vingtaine de kilomètres de Bure, pour rallier les jeûneurs dans le courant de l'après-midi.
Un laboratoire de recherche souterrain sera construit à une profondeur de 490 mètres pour étudier à partir de 2004 la possibilité de stocker des déchets nucléaires à grande profondeur, dans une couche argileuse.
La Dépèche du Midi du 19/03/02
VILLEFRANCHE (12) : L'association Serènes sereines fête son 2e anniversaire et rouvre le débat sur l'enfouissement des déchets radioactifs
Lumière sur le nucléaire
Statu quo ? En apparence oui mais en coulisses, les tractations vont bon train... On se souvient des quinze sites granitiques pressentis par l'Agence nationale des déchets radioactifs. Dont le site de Sanvensa.
Et on se souvient aussi de l'accueil houleux
qui avait été réservé à la
mission granit en
Mayenne. Dès lors, les émissaires se sont faits
plus discrets. Jusqu'à disparaître puisque
cette mission a été dissoute. Reste la validité
du contrat Andra-Etat. « L'Andra est toujours chargée
de poursuivre ses études sur l'enfouissement des déchets
radioactifs en couche profonde », indique Régis Gauguier,
responsable de la communication de l'association Serènes
sereines. Et de fait, aux quatre coins de l'Hexagone, les sites
proposés sont toujours les mêmes.
A l'approche des élections, le sujet est, comme qui dirait, enfoui. En surface, répondent les adhérents de Serènes, déterminés à faire pression. Samedi 23 mars, à l'occasion de son 2e anniversaire (voir encadré), le collectif se propose de remobiliser l'opinion publique et de faire le point.
« Dans la classe politique, une grande majorité est favorable au nucléaire pour des raisons économiques. Et dans le secteur de l'énergie, il y a débat sur la poursuite du retraitement des combustibles irradiés. Doit-on les réserver en surface ou les enfouir en grande profondeur? C'est là tout l'échec de l'industrie nucléaire: on sait produire mais les déchets, on ne sait pas quoi en faire et on les confie aux générations futures », observe Régis Gauguier.
TCHERNOBYL
Ailleurs, à Bure, l'implantation du laboratoire en couche
argileuse connaît quelques ratés: « L'étude
géologique commandée par l'Andra a été
faite à la va-vite. Il y a de l'eau partout et les risques
de contamination des nappes phréatiques sont réels.
Les élus qui avaient donné leur feu vert font marche
arrière », poursuit-il.
Autre préoccupation: « L'usine de La Hague n'a pas la capacité de tout retraiter. EDF de son côté veut diminuer le coût du kilowatt et pour que l'affaire soit rentable veut abandonner le retraitement ». D'où l'enfouissement.... On y revient toujours.
Au tout nucléaire, Serènes sereines répond par le développement des énergies renouvelables. « Notre but est aussi d'informer la population sur les dangers du nucléaire ». A travers la projection d'un film qui alimentera le débat samedi prochain. « Autopsie d'un nuage » montre les conséquences de Tchernobyl en France et dissèque l'hypocrisie des autorités françaises. Soutenant mordicus en 1986 que le nuage s'était arrêté pile poil à la frontière...
C. S.-B.
Au programme du 23 mars
Samedi 23 mars, les deux ans de l'association Serènes sereines seront célébrés par un dîner festif. Au préalable, de 14 heures à 16 heures, le collectif tiendra son assemblée générale, salle du 3e âge à La Fouillade. Point presse et prise de paroles à 16 heures. De 17 heures à 18 h 30, conférence-débat, toujours à La Fouillade. Alain Zanardo de la Crii-Rad interviendra sur la « Radioactivité: conséquence inévitable du nucléaire ». « Autopsie d'un nuage » sera projeté à l'issue de son intervention.
En soirée, à partir de 20 h 30,
la journée se poursuivra à la salle des fêtes
d'Arcanhac avec un repas animé par le groupe traditionnel
La Soulenco. Au menu (préparé par les membres de
Serènes), quiche, salade verte, jambon braisé au
miel, gratin dauphinois, omelette norvégienne et café.
PAF, 12¤. Réservations conseillées au 06.77.11.84.65.
(Ouest-France 2/3/02)
A Bure, des souterrains pour les déchets
de nos centrales nucléaires
Depuis deux ans, l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) creuse à Bure (Meuse) un laboratoire souterrain. La question est de savoir si la couche d'argile pourrait, vers 2020, abriter un stockage pour les résidus des centrales nucléaires, dont on ne sait que faire aujourd'hui.
