COMMUNIQUÉ : Après la réunion de la Commision-Hague (CSPI) du 26-9-02
Aucun expert aujourd'hui ne remet plus en cause l'excès des cas de leucémies chez les jeunes entre 0 et 24 ans, dans le canton de Beaumont-Hague, sur la période 78-98. (4 cas constatés contre 2 attendus, 5 en 2001).
Lors de la réunion de la Commission
Spéciale et Permanente d'Information de la Hague (CSPI),
le 26 septembre dernier, la présidente du Groupe Radioécologie
du Nord-Cotentin (GRNC), Annie SUGIER, a présenté
les conclusions des travaux du Groupe qui a fait travailler 60
experts pendant 5 ans.
Le volet « Étude des rejets chimiques » a été
passé au crible de la modélisation mathématique.
On a ainsi appris l'absence quasi-totale de contrôles et
de mesures chimiques sur le terrain, le faible état des
connaissances scientifiques sur l'écotoxicité des
produits utilisés et l'importance préoccupante des
rejets de dioxine de l'incinérateur de déchets banals
de la COGEMA qui en a annoncé la fermeture. Les problèmes
liés à la synergie et à l'additionnalité
entre rejets chimiques et radioactifs n'ont pas été
discutés pas plus que les effets très controversés
des faibles doses.
Autrement dit, le doute et l'incertitude étaient plus que jamais de mise dans l'assemblée.
Pourtant, ils n'ont pas empêché la Présidente du GRNC de conclure, au nom des seuls experts institutionnels, : « Il apparaît peu probable que les rejets des installations nucléaires soient à l'origine de l'incidence élevée des leucémies dans le canton de Beaumont-Hague ». À la question de bon sens qui a suivi « Comment alors expliquer le nombre de leucémies plus élevé que prévu ? », elle a ajouté : « la piste qui a l'air d'être la plus fortement soutenue est celle du hasard. Si l'on considère que les leucémies peuvent être d'origine virale, il faut aussi regarder de près les conséquences des mouvements de populations dus aux grands chantiers dans la Hague ».
Étrange hasard quand on le retrouve
de fait, en Angleterre, à Seascale, à proximité
de l'usine de retraitement de Sellafield où l'on a constaté
également un excès de cancers infantiles, pendant
plusieurs décennies
En pleine polémique , lors de l'affaire Viel, un éminent
élu de la Communauté de communes de la Hague, excédé
par la contre-publicité faite à son canton par les
travaux de ce scientifique, avait eu cette réflexion :
« Pourquoi incriminer l'usine ? Si un agrégat de
leucémies se découvrait autour d'un château
d'eau, penserait-on que ce dernier en soit responsable ? »
Et si, pur hasard, le château d'eau de Beaumont-Hague était
responsable de cet excès ? Après tout, il y a sûrement
aussi un château d'eau à Seascale, près de
l'usine de retraitement de Sellafield.
C'est bien connu : le hasard fait bien les choses et en attendant,
les études continuent
Pour le Conseil d'Administration du CRILAN, réuni le 29/9/02
La secrétaire, Paulette ANGER
`
C.R.I.L.A.N
(Association loi 1901, agréée au titre de l'article
L.141-1 du code de l'environnement)
Siège social : 10 route d'Etang-Val
50340-Les Pieux-
TEL : 02 33 52 45 59 - Fax : 02 33 52 53 26
Président : Michel Frémont
Représentant de l'association dans les commissions de la
CSPI de la Hague, du CSM, de la centrale de Flamanville : Didier
ANGER
---> L'état de l'environnement dans la Hague
(Blague du jour dans le
Figaro)
LE FIGARO 30/09
Equeurdreville- Hainneville (Manche) : de notre envoyé spécial Yves Miserey
La région Nord-Cotentin est la plus
nucléarisée au monde. Cela, à peu près
tout le monde le sait désormais. Sur un petit tiers du
département de la Manche, on trouve la centrale EDF de
Flamanville, l'arsenal de Cherbourg, où sont stockés
et démantelés les réacteurs des sous-marins
nucléaires de la Marine nationale, la Cogema, qui constitue
la plus grande usine au monde de retraitement de combustibles
usés, et le centre de stockage de l'Andra, avec ses 950
000 tonnes de déchets radioactifs de faible et moyenne
activité.
