25/05/2005 - En
septembre dernier, dans le cadre des accords internationaux sur
le désarmement nucléaire, Areva avait annoncé
que le groupe était sur le point de fabriquer quatre assemblages-tests
de combustibles Mox
à partir d'échantillons de plutonium d'origine militaire,
pour le compte du gouvernement américain, afin d'éliminer
les stocks de plutonium excédentaires. Aujourd'hui une
nouvelle étape de ce programme vient d'être franchie.
En effet Duke Power vient d'annoncer que les quatre assemblages
combustibles MOX de démonstration fabriqués en France
par Areva ont été livrés à la centrale
nucléaire de Catawba. L'autorité de sûreté
américaine, la Nuclear Regulatory Commission (NRC), a par
ailleurs annoncé qu'elle avait autorisé la construction
de l'usine de fabrication de combustible MOX de Savannah River.
Les enjeux de ce projet sont primordiaux. Le Département
américain de l'Energie le considère d'ailleurs comme
"le programme de non-prolifération le plus vaste de
l'histoire". Duke Cogema, filiale à 100% d'Areva et
Stone & Webster pour construire l'usine de fabrication de
MOX sur le site de Savannah River en Caroline du Sud. Propriété
du Département américain de l'Energie, l'usine sera
exploitée par DCS.
23/03/2005 - Le
bateau transportant quatre assemblages de combustible civil Mox fabriqué
à partir de plutonium militaire américain doit quitter
le port de Cherbourg vers 4H00 du matin, à destination
des Etats-unis, a-t-on appris mercredi soir auprès de la
Cogéma. Le chargement des assemblages sur le "Pacific
Pintail", à quai dans le port de Cherbourg, était
en voie d'achèvement peu après minuit. Une série
de procédures de contrôle était encore prévue
avant le départ du bateau, annoncé vers 4H00, a
expliqué Henri-Jacques Neau, directeur des relations extérieures
de Cogema Logistique.
Le bateau, qui va voyager en compagnie du Pacific Teal, sous protection
mutuelle, est attendu dans deux semaines à Charleston (Caroline
du Nord). Une vingtaine de commandos britanniques, spécialisé
dans l'escorte de combustible nucléaire, se trouvent à
bord. Deux camions transportant les assemblages de combustible
avaient quitté vers 21h30 l'usine de retraitement de la
Hague sous escorte, pour se rendre vers le port de Cherbourg.
Cherbourg (22/03/2005) - Le convoi de plutonium militaire retraité en
Mox (Mixed Oxyde)
a quitté mardi soir l'usine de retraitement de La Hague
(Manche) pour Cherbourg, apprend-on auprès de la Cogema.
Les quatre assemblages de 500 kg chacun, à destination
finale des Etats-Unis, sont attendus dans la soirée à
Cherbourg, où il doit être transbordé sur
l'un d'un deux navires, Pacific Pintail ou Pacific Teal, a-t-on
précisé de même source. Les nombreuses forces
de police et les CRS présents mardi soir à Cherbourg,
ainsi que le déploiement de plusieurs hélicoptères,
semblaient témoigner d'un embarquement prochain.
Les 140 kg de plutonium militaire américain débarqués
sous forme d'oxyde à Cherbourg en octobre 2004 ont été
"broyés, homogénéisés, cuits
et conditionnés sous forme de crayons" à Cadarache
(Bouches-du-Rhône), a expliqué la Cogema. Dans l'usine
Melox de Marcoule (Gard), les crayons ont été
ensuite reliés entre eux pour former des assemblages de
Mox (mélange d'oxyde d'uranium et de plutonium). Les quatre
assemblages faisant l'objet du contrat avec les Américains
partiront avec des excédents de matières pour la
centrale nucléaire de Catawba (Caroline du nord) pour l'électricien
Duke Power.
Ce contrat ne sera pas forcément renouvelé, a-t-on
expliqué à la Cogema car les Américains,
en association avec Areva, devraient construire une usine de transformation
de plutonium en Mox à Savanah River (Caroline du sud). Cette usine
devrait permettre le recyclage d'environ 32 tonnes de plutonium,
ce qui pourrait prendre une dizaine d'années. Lundi, le tribunal de grande
instance de Cherbourg a enjoint les écologistes de Greenpeace
et un regroupement d'associations, le réseau "Sortir
du nucléaire", de ne pas s'approcher du convoi à
moins de 100 mètres sur terre et de 500 mètres sur
mer, sous astreinte de 75.000 euros par infraction. Yannick Rousselet,
responsable de la campagne antinucléaire de l'organisation
écologiste, s'est refusé à préciser
les intentions des militants de Greenpeace. "75.000 euros
d'amende par infraction, c'est très cher. On ne peut pas
y aller pour peu de choses", a-t-il simplement dit.
CHERBOURG (16 mars 2005) - Les quatre assemblages de combustibles Mox issus du plutonium militaire américain retraités à l'usine Melox de Marcoule (Gard) ont rejoint mardi soir l'usine de La Hague (Manche) d'où ils ne repartiront qu'au printemps prochain, a-t-on appris auprès de la Cogéma.
Les 140kg de poudre d'oxyde de plutonium militaire américain partis le 20 septembre 2004 de Charleston (Caroline du Sud) étaient arrivés début octobre dernier à Cherbourg (Manche) avant de rejoindre l'usine de La Hague pour y être conditionnés pour prendre la route à destination de l'usine de Cadarache (Bouches-du-Rhône) où ils ont été retraités.
Après traitement, le MOX avait rejoint l'usine Mélox d'où il est parti dans la nuit de lundi à mardi. Les assemblages vont dans les prochains jours être transférés de leur emballage de transport routier dans un conteneur de transport maritime pour être acheminés vers les Etats-Unis.
Les quatre assemblages fabriqués en France seront chargés dans la centrale nucléaire de Catawba (Caroline du Nord), exploitée par l'électricien Duke Power.
Greenpeace France, 08/03/2005 :
En octobre dernier, 140 kilogrammes de plutonium, issus d'armes nucléaires américaine, transitaient à travers la France sous une énorme protection militaire et policière. A cette époque, les déclarations d'Areva/Cogema et des autorités tant françaises qu'américaines annonçaient une fin de fabrication et un retour de cette matière, sous forme de Mox, vers le port de Cherbourg : "fin janvier, début février". Nous sommes maintenant en mars et aucun nouveau transfert n'a eu lieu. Areva rencontrerait-elle des difficultés de fabrication dans son usine Melox de Marcoule (Gard) ? Sur le terrain, les faits et les témoignages vont dans ce sens.
Quid du planning initial ?
Dans l'ensemble des document publics de la NRC (autorité
de sûreté américaine) ou de Areva, il est
stipulé que la production des "pastilles" et
"crayons" de combustible à Cadarache, demanderait
trois mois de travail. La fabrication des "assemblages"
dans l'usine de Melox demandant un mois. On peut lire également
que le départ vers les Etats Unis doit avoir lieu "début
2005". Lors de l'arrivée à Cherbourg les portes
paroles d'Areva et des autorités ont annoncé (citations
reprises par de nombreux organes de presse) un délai de
quatre mois de fabrication et un retour de ce Mox prévu
fin janvier/début février. De fait, la fabrication
des pastilles et crayons à Cadarache a duré environ
trois mois et la fabrication des assemblages à Melox, confirmée
par Areva elle-même, a commencé le 18 janvier et
aurait donc dû, au regard de la production moyenne habituelle
de Melox, être terminée autour du 18 février.
