Report de l'introduction du combustible nucléaire MOX au Japon

TOKYO, 1er juin - La première compagnie électrique japonaise, Tokyo Electric Power Co (TEPCO), a décidé vendredi de repousser l'introduction du combustible MOX dans sa principale centrale nucléaire, après l'hostilité exprimée par la population.

TEPCO devait commencer à utiliser ce mois-ci le MOX, fabriqué par des groupes européens dont le Belge Belgonucléaire et le Français COGEMA, pour faire fonctionner la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, dans le nord-ouest du Japon. Mais le premier groupe électrique privé mondial a annoncé qu'il "repoussait l'introduction du combustible MOX" à la demande du gouverneur de la région de Niigata, Ikuo Hirayama, où est implantée la centrale.

Cette requête fait suite au rejet de l'introduction du MOX, par une majorité des habitants de la petite ville de Kariwa appelés à s'exprimer par un referendum municipal, le premier de cette sorte au Japon, organisé dimanche dernier.

Ce vote a été considéré comme un nouveau revers pour la technologie MOX, basée sur le plutonium recyclé, et, au delà, pour l'énergie nucléaire, qui assure un tiers des besoins énergétiques du Japon avec 51 réacteurs. TEPCO s'était engagé, au soir du referendum, à tenir compte des résultats du referendum et à mieux expliquer sa politique.

L'introduction du MOX avait été reportée une première fois à cause du scandale provoqué, fin 1999, par la falsification de documents de contrôle des stocks expédiés au Japon par la société britannique BNFL.

La prochaine opportunité de convertir au MOX l'un des réacteurs de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, considérée comme la plus puissante au monde, ne devrait pas survenir avant août 2002, date de la prochaine inspection globale, selon TEPCO. Le groupe prévoyait d'utiliser 28 conteneurs de combustible MOX à l'occasion du contrôle qui sera mené jusqu'à la mi-juillet.

Le gouvernement organisera mardi prochain une réunion inter-ministérielle pour étudier la situation embarrassante créée par le referendum, qui pourrait compromettre le plan de faire fonctionner entre 16 et 18 réacteurs avec du MOX d'ici 2010. Pour TEPCO, la nécessité d'adopter le MOX est toujours "impérieuse pour le Japon", qui "manque de ressources (naturelles)".

La société française COGEMA est actuellement le principal fournisseur de MOX pour l'archipel, aux côtés de BNFL et de Belgonucleaire, et a déjà retraité plus de 3.500 tonnes de combustible pour le compte des électriciens japonais en quinze ans.

D'ici la fin de la décennie, le Japon devrait produire lui-même une partie de son MOX dans l'usine qu'il construit à Rokkasho, dans le nord du Japon, avec la collaboration de la COGEMA.

 

 

Un village japonais refuse l'usage de plutonium recyclé dans sa centrale nucléaire

TOKYO, 27 mai - Les habitants d'un petit village du nord du Japon ont refusé dimanche que la centrale nucléaire proche de leur village utilise du plutonium recyclé, lors d'un référendum local dont le résultat constitue un revers pour la nouvelle politique du gouvernement en matière d'énergie nucléaire.

Sur les 3.605 habitants du village de Kariwa, à 300 km au nord-ouest de Tokyo, qui ont voté dimanche, 1.925 ont rejeté la demande de la compagnie Tokyo Electric Power Co. (TEPCO), qui voulait utiliser du combustible recyclé dans son usine de Kashiwazaki-Kariwa.

1.533 personnes ont voté en faveur du projet, et 131 pour un délai de réflexion supplémentaire, a précisé un responsable du village, ajoutant que 16 bulletins étaient nuls.

La TEPCO, la plus importante compagnie d'électricité du monde, est le premier employeur de ce village de 5.000 habitants.

Le scrutin n'a pas de valeur légale, mais la compagnie avait indiqué qu'elle renoncerait à son projet si les habitants le rejetaient.

Ce "référendum" de Kariwa, le premier à avoir lieu sur ce sujet, était considéré comme un test par le gouvernement japonais, qui veut augmenter encore la part du nucléaire dans la production d'électricité. Le gouvernement voit dans l'utilisation de combustible nucléaire recyclé une solution pour un pays qui ne possède quasiment aucune ressource énergétique naturelle.

