"Windscale
1957, l'hiver nucléaire" Un documentaire de 50 mn qui explique le rôle de l'usine et les circonstances de l'accident. Pour en savoir plus sur le nombre de victimes lire l'article joint : L'incendie de Windscale "l'accident de Windscale a fait au moins quelques dizaines de victimes, beaucoup plus si l'effet du polonium a été sous-estimé par le NRPB, il a fallu attendre un quart de siècle pour savoir qu'il y avait probablement eu des victimes. C'est vraisemblablement le polonium qui est la clé de l'énigme : les Britanniques ne voulaient pas que l'on sache qu'ils s'en servaient pour amorcer leurs bombes." |
Cette usine a eu tellement d'accidents qu'elle a été rebaptisée Sellafield |
17/2/2009 - Une
compagnie britannique spécialisée dans la gestion
des centrales nucléaires, Magnox Electric Ltd, a été
condamnée mardi par un tribunal à verser 400.000
livres (453.700 euros) pour avoir permis des fuites de matériel
radioactif pendant 14 ans sur l'un de ses sites. La compagnie
a été condamnée à une amende de 250.000
livres et à rembourser 150.000 livres de frais de justice
pour avoir violé la réglementation sur le traitement
des déchets radioactifs et pour avoir négligé
de contrôler une fosse sur le site de la centrale nucléaire
de Bradwell, (Essex, dans l'est de l'Angleterre). Peter Fenn,
le juge du tribunal de Chelmsford (Essex) a souligné que
Magnox avait négligé de vérifier de 1990
à 2004 la sécurité de la fosse, servant d'unité
de décontamination, et ignoré "une alerte".
Le juge a relevé toutefois que "l'impact environnemental"
de la fuite radioactive avait été limitée.
C'est la deuxième fois en huit ans que cette société
est condamnée à une amende pour violation de la
réglementation sur les déchets nucléaires
et la maintenance des centrales. En 2001 Magnox avait déjà
été condamnée à une amende de 100.000
livres (113.430 euros), à laquelle s'ajoutait les frais
de justice, pour des violations concernant les centrales nucléaires
de Bradwell et de Hinkley Point (Somerset, sud-ouest de l'Angleterre).
La centrale de Bradwell a été fermée en 2002
et est en cours de démantèlement.
Enerpresse, 19/6/2007:
Rouvrira ? Rouvrira pas ? Plus de deux ans
après son arrêt, l'usine de retraitement de Thorp
reste l'une des plus grosses épines dans le pied du nucléaire
britannique. La semaine passée, le ministère du
Commerce et de l'industrie (le DTI) rendait public un document
de consultation sur l'avenir de l'installation en déroute.
Déjà obsolète, Thorp devait, de toutes façons,
être définitivement stoppée en 2010. Mais,
devant l'énormité des travaux à mener, l'usine
qui devait relancer ses activités, cet été,
ne le fera pas avant l'automne, au mieux. Certains estiment même
qu'elle ne pourra jamais reprendre ses activités. Ce qui
poserait de nouveaux problèmes à la future administration.
En effet, pas moins de 800 tonnes de combustibles usés
allemands, suisses et britanniques attendent leur retraitement.Or,
si cette opération ne pouvait être menée par
BNG, le DTI pourrait peut-être devoir trouver une place
en Grande-Bretagne pour cet encombrant héritage. Un nouvel
argument pour les anti-nucléaires de sa gracieuse Majesté.
Whitehaven News, 8/12/2006:
Le retraitement nucléaire à Sellafield
a été interrompu par précaution de sécurité
après la découverte que la radioactivité
a fuie dans l'eau de refroidissement d'un évaporateur.
Cela signifie que le retraitement Magnox ne sera pas capable de
reprendre avant que l'Inspection des Installations Nucléaire
ne donne le feu vert.
Il n'y a toujours aucun retraitement à l'usine de Thorp.
Dans une déclaration, le Groupe Nucléaire Britannique
a dit : "dans des usines de déchets de haut niveau
nous avons les évaporateurs qui sont par habitude employés
pour traiter les effluents de THORP, des usines de retraitement
Magnox et des trois lignes de vitrification. ...Nous contrôlons
continuellement les opérations de ces lignes pour nous
assurer que les processus opèrent de façon sûre
et efficace. ...Au début d'octobre nous avons détecté
les traces d'activité dans un flot d'eau de refroidissement
de l'Évaporateur qui traite les opérations Magnox.
Une action rapide, prudente et efficace a été prise
en vidant l'évaporateur en employant des procédures
ordinaires. Depuis lors nous avons examiné l'évaporateur
chauffant des bobines et identifié tout le travail de réparation
nécessaire pour permettre à l'évaporateur
de reprendre ses opérations. À cette étape
nous croyons que l'évaporation peut recommencer en janvier
une fois que nous aurons fini de démontrer pour nous-mêmes
et pour nos régulateurs, que c'est la façon correcte
de faire. Dans l'intérim nous suspendons temporairement
les opérations de Retraitement Magnox jusqu'à ce
que l'Évaporateur ne devienne disponible."
La société a dit également qu'une autre question
d'évaporateur signifie que Thorp ne peut pas employer son
évaporateur jusqu'à mars 2007.
8/12/2005 - Une
"fuite importante de liquide radioactif" a été
décelée en 2005 à l'usine THORP dédiée
au traitement de combustibles irradiés et implantée
à Sellafield (Grande-Bretagne), confirme jeudi sur son
site internet l'Institut français de radioprotection et
de sûreté nucléaire (IRSN).
Une telle fuite avait été rapportée le 29
mai par le journal britannique Independent of Sunday, qui estimait
qu'il s'agissait de l'incident nucléaire le plus grave
enregistré en Grande-Bretagne depuis des années.
"Le 20 avril 2005, un volume d'environ 83 m3 de solution
de dissolution clarifiée a été découvert,
lors d'une inspection télévisuelle par caméra",
dans un élément de l'usine qui "n'est pas accessible
au personnel" et dont les "murs assurent la protection
radiologique des locaux environnants", précise l'IRSN.
L'usine, selon l'Institut, a été arrêtée
dès la découverte de la fuite provoquée notamment
par "la rupture par cisaillement d'une tuyauterie de transfert"
alimentant une cuve.
Le début de cette fuite remontait en fait "à
plus de 9 mois" et "la rupture complète de la
tuyauterie est intervenue au mois de janvier 2005", précise
l'IRSN sur son site Web.
"L'exploitant indique qu'il n'y a eu de conséquence
radiologique, ni pour les travailleurs ni pour l'environnement",
note encore l'Institut et "aucun rejet anormal n'a été
détecté à la cheminée de l'usine"
: il existe trois barrières de confinement et seule la
première - la tuyauterie - a été mise en
cause.
La rupture de la tuyauterie de transfert, ajoute encore l'IRSN,
est liée à des modifications du système qui
ont entraîné "des contraintes mécaniques
excessives" comme des vibrations. Par ailleurs, "la
détection tardive de l'incident est liée à
une série de défaillances humaines et organisationnelles".
Le 2 octobre dernier, l'Independant on Sunday avait révélé
le contenu d'un document interne du groupe britannique British
Nuclear Fuels (BNFL) déclarant que l'usine de Sellafield
présentait de graves problèmes de sécurité
et était "potentiellement dangereuse".
Extrait de Sciences et Avenir n°231, mai 1966: "Le centre nucléaire de Windscale par ce pipe-line qui enjambe la voie de chemin de fer et la rivière, évacue deux fois par jour dans la mer des effluents de basse activité contenant du ruthénium. Or celui-ci se fixe dans une algue dont les Gallois font des gâteaux: c'est là un exemple type du processus de la chaîne alimentaire."
LONDRES (29 mai 2005) - Quelque 83 000 litres de liquide hautement radioactif
ont fui depuis plus de neuf mois de la centrale nucléaire
britannique de Sellafield, rapporte l'Independent on Sunday. Ils
se seraient écoulés à la suite d'une rupture
de conduite non décelée.
Selon le journal, il s'agit de l'incident nucléaire le
plus grave enregistré en Grande-Bretagne depuis des années.
A la Une, le journal indique que la fuite, égale à
la moitié du contenu d'une piscine olympique, a été
détectée le 19 avril et est le résultat d'une
série d'erreurs humaines et techniques.
The Independent on Sunday affirme que le groupe nucléaire
britannique, qui gère Sellafield, a tardé à
avertir qu'une erreur s'était produite.
Courrier international, 10 mai 2005:
L'usine de retraitement de combustibles nucléaires
usagés (ou usine THORP pour Thermal Oxide Reprocessing
Plant) du complexe industriel de Sellafield, au nord-ouest de
l'Angleterre, a dû être fermée en raison d'une
fuite de liquide hautement radioactif. D'après The Guardian,
"près de 20
tonnes de combustible d'uranium et de plutonium mélangé
à de l'acide nitrique concentré se sont échappées
d'un tuyau cassé et se sont accumulées dans une
chambre en acier inoxydable, devenue tellement radioactive qu'il
est actuellement impossible d'y entrer".
Elles ont atteint un volume tellement important qu'elles "pourraient
remplir la moitié d'une piscine olympique", note le
journal britannique de gauche. "Des mois seront nécessaires
pour récupérer le liquide et réparer les
tuyaux endommagés. Il faudra construire des robots spéciaux
et utiliser des techniques sophistiquées." Selon le
quotidien londonien, "la fuite n'occasionne pas de danger
pour le public".
En revanche, cela pourrait aboutir à un véritable
"désastre financier pour le contribuable dans la mesure
où les revenus tirés de l'usine de retraitement,
évalués à environ 1,5 million d'euros par
jour, sont censés financer le nettoyage des infrastructures
nucléaires inutiles". En effet, le complexe de Sellafield, qui s'étend
sur 10,3 km2, comprend 400 bâtiments et est considéré
comme le site le plus radioactif d'Europe.
L'usine THORP a commencé à fonctionner en 1994,
mais elle n'a jamais atteint ses objectifs. "En douze ans
d'existence, elle a retraité 5 644 tonnes de
combustible sur les 7 000 tonnes fixées pour
ses dix premières années. L'an dernier, elle n'a
retraité que 590 tonnes sur les 725 prévues."
L'accident porte un coup dur à l'industrie nucléaire
britannique au moment où le gouvernement Blair est confronté
à l'épineuse question de la construction d'une nouvelle
génération de centrales nucléaires. Mais
aussi alors que le Royaume-Uni a du mal à remplir ses engagements
de réduction des émissions de gaz à effet
de serre et qu'il compte bien sur l'énergie nucléaire
pour y parvenir, souligne le journal.
Courrier international n°704 du 29 avril au 5 mai 2004:
The Guardian (extrait):
POLLUTION - Le complexe nucléaire de Sellafield, l'équivalent anglais de La Hague, est le site le plus radioactif d'Europe. Pour la première fois, un journaliste a été autorisé à visiter ce lieu hautement controversé.
A l'intérieur du bâtiment B277 de Sellafield, l'indicateur du compteur Geiger a dépassé le plus haut niveau mesurable par l'appareil : 99 000 coups par seconde. Avant d'entrer, le compteur indiquait un niveau "normal" de 5 coups par seconde. Toute activité a cessé dans ce bâtiment depuis dix ans, et son démantèlement est en cours. Mais l'opération est délicate, car le plutonium qui est encore présent dans les lieux se désintègre peu à peu, au fil des années, en donnant naissance à un métal encore plus dangereux, l'américium. Or, contrairement aux radiations alpha du plutonium, qui ne peuvent pénétrer les combinaisons, les radiations gamma de l'américium ne sont pas arrêtées et atteignent les cellules du corps humain. Des hommes équipés de lourds scaphandres, qui les font ressembler à des spationautes, doivent donc installer des automates téléguidés à l'intérieur des locaux pour effectuer le découpage en petits morceaux du matériel contaminé.
Dessin de Patrick Chappatte paru dans Die Weltwoche, Zurich.
Jeremy Hunt, l'ingénieur mécanicien de 29 ans qui dirige le projet (il a commencé sur le site pour un stage de fin d'études), est fasciné par cette opération de démantèlement. "Ce travail est l'un des plus dangereux que je connaisse. En théorie, il y a ici assez de plutonium pour que survienne un grave accident [du type de Tchernobyl], mais nous sommes plutôt confiants. Il n'y a pas d'exercice de simulation prévu aujourd'hui, alors suivez-moi si l'alarme se déclenche", affirme gaiement le jeune ingénieur. "Le défi que représente la résolution des problèmes est fantastique. Chaque partie est différente et requiert de nouvelles techniques, ainsi que la construction de robots spécialement adaptés", poursuit-il.
Quatre cents bâtiments répartis sur 10 km2.
Pour ce qui est des défis technologiques,
Jeremy Hunt devrait être comblé : alors que BNFL
[British Nuclear Fuels, l'équivalent britannique d'Areva]
a entamé le démantèlement du bâtiment
B277 il y a dix ans, elle ne s'attaque qu'aujourd'hui à
la zone la plus radioactive. Le jeune ingénieur espère
voir la question résolue pour son 33e anniversaire, en
2007. Mais le B277 ne constitue qu'un des nombreux problèmes
de Sellafield : pas moins de 400 bâtiments sont répartis
sur les 10,3 km2 du complexe. La première usine fut construite
en 1940 pour fabriquer du TNT, avant de servir à produire
des bombes atomiques. Parmi les autres bâtiments, il faut
compter deux piles productrices de plutonium, arrêtées
après un grave incendie, en 1957 ; une centrale nucléaire
construite en 1956, dont le quatrième réacteur a
été arrêté en 2003 ; et plusieurs usines
de retraitement, dont THORP, [voir ci-dessous].