BURE (de notre envoyé spécial).
- A coups d'explosif et de marteau piqueur, une centaine d'hommes
font les trois-huit pour « foncer » (creuser) deux
puits. Le principal - 6 m de diamètre - atteint 180 m sous
ce morceau de campagne, à la frontière de la Meuse
et de la
Haute-Marne. Le puits auxiliaire est un peu moins avancé.
Les hommes, la plupart anciens des mines de charbon du Nord ou
de la Moselle, rongent leur frein. Le fonçage pourrait
aller plus vite, si les scientifiques n'imposaient leur rythme
: seulement un mètre par jour. Tous les deux mètres,
avant que les parois soient bétonnées, les géologues
envahissent le chantier pour prendre leurs mesures, photographier
la roche, prélever des morceaux.
« L'argent de l'Andra s'infiltre partout »
Celle qu'il faut atteindre, à - 495 m, est une roche dure, sèche, une argilite en feuilles compactées, formée il y a 150 millions d'années. L'Andra a choisi cette couche, épaisse de 150 mètres, pour sa capacité à « piéger » les polluants. Une goutte d'eau, si elle ne trouve aucune faille où se faufiler, mettrait entre 30 000 et 300 000 ans pour y parcourir un mètre. L'agence veut savoir s'il est possible d'y stocker les déchets radioactifs issus des centrales nucléaires françaises. Des déchets dont on ne sait que faire aujourd'hui et qui représenteront environ 100 000 mètres cubes en 2010.
L'endroit précis - une parcelle de 17 hectares - a été retenu, officiellement, « sur des critères scientifiques ». Un peu aussi, reconnaît l'agence, parce qu'un agriculteur a accepté de vendre son exploitation. Et peut-être encore, comme le supposent les opposants, parce que la population n'a pas montré une grande résistance.
Pour l'heure, il n'est question que d'études. Les pancartes, qui guident jusqu'au chantier, mentionnent pudiquement : « Laboratoire de recherche souterrain de Meuse-Haute-Marne ». Stockage, déchet, nucléaire, radioactif... Les mots qui font peur sont bannis. Ce n'est pas avant 2006 que le Parlement se prononcera sur la création d'un stockage de déchets, qui verrait le jour à l'horizon 2020.
Les opposants restent persuadés que ce serait une folie « Il y a plein d'eau. Des failles ont été gommées sur les cartes », affirme Corinne François, habitante d'une commune voisine, devenue présidente de la coordination nationale des collectifs contre l'enfouissement des déchets nucléaires. L'Andra assure au contraire que, jusqu'à présent, la géologie n'a décelé aucune contre-indication.
« Nous essayons d'être aussi transparents que possible, assure Marc-Antoine Martin, géologue chargé de la communication. C'est une vraie révolution culturelle. Le nucléaire avait plutôt, jusqu'à présent, une culture du secret ».
Ces bons sentiments sont loin d'avoir réduit toute méfiance. « Lors de l'enquête publique, on ne parlait pas de nucléaire, raconte Corinne François. Ce n'est que récemment que l'Andra a dit : peut-être bien qu'on va y mettre des déchets. »
L'argent déversé à titre de compensation ne favorise pas non plus la confiance. Pendant six ans, la Meuse et la Haute-Marne vont recevoir chacune 60 millions de francs par an. Une manne qui permet à ces départements aux ressources modestes de construire quelques routes, prolonger des réseaux d'assainissement, restaurer des clochers. « L'argent de l'Andra s'infiltre partout », dénonce Corinne François qui accuse l'État d'avoir acheté le consentement des élus.
Si ce fut le cas, le consentement était bien fragile. « On nous a roulés dans la farine, s'emporte Gérard Antoine, le maire de Bure, qui avait donné son accord à la création du laboratoire. Nous n'avons aucune des retombées économiques promises. Ce ne sont que des mensonges. » Jusqu'à présent, « l'argent de l'Andra », a profité à d'autres. Sa commune a tout juste réussi à restaurer un lavoir. Le problème, explique l'élu, c'est que les aides ne peuvent dépasser 80 % du coût des programmes. « Allez trouver les 20 % restants quand vous êtes une commune de 80 habitants ! » En 2006, l'Andra demandera de prolonger les études ou de créer son site. Il prévient : « Ce sera niet ! » Sans trop d'illusions : « De toute façon, ils trouveront bien moyen de se passer de notre avis.»