On sait moins en revanche que, depuis cinq ans, une expérience
tout à fait inédite d'évaluation des risques
est menée dans cette région. Elle est même
exceptionnelle car elle se déroule dans un esprit d'ouverture
qui ne se rencontre nulle part ailleurs en France. Jeudi dernier,
on en a eu une nouvelle fois la preuve à l'occasion de
la présentation du second rapport du Groupement radioécologique
Nord-Cotentin (GRNC) à la Commission spéciale et
permanente d'information (CSPI), où siègent côte
à côte élus, syndicalistes, représentations
d'associations et scientifiques indépendants.
La philosophie de travail du GRNC s'appuie sur trois grands axes : pluralisme des experts, pas de consensus obligé et prise en compte de l'avis de tous. Il aura fallu pas moins de deux ans aux 50 experts institutionnels, étrangers et indépendants ayant participé aux travaux pour répondre aux deux questions qui leur étaient posées. L'incidence élevée de leucémies observées chez les jeunes du canton de Beaumont-Hague, qu'avait révélée, en janvier 1997, l'étude épidémiologique du docteur Jean-François Viel, est-elle due à des rejets chimiques ? Les analyses d'incertitude confirment-elles le premier rapport du GRNC qui concluait qu'il était peu probable que les rejets des installations nucléaires soient à l'origine de cette incidence élevée ?
Selon le rapport du GRNC, aucun rejet de produit chimique ne peut être incriminé. Seules les dioxines émises par l'incinérateur de déchets non nucléaires de l'usine de la Cogema pourraient présenter un risque sanitaire, mais seulement au bout de trente ans d'activité. Or cet appareil, mis en route en 1995, a été arrêté au cours de cet été par l'entreprise. Il n'aura donc pas fonctionné plus de sept ans.
Les experts ont regretté que la Marine nationale n'ait pas fourni à temps les informations qui auraient permis de calculer l'incidence de ses rejets chimiques sur l'environnement et la santé. L'impact des exercices de maîtrise d'incendie effectués périodiquement sur le Lucifer, un vieux bateau échoué à Querqueville, les intéressent particulièrement. En effet, les incendies qui sont provoqués sur cette épave mettent en jeu d'importantes quantités de mazout.
Les experts ont souligné qu'il y avait d'énormes lacunes dans la connaissance du risque chimique. En effet, il n'y a pas de consensus international sur les dangers des produits rejetés dans l'environnement. De plus, il existe un nombre impressionnant de substances produites par l'homme (sur les 100 000 qui existent actuellement, 400 ont été examinés par le GRNC).
Lors de la sortie du premier rapport, qui avait conclu que les rejets de déchets nucléaires ne pouvaient pas être à l'origine de l'incidence élevée de leucémie, des membres de la CSPI avaient demandé une analyse d'incertitude (avec une valeur maximale et une valeur minimale). Celle-ci n'a rien apporté de nouveau.
L'incidence élevée de leucémie
reste donc encore inexpliquée. « Le mystère
reste entier », a conclu Annie Sugier, présidente
du GRNC. « Quand on dit qu'on ne sait pas, c'est déjà
un résultat positif », a commenté Josette
Bénard, du Comité régional d'étude
pour la protection et l'aménagement de la nature. Une manière
de reconnaître que les résultats de ce rapport sont
importants mais que la démarche l'est tout autant.
La Cogema, tout le cycle de la pollution nucléaire, de
la mine au retraitement
LIMOGES, 6 sept 02 - La Cogema (Compagnie générale des matières nucléaires), dont on a appris vendredi qu'elle avait été mise en examen à Limoges pour "pollution, abandon et dépôts de déchets" sur plusieurs sites de Haute-Vienne, couvre l'ensemble du cycle du combustible nucléaire, de la mine au retraitement.
Créée en 1976, la Cogema, qui emploie 19.000 personnes dans une trentaine de pays, extrait l'uranium naturel des mines françaises ou étrangères (Gabon, Canada) et fabrique des combustibles nucléaires à uranium enrichi dans ses usines françaises, notamment à Cadarache (Bouches-du-Rhône).