Du point de vue de la santé publique, le problème
le plus inquiétant porte sans doute sur l'unité
B30, non loin du B277. Il s'agit en fait d'un grand bassin ouvert.
Ses joints laissent fuir de l'eau radioactive lorsque le froid
contracte le béton. Autour du bassin, un mur de confinement
est en construction pour le protéger en cas de tremblement
de terre, car même un séisme de faible intensité
pourrait le fissurer et provoquer un déversement important
de matières radioactives. L'équipement ne cesse
de se dégrader et presque tout doit être remplacé
afin de procéder au démantèlement en toute
sécurité. Et, chaque jour, les mouettes se posent
sur le bassin et emportent en repartant une dose de radiations
qu'elles répandront ensuite.
Plus loin, entre l'unité B30 et le bâtiment voisin,
ont été dressés des écrans supplémentaires
de protection en plomb pour éviter que les employés
ne soient irradiés malgré les murs de un mètre
d'épaisseur. De fait, ces murs bordent un autre bassin
de décontamination utilisé comme décharge
dans les années 70 et d'où émane une forte
radioactivité. "Lors de la grève des mineurs
[entre 1984 et 1985], on a dû faire fonctionner les réacteurs
de la centrale à plein régime pour maintenir la
production d'électricité. La gestion des déchets,
à l'époque, a été un peu approximative",
rappelle Jeremy Hunt. Tandis que Miles Travis, qui est chargé
de la réparation de ces bassins, se penche pour dénombrer
les barres de combustible usé qui y ont été
jetées, mon guide se rend soudain compte que le clic-clic
du détecteur de radiations placé sur ma poitrine
s'est accéléré. "Il vaudrait peut-être
mieux ne pas rester ici trop longtemps", conclut-il.
FACTURE
Implanté au sein du complexe de Sellafield,
l'usine THORP [Thermal Oxide Reprocessing Plant] de retraitement
du combustible nucléaire usagé cessera son activité
en 2010. Ce site, dont la construction a coûté 2,35
milliards d'euros et qui était considéré
comme le fer de lance de l'industrie nucléaire britannique,
n'a fonctionné que pendant neuf ans. British Nuclear Fuels
[BNFL, l'équivalent britannique d'Areva] a décidé
que l'usine, après le démantèlement des ateliers
de retraitement, deviendrait un centre de stockage de déchets
nucléaires. Mais combien va coûter cette reconversion
? "Il va falloir compter 45 milliards d'euros de travaux
de dépollution", répond Brian Watson, le
directeur du complexe de Sellafield. Lorsque l'usine THORP a commencé
à fonctionner, en 1994, le retraitement du combustible
usagé était le rêve de l'industrie nucléaire
et l'usine était présentée comme la plus
grande source de devises du pays dans la mesure où d'importants
contrats avaient été signés avec le Japon.
Mais, à l'époque déjà, les opposants
à la création du site affirmaient qu'il produirait
du plutonium et de l'uranium dont personne ne saurait quoi faire,
ainsi que des déchets radioactifs liquides difficiles à
éliminer, le tout pour un coût bien plus élevé
que celui du stockage d'un combustible usé classique. Il
fallut en appeler à la Cour suprême pour mettre un
terme au débat houleux qui s'engagea sur la nécessité
de construire l'usine. Depuis, en neuf ans, les activités
de retraitement ont produit 75 tonnes de plutonium et 3 336 tonnes
d'uranium qui sont stockées sur place sous haute surveillance,
sans que l'on sache ce qu'elles vont devenir. "La situation
serait grandement améliorée, remarque Brian
Watson, si le gouvernement décidait ce qu'il faut faire
de tout cela."
L'usine THORP était supposée traiter 7 000 tonnes
de combustible en dix ans, mais elle a accumulé plusieurs
années de retard par rapport à ses objectifs. Faute
de matière première, elle ne fonctionne qu'à
50 % de ses capacités. Car les déchets liquides
- particulièrement dangereux - qui résultent du
retraitement ne peuvent être neutralisés en quantités
suffisantes. Il est prévu de vitrifier ces déchets
à forte radioactivité (qui doivent être refroidis
en permanence pour qu'ils n'entrent pas en ébullition),
mais l'usine de vitrification censée produire 600 blocs
de verre par an - un rythme qui aurait dû permettre de sécuriser
1 500 m3 de déchets liquides en cinquante ans - tombe régulièrement
en panne.
La fermeture de THORP devrait survenir deux ans avant celle de
B205, une usine de retraitement plus ancienne construite dans
les années 50 pour le ministère de la Défense
afin d'isoler le plutonium pour la fabrication d'armes nucléaires.
B205 restera ouverte jusqu'en 2012, date à laquelle tous
les vieux réacteurs au Magnox qui fournissent actuellement
8 % de l'électricité britannique auront été
retirés du service. Tous fonctionnent à perte mais
sont indispensables pour assurer le niveau de production électrique.
A la différence du combustible issu de la plupart des centrales
plus modernes, le Magnox doit obligatoirement être retraité,
car il est recouvert de magnésium, qui se détériore
rapidement quand le combustible usagé est refroidi dans
l'eau.
La seule usine qui demeurera en fonctionnement sur le site sera
l'unité MOX, qui fabrique le combustible nucléaire
du même nom à partir d'oxydes de plutonium et d'uranium.
Ouverte l'année dernière, elle recycle le plutonium
de THORP. Après l'arrêt de cette dernière,
l'unité MOX pourra continuer à fonctionner avec
une partie des 75 tonnes de plutonium stockées sur le site.
Et puis il faudra bien que British Nuclear Fuels décide ce qu'elle va faire de ces stocks de déchets nucléaires une fois leur conditionnement achevé. Aux centaines de bidons déjà stockés s'ajouteront bientôt des milliers d'autres, soit environ 50 000 m3 de déchets. Or le gouvernement britannique n'a pour l'heure aucun plan pour gérer à long terme cette dangereuse poubelle.
Paul Brown, The Guardian,
Londres.
17/2/2005 - Quelque 30 kg de plutonium, une quantité suffisante pour élaborer sept ou huit bombes nucléaires, sont manquants sur le principal site nucléaire britannique, a révélé le Times jeudi. L'incident ne serait "pas inhabituel dans le processus de comptage" et "il n'y a pas d'indication que du matériau serait manquant", a commenté dans la nuit le gouvernement. Le plutonium est manquant à Sellafield (nord-ouest de l'Aleterre), le principal site nucléaire du pays, où cet élément hautement radioactif et toxique devait être retraité. Plusieurs experts interrogés par le Times ont jugé l'incident inquiétant. Un rapport d'audit annuel officiel devait confirmer dans la journée de jeudi les informations du journal. (1/1 000 000 ème de gr de plutonium inhalé suffit à provoquer un cancer)
Les Echos, 6/9/2004:
Loyola de Palacio, commissaire européen aux Transports et à l'Energie, a obtenu de ses collègues, vendredi, la saisine de la Cour européenne de justice à l'encontre du Royaume-Uni, sur un litige concernant le site nucléaire de Sellafield (« Les Echos » du 2 septembre).
Ce site abrite une piscine contenant des déchets radioactifs, mais aucune comptabilité précise n'a jamais pu en être fournie aux inspecteurs d'Euratom. Bruxelles avait lancé en mars aux autorités britanniques un ultimatum : elles devaient, avant le 1er juin, fournir un plan complet pour garantir la comptabilisation rigoureuse de toutes les matières nucléaires stockées dans la piscine et un accès aux inspecteurs. Le document retourné par Londres a été qualifié vendredi par Loyola de Palacio de simple « avant-projet », n'ayant pas été formellement approuvé par les autorités britanniques responsables. Le commissaire espère encore régler le contentieux à l'amiable. Si les autorités britanniques fournissent enfin un calendrier clair et les engagements financiers nécessaires, la plainte devant la CEJ sera retirée.
Mme de Palacio n'en a pas moins souligné la nécessité d'une plus grande transparence dans la politique nucléaire de l'Union européenne. Elle va proposer, mercredi, des modifications au paquet nucléaire s'attaquant, notamment, à la problématique du démantèlement.
KARL DE MEYER
3/9/04 - La Commission européenne a décidé vendredi de poursuivre le Royaume-Uni devant la Cour européenne de justice dans un litige concernant le complexe nucléaire de Sellafield (côte nord-ouest de l'Angleterre), a-t-on appris de source communautaire.
Bruxelles reproche à l'exploitant britannique de Sellafield, British Nuclear Fuel PLC, de ne pas respecter les obligations prévues par le traité européen Euratom dans sa piscine de stockage de matières nucléaire B30, notamment en matière de comptabilisation des matières stockées et d'accès des inspecteurs européens.
La piscine B30 qui contient du combustible nucléaire irradié est connue pour son mauvais état, régulièrement dénoncé par des organisations environnementales comme Greenpeace.
Un reportage paru dans le quotidien Guardian au printemps évoquait notamment des fuites d'eau radioactive par les joints en cas de temps froid, lorsque la baisse de température contracte le béton.
En mars 2004, la Commission avait déjà adressé une mise en demeure au Royaume-Uni, en évoquant notamment "le niveau de radiation élevé" et "la mauvaise visibilité" dans cette piscine B30.
Elle avait mis en demeure Londres de faire
en sorte que soit établi "un plan d'ensemble asurant
une comptabilité adéquate des matières nucléaires"
de la piscine B30, "ainsi que l'accès physique aux
installations concernées".
12/1/04 - Les
employés et la direction du complexe nucléaire de
Sellafield, sur la côte nord-ouest de l'Angleterre, sont
parvenus à un accord sur les salaires, a annoncé
lundi le syndicat Amicus.
Cet accord devrait mettre fin à une série de grèves
observées plusieurs vendredi d'affilée par des centaines
de salariés de l'entreprise publique British Nuclear Fuels
(BNFL).
Selon Amicus, 327 employés sur 581 ont approuvé
la proposition de la direction d'égaliser les salaires
entre les employés et les ouvriers d'ici octobre 2006.
Outre leur salaire de base, les employés reçoivent
actuellement une prime mensuelle pour horaires décalés
supérieure de plus de 20% à celle des ouvriers.
La direction de BNFL, qui possède d'autres sites nucléaires
que celui de Sellafield, s'était engagée en 1999
à harmoniser cette prime pour tous les salariés.
Or elle avait annoncé à l'automne qu'elle ne ferait
qu'entamer ce processus en avril 2004, pour l'achever en avril
2009. 2.400 salariés sont concernés par cette mesure.
Les salariés avaient débrayé huit heures
d'affilée trois vendredi d'affilée, avant de suspendre
leur mouvement début décembre, après l'ouverture
de négociations avec la direction.
"Cet accord va permettre d'éliminer l'anomalie qui
existait à Sellafield et accorder à nos adhérents
une égalité complète deux et demi plus tôt",
a déclaré Dougie Rooney, responsable national d'Amicus
pour l'énergie.
"Nous allons maintenant nous mettre au travail avec la direction
pour améliorer les relations sociales à l'avenir",
a-t-il ajouté.
Le nouveau calendrier de la direction avait été
accepté sur certains sites de BNFL mais très largement
rejeté à Sellafield, qui comprend plusieurs unités,
notamment l'usine de retraitement de combustible nucléaire,
la plus connue.
14/11/03 - Les
employés du complexe nucléaire de Sellafield, sur
la côte nord-ouest de l'Angleterre, doivent observer vendredi
une grève de huit heures, leur premier arrêt de travail
depuis 26 ans, a-t-on appris de source syndicale.
Plusieurs centaines d'employés "manifesteront devant
l'usine de retraitement nucléaire de BNFL vendredi pour
protester contre la violation par la direction de sa promesse
d'égaliser les salaires entre les employés et les
ouvriers d'ici avril 2004", a prévenu la centrale
syndicale Amicus, dans un communiqué.
Outre leur salaire de base, les employés reçoivent
actuellement une prime mensuelle pour horaires décalés
supérieure de plus de 20% à celle des ouvriers.
La direction de l'entreprise publique British Nuclear Fuels (BNFL),
qui possède d'autres sites nucléaires que celui
de Sellafield, s'était engagée en 1999 à
harmoniser cette prime pour tous les salariés.
Or elle a récemment annoncé qu'elle ne ferait qu'entamer
ce processus en avril 2004, pour l'achever en avril 2009, a expliqué
Amicus.
Ce nouveau calendrier a été accepté sur certains
sites de BNFL, mais très largement rejeté à
Sellafield, qui comprend plusieurs unités notamment l'usine
de retraitement de combustible nucléaire, la plus connue.
"Nous espérions que BNFL serait raisonnable et nous
rencontrerait pour éviter ce conflit, mais nos appels à
la négociations n'ont rencontré que le silence",
a commenté Brian Strutton, secrétaire national du
syndicat GMB, qui fait partie d'Amicus.