S.P.
L'EST REPUBLICAIN
26/01/02
Labo : les opposants marquent des points
Lors de la réunion du CLIS, hier, deux motions initialement recalées par le bureau, ont été adoptées. L'une exige l'extension de la zone de prospection géologique
Jacques-Pierre Piguet, le directeur du labo de Bure, a présenté hier, à Bar-le-Duc, devant les membres du CLIS, un premier bilan des travaux scientifiques. Le puits d'accès principal a atteint la cote 157 mètres et le secondaire 91 mètres. Des carottages à sec sont réalisés régulièrement et des sondes posées pour connaître le comportement de la roche suite au creusement : perméabilité, déplacement des parois, pression ... Tous ces relevés s'ajoutent aux données déjà enregistrées par la sismique 3D et d'autres études pour mieux connaître les couches profondes traversées.
Mystérieux traceurs
Le directeur confirme notamment le soupçon
de "trois séries de décalages successifs à
la base du callovo-oxfordien" . Ces petites failles traversent-elles
la couche d'argile où sera implanté le labo ? "Les
expérimentations menées permettront de le déterminer".
De nombreuses interrogations fusent sur les bancs des opposants.
"Nous manquons d'information sur les traceurs qui seront
utilisés pour évaluer les
réactions de la roche à la radioactivité",
note Jean Franville. Réponse du préfet Fitoussi
: "La description en sera faite au prochain bureau du CLIS".
"Avez-vous prévu des expérimentations sur les
effets
jumelés de la température et du rayonement",
questionne André Mourot. "Non", précise
Jacques-Pierre Piguet. "Le but, ce n'est pas de simuler un
stockage" ! Brouhaha dans la salle. "Le but, c'est quand
même bien de qualifier un site, ou bien je ne comprends
plus rien", rétorque Francis Legrand. Dans le public,
Corinne François interpelle : "Vous avez dit que l'un
des des objectifs des études était de retarder,
dans l'éventualité d'un stockage, le retour des
radionucléides dans la biosphère. Quand cela
va-t-il devenir dangereux ? Avez-vous les moyens de faire des
prospections ?"
Pas prêt pour 2006
Jacques-Pierre Piguet reconnaît que "le
paramètre temps est important. Par exemple, pour les expériences
thermiques, c'est plus la puissance (durée) thermique qui
prévaut pour évaluer la résistance de la
roche à la chaleur". Outre l'adoption du programme
d'activités 2002 et du buget du CLIS (307.000 ¤),
les membres se sont également prononcés sur une
motion qui avait été votée en bureau, mais
tronquée de deux paragraphes, ce qui a fait bondir de sa
chaise Jean Franville. "Il y a une grande incertitude géologique,
avec une forte présomption de trois failles, aux abords
immédiats du labo, qui se retrouvent en-dessous et au-dessus
de la couche d'argile. Elles doivent donc la traverser, d'où
l'intérêt d'étendre la prospection géologique
à toute la zone susceptible d'abriter un éventuel
stockage". Cette proposition avait d'ailleurs été
recommandée par la commission nationale de'évaluation
en juillet dernier.
Dans un but d'apaisement, le préfet Fitoussi fit donc mettre
au vote cet amendement, qui fut adopté à une large
majorité. Pour la première fois, le CLIS se rangeait
donc à l'avis des opposants. Poursuivant son avantage,
Jean Franvile présentait alors le dernier des cinq paragraphes
qui avait été supprimé. "Le CLIS estime
que les données acquises fin 2005, sur les trois voies
de recherche, ne seront pas suffisantes pour permettre au Parlement
de disposer de tous les éléments d'appréciation".
Là encore, l'assemblée adoptait l'amendement. Pas
de doute, les opposants au labo ont marqué des points.
Et si l'on ajoute que les trois autres délibérations
de cette motion, à l'adresse de l'Andra? exigent "un
éventail de traceurs représentatif des éléments
radioactifs présents dans les déchets", "un
état de référence sanitaire des populations
en vue d'une étude épidémiologique"
ainsi que "des études à caractère soviologique
relatives aux modes de gestion des déchets", le constat
s'impose qu'un vent nouveau souffle parmi les membres du CLIS
soudain atteints par le principe de précaution."