La Cogema est le premier opérateur au monde en matière de retraitement de déchets nucléaires avec une capacité de 17.000 tonnes de combustible par an sur le site de La Hague (Manche). 40% de la capacité de l'une des deux usines de la Hague (UP3) sont dédiés aux compagnies d'électricité d'outre-Rhin.
Entreprise publique, la Cogema est depuis septembre 2001 filiale à 100 % du groupe Areva, leader mondial du nucléaire détenu à près de 80% par le Commissariat à l'énergie atomique. Outre la Cogema, Areva regroupe Framatome ANP et FCI (connectique). La Cogema a réalisé pour l'année 2001 un chiffre d'affaires de 4,3 milliards d'euros, dont 30,8 % à l'étranger.
Un feuilleton judiciaire à rebondissements oppose depuis plus d'un an la Cogema à l'association écologiste Greenpeace, autour de la question du retraitement des combustibles usés en provenance de l'étranger.
Le contentieux remonte à mars 2001, lorsque que le "Bouguinais", bâtiment chargé de 360 barreaux radioactifs de combustibles nucléaires usés issus d'un réacteur de recherche australien, avait accosté à Cherbourg.
Depuis, Greenpeace a engagé des procédures contre l'entreprise devant le TGI de Cherbourg, affirmant que la Cogema stockait le combustible australien au lieu de le retraiter.
En 1999, la Cogema avait été mise en examen pour "mise en danger de la vie d'autrui" à la suite de deux plaintes déposées en 1994 et 1997 par le Comité de réflexion, d'information et de lutte antinucléaire (CRILAN) et le militant écologiste Didier Anger pour stockage illégal de déchets nucléaires et mise en danger de la vie d'autrui.
La Cogema a également été
accusée par Greenpeace et les associations écologistes
de rejeter des eaux radioactives dans la Manche.
I - Un point sur le nucléaire civil
Le nucléaire représente un danger pour l'environnement
et les populations au long d'un cycle qui va de la mine au stockage
des déchets.
Réacteurs :
Fin 1996 le nombre total de réacteurs dans le monde s'élève
à 437 dont 56 en France, 51 au Japon et 109 aux États-Unis
soit 50% du total. Chaque réacteur en fonctionnement normal
rejette des effluents radioactifs:
- gazeux par une cheminée,
- liquides, dans la rivière ou la mer au bord de laquelle
il est construit,
- solides, conditionnés sur place et envoyés en
stockage sur des sites spécialisés.
Les gaz radioactifs rejetés sont principalement le xénon 133, le krypton 85, le carbone 14, de faibles quantités d'iode 131, 129 et du tritium.
Les effluents liquides, provenant du circuit primaire (4 500 M3 par an) et contenant essentiellement du tritium, de faible quantité de produits radioactifs provenant du circuit primaire (cobalt, nickel) sont stockés ou dilués avant rejet. Les effluents provenant du circuit secondaire important en volume (65 000 m3 par an) mais peu actifs sont rejetés en continu. Ils contiennent aussi des produits chimiques (nitrates, sulfates et phosphates).
Mines :
Les dangers liés aux mines en fonctionnement sont les rejets de radon, les émissions de poussière et les tas de stériles (où se trouve la chaîne radioactive des descendants de l'uranium dont le plus dangereux est le radium) ainsi que tous les produits chimiques (chaux, acide nitrique et sulfurique) qui servent au traitement du minerai.
La réhabilitation des sites de mines est un des problèmes qui préoccupent tous les pays fournisseurs (Canada, États-Unis, Australie, Afrique noire et France). Depuis le début des années 80 une partie de bras de fer est engagée avec les firmes pour obtenir la remise en état des mines après leur exploitation. Des lois sur la définition du déchet radioactif sont en cours d'élaboration. Selon les seuils retenus la santé publique sera respectée ou les firmes seront les gagnantes. Sans une mobilisation des populations on s'apercevra dans quelques dizaines d'années de la gravité du problème mais les produits radioactifs seront partis dans l'environnement et il sera trop tard!!