29/10/03 - Le
régulateur britannique de la publicité a épinglé
le producteur public d'énergie atomique British Nuclear
Fuels (BNFL), estimant que ses publicités sur la protection
de l'environnement étaient "trompeuses", a-t-on
appris mercredi.
La gestion par ses soins de la centrale de Sellafield, dans le
nord-ouest de l'Angleterre, signifie que "l'avenir de l'environnement
est en de bonnes mains", assurait BNFL dans des publicités
parues dans des journaux régionaux.
Un particulier a contacté l'Autorité de la publicité,
arguant que BNFL ne pouvait "pas savoir ce qu'il adviendra
des déchets nucléaires au cours des prochains millénaires".
L'autorité a donné raison à ce particulier
et estimé que ces publicités étaient "trompeuses",
car "on ne peut en effet pas connaître l'impact de
la centrale nucléaire Sellafield sur l'environnement".
Selon BNFL, ces publicités devaient montrer que le retraitement
des déchets et le nettoyage du site de Sellafield au cours
des cinquante prochaines années "ne causeraient pas
de dommage à l'environnement". Le groupe a promis
de ne plus avoir recours à ces publicités.
BNFL avait été condamné en 2000 à
une amende de 24.000 livres sterling (40.000 euros) pour non respect
des règles de sécurité.
La justice lui reprochait notamment de ne pas avoir mis en oeuvre
des mesures suffisantes pour éviter d'éventuelles
fuites de certains conteneurs de matières radio-actives
ni pour répertorier ces conteneurs scellés.
LONDRES, 25 juin 03 - Le
Premier ministre britannique s'est déclaré opposé
à la fermeture de la centrale nucléaire de Sellafield
(nord), estimant que l'ensemble
des règles internationales en la matière sont respectées
au sein de cette centrale, mercredi devant la chambre des Communes.
"Toutes ces questions (NDLR: autour de l'énergie nucléaire)
sont gérées par des règles internationales
que nous sommes tenus de respecter, et par un organisme international
qui détermine si nous respectons ces règles",
a déclaré Tony Blair lors de la séance de
questions devant la chambre basse du Parlement.
"Mais je voudrais préciser qu'à chaque fois
que des accusations portées contre la centrale de Sellafield
ont été examinées, elle ont été
démontées", a-t-il affirmé.
Le gouvernement dirigé par Tony Blair a pourtant demandé
lundi à British Nuclear Fuels (BNFL) d'imposer à
Sellafield un moratoire de neuf mois sur les émissions
d'une substance radioactive. Cette décision a été
prise après la découverte de traces de Technetium-99
dans du saumon vendu dans les supermarchés.
La Norvège et l'Irlande expriment depuis longtemps leurs
inquiétudes en raison de traces de Technetium-99 trouvées
dans les crustacés en particulier. Ces deux pays devraient
renouveler leur demande de fermeture de Sellafied lors de la réunion
des pays adhérents de la Convention pour la protection
de l'environnement marin de l'Atlantique Nord-Est (Ospar), qui
a débuté mercredi pour deux jours à Brême,
en Allemagne.
LA HAYE, 10 juin 03 -
Le gouvernement irlandais a entamé mardi une procédure
devant la Cour permanente d'arbitrage de La Haye pour obtenir
la fermeture du complexe nucléaire de Sellafield (côte
nord-ouest de l'Angleterre), a-t-on appris de source judiciaire.
L'Irlande fait valoir que le complexe de Sellafield constitue
une menace majeure pour l'écologie de la mer d'irlande.
Dublin accuse la Grande-Bretagne d'avoir violé plusieurs
clauses de la Convention des Nations unies sur le droit de la
mer (Unclos) pour mettre en route ce complexe nucléaire.
Les audiences devraient durer trois semaines.
Le Premier ministre irlandais Bertie Ahern avait qualifié
en avril 2002 le complexe de Sellafield de "menace la plus
sérieuse" pour l'environnement de l'Irlande.
La procédure devant la Cour d'arbitrage vise en particulier
une usine de production de MOX (mélange d'uranium et de
plutonium) installée à Sellafield. Dublin affirme
que le gouvernement britannique n'a pas effectué une évaluation
convenable des risques sur l'environnement de cette unité
de production.
En octobre dernier, le gouvernement irlandais avait déjà
entamé une procédure contre la Grande-Bretagne devant
la Cour d'arbitrage au sujet de l'usine de production de MOX.
Dublin se plaignait alors de n'avoir pas reçu toutes les
informations requises sur cette usine. La Cour n'a pas encore
rendu son arrêt dans cette dernière procédure.
Le MOX est un combustible nucléaire très contesté.
Destiné à recycler une partie des milliers de tonnes
de combustibles usés en provenance de diverses centrales
nucléaires dans le monde, le MOX est lui-même produit
à partir d'oxydes d'uranium et de plutonium.
La Cour permanente d'arbitrage est un organisme gouvernemental
indépendant créée en 1899 par la convention
de La Haye.
31/3/03 - Le processus de fermeture définitive du dernier réacteur encore en service de la centrale nucléaire du complexe de Sellafield (côte nord-ouest de l'Angleterre), la plus vieille du monde, a commencé lundi.
"Calder Hall, la plus ancienne centrale nucléaire civile du monde, va finalement cesser toute opération aujourd'hui après 47 ans de fonctionnement", a indiqué dans un communiqué la société publique British Nuclear Fuels Limited (BNFL), à qui a été confié le complexe de Sellafield en 1971.
Trois des quatre réacteurs de la centrale de Calder Hall, ouverte en 1956, ont été arrêtés entre septembre et octobre 2001 après des problèmes techniques. Ils doivent être démantelés.
La fermeture du quatrième réacteur était prévue de longue date pour mars
"Des plans étaient prévus pour résoudre ces problèmes techniques et remettre les réacteurs en activité, mais vu la situation économique actuelle de la production d'électricité et l'espérance de vie limitée qu'il leur restait, leur maintien n'était pas rentable", a expliqué BNFL.
Au cours d'une brève cérémonie lundi matin sur le site de Sellafield, reconverti dans le retraitement de combustible nucléaire et la production de MOX (mixed oxide), le directeur général de BNFL, Norman Askew, a rendu hommage au caractère novateur de la centrale à son époque.
"La construction et l'ouverture de Calder Hall était une réalisation remarquable, considérant qu'à l'époque, il n'y avait aucune expérience dans le monde en matière d'élaboration, de construction, de mise en route et de gestion de réacteurs nucléaires de cette taille", a-t-il souligné.
"Il y a 50 ans, la Grande-Bretagne était un leader mondial lorsqu'elle a mis Calder Hall en route. Nous retrouverons ce rôle de leader si le gouvernement adopte une politique qui nous permettra de construire les centrales nucléaires de la prochaine génération", a-t-il ajouté.
Les employés de la centrale ne seront pas licenciés: ils seront chargé du démantèlement et de la décontamination du réacteur.
Le complexe de Sellafield abrite d'autres unités, notamment des usines de vitrification des déchets nucléaires et une ancienne usine d'enrichissement d'uranium, concentrées sur environ 400 hectares.
La plus controversée est l'usine de
production de MOX,
un combustible produit à partir d'oxydes d'uranium et de
plutonium et destiné à recycler une partie des milliers
de tonnes de combustible usé issu des centrales nucléaires
dans le monde. Elle a obtenu le feu vert des autorités
en décembre 2001, au grand dam des militants antinucléaires.
Libération, 28/12/02:
A long terme, la question de l'existence du secteur est bel et bien posée. Aucun signe de renouvellement du parc nucléaire ne se dessine, alors que les derniers réacteurs auront fermé en 2020.
Londres de notre correspondant
Le nucléaire britannique est subclaquant. British Energy, entreprise privatisée qui assure un quart des besoins en électricité du royaume, aurait déjà fait faillite sans l'aide in extremis de l'Etat. BNFL, sa rivale publique, ne se porte guère mieux avec ses six centrales vieillissantes et son usine de retrai tement très controversée de Sellafield. L'argent pour renouveler le parc ou recycler les déchets fait défaut. Au pays du thatchérisme et de la Troisième Voie, l'ennemi principal de l'atome civil n'est plus l'écologie, peu active sur le terrain politique, mais le marché. Malgré eux, les ultralibéraux pourraient bien réussir là où les Verts ont échoué. En quatre ans, une série de privatisations a bouleversé le secteur de l'énergie et entraîné une chute de 40 % du prix de gros de l'électricité. C'est autant de gagné pour les consommateurs. Mais, à l'autre bout de la chaîne, tout le monde souffre. Au cours actuel de 23,7 euros le mégawatt-heure, rares sont les producteurs qui réalisent encore des profits.
Menace. En septembre, Bri tish Energy a échappé de peu au naufrage. Ses dirigeants ont créé la surprise en menaçant de mettre la clé sous la porte s'ils n'obtenaient pas de l'Etat un «soutien financier immédiat». Après 740 millions d'euros de pertes en 2001, le groupe affichera cette année un déficit estimé à 800 millions d'euros. Et sera bientôt obligé de mettre en vente ses branches américaine et canadienne, les seules rentables.
C'est encore l'histoire d'une privatisation ratée au Royaume-Uni. Le géant nucléaire fait partie, avec le rail, des dernières entreprises publiques vendues par les conservateurs à la fin de leur règne. En quatre ans, son action est passée de 70 livres à 0,60 livre. Fin novembre, l'Etat a donc dû lui accorder un prêt-relais de 1 milliard d'euros jusqu'en mars et s'est engagé à couvrir ses frais de retraitement des déchets. En échange, il contrôlera, via BNFL, 65 % de ses revenus futurs. Une quasi-renationalisation au prix fort. Le plan de sauvetage coûtera aux contribuables entre 150 et 200 millions chaque année pendant dix ans. Selon un dirigeant du secteur, le groupe «paie ses erreurs stratégiques. Il a raté le tournant de la diversification».
Ceux qui arrivent à sortir leur épingle du jeu, comme London Electricity, filiale d'EDF, Powergen ou Innogy, ne se contentent pas de produire de l'électricité. Ils la distribuent et la commercialisent, parfois ils assurent même son transport, comme Scottish Power. British Energy n'est présent qu'en amont de la chaîne et subit plus durement l'effondrement des prix.
Son principal problème se résume à deux chiffres : elle vend à 16 livres un mégawatt-heure qui lui coûte une livre de plus à produire. «Le nucléaire britannique est confronté à la fois à des prix exceptionnellement bas et, du fait de ses choix technologiques, à des coûts d'exploitation plus élevés que dans des pays comme la France ou les Etats-Unis», explique le consultant Gordon MacKerron. Lors de l'ouverture du marché à la concurrence, les tarifs de l'électricité, alors très élevés, ont encouragé les investisseurs privés à construire des centrales thermiques, le plus souvent à gaz, la formule de loin la plus rapide et la moins chère. A cause de plusieurs hivers particulièrement doux et de «cette ruée vers le gaz», la Grande-Bretagne produit actuellement trop d'électricité : 25 % de plus qu'elle n'en consomme. D'où la baisse des prix entamée depuis quatre ans.
«Jamais vu ça». La chute s'est accélérée avec l'introduction en mars 2001 de nouvelles règles de négoce - les New Electricity Trading Arrangements ou Neta -, destinées à permettre un ajustement plus rapide de l'offre et de la demande. Depuis, rien ne va plus dans le secteur de l'énergie britannique. «Je n'ai jamais vu ça, même dans les économies les plus libérales. Ici, les prix changent toutes les demi-heures», confie un professionnel qui a pourtant beaucoup voyagé. Le mois dernier, la filiale britannique de l'américain TXU a déposé son bilan. La plus importante centrale à charbon du pays, Drax, qui était son principal fournisseur, menace de faire de même. Un peu partout, de nombreuses usines ont été mises en veilleuse en attendant des jours meilleurs. «Le nucléaire n'a pas cette souplesse, souligne Gordon MacKerron. Que ses réacteurs soient ou non à l'arrêt, ses coûts restent sensiblement les mêmes.»
Ne serait-ce que pour des raisons de sécurité, le gouvernement néotravailliste ne laissera pas British Energy faire faillite, quitte à organiser son retour dans le giron de l'Etat. Mais, à long terme, la question de l'existence du secteur est bel et bien posée. Alors que les derniers réacteurs auront fermé en 2020, aucun signe de renouvellement du parc ne se dessine. Dans les circonstances actuelles, aucun entrepreneur privé ne se lancera dans une pareille aventure sans une aide publique massive. «Entre les délais de construction, le coût de l'investissement, les obstacles administratifs et l'incertitude politique, il faut reconnaître que ce n'est pas très engageant», s'écrie Gordon MacKerron.
Sommet de Kyoto. Problème : sans le nucléaire, qui assure 30 % de ses besoins en électricité, la Grande-Bretagne aura bien du mal à respecter ses engagements pris au sommet de Kyoto (ce sont les transports et l'industrie en général qui sont de gros producteurs de gaz à effet de serre, pas la production d'électricité qui représente très peu de l'énergie consommée en GB ou en France, mais cette propagande du lobby pro-nucléaire passe bien et même très bien dans la presse). Ses dirigeants prévoient d'accroître de 3 % à 10 % la part des énergies renouvelable d'ici à 2010, mais cela ne suffira pas à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Autre difficulté : avec l'épuisement du pétrole de la mer du Nord, le pays deviendra en 2005-2006 importateur net d'hydrocarbures, principalement de gaz russe. Autant de paramètres que le gouvernement de Sa Majesté va devoir prendre en considération dans son livre blanc sur l'énergie à paraître au printemps.