Actuellement, le Japon compte 51 réacteurs nucléaires, qui fournissent environ un tiers de son électricité. L'accident de la centrale de Tokaimura, en septembre 1999, avait provoqué un vaste débat, ravivé ces derniers temps avec le début du procès fin avril des six employés de la centrale accusés d'avoir provoqué l'accident par négligence.

 

 

Nouvelle déconvenue pour l'énergie nucléaire au Japon

TOKYO, 28 mai - Les habitants d'une petite ville ont plongé le programme nucléaire japonais dans de nouveaux casse-têtes en votant contre l'utilisation du combustible recyclé MOX dans une centrale, au grand dam des compagnies européennes promouvant cette nouvelle technologie.
Les autorités nippones n'ont pas caché leur embarras après le référendum local organisé dimanche par la ville de Kariwa, à 300 km au nord de Tokyo, sur l'introduction du MOX dans la centrale voisine de Kashiwazaki-Kariwa, considérée comme la plus puissante au monde.

1.925 des 3.605 électeurs, soit 54% d'entre eux, ont rejeté cette initiative de la compagnie Tokyo Electric Power Co (TEPCO), la première compagnie électrique privée mondiale.

"Les habitants se sont prononcés, mais nous allons continuer à tenter de les convaincre de la nécessité" du combustible MOX, qui doit remplacer celui à l'uranium, a déclaré Takashi Kurita, un porte-parole de TEPCO.

Bien que le referendum municipal, le premier de ce type au Japon, n'ait aucune valeur légale, la compagnie a assuré qu'elle n'imposerait pas le nouveau combustible si la population le rejetait.

Le Premier ministre Junichiro Koizumi a également estimé que le scrutin démontrait que les habitants "se préoccupaient de la sécurité et de l'utilité des centrales nucléaires". "Les pouvoirs publics et les compagnies d'électricité doivent faire des efforts supplémentaires pour expliquer cette énergie", a-t-il demandé. (comme si "l'information" enlevait les dangers du nucléaire)

Ce revers survient à un moment critique pour le programme nucléaire japonais qui, avec 51 réacteurs en activité, fournit environ un tiers de l'électricité de ce pays dépourvu de matières premières. Mais une série d'accidents et d'affaires ont brisé sa marche en avant.
-------> L'accident de Monju
-------> Enseignement à tirer de l'accident du 11 mars 1997 survenu à Tokaï-Mura
-------> Feu vert de Tokyo au redémarrage du retraitement à Tokaï-Mura (juin 1999)

L'opinion a ainsi été fortement émue par l'accident de criticité survenu en septembre 1999 dans une usine de combustible à Tokaimura, provoquant la mort par irradiation de deux employés. Dans les mois suivants, un scandale de falsification de données de sécurité sur une cargaison de MOX importée par la compagnie britannique BNFL enfonçait davantage le nucléaire.

Depuis ces affaires, l'opinion, jusqu'alors bienveillante, se déclare en majorité opposée à la construction de nouveaux réacteurs, que Tokyo veut porter à plus de 60 à l'horizon 2010, selon les sondages.

Pour Tokyo, le nucléaire n'est pas remplaçable à court terme. Il est "très important dans la politique énergétique du Japon", a réitéré lundi Yasuo Fukuda, le secrétaire général du gouvernement.

Le MOX occupe une place de choix dans cette stratégie. Combustible contenant des oxydes d'uranium et de plutonium, il permet d'économiser l'uranium naturel et de brûler le plutonium dont le stockage pose un problème de plus en plus aigu au Japon, où les capacités arrivent à saturation. Il est déjà utilisé dans une trentaine de réacteurs en Europe, dont plus de quinze en France, en complément de l'uranium enrichi. (non en fait il se crée encore plus de plutonium une fois que le combustible mox a été utilisé, c'est un véritable cercle vicieux...)

La société française COGEMA est actuellement le principal fournisseur de MOX pour l'archipel, aux côtés de BNFL et de Belgonucleaire, et a déjà retraité plus de 3.500 tonnes de combustible pour le compte des électriciens japonais en quinze ans.

D'ici la fin de la décennie, le Japon devrait produire lui-même une partie de son MOX dans l'usine qu'il construit à Rokkasho, dans le nord, avec la collaboration de la COGEMA.

Mais, pour l'association écologique Greenpeace, l'hostilité de l'opinion n'offre "d'autres options au Japon que d'abandonner cette politique", à cause de laquelle "des tonnes de combustible recyclé ne cessent de s'accumuler sans trouver de débouchés".