Au vu de la nécessité d'introduire ces assemblages
lors de l'arrêt du réacteur de Catawaba (Caroline
du Sud) initialement prévu en avril (apparemment décalé
de trois semaine maximum), en calculant les délais de transports
nécessaire, qu'ils soit routiers ou maritimes, une période
d'environ trois à quatre semaine est nécessaire
au transfert. Le départ de France doit donc avoir lieu
en mars.
Où en-est-on aujourd'hui ?
Lors de la conférence de presse organisée par Areva
à l'occasion de l'escale d'un navire nucléaire à
Cherbourg, le 17 février dernier, la presse a interrogé
Areva sur ces questions. La responsable des relations publiques
de l'industriel français a répondu alors que le
transfert vers La Hague n'aurait pas lieu avant... "la deuxième
moitié d'avril". Lors de la même journée
un responsable de Cogema Logistics allait jusqu'à dire
que ce transport n'aurait pas lieu "avant la fin du premier
semestre" ajoutant, auprès d'une autre source, que
"fin juin" serait probable. Deux analyses intéressantes
peuvent donc être faites de ces déclarations : ces
deux sources manquent de cohérence sur leur communication
(alors que sur un sujet aussi sensible, les citoyens sont en droit
d'attendre de la part des responsables un discours clair et cohérent)
et les délais annoncés ne correspondent absolument
plus au planning annoncé il y a quelques mois. Plus grave,
cette annonce est incohérente avec le fait que ce Mox doit
être chargé pendant l'arrêt programmé
du réacteur de Catawaba. S'interrogeant sur ces problèmes
de délais, Greenpeace a mené sa propre enquête
en s'informant auprès de différentes sources proches
du dossier : des éléments concordants montrent que,
visiblement, Areva connaît des difficultés techniques
pour assurer la fabrication du Mox.
Des difficultés chroniques dans la
fabrication du Mox :
depuis toujours et malgré les propos lénifiants
de l'industrie, la fabrication du Mox a posé des problèmes
avoués ou inavoués.
1 - Lors de la fabrication de nombreux ratés ont lieu,
des "rebuts" et déchets sont créés
(plus de 8% en 1999), une partie est réintroduite dans
le processus de fabrication, mais des centaines de kilos de matière
fissiles sont retournées vers l'usine de La Hague. Rappelons
que pour le plutonium américain il est prévu de
renvoyer deux assemblage "ratés" pour quatre
"réussis", Areva oublie souvent de communiquer
sur cet élément important (voir Mox quality Report).
2 - La presse spécialisée rapportait ainsi le 12
janvier 2005 des propos de Mr Juergen Krellman, directeur "Recycling
usines unit" d'Areva où il avouait que lors de la
fabrication des crayons à Cadarache "quelques problèmes"
ont été rencontrés. Raison évoquée
: l'aspect prototype de ce projet.
3 - Ces problèmes sont connus. Ils concernent l'homogénéité
des pastilles de combustibles, sont récurrents et, plus
grave, sont à la base... des falsifications des relevé
de contrôles des combustibles Mox qui avaient été
expédiés vers le Japon et qui de ce fait n'ont jamais
été chargés dans les réacteurs nippons.
Conséquences : le démarrage de l'utilisation du
Mox au Japon a été totalement remis en cause.
Une situation ubuesque :
Alors que depuis plusieurs années, les responsable de Melox
ont annoncé que la quantité de "rebuts"
diminuerait en permanence pour finalement être nulle avant
la fin 2000, les équipes de Greenpeace en surveillance
près de l'usine et sur le parcours des camions de plutonium
(contenant à la fois du Mox et des rebuts) ont pu constater,
au contraire, une hausse du trafic de camions remplis de rebuts
retournant vers l'usine de La Hague. Greenpeace n'est pas la seule
à s'inquiéter de cette situation puisque la DGSNR
(Direction Générales de la Sûreté Nucléaire
et de la Radioprotection, organisme de l'état français)
a mis Areva en demeure dans une lettre du 10 février 2005,
de s'expliquer sur l'augmentation des déchets à
destination de La Hague. Greenpeace demande donc à Areva
de sortir de son insupportable silence pour répondre à
des questions simples qui concernent la sécurité
et la santé de l'ensemble des citoyens français
:
- Quelle est réellement la situation
dans l'usine de Melox et quelles sont les difficultés rencontrées
pour assurer la fabrication du Mox ?
- Quand le transfert de Mox, annoncé pour fin janvier/début
février, aura t-il enfin lieu ?
- Pourquoi, dans son soucis de "transparence" légendaire,
Areva ne publiera-t'elle pas très prochainement un calendrier
prévisionnel de ce transfert afin d'informer élus
et populations sur le trajet de ce convoi à haut risque
?
"Areva ne peut plus berner l'opinion avec son programme pour la paix. Elle doit d'abord répondre à des questions simples et légitimes sur ses propres capacités avant de vouloir donner des leçons. En outre, aux USA et en Russie les difficultés s'accumulent. D'un point de vue financier bien entendu mais également, d'un point de vue social : un récent sondage a montré que 83% de la population s'oppose à la création d'une usine de Mox à Tomsk en Sibérie", rappelle Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace France. "Il faut immobiliser ce plutonium et le noyer dans des déchets de très haute activité et prohiber son transport où sa réutilisation qui contribuent à la prolifération nucléaire mondiale. Chaque année, Areva produit l'équivalent de deux bombes de la puissance de Nagasaki par jour."
SAINT-PAUL-LES-DURANCE (8 octobre 2004) - Le convoi susceptible de transporter le plutonium militaire américain, parti jeudi matin de La Hague, est arrivé vendredi vers 02H00 (00H00 GMT) sur le site de Cadarache (sud-est), où cet échantillon nucléaire de 140 kilos doit être recyclé en combustible civil, a-t-on appris de source proche du dispositif de sécurité.Le poids-lourds, directement précédé et suivi de deux véhicules de la gendarmerie, a traversé la France sur un parcours de 1.200 km, en traversant les villes de Rennes, Nantes, Toulouse et Montpellier en direction de Bordeaux, selon des journalistes de l'AFP et des militants de l'organisation écologiste Greenpeace. Précédant le convoi, d'autres véhicules de gendarmerie et de police ouvraient la voie. Des voitures banalisées des forces de l'ordre accompagnent également le poids lourd. Le plutonium sera retraité au site de la Cogema à Cadarache, avant une ultime opération à l'usine de cette société à Marcoule (Gard).
Greenpeace, 08 Octobre 2004:
Prochain transport de plutonium entre La Hague et le Sud :
mardi prochain 12 Octobre ?
BORDEAUX (7 octobre 2004) - Un convoi soupçonné de transporter le
plutonium militaire américain arrivé mercredi à
Cherbourg est passé jeudi à 15h45 par la commune
de Bègles (Gironde) en empruntant la rocade bordelaise
A630, malgré l'arrêté municipal d'interdiction
qui avait été pris symboliquement par le député-maire
Vert de la commune Noël Mamère.
Ce dernier, accompagné d'une cinquantaine de militants
des Verts, de Greenpeace et du réseau Sortir du nucléaire,
a manifesté sur un pont enjambant la rocade au moment où
passait le convoi escorté par une demi-douzaine de motards
et de très nombreux cars de la gendarmerie. Le convoi a
ensuite pris la direction de Toulouse par l'A62. "Mon arrêté
était symbolique", le convoi passant sur une voie
nationale, a reconnu Noël Mamère. "C'est une
démarche politique pour alerter la population des dangers
qu'on lui fait courir", a-t-il expliqué, dénonçant
"la militarisation de la société".