Plusieurs experts parient que le Royaume-Uni, au nom du protocole de Kyoto et de l'indépendance énergétique, ne renoncera pas au nucléaire, quitte à malmener ses sacro-saints principes libéraux. Déjà, le ministre de l'Energie, Brian Wilson, vient d'évoquer une possible réforme des Neta, le processus de fixation des prix de l'électricité.
Par Christophe BOLTANSKI
LONDRES, 19 nov 02 - Un milliardaire norvégien, Petter Stordalen, directeur général de la chaîne Choice Hotels, et deux de ses compatriotes, dont un parlementaire, manifestaient mardi devant le complexe nucléaire civil de Sellafield (nord-ouest de l'Angleterre).
"Nous sommes ici pour obtenir des dirigeants de BNFL (ndlr: le groupe britannique public qui gère l'usine de retraitement) de mettre fin aux émissions radioactives qui se retrouvent directement dans la mer d'Irlande et finissent en Norvège", a déclaré Petter Stordalen lors d'un entretien téléphonique.
"Nous sommes prêts à rester ici aussi longtemps qu'il le faudra", a précisé M. Stordalen, qui est accompagné notamment d'un parlementaire norvégien, Karl Anton Svendsen.
"Nous avons de la nourriture et des sacs de couchage", a-t-il ajouté, tout en soulignant qu'ils étaient également armés de chaînes et étaient prêts à s'enchaîner "si la police essaye de nous chasser".
De son côté, un porte-parole de la police de Cumbria a confirmé que "trois Norvégiens manifestent pacifiquement devant le site de Sellafield". "Il n'y a pas eu d'arrestations et personne n'a tenté de pénétrer dans le site", a-t-il déclaré, en soulignant que la police "suivait de près" cette manifestation.
Le complexe de Sellafield, qui produit du MOX (mélange
d'uranium et de plutonium), est depuis longtemps une pomme de
discorde entre la Grande-Bretagne et ses voisins norvégiens
et irlandais, ces derniers ayant même porté l'affaire
devant la Cour permanente d'arbitrage de La Haye.
LA HAYE, 21 oct 02 - La Cour permanente d'arbitrage, basée à La Haye, a commencé lundi à entendre les arguments de l'Irlande dans l'affaire qui l'oppose à la Grande-Bretagne au sujet de l'usine de production de MOX (mélange d'uranium et de plutonium) de Sellafield (nord-ouest de l'Angleterre).
L'Irlande invoque la Convention pour la protection de l'environnement marin de l'Atlantique Nord-est (OSPAR) afin de contraindre la Grande-Bretagne à lui fournir toutes les informations qu'elle demande sur une nouvelle unité de production de MOX (mixed oxydes) située à Sellafield, à quelques 190 kilomètres de Dublin.
Le gouvernement irlandais n'a pas pu avoir un accès complet à deux rapports du gouvernement britannique sur l'usine de MOX, a indiqué lundi un porte-parole à Dublin.
L'Irlande s'est toujours opposée à la production de MOX à Sellafield. Le Premier ministre irlandais Bertie Aherne avait qualifié l'usine de "menace la plus sérieuse" pour l'environnement de son pays en avril dernier.
Le MOX est un combustible nucléaire très contesté. Destiné à recycler une partie des milliers de tonnes de combustibles usés issus des centrales nucléaires dans le monde, le MOX est lui-même produit à partir d'oxydes d'uranium et de plutonium.
"Le gouvernement britannique a été trainé devant cette cour internationale pour sa politique obsessionnelle et discrétionnaire en faveur d'activités nucléaires qui n'ont aucun intérêt économique. Ces activités vont conduire à une contamination radio-active massive de l'environnement", a estimé pour sa part un responsable de l'organisation écologiste Greenpeace, Shaun Burnie.
La Cour permanente d'arbitrage a désigné un collège de trois juges pour arbitrer le différend qui oppose l'Irlande et la Grande-Bretagne.
Les audiences devraient durer toute la semaine.
La Cour rendra sa décision ultérieurement dans plusieurs semaines.
Le groupe britannique public BNFL, qui gère l'usine de retraitement de Sellafield, a procédé en décembre 2001 à la première étape de la mise en service de l'unité de production de MOX.
La Cour permanente d'arbitrage est un organisme
gouvernemental indépendant créée en 1899
par la convention de La Haye.
CLEATOR-MOOR (Angleterre), 5 oct 2002 - Gemma avait près de sept ans lorsqu'elle a succombé des suites d'une leucémie en 1990. Depuis, sa mère Suzan D'Arcy lutte sans relâche pour que la compagnie publique BNFL, gestionnaire d'une partie du complexe nucléaire de Sellafield (nord-ouest de l'Angleterre) reconnaisse sa responsabilité.
Suzan fait partie des familles qui ont été invitées mi-septembre à monter à bord d'un bateau de Greenpeace pour protester contre l'arrivée d'un chargement de MOX (mélange d'uranium et de plutonium) refusé par le Japon et retourné à l'usine de retraitement de Sellafield.
Ils en ont été empêchés, "officiellement pour des raisons de sécurité", dénonce Greenpeace.
Au total, 17 familles de la région dont un enfant ou un proche a souffert pour la plupart de leucémie dans les vingt dernières années, se sont unies dans les années 1990, toutes défendues par le même avocat, Martin Day, pour attaquer BNFL en justice.
Un bébé de 10 mois et un enfant de trois ans, Dorothy Reay et Ian Renwick, nés dans les villages proches de Sellafield, sont comme Gemma décédés des suites de leucémie.
L'affaire qui a terminé devant les tribunaux a fait grand bruit en Grande-Bretagne et l'histoire de Gemma, très médiatisée, avait ému bien au-delà des frontières de ce pays.
Le journal de Suzan, "toujours en lutte pour Gemma", écrit en 1995 avec l'aide d'un journaliste du Guardian, Rob Edwards, a été traduit en sept langues.
Les familles ont perdu leur procès devant la haute cour qui a considéré que les preuves n'étaient pas suffisantes. Mais "le juge a estimé que parce qu'il ne pouvait pas totalement écarter nos arguments, il devait laisser la porte ouverte à un recours ultérieur", assure Suzan D'Arcy, 39 ans, mère de deux autres filles de 9 et 22 ans.
Suzan, de mère anglaise et père italien, le visage doux soulignant un regard volontaire, raconte dans son livre les trois années de "combat quotidien" pour sa fille qui a subi trois transplantations de moelle épinière.
Gemma, née en novembre 1983, avait trois ans et demi lorsque le diagnostic de Leucémie (Cronic-Myloïd, une forme reconnue comme due à des radiations), a été prononcé.
"Ce fut très dur car j'avais l'impression que les médecins voulaient me cacher la vérité", se souvient-t-elle.
Elle finit par obtenir des informations et décide d'attaquer BNFL en justice, certaine que la radioactivité des rejets de Sellafield ont contaminé les plages où jouait Gemma l'été.
"J'ai reçu des appels et des lettres anonymes d'insultes. Mais pour une dizaine de messages méchants, j'ai reçu 5.000 encourageants. Les gens ne peuvent pas parler. 90% d'entre eux veulent croire que c'est sans danger car c'est leur environnement", résume-t-elle.
BNFL est le principal employeur de la région, très touchée par le chômage encore aggravé par la crise de la fièvre aphteuse en 2001.
Peu après la décision de Suzan de porter l'affaire devant les tribunaux, le contrat temporaire de son mari Steven à BNFL n'a pas été renouvelé et l'entreprise lui a conseillé de "tenir sa femme hors de la Une des journaux", raconte-t-elle. Il est aujourd'hui instructeur dans une école de conduite.
Mais Suzan est déterminée et "sait que l'avocat relancera la procédure au moment opportun."
"Je ne veux pas d'argent. Je ne suis pas contre Sellafield. Je veux qu'ils reconnaissent que leur activité n'est pas sans danger, qu'ils informent les gens des risques qu'ils encourent", soupire-t-elle. "Les plages sont ouvertes à tous. Ils pourraient au moins les interdire."
SEASCALE (Angleterre), 5 oct 2002 - Autour du complexe nucléaire de Sellafield, sur la côte du nord-ouest de l'Angleterre, la population, dont une bonne partie des emplois sont liés à l'activité du site, oscille entre engouement et résignation.
"Oui bien sûr, vous pouvez manger du poisson, c'est sans danger", dit un restaurateur de Seascale, village côtier jouxtant Sellafield. Il vante les mérites de son homard frais pêché au large.
Le groupe public BNFL (British National Fuels Ltd) qui gère le site, confirme. "Nous avons même une rivière qui passe dans le site. Les gens viennent pêcher le week-end", dit Ali McKibbin, porte-parole de BNFL, qui précise qu'aucun accès au complexe n'est possible à partir de la rivière en contrebas.
"Il n'y a aucun problème. Sellafield ne me dérange pas", dit Alistair Fenwick, agriculteur de 18 ans, juché sur son tracteur. La ferme près de Sellafield "produit quelque 600.000 tonnes de lait par an en moyenne vendues au groupe Nestlé", dit Alistair. "Nous avons des contrôles. Il n'y a pas de problème", assure-t-il.
"Je me sens en sécurité", renchérit sa petite amie Vicky Morgan dont le père policier travaille pour BNFL.
"Je ne peux pas dire que j'ai vu plus de cas de cancer ici qu'ailleurs", dit Malika Pim, médecin installée à Seascale depuis un an.
Le chômage, deux fois plus élevé que la moyenne nationale dans le comté de Cumbria, "fait bien plus de dégâts sur la santé physique et mentale des gens", souligne-t-elle.
Seascale est, selon deux études épidémiologiques universitaires publiées en 1990 et en juin 2002, le village le plus touché par les cas de leucémie et de lymphome non hodgkinien chez les enfants de moins de 7 ans, nés entre 1950 et 1990 de père travaillant à Sellafield.
Ces études ont révélé que ces enfants avait 15 fois plus de risque que la moyenne nationale d'être touchés par ces maladies, sans établir de lien formel avec d'éventuels rejets radioactifs de Sellafield.
Plus au sud, Cal Howman, employée de BNFL, juge les niveaux de radioactivité "raisonnables". Elle réside à Ravenglass, à 5 kilomètres sur la côte au sud de Sellafield, considéré par les écologistes comme le delta le plus contaminé des environs en raison des rejets dans la mer.
Les taux de radioactivité affichés par le compteur Geiger posé sur la vase y atteignent 200 Micro Rem par heure (muRem/h) au lieu des 10 observés sur la route principale proche.
Par endroit, "le taux de radioactivité est si haut que vous pouvez atteindre la limite autorisée de 1 millisievert par an (unité de mesure d'équivalent des doses de radiation absorbée) en 16 heures", affirme Janine Allis-Smith, l'une des rares militantes anti-nucléaires de la région.
"Il n'y a aucun panneau pour avertir les familles", fustige-t-elle, certaine que son fils, aujourd'hui guéri, a souffert d'une leucémie à 13 ans après avoir été contaminé sur les plages de la zone.
Plutôt réticents à la critique ouverte, certains habitants finissent parfois par penser tout haut.
"Je ne devrais pas vous dire cela mais ils tuent les mouettes contaminées. Il y a environ cinq ans, ils ont aussi tué plus de 300 pigeons radioactifs", affirme une commerçante de Seascale qui préfère taire son nom. BNFL confirme avoir dû éliminer 700 pigeons en 1998 "dont la moitié avait des niveaux détectables de radioactivité" provenant d'anciennes constructions du site.
"Certaines mouettes sont de taille bien supérieure à la moyenne à cause de la radioactivité", affirme la commerçante.
"Je me suis endettée pour venir ici. Il faut que je continue maintenant. Mais si j'avais su tout ça, je ne serais pas venue", soupire-t-elle.
Et de conclure avec un sourire résigné:
"Le bon côté, c'est que les gens sont gentils
ici, on se serre les coudes."
SELLAFIELD (Angleterre), 4 oct 2002 - Le complexe nucléaire de Sellafield (nord-ouest) qui est l'un des plus anciens sites nucléaires au monde, il a renforcé sa sécurité depuis les attentats du 11 septembre 2001 sans convaincre les écologistes qui ont récemment manifesté contre le transport de MOX (mélange d'uranium et de plutonium), "possible cible terroriste".
- La première usine a été ouverte en 1940 et produisait du TNT (explosifs) dans le cadre des efforts de guerre.
- En 1946, le gouvernement décide d'ouvrir une usine d'enrichissement d'uranium à Springfield, non loin de Sellafield, et deux usines produisant du plutonium pour la bombe atomique sont construites sur le site alors nommé Windscale.