Gérard BONNEAU
Noël Mamère veut l'arrêt
du laboratoire d'enfouissement nucléaire de Bure
NANCY, 22 jan - Les Verts souhaitent
l'arrêt du laboratoire nucléaire de Bure (Meuse),
a déclaré, mardi soir, Noël Mamère,
candidat des Verts à la présidentielle, qui avait
choisi Nancy (Meurthe-et-Moselle) comme deuxième étape
de sa campagne.
"Nous avons choisi Nancy, dans la lignée de notre
début de campagne à Toulouse, pour illustrer ce
que j'appelle les trois P : prévention, précaution
et protection", a déclaré Noël Mamère
lors d'une rencontre avec la presse et plusieurs associations
lorraines de défense de l'environnement.
"Nous disons qu'il faut arrêter le laboratoire de Bure, qui n'est pas un laboratoire de stockage mais d'enfouissement, dans le cadre d'une réflexion politique plus générale de sortie progressive du nucléaire", a-t-il précisé.
"Il faut prendre cette décision démocratiquement, sur le modèle allemand ou belge, et il faut également se donner les moyens de démanteler les centrales, de s'orienter vers des énergies alternatives et des économies d'énergie, et de traiter les déchets", a-t-il ajouté.
"Le laboratoire de Bure, tout comme l'usine AZF à Toulouse, est un risque industriel", a estimé le candidat des Verts, qui prône le stockage de déchets "en subsurface, à 30 ou 40 mètres de profondeur, avec possibilité de les surveiller, les visiter, et de les récupérer".
Reprise des travaux au chantier du laboratoire
souterrain de Bure
BURE (Meuse), 15 jan - Les travaux
de creusement du puits principal du chantier du laboratoire souterrain
de Bure, interrompus le 3 décembre 2001 après la
chute de onze mètres dans le puits d'un
ouvrier, ont repris lundi, a-t-on appris mardi auprès de
la direction du site.
La chute de l'ouvrier, qui s'en est sorti avec
des fractures aux bras et aux jambes, avait entraîné
"l'arrêt complet du chantier afin que les autorités
compétentes puissent mener les investigations nécessaires
pour
en déterminer les causes", a précisé
l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs
(ANDRA) dans un communiqué.
Souffrant de plusieurs fractures, l'ouvrier qui a également eu la rate endommagée, "est actuellement en convalescence et se rétablit progressivement", assure le communiqué.
Selon l'enquête préliminaire, "une double erreur humaine" est à l'origine de l'accident, affirme la direction. L'homme, employé à des travaux de bétonnage des parois du puits, a chuté dans le puits d'accès principal du laboratoire souterrain vers 1H10 du matin, tombant du niveau 2 au niveau 5, en raison de l'ouverture "par erreur" d'une trappe sur laquelle il se trouvait.
Les travaux sur le puits de auxiliaire, qui avaient également été arrêtés après l'accident, ont repris dès le 30 décembre.
Un laboratoire de recherche souterrain sera
construit à une profondeur de 490 mètres pour étudier
à partir de 2004, la possibilité de stocker des
déchets nucléaires à grande profondeur, dans
une couche argileuse.
Laboratoire de Bure: premiers bâtiments livrés en
septembre
PARIS, 11 juil - Les
premiers bâtiments de surface du laboratoire de Bure (Meuse),
où doivent être menées des recherches sur
le stockage souterrain des déchets radioactifs, seront
livrés en septembre, ont indiqué mercredi les dirigeants
de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs
(ANDRA).
Situé à cheval sur les départements de la
Meuse et de la Haute-Marne, le laboratoire de Bure doit accueillir
des recherches sur le comportement des roches dans un sous-sol
argileux. Un deuxième site devait être choisi pour
des études dans un sous-sol granitique, mais le projet,
même si aucune matière radioactive ne doit être
déposée dans ces laboratoires, a provoqué
une levée de boucliers dans l'ouest de la France et est
pour l'instant au point mort.
Dans l'immédiat, l'ANDRA participe à des expériences sur des sites granitiques à l'étranger, en Suède, en Suisse et au Canada. "On aura des données sur le comportement des roches granitiques. Une partie de ces informations sera directement utilisable, une partie n'est pas transposable", a expliqué le directeur-général de l'ANDRA François Jacq, en présentant à Paris le rapport d'activités 2000 de l'établissement public.