Le convoi a quitté jeudi matin l'usine de Cogema de retraitement
de La Hague (Manche). S'il transporte effectivement le plutonium,
il devrait rallier d'ici deux jours Cadarache (Bouches-du-Rhône)
où la matériau radioactif doit être retraité.
Selon Patrick Maupin, porte-parole de Greenpeace en Gironde, il
n'est pas possible d'être certain à 100% que ce convoi
n'est pas un leurre, mais les autres équipes de Greenpeace
postées sur les différents itinéraires possibles
depuis la sortie de l'usine de La Hague n'ont pas remarqué
d'autre convoi. Greenpeace appelle à un rassemblement de
protestation samedi après-midi sur la rocade bordelaise.
07/10/04 - Un
convoi, susceptible de transporter le plutonium militaire américain
arrivé mercredi en France pour être retraité
à Cadarache (Bouches-du Rhône) a pris la route tôt
jeudi matin depuis l'usine de La Hague (Manche), entouré
d'un imposant dispositif de sécurité. Un poids lourd,
de couleur blanche et surmonté de gyrophares, précédé
de deux véhicules de gendarmerie et suivi par deux autres,
a traversé le département de la Manche dans la nuit,
jusque Caen. Il a ensuite pris l'autoroute en direction de Rennes
et marqué une pause peu avant 07h00 sur une aire d'autoroute,
à une trentaine de kilomètres de Caen, selon une
journaliste de l'AFP. De très nombreux policiers et gendarmes
étaient présents sur cette aire de repos. Précédant
le convoi, d'autres véhicules de gendarmerie et de police
ouvrent la voie. Des voitures banalisées des forces de
l'ordre accompagnent également le poids lourd. D'importantes
forces de police et de gendarmerie ont en outre été
déployées le long du parcours emprunté par
le convoi. Policiers et gendarmes sont positionnés à
toutes les intersections, sur les ponts et dans les tunnels. Interrogée
la Cogema, société propriétaire de l'usine
de La Hague, s'est refusée à tout commentaire sur
la nature de la cargaison du convoi qui a quitté l'usine
à 04h15. L'itinéraire du convoi jusque Cadarache
est tenu secret par les autorités.
Liberation, jeudi 07 octobre 2004:
Comment l'Amérique s'est convertie au retraitement «à
la française» (ce
qui est faux)
Mardi 05 octobre 2004:
Greenpeace bloque la route du convoi de plutonium entre Cherbourg
et La Hague
03/10/04 - Une dizaine des bateaux d'opposants au transport de plutonium militaire américain attendu prochainement au port de Cherbourg (Manche), sont sortis dimanche matin dans la rade, et un a été arraisonné par la gendarmerie maritime. Le navigateur Eugène Riguidel se trouvait à bord du voilier arraisonné, pour être entré dans la zone militaire de l'arsenal. La flottille était composée de particuliers sensibles à la cause des anti-nucléaires, de membres de l'association écologiste Greenpeace, de membres du Réseau Sortir du Nucléaire, mais aussi de membres d'une flottille anti-nucléaire constituée en Irlande. Trois canots pneumatiques de la gendarmerie nationale étaient sur place. L'ensemble des informations dont nous disposons nous laissent penser que le plutonium arrivera dans la nuit de lundi à mardi", a estimé dimanche matin Yannick Rousselet, porte-parole de Greenpeace à Cherbourg, alors qu'aucune information n'était donnée du côté des autorités locales.
02/10/04 - Le député-maire (Verts) de Bègles Noël Mamère s'est rendu samedi à Cherbourg (Manche) pour soutenir les associations écologistes et anti-nucléaires qui luttent contre l'arrivée prochaine par ce port de plutonium militaire américain. Au cours d'une conférence de presse, Noël Mamère a dénoncé le "déficit démocratique du pays" concernant la question du nucléaire et a qualifié le système français de "très opaque" sur cette question. Il s'est prononcé "pour que la transparence prime sur l'opacité" et "pour que notre avenir ne se joue pas dans notre dos". Il a par ailleurs dénoncé "le lobbying nucléaire" responsable de la faible mobilisation des Français sur ce thème. La conférence de presse avait lieu face à la rade de Cherbourg, sur la route qui mène à la centrale nucléaire de La Hague, là où Greenpeace s'est installé depuis jeudi pour attendre le convoi transportant quelque 140 kg de plutonium militaire américain à destination de Cadarache (Bouches-du-Rhône). Une vingtaine d'activistes anti-nucléaires étaient présents, parmi lesquels des représentants du Réseau sortir du nucléaire, de Greenpeace, de la Confédération paysanne, ainsi que d'une association américaine anti-nucléaire de Charleston (Caroline du sud), d'où est parti le plutonium. Les anti-nucléaires ont reçu dans la matinée le porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) Alain Krivine, qui leur a apporté son soutien. La poudre d'oxyde de plutonium transportée par deux navires britanniques, partis le 20 septembre de Charleston, est attendue d'ici le milieu de semaine prochaine à l'arsenal de Cherbourg, a précisé Yannick Rousselet, porte-parole de Greenpeace à Cherbourg, qui a qualifié les deux bateaux de "bateaux fantômes, impossibles à localiser pour le moment", malgré la présence de nombreux hélicoptères et de l'Esperanza, le bateau de Greenpeace, parti à la rencontre du convoi américain.
CHERBOURG, Manche 02/10/2004 - Les écologistes de Greenpeace et des militants
antinucléaires ont pris position samedi à Cherbourg
dans l'attente de deux bateaux chargé de 140 kilogrammes
de plutonium militaire américain, attendus probablement
au cours du week-end. Les deux bateaux, le Pacific-Teal et le
Pacific-Pintail, de la compagnie britannique PNTL (Pacific Nucléair
Transport Ltd), ont quitté le 20 septembre Charleston,
en Caroline du Nord, à destination du port français.
Les écologistes se sont regroupés et ont installé
une tente d'exposition et du matériel de protestation (bidons,
banderoles) à Equeurdreville, non loin de Cherbourg, sur
la route que devrait emprunter le convoi nucléaire. La
cargaison fera étape à La Hague pour être
reconditionnée avant de gagner sa destination finale à
Cadarache (Bouches-du-Rhône) où il doit être
converti en Mox,
un mélange d'oxyde d'uranium et de plutonium. Les militants
de Greenpeace pariaient sur une arrivée pendant le week-end
des bateaux qui, selon eux, devraient être déchargés
de leur poudre de plutonium dans l'enceinte de l'arsenal militaire.
Samedi, ils n'avaient cependant pas pu encore les détecter
visuellement au moyen de l'hélicoptère qu'ils ont
affrété ou de leur bateau, l'Esperanza. Greenpeace,
qui n'entend pas s'opposer au cheminement du convoi, veut cependant
multiplier les actions de protestation et de communication contre
un transport dont l'association juge qu'il fait courir "des
risques inacceptables à l'environnement et aux populations".
"SECRET DEFENSE"
Des soutiens et encouragements divers se sont multipliés
à Equeurdreville samedi, avec notamment la venue d'Alain
Krivine, porte-parole de la LCR, de responsables de la Confédération
paysanne, du réseau "Sortir du nucléaire",
et même d'une Américaine, Merrill Chapman, membre
de l'association "les citoyens de Charleston". Le député-maire
de Bègles Noël Mamère (Vert) qui, la veille,
a signé un arrêté interdisant le passage de
plutonium dans sa commune a dénoncé à Equeurdreville,
"la dictature des experts et des castes d'Etat" qui
aboutit au développement du tout-nucléaire alors
que, déplore-t-il, "la politique énergétique
du pays n'a pas été débattue par les représentants
du peuple". Il a également critiqué la parution
d'un arrêté imposant le "secret défense"
sur les informations relatives aux transports de déchets
nucléaires et a affirmé vouloir continuer à
se battre pour que "la transparence prime l'opacité".