- Un grave incendie en 1957, l'un des plus importants accidents nucléaires qu'ait connus la Grande-Bretagne, sonnera le glas de ces deux unités, aujourd'hui en cours de décontamination et de démantèlement. Le site sera par la suite rebaptisé Sellafield. Pour en savoir plus sur le nombre de victimes lire l'article: L'incendie de Windscale "l'accident de Windscale a fait au moins quelques dizaines de victimes, beaucoup plus si l'effet du polonium a été sous-estimé par le NRPB, il a fallu attendre un quart de siècle pour savoir qu'il y avait probablement eu des victimes. C'est vraisemblablement le polonium qui est la clé de l'énigme : les Britanniques ne voulaient pas que l'on sache qu'ils s'en servaient pour amorcer leurs bombes."
- Le site comprend également une centrale nucléaire ouverte en 1956 dont trois des quatre réacteurs ont été arrêtés et doivent être démantelés. Le quatrième doit cesser toute activité en mars 2003.
- En 1964, une première usine de retraitement de Magnox (oxyde d'uranium), combustible utilisé par la filière anglaise d'énergie nucléaire entre en service. Elle est responsable, selon les écologistes, des principaux rejets polluant dans l'air et dans la mer. Elle doit fermer en 2010.
- British Nuclear Fuels Limited (BNFL) est créé en 1971 en tant qu'organisme commercial du United Kingdom Atomic Energy Authority (autorité nucléaire britannique). Le groupe public gère la production de combustible nucléaire, le transport et le retraitement des combustibles usés.
- Contamination à Windscale en 1973
- L'usine de retraitement des combustibles et d'entreposage des déchets hautement radioactifs (Thermal oxide reprocessing Plant, Thorp) est ouverte en 1985. Elle est également critiquée pour les rejets occasionnés, selon les écologistes, durant le processus de séparation des différents composants (96% d'uranium, 1% de plutonium, et 3% de déchets de haut niveau de radioactivité dit "déchets ultimes").
- Les deux usines de retraitement ont traité plus de 1.500 tonnes de combustible usé depuis leur création, selon BNFL.
- Une unité de vitrification au sein de Thorp est destinée à couler les "déchets ultimes" dans des caisses métalliques de 400 kg. 2.500 conteneurs sont entreposés à Sellafield qui peut en accueillir 8.000, selon BNFL. Destinés à retourner dans les pays d'origine des déchets, Greenpeace affirme qu'ils sont en fait stockés dans l'attente d'une solution à long terme introuvable. Pour l'instant, seule la Finlande a décidé d'un lieu de stockage permanent.
- Sellafield Mox Plant (SMP), opérationnel
en 1997, a effectué une première livraison de cinq
tonnes de MOX en 1999, refusée et renvoyée par le
Japon après la découverte de
documents falsifiés par BNFL. SMP a reçu le
feu vert officiel en décembre 2001 pour la production de
MOX.
Le groupe public BNFL (British nuclear fuel limited) qui gère
une partie de Sellafield et emploie quelque 10.000 personnes sur
le site, sans nier les risques, insiste sur le renforcement de
la sécurité qui était déjà
très élevée avant les attentats aux Etats-Unis.
"Nous avons revu les normes de sécurité", explique Barry Nelson, directeur d'exploitation de Sellafield.
"Notre inquiétude numéro un était l'effet de boule de feu" similaire à celui créé par l'impact des avions dans les tours du World Trade Center", précise-t-il.
"Du point de vue de la sûreté, le feu était supérieur à ce que nos installations peuvent supporter", a-t-il dit. Sellafield s'est donc doté d'un "centre incendie similaire à celui existant sur les pistes d'aéroports avec deux nouveaux camions de pompiers".
Quant à la sécurité, le trafic aux abords des entrées du site a été ralenti au moyen de plots de béton que les véhicules doivent contourner, allongeant les files de voitures qui entrent et sortent de Sellafield aux heures de bureau.
Les procédures d'accès aux différents bâtiments, déjà très contraignantes, ont encore été resserrées. "Je ne suis autorisé à emmener que cinq visiteurs avec moi au lieu de dix et je dois suivre chacun de leurs pas", cite en exemple Jack Allen, directeur de l'unité SMP (Sellafield MOX Plant).
Les téléphones portables doivent être éteints, certains étant assez perfectionnés pour transmettre des données par satellites, explique Ali McKibbin, chargée d'escorter les visiteurs du site.
Outre ces mesures, la zone est interdite de survol aérien et la RAF dispose d'une base proche dont les avions de chasse peuvent être sur place en deux minutes, "mais ce n'est pas nouveau", souligne-t-elle.
Les défenseurs de l'environnement sont pourtant loin d'être convaincus.
"Je ne pense pas que BNFL prenne ce problème très sérieusement", estime Jill Perry, des Amis de la Terre. "Nous sommes proche des couloirs aériens et un avion détourné peut arriver très vite, dit-elle.
"Vous avez des centaines de réservoirs de déchets en mauvais état. 22 d'entre eux contiennent plus de radioactivité que ce que Tchernobyl a provoqué", s'insurge Janine Allis-Smith de l'association Cora (Cumbrian Opposed to Radioactive Environnement) regroupant des habitants du comté anglais de Cumbria.
"Tout est concentré sur un périmètre relativement petit. C'est une bombe en puissance", relève également Shaun Burnie, responsable de la campagne antinucléaire de Greenpeace.
Dublin, plus près de Sellafield que Londres et qui croise le fer depuis plusieurs années avec la Grande-Bretagne pour obtenir la fermeture du site, a demandé en janvier des garanties sur la sécurité des installations.
Les autorités irlandaises s'appuient
sur le rapport annuel du Radiological Protection institute or
Ireland (RPII) qui estime que BNFL doit "faire la preuve,
quant à l'efficacité de ses réservoirs, qu'elle
peut faire face à une attaque majeure".
Campagne médiatique, pressions politiques, procédures juridiques... tout l'arsenal est mobilisé pour réduire l'activité de Sellafield, trop proche de Dublin
«En Irlande, tout le monde est opposé à Sellafield», déclare Christopher Hone, ingénieur en chef au Radiological Protection Institute of Ireland (RPII), un organisme technique dont la mission principale est de conseiller le gouvernement irlandais en matière de sécurité nucléaire.
La cinquantaine passée, sûr de lui, Christopher Hone mesure ses propos: il est une référence en Irlande pour les questions qui touchent au nucléaire. Face à un journaliste, il fait visiblement attention à chaque mot qu'il prononce, pour bien se faire comprendre, mais aussi pour s'assurer de ce qu'il dit. Son grand bureau de Clonskeagh Square est tapissé de documents et de cartes géographiques auxquels il fait appel pour étayer ses propos.
Sellafield est une centrale nucléaire créée en 1950 dans la localité de Cumbria, sur la côte nord-ouest de la Grande-Bretagne. Elle fournit environ un cinquième de l'énergie produite en Angleterre, ainsi que la matière nécessaire à la fabrication d'armes nucléaires. Son intérêt pour la Grande-Bretagne est donc sans appel. Tel n'est pas le cas pour l'Irlande voisine, totalement dénucléarisée. Ce pays a abandonné son programme nucléaire en 1977, notamment à la suite d'un mouvement de contestation à Carnsone Point, au sud de l'île.
La première raison de l'opposition irlandaise à l'usine de Sellafield est sa proximité avec la capitale, explique Christopher Hone. Seulement 190 kilomètres à vol d'oiseau séparent la centrale et Dublin, exposant de ce fait la ville à de graves dommages en cas d'accident.
À Dublin, les habitants semblent bien informés sur le sujet, en dépit de leur apparente insouciance et leur tendance à profiter au maximum de la prospérité toute nouvelle que connaît la ville. Tina et Curly, deux étudiantes rencontrées dans le jardin public situé en plein coeur de Dublin, le St-Stephen's Green, affirment qu'elles ont parfois envie de quitter Dublin pour aller vivre ailleurs à cause de cette menace. Elles font toutefois confiance aux autorités pour les «protéger» en cas d'accident et surtout pour réussir à faire fermer Sellafield.
MER HAUTEMENT RADIOACTIVE
Les Irlandais craignent aussi que les activités de l'usine n'aggravent la pollution de la mer d'Irlande, déjà connue comme l'une des plus radioactives du monde. Un rapport de Greenpeace rendu public en 2001 révèle que Sellafield rejette chaque jour des quantités énormes de déchets nucléaires dans la mer. Poissons, fruits de mer et plantes aquatiques renferment des taux élevés de radioactivité. Les pêcheurs irlandais affirment même attraper souvent des poissons qui ont subi des mutations et qui ne peuvent évidemment être vendus... En 1983, un documentaire de la télévision britannique révélait que dans le village de Seascale, situé non loin de Sellafield, le taux d'enfants atteints de cancer était dix fois plus élevé que la moyenne nationale. Une coïncidence troublante!
À ces inquiétudes pour l'environnement et la santé, s'ajoutent, depuis le 11 septembre 2001, les craintes d'une attaque terroriste dont les conséquences affecteraient forcément l'Irlande. «Je ne connais pas d'homme politique irlandais assez fou pour aller contre ce sentiment national d'insécurité largement partagé», confie un agent de la division Sécurité nucléaire au ministère irlandais chargé des questions nucléaires qui souhaite rester anonyme. Pour les Irlandais, il n'y a pas d'alternative, affirme-t-il: il faut tout simplement fermer Sellafield parce que l'usine présente des risques majeurs: «Les Anglais peuvent peut-être contrôler leurs activités, mais que pourront-ils contrôler en cas d'accident?» «Mieux, le retraitement est complètement inutile... Inutile!», répète-t-il.
La discorde au sujet de Sellafield entre Anglais et Irlandais s'est accentuée depuis octobre 2001, au moment où le gouvernement anglais a autorisé l'usine à ouvrir une unité de production d'un nouveau combustible appelé Mox (Mixed oxydes), un mélange de plutonium et d'uranium qui sert à alimenter les réacteurs des centrales nucléaires. Dublin craint que l'extension de l'usine de Sellafield n'augmente la pollution maritime et accuse la Grande-Bretagne de vouloir transformer la mer d'Irlande en «autoroute pour matériaux hautement radioactifs» (selon, Joe Jacob, ministre irlandais chargé des questions nucléaires).
Une grande offensive médiatique et juridique contre Sellafield est alors déclenchée. Le 24 novembre 2001, le principal parti au pouvoir, le Fianna Fail, achète une pleine page de publicité dans le Times de Londres pour réclamer la fermeture de l'usine. Sous le titre «Fermez Sellafield», la demande, signée des 110 députés du parti, affirmait que «Sellafield pose un risque inacceptable et non nécessaire» à l'environnement irlandais.
UN ENNEMI NOMMÉ MOX
Chose rare, le premier ministre irlandais, Bertie Ahern, leader du Fianna Fail, s'est aussi publiquement expliqué sur le sujet. «Mon parti est le plus important d'Irlande et nous souhaitons indiquer clairement et directement au peuple britannique combien nous sommes préoccupés par les dangers auxquels sont exposées les populations de ces îles par les activités à Sellafield et, en particulier, par les nouvelles propositions concernant le Mox», souligne-t-il. «Nous souhaitons également dire au gouvernement britannique avec lequel nous entretenons d'excellentes relations que sur cette question, nous ferons campagne sans relâche pour empêcher le retraitement du Mox et pour fermer Sellafield pour notre bien à tous», menace-t-il.
Le Green Party irlandais, parti écologiste donc traditionnel adversaire du nucléaire, n'est pas en reste. «La décision d'ouvrir l'unité de production du Mox n'est pas seulement terriblement irresponsable, c'est aussi un acte de folie. Sellafield devrait être en train de fermer ses portes et non en train de s'étendre», déclare Trevor Sargent, chargé des affaires nucléaires au sein du Green Party.
Parallèlement, le gouvernement irlandais a déposé une plainte contre l'Angleterre devant le tribunal international de la mer de Hambourg (Allemagne) espérant aboutir à une interdiction de la production du Mox en Angleterre. Mais la demande a été rejetée le 3 décembre 2001.
Qu'à cela ne tienne! L'Irlande s'est aussitôt tournée vers le tribunal d'arbitrage de la convention européenne pour la protection de l'environnement de l'Atlantique Nord-Est (Ospar). «Nous avons pris pour cette affaire les meilleurs avocats de Grande-Bretagne et nous avons de grandes chances de gagner», confie l'agent de la division Sécurité nucléaire.
Une autre procédure pour l'arrêt de l'extension de Sellafield a été engagée auprès de la Cour européenne de justice.
En novembre 2001, deux organisations écologistes, les Amis de le Terre et Greenpeace Angleterre, ont été déboutées par la Haute Cour de justice de Grande-Bretagne au sujet de cette unité de production du Mox. «Bien que cette décision soit décevante, notre lutte pour empêcher le démarrage des opérations de retraitement du Mox n'est pas terminée», indique le directeur général de Greenpeace-Angleterre, Stephen Tindale. Deux mois plus tard, en janvier 2002, les deux organisations écologistes seront de nouveau déboutées par la Cour d'appel de Grande-Bretagne.
DÉCHETS MORTELS
Ces échecs n'entament pas la détermination de Dublin à stopper les activités à Sellafield. «Nous allons faire campagne contre Sellafield jusqu'à ce que l'usine soit fermée», promet Conor Lenihan, député irlandais, membre du Fianna Fail. «L'Irlande se battra pour faire respecter les conventions internationales en la matière et, au besoin, impliquera la communauté internationale dans la bataille», assure-t-il.