A terme, des expérimentations seront menées à une profondeur de 500 mètres, le but étant que le gouvernement dispose de toutes les données nécessaires à l'horizon 2006 pour faire un choix sur le stockage des déchets hautement radioactifs, principalement ceux en provenance des centrales nucléaires.
Le coût de l'ensemble du programme (1999-2006) est estimé à 3 milliards de francs (460 millions d'euros).
L'ANDRA a indiqué par ailleurs que le centre de l'Aube, où sont stockés des déchets faiblement et moyennement radioactifs (outils, gants, matériels divers provenant de l'industrie nucléaire ou des hôpitaux), avait accueilli depuis 1992 162.000 "colis", représentant 112.000 mètres cubes, soit 11% de la capacité totale du centre (1 million de mètres cubes) dont l'exploitation est prévue jusqu'en 2050.
Ces déchets représentent en volume 90% des déchets nucléaires produits en France, mais 1% seulement de la radioactivité totale dont le plus gros vient des combustibles brûlés dans les centrales nucléaires.
A vélo vers Bure contre l'enfouissement
des déchets nucléaires
BREST, 10 juil - Quatre
cyclistes finistériens ont quitté mardi l'Ile Longue,
site militaire des sous-marins nucléaires lanceurs d'enginssitué
en face de Brest, à destination de Bure (Moselle) pour
protester contre le stockage souterrain des déchets radioactifs.
Ce périple se déroule dans le cadre d'une manifestation
organisée dans plusieurs régions de France par des
opposants au nucléaire, notamment le réseau Sortir
du nucléaire et Greenpeace, qui doivent se retrouver le
22 juillet à Bure, un site argileux choisi pour accueillir
un laboratoire d'étude de stockage souterrain des déchets
radioactifs.
Les cyclistes finistériens devaient arriver en début de soirée à Brennilis, dans les Monts d'Arrée (Finistère), où le démantèlement d'une vieille centrale nucléaire se poursuit depuis 1997.
D'autres cyclistes doivent partir d'Avrillé (Vendée) mercredi et de Sanvensa (Aveyron) dimanche. Des départs sont également prévus depuis l'Autriche et l'Allemagne la semaine prochaine.
Parallèlement, une dizaine de personnes
ont quitté les grottes de Lascaux le 17 juin à pied
pour se rendre également à Bure.
Mouvement vers Bure contre l'enfouissement de déchets radioactifs et la sortie du nucléaire
Vous trouverez ci-joint un peu d'informations sur une affaire étouffée qui dure depuis 6 ans. En effet à Bure, dans la Meuse/Haute-Marne, se construit la première poubelle nucléaire d'Europe qui accueillera des déchets radioactifs à vie longue (de 500 000 à 2 000 000 d'années) dès 2006.Cette construction traîne derrière elle, comme à l'accoutumé, des sommes d'argent énormes (un chantier de 12 milliards de francs), des subventions exorbitantes (60 millions de francs par an et par département) des financements illégaux, des bassesses politicardes, de la désinformation et bien sur des mensonges. Le "détail" de plus (ou de trop), c'est que l'avenir des populations, l'environnement et la santé sont menacés à plus ou moins long terme.Implanté en milieu rural sur un plateau cultivé, le pseudo laboratoire s'étale en surface sur 90 ha avec 34 ha construit et 400 ha souterrains dans de l'argile. Situé au nord de la ligne de partage des eaux, il est au-dessus de la nappe phréatique qui s'étend jusqu'au Bassin Parisien Coté sécuritaire l'ANDRA (Agence Nationale de gestion des Déchets Radioactifs) a les moyens : lors des dernières manifestations en mars (500 personnes) et juillet 2000 (800 personnes) barrages routiers, hélicoptères, gendarmes et chiens (60), gendarmes mobiles (150), vigiles "dangereux" à l'intérieur du site (ex protection rapprochée, mercenaires, et membres du DPS) plus des hommes en kaki cachés dans les bosquets.
Le camp : Pour stopper la production de déchets,
l'idée de les enfouir et sortir du nucléaire (entre
autre) il faut un maximum de mobilisation du 21 au 29 juillet
2001 avec un temps fort le dimanche 22. (cf programme)
Coté confort : il n'y en a pas ! camping sur place (prévoir
un tapis de sol à causes des cailloux), des vêtements
chauds et étanches (2° en juillet l'année dernière),
des bâches (pour la pluie ou la peinture), pour la nourriture
on partage (les confitures de Lydie sont terribles)
Le rassemblement :Occupation du site face au
chantier, informations et démonstrations sur les ENR, conférences/débats
avec les différents collectifs et scientifiques/chercheurs
indépendants, réalisation de banderoles, fresques,
sculptures, monuments
La fête : Une série de concerts/bufs (suivant les
moyens techniques disponibles) sera organisée, avec diverses
groupes locaux et nationaux (mixité des genres assurée).