Il a justifié son opposition au traitement de déchets
américains par l'existence d'un "principe de proximité"
qui veut que "quand on produit des déchets, on les
traite sur place". A Alain Krivine qui, en matinée,
s'enquérait des moyens de protection terrestre du convoi,
Yannick Rousselet, chargé de la campagne nucléaire
à Greeenpeace France, a détaillé des forces
impressionnantes. Selon lui, autour du ou des camions chargé(s)
des 140 kg de matières fissiles, il devrait y avoir "trois
escadrons de gendarmerie mobile, deux compagnies de CRS et des
hommes du GIPN". L'opération de transport de ces produits
entre "dans le cadre du programme de désarmement nucléaire
"Mox fo Peace", indique pour sa part un communiqué
d'Areva. Il a pour but "d'éliminer les stocks de plutonium
américains excédentaires issus de la guerre froide,
en les recyclant comme combustibles civils dans des centrales
nucléaires." Dans un communiqué, la CGT de
la Cogema souligne de son côté "l'effarante
contradiction des antinucléaires" et demande : "Comment
peut-on s'opposer aux armes nucléaires et à leur
destruction"? Selon la législation internationale,
les seuls modes de transport pouvant être utilisés
pour convoyer des matières fissiles sont les bateaux et
les camions.
[A propos du "Secret défense" : Reporters Sans Frontières, Greenpeace et la CRIIRAD saisissent le conseil d'Etat afin d'obtenir l'abrogation de l'arrêté "Secret défense" du 24 juillet 2003 (voir: Des peines d'amendes requises et "L'arroseur arrosé"). Pétition nationale pour l'abrogation de l'arrêté "Secret défense" pour défendre le droit à l'information sur le nucléaire et ses dangers (voir le gouvernement "précise" ses intentions).]
02/10/04 - L'organisation de défense de l'environnement Greenpeace a annoncé samedi qu'elle avait posté un bateau au large des côtes britanniques pour surveiller l'arrivée en France en provenance des Etats-Unis de deux bateaux chargés de plutonium à usage militaire. Un porte-parole de Greenpeace, Shaun Burnie, a déclaré que son organisation pourrait identifier les deux bateaux et alerter les organisations françaises de défense de l'environnement pour qu'elles organisent des manifestations, bloquent des routes et empêchent le chargement des bateaux de parvenir aux usines de retraitement. Il a ajouté que les deux bateaux chargés de déchets nucléaires devaient à l'origine arriver samedi soir à Cherbourg mais qu'il n'était pas sûr du moment exact auquel ils seront à quai. Le bateau de Greenpeace MV Esperanza a jeté l'ancre au sud de Weymouth (Dorset). Greenpeace a également des membres à Cherbourg qui attendent l'arrivée du bateau. Les bateaux pourraient passer à environ 25 kilomètres au large de la Cornouaille. Le bateau de Greenpeace est posté entre Guernesey et Start Point.
02/10/2004 - Le
député-maire Vert de Bègles (Gironde) a pris
vendredi un arrêté municipal interdisant à
partir du 1er octobre «le passage et le transit des convois
routiers de matières nucléaires» sur sa commune.
Le Figaro, 01/10/2004 :
Le plan de bataille des écologistes contre le plutonium
américain
BORDEAUX, 1er octobre - Le réseau "Sortir du nucléaire" a demandé vendredi aux maires des communes situées sur l'un des itinéraires que pourraient emprunter les camions transportant du plutonium militaire américain de Cherbourg (Manche) à Cadarache (Bouches-du-Rhône) à prendre des arrêtés municipaux interdisant leur passage. Le député-maire Vert de Bègles (Gironde), Noël Mamère, dont la commune se trouve selon "Sortir du nucléaire" sur l'un des quatre itinéraires possibles, a d'ores et déjà décidé de prendre un tel arrêté. Il devait tenir une conférence de presse vendredi après-midi. "Il s'agit de demander à ces maires de prendre en urgence des arrêtés municipaux interdisant le passage sur leur commune de tels transports routiers", a indiqué le porte-parole du réseau, Stéphane Lhomme. "Tout est possible, un accident, un attentat, qui auraient des conséquences dramatiques", a-t-il précisé. Dans la lettre adressée aux maires concernés, "Sortir du nucléaire" souligne qu'en prenant un tel arrêté, "vous protégerez vos administrés et peut-être beaucoup d'autres citoyens si le transport de plutonium est rendu impossible: nous comptons sur la mobilisation de nombreux maires de communes situées sur les parcours potentiels des camions de plutonium". Le plutonium acheminé par bateau vers la France, et dont l'arrivée est prévue peut-être ce week-end à Cherbourg, doit être conditionné par la société Areva dans l'Atelier de plutonium de Cadarache, appelé "INB n°32". Noël Mamère avait déjà pris un arrêté le 18 décembre dernier visant à interdire la circulation des trains transportant des déchets nucléaires vers le centre de retraitement de La Hague (Manche) en provenance de la centrale du Blayais, dans le nord du département de la Gironde. Cet arrêté avait été annulé le 7 janvier par le tribunal administratif de Bordeaux saisi par le préfet de la Gironde, la circulation des trains étant une prérogative de l'Etat, ce qui n'est pas le cas des transports routiers. Jeudi, "Sortir du nucléaire", par l'intermédiaire de "Tchernoblaye", l'une des 695 associations qui composent le réseau, a saisi le Conseil d'Etat pour faire interdire le traitement du plutonium dans une installation de Cadarache fermée en août 2003 par l'Autorité de sûreté nucléaire en raison de son "inadaptation au risque sismique".
Libération, 01/10/2004
En dévoilant des informations relatives
au transport de matières nucléaires, Greenpeace
ne court-il pas le risque d'être poursuivi pour violation
du label confidentiel défense ? L'arrêté du
24 juillet 2003 a en effet classé secret défense
les informations concernant toutes les matières nucléaires,
leur transport et leurs installations. Cette mesure, prise par
le haut fonctionnaire de défense du ministère de
l'Industrie, Didier Lallemand, visait alors Greenpeace, la publication
par l'association écologiste des trajets et horaires des
convois de plutonium traversant régulièrement la
France étant jugée irresponsable dans le contexte
terroriste de l'après-11 Septembre.
En continuant à mener bataille sur ce terrain à
propos du plutonium américain, l'ONG encourt des peines
sévères : toute violation de cette réglementation
est en effet passible de 75000 euros d'amende et cinq ans de prison.
«Toutes les informations sur lesquelles nous communiquons
sont publiques : elles sont accessibles sur les sites Web d'Areva,
de l'IRSN (NDLR : Institut de radioprotection et de sûreté
nucléaires) ou de l'Autorité de sûreté
nucléaire, rétorque Yannick Jadot, directeur de
campagne nucléaire chez Greenpeace France. Quant aux photos
des convois au bord de l'autoroute ou s'arrêtant à
une station-service à côté d'un camion-citerne,
n'importe qui peut les prendre comme nous.»
Dont acte. Il n'en demeure pas moins que le haut fonctionnaire
de défense Didier Lallemand, interrogé par Le Figaro,
ne cache pas son agacement : «Même si Greenpeace donne
des informations très partielles, celles-ci risquent de
gêner la sécurité et je trouve cela dommageable.