À défaut d'obtenir l'arrêt des activités nucléaires à Sellafield, l'Irlande demande que l'Angleterre accélère son programme de solidification (stockage à sec) des combustibles irradiés. «Une fois solidifiés, ces déchets nucléaires sont moins dangereux qu'à l'état liquide», explique Christopher Hone..
Le gouvernement britannique de Tony Blair promet ne pas se comporter en mauvais voisin pour l'Irlande. Il fait valoir toutefois que, grâce à l'unité de production du Mox, Sellafield, qui emploie environ 7000 personnes, va sauvegarder 1600 emplois, ce qui est considérable dans une petite localité où presque tout le monde a un parent ou un ami vivant du nucléaire...
Il y a à Sellafield 21 cuves contenant chacune 100 tonnes de déchets mortels.. Chaque cuve contient huit fois la quantité de gaz relâché dans la nature en 1986 par l'accident de Tchernobyl. Quel serait le désastre si une seule de ces cuves venait à exploser?
«Il est criminel de développer une technologie que l'on ne maîtrise pas, surtout quand elle engage les générations à venir», disait le Français Théodore Monod. «Nulle part dans le monde, l'industrie nucléaire n'a de stratégie viable pour sortir de ses déchets», admet Robin Jeffrey, pourtant président de British Energy, le plus grand producteur d'électricité nucléaire britannique.
Même solidifiés, refroidis et enterrés, les déchets nucléaires demeurent dangereux pour environ 250000 années.
EuropMagazine, Eté 2002
4, rue du Faubourg Montmartre
75009 Paris
DUBLIN, 18 juin 2002 - Le gouvernement irlandais a commencé mardi à distribuer à la population quelque 2,1 millions de boîtes de pilules d'iode à utiliser en cas d'alerte nucléaire, a annoncé un porte-parole de la poste irlandaise.
Cette décision, prévue de longue date, s'inscrit dans le cadre de mesures décidées par le gouvernement après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis. Dublin craint notamment un attentat à l'avion-suicide contre l'usine de retraitement nucléaire de Sellafield située au nord-ouest de l'Angleterre, en face de la côte est de l'Irlande.
Les événements du 11 septembre ont entraîné une révision complète des procèdures d'urgence en Irlande en cas d'alerte nucléaire, qui a révélé de graves lacunes dans l'approvisionnement en tablettes d'iode.
Les consignes officielles distribuées aux Irlandais en mars dernier, leur demandent notamment de rester chez eux en cas d'alerte nucléaire, et d'avaler immédiatement une pilule d'iode, censée limiter les risques de contamination radioactive. Or très peu d'Irlandais disposaient de telles pastilles, et les stocks dans les pharmacies étaient souvent épuisés ou périmés.
La distribution des nouvelles pilules a commencé
mardi, et elle devrait se poursuivre pendant une dizaine de jours,
a précisé une porte-parole des services postaux.
BERGEN (Norvège), 20 mars 2002 - Le ministre norvégien de l'Environnement Boerge Brende a exigé de son homologue britannique Michael Meacher "l'arrêt immédiat du rejet des déchets radioactifs" de l'usine de Sellafield (nord-ouest de l'Angleterre) dans la mer, mercredi lors de la 5e Conférence internationale de la mer du Nord à Bergen (sud-ouest).
"Il ne s'agit pas uniquement d'une exigence politique, mais d'une exigence populaire. La Grande-Bretagne porte une importante responsabilité morale en ce qui concerne les déchets nucléaires de Sellafield", a affirmé le ministre norvégien.
M. Meacher a répondu que "le ministère britannique de l'Environnement vient de terminer une enquête sur les moyens permettant de gérer les déchets nucléaires de Sellafield".
Une décision sera prise dans un avenir proche, "probablement dans quelques mois", a indiqué le ministre britannique de l'Environnement.
Plusieurs centaines de manifestants ont protesté mercredi à Bergen contre les rejets de déchets nucléaires du centre de retraitement de Sellafield.
L'entreprise publique British Nuclear Fuels (BNFL), qui gère l'usine de retraitement nucléaire controversée de Sellafield, a été condamnée jeudi à une amende modique de 24.000 livres sterling (40.000 euros) pour non respect des règles de sécurité.
BNFL répondait devant le tribunal de Whitehaven (nord-ouest de l'Angleterre) de quatre chefs d'accusation, notamment le non respect, entre le 16 février et le 24 mai derniers, de nouvelles consignes de sécurité édictées un an plus tôt.
La société publique était également poursuivie pour n'avoir pas mis en oeuvre des mesures suffisantes pour éviter d'éventuelles fuites de certains conteneurs de matières radioactives ou pour répertorier ces conteneurs scellés.
Les magistrats ont condamné BNFL, qui avait plaidé coupable, à verser une amende de 24.000 livres et payer les frais de justice, qui se montent à 4.817,50 livres.
BNFL a annoncé le 18 avril une profonde réforme de Sellafield, dont la crédibilité et la survie commerciale sont menacées par une série de scandales.
En février, un rapport incendiaire du NII -- un organisme officiel indépendant -- avait dénoncé l'insuffisance des procédures de sécurité de BNFL et révélé la falsification de documents d'accompagnement sur des cargaisons de carburant nucléaire MOX livrées au Japon.
Après ces révélations, la Suisse et l'Allemagne avaient cessé d'envoyer des cargaisons à retraiter à Sellafield et le Japon avait demandé le renvoi en Grande-Bretagne de la cargaison accompagnée de documents falsifiés.
La controverse sur la sécurité à Sellafield a conduit le gouvernement à reporter après 2002, soit après les prochaines élections, ses projets de privatisation de BNFL.
L'usine se retrouve de façon chronique au centre de controverses internationales. L'Irlande et le Danemark ont demandé fin mars dernier la suspension ou l'arrêt immédiat de ses activités en accusant Sellafield de répandre en mer des matières radioactives.
WHITEHAVEN (Grande-Bretagne)
5 oct
Décidément à Sellafield
les incidents tous azimuts se suivent et ne se ressemblent pas.
Après le scandale des combustibles MOX défectueux
envoyés en Allemagne et au Japon c'est le centre de stockage
qui cette fois est en cause.
Un article de Nick Paton Walsh dans l'Observer du dimanche
11 février épingle le laxisme des règles
de sûreté au centre de stockage de déchets
nucléaires de Sellafield en Cumbria où un désastre
nucléaire a été évité de peu
le 26 janvier alors que plus de 2000 tonnes de déchets
de haute activité auraient pu exploser. "
Les employés ont négligé pendant près
de 3 heures les alarmes signalant la formation de gaz explosifs
dans les cuves de haute activité. Les gaz se sont accumulés
dans les 21 cuves contenant chacune 100 tonnes de ces déchets
mortels ". D'après les experts, 10 heures de plus
et ces cuves auraient pu devenir explosives. L'autorité
de sûreté a dépêché 4 inspecteurs
des installations nucléaires à Sellafield et l'exploitant
BNFL (British Nuclear Fuel Limited) doit fournir un rapport sur
les procédures de sûreté d'ici 4 semaines.
Pour le représentant d'un groupe antinucléaire de
Cumbria (le groupe CORE, Cumbrians Opposed to a Radioactive Environment)
" le gouvernement et BNFL disent toujours qu'on n'a pas à
s'inquiéter. Cet incident montre combien on peut être
près d'une catastrophe ".
Du côté des politiques un responsable démocrate-libéral
des questions énergétiques déclare "
C'est une situation extrêmement alarmante qui démontre
l'attitude cavalière qui a marqué l'industrie nucléaire
depuis 50 ans ".
Pour BNFL il aurait fallu bien plus de 10 heures pour que la situation
puisse mener à une explosion. Le personnel aurait ignoré
les signaux d'alarme pendant 2h1/2. D'après l'Observer
" l'incident s'est produit à 20h30 alors
que des ingénieurs faisaient des essais d'amélioration
des systèmes de ventilation chargés d'éviter
la formation des gaz explosifs à l'intérieur des
cuves. Les ingénieurs auraient connecté les circuits
électriques des ventilateurs d'une façon incorrecte
" [ !].
L'Observer cite l'opinion d'un ingénieur nucléaire
parmi les plus qualifiés au monde (John Large) " Ces
21 cuves renferment des quantités énormes de produits
les plus dangereux de ce site nucléaire si ce n'est de
toute la planète ". Il rappelle qu'une cuve similaire
de déchets nucléaires a explosé en Russie
en
1957 dans la région de Tchéliabinsk et a dévasté
une zone étendue, aussi étendue que Londres-Centre.
" La seule fois où quelque chose d'analogue s'est
produit en Europe c'est en France, dans les années 70 quand
il a fallu foncer pour trouver d'urgence des générateurs
électriques militaires pour assurer le refroidissement
des cuves et prévenir leur explosion ".
P. S.
A propos de cet article, une courte lettre d'un responsable de
BNFL dans l'Observer du 18 février dit, comme on
pouvait s'y attendre, que c'est irresponsable et faux, qu'il n'y
avait pas de risque d'explosion compte tenu du temps écoulé
entre l'alarme et la réaction qui a suivi.
Note Infonucléaire
: un tel scénario catastrophe a
failli arriver à l'usine de retraitement de La Hague dans
le Cotentin, le refroidissement des cuves ayant été
interrompu par perte simultanée du réseau et de
l'alimentation de secours. Cet incident était dû
à une grossière erreur de conception de l'alimentation
électrique de l'installation. Il a fallu recourir d'urgence
aux diesels de l'arsenal de Cherbourg.
Rappelons que le biologiste dissident soviétique Jaurès
Medvedev exilé en Angleterre a révélé
en 1976 dans une revue scientifique anglaise le désastre
nucléaire survenu l'hiver 1957 à Kychtym dans l'Oural.
En 1979 il publia en Angleterre Nuclear
disaster in the Urals analysant d'une façon très
détaillée les circonstances et les conséquences
dramatiques des contaminations qui en ont résulté.
Il décrivait les effets sur la faune et la flore de cette
région contaminée sur plus d'un millier de kilomètres
carrés, de nombreux villages ayant été évacués.
La contamination de ces régions est encore aujourd'hui
un grave problème sanitaire pour la population. Cet événement
a été nié par les officiels occidentaux en
accord avec les responsables soviétiques. L'ouvrage de
Jaurès Medvedev fut traduit dans de nombreuses langues.
Après avoir été boycotté par les éditeurs
français il a finalement été édité
en France 9 ans plus tard par les éditions Isoète,
16 rue Orange, Cherbourg, Manche. L'impact médiatique a
été complètement inexistant.
OSLO, 15 mars 2002 - Le
ministre norvégien de l'Environnement Boerge Brende s'est
déclaré "indigné", vendredi à
Oslo, par le refus des Britanniques d'entreposer sous terre les
déchets radio-actifs de la centrale nucléaire de
Sellafield, "car ils ont peur de polluer des nappes phréatiques
britanniques".
"Placer les déchets nucléaires en mer de façon
que cela atteigne la Norvège, cela semble être une
bonne idée pour les Britanniques", a déclaré
le ministre norvégien, après une rencontre avec
la ministre irlandaise de la Fonction publique, Mary O'Rourke,
avec qui il s'est entretenu du problème de Sellafield.
Le problème posé par les déchets de la centrale
nucléaire britannique sera longuement évoqué
la semaine prochaine au cours de la conférence de la mer
du Nord à Bergen (sud-ouest).
"Les Irlandais sont farouchement opposés (au largage
en mer) des déchets nucléaires dangereux de la centrale
nucléaire de Sellafield, car il n'y a qu'un court bras
de mer entre l'Irlande et l'Angleterre", a déclaré
Mary O'Rourke, lors d'une conférence de presse avec Boerge
Brende.
"Je suis persuadée que ces déchets sont dangereux
aussi bien pour la santé des êtres humains, que pour
la faune et la flore maritime", a-t-elle ajouté.
"Notre gouvernement parle constamment avec le Premier ministre
britannique Tony Blair au sujet de ces déchets nucléaires,
mais sans que nos propos
soient reçus. C'est pour cette raison que l'Irlande va
prendre des dispositions juridiques contre la Grande-Bretagne",
a encore déclaré Mary O'Rourke.
L'Irlande milite depuis des années pour la fermeture de
l'usine de Sellafield, inaugurée en 1950, et qui est située
sur la côte nord-ouest de la Grande-Bretagne, à 90
km à vol d'oiseau de Dublin.
OSLO, 15 jan 2002 -
Le ministre norvégien de l'Environnement Boerge Brende
s'est engagé mardi à "lutter très fermement"
contre le centre de retraitement nucléaire de Sellafield
(nord-ouest de l'Angleterre) qu'il accuse de déverser des
matières radioactives en mer du Nord.
Les Britanniques "disent que les rejets ne sont pas dangereux
mais ils sont en tous cas suffisamment dangereux pour qu'ils ne
veuillent pas les entreposer sur leur territoire", a déclaré
M. Brende depuis les îles Lofoten (nord-ouest de la Norvège),
cité par l'agence norvégienne NTB.