Pour plus de détails, le site de la coordination nationale est bien fait et très fourni : www.multimania.com/burestop
Marche de Lascaux à Bure contre l'enfouissement des déchets nucléaires
BORDEAUX, 17 juin - Une marche contre l'enfouissement des déchets nucléaires a quitté les grottes de Lascaux (Dordogne) dimanche après-midi pour un périple de 35 jours à destination de Bure (Meuse), un site argileux choisi pour accueillir un laboratoire d'étude de stockage souterrain des déchets radioactifs. Cette marche, qui devrait atteindre Bure le 22 juillet, après quelque 700 kilomètres à travers l'hexagone, a été organisée par le Réseau sortir du nucléaire.
Au total, seule une dizaine de personnes devraient effectuer cette randonnée-manifestation dans sa totalité, a expliqué Stéphane Lhomme, président de Tchernoblaye, une association girondine opposée à la centrale nucléaire de Braud-et-Saint-Louis, dans le Blayais, qui ne participera qu'à la seconde partie de la marche, à partir du 2 juillet.
Sur le premier kilomètre de leur expédition, dimanche, les marcheurs ont cependant été accompagnés par quelque 200 sympathisants de la cause anti-nucléaire, a précisé Stéphane Lhomme.
Outre cette marche qui partira des grottes de Lascaux, deux autres groupes convergeront vers Bure, à vélo, avec également une arrivée prévue pour le 22 juillet 2001. Ces deux cortèges partiront respectivement de Sanvensa, dans l'Aveyron, le 8 juillet, et de Brennilis, dans le Finistère, le 11 juillet.
Sanvensa est l'un des 15 sites granitiques présélectionnés pour l'installation d'un laboratoire d'étude de stockage souterrain des déchets nucléaires similaire à celui déjà en cours de construction à Bure. La commune de Brennilis a quant à elle été choisie car elle accueille une centrale nucléaire actuellement en cours de démantèlement, dans les Monts d'Arrée.
Bure, dernière étape de ces trois cortèges anti-nucléaires, accueillera durant une semaine un grand rassemblement européen pour l'arrêt du nucléaire. Au total, des milliers de manifestants venus de toute l'Europe, et notamment d'Allemagne, de Suisse, de Belgique ou de République tchèque devraient s'y réunir, a-t-on appris auprès de la Coordination nationale des collectifs contre l'enfouissement des déchets radioactifs.
Les grottes de Lascaux, lieu symbolique de l'héritage laissé aux générations futures, ont été choisies à dessein comme lieu de départ de cette marche: "l'homme préhistorique nous a laissé des peintures rupestres, nous, nous allons laisser des déchets radioactifs, a plaidé Stéphane Lhomme. Si au lieu de ces peintures ils nous avaient laissé en héritage le même type de déchets, ils seraient encore dangereux pour nous aujourd'hui".
Marche de Lascaux à Bure contre l'enfouissement des déchets nucléaires
BORDEAUX, 6 juin - Une
marche contre l'enfouissement des déchets nucléaires
va partir des grottes de Lascaux (Dordogne) le 17 juin pour rejoindre
le 22 juillet la commune de Bure (Moselle), site choisi pour accueillir
un laboratoire de stockage souterrain des déchets radioactifs,
a-t-on appris mercredi à Bordeaux auprès de l'association
Tchernoblaye.
Cette marche, qui durera 35 jours pour un total de 700 kilomètres,
à l'initiative du Réseau sortir du nucléaire,
devrait être effectuée à pied dans sa totalité
par une quinzaine de personnes, a expliqué lors d'une conférence
de presse Stéphane Lhomme, président de Tchernoblaye,
une association girondine opposée à la centrale
nucléaire de Braud-et-Saint-Louis, dans le Blayais.
Outre cette marche qui partira des grottes de Lascaux, deux autres groupes devraient converger vers Bure, à vélo, respectivement à partir de Sanvensa, dans l'Aveyron, le 8 juillet, et de Brennilis, dans le Finistère, le 11 juillet.