Le Limousin radioactif - Science & Vie n° 899 août 1992
La gestion
des résidus issus de l'extraction et du traitement des
minerais d'uranium
Retraitement :
Les usines de retraitement sont les centres de stockage des combustibles irradiés. Lors des opérations la totalité du tritium et du krypton est rejetée dans l'atmosphère. A ces rejets gazeux s'ajoutent des rejets liquides. La France possède la plus grande usine de retraitement du monde. Elle sert d'alibi à tous les pays (Allemagne, Suède, Japon, Suisse, Belgique, etc.) qui se sont payés des contrats de retraitement. Cette usine effectue chaque année plus de 400 rejets en mer contenant un cocktail varié de produits radioactifs et chimiques. Son démantèlement est à prévoir pour le 21ème siècle, inutile de préciser que personne ne l'a jamais prévu.
L'état
de l'environnement dans la Hague
Polémiques
sur les leucémies de la Hague
Stockage des déchets :
Il n'y a aucun site définitif au plan mondial et un problème général de définition des déchets. La France a seulement 2 sites de surface (près de la Hague et à Soulaines dans l'Aube) pour les déchets de faible activité et non contaminés par les émetteurs alpha. Le site Manche a été fermé mais sa contamination perdure et il ne sera pas rendu à l'environnement dans 300 ans comme prévu par le décret de 1984.
Les tombeaux de déchets nucléaires
Graves difficultés
techniques pour le stockage aux USA
Nouvelle Zemble
Les sites contres
le stockage des déchets
et les opposants de Bure
Les dangers de tout le cycle
En principe les rejets des différents sites sont calculés pour que la dose engagée population ne dépasse pas les normes admissibles (0,1 rem ou 0,01 Sievert par an dernière recommandation des instances internationales). Cependant il n'y a pas de bilan global fait pour chaque fleuve, chaque site marin. Il n'y a donc pas de vérification. Nul ne connaît l'impact réel d'un site nucléaire de même que l'impact d'un site chimique n'est pas davantage connu. Les quelques études menées à Sellafield (Angleterre) et Hanford (États-Unis) ont révélés des cancers en excès par rapport aux calculs théoriques (430 % de leucémies en excédent à Sellafield pour des doses relativement faibles)*.
En plus de ce danger systématique lié aux rejets des différentes installations en fonctionnement normal s'ajoute le risque d'accident.
Ce risque d'accident est présent à chaque étape du cycle. Il subit des réévaluations au fur et à mesure que l'on découvre de nouveaux problèmes. Certains restent sans solution comme les fissures des aciers et le vieillissement sous irradiation. Tchernobyl a, en outre, montré l'importance des acteurs humains (respect des procédures, mise en forme de ces procédures).
L'ensemble du parc est confronté à des défauts dit " génériques " c'est-à-dire affectant tous les réacteurs. Ces défauts ont été découverts à la fois sur le circuit primaire (couvercle de cuve, mécanismes de contrôle, générateur de vapeur) et sur le circuit secondaire (canalisation, alternateur). La sûreté des réacteurs et par conséquent la sécurité des populations est directement menacée par ces aciers défectueux.
La France est particulièrement fragile, d'une part elle est la deuxième puissance mondiale en nombre de réacteurs et en gigaWatts installés, d'autre part elle est la première en ce qui concerne la part du nucléaire dans sa production d'électricité. Il est donc impossible d'arrêter tous les réacteurs pour les réparer. Il faut donc éventuellement augmenter les tolérances et attendre que l'industrie puisse fournir les pièces de maintenance. On risque de le payer fort cher.
A partir de l'an 2000 il va s'ajouter le démantèlement des réacteurs et autres installations du cycle parvenus à la fin de leur vie. Le 21ème siècle devra résoudre le problème des déchets nucléaires. Comment les classer ? Comment protéger l'environnement et les populations de leurs effets ? Comment les emballer et les stocker ? Comment les surveiller ?
Quelques 440 réacteurs (dont une soixantaine en France) vont être à la base de milliards de tonnes de stériles, d'effluents liquides et gazeux. Aucune étude sérieuse n'est faite sur les effets de ces rejets. On a quelques enquêtes éparses mais aucune vue d'ensemble. Stockage des déchets et accidents sont les grands points d'interrogation du nucléaire : on devra les résoudre de toute façon que l'on arrête ou continue le nucléaire. L'incapacité évidente à dominer cette technologie et surtout ses effets sur l'environnement devrait conduire à son abandon.