"Nous non plus, nous ne les voulons pas", a-t-il ajouté
dans un concert de sirènes et d'applaudissements des marins-pêcheurs,
la pêche étant la principale ressource des îles
Lofoten.
M. Brende participait à une conférence réunissant
des hommes politiques, des défenseurs de l'environnement
et des pêcheurs sur le thème "Lofoten contre
Sellafield".
La Norvège, inquiète de la présence croissante
de technetium-99 radioactif dans ses produits marins, a agité
à plusieurs reprises la menace d'une action en justice
contre la Grande-Bretagne à l'image des démarches
entreprises, en vain pour l'instant, par l'Irlande.
LONDRES, 20 déc 2001 - Le groupe britannique public BNFL, qui gère l'usine de retraitement nucléaire de Sellafield (nord-ouest de l'Angleterre), a procédé jeudi à la première étape de la mise en service de l'unité de production de MOX, un combustible mélange de plutonium et d'uranium.
Les groupes de défense de l'environnement ont aussitôt protesté, et quelques dizaines de militants ont manifesté devant le site.
"A 02H15 GMT, BNFL a transféré un mélange contenant du plutonium dans son unité SMP (Sellafield MOX Plant) pour permettre le début de la mise en service", a indiqué British Nuclear Fuels (BNFL) dans un communiqué.
Ce mélange contenant du plutonium est destiné à "tester l'unité de production et l'équipement avant le début de la production de MOX", précise le communiqué.
Le MOX (mixed oxides) est un mélange d'uranium appauvri, issu du processus d'enrichissement de l'uranium destiné aux centrales nucléaires, et de 3% environ de plutonium issu du retraitement des combustibles usés en provenance de ces mêmes centrales.
La fabrication de MOX est un processus chimique, et le carburant se présente sous forme de pastilles, assemblées dans des tubes, les "crayons", qui serviront à alimenter le coeur des réacteurs de centrales nucléaires.
Les mouvements écologistes, qui s'opposent au transport du MOX parce qu'il est jugé dangereux, avaient saisi la justice britannique pour tenter de bloquer l'ouverture de cette unité de production qui développe l'usine de Sellafield, très controversée. Ils ont été déboutés début janvier par la cour d'appel.
L'Irlande a également tenté d'empêcher cette production, s'adressant même au Tribunal international de la Mer, qui dépend de l'ONU. Mais le tribunal a aussi donné son feu vert début décembre.
Quelque 70 manifestants irlandais s'étaient réunis vendredi matin devant l'usine, située dans la région de Cumbria, sur la côte ouest de l'Angleterre, à une centaine de kilomètre à vol d'oiseau de la côte irlandaise.
Les manifestants, qui scandaient "L'Irlande dit non, le MOX doit partir", jouaient du tambour et dansaient devant les barrières du site lorsque les ouvriers de BNFL sont arrivés le matin.
"Nous sommes ici pour protester contre l'introduction de plutonium dans l'usine de MOX. C'est un seuil car c'est précisément la mise en service de l'unité qui présente un risque pour toute la population irlandaise", a souligné l'un des manifestants, Neil McCann.
Greenpeace a "condamné" cette première étape pour la mise en servicde de l'unité de production. "C'est un recul majeur pour l'environnement et la sécurité mondiale", a estimé Shaun Bernie, de Greenpeace International, dans un communiqué.
La décision de commencer à charger ce matériau nucléaire mortel va augmenter la pollution de l'environnement due au site de Sellafield et accroître les risques pour la sécurité internationale, en matière de terrorisme nucléaire et de prolifération d'armements nucléaires, a ajouté l'organisation.
BNFL, qui est une entreprise publique, a été
condamnée en 2000 à une amende pour ne pas avoir
respecté de nouvelles consignes de sécurité.
Le centre de Sellafield, qui fonctionne depuis 1972, avait déjà
été au centre d'un scandale en mai 1998 au sujet
de la contamination radioactive de conteneurs.
Libération, 4/12/01:
Pour bien faire sentir sa colère à ses voisins, le parti au pouvoir en République d'Irlande s'est offert une pleine page dans la presse britannique. Sous le titre «Fermez Sellafield», l'encart, signé par tous les élus du Fianna Fail, exige l'arrêt de l'usine nucléaire la plus
controversée d'Angleterre. La centrale,
bâtie en 1950 juste en face de l'île verte, n'a jamais
autant divisé les deux pays depuis qu'elle se prépare
à fabriquer du Mox. Ce combustible sera produit à
partir
d'uranium appauvri et d'environ 5 à 7 % de plutonium issus
l'un et l'autre des réacteurs classiques. L'opération,
qui a reçu en octobre l'aval du gouvernement Blair, débutera
le 20 décembre. Cela
permettra à l'entreprise publique British Nuclear Fuels
Liabilities (BNFL) d'écouler une partie de ses immenses
stocks de plutonium.
Par bateau. L'Irlande accuse le Royaume-Uni de vouloir transformer la mer qui les sépare en «autoroute pour matériaux hautement radioactifs». Dublin ne se trouve qu'à 190 kilomètres de Sellafield. BNFL, qui compte vendre son Mox à l'Allemagne, la Suède et la Suisse, le transportera en partie par bateau. Autant de sources d'inquiétude pour un pays dénucléarisé. Une plainte, déposée devant le Tribunal international de droit maritime à Hambourg, a été rejetée hier. Une autre procédure a été engagée auprès de la Cour européenne de justice. Le Premier ministre, Bertie Ahern, parle d'une décision «totalement inappropriée». Outre les risques d'accident, il craint que Sellafield devienne une cible pour les terroristes. «Après le 11 septembre, je m'attendais à ce qu'on accorde plus d'attention à la sécurité», s'est écrié l'un de ses ministres.
La Grande-Bretagne, comme d'autres pays européens, a interdit le survol de ses centrales nucléaires et avait dépêché début novembre des chasseurs au-dessus de Sellafield à la suite d'une fausse alerte. Selon les autorités britanniques, l'usine est conforme aux normes européennes de sécurité. Mais BNFL a été éclaboussé par une série de scandales pour avoir enfreint des règles de sécurité. Son usine de retraitement est encore plus vulnérable que sa consur française de La Hague. «Ses déchets hautement radioactifs sont stockés sous forme liquide dans des citernes. Le risque est donc plus élevé en cas de crash d'avion», dit Yves Marignac, directeur adjoint de la branche française de Wise, agence d'information sur l'énergie.
L'extension de Sellafield est combattue avec autant de virulence par les écologistes. Greenpeace et les Amis de la Terre ont saisi la Haute Cour de Londres. Selon eux, le projet est dangereux et non rentable. «BNFL n'a de promesses de ventes que pour 9,6 % de sa production de Mox des dix prochaines années», dit Mark Johnston, de Greenpeace. British Energy, le rival de BNFL, seule centrale dans le Suffolk capable d'utiliser du Mox en Grande-Bretagne, a refusé à cause du prix. Le combustible coûte trois fois plus cher que l'uranium classique. Le Mox ne résout pas non plus le problème des déchets, selon Yves Marignac. Car l'uranium, une fois consommé, produit à son tour du plutonium.
Un groupe de recherche d'Oxford met en garde contre le danger de prolifération nucléaire. D'après le Dr Frank Barnaby, un étudiant est capable d'extraire du Mox le plutonium nécessaire à la fabrication d'une bombe atomique. «Pourquoi prendre un tel risque? s'interroge Charles Kennedy, leader des libéraux démocrates, dans The Independant on Sunday. Le projet ne sera jamais rentable. Même BNFL ne prétend pas récupérer les 500 millions de livres engloutis» dans la construction de l'usine.
Emplois. Le gouvernement Blair fait valoir
que l'unité de Mox va sauvegarder 1 600 emplois. Le projet
pourrait s'inscrire aussi dans un programme de relance du nucléaire.
Toutes les centrales, à l'exception
de Sizewell B dans le Suffolk, doivent fermer d'ici à 2023.
En janvier, un rapport gouvernemental pourrait recommander le
lancement de quatorze nouveaux réacteurs. Pour sauver la
BNFL de la faillite, l'Etat a annoncé aussi son intention
de prendre à sa charge le coût - 35 milliards de
livres (56 milliards d'euros) - du démantèlement
de son ancien parc nucléaire et le retraitement de ses
déchets. La ministre de l'Industrie, Patricia Hewitt, veut
transférer la facture à une autre compagnie publique
qui sera créée à cet effet. Débarrassé
du fardeau du passé, BNFL pourra alors s'ouvrir aux capitaux
privés.
Par CHRISTOPHE BOLTANSKI
HAMBOURG 3 décembre 2001 - Le Tribunal international de la Mer des Nations Unies a autorisé une extension de la centrale de retraitement de déchets nucléaires de Sellafield, en Grande-Bretagne, rejetant ainsi une requête de l'Irlande contre Londres.
Dans son jugement rendu lundi à son siège de Hambourg, le Tribunal de la Mer a toutefois recommandé aux deux parties de se concerter sur les éventuels risques de l'extension de cette centrale pour la Mer d'Irlande.
Dans cette optique, les deux pays ont jusqu'au 17 décembre pour remettre au Tribunal un rapport sur ces éventuels risques.
Il s'agit de mesures provisoires, en attendant la réunion d'un tribunal d'arbitrage qui se prononcera en début d'année prochaine après avoir entendu les deux parties, a souligné la juridiction.
Le Tribunal a justifié son rejet de la requête irlandaise contre l'extension de la centrale de Sellafield par l'absence d'urgence.
L'organisation écologistes Greenpeace a déploré le verdict rendu par le Tribunal de la Mer. "Cela signifie qu'une contamination radioactive de la mer et de l'environnnement ne sera pas interdite de façon claire", a indiqué dans un communiqué Susanne Ochse, experte en questions énergétiques au sein de Greenpeace.
Le 19 novembre, le tribunal avait annoncé avoir commencé l'examen d'une plainte de l'Irlande contre la décision du Royaume-Uni d'autoriser une extension de la centrale de retraitement de Sellafield, qui est gérée par l'entreprise publique British Nuclear Fuels (BNFL).
Cette extension, qui devrait être lancée autour du 20 décembre, doit permettre le retraitement à Sellafield de MOX (mixed oxides), un mélange de plutonium et d'uranium.
Dublin craint que l'extension de l'usine, inaugurée en 1950, n'entraîne une pollution de la Mer d'Irlande. Sellafield est située sur la côte nord-ouest de la Grande-Bretagne, à quelque 190 km à vol d'oiseau de Dublin.
Le 24 novembre, l'Irlande avait accentué la pression sur Londres avec la publication dans le Times d'une pleine page de publicité du parti du Premier ministre Bertie Ahern, le Fianna Fail, réclamant la fermeture de Sellafield. Publication, fait sans précédent, approuvée par le chef du gouvernement lui-même, dans un communiqué officiel.
Les conditions de fonctionnement de la centrale de Sellafield sont également contestées par les écologistes britanniques, notamment par Les Amis de la Terre et Greenpeace, qui dénoncent des rejets radioactifs supérieurs aux normes autorisées: "La pollution nucléaire de Sellafield contamine les côtes d'Irlande et de nos voisins nordiques, jusqu'en Arctique", avait déclaré récemment Helen Wallace, une responsable de Greenpeace.
Le MOX est un mélange d'uranium appauvri issu du processus d'enrichissement de l'uranium destiné aux centrales nucléaires et de 3% environ de plutonium issu du retraitement des combustibles usés en provenance de ces mêmes centrales.
Composé de 21 juges, le Tribunal international de la Mer des Nations Unies existe depuis 1996. Son siège a été inauguré à Hambourg en juillet 2000. Il est compétent en matière de droit maritime international.
Communiqué de presse du Réseau Sortir du nucléaire (13 novembre 2001)
La compagnie électrique British Energy
annonce son intention de mettre fin au retraitement des déchets
nucléaires British Energy, le plus grand producteur d'électricité
nucléaire britannique vient d'annoncer à plusieurs
journaux britanniques son intention d'arrêter le retraitement
des combustibles usés issus de ses centrales. Cette compagnie
souhaite s'inspirer de son expérience aux USA, où
les déchets sont stockés sur le site même
des centrales, dans l'attente d'être envoyés dans
un centre de stockage définitif. Robin Jeffrey, le président
de la compagnie, estime que le retraitement est une méthode
trop coûteuse pour gérer le combustible usé.
Le stockage sur site serait de 6 à 7 fois moins coûteux
que le retraitement. M. Jeffrey rappelle d'autre part que le stockage
est supérieur au retraitement en termes d'impact sur d'environnement.
Une des conséquences dangereuses du retraitement est qu'il
crée de grandes concentrations en plutonium. Le choix du
retraitement avait été fait en GB il y a plusieurs
années dans l'intention de construire des surgénérateurs,
qui pourraient utiliser ce plutonium comme combustible. Mais ces
projets sont aujourd_hui abandonnés. La compagnie British
Energy, qui produit environ 25 % de l'électricité
britannique, est engagée dans des contrats de retraitement
jusqu'en 2006 avec British Nuclear Fuels (BNFL) qui gère
l'usine de retraitement de Sellafield, homologue anglais de l_usine
de La Hague. Ces contrats avaient été signés
alors que la compagnie n'était pas encore privatisée.