Sanvensa est l'un des 15 sites granitiques présélectionnés pour l'installation d'un laboratoire de stockage souterrain de déchets nucléaires. Bure, où la construction d'un autre laboratoire de ce type a déjà commencé, est un site argileux.
Bure, dernière étape de ces trois cortèges anti-nucléaires, accueillera durant une semaine un grand rassemblement européen pour l'arrêt du nucléaire. Au total, des milliers de manifestants venus de toute l'Europe, et notamment d'Allemagne, de Suisse et de Belgique, devraient s'y réunir, selon Stéphane Lhomme, qui participera lui-même à la seconde moitié de la marche.
Les grottes de Lascaux, lieu symbolique de l'héritage laissé aux générations futures, ont été choisies à dessein comme lieu de départ de cette marche: "l'homme préhistorique nous a laissé des peintures rupestres, nous, nous allons laisser des déchets radioactifs, a plaidé Stéphane Lhomme. Si au lieu de ces peintures ils nous avaient laissé en héritage le même type de déchets, ils seraient encore dangereux pour nous aujourd'hui".
(Libération du 21/10/00)
Nucléaire: opération séduction
à Bure
Rien n'est épargné pour faire accepter le futur site d'enfouissement des déchets. Un laboratoire situé à 490 m sous terre permettra de dire, d'ici à 2006, si des déchets radioactifs à vie longue peuvent être enfouis sur le site de Bure.
Une série de coups de corne pour avertir de l'imminence de l'explosion. Un très gros boum. Un nuage de poussière jaunâtre. Une autre série de coups de corne pour prévenir les ouvriers qu'ils peuvent revenir sur le chantier. Jeudi, l'Andra (Agence française de gestion des déchets radioactifs) a «pulvérisé» sous les yeux des médias 2,20 mètres de roche. Objectif: excaver un peu plus le puits d'accès au fond duquel reposera, par 490 mètres de fond, au beau milieu d'une couche d'argile d'une épaisseur de 130 mètres, le laboratoire de recherche de Bure (Meuse). La mission de ce laboratoire souterrain sera d'évaluer, d'ici à 2006, si cette argile du Callovo-Oxfordien, considérée par certains scientifiques comme un véritable coffre-fort géologique, est effectivement apte à recevoir dans des conditions d'isolation parfaite des déchets radioactifs de haute activité et à vie longue. A raison d'un tir tous les deux jours environ et d'une progression de près de 2,50 mètres à chaque explosion, il faudra un peu plus de deux ans à l'Andra pour traverser les couches de calcaires et de marnes, et parvenir à la couche d'argile.
Votes «achetés». Jeudi, les responsables de l'agence avaient donc invité les médias à assister à l'explosion. Comme ils les avaient conviés à la pose de la première pierre, le 27 septembre. Les élus locaux assisteront à un prochain tir. «Nous avons offert aux maires des 33 communes alentour un badge d'accès permanent au site», précise Thomas Busuttil, le directeur de la communication de l'Andra. Douze seulement l'auraient retiré. Cette ouverture s'explique: les responsables de l'agence doivent impérativement gagner la bataille de l'opinion publique sur le dossier controversé du stockage des déchets nucléaires.
En 2006, l'agence remettra ses conclusions sur le sous-sol de Bure au gouvernement. Hier, les ingénieurs responsables du projet affirmaient ne pas douter que celles-ci seraient positives. Pour autant, le gouvernement du moment pourra très bien décider de ne pas autoriser le stockage des déchets à Bure. Surtout s'il sent que l'opinion publique est très remontée contre le projet et s'il juge le risque politique trop important. Le nucléaire compte de solides opposants, et les crises successives du sang contaminé et de la vache folle ont fait douter les consommateurs quant à la capacité, ou la volonté, des scientifiques et des pouvoirs publics à les protéger. Par ailleurs, l'Andra a commis des maladresses qui ont renforcé le front des opposants locaux. L'agence s'est fait accuser d'avoir acheté le vote des élus en faveur de l'implantation du laboratoire, à coups de sponsoring d'équipes de foot, de réfection d'églises et de construction d'équipements communaux.
Aujourd'hui, l'Andra prend les opposants au sérieux. Et tente de les contourner en mettant les riverains de son côté. Sur le site encore en chantier, puisque la première pierre a été posée en septembre, le bâtiment le plus avancé est celui qui accueillera le public. Et une journée portes ouvertes aura lieu dimanche.