Ils n'ont pas besoin, pour défendre leur cause, de communiquer
les horaires et trajets des convois. Cela ne renforce en rien
le combat qu'ils mènent. D'autant que nous poursuivons
un but commun : nous battre contre la prolifération.»
Didier Lallemand a fait part de ses inquiétudes au procureur
de la République, seul juge de l'opportunité des
poursuites. Et de préciser : «Une procédure
ne sera pas pour autant engagée. Je ne crois pas qu'elle
soit à l'ordre du jour.» Pour l'heure.
Greenpeace France, lundi 27 septembre 2004:
Un navire de Greenpeace, l'Esperanza, devance le transport
de plutonium américain au port de Cherbourg
Journal Du Dimanche, 26/09/2004 :
L'atome US débarque en France
La Presse de la Manche, 26/09/2004 :
Sortir du nucléaire manifeste contre le plutonium américain
25/09/2004 - Entre
200 et 300 manifestants anti-nucléaire ont protesté
samedi après-midi à Cadarache (Bouches-du-Rhône),
devant le centre de recherches du Commissariat à l'énergie
atomique (CEA), contre l'arrivée prochaine de 140 kg de
plutonium militaire américain qui y seront recyclés,
a constaté une journaliste de l'AFP. "La France, avec
sa technologie, était déjà la poubelle atomique
européenne, et maintenant, avec l'arrivée du plutonium
américain, elle devient la poubelle mondiale", a déclaré
Hervé Grimal, un des porte-parole du réseau national
"Sortir du nucléaire" qui regroupe près
de 700 associations et organisations et appelait à des
manifestations dans huit villes de France. Les manifestants, souvent
vêtus de combinaisons blanches de protection, avaient déployé
une banderole "Nucléaire Non" sur les grilles
du CEA.
Deux navires britanniques, transportant ces 140 kg de poudre d'oxyde
de plutonium, ont quitté Charleston (Etats-Unis) le 20
septembre pour arriver une quinzaine de jours plus tard à
Cherbourg (Manche). Leur cargaison sera ensuite acheminée
par la route à Cadarache, pour y être transformée
en combustible Mox, destiné à alimenter des centrales
nucléaires civiles. "Une fois de plus, le nucléaire
civil se retrouve au service du nucléaire militaire. Pour
cela, on n'hésite pas à rouvrir à Cadarache
un atelier fermé depuis juillet 2003, car non adapté
au risque sismique. En aucun cas, la sécurité des
populations n'est prise en compte", a déploré
Jean-Louis Marchetti, porte-parole de la LCR. Dénonçant
les risques pour la santé des populations, notamment lors
du transfert, Marianne Moukoumel, déléguée
nationale des Verts, a stigmatisé "un déni
de démocratie et de l'information des populations très
grave".
Selon Stephane Lhomme, porte-parole national de "Sortir du
nucléaire", les anti-nucléaire étaient
une centaine à Cherbourg, et une cinquantaine dans les
autres villes: Nantes, Amiens, Bordeaux, Toulouse, Lyon et Paris.
"Une réussite pour une première opération
d'interpellation de l'opinion publique", a affirmé
le porte-parole du réseau qui appelle à une nouvelle
journée de mobilisation le 9 octobre dans les principales
villes où les camions transportant le plutonium sont susceptibles
de passer. A Toulouse, un des trois itinéraires de transport
possibles, une trentaine de membres du Collectif anti-nucléaire
toulousain (CANT) ont accroché une banderole "Toulouse
route du plutonium ?" sur un pont au-dessus du boulevard
périphérique, avant de diffuser des tracts aux automobilistes.
"Quelques jours après le troisième anniversaire
de l'explosion d'AZF, les Toulousains refusent de prendre de tels
risques pour traiter les déchets nucléaires de Bush",
a déclaré une militante du CANT, qui regroupe les
Amis de la Terre, Greenpeace, Chiche et les Verts. A Amiens, des
manifestants ont distribué des tracts aux automobilistes
sur un pont à l'entrée de la ville
25/09/2004 - Huit
manifestations se sont déroulées simultanément
samedi après-midi à Cherbourg, Amiens, Paris, Nantes,
Bordeaux, Toulouse, Lyon et Cadarache, à l'appel du Réseau
"Sortir du nucléaire", pour dénoncer le
transport imminent de 140 kilos de plutonium venu des Etats-Unis
de Cherbourg (Manche) à Cadarache (Bouches-du-Rhône).
Selon le porte-parole du Réseau Stéphane Lhomme,
qui participait à la manifestation à Bordeaux, plus
de 700 militants se sont mobilisés partout en France, dont
300 à Cadarache. "Cette opération d'interpellation
de l'opinion publique est une grande réussite puisque nous
avons pu distribuer des milliers de tracts. Devant ce succès,
nous appelons d'ailleurs à une seconde journée d'action
le samedi 9 octobre dans un plus grand nombre de villes",
a-t-il précisé à Reuters.
D'ici là, les deux bateaux transportant du plutonium militaire,
qui ont quitté les Etats-Unis pour la France, seront arrivés,
vraisemblablement vers le 2 octobre. "Il s'agit de dénoncer
la mise en danger de millions de citoyens par la multinationale
radioactive Areva, qui compte transporter par camion 140 kilos
de plutonium (l'équivalent de 30 bombes atomiques !) par
camion en passant dans de grandes agglomérations, de Cherbourg
à Cadarache", a expliqué Stéphane Lomme.
Les manifestations se déroulaient dans des villes situées
sur "les quatre itinéraires fortement vraisemblables",
selon le Réseau Sortir du nucléaire. Pour Stéphane
Lhomme, le mode de transport choisi est particulièrement
dangereux puisqu'"on voit régulièrement des
gangsters utilisant des lance-roquettes s'attaquer à des
fourgons blindés". "Des terroristes pourraient
utiliser le même procédé". Il a aussi
dénoncé le fait que ce plutonium soit retraité
"avec la complicité des autorités" dans
l'Atelier du plutonium de Cadarache "reconnu comme inadapté
au risque sismique" et "dont la fermeture en juillet
2003 a été acté par l'Autorité de
sûreté nucléaire". Enfin, selon lui,
c'est la première fois qu'on retraite du plutonium militaire.
"Les Etats-Unis mènent une expérience mais
ils préfèrent la faire en France plutôt que
chez eux", a-t-il déploré.
Ouest-France, 24/09/2004
Le plutonium s'offrira un tour de France
Stoppé par l'Autorité de sûreté
nucléaire, en juillet 2003, pour « absence de démonstration
satisfaisante de tenue au séisme », le site de Cadarache
(Bouches-du-Rhône) vient d'obtenir une nouvelle autorisation
de fonctionnement sans qu'aucune mesure
parasismique nouvelle n'ait été prise.
On y fabriquera un combustible test avec 140 kg de plutonium militaire
américain qui vont transiter par Cherbourg.
- Pourquoi 140 kg de plutonium militaire américain arrivent-ils en France ?
En septembre 2000, Russes et Américains
ont signé un
accord qui prévoit d'éliminer, chacun, 34 tonnes
de plutonium militaire en excès. Ils auraient pu le stocker
ou le neutraliser en le mélangeant à des déchets
nucléaires.
Le groupe français Areva (ex-Cogema) les a convaincus d'en
faire du combustible Mox.
L'opération ne permet pas d'éliminer le plutonium
puisqu'en « brûlant », le Mox en fabrique autant
qu'il en consomme. Celui qu'il produit n'a plus les qualités
militaires. Mais sa capacité de nuisance reste importante.