Depuis, le prix de l'électricité pour le consommateur
a baissé de 30 % tandis que les coûts d'exploitation
des déchets ont augmenté de 11 %. Jeffrey estime,
au vue des pertes financière de sa compagnie, qu'ils ne
peuvent plus se permettre une politique de gestion des déchets
aussi coûteuse. Il a menacé de déménager
aux USA le siège de la compagnie si le gouvernement refusait
de leur laisser mener une politique permettant d'accéder
à la rentabilité. Le Réseau "Sortir
du nucléaire" salue cette sage décision de
British Energy de mettre fin au retraitement inutile, dangereux
et coûteux, et souhaite que cette décision influence
EDF dans ce choix primordial pour l'avenir : l'arrêt du
retraitement à La Hague. Il rappelle cependant que le stockage
n'est pas non plus une solution, et que nulle part dans le monde
l'industrie nucléaire n'a de stratégie viable pour
la gestion de ses déchets.
LONDRES, 24 nov 2001 - L'Irlande a accentué samedi la pression sur Londres pour obtenir la fermeture de l'usine nucléaire de Sellafield, avec la publication dans le Times d'une pleine page de publicité du parti du Premier ministre Bertie Ahern, le Fianna Fail, réclamant la fermeture de Sellafield.
"Fermez Sellafield !" réclame la publicité, qui affirme que "Sellafield pose un risque inacceptable et non nécessaire à notre environnement". La publicité est signée de l'ensemble des 110 membres du parlement appartenant au Fianna Fail.
Le Premier ministre irlandais Bertie Ahern a soutenu le geste sans précédent de son parti dans un communiqué.
"Mon parti est le plus important d'Irlande et nous souhaitions indiquer clairement et directement au public britannique combien nous sommes, en Irlande, préoccupés par les dangers auxquels sont exposées les populations de ces îles par les activités actuelles de Sellafield et en particulier par les nouvelles propositions concernant le MOX", un mélande de plutonium et d'uranium, a-t-il dit.
"Nous souhaitons également dire au gouvernement britannique --avec lequel nous entretenons d'excellentes relations-- que sur cette question, nous ferons campagne sans relâche pour empêcher le retraitement du MOX et pour fermer Sellafield --pour notre bien à tous", a dit Bertie Ahern.
L'Irlande milite depuis des années pour la fermeture de l'usine de Sellafield, située sur la côte nord-ouest de la Grande-Bretagne, à quelque 90 km à vol d'oiseau de Dublin.
L'Irlande craint notamment que les activités de l'usine, inaugurée en 1950, entraînent une pollution de la mer d'Irlande. Aux craintes pour l'environnement, s'ajoute désormais la peur d'un acte terroriste, dont les retombées pourraient affecter l'Irlande.
Lundi dernier, le gouvernement irlandais a déposé une plainte devant le Tribunal international de la Mer, à Hambourg (nord de l'Allemagne), contre la décision du Royaume-Uni d'autoriser une expansion de l'usine de retraitement nucléaire de Sellafield.
Cette expansion, qui devrait être officiellement lancée le 20 décembre, doit permettre le retraitement à Sellafield de MOX, un mélange de plutonium et d'uranium.
Les pays nordiques
demandent à la Grande-Bretagne de cesser les rejets radioactifs
LONDRES, 26 juin 2001 - L'organisation écologiste Greenpeace a dénoncé
mardi l'augmentation prévue des rejets de l'usine de retraitement
nucléaire de Sellafield, sur la côte nord-ouest de
l'Angleterre, dévoilée dans des documents officiels
parvenus en sa possession.
Selon Greenpeace, les rejets radioactifs de Sellafield augmenteront
au cours des prochaines années. Ils atteindront un pic
en 2003 et resteront au moins jusqu'en 2008 supérieurs
aux normes autorisées, ajoute l'organisation, citant un
rapport de l'entreprise publique British Nuclear Fuels (BNFL),
qui gère le site de Sellafield, au ministère britannique
de l'Environnement.
Les prévisions ont été confirmées
par l'Agence britannique de l'Environnement, selon le quotidien
Daily Telegraph.
Greenpeace, qui veut distribuer le document lors de la réunion
annuelle cette semaine à Valence de la Commission OSPAR
(Convention européenne pour la protection de l'environnement
de l'Atlantique Nord-Est), affirme que Sellafield "rejette
quelque 8 millions de litres de déchets nucléaires
dans la mer chaque jour".
Le rapport montre que BNFL s'attend à violer la convention
OSPAR, qui prévoit de réduire progressivement les
rejets radioactifs dans l'Atlantique-Nord jusqu'à un niveau
"proche de zéro" en 2020, affirme Greenpeace.
"La pollution nucléaire de Sellafield contamine les
côtes d'Irlande et de nos voisins nordiques, jusqu'en Artique",
a déclaré Helen Wallace, une responsable de Greenpeace
citée par le communiqué.
"Le gouvernement britannique a promis de ne pas être
un mauvais voisin, mais Sellafield prévoit en secret de
déverser encore plus de rejets mortellement radioactifs
dans la mer", a-t-elle ajouté.
LONDRES, 14 juin
2001 - L'Irlande veut poursuivre la Grande-Bretagne
devant une cour européenne pour obtenir plus d'informations
sur une unité de l'usine de retraitement nucléaire
de Sellafield, sur la côte nord-ouest de l'Angleterre, a
annoncé jeudi le ministre irlandais chargé des questions
nucléaires Joe Jacob.
Le gouvernement irlandais veut saisir le tribunal d'arbitrage
de la Convention européenne pour la protection de l'environnement
de l'Atlantique Nord-Est (OSPAR) pour contraindre la Grande-Bretagne
à lui fournir toutes les informations qu'il demande sur
une nouvelle unité de retraitement de MOX (mixed oxydes)
prévue à Sellafield, à quelque 190 km de
Dublin, a précisé le ministre à la radio
RTE.
"Le MOX est un mélange de plutonium et d'uranium et le but de cette unité est de retraiter du combustible nucléaire usé qui est importé d'Europe, du Japon et des Etats-Unis", a souligné M. Jacob.
"Cette matière est tellement dangereuse qu'elle doit être transportée par voie de mer e le produit fini doit être renvoyé de la même façon. Lesrisques son ceux d'un accident en pleine mer, d'actes de piraterie, et de terrorisme", a-t-il ajouté. "L'Irlande est totalement opposée à cette usine".
Le gouvernement anglais doit encore décider s'il autorise la construction de cette unité de traitement du MOX à Sellafield, le centre britannique de retraitement nucléaire qui fonctionne depuis 1972, au centre d'un scandale en mai 1998 au sujet de la contamination radioactive de conteneurs.
L'entreprise publique British Nuclear Fuels (BNFL), qui gère le site de Sellafield, avait en outre été condamnée à une amende en octobre pour ne pas avoir respecté de nouvelles consignes de sécurité.
La société publique était également poursuivie pour n'avoir pas mis en oeuvre des mesures suffisantes pour éviter d'éventuelles fuites de certains conteneurs de matières radioactives ou pour répertorier ces conteneurs scellés.
OSLO, 8 mai 2001 - Le
ministère norvégien des Affaires étrangères
a annoncé avoir convoqué lundi "à un
haut niveau" un représentant de l'ambassade de Grande-Bretagne
à Oslo pour lui exprimer "son inquiétude concernant
tout particulièrement les quantités croissantes
de Technetium-99 radioactif" détectées depuis
1994 sur les côtes norvégiennes.
Ce produit se retrouve de plus en plus fréquemment sur
le littoral du royaume scandinave, notamment dans le varech, le
goémon et les homards, indique un communiqué du
ministère des Affaires étrangères.
"Dans ce contexte, nous avons signifié la nécessité
d'une réduction de ces rejets aussi rapide que possible",
précise le communiqué, qui ajoute que plusieurs
lettres de protestation émanant de collectivités
locales et d'organisations de défense de l'environnement
avaient par la même occasion été remises au
diplomate britannique.
Le Monde, 22 février
1986:
[Les remarques entre crochets sont d'Infonucléaire]
De notre correspondant
Londres. - Au lendemain d'une nouvelle fuite, le gouvernement
britannique a dû se résigner à annoncer, le
19 février, la création d'une commission d'enquête
sur le fonctionnement du Centre de retraitement des déchets
nucléaires de Sellafield (ex-Windscale), situé sur
la côte du Cumberland, dans le nord-ouest de l'Angleterre.
Cette décision fait suite à la révélation
en moins de cinq semaines de trois incidents graves, au cours
desquels d'importantes quantités de substances radioactives
se sont échappées, soit en mer d'Irlande, soit à
l'intérieur des installations, contaminant plusieurs employés
(sans que leur santé soit menacée, selon la direction).
Les défaillances du complexe de Sellafield étant
tristement célèbres depuis bientôt trois décennies,
c'était la moindre mesure que puisse prendre le gouvernement
de Mme Thatcher pour tenter d'apaiser l'inquiétude grandissante
dans l'opinion publique, et essayer de faire pièce aux
protestations de l'opposition et des mouvements écologistes,
qui réclament la fermeture provisoire de l'usine.
Le dernier incident s'est produit le 18 février :
une canalisation s'est rompue, et des eaux "faiblement
radioactives", d'après l'administration, se sont
répandues dans un fossé.
Le 23 janvier, après une fausse manoeuvre, une demi-tonne d'uranium a été
lâchée en mer. Le 5 février,
un nuage de nitrate de
plutonium s'est dispersé [1/1 000
000 ème de gr de plutonium inhalé suffit à
provoquer un cancer] dans
l'un des halls du centre (le Monde du
7 février).
De sévères critiques
A cette occasion, la direction de British
Nuclear Fuels Limited (BNFL), équivalent de la Compagnie
générale des matières nucléaires (COGEMA)
en France, a donné de nouveau l'impression de minimiser
systématiquement la gravité des événements;
ce qu'on lui reproche depuis longtemps, et qui ne fait que renforcer
les appréhensions. BNFL
a d'abord fait savoir que seulement trois membres du personnel
avaient été affectés, avant de reconnaître
quelques jours plus tard que onze personnes avaient été
soumises à des radiations, l'une d'entre elles à
un niveau alarmant.
Les critiques de l'attitude de BNFL sont d'autant plus sévères
qu'au même moment un ancien ingénieur de Sellafield
a contesté l'exactitude des données sur lesquelles
s'était fondée une précédente commission
d'enquête. Celle-ci, dans un rapport publié en 1985,
avait indiqué qu'il n'y avait aucun lien évident
entre la multiplication
anormale des cas de leucémie parmi les enfants de la région
et les diverses fuites ou émanations accidentelles survenues
au centre de Sellafield depuis sa création, au début
des années 50. Selon
l'ingénieur, 20 kilos d'uranium se seraient dispersés
dans l'atmosphère de 1952 à 1955, et non pas 400
grammes comme l'avait indiqué la direction à la
commission.
BNFL a toujours affirmé que sa responsabilité n'avait
pas lieu d'être engagée. Mais l'administration, n'en
a pas moins ensuite indemnisé une douzaine de familles
dont les membres avaient été victimes de cancers.
Une attitude apparemment contradictoire, de nature à alimenter
davantage les soupçons.
A cause de cette affaire, et parce que des plages polluées,
aux abords de Sellafield, ont été interdites au
public, une vaste campagne s'était déjà développée
fin 1983, et début 1984, orchestrée notamment par
le mouvement Greenpeace (le Monde du 8 novembre 1983).
A cette époque, des
investigations menées par l'hebdomadaire Observer,
avaient révélé qu'en trente ans plus de trois
cents incidents s'étaient produits à Sellafield.
La réputation du centre est si mauvaise que BNFL a préféré
rebaptiser récemment l'endroit. Mais le nom de Sellafield
paraît aussi sinistre que celui de Windscale, attribué
précédemment à l'usine.
Bien que le sommet ait pour objet la situation en Ulster, le premier
ministre irlandais a tenu à mettre Sellafield en tête
de l'ordre du jour de sa rencontre à Londres avec Mme Thatcher,
le 19 février. Le gouvernement de Dublin s'inquiète
depuis des années du rejet régulier en mer d'Irlande
d'une partie des déchets de Sellafield. M. Garret FitzGerald
a, encore une fois, demandé l'organisation d'un contrôle
sous l'autorité de la CEE. Mme Thatcher s'oppose à
cette requête, mais la démarche de M. FitzGerald
n'est certainement pas étrangère à la décision
prise par le cabinet britannique de désigner une nouvelle
commission.
Les critiques concernant Sellafield rejoignent celles qui portent
sur l'état de l'ensemble du programme nucléaire
civil de la Grande-Bretagne. Les gouvernements britanniques ayant
longtemps préféré le maintien de l'utilisation
du charbon ou le développement de l'emploi du pétrole
de la mer du Nord, la part du nucléaire pour la production
d'électricité au Royaume-Uni n'est que de 19%. Le
pays se situe ainsi loin derrière la France, la Belgique,
la RFA et même l'Espagne. Résultat la production
est insuffisante, et le coût du kilowatt est, en Grande-Bretagne,
l'un des plus élevés d'Europe. Londres a dû
conclure un accord avec Paris pour la fourniture de courant au
moyen d'un câble installé sous la Manche, l'an dernier.
FRANCIS CORNU