«Pas de heurts». Par ailleurs, les responsables de l'agence évitent soigneusement l'affrontement avec les antinucléaires. «S'ils ne nous ont pas envoyé les CRS cet été quand on campait sur le site de Bure avant le début des travaux, c'est qu'ils ne voulaient surtout pas de heurts. Ils avaient peur pour leur image», affirmait un manifestant présent à la gare de Bar-le-Duc, avec une banderole frappée du slogan: «La radioactivité n'a pas de frontières», pour accueillir la délégation venue assister à l'explosion. Car les opposants ne désarment pas. Et l'Andra sait que leur révolte peut faire basculer l'opinion publique à tout moment.
Par CATHERINE COROLLER
Laboratoire de Bure: tirs
à l'explosifs pour le creusement
BURE (Meuse), 19 oct (AFP) - L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) a procédé jeudi devant la presse à l'un des tout premiers tirs à l'explosif pour le creusement de l'avant puits pour l'accès au futur laboratoire de recherche de Bure, a constaté l'AFP.
L'ANDRA a prévu dans son planning d'atteindre les 500 mètres, pour installer son laboratoire sous-terrain dans une couche argileuse du Callovo-Oxfordien, à la fin de 2002. Un second puits d'un diamètre de 4 mètres sera creusé à une centaine de mètres du puits principal pour permettre le "retour d'air".
Destiné à étudier la gestion à long terme des déchets radioactifs à vie longue et haute activité (catégorie C) dans le cadre de la loi du 30 décembre 1991, le futur laboratoire a fait l'objet de nombreuses contestations de la part d'opposants, y compris d'élus.
Le site de Bure, d'une surface de 17 hectares, emploie actuellement près de 130 personnes à la frontière entre la Meuse et la Haute-Marne.
Réunion des opposants à Bure samedi
BAR-LE-DUC, 6 oct (AFP) - Les opposants à l'enfouissement des déchets nucléaires se réuniront samedi à Bure (Meuse) à l'occasion d'une assemblée générale d'élus pour demander l'arrêt des travaux de construction du laboratoire souterrain de recherche sur les déchets radioactifs.
Dans un communiqué, l'Association des élus meusiens (AEM) opposée au laboratoire, dont la première pierre a été posée le 27 septembre, indique qu'elle fusionnera samedi avec l'Association des élus de Haute-Marne, le site de Bure étant implanté aux confins des deux départements.
"Depuis 1995, nous faisons pression sur le terrain et nous espérons qu'un groupe de députés finira par déposer un projet de loi dans le sens de l'arrêt des travaux à Bure", a précisé à l'AFP Jean-Marc Fleury, président de l'AEM.
Par ailleurs, la coordination nationale des collectifs contre l'enfouissement des déchets radioactifs tiendra samedi et dimanche à Brillon-en-Barrois (Meuse) "une réunion de travail" regroupant les représentants des opposants de la Meuse, de la Haute-Marne, des Vosges et de la Meurthe-et-Moselle, ainsi qu'un représentant de Greenpeace France.
Laboratoire de Bure : pose de la première pierre
BAR-LE-DUC (Meuse), 27 sept (AFP) - La première pierre du futur laboratoire souterrain de recherche sur les déchets nucléaires de Bure (Meuse) a été posée mercredi par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radiaoactifs (ANDRA), ont annoncé ses responsables.
Ce laboratoire est destiné à étudier les échantillons de roche prélevés lors du creusement des puits de 5 et 4 mètres de diamètre et de 500 mètres de profondeur dont le forage "débutera dans les jours qui viennent à la mi-octobre 2000", a indiqué dans un comuniqué l'ANDRA.
Le site est mis en place "pour démontrer la faisabilité, la sûreté à long terme et la réversibilité d'un éventuel stockage souterrain de déchets radioactifs", précise l'organisme scientifique.
Pendant tout l'été, les opposants "anti-nucléaires" se sont relayés jour et nuit sur le site à l'appel de la Coordination nationale contre l'enfouissement des déchets radioactifs (CEDRA).
Aux côtés des militants locaux, la coordination avait relevé la présence d'opposants au nucléaire venus de Haute-Saône, Mayenne, Orne, Bretagne, mais aussi d'Allemagne ou d'Italie.
Le site de Bure emploie actuellement près de 200 personnes à la frontière entre la Meuse et la Haute-Marne.