- Qu'est-ce que le Mox ?
Il s'agit d'un combustible qui assemble environ
4 % de plutonium - issu du retraitement des combustibles usés
réalisé à la Hague - avec de l'uranium.
Une trentaine de centrales en utilisent en Europe depuis une quinzaine
d'années. L'anglais BNFL
et surtout Areva sont les deux seuls fabricants au monde. Cependant,
à ce jour, personne n'a produit de Mox à partir
de plutonium militaire nettement plus virulent. Areva et les autorités
de sûreté assurent que le procédé est
rodé et nécessite juste quelques adaptations. Les
écologistes s'inquiètent des risques potentiels
de ce produit hautement radioactif. Ils plaident pour sa neutralisation
rendant toute utilisation ultérieure quasi impossible.
- Comment ce plutonium est-il transporté actuellement ?
Il a été chargé sous forme de poudre à Charleston (États-Unis) à bord de deux cargos appartenant à la compagnie anglaise PNTL dont Cogema détient 15 %. Ces navires, âgés d'une vingtaine d'années, ont été spécialement construits pour les transports nucléaires. Par mesure de sécurité, ils sont équipés de canons rapides servis par des forces spéciales britanniques embarquées avec l'équipage anglais. Partis lundi, les bâtiments sont attendus en fin de semaine prochaine à Cherbourg. Sur mer comme sur terre, l'opération relève du secret-défense. Les écologistes crient à l'inconscience.
- Pourquoi passer par Cherbourg ?
Malgré l'opposition écologiste qu'elle rencontre en Normandie (1), Cogema s'y sent chez elle. Le port dispose d'installations de manutention spécifiques utilisées pour ses relations nucléaires avec le Japon. Il semble cependant fort probable que les opérations se déroulent dans l'enceinte du port militaire, comme ce fut le cas en 1993 pour le retour du plutonium vers le Japon. Un dispositif impressionnant de sécurité maritime et terrestre se met actuellement en place. L'autre raison à cette escale normande, c'est la présence de l'usine de la Hague. Les conteneurs radioactifs vont y changer d'emballage de transport avant de traverser la France, par camions, pour rallier Cadarache dans les Bouches-du-Rhône.
- Pourquoi Cadarache ?
La quantité de plutonium à traiter
(140 kg) est faible sur le plan industriel même si elle
permet de fabriquer quelques dizaines de bombes.
Avant sa fermeture, en juillet 2003, l'atelier ATPu traitait trois
tonnes par an. L'Autorité de sûreté estime
que cette reprise d'activité provisoire ne présente
aucun risque et ne remet pas en cause le processus d'arrêt
définitif et de démantèlement du site, qui
reprendra aussitôt le Mox américain fabriqué.
Areva n'a sans doute pas voulu, non plus, prendre le risque d'un
incident dans son usine de Marcoule (Gard) où elle fabrique
du Mox pour EDF et ses clients étrangers. L'assemblage
du combustible américain se fera toutefois dans le Gard
avant de reprendre le chemin de la Hague pour être expédié,
par mer, aux États-Unis début 2005. Les assemblages
seront ensuite utilisés dans une centrale américaine
appartenant à Duke Power.
- Combien ça rapporte ?
Mis en place par le Department of Energy américain, le programme « Mox for Peace » prévoit la construction, si le test Areva fonctionne, d'une usine de fabrication de Mox à Savannah River (Caroline du Sud) avec la technologie française. Budget global : 2 milliards de dollars, dont 300 millions pour Areva. La première étape, qui va démarrer à Cadarache, va rapporter 27 millions de dollars au groupe français. En termes d'emplois, le résultat est des plus maigres. Quant au projet russe, il est en suspens, faute de financement. Aucun projet de ce type n'est envisagé avec le plutonium militaire français.
Jean-Pierre BUISSON.
Communiqués de presse du Réseau
Sortir du nucléaire 23/09/2004 :
Plutonium américain : Areva n'agit pas pour la Paix
Le Figaro, 23/09/2004
Cadarache (Bouches-du-Rhône) de notre
envoyée spéciale [23 septembre 2004] :
A l'entrée de l'atelier ATPu de Cadarache flotte depuis
quelques jours, à côté du drapeau français,
le drapeau étoilé américain. Car cet atelier
s'apprête à accueillir bientôt la cargaison
de 140 kg de poudre d'oxyde de plutonium militaire américain
qui doit être traitée pour la transformer en combustible
nucléaire Mox.
Le Pacific Pintail et le Pacific Teal, acheminant cette cargaison peu banale, ont appareillé lundi soir du port américain de Charleston sur la côte Est. Leur arrivée, entourée du plus grand secret, est prévue au port de Cherbourg dans environ deux semaines, avant leur acheminement par camion jusqu'au site nucléaire de Cadarache.
Du plutonium américain sur le sol français ? L'initiative a de quoi surprendre. De fait, elle s'inscrit dans le cadre des accords de désarmement nucléaire signés entre les Américains et les Russes en septembre 2000. Dans le prolongement des traités Start I et Start II, les deux pays sont convenus d'éliminer chacun 34 tonnes de plutonium d'origine militaire issues de la guerre froide et considérées comme excédant les besoins de la défense
Pour remplir leurs engagements, les Américains ont lancé le programme «Mox for peace», qui consiste à construire à Savannah River une usine de transformation de plutonium militaire en plutonium civil puis en combustible Mox, utilisable ensuite dans leurs centrales thermiques nucléaires. Une initiative qui représente 2 milliards de dollars pour le gouvernement fédéral américain. C'est le consortium DCS (les Américains Duke et Stone & Webster, ainsi que le Français Areva) qui a décroché ce juteux contrat.
La construction de l'usine, sur le modèle de celle de Melox en France, doit démarrer en 2005 et son exploitation en 2009. Mais avant d'empocher le pactole de 300 millions de dollars qui lui revient, Areva doit montrer patte blanche. «Transformer du plutonium militaire en Mox n'a jamais été fait par personne. Nous devons démontrer à l'opinion internationale la faisabilité de ce projet», explique Jacques-Emmanuel Saulnier, porte-parole du groupe industriel.
D'où le projet Eurofab : l'envoi d'un
«échantillon» à la France en vue de
réaliser quatre assemblages tests, qui seront retournés
à l'envoyeur début
2005 sous forme de pastilles de Mox, avant d'être validés
par l'autorité de régulation du nucléaire
américaine, la NRC.
En attendant, les écologistes crient au loup. «Le plutonium d'origine militaire est encore plus dangereux et plus irradiant que celui d'origine civile», lance Frédéric Marillier, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace. «Il est beaucoup moins irradiant que le plutonium civil car il ne contient pas d'américium, qui émet les rayons gamma», rectifie-t-on chez Areva.
Et le groupe de détailler les conditions de transport sous haute surveillance réunies pour ce convoi très exceptionnel. Les deux navires, construits il y a vingt ans en Grande-Bretagne, ont été spécialement aménagés pour cette opération à haut risque. «Grâce à leur double coque, leur coque intérieure ne serait pas touchée par un navire de 25 000 tonnes lancé à 15 noeuds», assène, rassurant, Henri-Jacques Neau, directeur délégué de Cogema Logistics, filiale d'Areva en charge du transport. Divisés en cinq compartiments indépendants, ils continueraient à flotter et avancer même remplis d'eau. Equipés de trois canons à cadence rapide et escortés par des commandos de l'armée britannique, ils se protègent mutuellement, sans que nul ne sache lequel des deux transporte effectivement le précieux colis. Quant au transport par camion spécialisé de Cherbourg à Cadarache, dix conteneurs de 1,5 tonne protégeront chacun une dizaine de kilos de matière dangereuse.