En guise de conclusion
En France comme cela a été demandé en 1979, 1993, en 1995 (mais non obtenu) il faut obtenir, en 1997, une réflexion sur les besoins en énergie et sur les moyens de les satisfaire. Il nous reste à peine le temps de préparer l'an 2000 car 10 ans sont un minimum pour infléchir une voie industrielle (le programme de réacteurs actuels a été commencé en 1974, il y a tout juste 23 ans). Cependant on peut dès maintenant repartir sur le gaz et le charbon avec des méthodes non polluantes (lit fluidisé, désulfuration des combustibles, chaudière à haut rendement, etc.) et donc diversifier nos sources d'énergie.
C'est pourquoi la démarche suisse, ainsi que suédoise doit être appréciée à sa juste valeur, l'étude de la faisabilité du nucléaire ou de son remplacement par d'autres énergies. Tous les pays doivent se livrer à ce type de réflexion.
* F. Viel, dans son étude à la Hague, pointe aussi une augmentation de leucémies.
II - Les effets du nucléaire sur le vivant
Hiroshima et Nagasaki ont permis de préciser l'échelle des effets en fonction de la dose:
- 0,3 à 1 Sievert fatigue, formule sanguine altérée
- 1 à 2,5 sievert troubles sanguins, troubles digestifs
- 2,5 à 4 sievert vomissements, vertiges, formule sanguine modifiée, destruction des barrières immunologiques
- 4 à 8 sievert: symptômes identiques mais plus intenses. Mort de 50 % des irradiés.
- supérieur à 8 sievert: Mêmes symptômes encore plus intenses, la mort est quasi inévitable pour 90 % des irradiés.
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Gray 1Gy=1J/kg |
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Sievert 1Sv=1J/kg |
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Becquerel 1Bq=1 s-1 |
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Pour les travailleurs :
De 1934 à 1950 : 46 rem/an,
1950 : 15 rem/an,
1956 : 5 rem/an,
1990 : 2 rem/an (20 mSv/an).
Pour la population :
1959 : 0,5 rem/an (5 mSv/an),
1985 : 0,1 rem/an (1 mSv/an).
Nota : En France la réglementation fixe les limites
annuelles à 50 mSv (5 rem) pour les travailleurs et à
5 mSv (0,5 rem) pour la population. La réglementation française
ne respecte pas les recommandations de la CIPR.
Si 1 million de personnes reçoivent 1 rem (10 millisievert),
quel sera le nombre de cancers mortels radio-induits ? La réponse
dépend de l'institution qui effectue l'estimation.
CIPR-26 (1977): 125 cancers mortels
UNSCEAR (1977): 75 à 175 cancers mortels
BEIR III (1980): 158 à 501 cancers mortels
MSK (1980): 6 000 cancers mortels
RERF (1987): 1740 cancers mortels
BEIR V (1990): 800 cancers mortels
CIPR-60 (1990): 500 cancers mortels
NRPB (1992): 1000 cancers mortels
CIPR: Commission Internationale de Protection Radiologique.
Lire : De la CIPR-26 à la CIPR-60 ; Les experts français reprochent à la CIPR d'adopter une attitude (trop) prudente ; La France fait retarder l'adoption de la CIPR-60 et l'analyse détaillée des nouvelles recommandations de la CIPR-60)
UNSCEAR: Comité scientifique des Nations Unies pour les effets des rayonnements atomiques.
BEIR: Comité de l'Académie des Sciences des Etats-Unis pour l'étude des effets biologiques du rayonnement ionisant.
RERF: Fondation arnéricano-japonaise pour l'étude du suivi des survivants japonais des bombes atomiques. (La valeur indiquée correspond aux résultats bruts, avant l'utilisation des coefficients de réduction).
MSK: Mancuso, Stewart et Kneale. Equipe de chercheurs ayant étudié la mortalité par cancers parmi les travailleurs de l'usine nucléaire américaine de Hanford. (la valeur indiquée est déduite de leur dose de doublement)
NRPB: National Radiological Protection Board (Agence Nationale de Protection Radiologique du Royaume-Uni). D'après le suivi de mortalité effectué sur les travailleurs de l'industrie nucléaire du Royaume-Uni.