Et si une opération malveillante liée à des réseaux terroristes parvenait néanmoins à faire main basse sur ce colis explosif ? «Sans une usine comparable à La Hague et il n'en existe qu'une au monde : Sellafields en Grande-Bretagne , il est impossible de transformer ces matières en bombe nucléaire», rétorque-t-on chez Areva (c'est faux). Cela n'exclut cependant pas la possibilité de réaliser une bombe sale. Il n'en faut pas plus pour alarmer les ONG, échaudées par l'incident intervenu voici deux semaines dans l'atelier ATPu, dû à une fuite sur un conteneur de plutonium et d'uranium.
D'autant que «cet atelier est officiellement reconnu comme inadapté au risque sismique», dénonce le réseau associatif Sortir du nucléaire. Il est vrai qu'il a officiellement cessé son activité en juillet 2003 pour cette raison, mais il n'est pas encore fermé puisqu'il faudra encore des années avant d'en éliminer tous les déchets radioactifs. Et Areva de minimiser l'opération, les volumes (140 kg) étant minimes au regard des 40 tonnes de plutonium civil traitées annuellement dans l'atelier depuis 1962.
Surtout, la France s'étonne d'une telle levée de boucliers, alors que, comme le souligne le porte-parole du Quai d'Orsay, «la non-prolifération constitue un facteur essentiel de la sécurité internationale». Mais les critiques viennent également d'outre-Atlantique, où quelques voix, à l'instar de Tom Clemens, porte-parole de Greenpeace international, se sont élevées contre la politique américaine : «D'un côté George Bush pousse la sécurité internationale et exprime des craintes concernant le terrorisme international et la sécurité, de l'autre il soutient ce transport risqué.»
Le membre démocrate du Comité de sécurité américain Jim Turner a même fait part de ses inquiétudes au secrétaire d'Etat américain à l'Energie Abraham Spencer. Période électorale oblige.
Caroline de Malet
Libération, 23/09/2004
Cadarache envoyé spécial
Depuis la croisière inaugurale du Titanic, on n'avait pas
vu de transatlantique aussi spectaculaire. Lundi, à 20
h 15, heure française, deux navires chargés de 140
kg de plutonium de qualité militaire (de quoi fabriquer
plus de vingt bombes atomiques) sont partis de Charleston, en
Caroline-du-Sud. Destination : Cherbourg, France. Durée
de la croisière : «Environ deux semaines»,
indique-t-on chez Areva, la société à laquelle
est destiné le colis.
Le géant français de l'industrie
nucléaire a toutes les raisons de se frotter les mains.
Avec cette navigation à haut risque débute concrètement
un énorme programme de recyclage qui va lui rapporter quelque
243 millions d'euros et surtout une éventuelle absolution
américaine sur ses activités passées (tripatouillages
nucléaires en tous genres, prolifération comprise).
Ce programme américain, baptisé «Mox for Peace»,
consiste à convertir en combustible pour centrales nucléaires
pas moins de 34 tonnes de plutonium extrait de missiles américains
de la guerre froide. Histoire d'être sûr qu'il ne
resservira plus. Coût total : 1,6 milliard d'euros. La transformation
se fera aux Etats-Unis, dans une usine qui sera construite par
Areva et ses associés américains.
Mais, avant, l'autorité de sûreté nucléaire américaine aimerait bien voir comment va se comporter ce supercombustible dans un réacteur nucléaire. Et pour essayer il faut une première «recharge», que les Etats-Unis ne sont pas encore en mesure de produire, mais qu'Areva est capable de réaliser dans ses installations de Cadarache. D'où cette expédition transatlantique de plutonium, qui se poursuivra par un convoi routier de Cherbourg jusqu'à Cadarache (plus de 800 km).
«Forteresses flottantes». Les conditions de ce transport sont évidemment top secret. On sait que les deux navires partis de Charleston sont armés de canons, protégés par des commandos britanniques (les bateaux sont anglais) et suivis par satellite. Une seule de ces deux «forteresses flottantes» - dixit Areva - transporte tout le plutonium, mais on ne sait pas laquelle. On en sait encore moins sur le transport terrestre. Mais on peut compter sur Greenpeace et ses équipes de guetteurs pour être informés de chaque étape : l'organisation écologiste trouve stupide qu'on balade ainsi du plutonium militaire dans un monde si incertain, alors qu'il suffirait, pour le neutraliser, de le noyer dans des déchets nucléaires très actifs (on n'en manque pas).
A Cadarache, la fabrication du supercombustible, mélange de plutonium et d'uranium appauvri appelé Mox, prendra quatre mois. Après quoi il sera retourné par bateau sous forme de quatre assemblages destinés au réacteur de Catawba (Caroline-du-Sud), exploité par l'électricien Duke Power. Les tests pourraient commencer au printemps 2005. Si Areva, via sa filiale Cogema, a déjà produit beaucoup de Mox à partir de plutonium «civil» (provenant du retraitement des combustibles usés), elle n'en a jamais réalisé à partir de plutonium militaire, plus réactif car contenant plus d'isotopes fissiles.
A noter que cette opération sera effectuée dans un atelier fermé à toute production industrielle depuis juillet 2003 sur décision de l'autorité de sûreté nucléaire française (pour raison sismique). Areva plaide que la fabrication de ces deux tonnes de Mox supplémentaires n'est en rien une «production industrielle»...
Réciprocité russe. Si tout se passe bien, Areva espère pouvoir commencer la construction de l'usine américaine vers mi-2005. Les premiers assemblages de combustible en sortiraient en 2009. Mais il y a un hic : les Etats-Unis n'enverront pas leur plutonium à la casse tant que la Russie ne fera pas de même (elle s'est engagée à neutraliser 34 tonnes de son propre stock). Or Moscou ne bougera pas le petit doigt avant d'obtenir l'assurance que son programme de recyclage sera financé par la communauté internationale.
Mais pour Areva l'essentiel est déjà atteint : les Etats-Unis ont donné leur accord de principe à une valorisation énergétique du plutonium, après l'avoir violemment critiquée pendant des années. Ce qui revient à adouber la politique française du retraitement-recyclage des matières nucléaires, malgré les risques terroristes et environnementaux induits.
Hier à Cadarache, Areva, entreprise née du nucléaire militaire français, disait sa «fierté d'apporter sa contribution à un projet d'essence pacifiste».
Edouard LAUNET
22/09/04 - Le réseau Sortir du Nucléaire organise samedi 25 septembre des manifestations dans huit villes de France, de Cherbourg (Manche) à Cadarache (Bouches-du-Rhône), pour dénoncer le transport de plutonium militaire américain qui doit y être retraité, a annoncé mercredi le réseau basé à Lyon. "Il s'agit d'avertir la population du danger créé par ce transport équivalent à 30 bombes atomiques", souligne Sortir du Nucléraire dans un communiqué.
Plusieurs dizaine d'associations, partis et synicats, dont Greenpeace, la LCR, les Verts et la CGT participent à ce mouvement.
Partis de Charleston (Etats-Unis) le 20 septembre avec en tout 140 kilos de plutonium militaire américain, les deux navires britanniques devraient arriver à Cherbourg "entre le 28 septembre et le 2 octobre", et le plutonium "traversera la France en camion de part en part de Cherbourg à Cadarache", annonce Sortir du Nucléaire.