III LES FAIBLES DOSES : Tentative de Bilan
Les effets des radiations ionisantes ont été connus dés leur découverte en 1895. En effet Becquerel et les Curie ont présenté des symptômes de brûlures parce qu'ils manipulaient sans précaution des produits radioactifs.
Ce n'est qu'avec une forte irradiation qu'il y a des effets immédiats pour la santé, allant de la brûlure à la mort par destruction des tissus fragiles : sang, cerveau.
Les effets des fortes doses sont donc assez bien connus. Cependant fortes ou faibles nos sens ne savent pas détecter les rayonnement ionisants. La réaction des organismes vivants est également très différente suivant les individus. Les enfants sont un groupe à haut risque ainsi que les femmes en état de procréer.
Des études récentes ont confirmé que les foetus sont très sensibles dans les premières semaines et que des doses de l'ordre de 0,005 Sv peuvent entraîner des retards mentaux.
Les effets des faibles doses sont encore à l'étude. Cependant les données accumulées vont toujours dans le sens d'un effet et ont conduit à la réduction de la dose admissible. Cette notion repose sur l'idée qu'il y a un seuil à partir duquel les rayonnements ne sont plus nocifs. En fait il est admis maintenant que toute dose a un effet sur la matière vivante. On peut regretter et surtout déplorer que des enquêtes sur les populations autour des sites ne soient pas menées, plus de 20 ans après le grand démarrage du nucléaire. (Le registre Hague a juste 3 ans !).
Les pathologies des enfants de Tchernobyl ont confirmé l'extrême sensibilité de cette catégorie de la population à la contamination par l'iode et le césium, les deux principaux radioéléments échappés du réacteur accidenté.
Dans le cas d'une irradiation globale de l'ordre de 0, 15 Gy (3 fois supérieure à la dose maximale 0,05 Gy) on observe des effets irréversibles sur le sperme. Il semblerait que les faibles doses (moins de 0,05 Gy) puissent être aussi à l'origine de stérilité ou de fragilité chez les foetus. Les enquêtes autour de Sellafield indiqueraient que l'exposition à ces faibles doses de radioactivité chez le père induise une sensibilité accrue aux cancers chez les enfants. Il sera toujours difficile de mettre en évidence les effets des faibles doses (temps d'apparition des effets très long, impossibilité de distinguer les cancers). Cependant nous vivons en atmosphère radioactive depuis toujours et cette radioactivité contribue certainement au taux de cancers dit "naturels". Le taux de radioactivité ajoutée croit depuis les années 50 avec le nombre croissant de centres nucléaires. On peut noter que chaque enquête donne un léger excès de cancers (même si les erreurs sont grandes) ce qui doit inciter à la plus grande prudence : il faut limiter les rejets au maximum, les éviter complètement si possible.
La mise en place d'enquêtes de morbidité (c'est-à-dire d'état de santé des populations) doit être faite le plus vite possible pour suivre les effets des radiations et des autres pollutions. Actuellement il n'y a pas de connaissance suffisante car, non seulement on ne fait pas un recensement des maladies mais encore les certificats de décès n'indiquent pas la cause de la mort.
Toutes les études menées sur les conséquences de Tchernobyl obligent à revoir les modèles et font toucher du doigt des effets mal connus: fragilité accrue, apparition précoce de tumeurs.
Tchernobyl met en évidence le principal danger du nucléaire: la gestion de cohortes d'êtres humains soumis à des faibles doses de radioactivité. Cette gestion est quasi impossible et par conséquent le suivi sera mauvais. On a pu mettre en évidence des groupes à risque, bébés, adolescents. Mais il ne s'agit que d'études fragmentaires et incomplètes. Il est à craindre que les conséquences de cet accident soient plus catastrophiques que toutes les prédictions.
On est certain que les radiations ont un effet sur la matière vivante encore faut-il avoir les moyens de l'étudier pour prévenir des effets néfastes. La prévention peut aller jusqu'à renoncer à recourir à une technique dont les risques potentiels sont trop graves pour l'espèce humaine. L'être humain vit en atmosphère radioactive mais la partie ajoutée est-elle supportable ? Il semble que la réponse soit non.
Monique Sené Gazette Nucléaire 159/160 juillet 1997