Ces manifestations, organisées à partir de 15h00, se dérouleront également à Amiens, Paris, Bordeaux, Nantes, Toulouse et Lyon, considérés comme des "itinéraires fortement vraisemblables" pour le transport par autoroute, selon Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau lyonnais.
Sortir du Nucléaire dénonce en outre la "réouverture par (le groupe nucléaire français, ndlr) Areva de l'atelier de plutonium de Cadarache" qu'il juge "inadapté au risque sismique important dans la région" et qui, selon lui, était "légalement fermé depuis juillet 2003".
MATINTERNET (Canada)
25/08/2004 - Certains membres démocrates du Congrès des Etats-Unis se sont inquiétés mercredi du projet de transfert vers l'usine de La Hague, près de Cherbourg, de 135 kilos de plutonium de qualité militaire destinés à être traités et transformés en combustible nucléaire.
Le Département de l'Energie prévoit de transférer ce plutonium par camion du laboratoire national de Los Alamos jusqu'en Caroline du Sud, à Charleston, d'où il sera transporté par bateau jusqu'à Cherbourg. Là, le plutonium sera déchargé et transporté par terre jusqu'à l'usine de retraitement.
Jim Turner, un repésentant Démocrate du Texas membre de la Commission de la sécurité intérieure, a déclaré dans une lettre au Secrétaire à l'Energie Spencer Adams qu'il voulait des assurances supplémentaires concernant le transport du plutonium sur le territoire français, afin que la sécurité y soit aussi forte que sur le territoire américain. Un autre représentant, Ed Markey, a lui aussi fait part de ses inquiétudes. Le Département de l'Energie a répondu que le transfert avait été minutieusement préparé en collaboration avec les services de sécurité.
Les détail de l'opération, y compris les dates du transfert, sont secrètes, mais on pense qu'il devrait se faire avant la fin de l'année. Selon le Département de l'Energie, la partie maritime du transfert sera assurée par deux bâtiments britanniques protégés par des troupes spécialement entraînées.
Une fois transformé en combustible,
ce plutonium doit être retourné aux Etats-Unis pour
être utilisé dans une centrale nucléaire en
Caroline du Sud. Ce plutonium fait partie d'un programme russo-américain
de lutte contre la prolifération nucléaire, qui
prévoit la destruction de 64 tonnes de plutonium. Les Etats-Unis
ne disposent pas encore d'usine de retraitement.
Ouest-France Cherbourg, 23/08/2004
Quatre bateaux de la flottille antinucléaire
ont fait escale samedi à Cherbourg. Un mouvement créé
pour protester contre un transport de plutonium par mer.
Samedi, la « Flottille Atlantique pour des mers sans le
nucléaire », a fait escale à Cherbourg (dimanche
Ouest-France). Entourés de quatre voiliers, une trentaine
de kayaks ont formé le sigle « peace and love »
dans la rade. Avec difficulté, à cause du vent.
Ils ont également tenté de déployer une banderole
« stop plutonium ». Le soir, des concerts étaient
organisés. Ce mouvement, soutenu par Greenpeace, a été
créé pour protester contre un transport de plutonium,
par mer, entre la France et les États-Unis, prévu
dans les prochaines semaines. « On est aujourd'hui une trentaine
de voiliers, comptabilisent les militants. Mais tous n'ont pas
pu venir, certains ont été retardés par la
tempête. »
Le convoi transportera environ 140 kg de plutonium, issu de la neutralisation d'ogives militaires. Les Etats-Unis ont choisi de l'utiliser pour fabriquer du combustible Mox (mélange d'uranium et de plutonium), qui sera brûlé en centrale nucléaire. Dans un premier temps, le groupe Areva fabriquera des assemblages de démonstration, en France.
Pour Areva, c'est un projet « au service de la Paix » : il contribue au désarmement. La société rappelle également les nombreuses mesures de sécurité qui seront prises. Double coque ; flottabilité renforcée ; équipage deux fois plus nombreux ; présence de forces de défense britannique...
Greenpeace, au contraire, appuie sur les dangers d'un tel convoi. Le plutonium est une matière extrêmement radioactive et énergétique : quelques kilos suffisent pour fabriquer une bombe.
M. M.
Ouest-France Cherbourg
16/08/2004 - Les
militants de Greenpeace multiplient les actions pacifiques dans
le Nord-Cotentin. Leur cible : les transports de plutonium, notamment
américain. Une Flottille devrait même manifester
dans la rade de Cherbourg le 21 août.
Des petits bonshommes avec un gros oeil en guise de tête,
déambulant dans les rues de Cherbourg et ses environs.
Si cette vision vous a interpellés ces derniers jours,
pas de panique ! Il ne s'agit pas d'une invasion extraterrestre,
mais seulement de plusieurs membres de Greenpeace désireux
d'attirer l'attention des passants. « La symbolique de l'oeil
est là pour rappeler que l'on est vigilant, explique Frédéric
Marillier, chargé de campagne nucléaire à
Greenpeace France. C'est aussi une façon de dire aux gens
: Vous ne le savez pas, mais les transports de plutonium passent
sous vos yeux».
Vendredi dernier, des membres de Greenpeace se sont réunis devant le hangar Cogéma de la zone d'Armanville, à Valognes. But de l'opération ? « Protester contre le transport de plutonium militaire américain sur les routes de France ». Dans les semaines qui viennent, les États-Unis et la France s'apprêtent en effet à transférer 150 kg de plutonium à travers l'Atlantique, puis sur les routes de France, jusqu'à l'usine de Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône. Une aberration, selon Frédéric Marillier : « Sur un trajet de 1 200 km, c'est l'équivalent de plusieurs dizaines de bombes atomiques qui circuleront à proximité des agglomérations ». Ce dernier stigmatise également le manque de sûreté de tels convois : « Les containers sont faits pour résister à une chute de 9 mètres. Pourtant, les convois empruntent par exemple le pont de Calix, à Caen, qui s'élève à une trentaine de mètres ».
Une tournée de sensibilisation
C'est pour ces raisons que Greenpeace organise cette semaine une tournée d'information. « Nous avons passé trois semaines à Valognes et dans la Manche, pour observer les départs de camion de plutonium. Mais à notre plus grande surprise, on n'en a vu aucun, alors qu'en général il y deux à trois camions par semaine. C'est un petit succès, car notre présence pose un problème », se réjouit Frédéric Marillier. Partie de Valognes vendredi, la délégation de Greenpeace emprunte le parcours des transports de plutonium, distribuant des tracts tout au long du trajet pour sensibiliser les gens. L'arrivée à Cadarache est prévue pour le 19 août.
« Mais l'opération la plus lourde reste à venir », selon Frédéric Marillier. Le 21 août prochain, une « flottille Atlantique pour des mers sans nucléaire » manifestera dans la rade de Cherbourg, port d'arrivée du plutonium. « Cette flottille internationale a été mise en place le 21 juin dernier, et elle est constituée de marins conscients des risques du nucléaire ». Elle a reçu l'appui de soutiens connus, comme Isabelle Autissier, Eugène Riguidel ou bien encore Jo Le Guen. « Une trentaine de voiliers seront présents dans la rade de Cherbourg, conclut Frédéric Marillier, pour répéter qu'il faut en finir avec le plutonium, qui n'a aucun intérêt, mais pose des risques considérables ».
Thomas LEPRESLE.
Lire: Greenpeace enchaîne les actions contre le transport de plutonium
Greenpeace, 10 septembre 2004 :
Accident de contamination au plutonium dans l'atelier nucléaire
de Cadarache